Dans une résolution « peu ambitieuse » l’Assemblée souligne que la Stratégie antiterroriste mondiale doit rester d’actualité « compte tenu de l’évolution du terrorisme international »
« Édulcorée », « peu ambitieuse », « insuffisante », ont été certains des adjectifs employés aujourd’hui par plusieurs délégations pour qualifier la résolution* de 17 pages sur l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU que l’Assemblée générale a néanmoins réussi à adopter par consensus. Le texte souligne qu’il « importe que la Stratégie conserve son utilité et reste d’actualité compte tenu des nouvelles menaces qui apparaissent et de l’évolution des tendances du terrorisme international » lequel vient de faire 44 morts et 239 blessés en Turquie après l’attaque du 28 juin, à l’aéroport Atatürk d’Istanbul.
La résolution dont le Secrétaire général s’inquiétait hier qu’elle ne puisse pas être adoptée ne va pas assez loin pour plusieurs délégations même si elles se sont félicitées qu’elle prenne note du Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent et recommande que les États envisagent d’appliquer les recommandations qui les concernent. Est-ce suffisant? Non, a estimé le représentant du Royaume-Uni pour qui il faut réaliser toute la vision et toute l’ambition du Plan d’action. Il aurait fallu « un message plus clair » a renchéri son homologue de l’Allemagne.
Dans cette résolution, l’Assemblée réaffirme le rôle premier des États Membres dans l’application de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, chacun de ses quatre piliers devant être mis en œuvre « de manière intégrée et équilibrée ». Adoptée en 2006 et révisée tous les deux ans, la Stratégie repose sur quatre piliers: l’élimination des conditions propices à la propagation du terrorisme; la prévention et la lutte contre le terrorisme; le renforcement des moyens des États et du rôle de l’ONU; et le respect des droits de l’homme et de l’état de droit.
La représentante de l’Union européenne a avoué qu’elle aurait souhaité un libellé plus ambitieux, s’agissant du pilier du respect des droits de l’homme et un accent plus marqué sur les violations commises par les terroristes contre les minorités religieuses, en particulier au Moyen-Orient, lesquelles pourraient constituer des crimes de guerre.
Compte tenu de la complexité du contexte sécurité mondial actuel, la résolution engage les États à mettre en évidence le rôle important des femmes dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. Elle encourage aussi les États, les entités des Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales et autres acteurs pertinents à envisager de créer des dispositifs permettant de gagner les jeunes à la cause de la diversité. Le représentant de la Norvège a mis en avant l’initiative nationale « Les jeunes contre l’extrémisme violent » dont la voix doit être entendue par tous les gouvernements.
La résolution considère, entre outre, que les États doivent empêcher les terroristes d’utiliser à des fins illégales les ONG, les organisations à but non lucratif et les organisations caritatives. Ces États doivent aussi veiller à ce que tous moyens utilisés contre le terrorisme, y compris les aéronefs pilotés à distance, soient compatibles avec la Charte des Nations Unies, les droits de l’homme et le droit international humanitaire. Se félicitant de cette disposition, la représentante du Pakistan a estimé que les frappes menées à l’aide de drones témoignent d’un mépris total pour la souveraineté des États et le droit international.
Les États sont sommés, dans la résolution, de priver les groupes terroristes de sanctuaire, de liberté d’opération, de déplacement, de recrutement et d’appui financier, matériel et politique et de faire en sorte que les auteurs, organisateurs ou complices d’actes terroristes ne détournent pas à leur profit le statut de réfugié. Les États ne doivent avoir aucune tolérance à l’égard du terrorisme, quels qu’en soient les objectifs ou les motifs, dit encore la résolution. Aux appels de certaines délégations à ne pas confondre « terrorisme" et « lutte des peuples vivant sous occupation », le représentant d’Israël s’est offusqué: « nous avons vu le représentant de l’Organisation de coopération islamique (OCI) user honteusement de l’occasion fournie par cette résolution pour justifier et légitimer le terrorisme ». « Le seul conflit spécifiquement indexé dans la résolution est celui qui oppose Israéliens et Palestiniens », a aussi dénoncé le représentant.
La résolution appelle aussi les États à coopérer à l’action menée pour écarter la menace des combattants terroristes étrangers, sans oublier la préoccupation croissante qu’inspirent « les loups solitaires ». Les États sont également appelés à coopérer avec les organisations internationales, régionales et sous-régionales, le secteur privé et la société civile pour faire face au problème du recours par les terroristes aux technologies de l’information et des communications. La lutte contre la propagande extrémiste sur l’Internet doit être combattue par la même voie et non par des restrictions à l’utilisation de ce média, a mis en garde la représentante des États-Unis.
La résolution demande aussi de renforcer la lutte contre le financement du terrorisme. La représentante de l’Union européenne a dénoncé le fait que la résolution ne mentionne pas le Groupe d’action financière (GAFI). Enfin, la résolution considère qu’il faut améliorer la coopération, la coordination et la cohérence entre les entités onusiennes impliquées dans la lutte contre le terrorisme, au nombre de 40 selon le représentant de l’Inde. Elle prie d’ailleurs le Secrétaire général d’examiner la capacité du système des Nations Unies d’aider les États à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale, en vue de lui présenter des propositions concrètes d’ici à mai 2017.
« Seules les Nations Unies ont le mandat d’agir dans tous les pays, pour établir objectivement un état des capacités de réponse à la menace terroriste et pour mobiliser les moyens nécessaires », a insisté le représentant de la France, alors que ses homologues de l’Inde et des États-Unis réclamaient la nomination d’un haut responsable chargé de la coordination de l’action des entités onusiennes. « Les entités opérationnelles de l’ONU sont si nombreuses que leurs actions en deviennent inefficaces », a estimé la déléguée américaine.
La coordination des efforts internationaux contre le terrorisme devrait bénéficier de la finalisation d’une convention générale contre le terrorisme international », a, pour sa part, réaffirmé le représentant du Brésil, appuyé par ses homologues du Pérou et de Cuba. Il a estimé que l’absence d’une définition internationale et universellement acceptée du terrorisme était préjudiciable à l’objectif commun de l’éliminer.
Le représentant de la Fédération de Russie a déploré l’approche du « deux poids deux mesures » de la part de la communauté internationale, accusant celle-ci de faire la distinction entre « bons et mauvais terroristes ». Son homologue de la Turquie a fait siens ces propos, en ajoutant qu’adopter une approche sélective est contreproductive et affaiblit notre volonté commune de vaincre ce fléau.
L’Assemblée générale a pris note de la nomination de l’Allemagne au Comité des conférences pour un mandat commençant le 1er janvier 2016 et prenant fin le 31 décembre 2018. Le Président de l’Assemblée a invité le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes à proposer, au plus vite, des candidats aux deux postes vacants qui leur reviennent.
L’Assemblée devrait poursuivre son débat sur la Stratégie antiterroriste mondiale jeudi 7 juillet à partir de 10 heures.
NOMINATION DE MEMBRES DU COMITÉ DES CONFÉRENCES: NOTE DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (A/70/107)
LA STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE DES NATIONS UNIES: RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (A/70/674, A/70/826 ET A/70/826/CORR.1)
Déclarations
Mme JOËLLE JENNY, Déléguée de l’Union européenne, a insisté sur la menace que représente le terrorisme pour la paix et la sécurité internationales, jugeant nécessaire d’adapter la manière d’y répondre. Elle s’est félicitée du Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent et salué son approche stratégique. Le phénomène de la radicalisation, a-t-elle argué, peut être contenu grâce aux personnes qui sont en première ligne, telles que les femmes, les acteurs de la société civile, les responsables des écoles ou les autorités locales. Elle a estimé que le système onusien peut jouer un rôle important pour rassembler ces acteurs.
