Assemblée générale: dissonances sur les conditions de transferts de technologies dans le secteur de la santé et appel général à l’instauration d’une culture de paix
Dans un contexte général marqué par la multiplication des conflits et la montée en puissance de l’extrémisme radical et du terrorisme, l’Assemblée générale a lancé, aujourd’hui, un appel vibrant en faveur de la promotion d’une culture de paix, plaidant pour l’entente entre les religions et le respect des « valeurs fondamentales ». Elle a par ailleurs adopté une résolution* consacrée aux emplois dans le domaine de la santé, une manière de réaffirmer le lien étroit existant entre la promotion de ce secteur et les objectifs de développement durable, notamment par le transfert de technologies.
Cette résolution, qui encourage la communauté internationale à contribuer à une croissance économique inclusive, à créer des emplois décents dans le secteur de la santé et à réaliser une couverture sanitaire universelle, a été adoptée sans vote par l’Assemblée générale. Plusieurs délégations ont néanmoins fait entendre une voix discordante s’agissant des transferts de technologies prônés par le texte en vue de rendre les médicaments et les technologies sanitaires connexes plus accessibles.
La représentante de l’Union européenne a ainsi regretté le manque de nuance de « l’hypothèse » retenue par le Groupe de haut niveau sur l’accès aux médicaments, dont les travaux ont servi de base à la résolution, à savoir qu’il existe une « incohérence politique » entre les droits des inventeurs, le droit international humanitaire, les règles commerciales et la santé publique. Pour l’UE, le Groupe aurait dû proposer des solutions « plus équilibrées » car le principal défi est de trouver le bon accord entre la nécessité de financer la recherche et celle de garantir l’accès aux médicaments, deux objectifs qui, selon elle, ne sont pas nécessairement contradictoires et « peuvent être poursuivis conjointement ».
Abondant dans ce sens, son homologue des États-Unis a dénoncé « l’approche étroite » adoptée par le Groupe de haut niveau, jugeant que les recommandations avancées risquent d’avoir des conséquences négatives sur l’innovation et la recherche. Elle a ajouté que son pays appuyait le principe d’un transfert de technologies sur une base volontaire entre acteurs privés, contestant au passage le terme « avantageux » utilisé pour désigner les arrangements de transfert.
La représentante du Canada a dit comprendre les dispositions sur le transfert de technologies comme conformes aux autres accords internationaux, dont l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). De fait, a-t-elle ajouté, la résolution ne crée aucun précédent, étant entendu que les dispositions pertinentes du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement représentent l’accord intergouvernemental le plus récent sur la question.
En présentant le texte, l’Afrique du Sud a reconnu que des « divergences » étaient apparues au cours des négociations et a cependant assuré qu’il existait une « approche commune » sur le fait que les défis sanitaires du XXIe siècle nécessitent des professionnels de santé formés, notamment à la prévention des maladies. L’Afrique du Sud s’est par ailleurs déclarée convaincue que la couverture sanitaire universelle ne pourrait être mise en place sans une généralisation des traitements pour tous. À cet égard, elle s’est félicitée de la volonté de l’Assemblée générale de convoquer, en 2018, une réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose.
L’autre débat du jour s’est révélé plus consensuel. Évoquant la « promotion d’une culture de paix, du dialogue, de l’entente et de la coopération entre les religions et les cultures au service de la paix », le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson, a tenu à saluer les travaux entrepris par les agences onusiennes, en particulier l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’Alliance des civilisations, en faveur de la non-violence et de la compréhension mutuelle.
Il a d’autre part estimé que la mise en œuvre du Programme 2030, « outil fondamental » pour construire une paix durable à long terme, permettra de transformer le monde, en éliminant la pauvreté extrême, en édifiant des sociétés pacifiques et inclusives, en autonomisant les femmes et les filles, en luttant contre les changements climatiques et en protégeant la santé et le bien-être des peuples et de la planète. C’est pourquoi, a-t-il dit, les objectifs de développement durable, et singulièrement l’objectif 16 qui préconise l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes à tous, s’appuient sur une reconnaissance de l’importance de la paix « en tant que résultat en soi ».
Dans le prolongement des résolutions sur ce sujet, il a indiqué qu’il convoquerait, le 24 janvier prochain, un dialogue informel de haut niveau sur le thème « Construire une paix durable pour tous: synergies entre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la paix durable », invitant les États Membres à y participer.
La plupart des intervenants ont souscrit à cet appel à redoubler d’efforts pour instaurer une culture de paix, a fortiori dans le contexte actuel. Dans la lutte contre l’extrémisme religieux, le Maroc a prôné une « approche multidimensionnelle » car « l’approche purement sécuritaire ne peut suffire ». Le Koweït a fait valoir que cette culture, qui « pave la voie vers plus de tolérance », bénéficie pleinement au Programme 2030. L’Iran a estimé que, confrontée à la « brutalité » des groupes terroristes, la communauté internationale ne pouvait reculer dans la défense de ses « valeurs fondamentales », tandis que le Cambodge a appelé les États Membres à se focaliser sur la lutte contre la radicalisation en barrant l’accès des groupes concernés aux technologies de l’information et de la communication.
