En cours au Siège de l'ONU

Soixante et onzième session,  
32e & 33e séances plénières – matin & après-midi
AG/11846

Assemblée: pour la première fois depuis 1992, les États-Unis ne s’opposent pas à la résolution sur la levée du blocus contre Cuba, « un signal prometteur » selon le Ministre cubain

Dans un vote « historique », salué par un tonnerre d’applaudissements, les États-Unis ont poussé aujourd’hui pour la première fois sur le bouton « abstention » lorsque l’Assemblée générale a mis aux voix sa vingt-cinquième résolution consécutive sur la levée du blocus américain imposé à Cuba dès 1962.  Tout en saluant ce « signal prometteur », le Ministre cubain des affaires étrangères, M. Bruno Eduardo Rodríguez Parrilla a regretté l’absence de progrès substantiels dans les faits.

Adoptée sans la moindre opposition par 191 voix pour et les abstentions des États-Unis et d’Israël, la résolution* de l’Assemblée sur la nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis, depuis 54 ans, exprime à nouveau la préoccupation des États Membres face aux « conséquences préjudiciables » à la population cubaine et aux Cubains résidant dans d’autres pays.  L’Assemblée « demande de nouveau instamment aux États qui continuent d’appliquer des lois ou mesures de ce type de faire le nécessaire pour les abroger ou les annuler dès que possible, dans le respect de leur ordre juridique ».

La séance a été marquée par l’annonce saluée comme « historique » par de nombreuses délégations qui l’ont accueillie par une ovation, de la représentante des États-Unis.  Mme Samantha Power a exprimé, dès le début de sa longue intervention l’intention de sa délégation de ne pas voter contre le projet de résolution, comme cela avait été le cas chaque année depuis 1992. 

Mme Power s’est expliquée en estimant que cette résolution illustre précisément la raison pour laquelle la politique américaine d’isolement contre Cuba n’a pas fonctionné voire a été contreproductive.  « Au lieu d’isoler Cuba, notre politique a isolé les États-Unis, y compris ici même aux Nations Unies », a-t-elle avoué.

La représentante a rappelé que le Président des États-Unis, M. Barack Obama, a clairement exprimé son opposition à l’embargo dès 2014.  Ce changement de position s’est traduit, depuis 2015, par le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, la réouverture des ambassades, la reprise des vols commerciaux, la facilitation des voyages individuels et la levée des limites au nombre de voyages que les Cubains américains peuvent effectuer. 

Mais elle n’a pas voté pour le projet de résolution, car, a-t-elle tranché, toutes les actions prises par les États-Unis contre Cuba ont toujours été et sont conformes à la Charte de l’ONU et au droit international, contrairement à ce que prétend le texte.  L’abstention, a-t-elle également précisé, ne signifie pas que les États-Unis approuvent toutes les politiques et pratiques du Gouvernement cubain, en particulier les graves violations des droits de l’homme qu’il continue de commettre, selon elle, « en toute impunité » contre son propre peuple. 

Mme Power a toutefois appelé à résoudre ces questions par le dialogue.  « Aujourd’hui, nous avons avancé d’un petit pas.  Que les pas se multiplient et que le dernier soit, espérons-le, la fin de l’embargo. »

Le Ministre des affaires étrangères de Cuba a accueilli ce « changement de vote » comme « un signal prometteur ».  Il a reconnu les progrès mentionnés par la représentante américaine et la radiation de Cuba de la liste des parrains du terrorisme international, liste à laquelle le pays avait selon lui été inclus de manière « injuste ».

« Nous reconnaissons que les mesures du Gouvernement américain sont des étapes positives mais elles ont une portée et un effet très limités », a toutefois tranché M. Bruno Edouardo Rodríguez Parilla, constatant la persistance de ce blocus « injuste, inhumain, immoral, et illégal ».  La plupart des mesures d’allègement visent à élargir les transactions précédemment autorisées, a estimé le Ministre.  « Au lieu de bénéficier à Cuba et à son peuple, elles favorisent plutôt les États-Unis », a-t-il insisté, appelant à juger la situation par les actes.

Le Ministre a ainsi rappelé qu’entre avril 2015 et mars 2016, les pertes économiques causées directement à Cuba par le blocus totalisaient plus de 4,680 milliards de dollars.  « Le blocus est le principal obstacle au développement économique et social du peuple cubain », a-t-il estimé, affirmant que sa levée reste la clef de la normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis. 

M. Rodríguez Parilla a réaffirmé la volonté de Cuba d’avoir une « relation de coexistence civilisée » avec les États-Unis, sans renoncer à ses principes et sans concession sur sa souveraineté et son indépendance.

L’ensemble des délégations ont salué les progrès de la normalisation mais condamné, pour certaines vivement, le maintien d’un blocus « pernicieux », « unilatéral et illégal », « contraire au droit international », « inadmissible », « injustifiable » ou encore « abusif ».

De nombreuses délégations ont dénoncé la portée extraterritoriale des sanctions américaines, y compris la loi Helms-Burton, qui oblige le Gouvernement américain à prendre des sanctions contre les entreprises et personnes qui font du commerce avec Cuba.  Le représentant de l’Union européenne a réaffirmé que l’Union ne pouvait accepter que des décisions imposées unilatéralement puissent entraver les relations économiques et commerciales qu’elle entretient avec Cuba, au mépris des règles communément acceptées du commerce international.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

*A/71/L.3 

NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

a) Rapport du Secrétaire général (A/71/91)

b) Projet de résolution A/71/L.3

Pour l’examen de cette question, l’Assemblée générale était saisie du rapport (A/71/91) dans lequel le Secrétaire général présente les réponses des gouvernements et des organes et organismes des Nations Unies sur la mise en œuvre de la résolution (70/5) relative à la levée du blocus contre Cuba, adoptée l’année dernière.

Déclarations

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. ABDALLAH WAFY (Niger) a rappelé que depuis 54 ans, les appels à la levée du blocus américain contre Cuba n’ont cessé d’être lancés.  Il a pris note des changements intervenus récemment dont la visite du Président américain, M. Barack Obama, à Cuba en mars dernier.  Il a salué les mesures prises par les deux pays pour avancer vers la levée d’un blocus « qui constitue un frein au développement durable de Cuba ».  Le représentant a donc réaffirmé son soutien à la résolution présentée aujourd’hui et réitéré l’appel des chefs d’État africains et de tous les États Membres des Nations Unies à la levée du blocus.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis l’an dernier, y compris la réouverture de leurs ambassades respectives, la visite du Président américain à Cuba en mars dernier et l’assouplissement de certaines sanctions américaines affectant le peuple cubain.  « C’est toutefois insuffisant », a tranché le représentant, ajoutant que l’ensemble des sanctions imposées à Cuba par les États-Unis, y compris le blocus économique, commercial et financier, doivent être levées.

