En cours au Siège de l'ONU

Soixante et onzième session,
14e séance – matin
AG/AB/4215

Cinquième Commission: inquiétudes face à la performance de la Caisse des pensions de l’ONU pourtant qualifiée « d’une des meilleure du monde »

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a entendu, ce matin, des interventions contradictoires sur la performance à court et long terme de la Caisse commune des pensions du personnel des Nations Unies.  La Commission s’est aussi penchée sur le projet de rénovation de l’Office des Nations Unies à Genève, avant de recommander à l’Assemblée générale un texte sur les prestations offertes par les organisations des Nations Unies qui appliquent le régime commun.

Dotée d’un fonds de 54 milliards de dollars, la Caisse commune des pensions du personnel des Nations Unies compte 127 000 participants et 71 400 bénéficiaires.  Sa performance en fait « une des meilleures caisses de pensions au monde », a déclaré, ce matin, la Représentante du Secrétaire général pour les investissements de la Caisse.  Mme Carolyn Boykin a en effet affirmé qu’à la fermeture des marchés, vendredi dernier, la Caisse comptait 53,89 milliards de dollars, soit 1 milliard de plus qu’au 31 décembre 2014.  Certes, mais elle est aussi déficitaire depuis au moins deux années de suite, a mis en garde le Directeur de l’audit du Comité des commissaires aux comptes (CCC), M. Salhina Mkumba, citant une diminution des actifs de 617 millions de dollars en 2015.

Le fait que la Caisse ne réussit pas à atteindre le taux de rendement de 3,5% qui la mettrait à l’abri des déficits, « nous inquiète au plus haut point », a renchéri la représentante du Groupe des 77 et de la Chine.  Même son homologue des États-Unis a dû reconnaître que l’excédent actuel de 0,16% n’est dû qu’au passage de l’âge de la retraite de 62 à 65 ans.  La représentante américaine a par ailleurs joint sa voix à celle des délégués de la Chine et de l’Union européenne, pour exhorter la Caisse commune des pensions à prendre des mesures décisives propres à inverser la tendance récurrente des retards dans le versement des retraites.

Les retards sont dus à une augmentation importante des dossiers après la fermeture des opérations de maintien de la paix, s’est expliqué le Chef adjoint de la Caisse commune, M. Paul Dooley.  Il faut alors, a conseillé le Vice-Président du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), mieux anticiper les choses.  M. Babou Sene a d’ailleurs estimé que 9 postes d’assistant, au lieu des 20 demandés, devraient suffire à faire face aux nouveaux flux. 

S’agissant du projet de rénovation de l’Office des Nations Unies à Genève estimé à 865 millions de francs suisses pour la période 2015-2023, les délégations ont salué le Gouvernement suisse qui vient d’accorder à l’ONU un prêt à taux zéro de 400 millions de francs suisses.  Pour les 465 millions restants, le Secrétaire général propose trois options aux États Membres: des contributions en une seule fois au début du projet; des contributions sur plusieurs années; ou une combinaison des deux modes, en une seule fois ou sur plusieurs années.  Il continue d’insister sur l’ouverture d’un compte spécial pluriannuel jusqu’en 2023.  « Pour ne plus perdre de temps », la représentante de l’Union européenne a jugé essentiel que la Cinquième Commission puisse, dès cette session, se prononcer sur le compte spécial pluriannuel, les modalités et la monnaie à utiliser pour les contributions « afin d’éviter des difficultés préjudiciables à la gestion du projet ».  Le Vice-Président du CCQAB n’a pas manqué de faire observer qu’avec un retard annoncé de 10 mois et près de 4 millions de coûts supplémentaires, le prêt de 400 millions de francs suisses ne suffit déjà plus.  

Beaucoup de délégations ont marqué un certain intérêt pour le potentiel de valorisation des 6 parcelles sur 12 appartenant à l’Office ou occupées par lui.  Le Secrétaire général estime en effet, dans son rapport, que si l’Organisation investit dans le développement de son patrimoine, elle pourrait dégager dans les 5 à 10 ans des revenus supplémentaires qui pourraient être utilisés pour réduire les ouvertures de crédit et les contributions des États Membres. 