La représentante a salué les éléments « positifs » contenus dans la résolution dont est saisie l’Assemblée générale qui mentionne à juste titre le rôle des femmes et des jeunes, le phénomène des combattants terroristes étrangers et la radicalisation dans les prisons. Le texte, s’est-elle aussi félicitée, inclut des dispositions importantes pour empêcher l’accès des terroristes aux armes de destruction massive.
Mais, a-t-elle fait observer, la résolution omet des questions importantes car il faut réfléchir aux fonctions essentielles que l’ONU doit assumer dans le domaine de la lutte antiterroriste et de la prévention de l’extrémisme violent. Nous avons demandé, a-t-elle rappelé, une évaluation franche de ce que l’ONU peut faire, en termes de suivi de la mise en œuvre des résolutions, de l’évaluation des menaces, du renforcement des capacités, et de ce qui doit être amélioré dans la coordination interne et externe ou encore dans l’orientation stratégique.
Le texte n’est pas assez ambitieux, a tranché la représentante, ajoutant que ce dixième anniversaire de la Stratégie est une « occasion en or » de rendre plus visibles et plus accessibles aux acteurs extérieurs les efforts de l’Organisation. L’Union européenne aurait souhaité un libellé plus ambitieux, s’agissant du pilier du respect des droits de l’homme comme base fondamentale de la lutte contre le terrorisme. Elle aurait préféré un accent plus marqué sur les violations commises par les terroristes contre les minorités religieuses, en particulier au Moyen-Orient, lesquelles pourraient constituer des crimes de guerre, a-t-elle affirmé.
Mme Jenny a également regretté le peu de place laissée à l’assistance aux victimes du terrorisme et à leurs familles, laquelle est un élément clef de la Stratégie antiterroriste de l’Union européenne. Elle a aussi dénoncé le fait que la résolution ne mentionne pas le Groupe d’action financière (GAFI). L’UE, a-t-elle promis, continuera son approche proactive contre la contrebande des biens culturels par les groupes terroristes et fera en sorte que le travail du GAFI soit pleinement mis à profit. La déléguée a demandé le renforcement de la coopération du système onusien et des États Membres avec le Forum mondial de lutte contre le terrorisme. Enfin, pour appuyer la recommandation du Secrétaire général, Mme Jenny a demandé une coopération accrue avec la société civile et le secteur privé pour lutter contre la propagande terroriste sur Internet dans le respect de la vie privée et de la liberté d’expression.
Au nom de l’Organisation de coopération islamique (OCI), M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a déploré les attentats terroristes perpétrés à Istanbul il y a deux jours et a invité la communauté internationale à s’attaquer résolument aux causes profondes et à tous les facteurs conduisant au terrorisme, dont l’utilisation disproportionnée de la force et l’occupation des territoires étrangers, entre autres. Pour lui, le Secrétaire général de l’ONU doit faire des propositions concrètes aux États Membres d’ici à la fin de l’année. Il a insisté sur la nécessité de détailler les moyens engagés pour le renforcement des capacités des États ou encore les sources de financement des activités novatrices dont le Secrétaire parle dans son Plan d’action.
Il faut, a conseillé le représentant, éviter la duplication des efforts et respecter les mandats des différentes entités impliquées. Il a salué le travail du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, en particulier ses activités de renforcement des capacités nationales. Il a plaidé pour une meilleure coopération internationale contre le phénomène des combattants terroristes étrangers. Il a appelé le Secrétaire général à proposer des mesures concrètes contre la propagande terroriste sur l’Internet. Il est nécessaire, a-t-il poursuivi, de faire en sorte que les femmes et les jeunes soient des agents de la prévention de l’extrémisme violent. Le représentant a aussi plaidé pour le respect des droits des migrants et des réfugiés, ajoutant que l’on doit empêcher que l’aide dont ils ont cruellement besoin ne soit détournée par les terroristes.
Il a condamné « sans équivoque toute tentative d’associer des pays, des religions ou des personnes à l’extrémisme violent menant au terrorisme ». Il s’est insurgé contre la discrimination et la stigmatisation dont sont victimes les Musulmans à travers le monde. La lutte contre le terrorisme doit être menée dans le respect du droit international, du droit international humanitaire et des libertés individuelles. La mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies incombe en premier lieu aux États, a-t-il conclu.
M. STEFAN BARRIGA (Liechtenstein) a exhorté les gouvernements qui combattent le terrorisme à respecter « nos valeurs communes », en souhaitant que la lutte contre le terrorisme ne vienne pas justifier des atteintes à la liberté d’expression et de réunion. Il a prévenu que la surveillance de la population représente « un risque » pour notre droit à la vie privée. Il a aussi souligné le risque de voir des opérations militaires contre les groupes terroristes toucher des victimes innocentes. Toute initiative de lutte contre le terrorisme doit s’appliquer dans le respect de la légalité et des principes des droits de l'homme et du droit international humanitaire, a insisté le représentant. S’agissant des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, il a estimé que le pilier 1 consistant à prendre des mesures pour empêcher que le terrorisme ne se propage, demeure la priorité pour son pays. Cet impératif nécessite une meilleure coopération au sein du Conseil de sécurité qui a été « incapable » de s’entendre pour mettre fin à certains conflits violents. Il s’est félicité tout de même des progrès réalisés par le Conseil de sécurité dans les procédures relatives aux régimes de sanctions contre Daech et Al-Qaida. Il a voulu que l’on tienne compte du jugement définitif de la Cour européenne des droits de l'homme dans l’affaire opposant Al-Dulimi à la Suisse.
M. CARLOS SERGIO SOBRAL DUARTE (Brésil) a dit que son pays attache la plus grande importance au maintien d’une Stratégie pertinente et contemporaine. Il est crucial d’accroître la coordination au sein du système des Nations Unies pour que l’Organisation reste au centre de l’action sur cette question et soit en mesure de mettre en œuvre efficacement les quatre piliers de la Stratégie et d’aider les États Membres. À cet égard, le Brésil attend des suggestions concrètes du Secrétaire général et est ouvert à la discussion. La coordination des efforts internationaux contre le terrorisme devrait aussi bénéficier de la finalisation d’une convention générale contre le terrorisme international laquelle devrait compléter les instruments existants, donner un cadre juridique global et conduire les efforts communs de manière plus cohérente.
Le représentant a ajouté que l’absence d’une définition internationale et universellement acceptée du terrorisme est préjudiciable à l’objectif commun de l’éliminer. Combler cette lacune juridique pourrait contribuer à comprendre la relation entre des notions comme terrorisme et extrémisme violent ainsi qu’à créer les conditions pour assurer le respect de la loi et des droits de l’homme. En outre, la prévention est souvent la meilleure politique, a indiqué M. Sobral Duarte. Mais il a également estimé que les conflits prolongés auraient directement ou indirectement alimenté le terrorisme. L’échec à résoudre les crises en cours au Moyen-Orient, y compris le conflit israélo-palestinien, illustre cette situation. Les stratégies qui privilégient le recours à la force et aux interprétations unilatérales des mandats du Conseil de sécurité ont « spectaculairement » montré leurs limites. La présence de Daech en Iraq et en Libye ne peut être dissociée de l’instabilité locale et régionale à la suite d’une opération militaire. Les efforts contre le terrorisme sont efficaces quand ils sont conformes au droit international, y compris à la Charte de l’ONU, au droit international des droits de l’homme, au droit humanitaire et aux droits des réfugiés.