En attendant, il a estimé que le futur président des États-Unis devra pleinement utiliser les pouvoirs exécutifs à sa disposition pour alléger le plus possible les sanctions.  Ces dernières, a-t-il estimé, sont contraires aux principes de la Charte des Nations Unies, notamment ceux de l’égalité souveraine des États, de la non-intervention et de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures et de la liberté du commerce et de la navigation.

« Nous sommes préoccupés par les effets prolongés du blocus et de l’interdiction de voyager qui frappent les Cubains », s’est inquiété le représentant, ajoutant qu’au cours de l’année écoulée, les sanctions ont coûté plus de 4 milliards de dollars à Cuba, des pertes économiques qui ont des conséquences humanitaires désastreuses sur la population.  Tant que le blocus ne sera pas levé, a-t-il poursuivi, le potentiel de développement humain de Cuba sera entravé et le pays sera dans l’incapacité de tendre vers le développement durable.

Le représentant a tenu à souligner la contribution généreuse de Cuba au plan international, mentionnant en particulier les efforts déployés pour aider les États d’Afrique de l’Ouest durant la crise d’Ebola.  Face à un tel « exemple de solidarité », le représentant a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts en vue d’aboutir à la levée du blocus.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a dénoncé avec force l’embargo « pernicieux » que les États-Unis imposent depuis « beaucoup trop d’années » à Cuba, constatant qu’il réduit la capacité légitime du peuple cubain à commercer, voyager et mener des transactions financières internationales.  Saluant tout de même la prise de position du Président Barack Obama contre cet embargo qu’il a qualifié de « fardeau archaïque imposé au peuple cubain », le délégué a regretté que cet appel n’ait pas été entendu par « son propre Congrès ». 

La CARICOM se félicite du rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba, symbolisé par la visite « historique » du Président Obama à La Havane.  La CARICOM, a souligné le représentant, rappelle qu’elle entretient des relations avec les deux parties et enjoint ces dernières d’explorer tous les moyens susceptibles d’accroître leur coopération, comme elles l’ont fait durant la crise liée au virus Ebola en Afrique de l’Ouest.  Le représentant a ajouté que la CARICOM soutiendrait une nouvelle fois « sans réserve » le projet de résolution, dans l’espoir qu’à l’avenir, ce point sera supprimé de l’ordre du jour de l’Assemblée générale. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M BURHAN GAFOOR (Singapour) a exprimé le soutien de son Association à la résolution dont est saisie aujourd’hui l’Assemblée générale.  Les dispositions de cette résolution, soumises au vote de l’Assemblée générale depuis 1992, ont toujours été adoptées à « une écrasante majorité », a souligné le représentant, ajoutant que les États membres de l’ASEAN les soutiennent unanimement depuis 15 ans.  Soucieuse de voir cet embargo unilatéral levé « dès que possible » et conformément aux principes d’égalité souveraine, de non-ingérence et de non-intervention inscrits dans la Charte des Nations Unies, l’ASEAN se félicite du premier pas que constitue le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays.  La levée de l’embargo représenterait « un pas plus important » dans la mesure où il permettrait d’améliorer « de manière significative » la qualité de vie des Cubains et contribuerait à leur développement social et économique, a fait valoir le représentant.  À ses yeux, la fin de ce blocus contribuerait aussi à la promotion des efforts de l’Assemblée générale en faveur de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a souligné que son pays reste ferme sur sa position: le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d’Amérique doit être levé immédiatement.  La résolution qui est votée depuis plusieurs années montre le caractère « inadmissible » de ce blocus, a insisté le représentant, en mettant l’accent sur le fait que les sanctions empêchent Cuba d’exploiter sa capacité de mobiliser les ressources aux fins du développement durable.  La « Douma d’État », a poursuivi le représentant, vient d’envoyer un message à l’Assemblée générale pour condamner la politique et les sanctions unilatérales des États-Unis.  Le représentant a en effet dit ne pas comprendre l’utilité d’un blocus qui ne fait que compliquer la normalisation entre les deux pays et nuire à l’intégration régionale et internationale.  Il a lancé une mise en garde: il ne serait pas judicieux de lier la dynamique actuelle des relations entre Cuba et les États-Unis aux résultats de l’élection américaine de novembre.  La solution réside dans la bonne volonté des deux pays de dialoguer et non dans des mesures coercitives, a-t-il conclu.   

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine) s’est félicité des progrès enregistrés dans la normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis, lesquels constituent, selon lui, « le commencement d’un nouveau chapitre dans l’histoire de paix et de coexistence entre les nations des Amériques ».  Saluant la volonté exprimée par le Président Barack Obama de mettre un terme au blocus que son pays impose depuis plus de 50 ans à Cuba, il a cependant déploré que ce blocus soit encore une réalité pour le peuple cubain et freine le développement de l’île.  La CELAC, a-t-il lancé, exhorte les États-Unis à cesser d’appliquer la loi Helms-Burton, qui est « contraire au droit international ».  Elle réitère, d’autre part, sa Déclaration spéciale sur la nécessité de mettre fin à l’embargo contre Cuba, adoptée au IVSommet de la CELAC les 26 et 27 juillet à Quito, qui appelle le Gouvernement des États-Unis à se conformer aux résolutions successives de l’Assemblée générale relatives à ce dossier.  Sur cette base, a poursuivi le représentant, la CELAC soutiendra fermement l’adoption de la résolution présentée aujourd’hui, jugeant « incohérent » d’appliquer des mesures unilatérales qui ne sont soutenues « ni par le droit international ni par la lettre, l’esprit, les principes et les buts de la Charte des Nations Unies ».

Au nom de de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), M. MANSOUR AYYAD SH A ALOTAIBI (Koweït) s’est félicité du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis l’an dernier, y compris la réouverture des ambassades entre les deux pays, la visite du Président des États-Unis, M. Barack Obama, à Cuba en mars 2016 et l’assouplissement de certaines sanctions américaines affectant Cuba.  Néanmoins, la question du blocus demeure, a dénoncé le représentant, déplorant les entraves aux progrès humains, économiques et sociaux.  Il a regretté le fait que ce blocus affecte également des pays tiers et des entreprises privées, qui risquent les amendes du Gouvernement des États-Unis, en raison de la loi Helms-Burton qui oblige le Gouvernement américain à imposer des sanctions aux entreprises et personnes étrangères qui font du commerce avec Cuba.

Le maintien de cet embargo est « injustifiable », s’est impatienté le représentant, en demandant aux États Membres de voter en faveur du projet de résolution car il reflète le point de vue de toute la communauté internationale.  

