En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session, Réunion de haut niveau sur le VIH/sida,
97e & 98e séances plénières
AG/11786

L’Assemblée générale adopte une Déclaration politique sur le VIH/sida pour d’ici à 2020 ramener à moins de 500 000 par an le nombre des nouvelles infections dans le monde

L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui, sans vote, au cours d’une Réunion de haut niveau, une Déclaration politique afin d’« accélérer la riposte pour lutter contre le VIH et mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030 ».  Les signataires s’engagent à ramener à moins de 500 000 le nombre des nouvelles infections par an dans le monde d’ici à 2020.

Dans ce texte de 79 paragraphes* qui suit la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida de 2001 et les Déclarations politiques de 2006 et 2011, les chefs d’État et de gouvernement et représentants d’État et de gouvernement, réunis à New York jusqu’au vendredi 10 juin, réaffirment leur engagement à mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030 et pour atteindre cet objectif, de tirer parti des nouvelles possibilités offertes par le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ils s’engagent également à atteindre les cibles fixées pour 2020, à savoir ramener à moins de 500 000 personnes par an le nombre de personnes nouvellement infectées par le VIH dans le monde, de même que le nombre de décès liés à des maladies associées au sida, et éliminer la stigmatisation et la discrimination liées au VIH.

Le défi est de taille car chaque jour, 6 000 nouveaux cas d’infection sont enregistrés et sur les 36,9 millions de personnes vivant avec le VIH, plus de 19 millions ne connaissent pas leur statut sérologique.

Une lueur d’espoir est venue du Secrétaire général de l’ONU.  M. Ban Ki-moon a rappelé que depuis 2000, le nombre des nouvelles infections a baissé de 35% et celui des décès de 43% depuis 2003.  Le Secrétaire général s’est félicité en particulier que le nombre des transmissions de la mère à l’enfant ait baissé de 56% en 15 ans et que quatre pays aient complètement rompu le cycle à savoir Cuba, la Thaïlande, l’Arménie et le Bélarus.  Il a émis l’espoir que le monde entier parviendra à l’objectif « Zéro infection » d’ici peu. 

Le moment est venu de proclamer collectivement notre intention d’arracher la victoire, a encouragé le Président de l’Assemblée générale, M. Mogens Lykketoft et c’est possible, car c’est la première fois dans l’histoire du VIH/sida que nous avons plus de gens sous traitement en Afrique que de nouveaux cas d’infections, a annoncé le Directeur exécutif d’ONUSIDA, M. Michel Sidibe.

Il n’en reste pas moins, comme le dit la Déclaration, que de nombreux programmes nationaux de prévention, de dépistage et de traitement du VIH offrent un accès insuffisant aux femmes, aux adolescentes, aux migrants et aux populations clefs, qui, d’après les preuves épidémiologiques, sont celles qui sont le plus à risque dans le monde, en particulier les usagers de drogues injectables, qui ont 24 fois plus de risque d’être contaminés que les adultes en général, les travailleurs du sexe, qui sont 10 fois plus à risque, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, qui sont 24 fois plus exposés, les transgenres, qui ont 49 fois plus de risque de vivre avec le VIH, et les prisonniers, qui sont 5 fois plus à risque que les adultes en général. 

À cette disposition, plusieurs États en ont opposé une autre qui dit « Nous réaffirmons les droits souverains des États Membres d’honorer les engagements pris dans la présente Déclaration dans le respect des lois et des priorités de développement nationales et du droit international des droits de l’homme ».

La mobilisation des ressources étant le nerf de la guerre, les États s’engagent, dans la Déclaration, à mobiliser un montant de 13 milliards de dollars dans le cadre de la cinquième reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Les quelque 10 milliards de dollars nécessaires chaque année ne représentent que ce que le Pentagone dépense en « trois jours », a taclé le Directeur de l’Institut de la terre de la « Columbia University », M. Jeffrey Sachs, à l’origine avec d’autres de la création du Fonds mondial.  Le Président de la Facilité internationale d’achat de médicaments (UNITAID) a fait observer que son agence a récolté trois milliards de dollars grâce aux taxes sur les billets d’avions rien que dans 8 pays, à raison d’un dollar par billet.  Il a annoncé que la semaine prochaine l’Union européenne discutera de la taxation des transactions financières internationales qui pourraient générer 35 milliards de dollars par an, soit plus que ce dont nous avons besoin pour mettre fin au VIH/sida, à la tuberculose et au paludisme.   

Dans la Déclaration, les États considèrent qu’il est primordial de disposer de médicaments d’un coût abordable, notamment génériques, et que les mesures de protection et d’application des droits de propriété intellectuelle devraient respecter l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) et être interprétées et mises en œuvre d’une manière propice au droit des États de protéger la santé publique et, en particulier, de favoriser l’accès de tous aux médicaments. 

« Signer une Déclaration politique, c’est bien mais effectuer un travail d’équipe avec les Nations Unies, c’est mieux », a souligné Melle Loyce Maturu, au nom des personnes infectées par le virus.  L’activiste Ndaba Mandela, qui a parlé de son père, fils unique de Nelson Mandela, mort du sida, a fait prendre un triple engagement: sur le dépistage, sur les préservatifs et contre la stigmatisation.

Une trentaine d’orateurs, dont les Présidents du Burkina Faso et de la République centrafricaine, la Vice-Présidente du Honduras, des chefs de gouvernement et un grand nombre de ministres de la santé ont pris la parole dans le cadre d’un débat général, tandis que se tenaient parallèlement deux tables rondes consacrées à la fin du sida pour la transformation sociale et le développement durable et au financement nécessaire.

L’Assemblée générale poursuivra sa Réunion de haut niveau demain jeudi 9 juin à partir de 10 heures.

*A/70/L.5

RÉUNION DE HAUT NIVEAU SUR LA MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENT ET DES DÉCLARATIONS POLITIQUES SUR LE VIH/SIDA A/70/L.52

Déclarations liminaires

M. MOGENS LYKKETOFT, Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale a ouvert la séance en rappelant que Nelson Mandela, dont le petit fils, Ndaba, militant de la lutte antisida, assiste à la Réunion, avait qualifié le VIH et le sida comme le plus grand danger auquel l’humanité sera confrontée pendant des siècles et des siècles, « un danger pire que la guerre ».  « Comme il avait raison », a estimé M. Lykketoft, pour qui il est difficile d’accepter que 34 millions de personnes soient morts de maladies liées au sida et que 14 millions d’enfants s’en soient retrouvés orphelins.  Nous ne devons pas accepter que dans ce monde plein d’opportunités « incroyables », l’on enregistre encore quelque 6 000 nouvelles infections par jour et que 36,9 millions de personnes vivent avec le VIH.

Le moment est venu de proclamer collectivement notre intention d’arracher la victoire, d’accélérer les efforts pendant les cinq années à venir et de mettre fin à l’épidémie du sida d’ici à 2030, a poursuivi M. Lykketoft.  Le Président de l’Assemblée générale a rappelé qu’il s’agit d’une épidémie qui sape le développement, qui a un énorme impact sur la croissance économique et qui peut être une source de préoccupations majeures dans les conflits et les situations postconflit. 

Mais c’est surtout une épidémie qui « hante » les gens ordinaires, en particulier dans les pays en développement.  L’épidémie frappe les femmes et les jeunes filles plus que tout autre groupe.  Elle a un impact tragique sur les jeunes qui représentent plus d’un tiers des nouvelles infections parmi les adultes et qui trop souvent n’ont pas accès à l’information, aux services et aux programmes dont ils ont besoin pour se protéger.  C’est une épidémie qui frappe plus particulièrement les consommateurs de drogues par intraveineuse, les travailleurs du sexe, les homosexuels, les transgenres et les détenus.  « Écoutons ces gens », a conseillé le Président.