Mme CATHERINE CALOTHY, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères chargée de la lutte contre le terrorisme et la criminalité, a prévenu qu’il n’y aura pas d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme sans coordination et que seules les Nations Unies ont le mandat d’agir dans tous les pays, pour établir objectivement un état des capacités de réponse à la menace terroriste et pour mobiliser les moyens nécessaires. La France attend beaucoup du rapport d’options que présentera le Secrétaire général en mai 2017 afin de renforcer l’efficacité et la cohérence de la réponse de l’ONU au terrorisme et à la radicalisation. Soulignant l’importance du Plan d’action du Secrétaire général, notamment de ses recommandations pour prévenir la radicalisation, Mme Calothy a expliqué que la France a mis en place un plan de lutte qui comprend de nombreuses mesures à mettre en œuvre par toutes les branches de l’administration, des collectivités locales au Ministère de la justice, en passant par l’éducation nationale et les affaires étrangères. La Ministre a prévenu que même si les progrès de la coalition internationale nous laissent espérer une défaite militaire de Daech en Syrie et en Iraq, le phénomène de la radicalisation continuera d’exister et chaque pays devra y répondre sur son sol.
Elle a prévenu qu’« aucun d’entre nous ne pourra lutter efficacement contre le terrorisme si ses partenaires ne remplissent par leur devoir en matière notamment de lutte contre le financement du terrorisme, de contrôle des frontières, de sûreté aérienne, de coopération judiciaire et policière ». Elle s’est demandé si les instruments internationaux étaient suffisamment exploités, notant que les bases de données d’Interpol ne serviront à arrêter les combattants terroristes étrangers que si elles sont complétées et consultées. Elle a aussi appelé à prendre conscience du fléau que constitue le trafic de biens culturels qui contribue au financement des activités terroristes. Elle a estimé que le dixième anniversaire de la Stratégie antiterroriste mondiale est l’occasion d’un bilan et que seule une action collective sous l’égide de l’ONU nous permettra de prendre l’avantage.
M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a indiqué que son pays était très actif au sein du Forum mondial de lutte contre le terrorisme et du GAFI car aucun pays ne peut relever seul le défi du terrorisme qui n’épargne personne. Il a appelé à l’unité de la communauté internationale et regretté que la résolution, s’agissant du projet de convention globale sur le terrorisme, se contente de renvoyer au libellé d’une résolution adoptée en 2014. Il a exhorté les délégations à se mettre d’accord sur une telle convention pour montrer que l’Assemblée est prête à combler les lacunes existantes. Quelque 40 entités étant engagées dans la lutte antiterroriste, le représentant a proposé qu’une seule personne soit chargée de la coordination pour une plus grande cohérence et « cela montrerait que nous prenons très au sérieux la menace terroriste », a conclu le représentant de l’Inde.
M. VLADIMIR V. ANDREEV (Fédération de Russie) a indiqué que la montée en puissance de l’extrémisme violent et du terrorisme est essentiellement due au fait que tous les aspects de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies ne soient pas encore mis en œuvre. Il a dénoncé une politique de « deux poids deux mesures » de la part de la communauté internationale, l’accusant d’établir une distinction entre « bons et mauvais terroristes ». Il a par exemple estimé que les troubles au Moyen-Orient et en Afrique du Nord sont le fait de la mise sur orbite de « groupes terroristes de nouvelle génération » instrumentalisés pour déstabiliser certains pays.
Le représentant a salué le texte final de la résolution que l’Assemblée générale entend adopter aujourd’hui, soulignant que l’un de ses points positifs est l’équilibre entre les préoccupations liées aux droits de l’homme et la nécessité d’assurer la sécurité des États. Au Plan national, a affirmé le représentant, l’expérience russe en matière de lutte contre le terrorisme a fait ses preuves. Il s’est félicité de ce que le pluralisme religieux dont est fière la Fédération de Russie se vit de manière harmonieuse depuis des siècles et dans le rejet de l’extrémisme. Pour la Fédération de Russie, la lutte contre le terrorisme doit se faire avec la participation de tous les acteurs sociaux, mais il faudrait d’abord définir clairement le concept de « terrorisme » pour que la communauté internationale parle d’une seule voix. La coopération internationale ne saurait prospérer sans la volonté ferme des États, une volonté qui anime la Fédération de Russie, a-t-il assuré.
M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a estimé que la résolution comprend des ajouts importants depuis la dernière révision de la Stratégie. Il a rappelé la souplesse dont a fait preuve sa délégation lors des négociations. Malgré l’approche biaisée du conflit syrien que privilégie l’ONU, la Syrie n’a jamais perdu l’espoir que l’ONU demeurerait une entité majeure pour coordonner l’action de tous les acteurs internationaux contre le terrorisme. Le représentant a mis en garde tous les États contre les dangers du terrorisme. Nous n’avons cessé, a-t-il insisté, de demander le respect des principes de la Charte des Nations Unies et du droit international, loin de la politique des « deux poids deux mesures » prônée par certains États et de l’ambiguïté « sciemment entretenue » entre le terrorisme et les questions connexes en vue d’empêcher la mise en œuvre de la Stratégie.
Le représentant a nommé les groupes terroristes responsables d’attaques ces derniers mois, dont certains ont le soutien d’États Membres de l’ONU qui voient en eux un instrument « pratique » pour faire avancer leurs intérêts. Il a regretté que des membres du Conseil de sécurité s’opposent à l’inscription de certains groupes terroristes sur la liste des Comités des sanctions, en particulier un groupe terroriste syrien qui ne peut être assimilé à une opposition modérée. Des pays comme l’Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie, a accusé le représentant, ont facilité le passage de milliers de combattants terroristes étrangers issus de 115 pays différents. « Ces Gouvernements doivent être comptables de leurs actes. » Enfin, le délégué a dénoncé le fait que la Coalition internationale s’attaque à des infrastructures du Gouvernement syrien. « Quel est le but: vaincre Daech ou détruire les ressources du peuple syrien? »
M. STEPHAN HUSY (Suisse) a dit que sa délégation était satisfaite que la résolution sur la Stratégie antiterroriste mondiale contienne les questions et les développements les plus importants de ces deux dernières années. La résolution reconnaît l’importance de la prévention de l’extrémisme violent et la Suisse est « heureuse d’y trouver une référence à la Conférence de Genève sur la prévention de l’extrémisme violent » organisée conjointement par l’ONU et la Suisse en avril dernier afin de discuter des défis et des opportunités sur le sujet.