Dans la résolution* qu’elle a recommandée à l’Assemblée générale, la Cinquième Commission estime que le Secrétaire général doit « financer au moyen des ressources existantes » toutes les dépenses additionnelles nécessaires à la mise en œuvre du nouvel ensemble de prestations du régime commun.  L’Assemblée, estime la Commission, devrait être « vivement préoccupée » de ce que le Secrétaire général n’ait pas informé rapidement les États des possibles retards dans la mise en application de certaines prestations offertes aux administrateurs et fonctionnaires de rang supérieur qu’elle avait approuvées l’année dernière, entre autres, le « dégel » des indemnités dès le 1er janvier 2017.

Réagissant aux condoléances que lui a présentées la Commission, le représentant de Cuba a espéré que ses compatriotes chériront les enseignements de Fidel Castro en s’en servant comme guide pour rester un peuple souverain, indépendant et « surtout rebelle ». 

La prochaine réunion publique de la Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.  

*A/C.5/71/L.5

BUDGET-PROGRAMME DE L’EXERCICE BIENNAL 2016-2017

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le troisième rapport d’étape annuel sur le plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève (A/71/622)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné une version préliminaire du rapport du Secrétaire général sur le plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève (A/71/403/Corr.1) dont le montant estimatif des dépenses ne doit pas dépasser 836,5 millions de francs suisses pour la période allant de 2014 à 2023. 

Dans son rapport, indique le CCQAB, le Secrétaire général fournit des informations actualisées sur la gouvernance du projet, y compris les fonctions et responsabilités du Comité directeur et du Conseil consultatif dans le dispositif global de gouvernance, ainsi que sur le rôle joué par le cabinet de gestion des risques en ce qui concerne l’assurance indépendante du projet.  Le Secrétaire général se propose ainsi de renforcer la capacité des experts opérationnels en créant un poste supplémentaire de fonctionnaire chargé des achats à la classe P-4 à compter du 1er janvier 2017.

À ce stade, l’avant-projet détaillé de la première phase du projet (construction du nouveau bâtiment permanent) a été achevé au cours du premier trimestre de 2016, comme prévu.  La phase d’études techniques et d’élaboration du dossier d’appel d’offres a donc commencé au début de 2016 et l’objectif prédéfini consistant à obtenir un taux d’achèvement de 50% a été atteint en juin 2016.  Parallèlement à la phase de conception technique, une demande de permis de construction volontaire a été déposée auprès des autorités cantonales locales; la confirmation du respect des codes et normes suisses relatifs aux bâtiments ayant été reçue en octobre 2016, avant la publication de l’appel d’offres relatif à la nouvelle construction.

S’agissant du financement du projet, le CCQAB rappelle que l’Assemblée générale avait accueilli avec satisfaction les prêts proposés par le Gouvernement suisse, approuvé le financement partiel du projet au moyen d’un prêt à un taux zéro consenti par le pays hôte, et autorisé le Secrétaire général à demander un prêt de 400 millions de francs suisses.  Le prêt a été approuvé par le pays hôte en septembre 2016.  Une partie du prêt (125,1 millions de francs suisses), remboursable sur 50 ans, couvrirait les travaux de construction, entre 2017 et 2019, et les services de consultants afférents, hausse des coûts comprise.  L’autre partie (274,9 millions de francs suisses), remboursable sur 30 ans, servirait à financer les travaux de rénovation et les services de consultants afférents, hausse des coûts comprise.

La fraction du coût du projet (360,3 millions de francs suisses) qui n’est pas couverte par le prêt devra être financée par les États Membres.  Le Secrétaire général propose trois options pour la mise en recouvrement: des contributions en une seule fois au début du projet; des contributions sur plusieurs années; ou une combinaison des deux modes de mise en recouvrement (en une seule fois ou sur plusieurs années).

Concernant la monnaie à utiliser, le Secrétaire général propose le dollar ou le franc suisse.  Le Secrétaire général continue de proposer qu’un compte spécial pluriannuel soit ouvert pour la durée du projet, soit jusqu’en 2023, après quoi les montants dus seraient inscrits au budget-programme de l’exercice concerné.

Quant aux autres mécanismes de financement possibles, il indique qu’une société de consultants a été chargée de réaliser une étude indépendante d’ensemble pour déterminer le potentiel de valorisation des parcelles susceptibles d’être mises en valeur parmi les 12 parcelles appartenant à l’Office ou occupées par lui.  Il en est ressorti que 6 parcelles présentent un potentiel de valorisation.  Si l’Organisation investit dans le développement de son patrimoine, elle pourrait dégager dans les 5 à 10 ans des revenus supplémentaires qui pourraient être utilisés pour réduire les ouvertures de crédit et la mise en recouvrement des contributions des États Membres destinées à financer le projet.