Si nous voulons atteindre les objectifs fixés pour 2030, a-t-il prévenu, nous devons, dans un esprit de solidarité renforcée, mobiliser plus de ressources et les utiliser plus efficacement.  Il faut une coopération et un partenariat plus marqués.  Il faut accorder notre attention aux principes d’égalité et d’inclusion, respecter les droits de l’homme et s’ériger contre la discrimination et la stigmatisation.  Le Président a appelé, dans ce cadre, à autonomiser les filles et les femmes et à assurer leur accès à la santé sexuelle et reproductive afin qu’elles puissent vivre à l’abri de la violence. 

Nous devons être comptables de nos actes et assumer les engagements que nous prenons du haut des tribunes.  Le Président a insisté sur l’engagement visant à ne laisser personne sur le côté consacré dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Mettre fin à l’épidémie de sida serait l’un des plus grands accomplissements de notre temps.  Cela peut être fait et cela doit être fait », a conclu M. Lykketoft. 

Il y a 10 ans, lorsque j’ai pris mes fonctions de Secrétaire général de l’ONU, le sida dévastait encore des familles, des communautés et des nations, a déclaré M. Ban Ki-MOON.  Or, s’est-il réjoui, le nombre de personnes qui ont accès au traitement antirétroviral est passé de 3 millions en 2007 à 17 millions aujourd’hui grâce à des médicaments moins chers, à une plus grande concurrence dans l’industrie pharmaceutique et à plus de financements.  Depuis 2000, le nombre des nouvelles infections a baissé de 35% et celui des décès de 43% depuis 2003.  Le Secrétaire général s’est félicité en particulier que le nombre des nouvelles infections chez les enfants ait baissé de 56% en 15 ans et que quatre pays aient complètement rompu le cycle à savoir Cuba, la Thaïlande, l’Arménie et le Bélarus.  Il a émis l’espoir que le monde entier parviendra à l’objectif « Zéro infection » d’ici peu. 

Le Secrétaire général a vu dans les cinq prochaines années « une fenêtre d’opportunités » pour changer « radicalement » la trajectoire de l’épidémie et mettre fin au sida « pour toujours ».  Si nous n’agissons pas rapidement, a-t-il prévenu, il y a un véritable risque de voir l’épidémie rebondir dans les pays à faible et moyen revenu.  De 2016 à 2030, nous pouvons éviter environ 17,6 millions de nouvelles infections et 11 millions de morts prématurées.  Pour ce faire, a précisé le Secrétaire général, des engagements doivent être pris à chaque niveau: l’infrastructure mondiale de la santé, les États, les organisations de la société civile et les ONG et le Conseil de sécurité de l’ONU qui a traité du sida comme d’une question humanitaire et d’une menace à la sécurité.

Le Secrétaire général a donc lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle renforce et élargisse l’approche unique, multisectorielle et multipartite d’ONUSIDA et en fasse une partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Cela veut dire que la somme fixée de 26 milliards de dollars sera mobilisée, y compris, 13 milliards pour ces trois prochaines années.  Cela veut dire, a poursuivi le Secrétaire général, qu’il faut sensibiliser les groupes les plus vulnérables et promouvoir l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. 

Cela veut dire, a-t-il ajouté, que l’on ne laisse personne sur le côté et que l’on se débarrasse des lois, politiques et pratiques punitives qui violent la dignité humaine et les droits de l’homme.  Cela veut dire, a-t-il enfin déclaré, que chaque personne affectée a accès à des services complets sans discrimination, qu’il s’agisse des jeunes gens, des migrants, des femmes et des filles, des travailleurs du sexe, des homosexuels, des consommateurs de drogues par intraveineuse, des transgenres et des détenus. 

M. MICHEL SIDIBE, Directeur exécutif de l’ONUSIDA, s’est félicité de ce que « nous les peuples », dont fait mention la Charte des Nations Unies dans son préambule, aient pu détourner la trajectoire du VIH/sida.  Faisant le constat de la baisse des décès liés au VIH/sida depuis 2011 et mesurant les progrès accomplis depuis lors, il a insisté sur le fait que le prix du traitement est passé de 15 000 dollars par an à 100 dollars à peine aujourd’hui.  Il s’est aussi félicité du fait que 17 millions de personnes ont pu bénéficier de soins, allant même au-delà de la cible des 15 millions.  « C’est la première fois dans l’histoire du VIH/sida que nous avons plus de gens sous traitement en Afrique que de nouveaux cas d’infections », a-t-il déclaré, sous les applaudissements nourris de la salle.

M. Sidibé a invité la communauté internationale à accorder plus d’attention à l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale qui sont les régions à la traine dans cette situation d’« embellie » dans le monde.  Il a invité les dirigeants politiques de ces régions à se mobiliser pour élargir l’accès aux traitements, rappelant que la transmission de la mère à l’enfant est devenue quasiment nulle dans des pays comme Cuba, la Chine ou encore l’Arménie.  En Afrique, on est passé, en 4 ans, d’une transmission de la mère à l’enfant de 50 000 bébés par an à 6 000 aujourd’hui.  Dans huit ans, l’objectif est de 50 enfants seulement dans le monde entier. 

« Nous, les peuples » avons pris des engagements ensemble et avons engrangé des résultats, s’est-il encore félicité, saluant de ce fait la mobilisation des « Nations Unies ».  Les portes des Nations Unies sont ouvertes à tous, sans aucune discrimination et quel que soit l’orientation sexuelle.  Nous ne pouvons réduire au silence la voix des homosexuels et des transgenres alors que nous voulons mettre fin à l’épidémie, a-t-il clamé.  Les résultats restent fragiles, quand on sait que de nombreuses femmes sont violées et infectées avec la même fréquence qu’il y a 20 ans.  La stigmatisation et la discrimination empêchent toujours des gens d’avoir accès aux soins et à la prévention.  « Le sida n’est pas fini mais on peut y mettre un terme », a conclu le Directeur exécutif d’ONUSIDA, en prévenant que les cinq prochaines années seront « cruciales ».  Nous devons « briser » cette épidémie une fois pour toutes, et si nous n’y parvenons pas, le monde ne nous le pardonnera jamais. 

Diagnostiquée séropositive à l’âge de 12 ans, après que le sida a tué sa mère deux ans plus tôt, LOYCE MATURU du Zimbabwe, a raconté une vie de désespoir, de dépression, de manque de confiance en soi, d’abus et de tentatives de suicide avant de bénéficier d’un soutien psychologique et d’être heureuse aujourd’hui de faire partie des 17 millions de personnes qui ont accès au traitement antirétroviral.  Pour venir à bout de ce fléau parmi les adolescents et les jeunes gens, a-t-elle conseillé, il faut investir dans les interventions qui ont prouvé leur efficacité.  Il faut une stratégie d’investissements claire pour, entre autres, former les personnels concernés à une prise en charge soucieuse de la sensibilité des jeunes gens, laquelle prise en charge les aiderait à ne pas répéter les mêmes erreurs.  Signer une Déclaration politique, c’est bien mais effectuer un travail d’équipe avec les Nations Unies, c’est mieux, a dit la jeune oratrice.  La Déclaration politique doit dessiner les contours d’une feuille de route pour mettre fin au sida, en prévision de la prochaine Conférence internationale.  Il faut, dans ce cadre, mobiliser les ressources pour le Fonds mondial.  « Faites confiance aux adolescents et aux jeunes et laissez les convaincre la société de changer la manière dont elle pense le VIH et le sida », a conclu l’oratrice non sans ajouter que « le temps est venu d’accélérer nos efforts ».