L’Assemblée générale avait auparavant élu cinq membres du Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix, à savoir la Colombie, l’Égypte, le Kenya, l’Indonésie et le Mexique qui ont en fait été réélus pour un mandat de deux ans à compter du 1er janvier 2017.
L’Assemblée, qui ne suspendra plus ses travaux que le 23 décembre à cause de la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, tiendra une autre plénière demain vendredi 16 décembre à partir de 10 heures pour se prononcer sur la résolution relative au sport au service du développement.
*A/71/L.41
CULTURE DE PAIX (A/71/407)
« La haine, elle a causé beaucoup de problèmes dans ce monde sans jamais en résoudre aucun », a déclaré M. PETER THOMSON (Fidji), Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, en citant la poétesse Maya Angelou en ouverture du débat sur la culture de paix. « Le racisme, la xénophobie, l’intolérance et les autres manifestations de haine sont à l’origine de bon nombre de conflits contemporains, nourrissent l’extrémisme violent et inspirent des actes de terrorisme », lesquels prennent pour cible les minorités ethniques et religieuses, les migrants, les réfugiés et d’autres personnes vulnérables, a-t-il poursuivi.
Favoriser une culture de paix nécessite une attention soutenue pour « promouvoir l’entente interculturelle, renforcer le dialogue religieux, inspirer l’espoir en l’avenir et motiver les peuples à s’unir pour la paix », a ajouté M. Thomson, saluant les travaux entrepris par les agences des Nations Unies, notamment l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et l’Alliance des civilisations, en faveur de la non-violence et de la compréhension mutuelle. Leurs projets peuvent contribuer à reconstruire des sociétés morcelées et devraient être soutenus, a-t-il souligné.
À ses yeux, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un « outil fondamental pour construire une paix durable à long terme. Sa mise en œuvre transformera le monde, en éliminant la pauvreté extrême, en édifiant des sociétés pacifiques et inclusives, en autonomisant les femmes et les filles, en luttant contre les changements climatiques et en protégeant la santé et le bien-être des peuples et de la planète », a-t-il dit. À cet égard, les objectifs de développement durable, et singulièrement l’objectif 16, s’appuient sur une reconnaissance de l’importance de la paix en tant que résultat en soi, a souligné le Président de l’Assemblée.
Plaidant pour une approche d’ensemble, à l’image des résolutions sur la paix durable adoptées cette année, il a indiqué qu’il convoquerait un dialogue informel de haut niveau le 24 janvier prochain sur le thème « Construire une paix durable pour tous: synergies entre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la paix durable », invitant les États Membres à y participer.
Abordant ensuite le point « santé mondiale et politique étrangère », le Président de l’Assemblée générale a noté que les dernières épidémies des virus Ebola et Zika ont montré avec quelle rapidité les crises sanitaires peuvent devenir mondiales et dépasser les frontières. Mais leurs conséquences vont bien au-delà des considérations sanitaires, a-t-il observé. Elles minent le développement socioéconomique, affaiblissent la cohésion sociale et peuvent finir par menacer la sécurité nationale et régionale.
Notant que la Banque mondiale a évalué à 570 milliards de dollars, soit 0,7% du PIB de la planète, le coût mondial des pandémies d’aigües à graves, M. Thomson a estimé que traiter de la santé mondiale est non seulement un objectif du Programme 2030, en l’occurrence l’objectif 3, mais également une condition préalable pour la réalisation des autres objectifs.
Dans cet esprit, a-t-il précisé, nous devons accélérer la cadence du programme de lutte contre le paludisme, le VIH/sida, la tuberculose, l’hépatite, Ebola et les autres maladies transmissibles ou non. Deuxièmement, nos réactions aux crises sanitaires mondiales doivent tenir dûment compte des plus vulnérables. Enfin, nous devons avoir une meilleure action coordonnée au niveau mondial, a-t-il conclu, jugeant essentiel de mettre en place des systèmes de santé à la fois opérationnels et résilients pour répondre aux besoins des populations.
Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DATO ABDUL GHAFAR ISMAIL (Brunei Darussalam) a déclaré qu’en travaillant à la réalisation de sa « Vision 2025 », l’ASEAN réaffirme son engagement partagé de maintenir et de promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité de la région ainsi que le règlement pacifique des différends, conformément aux principes universellement reconnus du droit international.