Au nom du Mouvement des non-alignés, M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a rappelé que l’an dernier, 191 États Membres ont voté en faveur de la levée des « sanctions unilatérales et illégales » imposées par les États-Unis à Cuba, en violations de tous les principes du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Le représentant a souligné que le blocus américain à l’encontre de Cuba a eu des effets négatifs sur le peuple cubain et les droits de l’homme dans le pays.  Cette « politique illégale », a-t-il poursuivi, affecte l’économie, l’agriculture, le commerce et les investissements du pays.  Elle empêche Cuba de bénéficier du transfert de technologies et d’un accès aux institutions financières internationales.  En d’autres termes, a-t-il estimé, ce blocus qui a coûté au total 833,7 milliards de dollars à Cuba et a occasionné des dommages matériels à hauteur de 121 milliards de dollars, empêche Cuba de se mettre sur la voie du développement durable. 

Le représentant a toutefois salué le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, qu’il a qualifiées de premier pas vers la normalisation.  Il a cependant constaté que le blocus se maintient voire s’est renforcé sous l’Administration américaine actuelle.  En effet, il a constaté que 42 amendes ont été imposées à des entités américaines et étrangères ayant fait du commerce avec Cuba, pour un total de 13,2 milliards de dollars.

Le représentant a toutefois noté l’assouplissement récent des sanctions concernant les voyages, les communications et l’envoi de devises.  « Mais ces mesures sont limitées », a-t-il estimé.  Il a également salué le fait que Cuba ne figure désormais plus sur la liste des parrains du terrorisme international, ce qui lui donne plus de souplesse au plan international, « même si le pays n’aurait jamais dû être sur cette liste pour commencer ».  « L’unanimité règne au sein de la communauté internationale pour exiger la fin de cinq décennies d’embargo », a enfin déclaré le représentant, ajoutant que les États-Unis sont les seuls à poursuivre leur politique « coercitive, unilatérale et illégale ».  Il a ainsi appelé les États-Unis à se ranger du côté de la « majorité écrasante » et à mettre fin à leur politique, « qui a visiblement échoué ».

À titre national, le représentant a indiqué que son pays votera en faveur du projet de résolution d’aujourd’hui.  Il a salué Cuba pour avoir « maintenu sa souveraineté et son indépendance politique » face à la politique de sanction américaine.  « La détermination politique extraordinaire du peuple cubain a fait honneur à son histoire révolutionnaire », a-t-il estimé.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a réaffirmé le rejet du blocus imposé à Cuba par les États-Unis qui est contraire au droit international et à l’aspiration à l’amitié et à la coopération entre les deux États.  Le représentant a rappelé que son Président avait, devant l’Assemblée générale en septembre dernier, demandé la levée du blocus.  Il a salué les avancées entre Cuba et les États-Unis qui sont tous deux voisins du Mexique.  Il a reconnu les mesures prises par le Président Obama pour assouplir le blocus.  Il a souligné que Cuba a déployé des efforts pour « actualiser » son modèle économique et social et argué que la levée du blocus aidera l’économie cubaine à se réformer davantage et à s’intégrer aux échanges internationaux.  En dépit du blocus, les indices de développement humain de Cuba sont parmi les plus élevés d’Amérique latine et il ne fait aucun doute que la levée du blocus aidera Cuba à réaliser les objectifs de développement durable, a conclu le représentant.

M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que pour réaliser ces objectifs, tous les pays, y compris Cuba et les États-Unis, doivent s’appuyer sur une coopération entre États égaux.  Cela passe, a dit le représentant, par la levée du blocus.  Il a donc regretté qu’aucune des résolutions adoptées sur cette question n’ait été mise en œuvre et qu’au contraire, le blocus ait été maintenu voire renforcé.  Cette violation des résolutions de l’Assemblée générale a causé d’immenses pertes économiques et sociales à Cuba, empêché le développement économique et social et entravé les échanges commerciaux avec Cuba.  La Chine, a martelé le représentant, s’oppose aux sanctions unilatérales et exige le respect des résolutions de l’Assemblée générale.  Il a appelé au dialogue et à des négociations « cordiales » pour normaliser les relations entre les deux pays et a, en attendant, salué les mesures prises pour favoriser le commerce et les échanges entre Cuba et les États-Unis

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a rappelé que son pays s’est associé, l’an dernier, aux 191 États Membres qui ont voté en faveur de la résolution sur la levée du blocus.  Elle a annoncé que le Viet Nam compte à nouveau voter cette année en faveur de la résolution; la politique des États-Unis allant à l’encontre du souhait de la majorité « écrasante » des pays du monde entier d’entretenir des relations commerciales avec Cuba.  La représentante a toutefois salué l’ouverture récente des relations entre les deux pays, en particulier la reprise des relations diplomatiques et les mesures prises le 17 octobre 2016 par le Président américain, M. Barack Obama, en faveur d’un assouplissement des sanctions.  Dans cette perspective, elle a appelé l’ensemble des États Membres à tout faire pour contribuer à la levée du blocus actuel.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a condamné le blocus imposé par les États-Unis à Cuba depuis 1962 et rendu hommage à la lutte des Cubains pour leur indépendance politique et leur développement.  Le représentant a aussi rendu hommage à Fidel Castro « le seul dirigeant au monde à avoir résisté à 11 présidents américains ».  Cuba, s’est-il expliqué, a combattu contre l’impérialisme et le capitalisme pour un nouvel ordre politique et économique international.  Voter en faveur de cette résolution, c’est voter pour la lutte de Cuba et pour son émancipation, a tranché le représentant.

M. TANMAYA LAL (Inde) s’est, à son tour, félicité du rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, de la visite du Président américain à Cuba en mars 2016 et des mesures récentes prises par les États-Unis visant à assouplir les sanctions contre Cuba.  L’existence de ce blocus, contraire au consensus international, sape le multilatéralisme et la crédibilité de l’ONU, a estimé le représentant, tout en se disant catégoriquement opposé à toute loi nationale qui aurait un impact extraterritorial.

Le représentant a par ailleurs dénoncé le fait que le blocus entrave le droit au développement, à la santé et à des services sociaux de base du peuple cubain.  Tout en reconnaissant les accomplissements socioéconomiques du pays, y compris son Indice de développement humain élevé, il a regretté que la capacité de Cuba de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 soit entravée par le blocus.  Le développement avancé de Cuba en matière de santé publique a cependant permis au pays de répondre à l’appel lancé par le Secrétaire général, il y a deux ans, pour aider les pays d’Afrique de l’Ouest face à la crise d’Ebola.  Face à un tel élan de solidarité, il a appelé les États Membres à tout faire pour contribuer à la levée du blocus.