J’avais 19 ans quand ma mère est morte du sida et 21 ans quand mon père l’a suivie, a déclaré, M. NDABA MANDELA, petit-fils de Nelson Mandela et militant antisida.  Il a raconté qu’à la mort de son père, sa famille a eu peur.  Avant de parler à la presse, elle a tourné la question dans tous les sens pour en venir à la conclusion qu’il valait mieux parler de tuberculose ou de pneumonie.  « Bref, tout sauf la vérité. »  Mais c’est mon grand-père, a dit fièrement Ndaba, qui n’a pas eu peur de la vérité.  Il a annoncé clairement et dignement: « Mon fils unique, Makgatho Lewanika Mandela, est mort du sida ».  C’est cette déclaration qui a lancé le dialogue national sur le sida en Afrique du Sud et dans le monde entier, a souligné Ndaba Mandela et je suis ici, a-t-il dit, pour vous demander de poursuivre l’héritage de Madiba, l’héritage de leadership et d’unité.  Je suis ici pour que comme mon père, les 34 millions de personnes qui sont mortes du sida ne soient pas mortes en vain.

Je suis ici pour que les 37 millions de personnes qui vivent aujourd’hui avec le virus aient accès aux traitements antirétroviraux et vivent une vie pleine et saine en attendant d’être guéris.  Je suis ici pour vous demander que les centaines de millions de LGBT, consommateurs de drogues par intraveineuse, travailleurs du sexe, migrants, couples dont l’un est séropositif et tous les séropositifs qui vivent dans la peur et le silence puissent se réveiller tous les jours en bonne santé et vaquer comme tout le monde à leurs tâches quotidiennes.  Je suis ici pour que les 35 pays qui interdisent aux séropositifs étrangers d’entrer sur leur territoire lèvent leurs restrictions.  Je suis ici pour faire écho à « mon mentor » Michel Sidibé et aussi vous demander un triple engagement: faites-vous tester; ayez toujours au moins deux préservatifs sur vous, un pour vous et l’autre pour celui ou celle qui n’en aurait pas, et enfin, si vous apprenez qu’un ami, un collègue ou un proche est infecté, tendez-lui la main au lieu de lui tourner le dos, a conclu M. Ndaba Mandela. 

Déclaration avant adoption de la résolution

Au nom de 48 pays, le représentant de l’Argentine a déclaré qu’en ce moment crucial de la réponse mondiale contre le VIH, ces pays réaffirment leur engagement à mettre fin aux nouvelles infections et à faire en sorte que le sida ne soit plus une menace à la santé publique d’ici à 2030, y compris en temps de conflit, après les conflits et au cours d’autres situations de crise humanitaire.  Il a réaffirmé l’importance de tous les droits de l’homme et d’une approche soucieuse d’égalité entre les sexes.  En droite ligne du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a plaidé pour une couverture médicale universelle, l’accès aux services de santé essentiels et intégrés, les tests et le suivi et les traitements.  Il a en outre plaidé en faveur des services de santé sexuelle et reproductive et pour la protection sociale des personnes vivant avec le VIH et ceux qui prennent soin d’eux, notamment les femmes et les filles qui portent un fardeau particulièrement lourd, tout comme les enfants et les jeunes.

Le représentant a par ailleurs condamné toutes les formes de discriminations, de stigmatisations et de violences, y compris les crimes de haine visant les personnes vivant avec le VIH, celles soupçonnées d’être infectées, celles qui risquent de l’être ou celles qui sont affectées par le VIH.  Il a poursuivi en réaffirmant le caractère central de l’autonomisation des femmes et filles et de la réalisation de l’égalité des genres, tout comme la nécessité de mettre fin à toutes les formes de violence à caractère sexiste, y compris la violence venant d’un partenaire intime et le viol conjugal, entre autres.  Il a aussi appelé à la participation de la société civile et d’autres parties prenantes importantes dans la mise en œuvre de la réponse au VIH/sida, et il a enfin souhaité que le suivi de la présente réunion soit intégré à celui du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Explications de position sur la « Déclaration politique sur le VIH/sida: Accélérer la riposte pour lutter contre le VIH et mettre fin à l’épidémie du sida d’ici à 2030 » (A/70/L.52)

Le représentant du Canada a estimé que la Déclaration politique met en valeur les droits de l’homme.  Il a insisté sur l’autonomisation des jeunes filles et des femmes et sur la nécessité de leur assurer tous les services de santé dont elles ont besoin.  Il a salué l’intégration, dans la Déclaration politique, de tous les groupes sociaux, y compris les homosexuels et les transgenres, ajoutant que c’est la discrimination dont sont victimes ces deux groupes qui aggrave leur vulnérabilité au VIH.  Notre réponse collective face au VIH/sida doit tenir compte de ceux qui ont le plus besoin de notre aide, a—t-il tranché.

Son homologue du Soudan a souligné que certaines parties de la Déclaration ne font pas l’unanimité.  La Déclaration, a-t-il dénoncé, reprend des termes que la communauté internationale n’a pas clairement définis, dont « l’éducation sexuelle complète ».  Il a aussi dénoncé le fait que la Déclaration parle des usagers de drogues injectables, des travailleurs de sexe, des hommes qui ont des relations avec les hommes, des transgenres et des prisonniers, comme des cinq groupes les plus à risque, comme si cette assertion est vraie dans tous les pays du monde.  

La Déclaration politique est loin d’être un document parfait, a concédé la représentante des États-Unis, déclarant qu’elle aurait souhaité un libellé « plus musclé » sur la protection des droits de l’homme, « clef et base » de l’éradication du VIH/sida.  Il faut respecter les droits de l’homme de tous, sans exclusive, et créer un environnement politique qui facilite l’accès aux traitements et à la prévention.  « Lorsqu’il y a discrimination, c’est la santé de tout le monde qui est menacée », a-t-elle argué, en insistant sur les cinq groupes les plus à risque.  L’épidémie du VIH/sida ne disparaîtra pas grâce au Programme du développement durable à l’horizon 2030 à moins de respecter les droits de tous a-t-elle prédit.  Elle n’a pas manqué de préciser que le soutien à cette Déclaration ne signifie pas que les États adhèrent à tous les instruments internationaux cités.

La représentante de l’Australie a salué l’accent mis sur toutes les composantes sociales à risque face au VIH/sida, y compris les transgenres et les hommes qui ont des relations avec les hommes.  Faire participer les populations clefs est le moyen le plus efficace d’avoir des résultats probants, a-t-elle fait observer.  Elle s’est dite déçue que la Déclaration ne mentionne pas les discriminations dont les cinq groupes sont victimes, regrettant également que l’expression « droits sexuels » ne figure pas dans le texte.

Son homologue de Djibouti a souligné l’importance du leadership et de l’appropriation nationale dans la mise en œuvre de cette Déclaration.  Elle s’est félicitée de la mention du droit souverain de chaque État de mettre en œuvre la Déclaration dans le respect de ses lois et de sa culture.  À ce propos, a-t-elle tranché, les populations clefs identifiées dans la Déclaration ne correspondent pas à la situation de tous les pays.

Le représentant de Trinité-et-Tobago a précisé que la prophylaxie ne fait pas partie de l’arsenal national, car cela encouragerait les comportements à risque.

Le délégué de l’Indonésie a insisté sur le fait qu’il revient à chaque pays de définir ses populations à risque.  En Indonésie, a-t-il aussi insisté, c’est l’abstinence qui est considérée comme la mesure la plus efficace pour éviter le VIH/sida, laquelle est conforme aux valeurs religieuses.  Toutes les mesures en faveur des adolescents doivent être prises avec le consentement des parents, a ajouté le représentant.

Son homologue de l’Égypte a, à son tour, exprimé les réserves de son pays sur les paragraphes de la Déclaration relatifs aux populations à risque, lesquelles, s’est-il expliqué, diffèrent d’un pays à l’autre.  Il a vu dans la Déclaration des termes qui ne font pas l’unanimité au sein de la communauté internationale.

Le représentant de la République islamique d’Iran a regretté que la Déclaration ne mette pas suffisamment l’accent sur la fidélité et l’abstinence.  Il a tout simplement rejeté les termes qui ne cadrent pas avec les valeurs culturelles de son pays et relevé également que les populations à risque ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre.