L’ASEAN continuera de jouer un rôle central pour développer une architecture régionale fondée sur des règles et pour promouvoir les valeurs essentielles de la modération, de la tolérance, de la non-violence et de la compréhension mutuelle, de la diversité et de l’ouverture. L’ASEAN, s’est enorgueilli le représentant, a adopté une approche holistique dans laquelle elle a tenu compte des objectifs mondiaux, y compris le Programme 2030, le but étant d’édifier une « communauté » ouverte et centrée sur les populations.
L’approche s’appuie sur l’éducation aux valeurs de la paix et de la compréhension dès le plus jeune âge. C’est grâce à cela que l’ASEAN a mis en place son Programme des jeunes volontaires pour des projets multidisciplinaires, en particulier le relèvement après les catastrophes.
Aujourd’hui, a reconnu le représentant, nous sommes confrontés à la menace d’une division posée par des idéologies extrémistes et néfastes qui ont posé des défis sans précédent à la sécurité et la prospérité. En conséquence, l’ASEAN maintient le dialogue avec ses partenaires extérieurs grâce à des mécanismes comme la diplomatie préventive et les mesures d’établissement de la confiance ou les nombreuses autres activités dans les domaines de la défense, de l’aide humanitaire et de la gestion des catastrophes. Il est impératif d’avoir une culture de paix pour réaliser les objectifs du Programme 2030. L’ASEAN, a conclu le représentant, continuera à explorer les complémentarités entre ce Programme et sa « Vision 2025 », étant donné que le développement dépend largement de la paix.
Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a indiqué que la paix est non seulement un objectif à atteindre, mais également à préserver. À ses yeux, il ne peut pas y avoir de paix sans respect de la souveraineté des États et du droit à l’autodétermination des peuples. « Il n’y a pas de culture de paix sans respect du droit international », a-t-elle insisté, ajoutant qu’il est difficile de parler d’une telle culture lorsque, parallèlement, des armes nucléaires menacent la survie même de l’humanité.
La représentante a par ailleurs souligné que le creusement des inégalités entre les pays en développement et les pays développés représente une menace pour la stabilité mondiale. Elle a estimé que les États doivent avoir pour objectif principal la réduction de ces inégalités et l’élimination de la menace de la guerre. À cette fin, elle a insisté sur le désarmement nucléaire.
Elle a salué l’initiative du Secrétaire général visant à définir une stratégie pour lutter contre l’extrémisme violent. Elle a appelé à lutter contre toutes les formes de terrorisme, y compris le terrorisme d’État. Dans ce cadre, elle a dénoncé la persistance de l’intolérance et des discriminations sur des bases ethniques ou raciales, mais aussi les tentatives visant à renverser des régimes dans les pays en développement.
La déléguée a rappelé que le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis a aussi des conséquences négatives sur la paix et le règlement pacifique des différends. Elle a également rejeté toutes les tentatives « néocoloniales » contre le droit des peuples à l’indépendance.
À ses yeux, l’éducation est la principale solution pour lutter contre ces menaces. « Nous devrions étudier différentes cultures et civilisations dans les écoles », a-t-elle estimé, avant de souligner que les médias ont également un rôle important à jouer dans la diffusion des valeurs humaines et pacifiques.
M. SUCHANAREE TARANATHAM (Thaïlande) a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour instaurer une culture de paix. « La paix dépend de la façon dont nous, les peuples, percevons et construisons le monde », a-t-il dit, ajoutant que les États ont la responsabilité commune de promouvoir un dialogue constructif entre les différentes cultures et religions. À ses yeux, entretenir un tel dialogue est essentiel pour lutter contre l’ignorance, la méfiance et les malentendus. Dans ce sens, il a indiqué que son pays a organisé plus tôt cette année un symposium, en collaboration avec l’Organisation de la coopération islamique, sur le thème, « Le dialogue interreligieux et la coexistence pacifique dans les sociétés multiculturelles ».
Outre le dialogue, le représentant a souligné que l’éducation est un outil essentiel pour cultiver et renforcer la culture de paix. Il a estimé que les enfants, dès leur plus jeune âge, doivent pouvoir élargir leur compréhension des différentes cultures et religions dans le cadre de leur scolarité. Sur la base de cette conviction, a indiqué le délégué, la Thaïlande a appuyé des programmes et activités dans les écoles et universités qui mettent l’accent sur la compréhension multiculturelle, en particulier au niveau de la région de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN).
Enfin, le représentant a insisté sur l’importance des médias dans la création et le maintien d’une culture de paix, dans la mesure où ils sont essentiellement à l’origine des perceptions que nous entretenons sur d’autres cultures et religions. En conséquence, le délégué a appelé les médias à se comporter de manière responsable dans la diffusion des informations.