M. TEVITA SUKA MANGISI (Tonga) a d’emblée appelé à la levée du blocus dont il a mis en exergue les caractères néfastes.  Le représentant a ajouté que les effets de cette ingérence constituent des difficultés indues pour les populations de Cuba et des autres pays comme les Tonga.  Il a demandé aux États-Unis de bien évaluer les effets négatifs du blocus sur Cuba et sur les pays comme les Tonga.  Il a aussi lancé un appel à l’Administration américaine actuelle à prendre des mesures administratives pour réduire la portée du blocus avant l’élection de novembre aux États-Unis.

M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a salué l’amélioration des relations bilatérales entre les États-Unis et Cuba et souhaité que cela continue dans ce sens.  Il a déploré le fait que le blocus soit toujours en place et rappelé que son coût s’élève à 4 680 millions de dollars pour la période allant de mars 2015 à mars 2016.  L’Égypte, a dit le représentant, sera toujours un fervent défenseur du droit et des revendications du peuple cubain qui veut que cette politique illégale et extraterritoriale prenne fin.  Une politique qui a, durant 50 ans, affecté négativement l’accès du peuple cubain à la nourriture, aux médicaments, à l’éducation et aux technologies de pointe.  L’Égypte est en outre préoccupée par la portée et l’ampleur de l’impact que l’embargo a encore sur Cuba et sur le reste du monde.  Le représentant a conclu en soulignant que de nombreuses mesures et décisions courageuses doivent être prises par les États-Unis pour lever immédiatement l’embargo imposé à Cuba.

M. EPHRAIM LESHALA MMINELE (Afrique du Sud) s’est dit préoccupé par « les souffrances immenses » auxquelles le peuple cubain est confronté depuis plus d’un demi-siècle.  Malgré la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays, il a déploré l’absence de changement en ce qui concerne le blocus.  « Les transactions commerciales et financières avec Cuba sont toujours menacées et les aspirations économiques du peuple cubain ne se réalisent pas », a-t-il dénoncé, tout en appelant les États Membres à redoubler d’efforts pour mettre un terme à toutes les sanctions contre le peuple cubain, qui a toujours tout mis en œuvre pour aider les autres pays en difficulté quand il le pouvait.  À titre d’exemple, il a indiqué que plus de 4 000 médecins sud-africains avaient été formés à Cuba et qu’un grand nombre d’étudiants sud-africains ont obtenu leur diplôme de médecine dans le pays. 

M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil), qui s’est aussi réjoui de la récente évolution dans les relations entre les deux pays, a énuméré quelques exemples encourageants comme l’échange d’ambassadeurs entre Cuba et les États-Unis, le rétablissement des vols commerciaux et l’accès aux devises.  Le représentant a également reconnu les efforts du Président Barack Obama mais a jugé essentiel que le Congrès américain entame des débats sur la levée du blocus qui a le soutien de la communauté internationale tout entière.  L’heure du dialogue sur la fin du blocus a sonné, a conclu le représentant. 

M. HORACIO SEVILLA BORJA (Équateur) a dénoncé le blocus des États-Unis contre Cuba, « symbole des mesures abusives et du mépris d’une superpuissance à l’égard d’un peuple fier et du droit international ».  Tout en saluant l’ouverture des relations diplomatiques entre les deux pays, il a appelé le Président des États-Unis, M. Barack Obama, à adopter d’autres mesures avant la fin de son mandat pour mettre fin à la situation actuelle.  Le représentant équatorien a ainsi appelé les États Membres à condamner une nouvelle fois « ce blocus illégal et abusif » car « nous souhaitons que le peuple cubain triomphe et que la révolution se poursuive », a-t-il conclu.

Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a salué les avancées constatées ces derniers mois dans les relations entre les deux pays.  Après avoir énuméré les effets négatifs du blocus, la représentante a salué le fait que Cuba ait résisté pendant plus de 50 ans.  Le blocus perdure malgré la promesse des États-Unis, a regretté la représentante.  Le blocus entrave maintenant la réalisation des objectifs de développement durable, a averti la représentante qui a demandé à l’Assemblée générale de demander la levée du blocus qui n’est soutenu que par deux pays.  L’Assemblée générale et la communauté internationale doivent envoyer un message fort aux États-Unis sur la position de la communauté internationale face à « Cuba qui a toujours été le premier à répondre à nos besoins en cas d’urgence et de catastrophes ».

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a annoncé, sous un tonnerre d’applaudissements, que pour la première fois depuis l’imposition de l’embargo contre Cuba, il y a plus 50 ans, les États-Unis ont décidé de s’abstenir sur le projet de résolution, au lieu de voter contre comme par le passé.  La représentante a en expliqué les raisons: en décembre 2014, le Président Barack Obama a clairement exprimé son opposition à l’embargo, appelant le Congrès à le lever.  Mais, je dois moi aussi être claire, a dit la représentante, nous n’appuyons pas le projet de résolution car toutes les actions prises par les États-Unis contre Cuba ont toujours été et sont conformes à la Charte et au droit international.  Nous rejetons « catégoriquement » le libellé du texte.

Mais, a admis la représentante, le projet de résolution illustre la raison pour laquelle la politique américaine d’isolement contre Cuba n’a pas fonctionné voire a compromis l’objectif même qui était recherché.  Au lieu d’isoler Cuba, notre politique a isolé les États-Unis, y compris ici même aux Nations Unies, a-t-elle avoué.  C’est la raison pour laquelle, le mandat du Président Obama a été marqué par une nouvelle approche: plutôt que de couper Cuba du monde, nous voulons que le monde des opportunités et des idées s’ouvre à Cuba, a-t-elle affirmé.  Nous avons choisi la voie de l’engagement parce que nous savons que l’avenir de l’île réside dans les mains des Cubains eux-mêmes, « bien sûr ».

Ce changement, a-t-elle poursuivi, s’est traduit par des amendements apportés par six fois à la loi sur l’embargo: le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays, la réouverture des ambassades, la reprise des vols commerciaux, la facilitation des voyages individuels, l’atténuation des restrictions imposées aux hommes d’affaires américains et la levée des limites au nombre de voyages que les Cubains américains peuvent effectuer à Cuba.  Tout le monde s’en souvient, le Président Obama a été le premier Président américain à se rendre à Cuba depuis 1928, a dit la représentante qui a dit avoir été la première Représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies à s’être rendue dans le pays depuis la révolution cubaine.  À cela, nous ajoutons aujourd’hui le tout premier vote d’abstention des États-Unis sur la résolution relative à la levée de l’embargo, s’est-elle réjouie.