Au nom du Conseil de coopération des États arabes du Golfe (CCG), le représentant de l’Arabie saoudite a exprimé les réserves de son Groupe sur certains paragraphes de la Déclaration, regrettant que les « spécificités » de son Groupe n’aient pas été prises en compte.

Son homologue de la Mauritanie a émis les mêmes réserves sur des concepts qui sont en contradiction avec la législation nationale.

Le représentant de la Libye a, à son tour, exprimé ses réserves sur tous les libellés « complexes » qui contreviennent à la culture musulmane et à la législation libyenne. 

Son homologue de la Fédération de Russie a salué le fait que la Déclaration consacre le droit souverain de chaque État de guider la mise en œuvre du texte.  Elle a regretté que le point central du document, qui est la prévention et la prise en charge des personnes infectées et affectées, ait été dilué dans un « lexique controversé ».  Les pays ne se sont jamais mis d’accord sur les cinq groupes les plus à risque.

Le représentant du Yémen a aussi émis des réserves sur des termes qui ne font pas l’unanimité au sein de la communauté internationale.

L’Observateur du Saint-Siège a estimé que les seuls moyens efficaces et sûrs de prévenir le VIH/sida est l’abstinence avant le mariage et la fidélité au sein du mariage.  Il a aussi émis des réserves sur certains termes, estimant par exemple que les services de planification familiale ne respectent pas toujours les droits humains puisque des avortements y sont pratiqués.  Il a aussi souligné que le genre n’est pas une construction sociale mais une donnée prédéfinie à la naissance et insisté sur la place centrale de la famille et des parents dans l’éducation des enfants.

Débat général

M. ROCH MARC CHRISTIAN KABORÉ, Président du Burkina Faso, a fait le point sur les progrès réalisés dans son pays, grâce au Conseil national de lutte contre le sida et au quatrième Cadre stratégique national de lutte contre le VIH/sida et les maladies sexuellement transmissibles (MST) pour la période 2016-2020.  Le Burkina Faso connait une tendance continue à la baisse et à la stabilisation de la prévalence du VIH et une amélioration de l’accès des malades au traitement.  Le Gouvernement poursuit activement sa recherche de mécanismes innovants de mobilisation des ressources notamment au niveau national.  En effet, le taux de prévalence est passé de 1,22% en 2011 à 0,9% en 2014. 

Au niveau de la prévention, il y a eu des acquis majeurs en termes de dépistage et la priorité est accordée à la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, avec une couverture de 98,22% des formations sanitaires en 2015, a expliqué le Président Kaboré.  Le Burkina Faso enregistre aussi une augmentation régulière du nombre de personnes qui ont accès aux traitements antirétroviraux (ARV) depuis 2010, soit 52 248 personnes en fin 2015.  Le pays a également engagé différentes initiatives pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination, y compris sur le plan juridique et médiatique.  En termes de financement, une ligne budgétaire dans la Loi de finance est, depuis 2012, consacrée à la lutte contre le VIH et représente aujourd’hui 10 milliards de FCFA.  Le Président a saisi cette occasion pour réaffirmer son engagement en faveur de l’accélération de la prévention et du traitement du VIH en vue de « mettre fin à l’épidémie du Sida à l’horizon 2030 ».

Mme ROXANA GUEVARA, Vice-Présidente du Honduras, a souligné d’emblée l’incidence du VIH/sida sur le développement.  Il faut, selon elle, agir de manière urgente pour consacrer des investissements intelligents à la fois pour limiter les nouvelles infections et éviter les décès dus au VIH/sida.  Pour elle, il va falloir mettre l’accent sur la prévention, notamment auprès des populations clefs et des jeunes et lutter contre la stigmatisation et la discrimination, ce qui signifie, se débarrasser des lois et pratiques discriminatoires, adapter les législations nationales et permettre l’accès de tous aux traitements ARV, y compris aux traitements génériques qui sont beaucoup moins chers. 

La Vice-Présidente a dénoncé l’assassinat de René Martinez, leader de la communauté homosexuelle du Honduras, « un crime homophobe qui a été commis vendredi dernier ».  Le Gouvernement est déterminé à prendre des actions réelles et concrètes pour protéger la diversité sexuelle et fait tout pour trouver les responsables de cet acte et les traduire en justice.  La Vice-présidente a rappelé les ressources limitées de son pays, sans pour autant renoncer à redoubler d’efforts pour venir en aide aux personnes et communautés touchées.  Elle a lancé un appel à la solidarité internationale et demandé aux États de maintenir leur soutien à ONUSIDA pour qu’il maintienne sa présence au Honduras car pour elle, « la riposte n’est pas une tâche individuelle ».  Elle incombe à tous et doit pouvoir s’accomplir avec le soutien de la communauté internationale grâce à des stratégies durables pour arriver à l’objectif de « Zéro nouvelle infection ». 

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. TIMOTHY HARRIS, Premier Ministre de St Kitts et Nevis a annoncé que la CARICOM s’est fixée pour objectif d’être la première région du monde sans sida « et qu’elle peut y arriver ».  Depuis la dernière Réunion de haut niveau en 2011, la région a lancé de grandes initiatives en ce sens qui ont permis de diminuer de moitié le taux de prévalence stabilisé à 1,1% actuellement.  Le nombre de personnes ayant accès aux traitements ARV est passé de 5% à 44% et les morts liées au VIH/sida ont baissé de 20 000 à 8 800.  Le Premier Ministre a expliqué que la majorité des personnes touchées vivent dans trois pays des caraïbes où la prévalence dans les groupes les plus à risque, comme les homosexuels, peut atteindre 32%.  Il s’est également inquiété de l’augmentation de la prévalence chez les femmes et les jeunes filles, une tendance « qu’il faudra inverser ».

Saluant le soutien et le leadership régional d’ONUSIDA grâce auxquels le développement d’une approche coordonnée a été rendue possible, le Premier Ministre a souligné que les décaissements du Fonds mondial ont été cruciaux pour beaucoup de pays de la CARICOM.  D’ici à 2030, il va falloir renforcer les capacités de collecte de données, tirer les leçons de la lutte contre le sida pour renforcer les systèmes de santé qui auront également à faire face à la menace du Zika et de la Dengue et mettre l’accent sur les médicaments abordables pour ne citer que quelques domaines prioritaires. 

À cet égard, il a rappelé que les Ministres de la santé de la CARICOM, avec l’assistance technique d’ONUSIDA, ont été les premiers à négocier et signer un accord avec six grandes compagnies pharmaceutiques, en 2002 à Barcelone, sur des réductions de prix de 85 à 90%.  Cela a été le point de départ d’une collaboration avec la « Clinton Foundation » qui a élargi l’accès aux ARV dans les pays à faible et moyen revenu, et qui représente des économies de 325 milliards à ce jour.  À ce propos, le Premier Ministre n’a pas voulu conclure sans contester, une nouvelle fois, la classification des pays en fonction du seul critère du revenu par habitant et ses conséquences dont l’absence d’accès aux financements concessionnels pour la lutte contre le VIH/Sida et d’autres programmes de développement.

M. BARNABAS SIBUSISO DLAMINI, Premier Ministre du Swaziland, a indiqué que son pays entend éradiquer le VIH/sida d’ici à l’an 2022.  Cela nécessite, a-t-il relevé, une plus grande implication des personnes vivant avec le VIH et celle des hommes en tant que partenaires stratégiques de la prévention et du traitement.  Nous devons créer des filets de sécurité contre la vulnérabilité des jeunes femmes et des filles, a-t-il souligné.  Il a également plaidé pour que l’accès aux traitements ne soit pas limité aux hôpitaux, envisageant une gestion des communautés pour plus d’efficacité et une réduction plus substantielle des nouvelles infections.  Dans ce cadre, il a souligné la question du prix des traitements et appelé à une collaboration régionale pour créer des pôles d’achat, booster la recherche et la technologie et donc diminuer les prix et promouvoir une réponse régionale viable au VIH/sida.