L’Office des Nations Unies à Genève tire à l’heure actuelle environ 1,2 million de dollars par an de la location de locaux et l’installation de 700 employés du Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme au Palais des Nations, une fois le projet achevé, devrait procurer des revenus locatifs supplémentaires correspondant aux frais de location des locaux destinés aux fonctionnaires dont les postes sont financés au moyen de ressources extrabudgétaires.

Le CCQAB recommande à l’Assemblée générale d’approuver l’ouverture d’un compte spécial pluriannuel pour le projet et la création d’un poste de fonctionnaire chargé des achats (P-4), avec effet le 1er janvier 2017.  En revanche, il rejette l’idée d’une équipe spécialisée chargée d’élaborer des plans réalisables et de coordonner leur mise en œuvre, préférant les services de consultants spécialisés.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme SIRITHON WAIRATPANIJ (Thaïlande) a souligné l’importance d’améliorer les infrastructures de l’ONU dans un vaste éventail de domaines comme la sécurité, l’accessibilité, l’adaptabilité et la modernisation.  Elle a pris note des mises à jour fournies par le Secrétaire général ainsi que des observations du CCQAB, s’agissant de la gouvernance du plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève, y compris le rôle et la responsabilité du Comité de pilotage et du Conseil consultatif.  « Un mécanisme de gouvernance fort contribuera à la mise en œuvre efficace du projet en respectant les délais et le budget », a-t-elle estimé.

La représentante a noté les progrès réalisés l’an dernier s’agissant de l’achèvement de la planification de la première phase du projet, soit la construction du nouveau bâtiment permanent.  Elle a également pris note des mesures prises pour faciliter l’accès aux personnes souffrant de handicap.  Elle s’est inquiétée des changements apportés au calendrier du chantier, en particulier la durée globale de construction du nouveau bâtiment prolongée de 10 mois, qui pourrait avoir un impact sur les coûts du projet.

S’agissant du budget consacré aux imprévus, la représentante a réitéré la position de sa délégation, contenue dans la résolution 70/248 de l’Assemblée générale, selon laquelle les fonds non utilisés pourraient être reportés aux années suivantes et réalloués lorsque de nouveaux risques surviennent.  « Tous les fonds non utilisés seraient ensuite rendus aux États Membres lorsque le projet est achevé », a-t-elle précisé.

Au sujet du financement du projet, la représentante s’est félicitée du prêt à taux d’intérêt zéro accordé par le Gouvernement suisse et de l’autorisation accordée au Secrétaire général par l’Assemblée générale de contracter un emprunt de 400 millions de francs suisses.  Elle a prié le Secrétaire général de fournir davantage d’informations sur les possibilités de financement, comme les revenus locatifs, et s’est dit prête à discuter d’autres possibilités de financement.  Elle a, à ce titre, pris note des dons fournis par les États Membres en les appelant à faire plus.

Mme FIONA GRANT, Union européenne, a déclaré que le plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève est un véritable jalon qui permettra à Genève de fournir un cadre de travail plus adapté, en mettant en pratique les leçons apprises des derniers projets de construction.  Elle s’est félicitée des progrès réalisés dans les phases initiales du projet, et s’est dite très satisfaite par les mises à jour apportées par le Secrétaire général, conformément aux objectifs agréés et dans le respect du calendrier et du budget fixés.  La représentante a insisté sur l’importance d’avoir un cadre de gouvernance robuste pour faire face à un projet aussi grand et aussi complexe.  Elle a estimé qu’un suivi méthodique des progrès, notamment par le Comité de pilotage et le Comité des commissaires aux comptes, conjugué à une gestion des risques indépendante sera la garantie du succès. 

Elle a salué les progrès constatés en matière d’accessibilité pour les personnes handicapées et s’est aussi félicitée du projet du Secrétaire général d’initier un programme pilote visant à garantir la mise en œuvre de la gestion souple de l’espace de travail.  Pour l’Union européenne, une telle utilisation des espaces de travail est de nature à améliorer les conditions de travail du personnel.

S’agissant des arrangements financiers, elle a salué la générosité du Gouvernement suisse et jugé essentiel que les États Membres puissent, au cours de cette session, prendre toutes les décisions pertinentes sur la création d’un compte spécial pluriannuel, les modalités et la monnaie à utiliser pour la mise en recouvrement des contributions afin d’éviter des difficultés qui pourraient être préjudiciables à la gestion du projet. 

