En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session, Réunion de haut niveau sur le VIH/sida,
99e & 100e séances plénières matin & après-midi
AG/11788

Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur le VIH/sida: énumération des moyens pour financer la cible 90-90-90 d’ONUSIDA

L’Assemblée générale a entendu aujourd’hui plusieurs délégations parler des moyens de financer la cible « 90-90-90 » d’ONUSIDA entérinée dans la Déclaration politique adoptée hier au premier jour de la Réunion de haut niveau sur le VIH/sida qui devrait s’achever demain.  Les États-Unis ont annoncé un fond de 100 millions de dollars pour les « populations clefs » et la France a confirmé sa proposition de créer une taxe sur les transactions financières.

La cible 90-90-90 d’ONUSIDA vise d’ici à 2020, à ce que 90% des personnes qui vivent avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 90% d’entre elles reçoivent un traitement et 90% de ces dernières parviennent à une charge virale nulle.  Dans la Déclaration politique qu’ils ont adoptée hier, les chefs d’État et de gouvernement s’engagent à faire en sorte que d’ici à 2020, 30 millions de personnes vivant avec le VIH accèdent à « un traitement de qualité, d’un coût abordable et accessible » à même de réduire la charge virale et soulignent, à cet égard, qu’il est urgent de rattraper le retard pris en matière de dépistage.

Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin a fait observer que cet engagement requiert un effort financier soutenu, dans un contexte marqué par l’amenuisement des financements internationaux, ce qui constitue une « situation paradoxale » au regard des exigences de la Déclaration dans laquelle les États s’engagent à mobiliser un montant de 13 milliards de dollars dans le cadre de la cinquième reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Le problème, a souligné le Ministre de la santé de la Jamaïque, comme beaucoup de ses homologues des petits États insulaires en développement, c’est que le Fonds mondial n’est pas ouvert aux pays à revenu intermédiaire.  Déterminer le statut d’un pays en se fondant uniquement sur le revenu par habitant est particulièrement dangereux pour la riposte au sida car ce statut peut barrer l’accès aux donateurs.  Le Ministre a donc réitéré son appel pour que des pays comme le sien restent éligibles à une aide « au moins jusqu’en 2020 ».

Plaidant « l’innovation dans les financements », la Ministre des affaires sociales et de la santé de la France a rappelé que le Président François Hollande a proposé la création d’une taxe sur les transactions financières pour participer à l’effort de lutte contre les grandes pandémies.  La proposition devrait être discutée la semaine prochaine à Bruxelles, annonçait hier, le Président de la Facilité internationale d’achat de médicaments (UNITAID), soulignant qu’une telle taxe génèrerait 35 milliards de dollars par an. 

La Ministre de la santé de l’Afrique du Sud a plutôt dit attendre beaucoup de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).  L’ancien Ministre des affaires étrangères du Brésil a en effet souligné l’importance de la Déclaration de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a consacré des « flexibilités » permettant de sortir les questions de santé de l’ADPIC et de mieux lutter contre le sida au Brésil.  Il a d’ailleurs suggéré d’inscrire la question du droit à la santé au regard de l’ADPIC dans l’ordre du jour du Conseil des droits de l’homme. 

L’accès aux traitements est crucial pour l’Afrique qui importe 98% de ses médicaments antirétroviraux, un marché de plus en plus caractérisé par des monopoles et l’absence de concurrence, selon ONUSIDA*.  Deux fabricants se partagent 71% du marché africain, dont GlaxoSmithkline.  Son Président Directeur général a reconnu aujourd’hui que de nombreuses entreprises se sont désintéressées de la recherche en matière de VIH/sida.  Comme « Glaxo » dépense beaucoup pour la recherche, elle est en droit d’engranger des bénéfices, s’est-il justifié, expliquant tout de même que les prix sont naturellement plus élevés dans les pays du Nord.  La solution pour l’Afrique est de fabriquer ses propres médicaments, a estimé le représentant du Malawi.

C’est ce genre de leadership qu’a demandé le délégué de la Norvège en parlant de la notion d’appropriation nationale.  Les financements internationaux ne devant être vus que comme les catalyseurs des financements nationaux, a-t-il argué. 

Les États-Unis ont provoqué une salve d’applaudissements en annonçant la création d’un nouveau fonds d’investissements de 100 millions de dollars pour les « populations clefs » -les hommes qui ont des relations avec les hommes, les transgenres, les usagers de drogues par injection, les travailleurs du sexe et les prisonniers-.  Ce fonds qui s’inscrit dans le cadre du Plan présidentiel d’urgence d’aide à la lutte contre le sida (PEPFAR) va soutenir des approches novatrices, ciblées et communautaires et combler les fossés qui existent chez ces populations clefs, s’agissant de la riposte au VIH/sida.

La question de la stigmatisation et de la discrimination des populations clefs a beaucoup retenu l’attention.  Croire que le sida va être éradiqué sans atteindre ces populations est « un leurre », a prévenu la Ministre française des affaires sociales et de la santé.  Soyons francs, a renchéri la Présidente de l’association tunisienne de la prévention positive, ni la religion et encore moins la culture dominante ne saurait cacher la réalité de ces populations dans la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.  « Votre Dieu et le mien célèbrent la vie.  Le sida c’est la mort », a lancé la Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas.

L’Assemblée générale devrait fermer les portes de sa Réunion de haut niveau sur le VIH/sida demain vendredi 10 juin.  Elle tiendra sa première séance à partir de 10 heures.

*Document ONUSIDA

RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA A/70/L.52

Débat général

Au nom de l’Union européenne, Mme LILIANNE PLOUMEN, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a salué les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH/sida et rendu hommage à tous ceux qui ont contribué à ce succès.  Le VIH, a-t-elle prévenu, n’en reste pas moins une maladie grave et les efforts doivent être renouvelés si on veut mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030.  Elle a appelé à des réponses nationales et régionales, soulignant que l’Union européenne soutient une approche inclusive respectueuse des droits de l’homme et en faveur des personnes les plus touchées et de celles qui font face à des formes multiples de discrimination comme les femmes, les enfants, les migrants, les travailleurs du sexe, les LGBT et les prisonniers.  L’Union européenne aurait d’ailleurs aimé des références plus fermes à cet égard dans la Déclaration adoptée hier.

L’Union européenne, a poursuivi la Ministre, s’est engagée dans la promotion, la protection et la pleine réalisation du Programme d’action de Beijing sur les femmes et de celui du Caire sur la population et le développement.  L’Union européenne réaffirme donc son engagement en faveur de la santé reproductive et sexuelle et du droit de chacun à contrôler « totalement » sa sexualité sans discrimination, sans violence ou autre contrainte.  Mme Ploumen a rappelé que l’Afrique subsaharienne reste affectée de manière disproportionnée par le VIH sida et que l’Europe de l’Est est une des régions où le nombre d’infections et les maladies liées au VIH, comme la tuberculose et les hépatites B et C, continue d’augmenter, « ce qui est inquiétant ».  La Ministre a plaidé pour des systèmes de santé robustes et souligné qu’il faut pour cela augmenter les dépenses de santé, notamment dans les pays à revenu intermédiaire. 

L’Union européenne serait heureuse de partager son expérience, a affirmé Mme Ploumen.  Dans l’Union, le seul segment de la population qui enregistre une augmentation du nombre des nouvelles infections est celle des hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes et les États membres prennent des mesures pour inverser cette tendance.  Dans les pays de l’Union, des réseaux s’activent pour faire avancer la recherche, en particulier sur un vaccin contre le VIH.  Mme Ploumen a insisté sur le rôle de la société civile et regretté à cette occasion que la sélection des ONG invitées à cette Réunion de haut niveau n’ait pas été transparente.

En sa capacité nationale, la Ministre s’est attardée sur le fait que 19,7 millions de personnes infectées par le VIH ne reçoivent pas de traitements antirétroviraux, non pas à cause des obstacles techniques mais à cause des inégalités sociales, culturelles, économiques ou encore fondées sur le genre.  Les victimes de viols courent un risque plus grand d’infection et pourtant bien souvent, elles n’ont pas accès aux médicaments, parce qu’elles sont pauvres ou craignent la stigmatisation.  Elles gardent le silence sur leur viol et leur contamination, et meurent.  La Ministre a rappelé un autre phénomène alarmant: alors que les inégalités entre pays tendent à s’affaiblir, les inégalités à l’intérieur des pays, elles, augmentent.  Il est temps, a-t-elle dit, que les gouvernements travaillent avec leur propre société civile pour lutter contre les discriminations qui empêchent ceux qui sont infectés par le VIH de parler et de demander un traitement.  Nous savons ce qu’il faut faire, a-t-elle ajouté: il suffit que nous nous regardions les uns les autres.  Mme Ploumen a ainsi fait observer que, grâce à une politique très active, l’industrie du sexe a réussi en 15 ans à réduire de trois-quarts le nombre des nouvelles infections dans des pays tels que la Thaïlande ou l’Inde.

De même, des programmes au profit des toxicomanes ont permis d’obtenir des résultats spectaculaires en Asie ou encore au Kenya.  Elle a cité comme autres exemples ayant facilité la lutte contre le sida, la dépénalisation de la prostitution en Nouvelle-Zélande et celle de la consommation de drogues au Portugal, où le nombre des infections a été divisé par 14 en autant d’années.  Les Pays-Bas aussi ont fait des progrès, a expliqué la Ministre: les personnes séropositives peuvent désormais contracter des assurances-vie.  Rappelant que la prochaine Conférence internationale sur le VIH/sida aura lieu en 2018 à Amsterdam, avec pour thème centrale, les personnes les plus marginalisées, la Ministre a insisté sur le fait que « le sida reste une manifestation des inégalités, qui résultent elles-mêmes des choix politiques ».  C’est toujours aux gouvernements qu’il incombe de donner aux personnes les plus exposées une voix.  Il leur revient de placer les femmes au-delà des croyances culturelles et de reconnaître leurs droits ainsi que ceux des LGBT.  Il leur revient, a ajouté la Ministre, d’autoriser l’éducation sexuelle complète, de donner aux plus pauvres l’accès aux traitements et de ne pas opposer à l’utilisation des préservatifs des arguments religieux.  « Votre Dieu et le mien célèbrent la vie.  Le sida c’est la mort », a-t-elle lancé la Ministre.  « Que chacun fasse ce qu’il dit. »

Mme ELVIA VIOLETA MENJIVAR ESCALANTE, Ministre de la santé d’El Salvador, a indiqué que, grâce à la ferme volonté politique de son gouvernement, le combat contre le Sida commence à porter ses fruits ce dont témoigne le fait qu’il y ait eu, au cours des cinq dernières années, une baisse continue du nombre des nouvelles infections et un véritable effort de dépistage.  La transmission mère-enfant a baissé de 94% et les traitements antirétroviraux (ARV) sont offerts gratuitement, sans « liste d’attente ».  La Ministre a dit disposer d’un personnel qualifié et formé conformément aux directives de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Le pays s’est doté d’un système d’information qui lui permet de mieux comprendre l’épidémie et donc de prendre des décisions informées.  Une Commission nationale de lutte contre le sida a été mise en place qui est un mécanisme de coordination des efforts nationaux reposant sur une approche multisectorielle. 

La Ministre a également précisé que 80% de la riposte au sida est financée sur fonds propres, ce qui permet d’en garantir la durabilité.  Elle est également revenue sur la réforme approfondie du système de santé qui a été lancée au Salvador il y a 6 ans qui se base sur une approche transversale, une participation sociale et les droits de l’homme.  L’objectif de cette réforme est de garantir un accès à des soins de qualité à tous sans aucune discrimination ou stigmatisation.  Par ailleurs, une nouvelle loi nationale sur le VIH est en cours de préparation qui permettrait d’aborder la question du point de vue de la jeunesse, du marché du travail et autres facettes.  Avant de conclure, elle a lancé un appel aux donateurs pour qu’ils maintiennent leur aide technique et financière à sa région.