Il est désormais nécessaire de se concentrer sur la mise en œuvre des recommandations du Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent, a suggéré le représentant qui a estimé qu’afin de faire de la prévention une priorité, « nous aurions besoin de ressources ». Il a appelé les États Membres à augmenter les financements pour les initiatives telles que le Fonds mondial pour l’engagement de la communauté et la résilience, qui est un partenariat public-privé soutenant des initiatives locales et des efforts destinées à prévenir l’extrémisme violent. Dans le cadre de la soixante et unième session de l’Assemblée générale, « il sera important que nous prenions les mesures nécessaires pour assurer que l’architecture de l’ONU en matière de contre-terrorisme et de prévention de l’extrémisme violent réponde véritablement aux besoins des États Membres et puisse faire face aux nouveaux défis. »
Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a fait observer que son pays vient de connaître un acte de terreur dans la ville d’Orlando, comme du reste d’autres pays qu’elle a mentionnés. La Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies est le socle de la lutte contre le terrorisme, a-t-elle affirmé, insistant sur le fait que cette lutte ne doit pas servir de prétexte « pour réprimer le pluralisme idéologique des oppositions politiques ». Elle a également estimé que la lutte contre la propagande extrémiste diffusée sur l’Internet doit être combattue par la même voie et non par des restrictions à l’utilisation de ce média. Elle a voulu que l’on identifie les causes profondes de la radicalisation, rappelant que le Secrétaire d’État américain, M. John Kerry, a publié, il y a un mois, une Stratégie nationale contre l’extrémisme violent.
La représentante a aussi insisté sur le fait que toute lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent doit être menée dans le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Chaque État doit faire sienne la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, en l’adaptant à son contexte national.
La représentante a dénoncé le caractère « inapproprié » des modalités de la mise en œuvre de la Stratégie. Dans la lutte contre le terrorisme, les entités opérationnelles de l’ONU sont si nombreuses que leurs actions en deviennent inefficaces. Les États-Unis invitent donc le Secrétaire général à faire des propositions concrètes à l’Assemblée générale pour améliorer la Stratégie, et ce, avant la fin de la soixante-onzième session. Dans le même ordre d’idées, les États-Unis appellent à la création d’un poste de « haut représentant pour la mise en œuvre de la Stratégie » qui serait le porte-parole mondial de cette cause et le coordonnateur de l’approche onusienne et de la mobilisation des fonds. La déléguée a en outre déploré le fait que la résolution ne contienne pas de dispositions claires pour inviter les États à prendre des mesures contre ceux de leurs citoyens qui soutiennent des groupes terroristes.
M. GEORGE CHULUKHADZE (Géorgie) a déclaré que si le territoire national sous contrôle des autorités nationales jouit d’un faible taux de crimes terroristes, les territoires occupés par la Fédération de Russie continuent de représenter un défi majeur pour le Gouvernement dans ses efforts de lutte contre le terrorisme. Ces territoires sont comme des « trous noirs », des « havres de paix » pour les terroristes, les autres groupes radicaux et extrémistes et la criminalité organisée qui menacent la sécurité de toute la région. À cause de la corruption généralisée et de l’absence d’une police efficace et légitime, les ports dans la partie occupée de l’Abkhazie peuvent être utilisés comme port de transit pour les combattants terroristes étrangers et le trafic d’armes de destruction massive.
Le représentant a ajouté que la composante « prévention de la radicalisation » doit sans aucun doute devenir prioritaire. Les initiatives en la matière doivent être menées par les communautés concernées elles-mêmes et le rôle des gouvernements doit se limiter à la facilitation, au risque de rendre leur action contreproductive puisqu’ils pourraient, sans le vouloir, donner l'occasion aux extrémistes religieux de dénoncer cette action comme une tentative de détruire leur « vraie religion », la discréditant ainsi aux yeux des personnes les plus vulnérables.
En matière de radicalisation, a poursuivi le représentant, il y a des facteurs universels: le manque de bonne gouvernance, les violations des droits de l'homme et les mauvaises conditions économiques. Il s’est aussi attardé sur la nécessité de surveiller les activités terroristes sur les réseaux sociaux, tout en respectant les droits de l'homme et les libertés fondamentales. Il a prôné, dans ce cadre, les partenariats public-privé, invoquant l’expérience de son pays pour en démontrer l’efficacité. Il a aussi appelé les gouvernements à tendre la main aux prédicateurs modérés qui peuvent replacer la religion dans la coexistence pacifique entre différents groupes ethniques et religieux. Il a mis en garde contre « le tout sécuritaire », prévenant que des mesures trop strictes peuvent discréditer les agences de maintien de l’ordre aux yeux des sociétés et donc contribuer à la radicalisation.
Le représentant a estimé qu’en gagnant le statut de plaque tournante du partage des meilleures pratiques, l'ONU peut également aider les États à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale. Les États, a-t-il ajouté, doivent mettre pleinement en œuvre la résolution 2178 (2014) contre les « gens qui partent faire la guerre sainte ».
M. ANIBAL FERNANDEZ DE SOTO CAMACHO, Vice-Ministre de la défense de Colombie, a estimé que la diversité et la complexité d’un terrorisme qui ne connaît pas de frontières et qui a démontré sa capacité à affecter des États et des sociétés très divers, représentent un défi pour tous les pays. Le Plan d’action contre l’extrémisme violent du Secrétaire général permet de rappeler la nécessité de travailler ensemble pour diminuer le nombre de situations qui peuvent conduire au terrorisme, idées qui ont déjà été discutées dans de nombreuses réunions de haut niveau et dans le cadre des réflexions sur l’avenir des opérations de maintien de la paix.
Toutes les mesures prises pour prévenir et lutter contre le terrorisme doivent satisfaire pleinement aux exigences du droit international, a rappelé M. Camacho. Pour lui, il s’agit d’une condition sine qua non du succès. La Colombie considère en outre comme un pilier fondamental de cette lutte l’attention aux victimes du terrorisme et leurs droits. Ces victimes doivent pouvoir être entendues et bénéficier de mesures de protection de leurs droits.
Il faut aussi renforcer les institutions et les capacités nationales, approfondir les connaissances spécialisées, partager les expériences et les bonnes pratiques et collaborer au sein de mécanismes efficaces de partage d’informations, afin d’intensifier la coopération internationale, a poursuivi le Vice-Ministre, qui a rappelé qu’aux termes mêmes de la Stratégie antiterroriste mondiale, la mise en œuvre de cette dernière relève principalement de la responsabilité des États. Le dialogue, la coopération et les efforts concertés sont la base indispensable à une coexistence civilisée et libérée du fléau du terrorisme. La Colombie réaffirme son engagement en faveur de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale et d’un monde plus sûr.
M. DAVID ROET (Israël) a indiqué que la plupart des États ont été animés lors des négociations par la conviction que la résolution permettrait d’élaborer une réponse unifiée face aux défis du terrorisme mondial. « Il semble néanmoins que tous les États n’avaient pas le même objectif à l’esprit. » Le représentant a critiqué ceux qui ont voulu inclure des éléments de langage qui n’auraient fait qu’entretenir les divisions au sein de la communauté internationale, plutôt que de prôner l’unité. « Nous avons vu le représentant de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) user honteusement de l’occasion fournie par cette résolution pour justifier et légitimer le terrorisme », a-t-il poursuivi. « Il proposait que tuer au nom, et je cite, du droit à l’autodétermination et de la libération nationale ne constitue pas un acte terroriste », a fustigé M. Roet qui a qualifié cette approche « d’outrageante ». Il a rappelé les deux attaques terroristes qui ont frappé hier son pays: leurs auteurs étaient-ils des terroristes? a-t-il ironisé. « L’audace de ceux qui veulent régler de misérables comptes au sein de l’ONU a-t-elle une limite? »
Le délégué a jugé inacceptable qu’il y ait une définition du terrorisme pour un pays et une autre définition pour un autre. Il est impératif que nous agissions tous ensemble pour combattre le terrorisme, soulignant l’acuité de la menace: plus de 30 000 combattants étrangers ont rejoint Daech et les autres groupes terroristes en Iraq. « Nous ne pouvons plus nous satisfaire de résolutions édulcorées fondées sur le plus petit dénominateur commun ». M. Roet a cité le Hamas et le Hezbollah auxquels son pays doit faire face. Il a accusé l’Iran de soutenir les activités du Hezbollah et a, en conclusion, a appelé de ses vœux une éducation de paix et non de haine, l’entente commune et non le martyre.