L’abstention, a-t-elle tout de même précisé, ne signifie pas que les États-Unis approuvent toutes les politiques et pratiques du Gouvernement cubain.  Absolument pas, a martelé la représentante qui s’est dite « profondément préoccupée » par les graves violations des droits de l’homme que le Gouvernement cubain continue de commettre « en toute impunité » contre son propre peuple.  Paraphrasant le Président Obama lors de sa visite à Cuba, elle a insisté sur les droits fondamentaux du peuple cubain non pas parce qu’ils reflètent une conception américano-centriste mais bien parce qu’ils sont universels et consacrés par la Charte et la Déclaration universelle des droits de l’homme que les 193 États Membres de l’ONU sont censés respecter et défendre.  

Je suis la première à reconnaître, a avoué la représentante, que les États-Unis aussi doivent faire plus pour garantir à leur peuple l’exercice de ces droits et que parfois dans leur histoire, leurs leaders et leurs citoyens ont utilisé le prétexte de la promotion de la démocratie et des droits de l’homme pour justifier des actions qui ont laissé un héritage de profonde méfiance dans la région.  Nous reconnaissons aussi les domaines dans lesquels le Gouvernement cubain a fait des progrès importants comme la protection sociale, la santé et l’éducation.  Mais rien de tout cela ne devrait nous faire taire face aux violations des droits de l’homme, « comme le font trop souvent les États Membres de l’ONU ». 

Les États-Unis sont convaincus, a confié la représentante, qu’ils peuvent faire beaucoup avec Cuba pour relever les défis mondiaux, y compris ici aux Nations Unies où des décennies d’inimitié entre nations ont au mieux été une distraction au pire un obstacle à certaines des activités les plus importantes de cette institution.  La représentante a donné pour exemple la réaction à l’épidémie du virus Ebola lors de laquelle Cuba a été l’un des premiers pays à réagir à l’appel du Président Obama, en déployant 200 professionnels de la santé dont le docteur Felix Sarria Baez qui a fini par contracter le virus en Sierra Leone et être évacué vers Genève par une compagnie d’aviation américaine et soigné par des Suisses et un Canadien. 

Comptez, a invité la représentante, toutes les nations qui ont joué un rôle dans la survie du médecin cubain qui faisait d’ailleurs partie du contingent cubain « Henry Reeve » du nom d’un jeune Américain né à Brooklyn qui à l’âge de 19 ans est parti pour Cuba se joindre à la guerre pour l’indépendance et qui a perdu la vie en 1987 aux côtés de ses frères d’armes cubains. 

Quand enfin guéri, il a choisi de retourné en Sierra Leone, le docteur Baez a dit tout simplement: « je devais revenir.  Ebola est un défi que je dois vaincre ici pour l’empêcher de se propager ailleurs dans le monde ».  C’est, a estimé la représentante, ce à quoi l’ONU ressemble quand elle travaille bien et des efforts aussi nobles sont précisément la raison pour laquelle les États-Unis et Cuba doivent continuer à rechercher les moyens de dialoguer même si leurs divergences persistent.  Aujourd’hui, nous avons avancé d’un petit pas.  Que les pas se multiplient et que le dernier soit, espérons-le, la fin de l’embargo « une fois pour toutes », a conclu la représentante.

M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a rappelé que cela fait bientôt deux ans que le Président Barack Obama a annoncé sa volonté d’exercer ses pouvoirs exécutifs pour obtenir du Congrès américain la levée du blocus imposé à Cuba.  Pendant cette période, trois cubains antiterroristes sont retournés chez eux, Cuba a été retirée de la liste des parrains du terrorisme international, les relations diplomatiques ont été rétablies, les ambassades ont été rouvertes et le Président Obama, le Secrétaire d’État John Kerry et d’autres hauts responsables de l’Administration américaine, y compris des sénateurs, des représentants et des personnalités de tout bord se sont rendus à La Havane.

Il ne fait aucun doute, a reconnu le Ministre, que des progrès ont été faits en termes de dialogue et de coopération dans les domaines d’intérêt commun et des dizaines d’accords ont été signés.  Cependant, le blocus imposé à Cuba par les États-Unis persiste, pénalisant gravement le peuple cubain et le développement économique de Cuba.  Avec son caractère extraterritorial, le blocus a aussi des effets directs sur tous les États Membres des Nations Unies. 

Le Président américain et les autres hauts responsables américains l’ont décrit « comme obsolète et inutile pour les intérêts américains, comme une politique non viable et absurde, un échec, un fardeau pour tous les citoyens qui nuit au peuple cubain et plonge les États-Unis dans l’isolement, bref une politique qui doit être levée ».  Toutefois, la plupart des mesures ainsi que les lois sur le blocus sont toujours en place et pleinement mises en œuvre par les agences gouvernementales américaines.  Nous reconnaissons que les mesures du Gouvernement américain sont des étapes positives mais elles ont une portée et un effet très limités, a tranché le Ministre.

S’il l’avait voulu, le Président américain aurait pu autoriser les opérations commerciales, les investissements et accorder des crédits privés à tous les secteurs de l’économie cubaine.  Il y a une quinzaine de jours, les Départements du trésor et du commerce ont annoncé de nouvelles mesures qui, bien que positives, ont une portée très limitée.  La plupart d’entre elles visent à élargir les transactions précédemment autorisées et au lieu de bénéficier à Cuba et à son peuple, elles favorisent plutôt les États-Unis.

C’est même assez drôle, a fait mine de s’amuser le Ministre des affaires étrangères: à partir de maintenant, les Américains autorisés par leur Gouvernement à se rendre à Cuba, ou ceux qui partent pour d’autres pays, pourront acheter et emporter autant de produits cubains qu’ils veulent, y compris du rhum et des cigares.  Mais, les exportations de ces produits vers les États-Unis sont toujours interdites.

Si des autorisations spéciales ne sont pas mises en place, les nouvelles mesures ne permettront ni les investissements américains ni les coentreprises dans le pays, même pas pour la fabrication de produits pharmaceutiques cubaines ou biotechnologiques, dont la commercialisation et la distribution aux États-Unis avaient été autorisées, sous approbation de la « Food and Drug Administration ».  Les exportations américaines vers Cuba n’ont pas non plus progressé et le Congrès américain n’a adopté aucun des 20 amendements ou projets de lois qui, avec le soutien des deux partis, viseraient à éliminer quelques-unes des restrictions imposées par le blocus ou cette politique dans son ensemble.  Bien au contraire, plus de 50 projets de lois ont été présentés menaçant de renforcer certains aspects fondamentaux du blocus, d’empêcher le Président d’approuver de nouvelles mesures exécutives ou de bloquer la mise en œuvre de celles qui sont déjà adoptées.  Le Gouvernement ne fait aucun effort particulier à cet égard.