Pour M. IOANNIS KASOULIDES, Ministre des affaires étrangères de Chypre, la Déclaration politique adoptée hier est un document « historique » avec des cibles ambitieuses assorties d’échéances.  L’épidémie du VIH/sida reste encore limitée à Chypre malgré une légère augmentation du nombre des nouvelles infections.  Il va falloir redoubler d’efforts pour contenir l’épidémie en allant au-devant des groupes les plus vulnérables.  L’accès aux traitements ARV, au dépistage et au suivi psychologique est gratuit, conformément au Plan d’action du Comité national pour la prévention et la lutte contre le VIH.  En optant pour une approche inclusive fondée sur les droits et des partenariats multisectoriels, Chypre cherche à lutter également contre la stigmatisation.  La riposte plurisectorielle au sida passe par tous les objectifs de développement durable, a expliqué le Ministre qui a insisté sur la nécessité d’apporter un appui financier et technique aux pays à faible et moyen revenue intermédiaire au risque de voir leur échec à mettre le monde à l’abri du sida à l’horizon 2030.

M. TERRENCE DEYALSINGH, Ministre de la santé de Trinité-et-Tobago, a expliqué que le Comité national chargé de la lutte contre le sida vient d’être rattaché aux services du Premier Ministre, ce qui témoigne de l’importance accordée à la question.  Il a aussi expliqué la Stratégie nationale de lutte contre le sida et fait état d’une baisse de 80% des nouvelles infections et de 70% des décès, entre 2005 et 2014.  La transmission mère-enfant a été considérablement réduite et plus de 70% des personnes vivant avec le VIH reçoivent des traitements antirétroviraux.  Le Ministre n’a pas nié les défis importants.  Il a cité la crise économique mondiale et a ajouté les problèmes de capacités.  En effet, la capacité du pays à tester les groupes les plus à risque ou stigmatisés reste très limitée, ce qui empêche de réaliser celui des trois objectifs qui est peut-être le plus important: faire en sorte que 90% des personnes séropositives connaissent leur statut sérologique.  Trinidad-et-Tobago n’en est pas moins engagé à consolider les acquis et à honorer ses obligations au titre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il compte sur le soutien de ses partenaires. 

Depuis le premier Sommet mondial de 1994, M. VU DUC DAM, Premier Ministre adjoint du Vietnam, a constaté un « profond » changement dans la manière dont on perçoit le VIH/sida.  Il a noté une baisse de stigmatisation, une hausse de la prévention et une augmentation de l’espérance de vie des maladies grâce aux nouveaux traitements.  Au Vietnam, la prévention et la maitrise de l’épidémie sont une des priorités du Gouvernement.  L’infection au VIH n’est plus perçue comme un « pêché » et les séropositifs sont enfin considérés comme des patients en besoin de traitement.  L’épidémie est aujourd’hui stabilisée et le Vietnam a été le premier pays de la région à s’engager en faveur de la cible 90-90-90.  Le pays compte toutefois sur une aide internationale et un partenariat fort pour y arriver sans quoi « on risque de voir l’épidémie regagner du terrain au Vietnam et ailleurs dans les pays démunis ».  « Évitons la complaisance » car il s’agit d’un défi mondial et les pays les plus vulnérables ne peuvent être laissés de côté, a insisté le Ministre.  Présentant Mme Thanh qui l’accompagne, une femme qui vit avec le VIH dans un petit village de montagne, il a expliqué que cette femme et son mari, qui reçoivent un traitement ARV, ont aujourd’hui une petite fille en bonne santé.  « Ce miracle a été possible grâce au partenariat international sans lequel elle ne serait peut-être plus là », a reconnu le Ministre pour lequel « nous n’avons pas le droit de réduire l’aide à ces personnes ».  Lui cédant la parole, Mme Thanh a juste dit « merci à tous pour m’avoir redonné de l’espoir et un avenir ».

M. GEORGE NORTON, Ministre de la santé de Guyana, a expliqué que son pays a connu une réduction importante du taux de prévalence du VIH/sida qui est passé de 3,4% à 1,4% entre 2013 et 2014.  En 2014, le Guyana avait répertorié 751 personnes vivant avec le VIH contre 758 l’année précédente, ce qui représente une réduction significative comparé aux 1 176 cas de 2009.  Le Ministre a aussi parlé de la diminution des maladies sexuellement transmissibles qui sont passées de 6 777 cas en 2013 à 5 127 en 2014.  Il a précisé que 42% des cas concernent le groupe des 15-24 ans.  Malgré ces succès, le Ministre a relevé que les Caraïbes sont toujours la région la plus touchée par le VIH/sida après l’Afrique subsaharienne.  Il a donc regretté que des pays de la région soient exclus de tout financement concessionnel en raison de leur niveau de revenu par habitant. 

M. AURELIEN AGBENONCI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin, a affirmé que son pays avait depuis longtemps fait de la lutte contre le VIH/sida une priorité politique, l’inscrivant dans les stratégies et programmes de développement, en raison des effets dévastateurs de la pandémie sur les efforts de promotion d’un développement durable.  Les plans stratégiques ont permis de réduire la transmission de la mère à l’enfant et de stabiliser la prévalence à 1,2%.  M. Agbenonci a rappelé que la prévalence était plus élevée en milieu urbain et a noté une tendance préoccupante à la féminisation de l’épidémie que le Gouvernement essaie de corriger par des campagnes d’éducation sexuelle centrée sur la prévention et la santé reproductive.  Le nouveau Plan stratégique 2015-2017 s’inscrit résolument dans l’optique « l’Objectif Zéro » et fixe comme objectif une réduction de 30% des nouvelles infections et de 75% de la transmission de la mère à l’enfant, tout en visant la couverture de 60% en antirétroviraux pour les personnes infectées et les orphelins du sida.

Le Ministre a rappelé que son pays prend toute sa part dans les efforts de mobilisation de la communauté internationale et a, au plan régional, été au premier plan de l’adoption de la Feuille de route de l’Union africaine sur la responsabilité partagée et la solidarité mondiale pour accélérer la riposte au VIH/sida.  Il a toutefois noté que les progrès réalisés restent fragiles, ajoutant que la poursuite de la lutte requérait un effort financier soutenu alors que le contexte actuel est celui d’un amenuisement des financements internationaux, ce qui constitue une « situation paradoxale » au regard des exigences de la Déclaration adoptée hier.  M. Agbenonci a donc lancé un appel à tous les partenaires techniques et financiers, aux organisations de la société civile nationale et internationale et aux personnes morales et physiques qui accompagnent son pays.

Mme JANETTE LORETO GARIN, Secrétaire d’État à la santé des Philippines, a rappelé que son pays a lancé en 2015 la stratégie « High Impact 5 » qui est une « stratégie d’accélération » pour réaliser les objectifs de santé du Programme 2030 et au bout du compte, l’ensemble du Programme.  Une des interventions clefs est l’élargissement de l’accès des groupes les plus à risque au dépistage, aux services d’accompagnement et aux traitements ARV.  Le budget du programme national antisida a été doublé, passant à 13 millions de dollars en 2016, entièrement financé sur fonds propres.  Ce faisant, les Philippines s’emploient à mettre en œuvre les recommandations d’ONUSIDA, à actualiser les données, à sensibiliser les jeunes, à améliorer le sort des migrants étant donné que plus de neuf millions de Philippins vivent en dehors du pays, à élargir l’accès aux traitements et à la prévention et à privilégier une approche multisectorielle.

M. MYINT HTWE, Ministre de la santé et des sports du Myanmar, a indiqué qu’ONUSIDA a sélectionné son pays pour faire partie de son programme « d’accélération de la riposte » -Fast Track- compte tenu de la grave épidémie qui y sévit et du fait que Rangoon est une ville importante de la région d’Asie-Pacifique.  Dans ses efforts, le pays compte accorder l’importance qu’il faut aux porteurs du VIH et aux organisations communautaires.  À ce stade, a dit le Ministre, il serait « imprudent » que les donateurs et les partenaires au développement réduisent leurs financements.  Le Gouvernement du Myanmar a montré son fort engagement politique en faisant du VIH une des priorités de son Plan de santé 2011-2016.  Il s’engage à inclure la Déclaration politique adoptée hier par l’Assemblée générale dans son nouveau Plan 2016-2020. 

M. LUIS GOMES SAMBO, Ministre de la santé de l’Angola, a rappelé que l’Afrique subsaharienne reste la région du monde la plus affectée par le sida avec quelque 70% des cas.  Comme la prévalence du sida dans le monde montre la diversité du monde et la complexité du problème, les efforts conjoints de la communauté internationale doivent s’appuyer sur une approche holistique et des solutions créatives, qui tiennent compte à la fois des perspectives mondiales et locales.  Le Ministre a rappelé que la prévalence du sida en Angola est d’environ 2,4%, ce qui représente environ 500 000 personnes qui vivent avec le VIH.  Le Programme national de contrôle est donc une priorité pour le pays et la réponse nationale est multisectorielle, impliquant plusieurs ministères.  Le Ministre a estimé que, malgré quelques aspects discutables, la Déclaration politique adoptée hier représente un « outil puissant » pour guider les efforts nationaux.  L’Angola travaillera avec les acteurs nationaux et internationaux à la traduire en actions concrètes. 

Pour M. FRANCIS KASAILA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Malawi, il sera possible de venir à bout du sida d’ici à 2030 si l’on privilégie l’investissement dans la riposte et l’on adopte l’approche accélérée proposée par ONUSIDA dans les 5 prochaines années.  Rappelant que le Malawi est l’un des pays les plus frappés par cette épidémie puisque 1,1 million des 16 millions de personnes atteintes par le VIH/sida dans le monde sont Malawiens, le pays a fait siennes la cible 90-90-90 d’ONUSIDA dans son Plan stratégique 2015-2020.  À ce jour, le Malawi offre déjà un traitement à vie aux femmes qui allaitent et aux femmes enceintes atteintes et à leurs partenaires. 

Depuis son lancement en 2011, ce Programme a connu un franc succès puisqu’il a contribué à faire baisser la transmission mère-enfant de 67% par rapport à 2009; la couverture ARV des femmes enceintes se situant autour de 80%.  Le Malawi a aussi développé une Stratégie nationale de prévention et un cadre spécifique pour le personnel chargé du dépistage.  Il a opté pour l’approche « dépister et traiter ».  Aussi en 2015, plus de 600 000 personnes séropositives étaient-elles sous traitement par rapport à seulement 23 000 en 2005.  Le coût annuel par patient est de 136 dollars, ce qui en fait l’un des programmes de traitement les plus efficaces dans le monde.  Face à la féminisation de l’épidémie, le Malawi demande un accès aux financements concessionnels.

Il faut innover, a encouragé Mme MARISOL TOURAINE, Ministre des affaires sociales et de la santé de la France.  Innover dans notre manière de prévenir la maladie, s’est-elle expliquée, indiquant que son pays cible par des actions spécifiques les publics qui restent en marge des actions de prévention.  La Ministre a annoncé sa décision d’étendre dès demain la prescription, toujours prise en charge à 100%, de la prophylaxie préexposition par le Truvada dans les centres associatifs de proximité.  La France a également choisi de proposer aux mineurs des dépistages sans autorisation parentale.  La Ministre a indiqué qu’elle présenterait prochainement une stratégie nationale globale de santé sexuelle pour apprendre aux plus jeunes les gestions qui protègent et pour garantir les droits sexuels et reproductifs.  La France souhaite que ce type d’approche ciblée s’applique partout dans le monde.  Croire que le sida va être éradiqué sans atteindre les hommes qui ont des rapports avec des hommes, les usagers de drogues, les prostituées, les détenus, les migrants, les femmes transgenres est « un leurre », a insisté la Ministre. 