M. HEIKO THOMS (Allemagne) a indiqué que ces dernières années, son pays a adopté d’autres mesures d’application des résolutions du Conseil de sécurité, dont une loi punissant l’intention de commettre un acte violent contre l’État, une autre sur le financement du terroriste et une dernière sur les cartes d’identité avec l’idée d’empêcher les déplacements qui menaceraient l’État. Mais toutes ces mesures ne suffiront pas si l’on n’identifie pas les causes sous-jacentes du terrorisme, a reconnu le représentant, insistant aussi sur les mesures visant à protéger les jeunes des mensonges des terroristes. Il s’est donc félicité du Plan d’action du Secrétaire général sur la prévention de l’extrémisme violent et regretté, dans la résolution, l’absence d’un « message plus clair » sur la nécessité d’investir davantage d’efforts dans la prévention du terrorisme et du type d’extrémismes qui peut y conduire. L’Allemagne, a-t-il indiqué, est en train de mettre au point un plan d’action national de promotion de la démocratie et de prévention de l’extrémisme et s’agissant de l’ONU, elle fait partie des pays qui prônent une transformation totale de l’architecture antiterroriste du système de l’ONU qui doit être placée sous un leadership fort. Il nous faut un système international de coordination qui englobe les aspects liés à la diplomatie, à l’humanitaire, à la stabilisation, au politique et à la répression de la lutte antiterroriste.
M. WU HAITAO (Chine) a espéré l’adoption par consensus de la résolution, soulignant que le terrorisme est l’ennemi commun de toute l’humanité. Il faut, a-t-il dit, préserver le consensus et opposer des normes unifiées aux groupes terroristes. Nous devons redoubler d’efforts pour prévenir l’extrémisme violent en remédiant notamment aux discriminations qui frappent certaines communautés, a-t-il affirmé. Tous les États doivent lutter ensemble pour tarir les sources de financement des groupes terroristes et empêcher le déplacement des combattants terroristes étrangers. La coopération au sein de l’ONU doit être renforcée, a-t-il affirmé, appelant l’ONU à harmoniser l’action de ses entités impliquées dans la lutte antiterroriste. Le délégué a appuyé la promotion d’une bonne entente entre les civilisations pour lutter contre ce fléau et au plan intérieur, il a indiqué que son pays vient d’adopter une « importante » loi antiterroriste.
Je dois être franc, a prévenu M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni): la résolution était l’occasion d’élever nos ambitions et de faire plus pour prévenir et arrêter le terrorisme. Nous aurions pu faire davantage. L’ONU, s’est-il expliqué, doit améliorer sa performance dans le domaine de la prévention du terrorisme. Je sais, a-t-il avoué, que certains sont réticents au changement mais je les engage à revoir leur position. Chacun de nous, a dit le représentant, doit jouer sa part dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent et « ça commence à la maison », a-t-il dit, en faisant part des efforts nationaux. Il est temps que l’ONU, a-t-il poursuivi, réalise la vision et l’ambition du Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent. Nous avons nos désaccords mais nos débats ne peuvent qu’éclairer notre lanterne, a estimé le représentant. Il s’est donc félicité que la résolution demande aux États d’envisager la mise en œuvre du Plan d’action.
Nous devons aussi continuer à rechercher une approche plus stratégique, plus coordonnée et plus efficace pour toutes les entités des Nations Unies. « On peut faire mieux », a estimé le représentant qui s’est étonné de l’argument selon lequel l’heure n’est pas à une transformation substantielle de l’architecture antiterroriste de l’ONU. C’est vrai qu’il faut donner du temps au débat mais, a argué le représentant, permettez-moi de rejeter l’idée que l’inaction serait un résultat acceptable dudit débat. Il a donc salué le fait que la résolution demande au Secrétaire général de présenter des options concrètes sur le financement de la capacité du système de l’ONU d’ici à mai 2017.
M. DAVID DRAKE (Canada) a indiqué que les échecs de la lutte contre le terrorisme, au niveau international, s’expliquent en partie par le fait que récemment encore, la plupart des efforts étaient orientés vers les moyens sécuritaires alors que les mesures sociales étaient négligées. On avait pourtant convenu en 2006, a-t-il rappelé, que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies devait être mise en œuvre pleinement. Malheureusement, cela ne s’est pas fait de manière équilibrée entre les quatre piliers qui la constitue.
Le représentant a affirmé que l’extrémisme violent n’est pas l’apanage d’une religion ou d’une culture particulière, mais qu’il est visible partout dans le monde. En ce jour de fête nationale du Canada, il a salué le caractère pluriel de la société canadienne. Il a estimé que l’efficacité de la lutte contre le terrorisme passe par une franche collaboration entre les décideurs et la société civile, notamment les jeunes et les femmes, regrettant que la résolution n’en ait pas tenu compte.
M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a déploré le manque d’ambition de la résolution qui n’a pas pleinement pris en compte le Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent. Il a rappelé l’agression dont a été victime son pays de la part de la Fédération de Russie et fustigé les activités terroristes conduites dans l’est de son pays, malgré les accords sur un règlement pacifique. La Fédération de Russie a exporté le terrorisme en Ukraine, a-t-il affirmé, espérant que cette dernière respectera la résolution qui condamne l’appui aux activités terroristes. Il a souligné la nécessité d’une coopération accrue de tous les acteurs onusiens impliqués dans la lutte contre le terrorisme et s’est dit déçu que l’examen de l’architecture antiterroriste ait été repoussé. À son tour, il a appuyé l’idée d’un coordonnateur de haut niveau pour assurer une bonne mise en œuvre de la Stratégie.
M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) a déploré les nombreux ravages du terrorisme et de l’extrémisme violent dans son pays, faisant observer que depuis 2003, plus de 100 000 personnes y ont perdu la vie du fait de cette violence. Il a vivement interpellé la communauté internationale afin que celle-ci fournisse les fonds nécessaires au renforcement des capacités de l’Iraq dans la lutte antiterroriste. Il a également plaidé pour des financements en faveur des victimes du terrorisme. Le délégué a relevé que Daech cite très souvent l’Islam pour justifier ses actes, alors même que ses actions ne sont en rien liées à cette religion. Il a dit appuyer la résolution, promettant que l’Iraq s’engage à mettre en œuvre le Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent du Secrétaire général, d’autant plus que son pays est « le plus affecté par le terrorisme international ».
Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. JUAN ÁVILA (République dominicaine) a, après avoir reconnu le rôle prépondérant des médias sociaux dans la propagation de l’extrémisme violent, émis des réserves sur l’établissement de « listes noires de pays finançant le terrorisme ». Il a rappelé la demande, maintes fois répétée par la CELAC, de voir l’adoption d’une « convention générale contre le terrorisme ».