M. RUHAKANA RUGUNDA, Premier Ministre de l’Ouganda a expliqué que son gouvernement, en partenariats avec les partenaires au développement, la société civile, les leaders religieux et communautaires a fait de grands progrès dans sa riposte nationale grâce à des interventions structurelles et biomédicales.  À la fin de 2015, le nombre des nouvelles infections est passé de 162 000 en 2011 à 83 265.  Le pays est sur le point d’éliminer la transmission de la mère à l’enfant qui était de 3% en 2015.  Le nombre des personnes qui ont accès aux ARV est passé à 834 931 personnes en décembre 2015, soit une augmentation de 57% par rapport à 2013.  L’Ouganda fait des progrès concrets vers les objectifs 90-90-90 d’ONUSIDA a affirmé le Premier Ministre puisqu’en décembre 2015, plus de 65% des personnes dépistées étaient sous traitement, dont 88% sous ARV.  Il a également annoncé qu’une enquête sera lancée en juillet 2016 pour mesurer l’impact du VIH en Ouganda et collecter des données fiables et actualisées. 

Toutefois, en dépit des progrès réalisés, 55% seulement des Ougandais se font dépister; 43% des éligibles aux ARV ne les suivent pas et les programmes à l’attention des jeunes sont limités.  Le Premier Ministre a aussi avoué que la stigmatisation et la discrimination perdurent, tout en réaffirmant la volonté de son gouvernement de parvenir à « zéro nouvelle infection et zéro décès » grâce à des programmes renforcés en faveur des jeunes, à des amendements de la législation et à un financement constant.  Le Gouvernement veut diminuer la morbidité de 70% en adoptant l’approche « test et traitement » qui s’inscrit dans celle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

M. MOTHETJOA METSING, Vice-Premier Ministre du Lesotho, a souligné que le Lesotho a l’un des taux les plus élevés de prévalence avec 23% des adultes infectés.  Le pays compte 52 nouvelles infections et 26 décès liés au VIH chaque jour, alors qu’environ 19 000 enfants et 300 000 adultes vivent avec le VIH.  L’épidémie touche 26,7% de femmes et 18% des hommes; le taux de prévalence chez les adultes n’ayant pas beaucoup changé depuis 2005.  En plus du VIH, le Lesotho est fortement touché par la tuberculose avec 9 780 nouvelles infections rien que pour l’année 2014, ce qui fait que le pays a le second taux le plus important de prévalence à la tuberculose au monde.  M. Metsing a parlé des actions prises par son gouvernement afin de venir à bout de l’épidémie.  ONUSIDA doit, selon lui, faire en sorte que tous les partenaires et toutes les initiatives soient mieux coordonnés aux niveaux mondial, régional et national.  Il est évident, a souligné le Vice-Premier Ministre, que les ressources domestiques ne suffiront pas.  La communauté internationale doit augmenter son aide et trouver de nouveaux modes de financement. 

M. PAUL BIYOGHE, Vice-Premier Ministre du Gabon, a expliqué que depuis le dépistage du premier cas de sida au Gabon en 1986, son gouvernement s’est engagé à faire de la lutte contre cette pandémie une priorité, notamment par la création d’un Fonds de solidarité thérapeutique pour permettre aux personnes affectées de bénéficier d’un traitement ARV gratuit.  Dans le cadre de la mise en œuvre de la Déclaration de 2011, le dépistage y est devenu gratuit et la prise en charge globale de la femme enceinte est assurée.  Par ailleurs, l’assurance maladie universelle pour les bilans biologiques et les infections opportunistes a été mise en place, a expliqué le Vice-Premier Ministre.

Rappelant qu’en Afrique, le VIH reste une menace majeure pour la santé publique, il a reconnu que le Gabon n’échappait pas à ses multiples effets dévastateurs, et cela en dépit des efforts conjugués du Gouvernement, de la société civile, des organisations confessionnelles, du secteur privé et l’implication des personnes vivant avec le VIH.  Par conséquent, il faut renforcer la riposte car avec un taux moyen de prévalence de 4,2% en 2012, qui semble être en augmentation, le pari est loin d’être gagné, a reconnu le Vice-Premier Ministre.  Il a appelé à une plus grande mobilisation de tous qui devrait se traduire par de nouvelles formes de partenariats, des mécanismes de financement prévisibles et durables adaptés aux réalités du terrain.  Il a également averti que les progrès réalisés à ce stade pourraient devenir vains si certains pays, tels que les pays à revenu intermédiaire, restent exclus du processus d’aide internationale.

M. AMISSA-ARTHUR, Vice-Président du Ghana, a fait état des progrès réalisés de son pays: entre 2009 et 2014 le nombre des nouvelles infections a baissé de 30% et celui des décès de 43%.  Il a rendu hommage aux efforts « extraordinaires » de la société civile et des organisations communautaires pour étendre la portée et l’impact de la réponse nationale, y compris auprès des groupes les plus vulnérables.  Plusieurs défis restent à relever car la pandémie continue à s’étendre, la plupart des personnes touchées par le VIH/sida ne sont pas sous traitement, les femmes sont frappées de manière disproportionnée, la discrimination perdure et la compréhension du VIH dans la tranche des 15-24 ans reste faible.  Mais le Ghana reste déterminé à ne laisser personne sur le côté et travaille à accélérer les efforts de dépistage et de traitement dans le cadre de l’objectif 90-90-90 de l’OMS. 

À cet effet, le Gouvernement a lancé une campagne nationale intitulée « les premiers 90 » qui vise à dépister 45% de la population d’ici à 2020.  De plus, le Plan stratégique prévoit une politique de « traitement pour tous ».  Le Ghana félicite d’ailleurs le Secrétaire général pour avoir mis en place un Groupe de haut niveau sur l’accès aux médicaments et attend ses recommandations.  Il lance un appel à une action concertée au niveau international pour garantir l’accès universel aux traitements et en particulier aux ARV.  En vue de garantir des financements prévisibles et durables, le Ghana est en train de diversifier ses sources de financement.  La loi sur le financement de la lutte contre le sida est actuellement devant le Parlement, a précisé le Vice-Président qui a toutefois appelé à une augmentation significative du financement international.  « Il s’agit d’un défi mondial et d’une responsabilité mondiale », a-t-il souligné.

Pour Mme DOMINIQUE OUATTARA, Première Dame de la Côte d’Ivoire et Ambassadrice spéciale d’ONUSIDA pour l’élimination de la transmission mère-enfant et pour la promotion du traitement pédiatrique, le fait que la pandémie du sida continue de faire d’innombrables victimes, notamment parmi les femmes, les jeunes et les enfants est inacceptable.  Cette situation exige un important investissement en vue d’atteindre l’objectif de l’élimination du sida d’ici à 2030.

S’agissant de la situation en Côte d’Ivoire, elle a indiqué que la pérennisation des acquis est une priorité du pays et de la sous-région, en réduisant considérablement sa dépendance financière vis-à-vis de l’extérieur et en permettant à l’Afrique de « produire son médicament », comme l’a dit le Président Ouattara.  Même s’il reste encore beaucoup à faire, la Côte d’Ivoire a enregistré des progrès importants puisque le taux de prévalence est passé de 4,7% à 3,7% en 10 ans et que les nouvelles infections ont diminué de plus de 50%, passant de 52 000 en 2000 à 25 000 en 2014.  Plus de 150 000 personnes ont désormais accès aux antirétroviraux (ARV) dont les femmes enceintes séropositives dont le taux d’accès est passé de 46% en 2012 à 80% en 2014.  Mme Ouattara a également parlé de la loi spécifique pour la protection des personnes vivant avec le VIH/sida qui a été adoptée pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination.