La représentante a voulu que l’on identifie toutes les opportunités de valorisation des terrains de l’Office des Nations Unies à Genève, notant que cette question nécessite une expertise distincte de celle liée aux travaux de rénovation.  Une telle valorisation peut avoir une incidence positive dans la mesure où elle permettrait une réduction des contributions financières des États Membres.  « Nous espérons que des solutions seront trouvées pour ces deux questions importantes » a insisté Mme Grant.  

Mme CHERITH NORMAN (États-Unis) a salué les efforts du Secrétaire général pour explorer des modes de financements alternatifs du plan stratégique patrimonial.  Une des principales pistes est le potentiel de valorisation des propriétés de l’ONU évalué par une partie indépendante, a relevé la représentante.  Tout en saluant les efforts de l’ONU pour explorer ce potentiel, elle s’est dite déçue par l’insuffisance d’informations sur la conclusion de l’étude.  Mme Norman a donc demandé des précisions sur les revenus qui résulteraient de la cession ou la location des diverses propriétés. 

Elle a réitéré la position de sa délégation selon laquelle tout produit de la cession ou de la location doit être affecté au financement de la rénovation.  La représentante a remercié le Gouvernement suisse pour avoir consenti un prêt à taux zéro.  Elle s’est aussi demandé comment l’objectif d’une gestion plus souple des espaces de travail était mis en œuvre dans ce projet de construction et de rénovation d’un bâtiment « à caractère historique ». 

M. JURG LAUBER (Suisse) a rappelé que l’Assemblée générale avait, l’an dernier, approuvé le projet, son calendrier d’exécution et ses coûts pour un montant maximal de 836,5 millions de francs suisses.  Le début des phases de rénovation et de construction a ainsi été autorisé, a-t-il précisé en se réjouissant du fait que l’Office des Nations Unies à Genève soit parvenu à un accord avec son partenaire bancaire et que le problème posé par les taux d’intérêt négatifs soit désormais résolu.

« Ce projet est un investissement sur l’avenir pour les Nations Unies, extrêmement avantageux sur le plan qualitatif et financier, qui permettra à l’ONU de remplir ses mandats avec un maximum d’efficacité pour la paix, la sécurité, le développement et les droits de l’homme », a déclaré le représentant avant de rappeler que la réduction des frais de maintenance et d’électricité et l’optimisation de l’environnement de travail, plus moderne et plus efficace, permettraient de réaliser des économies substantielles.

D’importants efforts financiers ont été déployés, a-t-il poursuivi, citant le taux d’intérêt zéro consenti par le Gouvernement suisse sur un prêt de 400 millions de francs suisses ou encore le revenu issu de la valorisation du patrimoine foncier pour lequel des propositions ont déjà été avancées.  Relevant les avantages « considérables » du plan stratégique patrimonial sur le plan qualitatif, aussi bien pour le personnel que les délégués et les visiteurs du Palais des Nations, le représentant a estimé déterminant de convenir des modalités de financement durant cette session.  « Toute incertitude à cet égard risquerait de provoquer des retards et des dépenses supplémentaires et de décourager le personnel et les partenaires ainsi que les donateurs potentiels », a-t-il prévenu.

RÉGIME DES PENSIONS DES NATIONS UNIES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Caisse commune des pensions du personnel des Nations Unies (A/71/621)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné une version préliminaire du rapport du Comité mixte de la Caisse commune des pensions du personnel des Nations Unies sur les travaux de la soixante-troisième session (A/71/9*), le rapport du Secrétaire général sur les investissements de la Caisse commune des pensions du personnel des Nations Unies et les mesures prises pour les diversifier davantage (A/C.5/71/2), le rapport du Comité des commissaires aux comptes sur les états financiers de l’année terminée le 31 décembre 2015 (A/71/5/ADD.16) et le rapport du Secrétaire du Comité mixte sur la suite donnée aux recommandations formulées par le Comité des commissaires aux comptes dans son rapport sur la Caisse pour l’année terminée le 31 décembre 2015 (A/71/397).

Au cours de l’exercice biennal clos le 31 décembre 2015, le nombre de participants à la Caisse commune des pensions du personnel des Nations Unies est passé de 120 294 à 126 892, soit une augmentation de 5,5%, tandis que celui des prestations servies aux retraités et autres bénéficiaires des 23 organisations affiliées à la Caisse, dans 190 pays et libellées en 15 monnaies différentes, est passé de 69 980 à 71 474, soit une augmentation de 2,1%.