Innover pour mieux traiter le sida, a-t-elle poursuivi.  Notre grand défi est de parvenir à améliorer la couverture antirétrovirale et, enfin, développer un vaccin.  Pour cela, il faut renforcer les moyens alloués à la recherche.  L’Agence française de recherche sur le sida et les hépatites virales occupe la deuxième place mondiale en termes de productions scientifiques sur le sida, s’est enorgueillie la Ministre.  La Conférence « HIV Science » que la France accueillera en juillet 2017 aux côtés de l’« International AIDS Society » sera une étape importante sur ces sujets. 

Innover dans les financements, a conclu la Ministre.  La France, a-t-elle rappelé, est un des principaux contributeurs du Fonds mondial et d’UNITAID et entend le rester.  Mais le Président Hollande a proposé la création d’une taxe sur les transactions financières pour participer à l’effort de lutte contre les grandes pandémies.  La lutte contre le sida est une formidable illustration du pouvoir de la solidarité, a affirmé la Ministre, pour qui « d’un mal destructeur, nous avons su faire émerger un des mouvements les plus fédérateurs de notre histoire ».  La victoire dépendra de la volonté politique d’agir ensemble, des moyens qui y seront consacrés et de la détermination à protéger les droits de tous les individus sans distinction ni jugement, a conclu la Ministre.

M. STEVEN BLACKETT, Ministre des affaires sociales de l’autonomisation et du développement communautaire de la Barbade, a indiqué que son pays met en place un Plan stratégique national qui identifie trois groupes prioritaires, les hommes en général, les hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes et les travailleurs du sexe.  Ce Plan est intégré aux objectifs de développement national, eux-mêmes alignés sur les objectifs de développement durable.  Parmi les priorités figurent la lutte contre la pauvreté, l’accès à la santé et à l’éducation, la justice, l’équité et l’intégration sociales.  Le pays vient d’adopter les dernières recommandations de l’OMS visant à ce que chaque personne avec le VIH/sida ait accès gratuitement à une thérapie quelle que soit l’avancée de la maladie. 

La riposte au VIH a été entièrement financée sur fonds propres.  « C’est louable mais ce n’est pas notre choix », a souligné le Ministre.  Le classement de la Barbade parmi les pays à revenu intermédiaire a en effet rendu inaccessible les financements du Fonds mondial et tout autre financement concessionnel.  Or ce classement ne tient pas compte des défis auxquels les petits États insulaires en développement font face, dont un ratio dette/PNB très élevé, l’impact des crises économiques et financières mondiales et celui des maladies non transmissibles et autres maladies infectieuses émergentes.  La Barbade appelle donc à la révision des critères d’éligibilité aux financements concessionnels qui doivent tenir dûment compte des besoins et de la situation spécifiques de chaque pays. 

Pour Mme AWA MARIE COLL SECK, Ministre de la santé et de l’action sociale du Sénégal, la détermination de la communauté internationale, depuis près de 30 ans, a facilité la mobilisation exceptionnelle d’investissements qui ont permis d’obtenir des résultats probants dans la prévention, notamment auprès des groupes vulnérables, ainsi que dans la prise en charge par un accès accru aux traitements.  Néanmoins il faudra des actions plus fortes à l’avenir pour accroitre l’accès des jeunes aux services IST/sida, a poursuivi la Ministre.  Elle a lancé un appel à l’unité de tous en Afrique et au-delà, pour une meilleure prise en compte du sida dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable et les stratégies sanitaires internationales.

À l’instar de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, le Sénégal est à un tournant décisif dans la lutte contre le sida.  La prévalence y est faible avec un taux de 0,7% depuis 10 ans et une baisse des nouveaux cas d’infection de 50%.  Ces résultats ont pu être possibles grâce à l’engagement continu et au leadership du Président Sall, qui est aussi parrain du Fonds mondial, a expliqué la Ministre.  La vision d’un Sénégal sans sida doit pouvoir s’adosser sur des systèmes forts, pérennes et en parfaite cohérence avec les politiques nationales et les objectifs de développement durable.

M. MOUTARI KALLA, Ministre de la santé publique du Niger, a salué la stratégie 2011-2015 d’ONUSIDA, qui a permis de galvaniser les efforts mondiaux et nationaux afin de réduire l’épidémie de sida et d’inverser la tendance.  Le Niger n’est pas en reste et les indicateurs font état d’une baisse constante de la prévalence du VIH, tandis que le nombre de personnes sous traitements antirétroviraux est en constante augmentation, a fait observer le Ministre, pour qui cette situation a été rendue possible grâce notamment à l’adoption d’un Plan stratégique national 2013-2017 et à l’initiative nigérienne d’accès aux antirétroviraux.  Le Ministre a insisté sur la mobilisation des ressources de l’État dans le cadre de la politique de responsabilité partagée prônée par ONUSIDA.  Ainsi, a-t-il expliqué, la part contributive du pays est passée de 6,72% en 2011 à 55,81% en 2015, reléguant ainsi au deuxième plan les financements extérieurs.

Face à la persistance du défi, M. Kalla a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 offre d’immenses possibilités.  Il faut donc saisir cette occasion pour mettre en place un système de santé solide capable d’intégrer les patients à tous les niveaux de la chaine des services et de prise en charge du VIH.  Pour le Niger, cela implique aussi une baisse considérable des comportements à risque et de la vulnérabilité, notamment chez les filles, les jeunes femmes, les mineurs, les détenus, les migrants et les populations déplacées.  Notant la difficulté à obtenir un consensus sur la notion de « populations clefs », M. Kalla a estimé qu’il fallait laisser à chaque État la latitude de définir sa « population clef » selon son contexte et ses réalités, pour ne laisser personne à la traîne.  En tout état de cause, a-t-il ajouté, il est indispensable d’apporter un appui adéquat aux États en développement, et notamment aux pays les moins avancés, afin qu’ils prennent mieux en compte le VIH dans leurs politiques et stratégies nationales en vue d’atteindre les objectifs de développement durable.

Mme RUXANDA GLAVAN, Ministre de la santé de la République de Moldova, a dit que son pays a développé quelques « pratiques exemplaires » qui démontrent clairement que la seule approche viable est celle qui se concentre sur les personnes infectées, les plus à risque et affectées.  Un des principaux défis nationaux est la prévisibilité financière car en tant que pays à revenu intermédiaire, la République de Moldova pourrait manquer les cibles si des investissements suffisants ne sont pas sécurisés.  Le Ministre a donc appelé à un équilibre entre la solidarité nationale et les engagements nationaux. 

Mme NAZIRA VALI ABDULA, Ministre de la santé du Mozambique, a expliqué que son pays a adapté les cibles proposées dans la Déclaration politique de 2011 à son contexte national grâce à un Plan stratégique national qui s’est traduit par des résultats concrets, soit une baisse de 50% de la transmission par voie sexuelle, l’élimination des infections chez les enfants et une baisse substantielle de la mortalité maternelle liée au sida.  La transmission mère-enfant est passée de 11,9% en 2013 à 6,2% en 2015 et 53% des séropositifs sont sous traitement ARV soit, 800 000 personnes.  Le Mozambique a opté pour une riposte décentralisée et sa stratégie de financement de la santé est divisée entre santé, en général et sida, en particulier, avec un accent sur la mobilisation des ressources nationales.  Le Mozambique s’est également dotée d’une loi, en 2014, qui a une portée multisectorielle et vise à renforcer le combat contre la stigmatisation et la discrimination.  Le pays appuie la Déclaration politique de 2016 et souligne que « chaque nouvelle infection en est une de trop ».  Avec 2 millions de nouveaux cas par an, il faut redoubler d’efforts et augmenter les investissements, a estimé la Ministre.

M. MICHAEL B. MALABAG, Ministre de la santé et du VIH/sida de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a précisé que son pays représente 70% de la population des îles du Pacifique et 95% des cas de VIH.  Selon les estimations, 40 000 personnes vivent avec le VIH dans le pays et le taux de prévalence dans le groupe des 15-49 ans est un véritable défi du développement.  La Papouasie-Nouvelle-Guinée a augmenté son budget de la santé après avoir décidé en 2010 de financer l’accès aux ARV.  Depuis cinq ans, le Gouvernement consacre chaque année environ 5 millions de dollars à l’achat des médicaments.  

M. CHRISTOPHER TUFTON, Ministre de la santé de la Jamaïque, a salué le rôle dirigeant d’ONUSIDA ainsi que les partenariats offerts par le Fonds mondial, le Plan présidentiel d’urgence d’aide à la lutte contre le sida (PEPFAR, partenariat des États-Unis) et par la société civile.  Ces partenariats témoignent de l’approche à adopter pour parvenir à éliminer le sida d’ici à 2030, a-t-il affirmé.  La Jamaïque a fait des progrès importants, a affirmé le Ministre.  Elle a ainsi réduit de 25% le nombre des nouvelles infections, réduit la prévalence du sida parmi les travailleurs du sexe de 9% en 2005 à 2,9% en 2014, et est parvenu à éliminer la transmission mère–enfant, tout en élargissant l’accès aux antirétroviraux.  Il reste néanmoins beaucoup à faire, notamment contre la stigmatisation et la prévalence du VIH parmi les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes et les personnes transgenres.  Le pays a eu du mal à faire passer des réformes législatives dans un environnement marqué par une résistance importante, a reconnu M. Tufton.

Pays à revenu intermédiaire mais aussi petit État insulaire en développement, la Jamaïque souffre de vulnérabilités qui requièrent une attention particulière, a plaidé M. Tufton, qui a redit que déterminer le statut de pays à revenu intermédiaire en se fondant uniquement sur le revenu par habitant ne saurait refléter la situation économique réelle d’un État.  C’est particulièrement dangereux pour la riposte au sida car ce statut a souvent pour effet de barrer l’accès aux donateurs.  Néanmoins, a-t-il assuré, la Jamaïque s’engage à maintenir ses services essentiels pour éviter que ne soit perdu l’élan actuel.  Elle réitère néanmoins son appel aux pays donateurs pour que des pays comme le sien restent éligibles à une aide au moins jusqu’en 2020.

Mme MOUMINA HOUMED HASSAN, Ministre de la femme et de la Famille de Djibouti, a fait part des progrès considérables que son pays a enregistré au cours de ces dernières années en admettant que malgré les efforts consentis, l’épidémie demeure encore une menace avec un taux de prévalence estimée à 1,67% en 2015.  Mais le Gouvernement s’est engagé dès le début à financer l’accès gratuit aux ARV pour toutes les personnes affectées de manière discriminatoire.  Il est le premier de la région à avoir mis en place dès 2007, une loi sur des mesures de protections adaptées à la situation des personnes vivant avec le VIH et des groupes en situation vulnérable.  Il est aussi le premier à avoir ratifié en 2015 la Convention arabe pour la prévention du VIH/sida et la protection des droits des personnes vivant avec le VIH. 

Djibouti a élaboré des politiques et des cadres stratégiques pour réussir une transformation sociale et un développement durable à l’horizon 2030, conscient qu’il doit assurer une participation effective de tous les secteurs.  La Ministre a souhaité le développement et la mise en œuvre de plans sous-régionaux et de soutien technique.  Elle s’est félicitée des « bonnes intentions » de la Déclaration politique adoptée hier mais a réitéré que la communauté internationale se doit de repenser à une stratégie novatrice ancrée dans le strict respect des valeurs socioculturelles et religieuses des uns et des autres.  C’est la meilleure voie pour faire reculer le VIH/sida et mettre fin à l’épidémie à l’horizon 2030, a-t-elle estimé.