Elle a appelé à un partenariat mondial fort, en vue de mettre en œuvre une synergie d’actions, pour qu’au cours des prochaines années, nous puissions venir à bout de l’épidémie du sida.  Pour elle, l’accès équitable aux ARV est vital pour combler le fossé pédiatrique de traitement du VIH.  Elle a réclamé une mobilisation de tous et un engagement de chacun, pour la recherche de solutions locales, incluant entre autre la production d’ARV de qualité et accessibles à tous, et la mise en place de méthodes innovantes de sensibilisation et de prévention, orientée essentiellement vers la jeunesse.  Avant de conclure, Mme Ouattara a espéré que les recommandations de la réunion internationale des Ministres de la santé, sur la fin du sida pédiatrique, qui a eu lieu à Abidjan le 10 mai dernier, seront inclues dans la Déclaration politique finale.

Mme GINETTE MICHAUD PRIVERT, Première Dame d’Haïti a jugé qu’il serait prématuré de crier victoire, au regard de la magnitude de la pandémie du sida dans certaines régions et des risques toujours présents de son expansion.  Elle a rappelé que nous sommes toujours loin de l’objectif de l’universalité de l’accès aux traitements et a saisi cette occasion pour dénoncer la réduction des enveloppes d’aide publique au développement qui limite singulièrement l’accès aux traitements et aux ressources indispensables des « pays les plus meurtris par le sida ».  Il ne fait pas de doute qu’il faille intensifier les efforts de la communauté internationale, et accroitre notamment l’engagement des pays donateurs, des organisations internationales, du secteur privé et des grands groupes pharmaceutiques pour plus d’efficacité et d’efficience dans la riposte mondiale à ce fléau.

Mme Privert a évoqué la situation en Haïti qui demeure le pays le plus touché par le VIH/sida en dehors du continent africain.  Le taux de prévalence s’est stabilisé autour de 2,2% avec 60% de femmes parmi les personnes touchées par l’épidémie.  Le groupe des 20 à 49 ans est le plus frappé et la prévalence, quoique stationnaire dans l’ensemble, a augmenté chez les femmes (2,7% en 2012) pour diminuer chez les hommes (1,7% en 2012).  « En un mot, l’infléchissement de la courbe de l’épidémie du sida à l’horizon 2030 constitue pour l’État haïtien un immense défi », a affirmé la Première Dame.

Pour que les objectifs 90-90-90 de l’OMS deviennent réalistes en Haïti, il va falloir surmonter de nombreux obstacles dont l’accès universel au traitement; une meilleure prise en charge des patients dans les structures de santé; et l’accélération de la mise en place de la charge virale dans les centres de santé ainsi que la surveillance épidémiologique des résistances aux ARV en accord avec les projets régionaux HIVDR (HIV-drug resistance) de l’OMS/PAHO.  Mme Privert n’a pas manqué de souligner qu’en dépit des avancées encourageantes, l’élimination de l’épidémie à l’horizon 2030 se heurte à des défis multiples et de taille en Haïti.  L’immensité des besoins, le contexte de sous-financement actuel, l’instabilité institutionnelle, conjugués aux handicaps structurels du pays, à la faiblesse de ses infrastructures essentielles et aux carences dramatiques de l’infrastructure de santé publique, en ont singulièrement accru la complexité.

La PRINCESSE STEPHANIE DE MONACO, a souligné que face au sida, une maladie apparue récemment, « nous venons de réussir l’incroyable pari de stopper l’expansion alors qu’aucun vaccin n’a encore été trouvé ».  Pour elle, ces résultats positifs ne sont dus qu’à la volonté collective d’enrayer cette maladie et de s’organiser pour y parvenir.  Depuis 2000, la communauté internationale a réalisé des avancées notables et accepté de faire face à la réalité par le biais d’un « incroyable » engagement politique, scientifique, social et humain tant aux niveaux international, national que local.  La Déclaration du Millénaire et la création du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ainsi que la Déclaration des Nations Unies sur les VIH de 2011 sont autant d’étapes clefs, selon Stéphanie de Monaco, qui ont permis de mettre les décideurs en ordre de bataille et de marquer des points contre la maladie. 

Ainsi, en 2016, « la conspiration du silence » faiblit et le sida n’est plus la maladie des autres, mais une maladie qui nous touche de près.  « Le sida relève de notre responsabilité collective », a estimé la Princesse qui a appelé la communauté internationale à réserver ses efforts aux plus vulnérables qui sont « malades et exclus », parce que vivant dans des pays défavorisés, parce que stigmatisés et discriminés.  Elle a préconisé un changement d’approche pour être plus efficace.  Pour cela, il faut associer les communautés locales et leurs leaders pour assurer la prévention, lutter contre la stigmatisation et rendre aux personnes vivant avec le VIH toute leur place dans la société.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. JOSEPH KASONDE, Ministre de la santé de la Zambie, s’est félicité de l’adoption de la Déclaration, ajoutant qu’elle constituerait le cadre d’action des pays de son Groupe durant les cinq prochaines années.  Il s’est particulièrement félicité que la Déclaration ait réaffirmé le droit souverain d’honorer leurs lois et priorités de développement.  M. Kasonde a également noté que les « populations clefs » citées dans la Déclaration varient de pays à pays et qu’il appartient aux États de définir quelles sont ces populations.  En Afrique, ce sont les femmes et les adolescentes qui sont les personnes les plus exposées, a-t-il affirmé, rappelant que le sida reste la cause première de décès chez les femmes en âge de procréer en Afrique. 

M. Kasonde a ensuite rappelé les efforts et progrès réalisés en Afrique, tout en notant qu’il reste beaucoup à faire et que deux tiers des 2,1 millions de personnes infectées en 2015 dans le monde vivaient en Afrique.  Il a aussi estimé qu’il serait possible d’arriver avant 2030 à « Zéro nouvelle infection », notamment par l’éducation, la coopération avec les personnes directement concernées et les transferts de ressources.  Le Groupe africain demande dans ce cadre l’application du Programme d’action d’Addis-Abeba.  L’Afrique subsaharienne restant la région la plus touchée par le sida, il faut une réponse exceptionnelle, a poursuivi M. Kasonde.  Il a rappelé par exemple la faible proportion de jeunes qui, en Afrique australe, connaissent leur sérologie.  Il faut donc renforcer les systèmes de santé et l’éducation sexuelle.  Le Groupe africain pense qu’il faut innover pour avoir des traitements antirétroviraux à la fois plus efficaces et moins coûteux.

Intervenant ensuite en sa capacité nationale, M. Kasonde a présenté les mesures prises et les résultats obtenus par son pays.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’associer la lutte contre le sida à d’autres politiques de santé et de développement.  Ainsi, la Zambie dispose d’un Conseil sur la lutte contre le sida, les maladies transmissibles et la tuberculose, qui travaille avec la société civile tout en rendant compte de ses activités au Ministère de la santé.  La Zambie reste en outre attachée à une politique d’éducation à la sexualité, a dit le Ministre, avant de rappeler que Lusaka a été identifiée comme une des villes test pour l’accélération de la lutte contre le sida.  Les mesures prises commencent à porter des fruits et le pays enregistre une baisse de la prévalence chez les jeunes.  La Zambie est convaincue que l’adoption de la Déclaration apportera un nouvel élan à la lutte contre la pandémie. 