Désireuse de réduire les délais de traitement au cours de la première phase –c’est-à-dire la communication, par les organisations affiliées, de dossiers complets et exacts-, la Caisse se propose de mener un examen de la procédure suivie entre la cessation de service et le versement des prestations pour trouver des moyens d’en améliorer l’efficacité.  Elle propose en plus la création d’une équipe d’assurance qualité, qui coopérerait de près avec les organisations en vue d’améliorer la qualité des données et des dossiers relatifs à une cessation de service.  La Caisse entend par ailleurs demander à chaque organisation de créer un poste de « coordonnateur pour les pensions » en vue de traiter les prestations dans de meilleurs délais.

S’agissant des retards tenant à la seconde phase –c’est-à-dire le traitement des prestations par la Caisse–, le nombre des dossiers devrait continuer d’augmenter, s’établissant à 2 000 en 2016 et 1 000 en 2017.  Pour remédier aux problèmes que pose la forte augmentation du nombre de cessations de service, la Caisse se propose de mettre en œuvre un dispositif de versement provisoire qui s’appliquerait uniquement aux prestations périodiques n’ayant pas été versées dans les trois mois suivant la réception de tous les documents requis.  Ce versement, qui serait considéré comme une avance, correspondrait à 80% du montant estimatif de la prestation mensuelle due.  La Caisse propose par ailleurs la création d’une équipe spéciale qui serait chargée de calculer le montant initial des droits à prestation pour les cas les moins complexes.

Au 31 décembre 2015, la Caisse a enregistré un excédent de 562,1 millions de dollars, soit 0,16% de la masse des rémunérations considérées aux fins de la pension, après les déficits consécutifs des trois derniers exercices biennaux.  La nouvelle situation est imputable à la décision de relever l’âge normal de départ à la retraite de 62 à 65 ans pour le personnel entré en fonctions à partir du 1er janvier 2014.  Le Comité d’actuaires a toutefois souligné que si la performance des investissements à long terme n’était pas supérieure pendant plusieurs années à l’hypothèse actuarielle, à savoir 3,5% de rendement en valeur réelle, la tendance au déficit reprendrait.

La diversification actuelle par classes d’actifs se décompose comme suit: les actions représentent 58%, les titres à revenu fixe 26,5%, les titres immobiliers 9%, les investissements alternatifs 5% et les liquidités et investissements à court terme 1,5%.  La Caisse a investi dans plus de 100 pays, la proportion du portefeuille en Amérique du Nord étant passée de 50,1% en janvier 2014 à 53,9% en décembre 2015; en Europe de 24,7% à 22,7%; et en Asie et dans le Pacifique de 14,9% à 14,8%.  Dans les pays en développement, les investissements directs et indirects s’élevaient au 31 décembre 2015, à 6,14 milliards de dollars, en augmentation d’environ 10% par rapport au 1er janvier 2014.

La Caisse détient des investissements qui prennent en compte les questions d’environnement, de société et de gouvernance.  Au 31 décembre 2015, les investissements en obligations et en actions vertes représentaient respectivement 105 millions de dollars et 184,2 millions de dollars; l’obligation verte étant un support d’investissement dont le produit est utilisé pour financer des projets écophiles et l’action verte, un support d’investissement traditionnel ayant un biais environnemental.

La Division de la gestion des investissements de la Caisse a élaboré une politique de lutte contre la fraude et la corruption, entrée en vigueur le 1er novembre 2016, qui s’applique à l’ensemble du personnel de la Division et vient compléter le Dispositif de lutte contre la fraude et la corruption du Secrétariat de l’ONU.  Elle dispose que tout acte de corruption, fraude ou irrégularité mise au jour ou soupçonnée doit être immédiatement signalé au spécialiste principal du contrôle de conformité de la Division, qui doit en informer le Représentant du Secrétaire général et procéder à l’établissement des faits afin de déterminer si le problème mérite ou non d’être communiqué à la Division des enquêtes du BSCI.  S’ils le jugent utile, les membres du personnel de la Division de la gestion des investissements peuvent également signaler les problèmes directement au Bureau des services de contrôle interne (BSCI).

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme SIRITHON WAIRATPANIJ (Thaïlande) a pris note du fait que le nombre de membres de la Caisse commune des pensions est passé de 120 294 à 126 892, ce qui représente une augmentation de 5,5% et que le nombre de retraités et autres bénéficiaires, au sein des 23 organisations affiliées, avait augmenté de 2,1%, passant de 69 980 à 71 474.