Il faut donc juger la situation par les actes, a dit le Ministre qui s’est attardé sur le caractère « incalculable » des dégâts humains causés par le blocus.  L’imposition de conditions discriminatoires et onéreuses, conjuguées aux effets dissuasifs du blocus, limite les achats de vivres, de produits pharmaceutiques, de réactifs et de pièces de rechange pour les équipements et instruments médicaux sur le marché américain.  Le blocus touche également les intérêts des Américains eux-mêmes qui ne peuvent pas bénéficier des services offerts par Cuba, notamment les services de santé.

Le blocus reste une violation systématique, massive et flagrante des droits de l’homme de tous les Cubains et constitue un acte de génocide en vertu de la Convention sur la prévention et la répression du crime de génocide de 1948.  Il constitue également un obstacle à la coopération internationale. 

Entre avril 2015 et mars 2016, les pertes économiques causées directement à Cuba par le blocus totalisaient plus de 4,680 milliards de dollars et pendant ces six dernières décennies, 125 milliards de dollars.  Le blocus est le principal obstacle au développement économique et social du peuple cubain.

L’annonce que le Département du trésor américain a faite, en mars dernier, de permettre à Cuba d’utiliser le dollar américain dans ses transactions internationales a été une bonne nouvelle mais jusqu’ici Cuba n’a pas pu faire de paiements ou de dépôts dans cette devise à cause des intérêts qui ont été imposés et les effets intimidants du blocus.  La cessation d’activités, la fermeture des comptes en banque cubains à l’étranger, le non-accès au crédit et l’impossibilité d’effectuer des transferts vers et à partir de Cuba vers un pays tiers sont aggravés.  Les transferts dans une devise autre que le dollar pour payer les cotisations de Cuba à des organisations internationales ont été entravés par des banques non américaines dans les pays tiers.

Après avoir énuméré d’autres restrictions et obstacles, le Ministre a rappelé les propos qu’a tenu le 17 avril 2016 dernier, le Président Raúl Castro Ruz: « nous voulons un dialogue respectueux et un nouveau type de relations avec les États-Unis parce que nous sommes convaincus que cela ne peut être que mutuellement bénéfique ».  Le 17 septembre, M. Castro a encore dit: nous voulons vraiment une relation de coexistence civilisée avec les États-Unis mais Cuba ne renoncera à aucun de ses principes et ne fera aucune concession sur sa souveraineté et son indépendance.

Si le décret présidentiel publié par le Gouvernement, le 14 octobre dernier reconnaît la souveraineté et le droit à l’autodétermination de Cuba, son « langage trompeur » ne saurait cacher ni l’objectif de changer l’ordre constitutionnel et d’apporter des changements au système économique, politique, social et culturel de Cuba ni l’intention de continuer de mettre en œuvre des programmes interventionnistes servant les intérêts des États-Unis et d’impliquer des secteurs spécifiques de la société cubaine.

Après avoir illustré son propos par d’autres dispositions du décret, le Ministre a prévenu: « ils doivent comprendre que nous sommes déjà libres précisément parce qu’en 1959, nous nous sommes débarrassés nous-mêmes de l’impérialisme américain et de la dictature que les États-Unis nous avaient imposée ».  Citant une dernière fois son Président, il a dit: « nous allons corriger ce qu’il faut corriger mais avec la plus grande loyauté et dans l’unité comme l’ont fait Marit, Maceo et Gómez, dans une marche que personne ne pourra arrêter ».

La levée du blocus est la clef de la normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis.  C’est elle qui donnera plus de sens, de profondeur et de viabilité à ce qui a été réalisé jusqu’aujourd’hui.  Le blocus est injuste, inhumain, immoral, et illégal et devrait unilatéralement et inconditionnellement cesser.  S’adressant directement à la représentante des États-Unis, le Ministre a salué le « changement de vote » qui constitue un signal prometteur ».

Adoption de la résolution

La résolution (A/71/L.3) sur la levée du blocus a été adoptée par 192 voix pour et les abstentions des États-Unis et d’Israël.

Le représentant d’Israël a espéré que la normalisation des relations entre les États-Unis et Cuba permettra d’inaugurer une ère nouvelle dans la région.

Celui de l’Union européenne a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis et les appels du Président Barack Obama au Congrès américain pour qu’il lève le blocus.  Il a toutefois noté que « les mesures restrictives sont toujours en vigueur » et qu’elles continuent d’affecter négativement non seulement le peuple cubain mais aussi les intérêts économiques de l’Union européenne.  Rappelant l’opposition constante de l’UE aux mesures extraterritoriales contenues dans la législation américaine étendant les effets de l’embargo à des États tiers, il a réaffirmé que l’Union européenne ne pouvait accepter que des décisions imposées unilatéralement puissent entraver les relations économiques et commerciales qu’elle entretient avec Cuba, au mépris des règles communément acceptées du commerce international.  

Dans ces conditions, le délégué a assuré que les États membres de l’Union voteraient unanimement en faveur du projet de résolution et a assorti cette précision d’un nouvel appel au Gouvernement cubain pour qu’il accorde à ses citoyens les droits et libertés civiques, politiques et économiques internationalement reconnus.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a condamné « dans les termes les plus forts » le blocus, y voyant un « empiètement » sur la souveraineté de l’île, un crime contre les principes humanitaires et une violation des droits de l’homme et de la Charte des Nations Unies.  Pour le représentant de la RPDC, ce blocus « atroce », qui menace « le droit même de Cuba à l’existence », est le résultat de la politique d’hostilité des États-Unis laquelle a des conséquences « astronomiques » pour l’économie cubaine.  En dépit du rétablissement des relations diplomatiques bilatérales, le blocus reste en vigueur et son application n’a subi que des modifications mineures, a-t-il constaté, jugeant que l’adoption à une « écrasante » majorité de la résolution apporte la preuve que la communauté internationale entend manifester son soutien et sa solidarité au « combat juste du Gouvernement et du peuple cubains ».

Le délégué du Bélarus s’est félicité de l’abstention des États-Unis et a salué le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba ainsi que l’assouplissement d’un certain nombre de sanctions.  « L’adoption de mesures coercitives et unilatérales contre des pays va à l’encontre des principes de l’ONU et du droit international », a-t-il estimé, avant d’appeler à la « levée totale et immédiate » du blocus.

La représentante de la Colombie a salué le vote « historique » de cette résolution, sachant que les pays qui s’opposaient habituellement à son adoption se sont pour la première fois abstenus.  Elle a ajouté que l’appui massif de la communauté internationale à la levée du blocus est reflété par les 191 voix pour.  Tout en saluant l’évolution actuelle des relations entre les États-Unis et Cuba, elle a espéré la fin prochaine du blocus.