Au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), Mme DORCAS MAKGATO, Ministre de la santé du Botswana, a fait le point sur l’expérience de l’Afrique australe, indiquant que si les progrès ont été significatifs pour ce qui est du traitement, la prévention reste à la traine.  Trois maladies frappent ces pays, à savoir le sida, la tuberculose et le paludisme, et, par conséquent, la SADC préconise l’intégration des politiques.  Venir à bout de l’épidémie d’ici à 2030 exige, selon elle, une combinaison de facteurs qui vont de la disponibilité des ressources adéquates et prévisibles aux approches biomédicales et comportementales.  La SADC est consciente de la nécessité d’augmenter la part des financements nationaux et s’engage à former le capital humain nécessaire, tout en espérant pouvoir compter sur l’aide financière internationale.  Parlant ensuite en sa qualité nationale, la Ministre a indiqué que son pays alloue 17% de son budget national à la santé.  Depuis le premier cas de sida au Botswana en 1985, des programmes de prévention ont été mis en place, le Botswana devenant le premier pays africain à proposer les ARV.  Plus de 95% des personnes séropositives ont désormais accès à ces traitements, a affirmé la Ministre.  Il y a tout juste une semaine, le Président a lancé l’initiative nationale « Treat all ».  Par ailleurs la transmission mère-enfant est tombée à 1,6%, a ajouté la Ministre qui s’est dite confiante que le Botswana est en bonne voie pour réaliser la cible 90-90-90 de l’OMS d’ici à 2020 puisque d’ores et déjà 83% des personnes séropositives savaient qu’elles l’étaient et 96% d’entre elles ont reçu des traitements.

M. JOSE NARRO ROBLES, Ministre de la santé du Mexique, a souligné que pour mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030, il faudra renforcer les mesures qui ont démontré leur efficacité et faire preuve de solidarité à l’égard des pays qui ont des besoins mais peu de moyens.  Il faudra aussi reconnaitre que le sida est un problème de santé publique nuisant au développement et nous concernant tous.  À cette fin, il conviendra de citer explicitement les groupes les plus à risque.  Il ne sert à rien, a-t-il insisté, de feindre d’ignorer leur existence.  Le Ministre a appelé à la lutte contre l’homophobie et toutes les discriminations et stigmatisations contre la communauté LGBT.  Il a rappelé que son Président vient de ratifier l’engagement du pays en faveur de la non-discrimination et pour la construction d’un Mexique véritablement inclusif dans lequel chacun pourra exercer pleinement ses droits.  Le Ministre a mis l’accent sur les jeunes et adolescents, particulièrement affectés par le sida, en insistant sur la nécessité de leur offrir une éducation sexuelle laïque et scientifique, afin de leur permettre d’assumer une sexualité responsable, informée et protégée.  Il a de même mis en avant l’importance d’un accès universel au dépistage du sida et la nécessité d’utiliser de nouvelles technologies accompagnées des informations et de la confidentialité requises.

M. VICTOR SHAFRANSKY, Ministre de la santé de l’Ukraine, a rappelé que son pays avait le deuxième taux de prévalence des pays d’Europe de l’est et centrale avec environ 220 000 personnes vivant avec le sida et environ 11 000 nouvelles infections par an.  Sachant que l’Ukraine représente 19% des cas de sida dans cette région, tout progrès national aura un impact régional.  Malgré les défis actuels et grâce à l’aide des organisations internationales et des donateurs bilatéraux tels qu’ONUSIDA et le Fonds mondial, le Gouvernement ukrainien reste déterminé à lutter efficacement contre cette épidémie.  Au cours des 10 dernières années, la couverture ARV a été multipliée par 20, et la thérapie de substitution aux opiacés a été multipliée par 53, alors que le taux de transmission mère-enfant est passé de 27,8% à 3,8%.  En avril 2016, la capitale ukrainienne, Kiev, est devenue la première ville d’Europe orientale et d’Asie centrale à lancer la mise en œuvre de la stratégie « Fast track ».  Le Gouvernement ukrainien a également développé une stratégie qui met en avant les cibles 90-90-90 d’ici à 2020.

M. FERNANDO LLORCA CASTRO, Ministre de la santé du Costa Rica, a déclaré que son gouvernement s’est engagé à traiter, pour des raisons humanitaires et de santé publique, tous les cas de maladies sexuellement transmissibles, y compris la séropositivité.  Des unités mobiles sont en mesure d’établir des diagnostics dans les zones à risque et auprès des personnes transgenres et prostituées.  Le Costa Rica a lancé un processus d’évaluation de ses efforts visant à éliminer la transmission verticale du VIH/sida avec l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Le Ministre a espéré obtenir des données exactes pour adapter en conséquence ses actions.   

M. SHRI J.P. NADDA, Ministre de la santé et de la famille de l’Inde, a indiqué que le nombre de morts liées au sida avait diminué de 55% depuis 2007 et les nouvelles infections de 66% depuis 2000.  Près d’un million de personnes sont actuellement sous traitement antirétroviral.  Ces succès n’auraient pas été possibles sans l’accès à des médicaments à des prix abordables.  Plus de 80% des ARV sont fournis par la filière pharmaceutique de l’Inde, ce qui a permis de sauver des millions de vie dans le monde, et en particulier dans les pays en développement.  L’Inde est fière d’être l’un des principaux partenaires de la lutte contre ce fléau, et collabore avec toute une gamme de pays partenaires, et d’autres parties prenantes comme ONUSIDA.

Le Ministre a proposé cinq moyens pour une action à l’unisson de la communauté mondiale pour les cinq prochaines années: tout d’abord il faut adopter la riposte accélérée proposée par ONUSIDA avec 90% des personnes ayant accès aux traitements sans pour autant délaisser la prévention.  Parallèlement il faut augmenter les investissements, soulignant que le moment est venu pour que les pays développés en fassent plus et renforcent leurs engagements.  Ensuite, il faut garantir l’accès à des médicaments abordables, et l’Inde s’engage à exploiter toutes les flexibilités des Accords TRIPS.  Le Ministre a en outre plaidé en faveur de sociétés inclusives pour tous qui valorisent la vie humaine.  Enfin, il s’est dit d’avis que la riposte multisectorielle face au sida, qui est proposée dans la Déclaration politique, ne doit pas être sacrifiée au profit d’une approche biomédicale étroite.  Pour lui, le seul moyen de venir à bout de cette épidémie est d’agir ensemble.

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a rappelé la crise humanitaire sans précédent qui a frappé son pays qui en 2012, était déjà affecté par trois décennies de crises militaro-politiques.  Cette crise a ralenti la réponse multisectorielle contre le VIH et le sida.  Ainsi, entre 2013 et 2014, près du tiers des patients sous traitement antirétroviral ont été perdus de vue ou ont dû arrêter leur traitement du fait de déplacements massifs des populations et des difficultés d’organisation des soins.  Le Président a également rappelé que, pendant cette période, le pays avait pu bénéficier de l’appui de toutes les agences du système des Nations Unies, du Fonds mondial, de partenaires bilatéraux et des ONG humanitaires.  Cette assistance, a ajouté M. Touadera, a permis de faire face au double défi d’une prévalence de 4,9% en 2010 et des conséquences de la crise.  Elle a notamment permis de maintenir la courbe descendante de la prévalence sensiblement au niveau prévu.

Pourtant, de multiples défis sont à relever pour permettre à la République centrafricaine de s’associer aux autres pays afin d’accélérer l’action.  Le Président a précisé que son pays vient de se doter d’un Plan stratégique 2016-2030 pour atteindre les objectifs de développement durable et mettre en œuvre la stratégie 90-90-90 d’ONUSIDA.  Le principal objectif du pays est d’atteindre le taux de 90% de couverture des traitements antirétroviraux pour les personnes infectées, contre seulement 24% actuellement.  M. Touadera a chiffré les ressources nécessaires à 247 millions d’euros, tout en affirmant que son pays soutiendra cette mise en œuvre dans la mesure de ses moyens.  Il a lancé un appel à l’appui des partenaires au développement.