M. EINAR GUNNARSSON (Islande) a dit que le défi est de neutraliser les réseaux complexes de soutien actif ou tacite au terrorisme, les manifestations de sympathie et les encouragements qui sont souvent difficiles à identifier. Le niveau de sophistication offerte par les nouvelles technologies fait naître de nouveaux défis et exige une réponse unie et sophistiquée. Il est absolument vital que l’ONU fasse preuve d’une unité d’action et la résolution est un pas vers l’amélioration de la coordination. Le représentant a reconnu qu’il reste encore du travail à faire surtout en ce qui concerne l’architecture. Nous devons être honnêtes sur les facteurs internes et externes de l’extrémisme violent et du terrorisme. Nous devons faire en sorte que toutes les mesures soient conformes aux instruments des droits de l’homme », a déclaré M. Gunnarsson. Le seizième objectif de développement durable sur l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes, l’accès à la justice, et des institutions efficaces, responsables et ouvertes a un rôle majeur à jouer contre les facteurs du terrorisme. Échouer dans cet objectif, c’est se battre avec une main attachée derrière le dos, a prévenu le représentant.
M. FRANCISCO JAVIER GARCÍA-LARRACHE (Espagne) a salué les éléments positifs contenus dans la résolution, dont la reconnaissance du rôle des femmes ou la mention faite de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Il a aussi salué la référence au risque que des armes de destruction massive ne tombent entre les mains des groupes terroristes. Parmi les lacunes du texte, il a estimé que l’Assemblée a raté l’occasion de renforcer son action. Il a en particulier déploré que la nomination d’un coordonnateur de la lutte contre le terrorisme au sein du système de l’ONU n’ait pas fait l’objet d’un accord.
Une société dotée d’un tissu social sain et assise sur l’état de droit court moins le risque de voir prospérer l’extrémisme violent, a déclaré M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique), en soulignant de tenir compte des revendications de l’opposition politique. Dans mon pays, a-t-il expliqué, c’est cette approche « préventive » qui a été privilégiée, laquelle met dûment l’accent sur la lutte contre la pauvreté et l’intégration. Le représentant a appelé les Nations Unies à générer des réponses efficaces, à court, moyen et long termes. Ces efforts doivent s’appuyer sur le multilatéralisme et les droits de l’homme.
M. RODOLFO REYES RODRIGUEZ (Cuba) a rejeté l’approche du « deux poids deux mesures » dans la lutte contre le terrorisme ainsi que les mesures unilatérales contraires au droit international. Les violations du droit international, a-t-il prévenu, font le jeu des groupes terroristes. Il a salué les éléments positifs de la résolution, telles que la manipulation des technologies de l’information et des communications par les groupes terroristes ou le danger des drones. « Beaucoup reste encore à faire », a-t-il dit, en préconisant l’adoption d’une convention globale sur le terrorisme. Il a aussi jugé prioritaire la question de la protection des victimes du terrorisme et a critiqué l’impunité dont jouit le responsable de la destruction d’un avion cubain en 1976.
M. PHILLIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a apporté son appui au Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent du Secrétaire général dont l’un des messages est la nécessité de travailler avec les jeunes et les communautés pour faire face aux facteurs qui donnent naissance à l’extrémisme violent. Le représentant a réitéré que l’engagement avec les communautés locales est l’élément clef. Il y a plus de chance de réintégrer dans la société les groupes marginaux et les individus si l’approche n’est pas imposée par le haut, à savoir le gouvernement. Le terrorisme et l’extrémisme violent ne peuvent pas être vaincus par les seuls gouvernements. Il faut continuer de voir si les structures et les processus en place répondent bien aux objectifs et s’agissant de l’ONU, elle doit faire évoluer ses méthodes comme le font les groupes terroristes.
Mme CAITLIN WILSON (Australie) a souligné que la priorité de son pays est une mise en œuvre équilibrée des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale qui attire l’attention sur le phénomène des combattants terroristes étrangers. Nous devons suivre les recommandations de la résolution pour renforcer la coopération internationale et développer des mesures efficaces contre cette menace. L’Australie continue de défendre la pleine mise en œuvre de la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité et travaille pour renforcer les capacités ses partenaires régionaux.
La représentante a ajouté que dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, nous devons travailler plus étroitement avec les femmes qui figurent parmi les plus grandes victimes alors que certaines d’entre elles sont radicalisées. Elle a indiqué que la menace terrorisme mondiale ne peut pas être vaincue par des solutions sécuritaires uniquement. C’est pourquoi, il est important que la résolution fasse explicitement le lien entre le Plan d’action du Secrétaire général et la Stratégie antiterroriste mondiale. Rappelant l’approche australienne, Mme Wilson a dit que des communautés et des institutions bien informées et dotées de ressources sont la meilleure défense contre l’extrémisme violent.
M. HIROSHI MINAMI (Japon) a indiqué qu’aucun pays ne peut combattre seul le terrorisme et que des efforts doivent être déployés, aux niveaux national et international à cette fin. Il s’est félicité de ce que la résolution souligne la nécessité d’une collaboration entre divers acteurs, y compris la société civile. Il a aussi insisté sur une meilleure coordination entre les entités de l’ONU.
M. FRANCISCO TENYA HASEGAWA (Pérou) a jugé que la Stratégie était plus pertinente que jamais et devait voir ses principaux éléments préservés. Il a insisté sur l’acuité de la menace de l’extrémisme violent et salué le Plan d’action du Secrétaire général. Il a estimé que le renforcement du travail des douanes était crucial pour tarir les sources de financement des groupes terroristes. Les organisations extrémistes violentes ne doivent pas profiter des espaces de liberté de la société civile pour disséminer leur idéologie, a-t-il dit, avant d’appeler à l’élaboration d’une convention globale contre le terrorisme.
M. MAHLATSE MMINELE (Afrique du Sud) s’est réjoui de l’adoption d’une résolution consensuelle parce que cela assurera une approche holistique et multiforme à la lutte contre le fléau du terrorisme. Elle aidera aussi à faire face aux menaces et défis émergents dans le cadre des droits de l’homme et de l’état de droit. Le représentant a indiqué que le terrorisme ne peut pas être vaincu par des moyens militaires et par l’utilisation de la force. Pour contrer les discours et les idéologies du terrorisme à moyen et à long termes, la coopération internationale doit également porter sur la lutte contre les facteurs qui conduisent au terrorisme.
Il est urgent de comprendre comment les circonstances et les contextes peuvent rendre le terrorisme attrayant. La communauté internationale doit par ailleurs apporter des solutions aux conflits prolongés qui peuvent devenir « des incubateurs » du terrorisme. Mais, a mis en garde le représentant, le terrorisme ne saurait être assimilé à la lutte légitime des mouvements de libération, d’autodétermination et d’indépendance. La lutte pour la dignité humaine, l’égalité, les droits de l’homme et les libertés fondamentales ne saurait être confondue avec le terrorisme, l’extrémisme et l’extrémisme violent.
Passant en revue la résolution, M. MOHAMED IBRAHIM ELSHENAWY (Égypte) a regretté que certaines recommandations du texte, bien que judicieuses, ne pourront pas être mises en œuvre faute de moyens financiers. La lutte contre le terrorisme passe par une approche holistique, la pleine coopération entre nations et l’assistance des pays développés.