M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a tenu à rappeler que la paix et la sécurité, sujet à l’ordre du jour de cette séance, sont à la base de la création des Nations Unies. La culture de paix est même « la priorité la plus urgente, la plus pertinente » pour la communauté internationale, a souligné le représentant, notant que si la paix est précieuse, elle est aussi fragile. Passant en revue les menaces qui pèsent aujourd’hui sur le monde, il a noté que la situation difficile dans laquelle se trouvent des pays comme la Palestine, l’Iraq et la Libye démontre notre incapacité à évoluer vers un monde plus pacifique. « Nous ne devrions pas baisser les bras quand il s’agit de la solidarité et donc de la paix », a-t-il plaidé.
Notant que les tragédies du siècle dernier ont permis de tirer des leçons en matière de cohabitation entre les cultures, il a estimé que la communauté internationale ne pouvait reculer dans la défense de ses valeurs fondamentales. À cet égard, a-t-il affirmé, la lutte contre Daech et le Front el-Nosra doit être une priorité. Quelle que soit la brutalité de ces groupes terroristes, « ils ne sont rien face à la détermination des nations », a-t-il assuré. Pour le délégué, la paix n’est pas seulement l’absence de guerre: il faut aussi une culture qui aille à l’encontre de l’intolérance car « ceux qui enracinent l’identité dans des approches de pouvoir ne peuvent qu’être contraires à la paix ». Dénonçant la volonté interventionniste et d’hégémonie militaire de certains, il a jugé que les différents centres de pouvoir doivent comprendre qu’il n’y a « pas de solution militaire aux grands problèmes du monde ». De fait, a-t-il conclu, « nous devons faire de la paix une politique durable, c’est pourquoi l’Iran défend l’approche d’un monde sans extrémisme ».
Mme ALANOUD QASSIM M. A. AL-TEMIMI (Qatar) a appelé les Nations Unies à redoubler d’efforts pour mettre en place une culture de paix. « Il ne peut pas y avoir de développement durable sans paix, et il ne peut pas y avoir de paix sans développement durable », a-t-elle estimé, soulignant le rôle central des Nations Unies dans la réalisation d’initiatives pour parvenir à l’instauration d’une culture de paix.
La représentante a rappelé que son pays a été un des premiers à soutenir l’Alliance des civilisations. Elle a insisté sur l’importance de la promotion de sociétés pacifiques, auxquelles tous les segments de la société doivent pouvoir participer, en particulier la jeunesse.
La représentante a par ailleurs appelé à définir des politiques permettant la prévention des conflits armés et le règlement pacifique des différends, notamment grâce à la médiation. Elle a insisté sur la coopération pour lutter contre les causes de l’extrémisme violent, notamment par la promotion du dialogue et de valeurs positives, ainsi que la condamnation des discriminations raciales et sectaires.
Dans cette veine, le Qatar, a-t-elle indiqué, s’est lancé dans un débat de fond au niveau national sur la promotion des enfants et des jeunes touchés par l’extrémisme violent. Le pays a notamment lancé une initiative visant à permettre l’éducation des réfugiés syriens. La représentante a aussi mentionné les travaux du Centre de Doha pour le dialogue entre les civilisations, qui a pour mission de jeter des ponts entre les cultures. Elle a espéré que ces différentes initiatives contribueront à la « Vision 2030 » du Qatar, une vision fondée sur les échanges interculturels, la culture de paix et la lutte contre l’extrémisme violent.
Saluant d’emblée l’UNESCO pour ses efforts en faveur d’un renforcement de la culture de paix, Mme FARAH T A S H ALGHARABALLY (Koweït) a fait valoir que cette culture « pave la voie d’une plus de tolérance » grâce à la Déclaration sur la paix et le rejet de la violence mais surtout au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à son objectif 16. Or, a-t-elle constaté, cette culture de paix est menacée par les conflits entre les peuples mais aussi entre les individus qui n’acceptent pas l’opinion de l’autre. Il est donc nécessaire de travailler de concert aux niveaux local, régional et international pour faire de cette haine une « culture de dialogue et de coexistence », a déclaré la représentante.
Elle a mis l’accent sur la « menace gigantesque » que constituent l’extrémisme et le terrorisme. Face à ces fléaux, a-t-elle souligné, il faut œuvrer pour plus de compréhension entre les cultures et les religieux. À cet égard, a rappelé la déléguée, le Koweït n’est pas épargné: il vient d’être frappé mais ne s’est pas laissé terroriser. « Cet acte ignoble nous a forcés à lutter ensemble », a-t-elle affirmé, soulignant que la Constitution koweïtienne a fait de la justice et de la liberté des « piliers ». En outre, a-t-elle ajouté, le Gouvernement koweïtien a décidé de former un haut comité pour lutter contre l’extrémisme et le radicalisme dans tous ses aspects.
M. RY TUY (Cambodge) a déclaré qu’il était important que la communauté internationale mette en œuvre l’objectif de développement 16 qui vise à promouvoir des sociétés inclusives et pacifiques. Renforcer la participation des jeunes hommes et des femmes dans les structures de gouvernance pourrait mener à des sociétés plus représentatives et plus inclusives, a souligné le représentant, en plaidant aussi pour la participation des pays en développement dans les instances mondiales de gouvernance.