M. ISAAC ADEWOLE, Ministre de la Santé du Nigéria, a rappelé que son pays a l’un des plus importants programmes de traitements antirétroviraux en Afrique subsaharienne avec quelque 750 000 bénéficiaires, contre moins de 10 000 en 2002.  L’objectif est de couvrir 2,5 millions de personnes supplémentaires dans trois ans, a ajouté le Ministre.  Le Nigéria a adopté une loi qui pénalise la discrimination à l’encontre de personnes affectées par le sida, prévoyant des peines allant jusqu’à 14 ans de prison, a précisé le Ministre, qui a ensuite détaillé les mesures du Plan stratégique 2010-2015 et rappelé le rôle important joué par le Nigéria pour faire progresser les mécanismes régionaux et sous régionaux de lutte contre le VIH/sida. 

Tout en reconnaissant l’importance des cinq populations clefs identifiées dans la Déclaration, le Ministre a estimé que la course à l’éradication du sida d’ici à 2030 sera incomplète si une large proportion des groupes vulnérables ou les plus à risque que sont les femmes et les enfants lesquelles représentent une large part de la population infectée en Afrique subsaharienne, ne sont pas spécifiquement identifiées.

Mme BERNICE DAHN, Ministre de la santé du Libéria, a rappelé que l’Afrique s’est exprimée de manière collective pour dire sa détermination à vaincre l’épidémie du VIH/sida qui la frappe de plein fouet.  Depuis la Déclaration politique de 2011, le Libéria a enregistré des résultats tangibles puisque le nombre de nouvelles infections et de décès liés au sida a baissé.  La transmission de la mère à l’enfant est passée de 24% à 16% en 2013 et le nombre de personnes vivant avec le VIH sous traitement ARV a augmenté de 12,6% à 25,6%.  Consciente du terrible impact du VIH/sida sur le développement, la Ministre a assuré qu’au cours des dernières années les investissements dans la riposte à ce fléau ont augmenté. 

Toutefois, l’épidémie d’Ebola de 2014-2015 a fragilisé le système sanitaire du Libéria et provoqué la fermeture de nombreux centres de premiers soins, y compris ceux pour le VIH/sida.  De nombreux acquis ont été perdus, a-t-elle regretté.  La priorité est de reconstruire un système de santé fort et résilient pour pouvoir accélérer la riposte au sida.  Il est crucial d’élargir l’accès aux traitements ARV et de booster les efforts de dépistage, ce qui suppose des moyens mais ce qui aura aussi un effet domino positif sur d’autres activités dans le domaine de la santé, a poursuivi la Ministre.

M. ABDOURAHMANE DIALLO, Ministre de la santé de la Guinée, a rappelé que son pays émerge d’une crise dévastatrice causée par l’épidémie à virus Ebola qui a fait au moins 2 544 morts pour 3 814 cas déclarés, soit une létalité de 67%.  Les quelque 1 270 malades guéris restent une préoccupation en matière de surveillance.  Cette épidémie a pu être stoppée grâce à l’aide de la communauté internationale mais a mis en lumière les faiblesses du système de santé, tout en l’affaiblissant, a expliqué le Ministre.  La baisse dans l’utilisation des services de santé s’est répercutée sur les services de dépistage volontaire et la prévention de la transmission mère-enfant dans le cadre de la consultation prénatale.  C’est pourquoi, a poursuivi M. Diallo, les organisations internationales qui ont lutté contre Ebola et qui contribuent aujourd’hui à redresser le système de santé doivent inclure les efforts nécessaires pour compenser les revers subis par les plans de lutte contre le sida.

Après avoir rappelé que son pays soutenait la Déclaration adoptée hier et présenté le bilan de son pays, le Ministre a indiqué qu’actuellement, plus de 35 000 personnes séropositives bénéficient de traitements antirétroviraux, 442 000 femmes enceintes sont conseillées et testées et plus de 13 150 femmes enceintes séropositives ont reçu un traitement prophylactique.  Ces résultats sont toutefois en dessous des objectifs, a reconnu le Ministre, qui a rappelé que, vu la dépendance du pays à l’égard des financements extérieurs, la crise économique mondiale et la pauvreté des États africains, la pérennisation des acquis est menacée.  La lutte contre le VIH/sida est néanmoins une des priorités concrètes du Gouvernement guinéen, a poursuivi M. Diallo, qui a affirmé que son pays est engagé dans la mise en œuvre de la nouvelle approche d’accélération de la riposte.  C’est pourquoi il a lancé un appel à tous, et notamment aux États africains, pour la recherche de solutions novatrices au financement.

M. CHRISTOPHER FEARNE, Ministre de la santé de Malte, a annoncé que lorsqu’il prendra la présidence du Conseil de l’Union européenne en 2017, son pays entend organiser une réunion technique sur le VIH en collaboration avec le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies.  Le but est de réunir les plus grands spécialistes pour trouver comment réaliser les objectifs du Programme de développement à l’horizon 2030, de la Stratégie de la santé de l’OMS et des autres mesures agréées par l’Assemblée générale de l’ONU.  La réunion donnera lieu à une déclaration d’engagement, étant entendu qu’un engagement politique de haut niveau en faveur d’une riposte accélérée est « essentiel ».  Le Ministre a donc dit son intention d’en discuter avec ses homologues européens à la réunion ministérielle prévue à Malte en mars 2017. 

M. MOLWYN JOSEPH, Ministre de la santé d’Antigua et Barbuda, a mis en avant les efforts consentis par son pays pour lutter contre le VIH/sida, indiquant que le nombre des personnes qui reçoivent un traitement a doublé entre 2011 et 2015.  Il a aussi rappelé que ces efforts avaient un coût élevé, à un moment où la « petite » économie du pays est frappée par des chocs extérieurs.  Le Ministre a ainsi déclaré que le fait de présenter la région des Caraïbes comme région « à haut risque » pour les services financiers a déjà eu des effets négatifs sur le secteur bancaire du pays.  À cette situation, il faut ajouter les effets des changements climatiques alors qu’Antigua-et-Barbuda est un des plus petits pollueurs de la planète.  Tout cela ne diminue en rien l’engagement contre le VIH/sida mais montre les barrières qui sont érigées injustement.  Le Ministre a plaidé pour des ressources additionnelles et ciblées de la part de la communauté internationale.

Cela ne veut pas dire que nous restons passifs, a dit le Ministre, en faisant valoir l’accès aux ARV que son gouvernement a pu élargir, ce qui a permis de réduire de 50% le nombre de décès liés au VIH entre 2011 et 2015, alors que la coopération avec les ONG et la société civile aura permis d’améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le sida.  Mais, a-t-il rappelé, un seul ouragan peut balayer des acquis de la croissance « durement engrangés ».  Le pays attend donc « avec angoisse » les quatre mois à venir à savoir, la saison des cyclones, les changements climatiques ayant rendu les phénomènes météorologiques « imprévisibles, puissants et destructeurs ».

M. AARON MOTSOALEDI, Ministre de la santé de l’Afrique du Sud, a déclaré que son pays avait le plus large programme du VIH/sida du monde, avec plus de 3,4 millions de personnes en cours de traitement antirétroviral.  « Nous allons redoubler d’efforts pour prévenir de nouvelles infections à travers une approche multisectorielle, biomédicale, socioéconomique, culturelle et comportementale », a-t-il assuré.  Si l’Afrique du Sud finance elle-même 60% de ces efforts, elle bénéficie également de l’appui crucial du Fonds mondial.

Saluant la baisse du prix des antirétroviraux, le Ministre a souhaité davantage de progrès sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) et la santé publique, s’agissant des médicaments pédiatriques et de la polythérapie contre la tuberculose multi-résistante.  Préoccupé par le fait que les inégalités entre les hommes et les femmes entretiennent l’épidémie, il a mis l’accent sur l’autonomisation des femmes et des adolescentes et la lutte contre la violence sexuelle et sexiste.  Une nouvelle campagne va cibler les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans et les hommes généralement âgés de 24 à 35 ans qui les infectent.   

M. PATRICK PENGEL, Ministre de la santé du Suriname, a indiqué que son gouvernement entend redynamiser les procédures accélérées d’éradication du VIH/sida.  Le pays, qui finance à hauteur de 60% la lutte contre l’épidémie, patine dans la réalisation de la cible 90-90-90.  Une franche collaboration avec la société civile est cruciale pour toucher les populations clefs et une coopération multisectorielle doit être intégrée dans toutes les politiques de lutte contre le VIH/sida.  Le Ministre a souligné que la coopération Sud-Sud et la collaboration internationale sont des chances à saisir.  Il a enfin reconnu que la lutte contre la stigmatisation et la discrimination est un prérequis pour atteindre la cible 90-90-90.

Depuis l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing en 1995, le fait est que la situation des femmes et des filles dans le monde, en particulier en Afrique, n’a pas évolué assez vite, a reconnu M. OMAR SEY, Ministre de la santé de la Gambie.  Trop de filles et de jeunes femmes sans emploi se retrouvent dans le commerce du sexe qui les expose au risque d’infection par le VIH.  De plus, dans beaucoup de sociétés, les mariages précoces et les pratiques traditionnelles néfastes restent monnaie courante.  En Afrique subsaharienne, a précisé le Ministre, une nouvelle infection sur cinq touche les filles et les jeunes femmes, qui courent un risque trois fois plus élevé que leurs partenaires masculins. 

Pour sa part, la Gambie a interdit la mutilation génitale féminine, a expliqué M. Sey.  De même, la parité des sexes est garantie dans l’éducation primaire et secondaire qui est gratuite pour tous.  Il a souligné l’importance de la prévention de l’infection de la mère à l’enfant.  La croissance économique bénéficie des femmes en bonne santé et c’est un moteur pour réduire la pauvreté, une des causes profondes de la vulnérabilité des femmes au VIH, a-t-il conclu, avant de saluer le réseau d’organisations qui, dans son pays, aide les personnes vivant avec le VIH/sida.

M. MAMY LALATIANA ANDRIAMANARIVO, Ministre de la santé du Madagascar, a expliqué que la prévalence du VIH/sida se situe autour de 0,3% dans la population générale des 15 à 49 ans, mais a insisté sur le fait que les populations clefs sont les homosexuels avec 14,8%, les consommateurs de drogues injectables avec 7,1% et les professionnels du sexe avec 1,3%).  Selon le Ministre, les facteurs de vulnérabilité sont bien réels comme l’âge précoce des premiers rapports sexuels, l’incidence élevée des infections sexuellement transmissibles et la multiplication des partenaires sexuels ainsi que la faible utilisation des préservatifs.  Compte tenu de ces éléments, le Ministre a estimé que Madagascar n’est pas à l’abri d’une explosion de l’épidémie et pour l’éviter, il a préconisé de se focaliser sur les interventions à fort impact; l’intégration de la riposte dans tous les secteurs de développement national et le renforcement du système de santé.  Madagascar a mis en place un Comité national de lutte contre le sida et un Plan national de développement conforme aux objectifs de développement durable qui offrira les conditions nécessaires à l’intégration et à l’accélération de la riposte multisectorielle.  D’ici à 2017, ce Plan devrait permettre de réduire de moitié le nombre des nouvelles infections parmi les populations clefs et dans la population en général, et de faire passer le taux de transmission de la mère séropositive à l’enfant à 5%.