M. CARLOS OLGUÍN CIGARROA (Chili) a salué l’approche transversale retenue par la résolution et souligné l’importance qu’il y a à respecter les droits de l’homme. Estimant que beaucoup reste à faire, il a appelé de ses vœux l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme et insisté sur l’enjeu d’une meilleure compréhension des facteurs de radicalisation. Le représentant n’a pas manqué d’appuyer le Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent.
M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a souligné l’importance de la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et insisté sur le fait que le terrorisme n’est pas le fait exclusif d’une religion ou d’une société particulière. Il a ainsi appelé au dialogue et à la tolérance entre nations, déplorant que les musulmans soient souvent stigmatisés à travers le monde. Le terrorisme, a-t-il prévenu, ne saurait être vaincu par les seuls moyens militaires. Le représentant a prôné une approche holistique. Il a aussi dénoncé la mise au ban de certains pays accusés de soutenir le terrorisme, ce qui contribue à politiser un domaine qui nécessite pourtant la coopération et l’unité de la communauté internationale. La résolution n’a pas répondu à toutes les attentes de mon pays, a avoué le représentant.
M. MOHAMMED AL SHAMSI (Émirats arabes unis) a souligné la nécessité de s’attaquer au phénomène du terrorisme à son stade le plus précoce, en remédiant notamment à ses causes profondes. Il a détaillé les mesures prises par son pays contre l’extrémisme violent, dont la promotion d’une participation accrue des femmes et des jeunes dans tous les secteurs de la société. Soulignant l’importance de la culture de paix, le délégué a expliqué qu’une loi a été adoptée qui érige en infractions pénales toute insulte aux religions et à la dégradation de lieux de culte. Un ministre de la tolérance a été nommé afin de répandre cette valeur dans le pays, a-t-il affirmé. Il a précisé que son pays avait lancé en mars 2015 avec les États-Unis une initiative visant à lutter contre la propagande extrémiste sur Internet. Il a invité la communauté internationale à renforcer les capacités des gouvernements contre la menace terroriste.
M. KAREL J.G VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a estimé que la résolution contient un libellé qui est moins ambitieux que ce que sa délégation aurait souhaité. Il a salué la mention des combattants terroristes étrangers et de la nécessité de coordination, à la fois au sein des Nations Unies et en dehors. Il a parlé du rôle positif que joue le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, une instance dont son pays assure la coprésidence avec le Maroc et qui été créée en 2011 pour assurer la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Le fait que la résolution ait été adoptée montre tout de même aux terroristes que malgré leurs divergences, les États Membres sont unis contre ce fléau, s’est-il félicité.
M. IBRAHIM O. A. DABBASHI (Libye) a indiqué que la complexité accrue du phénomène terroriste tenait notamment à l’évolution des tactiques des groupes terroristes et à l’attrait qu’ils exercent par-delà les frontières. L’ONU doit redoubler d’efforts pour éradiquer le terrorisme en s’attaquant aux causes profondes de ce phénomène, a-t-il affirmé, estimant que les interventions militaires ne suffiront pas. Il a souligné la nécessité d’améliorer la coopération régionale et de renforcer les capacités des pays frappés par le terrorisme. Notre Gouvernement et Parlement souhaitent recevoir l’appui de la communauté pour combattre Daech et les autres groupes terroristes qui opèrent sur le sol libyen, a-t-il poursuivi. Il a invité les États à partager leurs informations et leurs meilleures pratiques, s’agissant en particulier de la lutte contre le financement du terrorisme. Il a prévenu que les activités des groupes terroristes en Libye sont de nature à déstabiliser d’autres pays. Il faut donc aux forces libyennes les armes nécessaires, a souligné le représentant, sans oublier à son tour de faire la distinction entre les activités terroristes, qui sont condamnables, et les luttes pour la libération nationale.
M. THOMAS DAHL (Norvège) a dit que le respect de la démocratie, des droits de l’homme, de l’état de droit et de la liberté d’expression sont des valeurs fondamentales qui doivent être défendues si nous voulons réussir dans la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent. Le représentant a ajouté que le Plan d’action du Secrétaire général met l’accent sur les activités nationales, régionales et de l’ONU en tant que moteurs de changement positif. Il cherche à lutter contre les conditions propices au terrorisme et à assurer le respect des droits de l’homme et de l’état de droit. Nous devons poursuivre ces deux facteurs « répulsion-attraction ». Dans le même temps, nous devons assurer que nos interventions soient une action spécifique de prévention et non seulement une action pertinente de prévention.
Le représentant a ajouté que la nomination au sein de l’ONU d’un coordonnateur de la lutte contre le terrorisme et la prévention de l’extrémisme violent serait une importante étape. En outre, il a indiqué qu’en avril, le Parlement norvégien a adopté le « Livre Blanc sur les défis sécuritaires mondiaux » qui est le cadre des efforts internationaux de la Norvège dans la lutte contre le terrorisme et la prévention de l’extrémisme violent. La Norvège, a-t-il déclaré, contribue à tous les efforts énoncés par la Coalition internationale contre l’État islamique. Quelque 34 combattants terroristes étrangers sont revenus en Norvège dont 20 ont été inculpés et 4 sont reconnus coupables de crimes terroristes. Le délégué a aussi fait part des initiatives de son gouvernement comme « les jeunes contre l’extrémisme violent » dont le message doit être entendu par tous les gouvernements lorsqu’ils élaborent leurs stratégies et politiques, et comme « le réseau des villes fortes » qui mettent ensemble leurs ressources, connaissances et meilleurs pratiques. Les villes d’Oslo et de Kristiansand participent à ce réseau. Le représentant a exhorté les autres villes à le rejoindre.
M. HENRY ALFREDO SUAREZ MORENO (Venezuela) a indiqué que son pays a adopté un certain nombre de lois relatives à la lutte contre le terrorisme, afin de s’adapter aux réalités actuelles du phénomène. Les groupes terroristes profitent du désespoir, de l’injustice, des violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ou encore de la pauvreté ambiante. Après avoir dénoncé les interventions militaires occidentales, en Iraq et en Libye, qui ont ouvert la porte aux terroristes, le délégué a mis en garde contre la tentation d’associer le terrorisme à une religion ou un groupe ethnique particulier. Les attentats de Daech montrent que ce fléau touche toutes les régions du monde; plus de 30 organisations ayant fait allégeance à ce groupe terroriste. Le représentant a aussi noté le danger non négligeable des « loups solitaires ».
Pour faire face au terrorisme, il a plaidé l’autonomisation des femmes et des jeunes et une plus grande implication des victimes du terrorisme. « Il n’y a qu’un seul terrorisme », a-t-il argué, en appelant à l’unité de la communauté internationale laquelle ne doit pas confondre terrorisme et lutte légitime des peuples contre la domination coloniale. Il a à son tour plaidé pour une convention internationale contre le terrorisme.
Soulignant que la dernière attaque terroriste dont a été victime son pays a fait 44 morts et 239 blessés, M. İPEK ZEYTINOĞLU OZKAN (Turquie) a aussi souligné que son pays se bat contre trois différents groupes terroristes. La Turquie continuera à se battre avec détermination et à apporter son appui aux efforts internationaux, a-t-il promis. Mais, a-t-il mis en garde, associer le terrorisme à une religieux est une mauvaise démarche. Adopter une approche sélective est contreproductive et affaiblit notre volonté commune de vaincre ce fléau. Il n’y pas de « bons » et de « mauvais » terroristes. Se félicitant de la résolution, le représentant a tenu à dire que les conflits prolongés offrent aux groupes terroristes un vivier de combattants et un havre de paix.