Il est malheureux que de nos jours les conflits armés continuent de faire rage, tuant combattants et civils, y compris des enfants. L’extrémisme violent qui continue de menacer la paix et la sécurité met à l’épreuve notre espoir d’un monde meilleur. Le représentant a attiré l’attention sur le fait que certains conflits ont pour cause des fléaux comme la marginalisation, l’exclusion, la pauvreté. Les personnes les plus vulnérables sont les proies faciles du terrorisme et de la criminalité organisée, a-t-il mis en garde, voyant là un frein au développement.
Le représentant s’est dit profondément préoccupé par l’intensité et la propagation des attaques terroristes. La promotion de la culture de paix doit contrer la propagation du terrorisme et les idéologies violentes. L’action contre le terrorisme doit suivre une approche globale et conformément à la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité, la communauté internationale doit se focaliser sur la lutte contre la radicalisation, en s’opposant à la propagande terroriste et en barrant l’accès des groupes concernés aux technologies de l’information et de la communication, dont les réseaux sociaux.
Mme ALMAGUL KONURBAYEVA (Kazakhstan) a dit que le Programme d’action des Nations Unies pour la culture de paix dans le contexte du développement durable prend encore plus de sens et d’importance à la lumière des conflits de plus en plus prolongés, de l’extrémisme violent, des graves violations des droits de l’homme, des crises humanitaires et des déplacements massifs de réfugiés. Ce Programme d’action est un facteur incontournable pour la réalisation des 17 objectifs de développement durable, a souligné le représentant. La paix s’enracine lorsque les besoins humains fondamentaux sont satisfaits et que la pauvreté est éliminée, a déclaré la représentante.
Nous devons tracer une nouvelle voie pour l’humanité et relever les défis par l’éducation, la science, la culture et une meilleure communication. Il faut des actions bien coordonnées pour renforcer la cohésion sociale et la participation démocratique de tous les segments de la société, y compris les femmes, les jeunes, les minorités ethniques et religieuses, les migrants, les peuples autochtones, les réfugiés et les déplacés.
La représentante a déploré un monde où la paix est devenue l’otage de la science et de la technologie qui sont exploitées pour produire des armes de destruction massive nucléaires, biologiques, chimiques et radiologiques. Le Kazakhstan, a rappelé la représentante, milite pour le désarmement total et la non-prolifération nucléaire. Le monde exempt d’armes nucléaires envisagé par le Président Nazarbayev dans son dernier « Manifeste » est un objectif ambitieux mais réalisable. Nous appelons les parlementaires, les politiciens et les dirigeants religieux à appuyer ce mouvement antinucléaire mondial. Les milliers de milliards de dollars investis dans des armes meurtrières devraient être investis dans le développement durable, lequel peut contribuer à assoir la culture de la paix.
Pour mettre en place une culture de paix, M. MARCELO ELISEO SCAPPINI RICCIARDI (Paraguay) a appelé à aborder les causes profondes des conflits, en particulier la pauvreté et les inégalités. L’adoption du Programme 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques a démontré, selon lui, que les États Membres sont capables de prendre des décisions allant parfois à l’encontre de leurs intérêts immédiats, pour le bien de l’humanité. La crise des réfugiés et migrants, les changements climatiques et le creusement des inégalités exigent davantage d’efforts pour promouvoir la culture de paix, a poursuivi le représentant. Il a estimé que l’éducation est le principal moyen de garantir cette culture et, partant du constat, le Paraguay fait tout pour promouvoir la diversité dans l’éducation et la préservation des patrimoines culturels locaux dans son système éducatif.
M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a dénoncé la culture de l’intolérance qui s’est installée dans de nombreuses régions du monde. Or, a-t-il affirmé, l’instauration d’une culture de paix est une responsabilité partagée, dans la droite ligne des objectifs des Nations Unies. Le représentant a indiqué que la culture de paix est au cœur même des principes fondamentaux de la politique étrangère du Bangladesh qui se fonde, selon lui, sur le renoncement au recours à la force et le règlement pacifique des différends. Le représentant a ainsi affirmé que le Bangladesh est à l’avant-garde de la promotion de la culture de paix, comme l’indique le fait que le pays compte parmi les principaux contributeurs de troupes et de contingents déployés au sein des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
M. OMAR HILALE (Maroc) a déclaré que, dans le contexte mondial actuel, l’intolérance religieuse s’est malheureusement multipliée ces dernières années et l’incompréhension s’est installée. Nous ne pouvons que déplorer la rupture du dialogue et la montée de l’extrémisme. C’est en vue de rappeler, a ajouté le représentant, les valeurs authentiques des religions ainsi que l’essence de leurs messages de paix, de tolérance et de solidarité que le Maroc a abrité à Marrakech, du 25 au 28 janvier 2016, le Forum sur « Les droits des minorités religieuses en terre d’islam: le cadre juridique et l’appel à l’action ». Pour nous, a-t-il poursuivi, la protection des droits des musulmans et des non-musulmans, sans aucune distinction entre eux, découle aussi bien du message religieux, que de notre Constitution elle-même.