M. FELIX KABANGE, Ministre de la santé de la République démocratique du Congo (RDC), a rappelé que l’épidémie du VIH/sida a connu une baisse notable dans le monde, y compris dans son pays qui compte désormais une prévalence au VIH de 1,2%.  Il a ainsi salué le soutien consenti par la communauté internationale, notamment à travers le Fonds mondial et le Plan présidentiel d’urgence d’aide à la lutte contre le sida des États-Unis (PEPFAR).  Il a relevé que les enfants sont durement affectés par la maladie, promettant que la RDC va s’atteler à faire baisser la transmission de la mère à l’enfant.  Il a en outre relevé que l’expérience de la lutte contre le VIH/sida pourrait s’étendre à d’autres épidémies comme Ebola que le pays a vaincu par le passé, à sept reprises, s’est-il enorgueilli.  Ce succès, a-t-il expliqué, s’appuie sur une politique nationale qui place les communautés au centre de la réaction nationale.  Il a aussi affirmé que la RDC a lancé l’initiative 90-90-90 depuis décembre 2015, ajoutant que la lutte contre le VIH avait commencé en RDC avec la découverte des 53 premiers cas.  « La fin du VIH partira également de la RDC », a promis le Ministre, en indiquant que son pays entend désormais octroyer 100 000 dollars par an à l’ONUSIDA, et ce dès cette année.

Au nom du Conseil de coopération du Golfe, M. SALAH ALAMR, Vice-Ministre de l’économie et de la planification de l’Arabie saoudite, a appelé la communauté internationale à assumer sa responsabilité collective pour mettre un terme au Sida.  Il a expliqué que les pays du Golfe n’étaient que peu touchés par cette maladie, grâce aux valeurs religieuses et culturelles.  Cela n’a pas empêché le Qatar d’adopter un Programme national de lutte contre le VIH/sida qui est fortement axé sur la prophylaxie et le dépistage tout en luttant contre la stigmatisation des personnes qui vivent avec cette maladie.  Les Émirats arabes unis ont également mis en place un programme de prévention et le Koweït assure un traitement gratuit aux personnes infectées, a expliqué le Ministre.  Au Bahreïn, un Comité national de prévention a été créé et le pays s’est doté d’une stratégie multisectorielle alors que l’Arabie saoudite s’engage à traiter les personnes infectées de manière confidentielle.  À Oman, il existe un programme national de lutte contre le VIH/sida qui met l’accent sur le dépistage précoce et la lutte contre la discrimination.  Dans l’ensemble, les pays du Golfe respectent la Charte de Riad qui exige que l’on apporte les soins requis aux personnes atteintes par le VIH/sida, a encore précisé M. Alamr.

M. MASAKAZU HAMACHI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, a indiqué que son pays avait toujours plaidé en faveur du concept de la sécurité humaine et d’une couverture sanitaire universelle, qui fait d’ailleurs partie des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il faut que la prévention du VIH et de la coinfection VIH/tuberculose soit accessible au monde entier, à travers l’usage des préservatifs, l’éducation, le diagnostic et les soins de santé.  Le Vice-Ministre a également souligné l’importance de répondre aux besoins des populations les plus affectées par l’épidémie du VIH/sida, comme les travailleurs du sexe et les toxicomanes, en mobilisant d’importantes ressources financières et humaines, y compris dans les pays en développement. 

Lors du Sommet du G8 de 2000 qui s’est tenu à Kyushu-Okinawa, a rappelé M. Hamachi, le Japon a inscrit pour la première fois le contrôle des maladies infectieuses à l’ordre du jour, ouvrant ainsi la voie à la création du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Le mois dernier, s’est-il félicité, le Japon a accueilli le Sommet du G7 à Ise Shima, à l’occasion duquel les participants se sont engagés à renforcer l’architecture mondiale de la santé et la réponse aux situations sanitaires d’urgence. 

Pour Mme TONE SKOGEN, Ministre des affaires étrangères adjointe de la Norvège, les déterminants de l’épidémie du sida sont la pauvreté, les inégalités, l’exclusion sociale, la discrimination, les inégalités entre les sexes et les normes et perceptions de la masculinité.  La nouvelle stratégie proposée par ONUSIDA apporte, selon elle, la direction à suivre pour contrecarrer ces facteurs.  Au cours des 15 dernières années, la Norvège n’a cessé d’investir dans la santé à l’échelle mondiale, notamment par son soutien au Fonds mondial, à ONUSIDA, à UNITAID et aux organisations de la société civile.  Elle s’est également associée à la stratégie mondiale pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents partant du principe que mettre un terme à l’épidémie du sida est un facteur important pour atteindre les objectifs de la stratégie mondiale.  La Ministre a rappelé que le mécanisme de financement de la campagne « Chaque femme, chaque enfant » a été mis en place pour combler le déficit financier dans les pays les plus touchés et leur permettre de réaliser ces cibles.  Ce Fonds est conçu pour encourager les investissements nationaux tout en mobilisant les ressources internationales, a–t-elle expliqué. 

Pour la Norvège, la notion d’appropriation nationale est importante pour le succès des programmes antisida, les financements internationaux ne devant être vus que comme les catalyseurs des financements nationaux.  La Ministre a salué le fait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 intègre la lutte contre le VIH/sida dans une perspective plus large et la sorte ainsi de son isolement.  La Norvège plaide en outre en faveur d’une éducation de qualité, ce que la Ministre a justifié par le fait que lorsque la fréquentation scolaire est élevée, les taux d’infection par le VIH des jeunes baissent, indépendamment du sexe.  Par bonne éducation, elle a dit entendre également éducation sexuelle et sur la santé reproductive.  D’ailleurs la Norvège insiste sur la nécessité d’associer les jeunes au travail de lutte contre cette pandémie.  « Nous sommes à un virage décisif dans la lutte contre le sida.  Au cours des prochains jours, unissions nos forces et engageons-nous à finir ce que nous avons commencé », a conclu la Ministre.

Mme DEBORAH BIRX (États-Unis) a évoqué des initiatives nationales telles que le Plan présidentiel d’urgence d’aide à la lutte contre le sida (PEPFAR).  Mais, a-t-elle prévenu, des segments de la population courent le risque d’être laissés de côté dans la riposte mondiale au VIH/sida, a-t-elle déclaré, citant ainsi les hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes, les transgenres, les travailleurs du sexe, les gens qui s’injectent de drogues et les prisonniers.  Il faut lever les barrières qui se dressent devant elles: le déni de leurs droits humains; l’absence de contrôle de la stigmatisation et de la discrimination; celle de services de qualité; le manque de capacités des communautés de base pour non seulement plaider pour le changement des politiques mais aussi pour gérer directement les services.

La représentante s’est dite « fière » d’annoncer que les États-Unis vont créer, dans le cadre du Plan présidentiel, un nouveau fonds d’investissements de 100 millions de dollars pour les « populations clefs ».  Ce fonds, a-t-elle expliqué, va soutenir des approches novatrices, ciblées et communautaires pour faire face aux questions essentielles et combler les fossés qui existent chez ces populations clefs, s’agissant de la riposte au VIH/sida.  Ce fonds d’investissement va s’atteler à identifier, mesurer et changer la dynamique complexe de la stigmatisation et de la discrimination.  Le fonds va financer des approches globales pluriannuelles.  La représentante a encouragé d’autres donateurs des secteurs public et privé à rejoindre cet effort unique.  Elle a par ailleurs souligné que le système d’assurance médicale de l’État américain a permis de prendre en charge des millions de gens, y compris ceux infectés par le VIH.  Elle s’est félicitée du fait que 87% des personnes infectées connaissent leur statut sérologique aux États-Unis, notant également que les cas de nouvelles infections ont baissé de 20% au cours de la dernière décennie, même si des discriminations sont toujours visibles au sein de la population homosexuelle, des hommes bisexuels, des Africains-américains, les personnes d’origine latine, les femmes transgenres et les personnes vivant avec le VIH, notamment dans le sud du pays.

Pour M. MARTIN BILLE HERMANN, Secrétaire d’État pour les politiques de développement du Danemark, la riposte globale au VIH/sida est à un tournant important qui ne se négociera pas automatiquement.  Il est important de mettre l’accent sur les efforts de prévention, puisque les traitements s’améliorent, même s’ils ne sont toujours pas accessibles à tout le monde.  Constatant que le nombre de nouveaux cas dans le monde ne baisse pas, il a insisté sur la prévention, en particulier dans les populations les plus à risque et sur l’information de la population générale.  Il faut, a insisté M. Hermann, répondre à la demande d’informations et de services, y compris de contraception.  Les populations les plus à risques doivent pouvoir accéder aux services nécessaires sans aucune discrimination.  « Ne laissons pas les tabous d’hier entraver les résultats de demain », a déclaré M. Hermann.  S’agissant des jeunes, et surtout des jeunes femmes, les plus concernés par les nouveaux cas d’infections, il a insisté sur le rôle de l’école et autres pour les sensibiliser aux risques et aux moyens de se protéger.  Le Danemark reste engagé à travailler avec tous les partenaires de la lutte contre le Sida, y compris la société civile, a-t-il assuré.

M. ALEXEY TSOY, Vice-Ministre de la santé et du développement social du Kazakhstan, a mentionné l’augmentation nette de nouvelles contaminations dans la région d’Asie centrale, principalement chez les usagers de drogues par injection, avant d’indiquer que le taux de prévalence du VIH dans son pays est stable, à 0,2%.  Cela a été rendu possible grâce à l’intervention précoce du Gouvernement du Kazakhstan et à ses politiques appropriées, a-t-il dit, assurant de la détermination de son pays à partager son expérience avec les autres pays en développement.  Il a précisé que les traitements sont entièrement pris en charge par l’État, sans aide internationale, depuis que le Kazakhstan était entré dans la catégorie des pays à revenu moyen supérieur.

Nous nous sommes assigné des objectifs ambitieux dans la fourniture de services et l’élargissement de l’accès aux traitements, a-t-il déclaré.  Indiquant que son pays était prêt à aider les pays en transition, M. Tsoy a affirmé que ces derniers auront besoin d’aide pour mettre en œuvre les recommandations de l’OMS et d’ONUSIDA mais aussi pour combattre la marginalisation des personnes malades grâce à des programmes de prévention et de sensibilisation.  Les populations les plus à risque au Kazakhstan se voient offrir gratuitement des seringues, des préservatifs et des traitements pour les maladies sexuellement transmissibles, la tuberculose et l’hépatite B.  Le Kazakhstan a les capacités et la volonté politique d’atteindre les objectifs de la Déclaration politique, a conclu le Vice-Ministre.

M. MIGUEL MAYO, Vice-Ministre de la santé de Panama, a rapporté 23 736 cas de VIH dans son pays, de 1984 à 2015.  Pour compléter le plan multisectoriel national, le pays compte sur l’appui indispensable de la société civile.  Au titre des stratégies mises en œuvre, le Vice-Ministre a cité la création de 15 cliniques de thérapie antirétrovirale, l’expansion prochaine des services destinés aux personnes vivant avec le VIH, ou encore le suivi médical gratuit des patients.

Le dépistage des femmes enceintes a permis de faire passer la prévalence de la transmission de la mère à l’enfant à 3,7% en 2015, a continué le Vice-Ministre.  Il a jugé crucial l’accès de la femme à l’éducation, et précisé que l’âge légal du mariage avait été repoussé.  De plus, l’État finance à 100% huit cliniques qui accueillent des homosexuels, des prostituées et des femmes transsexuelles.  Il a souligné que la Première Dame du Panama, Mme Lorena Castillo, est Ambassadrice de l’ONUSIDA pour l’Amérique latine et les Caraïbes.     

M. MARIO GIRO, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Italie, a salué les progrès des 15 dernières années de la campagne globale contre le VIH/Sida, mais s’est dit conscient du risque d’un recul si on rate les dernières étapes de cet effort.  Il a salué le changement d’approche qui découle des objectifs de développement durable dans la mesure où le Programme 2030 intègre la lutte contre le sida dans la perspective plus large de développement.  Il a rappelé que dans son pays cette lutte est toujours une priorité nationale.  D’ailleurs, l’Italie fait partie des pays qui soutiennent le Fonds mondial et envisage d’augmenter sa contribution de 30% à partir de cette année, ce qui sera annoncé officiellement en septembre prochain.  L’Italie soutient également la notion de renforcement de la résilience des systèmes de santé et insiste sur les investissements nécessaires dans le capital humain qui doivent s’accompagner d’un accès généralisé aux médicaments.  Le Ministre est conscient des problèmes d’approvisionnement en ARV pour les pays du Sud et a encouragé la recherche de solutions, compte tenu des conséquences économiques et sociales du VIH/Sida.  Il a aussi encouragé les alliances globales entre gouvernements, société civile, secteur privé, communauté scientifique et chercheurs pour réussir à relever le pari de la riposte mondiale au VIH/sida à l’horizon 2030.