Son homologue de l’Argentine a aussi salué le vote « historique ».  Il a, `, salué le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis et l’assouplissement récent de certaines sanctions commerciales.  Le représentant a appelé à la fin du blocus unilatéral et de l’extension extraterritoriale des lois nationales américaines.  Tout en saluant à nouveau l’absence d’opposition à la résolution adoptée aujourd’hui, il a espéré que l’Assemblée n’aurait plus à se prononcer sur cette question.

Le représentant de l’Uruguay s’est en effet dit « lassé » par le manque d’évolution sur la question du blocus qui a une fois de plus forcé l’Assemblée générale à adopter une résolution.  Il a rejeté les mesures extraterritoriales des États-Unis, contraires à la liberté économique.  Il a tout de même salué le rétablissement des relations diplomatiques et la radiation de Cuba de la liste des parrains du terrorisme international.  Il a enfin salué le fait que personne n’ait voté contre la résolution adoptée aujourd’hui. 

Le délégué du Myanmar a rejeté toutes les mesures de sanctions unilatérales à l’encontre d’un pays.  Il a applaudi la reprise des relations diplomatiques et la visite du Président américain à Cuba.  Il a espéré que les avancées conduiraient à la levée prochaine du blocus, estimant que les sanctions économiques et commerciales devraient être éliminées dans la mesure où elles sont contraires aux objectifs de développement durable.

Le représentant de la République populaire démocratique lao a espéré que les récents progrès entre les États-Unis et Cuba se renforceront et que la levée du blocus interviendra dans un avenir proche.  Cette levée sera bénéfique non seulement pour les deux pays mais également pour la communauté internationale, a-t-il argué, expliquant que cela va créer un environnent favorable au dialogue entre les deux pays et permettre à Cuba de s’engager dans des échanges commerciaux et économiques avec tous les pays, y compris les États-Unis.  C’est là une perspective qui va contribuer à l’amélioration du bien-être des Cubains et au développement de leur pays.

Le représentant du Soudan a réaffirmé l’illégalité du blocus et salué les progrès réalisés dans les relations entre les deux pays ainsi que la visite de M. Barack Obama à Cuba et son intention de mettre un terme au blocus.  Il est important, a-t-il dit, que les États-Unis adoptent de nouvelles mesures pour la levée définitive du blocus qui est également imposé au Soudan, depuis 1990.  Le représentant a dénoncé les effets négatifs de ce blocus sur tout le Soudan et sur la réalisation des objectifs de développement durable.  Nous comprenons les souffrances du peuple cubain, a-t-il dit, avant d’appeler à l’application des recommandations du Rapporteur spécial sur les conséquences des embargos sur les pays qu’ils ciblent. 

Le représentant de la Syrie a salué Cuba pour sa résistance au blocus et pour la grande victoire diplomatique qu’il a obtenue aujourd’hui.  Le blocus est un exemple de la politique étrangère de certains gouvernements contre les pays qui refusent de céder leur indépendance et leur souveraineté.  Depuis près de 50 ans, les États-Unis ne cessent de violer la Charte des Nations Unies, le droit international, le droit international humanitaire et les principes des relations internationales basés sur le respect de la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États. 

Après la visite du Président Obama à Cuba, personne ne s’attendait à ce que le blocus soit maintenu, s’est étonné le représentant qui a rejeté toute forme de « punition collective » contre un peuple entier et contre les relations internationales.  Les mesures unilatérales aggravent le sentiment antioccidental, nourrissent le terrorisme et mettent en péril la paix et la sécurité internationales, a-t-il prévenu avant d’appeler à la levée de « l’embargo occidental » imposé au peuple syrien. 

Le représentant de la République islamique d’Iran s’est félicité que l’Assemblée générale ait « une fois de plus » affiché son soutien au peuple cubain.  Les 191 États Membres qui ont permis l’adoption de ce texte à une « écrasante » majorité, attestent du ferme rejet des mesures coercitives qu’imposent unilatéralement les États-Unis. Ce vote, a-t-il ajouté, démontre également que la communauté internationale « comprend de plus en plus » les aspirations du Gouvernement et du peuple cubains. Dénonçant un blocus qui « n’a pour seul objectif que d’infliger de grandes souffrances » au peuple de Cuba, le représentant a redit la ferme conviction de son pays que l’embargo est « contraire aux principes du droit international et à l’esprit et la lettre de la Charte de l’ONU ».

Ces mesures, a-t-il encore fustigé, continuent de nuire aux conditions de vie et aux droits de l’homme du peuple cubain tout en entravant les efforts du Gouvernement cubain pour atteindre les objectifs de développement. L’Iran, qui a lui-même « subi des mesures coercitives », s’est toujours opposé à l’imposition de mesures unilatérales par les États-Unis à d’autres pays, lesquelles entravent le commerce et ont des effets extraterritoriaux, notamment sur la souveraineté d’autres États, a souligné le délégué. Il a enfin assuré qu’au travers de son vote, l’Iran affirme comprendre les préoccupations du peuple cubain mais aussi la nécessité de mettre fin à ce blocus et de mettre en œuvre les résolutions de l’Assemblée générale. 

Le représentant du Mozambique a estimé que le vote de la résolution reflétait « le soutien inconditionnel et fort de la communauté internationale à la cause du peuple cubain.  En appelant à la fin de cet embargo, le Mozambique réaffirme son attachement à la Charte de l’ONU et à la mise en œuvre des décisions pertinentes prises au niveau international, notamment la résolution 70/5 de l’Assemblée générale adoptée lors de la soixante-dixième session.  Tout en se félicitant des « avancées positives vers une normalisation des relations bilatérales », le Mozambique attend de nouvelles actions, à commencer par la levée du blocus, laquelle permettrait à Cuba de promouvoir son développement en cette période de mise en œuvre du Programme 2030.  Rappelant les partenariats de son pays avec Cuba, en particulier dans les domaines de la santé et de l’éducation, le délégué a conclu en réaffirmant le soutien « indéfectible » du Mozambique à la cause du peuple cubain.

Le représentant du Costa Rica a salué le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis ainsi que les autres mesures annoncées par les deux pays pour renforcer encore ces relations.  Le représentant a aussi salué le vote d’abstention des États-Unis et a réitéré la ferme opposition de sa délégation au blocus et aux mesures à caractère unilatéral et extraterritorial imposées à des pays tiers.  Il a indiqué qu’une délégation du Costa Rica s’est rendue à Cuba en 2015 pour consolider les relations entre les deux pays.  Les deux Gouvernements ont signé notamment un traité qui devrait favoriser les échanges commerciaux et économiques car à notre époque, a-t-il argué, il faut travailler à la suppression de toutes les barrières entre les peuples pour augmenter la solidarité et la coopération.  Le blocus imposé à Cuba doit être remplacé par un échange fructueux entre les deux peuples.

