En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session, Deuxième partie de la reprise de session
38e séance – matin
AG/AB/4200

Cinquième Commission: la proposition budgétaire pour l’appui de l’ONU à l’application du Programme de développement durable accueillie comme « tardive, incohérente et vague »

Tardive, incohérente et vague.  C’est par ces mots que le Groupe des 77, le Groupe des États d’Afrique, l’Union européenne, les États-Unis et la Suisse ont accueilli la proposition budgétaire de 33 millions de dollars que le Secrétaire général a faite pour permettre au système de l’ONU d’appuyer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a aussi examiné aujourd’hui le financement de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).

Le rapport du Secrétaire général* sur l’appui à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement a été présenté par le Contrôleur des Nations Unies.  Mme Bettina Tucci Bartsiotas a admis que la mise en œuvre de ces deux Programmes incombe d’abord et avant tout aux États Membres mais, a-t-elle ajouté, ces agendas auront aussi un impact sur le système des Nations Unies.  Compte tenu de la grande ambition et de la nature « transformative » des deux Programmes, le Secrétaire général propose d’aller au-delà d’un simple recadrage des activités et ressources existantes. 

Ses propositions visent à renforcer les capacités et améliorer la cohérence des politiques aux niveaux régional, national, infranational et local; à faciliter la coopération régionale et internationale; à catalyser de nouveaux partenariats et améliorer l’efficacité et la responsabilité des partenariats existants à tous les niveaux; à créer un environnement international favorable grâce à des mécanismes intergouvernementaux; à appuyer les activités de suivi et d’examen; et à sensibiliser le public aux objectifs de développement durable.  Le Secrétaire général demande donc un financement supplémentaire de 33 millions 486 000 dollars pour l’exercice biennal 2016-2017, comprenant la création de 62 postes temporaires.

Déception, mauvaise gestion, non-respect des règles et règlementations, manque de cohérence, vague.  C’est par ces mots que le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB)** a qualifié le processus budgétaire qui a conduit le Secrétaire général a demandé ce financement supplémentaire.  Son Président, M. Carlos Ruiz Massieu, a répété aujourd’hui qu’il n’est pas en mesure de recommander l’ouverture de crédits, sinon l’allocation d’un montant n’excédant pas 10 millions de dollars pour 2016.  Le CCQAB recommande plutôt que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de soumettre « une proposition détaillée sur la façon de mener de manière efficace et efficiente les activités requises ». 

La représentante de la Thaïlande, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a appuyé les commentaires du CCQAB, sans oublier de dénoncer la parution tardive de la proposition budgétaire du Secrétaire général.  « Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe d’une autre occasion manquée.  Les retards dans l’examen de cette question ne peuvent qu’entacher la crédibilité et la capacité de l’Organisation à exécuter les mandats que lui ont conférés les États Membres », s’est impatientée la représentante.

Nous voyons d’ailleurs la « réticence d’un petit groupe d’États » à examiner cette question, a commenté, à son tour, le représentant du Tchad, au nom du Groupe des États d’Afrique.  Il ne s’agit pas seulement de ressources mais bien d’un engagement collectif en faveur d’une coopération mutuellement bénéfique, dans laquelle personne n’est laissé sur le côté, a-t-il souligné, en paraphrasant le Programme de développement durable à l’horizon 2030 que le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement « appuie, complète et contextualise », a-t-il insisté. 

Aucune nouvelle ressource, a prévenu son homologue de l’Union européenne, ne devrait être demandée sans être justifiée par un besoin « spécifique et bien défini » et clairement lié au Programme 2030.  L’inscription au budget ordinaire de nouvelles ressources n’est acceptée que pour des mandats spécifiques, a-t-il précisé, en dénonçant à son tour la parution tardive de cette proposition budgétaire et contraire aux méthodes de travail de la Commission et aux résolutions pertinentes. 

Le représentant de la Suisse a fustigé une proposition qui n’est ni un document budgétaire ni un document de mise en œuvre cohérent avec des mandats précis.  Il a stigmatisé le fait que certaines informations « essentielles » n’aient été présentées qu’au CCQAB avec ordre de « ne pas les diffuser ».  Compte tenu de la parution tardive de la proposition budgétaire, nous appuyons l’idée de reporter les discussions « approfondies » à l’année prochaine, a indiqué la représentante des États-Unis.  Avec un budget ordinaire qui comprend déjà des moyens supplémentaires couvrant les types d’activités proposées, le Secrétariat est tout à fait capable de commencer le travail d’appui à la mise en œuvre du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba.

La Cinquième Commission s’est aussi penchée ce matin sur le financement de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  Dans une brève intervention, le Facilitateur des négociations, M. Manjunath Cheneerappa, de l’Inde, a avoué une absence de consensus sur un projet de résolution*** dans laquelle l’Assemblée générale se déclarerait préoccupée qu’Israël n’ait toujours pas respecté ses résolutions précédentes.  La représentante du Groupe des 77 et de la Chine a clarifié les choses.  Elle a rappelé que dans son rapport****, le Secrétaire général indique qu’Israël n’a pas versé le montant de 1 million 117 005 dollars correspondant aux dépenses occasionnées par les faits survenus à Cana le 18 avril 1996, à savoir l’« Opération raisins de la colère » menée par l’armée israélienne.  

Le Secrétariat de l’ONU a adressé à ce jour 21 lettres à la Mission permanente d’Israël dont la dernière date du 12 janvier 2016.  « Refaire tout le temps la même chose en espérant un résultat diffèrent est la définition même de la folie », a taclé le représentant d’Israël, en citant Albert Einstein et en dénonçant la politisation du financement de la Force.

La Cinquième Commission devrait terminer ses travaux ce vendredi 27 mai.

*A/70/794;**A/70/883; ***A/C.5/70/L.38; ****A/70/699

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.