Mme MARIA TERESA BARAN, Vice-Ministre de la santé publique du Paraguay, a mis en avant le programme national de contrôle du VIH/sida lancé dès 1988 dans son pays.  Les dernières études y révèlent que c’est par voie sexuelle que se transmet le plus fréquemment l’infection, chez les jeunes âgés de 20 à 34 ans.  Elle touche plus d’hommes que de femmes, en majorité dans la capitale, la zone métropolitaine et frontalière. 

Toutefois, grâce à des services intégrés et aux traitements antirétroviraux, le Paraguay a réussi à stabiliser les taux d’infection et de mortalité, a expliqué la Vice-Ministre.  Il est fondamental, a-t-elle dit, que les personnes les plus affectées par l’épidémie de VIH et le sida, notamment les homosexuels, les travailleurs du sexe, les toxicomanes, les personnes transgenres, les détenus et les peuples autochtones, se voient garantir l’accès à des services de santé de qualité et sans discrimination.  Elle a lancé un appel pour que soient augmentés les investissements mondiaux afin de prévenir et de traiter le VIH.  

M. CARLOS FORADORI, Vice-Ministre des affaires étrangères et du culte de l’Argentine, a assuré que son pays appliquait pleinement la stratégie 2016-2021 de l’ONUSIDA.  Il s’est dit convaincu que la promotion et la protection des droits des femmes et des filles, leur autonomisation et l’égalité des sexes étaient des conditions fondamentales pour mettre fin à l’épidémie.  De même, une couverture de santé universelle, la protection de la santé sexuelle et génésique des jeunes et des adolescentes, l’éducation sexuelle et l’accès aux médicaments et à des services de santé de qualité sont essentiels pour prévenir et combattre l’épidémie.  

L’Argentine a mis au point une politique publique de prévention et d’accès tant au diagnostic qu’aux traitements, a poursuivi le Vice-Ministre.  La réponse au VIH implique de multiples acteurs de la société civile, y compris des personnes vivant avec le VIH et les populations clefs.  Il a indiqué que sa délégation comprenait « la première fonctionnaire ouvertement transgenre de l’Argentine ».

« Il faut accélérer et intensifier notre réponse au VIH », a lancé Mme TANIA DUSSEY-CAVASSINI, Secrétaire d’État à la santé de la Suisse.  D’après elle, il faut davantage prendre en considération les déterminants sociaux, économiques et politiques de l’épidémie, tels que la pauvreté, l’inégalité, l’exclusion sociale, la discrimination, dont la pénalisation des rapports sexuels entre personnes du même sexe ou des usagers de drogues par injection.

« Nous devons renforcer les systèmes de santé », a poursuivi la Secrétaire d’État.  En 2015, a-t-elle précisé, la Suisse a contribué à ce que 1 million de jeunes femmes et hommes en Afrique australe accèdent à des services de santé sexuelle et reproductive, y compris en matière de VIH/sida.  Ensuite, il faut « poursuivre systématiquement une approche centrée sur les droits de l’homme » et « adopter une approche ciblée », axée sur les lieux et les populations qui sont les plus touchées par l’épidémie.  La Suisse, par exemple, a eu des succès dans sa lutte contre la propagation du virus grâce à une action politique ciblée avec les consommateurs de drogues par injection. 

M. JAROSLAW PINKAS (Pologne) a insisté sur le rôle actif joué par la Pologne dans le développement et le processus d’adaptation d’ONUSIDA pour les années 2016 à 2021.  Il a rappelé que la Pologne fait partie des premiers pays d’Europe de l’Est à avoir offert un traitement antirétroviral et des soins aux personnes vivant avec le virus.  Le taux de prévalence du virus est très bas en Pologne, a-t-il dit, ajoutant qu’un millier de nouveaux cas était recensé chaque année dans son pays.  Le représentant a affirmé que le programme de la Pologne visant à combattre le VIH/sida était basé sur les principes de la dignité humaine et du respect des droits humains, avant de préciser que le budget consacré aux traitements antirétroviraux s’était élevé en 2015 à 75 millions de dollars.  Il a également affirmé que le taux de contamination intra-utérine était passé de 23% en 1989 à zéro aujourd’hui.  En Pologne, les tests de détection sont gratuits, anonymes et accessibles à tous, y compris aux migrants, a-t-il dit.  Enfin, M. Pinkas a réitéré l’engagement de son pays en faveur de la stratégie visant à mettre un terme à l’épidémie du VIH/sida d’ici à 2030.

Mme VERONICA ESPINOZA, Vice-Ministre de la gouvernance et du contrôle sanitaire de l’Équateur, a mis l’accent sur la nécessité de réaliser tous les droits de l’homme et de préserver la dignité de toutes les personnes qui vivent avec le VIH, de celles qui risquent d’être infectées ou sont touchées ainsi que leur famille.   Elle a dit les efforts faits par son pays pour garantir une couverture médicale universelle à tous ses habitants, dont un accès gratuit aux traitements antirétroviraux à toute personne vivant avec le VIH.  Les investissements de l’Équateur ont permis de réduire de 43% le nombre de personnes touchées par le VIH/sida.  En la matière, le pays reconnaît l’importance « décisive » de la collaboration entre le Gouvernement et la société civile.  L’histoire parlera de nos succès mais aussi de nos échecs, a prévenu la Vice-Ministre, ajoutant que la société aura des comptes à rendre aux générations futures si elle laisse les lobbies freiner l’accès universel aux traitements antirétroviraux « pour des raisons bassement financières ».  Mme Espinoza a particulièrement fustigé les sociétés transnationales responsables quotidiennement de violations des droits de l’homme.  

M. JUNG KI-SUCK (République de Corée) a plaidé pour un renforcement des programmes de prévention, rappelant que seules 50 000 personnes parmi les 3 millions qui ont un risque très élevé d’exposition au VIH/sida prenaient des médicaments préventifs, avant toute exposition au virus.  Nous devons investir dans la recherche afin de soutenir la demande de médicaments préventifs, a-t-il dit.  Il a estimé que la cible de 90-90-90 ne pourra être atteinte que par la fourniture universelle de traitements et soins.  Mon gouvernement, a-t-il affirmé, prend à sa charge les coûts des thérapies antirétrovirales depuis 1989.  Le taux d’accès aux traitements sur les trois dernières années était de 92%.

Le représentant a jugé essentiel de réviser les politiques et législations afin d’éliminer les discriminations qui frappent les personnes malades et d’investir dans les efforts de recherche afin d’améliorer les diagnostics et les vaccins thérapeutiques.  L’innovation sera cruciale pour mettre un terme à l’épidémie de VIH/sida, a-t-il insisté, avant de revenir sur les mesures prises pour lutter contre l’épidémie du VIH/sida dans son pays, malgré le faible taux de prévalence, indiquant notamment que des centres de dépistage anonymes et gratuits ont été mis en place et que les thérapies antirétrovirales sont accessibles à toutes les personnes malades.

M. PATRICK NDIMUBANZI, Ministre de la Santé publique du Rwanda, a dit que les progrès observés aujourd’hui en matière de lutte contre le VIH/sida sont le fruit de la solidarité mondiale.  Pour atteindre les objectifs fixés en matière de prévention et la cible 90-90-90 d’ONUSIDA d’ici à 2020 et mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030, il faudra pouvoir compter sur des ressources prévisibles, a prévenu M. Ndimubanzi.  À cet égard, il a dit la nécessité d’assurer une transition souple entre les financements internationaux et nationaux.  Nous ne pourrons atteindre la cible 90-90-90 que si nous adoptons des approches novatrices, notamment l’approche dépistage-traitement mais l’approche « spécificité des contextes nationaux », a-t-il insisté.

M. OLEG GORIN, Ministre adjoint de la santé du Kirghizistan, a indiqué que malgré des acquis considérables, le nombre de nouveaux cas de sida augmente de 10% chaque année, ce qui est inquiétant.  Il a constaté une féminisation du sida, ainsi qu’une augmentation significative chez les enfants de moins de 15 ans qui sont souvent usagers de drogues par injection et dont le taux de prévalence se situe autour des 5%.  Il a reconnu que le dépistage se fait malheureusement souvent à une étape avancée du VIH, ce qu’il a imputé à la stigmatisation persistante.  Le Gouvernement a opté pour une approche multisectorielle, mais le Ministre a déploré un manque de ressources pour financer le programme national.  37% des adultes et 79% des enfants séropositifs ont toutefois accès aux ARV grâce à l’aide internationale, a-t-il expliqué, et des progrès importants ont été enregistrés dans les tendances des nouvelles infections.  Cependant, sans un soutien financier continu, ces acquis seront perdus, a-t-il averti, en invoquant notamment la problématique plus large au niveau de toute la région.  Il a proposé de se concentrer sur les efforts concernant les défis auxquels se heurte cette région.

M. VICTOR TERRERO ENCARNACION (République dominicaine) a indiqué que l’île d’Hispaniola comptait 80% des cas de VIH/sida enregistrés dans la région des Caraïbes et qu’il fallait absolument intensifier les efforts pour contrôler l’épidémie, en prêtant une attention particulière aux communautés LGBT, aux travailleurs du sexe, aux femmes peu scolarisées, aux toxicomanes, aux handicapés et aux migrants.

La République dominicaine lutte contre la stigmatisation et la discrimination, en particulier sur le lieu de travail, conformément à la recommandation 200 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a assuré le représentant.  Un groupe national pour l’élimination de toutes les formes de stigmatisation et de discrimination a d’ailleurs été créé en vue d’élaborer une loi pour protéger les droits de l’homme des personnes à risque.  Le pourcentage de personnes recevant un traitement antirétroviral a également augmenté, notamment chez les femmes enceintes, ce qui contribue à la prévention de la transmission de la mère à l’enfant. 

M. TAREK SALMAN, Vice-Ministre de la santé de l’Égypte, à assurer des efforts de son pays pour accélérer la riposte contre le VIH et mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030.  Il a cité la stratégie nationale 2015-2020 basée sur les droits de l’homme, le droit à la protection de tous, l’accès aux méthodes de prévention et de traitement et l’égalité des sexes devant les services de santé.  Nous avons aussi lancé des programmes d’éducation et de sensibilisation pour les plus vulnérables », a dit le Vice-Ministre, avant de parler des efforts de coopération avec les voisins arabes et africains.  Il a invité tous les partenaires à redoubler d’efforts pour combler le fossé qui sépare le continent africain du reste du monde en matière de financement.  Nous essayons d’élargir nos services de prévention et de traitement afin que ceux qui sont touchés par le VIH/sida puissent vivre plus longtemps, a-t-il ajouté.  Le Ministre n’a pas manqué de fustiger ce qu’il a nommé « les pratiques dangereuses » comme l’homosexualité et la prostitution, en estimant que « ces phénomènes » font partie du problème et non de la solution.  

M. HAMISI A. KIGWANGALLA, Ministre adjoint de la santé, du développement communautaire, du genre, des personnes âgées et de l’enfant de la République-Unie de Tanzanie, a rappelé que l’Afrique subsaharienne reste la région la plus frappée par l’épidémie et a appelé à une action urgente et exceptionnelle pour infléchir son impact désastreux, en particulier sur le développement.  Avec 1,5 million de personnes infectées en Tanzanie, dont une grande proportion de femmes et d’adolescents (surtout des filles), le Ministre a dit vivre de près cette réalité.  Il a fait état des acquis significatifs en termes de réduction des nouvelles infections et des décès liés au sida, soit 40% entre 1990 et 2014.  Le nombre de personnes sous traitement a augmenté régulièrement pour se situer autour de 60% avec un pic chez les enfants grâce à l’option B+6. 