L’extrémisme violent étant devenu une source de préoccupations grandissante pour la Turquie, le représentant a prôné de nouvelles approches et outils. Il faut une approche plus large, plus équilibrée, plus holistique et plus globale, impliquant « la société dans son ensemble » et « le gouvernement dans son ensemble. » Comme il n’y pas d’approche à taille unique, il faut des approches adoptées aux contextes régionaux et locaux qui tiennent compte du mélange complexe de facteurs historiques politiques, ethniques, culturels, économiques et autres ainsi que des capacités, des systèmes judiciaires et des besoins des États. Le rôle de la société civile, des femmes et des jeunes est « vital ». Au niveau international, le représentant s’est félicité du Plan d’action du Secrétaire général.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a indiqué que la Stratégie était un document évolutif. « À l’heure où je parle, une situation délicate se déroule dans la capitale de mon pays, où des hommes armés ont pris en otage plusieurs personnes dans un restaurant », a-t-il dit. Il a insisté sur l’importance de présenter un front uni face aux terroristes et estimé que cette résolution essayait de trouver un équilibre. Il a espéré que les recommandations que le Secrétaire général devrait bientôt présenter sur le renforcement de l’action de l’ONU face au terrorisme et à l’extrémisme violent permettront de combler les lacunes existantes. Il a déploré le manque de ressources financières en appui de la lutte contre le terrorisme et noté l’idée du Secrétaire général de financer par le biais de partenariats publics-privés les efforts de prévention de l’extrémisme violent. Les femmes sont essentielles dans cette lutte, a-t-il affirmé, avant de souligner la nécessité de lutter contre l’utilisation d’Internet par les groupes terroristes afin de diffuser leur idéologie haineuse. Il a affirmé que son pays prônait une tolérance zéro face aux terroristes et déploré que certains d’entre eux soient appuyés par des groupes politiques. Ces forces sont responsables d’agressions contre des étrangers, ainsi que d’autres exactions, ce qui a attiré l’attention d’autres groupes terroristes qui veulent s’implanter sur le sol du Bangladesh et revendiquer une influence qu’ils n’ont pas, a conclu le délégué.
M. BORIS HOLOVKA (Serbie) a indiqué que la région d’Europe du Sud-Est n’est pas épargnée par le fléau du terrorisme. En tant que victime du terrorisme et de l’islamisme violent, la Serbie estime qu’il faut renforcer la coopération internationale. Le nombre de combattants terroristes étrangers recrutés dans les Balkans occidentaux est moins important que dans d’autres régions du monde, a—t-il fait observer. Néanmoins, la Serbie a pris des mesures pour y faire face, notamment par davantage d’efforts en faveur de l’intégration sociale et des mesures contre les centres potentiels d’endoctrinement et de recrutement. La promotion de la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme et de l’état de droit sont cruciaux pour faire atténuer le risque terroriste et créer les conditions de son éradication. Il a ajouté que si les jeunes recevaient un soutien adéquat, ils pourraient également jouer un grand rôle.
M. MUHAMMAD ANSHOR (Indonésie) a souligné que la coordination et la cohérence doivent rester la base de la coopération mondiale. Le système des Nations Unies peut contribuer à réaliser ces objectifs en tendant la main aux organisations internationales et régionales. En outre, il faut donner la priorité aux mesures préventives contre la propagation des idéologies terroristes, les déplacements des combattants terroristes étrangers, les attentats et le financement des groupes terroristes. Ces mesures devraient aussi porter sur les conditions favorables à la propagation du terrorisme comme la pauvreté, l’injustice et la discrimination.
Il faut également aider l’ONU à mieux appuyer le renforcement des capacités nationales. Les États eux-mêmes doivent en effet se doter de capacités certes différentes mais complémentaires des autres parties prenantes que sont la société civile, les médias, les familles, les femmes et les jeunes et les victimes des attentats terroristes. La capacité à protéger les droits de l’homme tout en luttant contre le terrorisme est également essentielle car les violations des droits de l’homme peuvent être utilisées par les terroristes pour soutenir leurs discours.
M. MARTIN GARCIA MORITÁN (Argentine) a indiqué que la lutte contre le terrorisme exigeait une approche globale et multidimensionnelle. Les mesures sécuritaires ne suffiront pas, a-t-il dit, avant de réclamer une mise en œuvre équilibrée des quatre piliers de la Stratégie. Il a apporté son appui au Plan d’action du Secrétaire, dont l’importance est reconnue dans la présente résolution. Il a réitéré l’engagement de son pays en faveur de la résolution, qui consacre les valeurs des Nations Unies et tient compte des nouveaux types de terrorisme. Il s’est félicité de « l’esprit » de la résolution, qui examine en outre des nouveaux phénomènes comme les combattants terroristes étrangers et l’utilisation des réseaux sociaux. Il a insisté sur l’acuité de la menace posée par le retour chez eux des combattants terroristes étrangers, et ce, pour la prochaine décennie. La coopération internationale doit être renforcée pour lutter contre ce phénomène, a-t-il poursuivi. Enfin, en tant que cofacilitateur des négociations, il a dit s’être attaché à une approche ouverte visant à renforcer le consensus. « Nous avons, je crois, atteint cet objectif », s’est-il félicité.
Droit de réponse
Le représentant de l’Arabie saoudite a réagi aux propos de son homologue syrien, arguant que la réalité parle d’elle-même et que son pays n’a rien à voir avec le terrorisme en Syrie. Il en a profité pour accuser le Gouvernement israélien d’avoir transformé Gaza en zone d’assassinat et de terrorisme d’État. Il a assuré que son pays est engagé dans la lutte contre le terrorisme, comme en témoigne son soutien à la résolution.
Adoption de la résolution sur l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies (A/70/L.55)
Le représentant d’Israël a rappelé que des citoyens de son pays sont tués chaque jour par le terrorisme et regretté qu’au cours des négociations sur la résolution, de nombreuses délégations aient tracé « des lignes rouges » à ne pas franchir au risque de rompre le consensus. Mais, a-t-il dénoncé, la seule la « ligne rouge » de ma délégation a été franchie car le seul conflit spécifiquement indexé dans la résolution est celui qui oppose Israéliens et Palestiniens. Le monde compte de nombreux autres conflits, a ironisé le représentant, en fustigeant cette tendance constante à cibler Israël et en se désolidarisant de certaines dispositions de la résolution.
La représentante du Pakistan a souligné les sacrifices de son pays dans la lutte contre le terrorisme, jugeant « essentiel » d’envoyer un signal fort, en dépit des divergences de vues. La résolution, s’est-elle félicitée, souligne la détermination des États Membres à lutter contre les causes profondes des conflits. La résolution, qui parle des drones, souligne aussi que quand les efforts de lutte contre le terrorisme enfreignent le droit, ils risquent d’alimenter le ressentiment. Les frappes menées à l’aide de drones témoignent, a insisté la représentante, d’un mépris total pour la souveraineté des États et le droit international.
Le Président de l’Assemblée générale a brièvement pris la parole pour indiquer que cette résolution est un signal fort de l’Assemblée générale contre le terrorisme.