Dans la lutte contre l’extrémisme religieux, le Maroc prône une approche multidimensionnelle car l’approche purement sécuritaire ne peut suffire. L’extrémisme religieux doit être combattu en profondeur, à travers la mise en œuvre de mesures concrètes qui englobent aussi bien les secteurs religieux stricto sensu, que les secteurs socioéconomiques. Convaincu de la nécessité d’une approche holistique, le Maroc s’est engagé dans la réorganisation du champ religieux, entamée dès 2005, l’encadrement de la formation des imams, l’institution des Mourchidates qui contribuent à la transmission du message religieux aux femmes, et le cas échéant, à leurs enfants, la réforme des livres scolaires et le lancement d’une chaîne de télévision et de radio qui assure la diffusion d’un message religieux conforme aux valeurs de l’Islam modéré et tolérant. De plus, depuis l’inauguration de l’Institut Mohammed VI de formation des imams morchidines et morchidates de Rabat en mars 2015, près de 1 000 imams, aussi bien marocains qu’étrangers ont pu bénéficier des enseignements qui y sont dispensés.
Mme SOUMAYA BOURHIL (Tunisie) s’est félicitée de la tenue de ce débat alors que la terreur se répand dans le monde. À ses yeux, les fanatismes funestes, l’absence de tolérance et les écarts de développement grandissants sont devenus « le terreau du terrorisme » dans de nombreuses sociétés. Il faut donc redoubler d’efforts pour faire face à ces phénomènes néfastes et imposer la paix et la sécurité dans le monde, a-t-elle plaidé, affirmant que son pays « qui a accueilli différentes civilisations est un centre de dialogue », et encourage la tolérance pour assurer la stabilité sociale.
La Tunisie, a poursuivi la représentante, a toujours appuyé les moyens pacifiques de régler les conflits. C’est ainsi qu’un dialogue national a été instauré lors de la période de transition politique ces dernières années. Dans ce contexte, a-t-elle noté, la Tunisie a fait face au défi de passer de la transition à la démocratie, à une société respectant les droits de l’homme, la justice et la tolérance, ce qui lui a valu d’obtenir le prix Nobel de la paix en 2010.
Enfin, la Tunisie a adopté, le 18 novembre 2016, une Déclaration contre le terrorisme et pour la tolérance et le dialogue entre les peuples, a encore souligné la déléguée, invitant la communauté internationale, les organisations, la société civile et le secteur privé à faire en sorte que la culture de paix se propage et que l’entente entre les peuples prévale dans le cadre plus large du développement que promeuvent les Nations Unies.
SANTÉ MONDIALE ET POLITIQUE ÉTRANGÈRE (A/71/601 ET A/71/598)
Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme WALAYA JARIYADHAM (Thaïlande) a tenu à partager quelques-unes des perspectives de l’Association. Premièrement, un personnel de santé dynamique est nécessaire pour renforcer les systèmes de santé locaux et régionaux dans l’espace de l’ASEAN qui vient d’adopter un programme de développement du secteur de la santé pour l’après-2015 lequel identifie les groupes, les objectifs et les questions prioritaires comme la promotion d’un style de vie sain, la réponse aux dangers et aux menaces, le renforcement des systèmes de santé et l’accès aux soins et à la sécurité alimentaire.
Deuxièmement, a ajouté la représentante, l’ASEAN est consciente que l’investissement dans le personnel et les infrastructures de santé est essentielle pour la résilience de la région face aux urgences sanitaires et, troisièmement, les investissements dans le personnel de santé peuvent avoir un impact positif sur la croissance économique et la réalisation des objectifs de développement durable. Comme les soins de santé sont un besoin universel dont la demande augmente constamment, investir dans « l’économie de la santé » peut booster l’emploi et contribuer non seulement à l’objectif 3 de développement durable sur la santé et le bien-être pour tous mais aussi à la réalisation d’autres objectifs, y compris l’objectif 8 sur le travail décent et la croissance inclusive.
Mme KATHRIN LOEBER, déléguée de l’Union européenne, a souligné l’importance d’investir dans le secteur de la santé et en ouvrir l’accès à tous. Il s’agit là d’une priorité de l’Union européenne. La représentante a appelé à la création d’emplois dans le secteur de la santé, un secteur où des emplois décents sont, selon elle, nécessaires, ce qui devrait en outre bénéficier à l’économie tout entière. Investir dans le personnel de santé permettra d’améliorer sa formation et ses conditions de travail, souvent difficiles. La représentante a salué la mention, dans le rapport du Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), du rôle vital des femmes dans le domaine de la santé, en particulier dans les secteurs non rémunérés.