Le Gouvernement a également mis en place un Fonds de lutte contre le sida pour augmenter la part des financements propres, publics et privés, dans la riposte nationale.  Par ailleurs, le programme « dépister et traiter » a été lancé dans certains district, en attendant de pouvoir le faire à l’échelle nationale de manière progressive, en attendant le renforcement des capacités du personnel sanitaire et des systèmes logistiques, a précisé le Ministre.  Il s’est dit confiant qu’avec l’aide du Fonds présidentiel d’urgence de lutte contre le sida, du Fonds mondial, de la famille onusienne et des partenaires bilatéraux, la Tanzanie sera en mesure d’atteindre la cible 90-90-90 d’ici à 2020 et de venir à bout du sida d’ici à 2030.  Pour cela, il va falloir assurer une éducation préventive, garantir l’accès aux médicaments abordables et efficaces; développer un vaccin; assurer la couverture de santé universelle; réduire le nombre des décès dus à la tuberculose liés au VIH, et produire localement les médicaments contre le VIH/sida.

M. DARSHAN PUNCHI, Ministre de la santé du Pakistan, a affirmé que la prévalence du VIH/sida au Pakistan reste « heureusement » en deçà de 1% dans la population générale et que les personnes qui sont principalement touchées sont les utilisateurs de drogues injectables pour lesquels ce taux se situe autour de 27,2%, puis les professionnels du sexe transgenre, 5,2% et les femmes professionnelles du sexe, 0,6%.  Ces groupes les plus à risque sont essentiellement présents dans les zones urbaines.  La riposte nationale du Pakistan, à la fois en termes de prévention et de traitement, a commencé avec la mise en place d’un Cadre stratégique national qui s’adosse sur une volonté politique ferme du Gouvernement.  Le Plan stratégique III met l’accent sur des interventions ciblées de qualité auprès des groupes les plus à risque.  Il s’agit d’une approche coordonnée et multisectorielle qui cible tout vecteur et conséquence potentielle, a expliqué le Ministre qui a estimé qu’il s’agit d’une véritable question transversale de développement.  Il a ajouté que la pauvreté contribue beaucoup à la propagation de la maladie.  Par conséquent, la lutte contre le sida et l’élimination de la pauvreté doivent être menées ensemble, et cela ne peut se faire sans une coopération active et déterminée de la part de la communauté internationale qui doit venir en aide aux pays en développements.  Le Pakistan soutient la nouvelle Déclaration politique et s’engage à réaliser la cible 90-90-90 fixée par ONUSIDA.

« Qui aurait cru que 17 millions de personnes seraient un jour sous traitement antirétroviral?» s’est réjouie Mme FELICITY HARVEY, Directrice générale du Département de la santé du Royaume-Uni, insistant sur les progrès « remarquables.  Mais tout en saluant le succès que constitue la Déclaration politique adoptée hier, elle a rappelé qu’en 2015, 22 millions de personnes séropositives n’avaient toujours pas accès au traitement antirétroviral.  Il faut donc s’attaquer aux obstacles sociaux et structurels à l’accès à la santé, y compris la mauvaise qualité des soins, les difficultés économiques, la stigmatisation et la discrimination, les pratiques et les croyances néfastes, l’inefficacité des systèmes de prestation de services, la malnutrition et le manque de nourriture.  Pour éliminer le sida d’ici à 2030, la représentante du Royaume-Uni a souligné qu’il faut se concentrer sur les personnes et les pays qui ont le plus besoin d’aide.  Elle a voulu que l’on continue à exercer des pressions sur les gouvernements pour qu’ils s’occupent de la santé de leurs citoyens.

Pour M. XIA GANG (Chine), le sida est non seulement une question de santé publique mais aussi une question sociale.  La Chine a mis en place les mécanismes nécessaires pour contenir cette épidémie, l’objectif étant de garantir aux personnes infectées leur droit à la santé.  La riposte nationale a permis de limiter les nouveaux cas et de faire baisser les taux de mortalité liés au sida ainsi que les taux de transmission de la mère à l’enfant.  Les malades reçoivent des soins médicaux gratuits, a encore précisé l’intervenant, saluant l’approche d’ONUSIDA pour une riposte accélérée avec sa cible 90-90-90 d’ici à 2020 qui donne des directives claires d’ici à 2030.  La Chine appuie l’adoption de la Déclaration politique adoptée hier et appelle à une mobilisation collective de la communauté internationale pour garantir son succès.

Il faut pour ce faire relever les défis en associant les pays en développement à la riposte et leur garantir des financements et des appuis techniques nécessaires.  Il faut aussi répondre à la demande de traitement et de dépistage et débloquer les financements nécessaires.  La Chine demande aux sociétés pharmaceutiques de prendre les mesures qui s’imposent pour faire baisser le prix des médicaments et dénonce les risques de monopole.  Pour sa part, le Gouvernement chinois s’est doté d’un Plan d’action multisectoriel de prévention et de traitement et vise à instaurer une couverture médicale universelle.

M. JORGE LASTRA TORRES, Directeur des réseaux d’assistance du Ministère de la santé du Chili, a salué les nouveaux outils de la coopération internationale, comme l’Initiative sur la communauté de brevets de médicaments lancée par ONUSIDA.  Le Chili participe aux efforts visant à rendre les traitements plus accessibles aux moins fortunés, a-t-il assuré, en soulignant le fossé économique qui existe entre pays aux divers niveaux de développement et à l’intérieur des pays eux-mêmes.  Il a également jugé nécessaire d’approfondir la coopération entre les gouvernements et la société civile. 

Le Directeur a préconisé de s’adapter aux réalités épidémiologiques, sociales et culturelles des pays et de leurs communautés, y compris les autochtones.  De même, aux niveaux national et international, il faut « des politiques qui favorisent le développement humain et la solidarité et qui reconnaissent la diversité comme une richesse culturelle ».  Pour le Gouvernement chilien, le respect des droits des personnes qui vivent avec le VIH et se trouvent dans des situations de grande vulnérabilité constitue non seulement un impératif éthique mais une condition essentielle pour contrôler l’épidémie, a-t-il conclu.  En outre, la prévention fait partie de la stratégie nationale de santé.  

Table ronde 3: « Devancer la crise imminente des traitements: un plan d’action pour atteindre la cible 90-90-90 »

Cette table ronde était coprésidée par le Premier Ministre du Swaziland, M. BARNABAS S. DLAMINI, et son homologue de l’Ouganda, M. RUHAKANA RUGUNDA. 

La cible 90-90-90, qui était au centre des échanges, fait référence aux cibles que l’ONUSIDA a établi en 2014: d’ici à 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur séropositivité, 90% des personnes conscientes de leur séropositivité ont accès au traitement, et 90% des personnes sous traitement n’ont plus de charge virale.

En Algérie, a affirmé M. ABDELMALEK BOUDIAF, Ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière de l’Algérie, la couverture médicale est universelle et garantie par la Constitution.  La prise en charge des personnes infectées par le VIH est faite par l’État, y compris les étrangers qui n’ont pas de statut légal dans le pays.  Il faut tout faire pour que les obstacles financiers et géographiques n’empêchent pas les populations les plus vulnérables d’accéder aux soins.

90% des antirétroviraux utilisés dans le monde sont fabriqués en Inde, s’est enorgueilli M. JAGAT PRAKASH NADDA, Ministre indien de la santé et de la famille.  Nous sommes « la pharmacie du monde », a-t-il déclaré, avant de révéler que c’est grâce aux accords signés entre son gouvernement et les compagnies pharmaceutiques que l’Inde peut offrir des médicaments à moindre coût au reste du monde. 

Le Nigéria travaille avec l’aide du Fonds mondial, a indiqué M. ISAAC FOLORUNSO ADEWOLE, Ministre nigérian de la santé publique, dont le pays compte plus de deux millions de personnes qui vivent avec le VIH.  Faute de moyens importants, les autorités ciblent trois États chaque année pour des campagnes de dépistage et de prise en charge des personnes infectées, avec l’objectif d’assurer des soins à 3 millions 200 000 personnes d’ici à 5 ans.

Au dernier Sommet du G7 au Japon, a rappelé M. HERMAN GROHE, Ministre de la santé de l’Allemagne, les participants se sont engagés à soutenir la lutte contre le VIH/sida dans 76 pays.  Dans cette optique, l’Allemagne a accru sa contribution au Fonds mondial, mais pour atteindre toutes les populations clefs à travers le monde, notamment les victimes de la discrimination, il faudra que les gouvernements prennent leurs responsabilités. 

En Haïti, nous devons renforcer les capacités du personnel médical, a reconnu son représentant.  Au Bénin, seul 43% des personnes connaissent leur statut sérologique, ce qui est bien loin de l’objectif de 90%, a reconnu à son tour, le représentant béninois.  Au Chili, a expliqué sa déléguée, le Gouvernement a tous les problèmes du monde à assurer la prise en charge thérapeutique des personnes infectées à cause des restrictions imposées par les entreprises pharmaceutiques.  Elle les a invitées à agir de « manière éthique ».  La plupart des fabricants d’antirétroviraux se détournent du secteur qui, soumit à des règles particulières, ne génère plus de profits colossaux, a constaté un membre de la société civile, voyant là le risque d’une concentration de la production entre deux ou trois acteurs.

Fier que GlaxoSmithkline ait été le premier à fabriquer un médicament contre le VIH, son Président Directeur général, M. ANDREW WITTY, a reconnu que de nombreuses entreprises se sont désintéressées de la recherche en matière de VIH/sida, alors qu’il faut justement innover pour simplifier les traitements et trouver éventuellement un vaccin.  GlaxoSmithkline entend mettre sur le marché des médicaments plus puissants que l’on pourrait par exemple prendre une fois par trimestre, et plus chaque jour comme c’est le cas en ce moment.  Comme « Glaxo » dépense beaucoup pour la recherche, elle est en droit d’engranger des bénéfices.  Ses prix sont naturellement plus élevés dans les pays du Nord, renonçant au profit dans les pays en développement.

La baisse des prix des médicaments devrait aussi s’appliquer aux traitements dits de nouvelles générations, a estimé le représentant du Maroc, tandis que la déléguée du Brésil s’est réjouie du fait que son pays produit 11 antirétroviraux différents.  Le représentant du Malawi en a conclu que « l’Afrique doit produire ses propres médicaments ».

L’appui des politiques aux scientifiques est crucial, a estimé le représentant de l’Italie afin de mettre en place de nouveaux modèles de traitements et de prise en charge, s’appuyant sur les communautés locales.  Sous les applaudissements nourris de la salle, Mme DEBORAH BIRX, Coordonnatrice de la lutte contre le VIH aux États-Unis, a annoncé que son gouvernement va créer un nouveau fonds pour les populations clefs, à savoir les hommes qui ont des relations avec les hommes, les transgenres et les travailleurs du sexe.  Soyons francs, a renchéri, Mme SOUHAILA BENSAID, Présidente de l’association tunisienne de la prévention positive, ni la religion et encore moins la culture dominante ne saurait cacher la réalité de ces populations.  Une seule personne sur cinq dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord a accès aux traitements, a-t-elle dénoncé, regrettant que le Fonds mondial ait « délaissé » la région, tout comme le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida.  L’OMS, par la voix de ses sous-Directeurs, M. REN MINGHUI, a annoncé des recherches sur l’auto dépistage. 