Son homologue de l’Angola a félicité Cuba de l’adoption de la résolution qui lui démontre le soutien de la communauté internationale.  Il a salué le rétablissement des relations diplomatiques et la visite de M. Barack Obama à La Havane qui sont des  étapes vers la levée totale du blocus.  Le blocus n’est pas une bonne chose, a tranché le représentant pour qui les États-Unis doivent prendre des mesures supplémentaires vers sa levée.  Il s’est dit inquiet de la nature extraterritoriale du blocus notamment dans le secteur banquier.  Il a encouragé tous les efforts notamment ceux du Secrétaire général et a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour promouvoir un dialogue constructif entre les deux pays.  Il a enfin salué la décision des États-Unis de s’abstenir au cours du vote.

La représentante de Saint-Vincent-et-les Grenadines a salué les avancées de l’Administration américaine tout en déplorant que cette « mesure inhumaine » soit toujours en vigueur.  Elle a cependant estimé que le Chef de l’exécutif américain conservait le pouvoir de faire modifier l’application du blocus et a souhaité que la communauté internationale regarde vers l’avenir par le biais d’une résolution qui est « une question de vie ou de mort pour environ 12 millions de Cubains ».   

Le représentant de l’Indonésie s’est félicité des « développements positifs » intervenus en 2015 entre Cuba et les États-Unis, notant que, cette même année, la communauté internationale avait adopté le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Nous espérons que la simultanéité de ces événements servira de fondation à une coopération entre les deux pays et sera un facteur de développement inclusif et durable », a déclaré le représentant, non sans dénoncer la poursuite du blocus lequel est « en contradiction » avec le droit international et les principes de la Charte des Nations Unies.  Plus grave encore, a-t-il insisté, l’application de cet embargo est contraire à l’esprit du Programme 2030 et à l’engagement de « ne laisser personne de côté ».  Tout en renouvelant le soutien de l’Indonésie au peuple et au Gouvernement de Cuba, il a indiqué que sa délégation voterait le projet de résolution pour la levée de l’embargo dont ils sont victimes.

Le représentant de l’Algérie s’est réjoui que la résolution ait été adoptée « à la quasi-unanimité ».  Réaffirmant la ferme opposition de son pays à cette mesure unilatérale qui frappe l’île depuis plus d’un demi-siècle, il a souligné la force de l’amitié qui lie l’Algérie à Cuba, « plus qu’un pays ami ».  Il a ainsi rappelé que des médecins cubains avaient fait bénéficier de leur expérience « bien au-delà de leurs frontières », notamment lors de l’épidémie d’Ebola.  Après avoir salué la reprise des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis ainsi que les « prises de position courageuses » du Président Barack Obama, le représentant a qualifié d’« encourageant » le vote de l’Assemblée générale tout en réitérant son appel à la levée totale de l’embargo « pour Cuba mais aussi pour le monde entier ».  Qualifiant cette adoption de « victoire pour Cuba, pour les États-Unis et pour le multilatéralisme », il a émis l’espoir qu’elle sera « de bon augure pour l’ensemble des conflits que nous connaissons aux Nations Unies ».

Le représentant d’El Salvador a estimé que les résultats du vote étaient « positifs » dans la mesure où « aucun pays du monde ne s’est opposé » au principe d’une levée de l’embargo, ce qui représente « un moment historique ».  El Salvador, qui respecte les buts et principes de la Charte des Nations Unies et « souhaite qu’il soit de même pour tous », se félicite de ce « progrès » dans l’attente d’une levée totale de l’embargo, a souligné le représentant.  Il s’est par ailleurs réjoui du réchauffement diplomatique entre les deux pays mais a déclaré n’y voir que des mesures limitées qui « ne font que modifier certains aspects du blocus ».  À ses yeux, le rétablissement des relations diplomatiques américano-cubaines constitue même une « anomalie », le droit international ne prévoyant pas, selon lui, ce type de rapprochement quand l’une des parties impose à l’autre des mesures unilatérales.

Dans ce contexte, a-t-il dit, El Salvador appelle tout simplement à la levée de cet embargo « injuste et illégal » et réitère qu’il est important de respecter la résolution 47/19 votée en 1992 ainsi que les résolutions suivantes de l’Assemblée générale adoptées année après année pour mettre fin à ce blocus.  Il a conclu en formulant trois demandes: que le Gouvernement des États-Unis lève l’embargo « de manière unilatérale, qu’il poursuive son dialogue avec Cuba et que « l’Amérique et Cuba puissent s’asseoir autour d’une même table ».

Le représentant de la Malaisie a rappelé que l’Assemblée demande depuis 24 ans la levée du blocus.  Aujourd’hui encore, 191 pays ont été aux côtés de Cuba, a indiqué le représentant qui a rappelé que le Programme 2030 demande aux États Membres de s’abstenir de toute mesure unilatérale contre d’autres États en vertu du droit international, en particulier lorsque des pays en développement sont concernés.  Le représentant a salué la reprise des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis, la levée des restrictions aux voyages vers Cuba et aux envois de fonds ainsi que la visite à Cuba de M. Barack Obama en mars 2016.  Il a également salué le vote des États-Unis d’aujourd’hui.  C’est une évolution positive, a-t-il estimé, en soulignant tout de même que beaucoup reste à faire.  Il faut continuer le dialogue entre les deux pays sur un même pied d’égalité et savoir que la levée complète du blocus contribuera à la paix et à la stabilité dans la région.

Le délégué de la Libye a salué l’amélioration des relations entre Cuba et les États-Unis après la visite de M. Barack Obama en mars 2016 à La Havane.  Il a estimé que les mesures pour modifier et alléger le blocus sont bienvenues mais insuffisantes.  Elles ne vont pas encore dans la bonne direction, a-t-il tranché, en appelant à d’autres mesures pour respecter la Charte et les principes des relations internationales.  Le blocus constitue un obstacle aux objectifs de développement durable de Cuba, a insisté le représentant qui a voté en faveur de la résolution parce que le blocus ne doit être ni récurrent ni rétabli.

La représentante de la Namibie a regretté qu’après le rétablissement des relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis et le retrait de Cuba de la liste des parrains du terrorisme international, l’embargo soit toujours une réalité, comme l’indique le rapport du Secrétaire général.  Sur un plan juridique, a-t-elle relevé, il n’est « ni compréhensible ni logique » que les États-Unis continuent de classer Cuba dans la catégorie des « ennemis ».  De même, a insisté la représentante, rien ne justifie que le blocus ait été renforcé via l’imposition d’amendes sur les entités qui entretiennent des relations avec Cuba.  De fait, la Namibie appelle le Gouvernement américain à normaliser entièrement ses relations avec Cuba, en levant toutes les mesures coercitives à son encontre, et attend impatiemment la levée de l’embargo, a-t-elle conclu. 

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