La représentante a aussi pris note des conclusions du Groupe de haut niveau sur l’accès aux médicaments qui encouragent toutes les parties prenantes à garantir un accès aux médicaments et aux technologies. Elle a toutefois regretté le manque de nuance sur « l’hypothèse » qui a donné naissance au Groupe, à savoir qu’il existe une incohérence politique entre les droits des inventeurs, le droit international humanitaire, les règles commerciales et la santé publique. « Nous aurions préféré une approche plus intégrée », a indiqué la représentante, ajoutant que le Groupe aurait dû proposer des solutions plus équilibrées car le principal défi est de trouver le bon équilibre entre la nécessité de financer la recherche et celle de garantir l’accès aux médicaments. « Nous sommes convaincus que ces deux objectifs ne sont pas contradictoires et peuvent être poursuivis conjointement », a déclaré la représentante.
M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a souligné que ces dernières années ont été marquées par des défis graves sur le plan sanitaire, avec notamment les épidémies d’Ebola et de Zika. Le rôle du personnel médical a été fondamental, a souligné le représentant, saluant la stratégie intégrée à leur sujet dans le cadre des objectifs de développement durable. Assurant que son pays fait siennes les recommandations du rapport de l’OMS sur l’emploi dans le secteur de la santé, il a appelé les États à s’en inspirer. Il a aussi prôné un recours plus systématique aux technologies de l’information et de la communication dans le secteur de la santé et s’est déclaré préoccupé par le recul du nombre de professionnels de la santé en zones rurales. La Fédération de Russie a d’ailleurs lancé un programme spécifique pour inciter les praticiens à devenir « médecins de campagne ».
L’année qui s’achève, a poursuivi le représentant, s’est largement déroulée sur le thème de la santé, qu’il s’agisse de la lutte contre le VIH/sida, du choléra ou de la résistance aux agents antimicrobiens. À ce titre, il s’est félicité de ce que la résolution mentionne le double objectif de tenir à Moscou, en novembre 2017, une conférence ministérielle sur la lutte contre la tuberculose et d’organiser, en 2018, une réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur ce même thème.
Mme MELISSA RYAN (États-Unis) a rappelé le rôle central des États-Unis dans la formation du personnel de santé, non seulement dans son pays, mais également à l’étranger. Elle a également rappelé l’importance pour le développement durable de disposer de systèmes de santé performants. À cette fin, elle a appelé à faire des progrès en matière de formation du personnel de santé, notamment pour mieux le préparer aux dangers potentiels sur le terrain. La représentante s’est en outre félicité de la tenue d’une réunion de haut niveau sur la lutte contre la tuberculose en 2017, qualifiant cette maladie de « dangereuse et fatale ».
Par ailleurs, la représentante a exprimé sa déception concernant les travaux du Groupe de haut niveau sur l’accès aux médicaments. Elle a fait part du désaccord de son pays face à « l’approche étroite » adoptée par le Groupe et à sa « présomption d’incohérence politique ». La représentante a indiqué que son pays partage les préoccupations exprimées par plusieurs membres du Groupe mais les recommandations, a-t-elle dit, risquent d’avoir des conséquences négatives sur l’innovation et la recherche. Commentant toujours la résolution, la représentante a rappelé que les États-Unis appuient le principe d’un transfert de technologies sur une base volontaire entre acteurs privés. Elle a contesté le terme « avantageux » pour désigner les arrangements de transfert car ce terme est « imprécis et inadapté », a-t-elle estimé.
Mme MAJDOLINE MOUFLIH (Maroc) a déclaré que les systèmes de santé doivent être capables de gérer aussi bien les urgences que les besoins médicaux du quotidien. Tout en se félicitant de l’adoption de la résolution, la représentante s’est inquiétée de la prolifération des crises sanitaires d’ampleur mondiale et des risques émergents d’infection liées à des pandémies. Pour y faire face, la déléguée a appelé à mettre en place des mesures internationales proactives, adaptées et coordonnées, ainsi qu’une surveillance mondiale de chaque instant. Réaffirmant la volonté du Maroc de prévenir les pandémies et de contrecarrer l’émergence de nouvelles maladies contagieuses, la représentante a indiqué que son pays a été l’un des premiers à répondre à l’épidémie d’Ebola qui a éclaté en Afrique de l’Ouest à la fin 2013.
Elle a aussi dévoilé le contenu du plan national marocain pour les urgences médicales, qui repose principalement sur le renforcement des formations octroyées au personnel médical et la mise en place d’une couverture sanitaire universelle d’ici à 2020. La représentante a enfin salué la décision de tenir une conférence internationale de haut niveau sur la tuberculose à Moscou en 2017.