Table ronde 4: « Ne laisser personne sur le bord de la route: mettre fin à la stigmatisation et à la discrimination grâce à la justice sociale et à des sociétés inclusives »

Coprésidée par MM. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, et PAUL BIYOGE MBA, Premier Vice-Premier Ministre du Gabon, la table ronde avait pour objectif d’explorer l’opportunité offerte par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour réaliser la vision.  Il s’agissait aussi de passer en revue les engagements pris pour faire avancer les principes d’égalité et d’inclusion et atteindre les objectifs de santé pour les personnes vivant avec, touchées et à risque.

Les principaux panélistes étaient M. PIYASAKOL SAKOLSATAYADORN, Ministre de la santé publique de la Thaïlande, Mme MARISOL TOURAINE, Ministre des affaires sociales et de la santé de la France, Mme LILIANNE PLOUMEN, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, M. CELSO AMORIM, ancien Ministre des affaires étrangères du Brésil et Coprésident du Groupe de haut niveau sur la réponse mondiale aux crises sanitaires, Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, M. OCHONYE BARTHOLOMEW BONIFACE, Directeur de pays de « Heartland Aliiance Nigéria » et M. LAXMI NARAYAN TRIPATHI, Président de « Astitva Transgender Network ».

Le Premier Vice-Premier Ministre du Gabon a rappelé que le sida avait dévoilé les fractures et les écarts sociaux et juridiques entre les nations et au sein des communautés.  Les individus et communautés vulnérables et marginalisés ont été durement touchés, car le sida a aggravé les préjugés, la discrimination et même les violences les plus vulnérables.  Face à ces défis, les personnes vivant avec le VIH ont engagé la lutte contre la discrimination et la stigmatisation.  Elles ont démontré l’importance de la protection juridique et des valeurs d’inclusion et prouvé qu’une épidémie telle que le sida pouvait être transformée en catalyseur de la lutte contre les inégalités structurelles et les vulnérabilités.

Le monde a reconnu l’impact négatif de la discrimination et la stigmatisation et, dans de nombreux pays, des réformes juridiques ont permis de faire progresser la justice sociale comme élément de réponse essentiel à l’épidémie.  Et pourtant, a reconnu l’orateur, l’exclusion et la marginalisation perdurent et elles gênent la réalisation de l’objectif 90-90-90, a poursuivi le Ministre de la santé publique de la Thaïlande, où la stigmatisation perdure malgré les progrès.  Le pays a notamment décidé de renforcer la lutte contre la discrimination du personnel de santé à l’égard des personnes séropositives, y compris les jeunes mères séropositives, en tenant compte du fait que les professionnels de la santé jouent un rôle très important dans la perception que la population en général a des personnes séropositives.

La lutte contre le sida n’est pas seulement une affaire médicale, mais aussi une question politique et de droits de l’homme, a acquiescé la Ministre des affaires sociales et de la santé de la France.  Elle a rappelé que le sida symbolise la double fracture des épreuves sociales et des exclusions.  Il faut nommer les personnes des groupes les plus à risques, a-t-elle dit, expliquant que sa politique consiste à apporter une réponse spécifique adaptée à chacun de ces groupes, comme les salles de consommation à moindre risque pour les utilisateurs de drogues ou encore la proposition faite aux mineurs de faire des tests de dépistage sans autorisation parentale.  Nous ne pouvons plus accepter que l’on refuse des soins, a ajouté la Ministre, qui a rappelé qu’une étude avait révélé l’an dernier qu’en France, un dentiste sur trois refuse de soigner un séropositif.  La France interdit désormais que l’on refuse aux hommes qui ont des relations avec des hommes de faire donner leur sang, ce qui était « une présomption de séropositivité à l’égard des homosexuelles ». 

Aux Pays-Bas, la décision prise de permettre aux séropositifs de contracter une assurance-vie n’est pas seulement un geste de solidarité mais aussi une mesure prise sur la base de données objectives, a souligné la Ministre néerlandaise des affaires étrangères des Pays-Bas.  Pour que les choses changent, il faut que les paroles soient suivies d’effet et les Pays-Bas sont fiers d’avoir pris de mesures qui concrétisent leurs engagements.

Parlant d’engagements, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a mis l’accent sur celui en faveur de la lutte pour l’égalité entre les sexes car en situation d’infériorité et dépendantes de leur partenaire, y compris économiquement, les femmes sont tentées de dissimuler leur séropositivité audit partenaire, ce qui peut contribuer à répandre l’épidémie.  Il faut mettre l’accent sur la « masculinité positive ».

La nécessité de ne laisser personne de côté doit être considérée à la fois comme un impératif moral et une question de santé publique, a souligné le Directeur de pays de « Heartland Aliance Nigeria ».  Rappelant les mesures anti-homosexualité au Nigéria, il les a expliquées par les traditions mais « la peur ».  Quand un État –il y en a 75- pénalise les populations clefs, celles-ci se réfugient quand elles le peuvent dans la clandestinité, ce qui contribue à augmenter la prévalence du sida.  La société civile a joué un rôle essentiel mais que se passerait-il si elle, société civile disparaissait?  Le Directeur a réclamé la dépénalisation du travail sexuel, de la consommation de drogues et le respect de l’orientation sexuelle de chacun.  

Transgenre vivant en Inde, le Président de « Astitva Transgender Network » s’est dit très choqué par les propos de certains pays.  Ils auraient dû avoir « le courage » de mettre dans la Déclaration adoptée hier ce qu’ils pensent vraiment.  Très souvent considéré comme « invisible », il a dit craindre de se retrouver dans les 10% restants de la cible 90-90-90.  Tout autant que les autres, les personnes transgenres ont le droit de vivre dans la dignité sur cette planète.  L’Inde compte d’ailleurs au Parlement un député transgenre, a-t-il souligné.

La lutte contre le sida doit être le reflet des politiques qui placent la personne au centre des préoccupations, a commenté Cuba.  La politique générale d’égalité homme-femme, d’éducation, d’une santé de qualité et de non-discrimination de Cuba à améliorer la lutte contre le sida, même s’il faut poursuivre les efforts et les comportements traditionnels.  Depuis plus de 20 ans, Cuba accepte les différentes orientations sexuelles, ce qui a permis de renforcer le respect des personnes qui vivent avec le VIH.  Maurice a adopté en 2015, les principes de l’OMS après la loi en 2008, sur la protection de la personne, ce qui a permis d’élargir le programme de prévention et de gestion du VIH à la lutte contre la discrimination et la stigmatisation.  La Mongolie a levé toutes les restrictions aux déplacements des personnes séropositives et introduit la pénalisation de la discrimination à l’égard des minorités sexuelles.  Mais les préjugés restent très prégnants au sein de la population.

Au nom de la société civile, le Conseil mondial des Églises a rappelé que, si les groupes religieux sont souvent considérés comme des obstacles, il existe aussi de nombreuses organisations d’inspiration religieuse qui luttent contre toutes les formes de discriminations et de stigmatisation.  Le Conseil souhaite un renforcement de la coopération entre ces groupes et tous les autres acteurs pour qu’enfin vienne le jour où il n’y aura plus besoin d’organiser une table ronde sur la stigmatisation ou la discrimination dans le contexte du VIH/sida.

Ce jour n’est pas encore là puisque la Déclaration adoptée hier viole les droits des homosexuels, a tranché l’ONG « Somos gay », réseau des homosexuels en Amérique latine.  La Déclaration montre quelques progrès mais elle ne fait rien pour le respect de tous les droits des homosexuels partout dans le monde.  Pour parvenir aux objectifs définis, il faudra davantage de transparence.  La question des « populations clefs » - les hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes, les travailleurs du sexe, les usagers de drogues par injection, les prisonniers et les transgenres, dont la Déclaration traite a été largement abordée.  

Un membre de la société civile de la région Asie-Pacifique, a jugé « décourageant » de voir la Déclaration « oublié » les populations clefs, lesquelles auraient dû être définies explicitement, comme elles le sont par ONUSIDA.  La stigmatisation et la discrimination doivent être un élément fondamental de la lutte contre le sida, mais les mesures doivent être adaptées au contexte religieux et socioculturel des pays, a estimé le Maroc qui a salué le rôle de la société civile, sans oublier d’ajouter que d’autres secteurs, comme le secteur religieux, peuvent aussi jouer un rôle très important.  Ainsi au Maroc, les dirigeants religieux, très influents, sont très efficaces pour faire passer des messages de lutte contre la discrimination et la stigmatisation.  Au Soudan, il s’agit en effet de bâtir les piliers d’une société inclusive sans stigmatisation ni discrimination mais dans le cadre des préceptes religieux.  Les mesures tiennent compte de l’avis des imams et autres représentants communautaires, ce qui a des effets positifs.

S’il faut respecter « évidemment » les droits souverains des États, il faut néanmoins souligné, a argué le Royaume-Uni, que pour progresser réellement, il faut adopter une approche pragmatique et respecter les droits de l’homme de tous les groupes vulnérables.  Le Royaume-Uni a aussi mis l’accent sur la qualité des interventions des membres de la société civile, y voyant un témoignage de plus de la nécessité d’entendre la voix de telles organisations au sein de telles assemblées.

Le sida permet de réfléchir sur certains aspects de la vie sociale, a commenté la Colombie car on voit bien que la maladie stigmatise moins les personnes séropositives que les comportements sociaux.  Le Chili a d’ailleurs mis en place un groupe composé de membres élus des populations clefs.  Il est vrai qu’au Malawi, les travailleurs du sexe et les hommes qui ont des relations sexuelles avec les hommes sont des groupes pour lesquels les progrès sont le plus lents.  Le pays a adopté un moratoire sur la répression pénale de l’homosexualité et appelle les États à prendre de mesures pour que les personnes les plus exposées puissent sans crainte ni risque avoir accès à la santé. 

Le sexisme, l’homophobie et autres sont en effet les véritables obstacles à l’accès aux traitements et services d’accompagnement, freinant la réalisation des objectifs fixés, a ajouté le Canada.  La lutte contre les discriminations doit être inclusive et impliquer les populations clefs.  Parmi ces populations clefs, il faut compter les femmes, a plaidé l’ONG « MENA Rosa », parlant des régions de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, où quand on se rend dans un centre de santé sexuelle, la première question est « Êtes-vous mariée? » ce qui est une forme de stigmatisation.  « MENA Rosa » est un groupe de femmes qui vivent avec le VIH dans la région MENA, où quelque 220 000 personnes sont séropositives.  En revanche, pour la Fédération de Russie, il faut avant tout assurer le droit à la santé pour tous, ce qui permettra de régler « très simplement » la question des personnes ou groupes vulnérables.

Un membre de la société civile, ancien toxicomane ukrainien et militant de la lutte anti-drogue, s’est dit préoccupé que la Déclaration ne mentionne pratiquement pas les thérapies de substitution.  On ne pourra pas mettre fin au sida si les toxicomanes ne peuvent pas recevoir des traitements de substitution, a-t-il estimé, en demandant que soient encouragées ces thérapies.

À propos d’accès aux traitements, l’ancien Ministre des affaires étrangères a souligné l’importance de la Déclaration de Doha qui a transformé les ambiguïtés de l’accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).  Les « flexibilités » ont permis de sortir la question de la santé d’ADPIC et de mieux lutter contre le sida au Brésil, qui a suggéré d’inscrire la question du droit à la santé au regard de l’ADPIC dans l’ordre du jour du Conseil des droits de l’homme.  L’Équateur a expliqué que sa Constitution laisse entendre que les questions de santé doivent l’emporter sur les droits de propriété intellectuelle.  Le pays s’oppose à ce qu’on oblige des États à adhérer à des accords qui pourraient devenir de « véritables instruments d’extorsion ».  La question ne se limite pas aux pays à bas revenu.  La prééminence du droit à la santé sur les droits de propriété intellectuelle doit faire partie des mesures prises au cours de cette Réunion de haut niveau.  

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