Elle s’est dite préoccupée par les retards récurrents dans les versements de prestations et a souligné le besoin urgent d’y remédier notamment par l’utilisation optimale des technologies de l’information.  Concernant l’évaluation actuarielle de la Caisse, la représentante a pris note des résultats favorables de l’évaluation du 31 décembre faisant état d’un excédent de 0,16%, partiellement dû à la modification de l’âge.

S’agissant des placements, elle a constaté que la Caisse avait un taux réel de retour sur investissement de 1,7% en 2015 alors qu’il était de 2,4% en 2014.  Elle s’est inquiétée d’une baisse du revenu des investissements de 5,26 milliards de dollars en 2014 par rapport à 2013.  Ces mauvaises performances récurrentes et le fait que la Caisse n’atteint pas un taux de rendement de 3,5% « nous inquiètent au plus haut point », a-t-elle déclaré.

S’agissant de la diversification des investissements, la représentante a souhaité des informations plus détaillées sur les stratégies mises en place pour améliorer cette diversification, notamment dans les pays en développement et les économies en transition, en tenant compte de quatre critères, à savoir la sécurité, le potentiel de retour sur investissement, la disponibilité des fonds et la possibilité de convertir les fonds en cas d’instabilité des marchés.

La représentante a aussi mis l’accent sur les modalités de contrôle interne et de supervision en soulignant l’importance pour le Comité mixte de la Caisse commune des pensions de faire en sorte que le suivi interne soit mené en utilisant l’expérience et les ressources existantes au sein de l’ONU, notamment le Bureau des services de contrôle interne (BSCI), et sans faire appel à des consultants externes.

Mme SIMONA PILLERI, de l’Union européenne, s’est dite préoccupée par les retards observés dans le versement des prestations de retraite, précisant que ces retards sont dus à la fois à la soumission tardive des documentations nécessaires et à la gestion de ces demandes par la Caisse commune des pensions.  Elle a appelé la Caisse à prendre des mesures pour inverser la tendance et éviter les répercussions négatives sur les retraités.  Elle a jugé urgent d’identifier la source de ces retards et d’adopter une posture plus visionnaire pour anticiper l’augmentation du nombre des dossiers à traiter.  Dans ce contexte, elle a fait siennes les recommandations du CCQAB en appelant l’Assemblée générale à faire des recommandations idoines pour régler cette question et éviter que ces retards de versements de pensions perdurent.  Elle a rappelé que le principal objectif de la Caisse était de fournir des prestations liées à la retraite, à un décès ou à un handicap au personnel des Nations Unies et des 23 organisations affiliées. 

Notant que l’objectif de 3,5% de rendement annuel à long terme n’a pu être atteint en 2014 et 2015 et qu’il y a eu une chute des produits d’investissements au cours de ces deux années, elle a voulu savoir comment le Secrétaire général pourra s’acquitter de son obligation fiduciaire à l’égard des participants mais aussi comment il entend régler la question des vacances de postes à la Division des investissements de la Caisse. 

Mme CHERITH NORMAN (États-Unis) a rappelé que la Caisse commune des pensions compte 127 000 participants et 71 000 bénéficiaires et qu’elle est donc « vitale » pour le personnel des Nations Unies.  Soulignant le rôle crucial du Comité des investissements et du Comité mixte de la Caisse, elle s’est réjouie, après les déficits des dernières évaluations actuarielles, des résultats actuels qui font état d’un excédent de 0,16%, dû à la modification de l’âge de la retraite de 62 à 65 ans.  La représentante a pris note des efforts réalisés par la Caisse en vue d’atteindre un taux réel de rendement des investissements de 3,5%, avant d’inviter l’ONU à pourvoir rapidement les postes vacants à la Caisse.

À son tour, elle s’est dite préoccupée par les retards dans le versement des prestations aux retraités et autres bénéficiaires.  « Il faut porter une attention particulière à cette problématique qui peut avoir des répercussions majeures sur les membres de la Caisse et leurs familles », a-t-elle déclaré.  À ce titre, elle a dit attendre avec impatience le rapport du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) et les résultats de l’examen complet de la Caisse, en espérant que cette dernière tiendra compte des recommandations.  La représentante a salué l’intention du Comité des commissaires aux comptes de formaliser un système de régulation des risques liés aux placements et a exhorté la Caisse à se doter d’un système efficace de dédommagement en faveur de ses bénéficiaires.

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