M. DAVID YITSHAK ROET (Israël) s’est félicité de la résolution tout en constatant qu’en dépit des progrès techniques accomplis dans le domaine de la santé, beaucoup reste à faire. Après l’épidémie d’Ebola, a observé le représentant, des sociétés se sont retrouvées dysfonctionnelles et économiquement paralysées, une situation qui a mis en lumière le lien entre la santé mondiale et le développement durable. Ce n’est que lorsque les sociétés sont en bonne santé, qu’elles peuvent investir dans des infrastructures et le personnel de santé, a-t-il souligné, rappelant que depuis des décennies, son pays s’efforce de renforcer ses dispositifs d’assistance médicale dans le monde. Israël a ainsi fourni 8,75 millions de dollars dès le début de la pandémie d’Ebola, déployant en outre des cliniques équipées au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée et assurant la formation des personnels locaux.
Rappelant que le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, a déclaré en septembre, devant l’Assemblée générale, qu’« Israël est de retour en Afrique et l’Afrique de retour en Israël », le délégué a souligné le rôle important joué par son pays sur le continent dans le domaine des soins et de la prévention. Il a attiré l’attention sur le travail de Mashav, l’Agence israélienne de la coopération internationale, qui agit comme un pont entre la communauté médicale israélienne et les pays en développement.
M. HIROSHI MINAMI (Japon) a appuyé la résolution dont il s’est porté coauteur. S’agissant de la mention aux « transferts de technologies », il a précisé que son pays n’a pas changé de position sur cette question depuis la Troisième Conférence internationale sur le financement du développement, l’an dernier.
M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a indiqué que son pays a décidé de se porter coauteur de la résolution car il s’agit là d’un thème prioritaire pour le Mexique, a-t-il indiqué, en raison de son incidence sur le bien-être et le développement économique du pays. Le représentant a espéré que ce texte contribuera à la cohérence des travaux en matière de santé mondiale entre le Siège des Nations Unies et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), y compris sur les thèmes de la résistance antimicrobienne, des maladies non transmissibles, de l’accès universel à la santé et des pandémies. Il a réitéré l’engagement de son pays à garantir des emplois dans le secteur de la santé, afin d’atteindre les objectifs de développement durable.
Explications de position
La représentante de la Suisse a remercié l’action de facilitation menée par l’Afrique du Sud pour assurer le succès des négociations. La Suisse, qui n’a pas souhaité bloquer les discussions, entend toutefois se dissocier de certains points. Bien qu’elle porte le titre « Santé mondiale et politique étrangère: emplois dans le domaine de la santé et croissance économique », la résolution ne met pas l’accent sur l’emploi, a déploré la représentante. De nouvelles questions sont abordées mais le texte comprend des sujets sans lien avec le thème. En conséquence, « on perd de la précision et on affaiblit le message à transmettre, notamment sur la résistance aux agents antimicrobiens, sur le VIH/sida et sur l’accès aux médicaments », a constaté la déléguée.
Au nom de l’Australie, du Danemark, de la Finlande, de la Nouvelle-Zélande, des Pays-Bas et du Royaume-Uni, la représentante du Canada a dit avoir adhéré au consensus, tout en estimant qu’un accent plus fort sur les droits sexuels et la santé procréative aurait contribué à une résolution plus globale et davantage appuyée sur les droits de l’homme. Nous appuyions fermement le libellé proposé dans l’avant-projet: « l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive et la jouissance par les femmes et les filles de tous leurs droits ». Nous sommes donc préoccupés de sa suppression délibérée, a fait savoir la représentante.
Faire en sorte que les femmes et les filles, en particulier les adolescentes, soient conscientes de leur faculté de réaliser leurs droits à la santé sexuelle et reproductive est en tout point conforme au Programme 2030, en particulier l’objectif 5 de développement durable sur l’égalité entre les sexes. Ces droits sont intrinsèquement liés aux autres droits de l’homme qui sont déjà reconnus dans les lois nationales, les instruments internationaux et les documents consensuels des Nations Unies.
La représentante a poursuivi en disant comprendre les dispositions de la résolution sur le transfert des technologies comme conformes aux autres accords internationaux, dont l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Pour nous, a-t-elle insisté, la résolution ne crée aucun précédent sur les transferts de technologies, étant entendu que les dispositions du Programme 2030 et du Plan d’action d’Addis-Abeba représentent l’accord intergouvernemental le plus récent sur la question.
Le représentant de l’Inde s’est félicité de ce que la résolution aborde la nécessité de répondre aux besoins s’agissant des professionnels de la santé et de la création d’emplois dans le secteur de la santé. Il a également salué la reconnaissance du lien étroit entre santé et politique étrangère et de la nécessité d’aborder les défis de manière globale. Il s’est toutefois déclaré « déçu » par le texte final qui, selon lui, « dilue certains points importants » du rapport de l’OMS.