Mme VERONICA SKVORTSOVA, Ministre de la santé de la Fédération de Russie, a indiqué que pour son gouvernement, l’une des questions prioritaires du développement durable est la lutte contre le VIH/Sida.  Le pays a opté pour une stratégie nationale qui met l’accent d’une part sur la prophylaxie, y compris par des programmes d’information pour différents groupes d’âge en s’appuyant sur les médias et par des programmes de dépistage volontaire gratuits.  Actuellement 90% des enfants qui ont des mères séropositives naissent en bonne santé, a poursuivi la Ministre qui a également indiqué que l’accès aux traitements ARV a été multiplié par 5 en 5 ans.  Toutefois, la consommation accrue de drogues injectables a contribué à un pic dans les décès de personnes touchées par le VIH/sida, a-t-elle expliqué.  Son gouvernement fournit désormais les médicaments gratuitement aux séropositifs et leur coût est en baisse parce que le pays développe de plus en plus ses propres médicaments.  Pour la Ministre, le succès de l’approche intersectorielle systémique proposée par la Déclaration politique dépendra de l’efficacité des politiques nationales et de l’accès universel aux médicaments.

M. ARMEN MURADYAN, Ministre de la santé de l’Arménie, a assuré que son pays disposait d’un système intégré de services sur le VIH/sida, la tuberculose, et la santé maternelle et infantile, qui permet d’établir des diagnostics rapides et d’offrir des traitements de qualité.  À cet égard, il a salué le rôle du Fonds mondial et du programme russe d’assistance technique pour le contrôle du VIH/sida en Europe de l’Est et en Asie centrale.  Les mesures préventives ont permis de limiter à moins de 5% la prévalence du VIH dans les populations à risque et à moins de 1% chez les femmes enceintes.  De façon générale, ce taux n’atteint que 0,2% chez les adultes.

Toutefois, a averti le Ministre, la région d’Europe de l’Est et d’Asie centrale, y compris l’Arménie, enregistre aujourd’hui la croissance la plus rapide de l’épidémie de VIH dans le monde.  En Arménie, la majorité des cas déclarés ont touché des travailleurs migrants qui ont été infectés à l’étranger.  Sur une note positive, le pays n’a enregistré aucun cas de transmission de la mère à l’enfant depuis 2007, un fait qui vient d’être certifié par l’OMS.  Il s’est inquiété de la baisse du financement des donateurs, compte tenu des besoins importants. 

Pour M. HERMANN GRÖHE, Ministre de la santé de l’Allemagne, « mettre fin au sida en 2030 est une promesse gigantesque ».  C’est aussi un engagement sur lequel comptent toutes les personnes affectées, a ajouté le Ministre, qui a parlé, à propos des objectifs de développement durable, d’une « responsabilité sacrée ».  La seule chose qui manque à ce jour, a-t-il estimé, c’est l’engagement politique de mettre en œuvre les engagements de manière efficace et positive.  La Déclaration est donc un appel à tous les gouvernements pour qu’ils fassent preuve du leadership politique nécessaire pour faire en sorte que personne ne soit laissé sur le côté.  Il faudra pour cela éliminer les lois qui stigmatisent l’homosexualité ou qui ne reconnaissent pas la toxicomanie comme une maladie.  Il faudra aussi éduquer et autonomiser les filles.  Le Ministre a rappelé qu’une éducation sexuelle de qualité ne conduit pas à une sexualité plus précoce.  Au contraire, l’Allemagne est un des pays où le taux de grossesses précoces est la plus faible au monde.

M. Gröhe a rappelé que son pays avait ces dernières années augmenté son engagement financier mondial en faveur de la santé à 800 millions d’euros par an.  L’Allemagne espère le succès de la Conférence de reconstitution du Fonds mondial en septembre.  Le Ministre a aussi rappelé qu’investir dans la santé c’est investir dans l’avenir.  Il a mis en avant les très bons résultats de son pays en matière de lutte contre le VIH/sida.  Le Gouvernement a adopté une nouvelle stratégie intégrée sur le VIH, les hépatites B et C et autres maladies sexuellement transmissibles.  La stratégie vise à offrir une prévention et des soins centrés sur la personne.  Le fait de détruire le tabou sur les maladies sexuellement transmissibles et de classer le VIH avec les autres MST pourra aussi contribuer à réduire la stigmatisation associée au VIH et au sida, a précisé le Ministre.

M. IENG MOULY, Ministre et Président de l’Autorité nationale du Cambodge sur le sida, a expliqué que la réponse de son pays au sida avait bien évolué au cours des 25 dernières années, passant du contrôle de l’épidémie à l’objectif d’éliminer toute nouvelle infection d’ici à 2025.  Des lois ont été promulguées pour promouvoir la tolérance à tous les niveaux de la société et des stratégies spécifiques ont ciblé la population à risque pour qu’elle ne soit pas oubliée.  La prévalence du VIH est passée de 2% en 1998 à 0,6% en 2015. 

De plus, a poursuivi le Ministre, plus de 90% de la population est informée des risques du VIH/sida et la façon de prévenir la transmission.  Plus de 90% de la population à risque utilise des préservatifs et plus de 80% des personnes vivant avec le VIH/sida reçoivent un traitement antirétroviral et plus de 70% de ces personnes et des orphelins bénéficient d’une aide sociale, en matière de nutrition, de santé, de scolarité.  Le pays est déterminé à renforcer la qualité de sa couverture médicale, à « briser le complot du silence » en autonomisant les communautés, à augmenter de 7% ses investissements dans le secteur et à recueillir davantage de données.

Pour M. GABRIEL WIKSTRÖM, Ministre de la santé et du sport de la Suède, avec la science actuelle et les connaissances que nous possédons, nous avons les outils nécessaires pour venir à bout du sida d’ici à 2030.  Mais pour cela il faut agir, ce qui suppose une véritable coopération et coordination entre différents secteurs et au-delà des frontières.  Pour la Suède, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 offre une opportunité unique pour une réponse intégrée à cette pandémie.  Le Ministre a insisté sur la notion selon laquelle la santé est un droit de l’homme et cela indépendamment de l’ethnicité, de l’âge, du sexe et de l’orientation sexuelle.  Il a également fait valoir que les lois qui criminalisent ou discriminent les personnes séropositives violent leurs droits fondamentaux.  Ces lois et ces stigmatisations vont à l’encontre des soins universels et de la prévention.

Ainsi, le respect intégral des droits fondamentaux devient une condition essentielle pour traiter et prévenir le VIH/sida.  Pour vraiment éliminer ce fléau, il faut éliminer la stigmatisation et la discrimination qui l’accompagnent, a insisté le Ministre.  Venir à bout du Sida signifie pouvoir atteindre les personnes à risque, notamment les femmes en âge de procréer, les réfugiés, les migrants, les toxicomanes, les homosexuels et les demandeurs d’asile qui doivent être rassurés que leur séropositivité n’affectera pas leur demande.  Le Ministre a également mis l’accent sur l’importance cruciale d’une bonne éducation sexuelle dans la lutte contre le VIH/sida, ainsi que sur le rôle des jeunes dans la définition et la mise en œuvre des programmes.

La Suède a d’ores et déjà atteint les cibles 90-90-90 de l’OMS, mais comme il s’agit d’un défi mondial, elle soutient activement les efforts d’ONUSIDA.  Elle alloue 500 millions de dollars, soit 13% de son aide au développement, à la santé.

M. CLEOPA MAILU, Ministère de la santé du Kenya, a déclaré que la réponse mondiale à la pandémie du sida avait permis de structurer des services et programmes de santé et dans d’autres secteurs.  Le Kenya a appris qu’une réponse multisectorielle au sida pouvait rassembler des ressources de différentes agences gouvernementales, de communautés et d’acteurs divers en vue d’un objectif commun et d’accélérer ainsi les services même au profit des plus démunis.  Le représentant a parlé des progrès réalisés par son pays, comme la baisse de la prévalence qui est passée de 13% à 6% en 10 ans et la réduction du nombre des nouvelles infections annuelles de 110 000 à 72 000 chez les adultes.  Les nouvelles infections chez les enfants et les femmes ont été réduites de 63% depuis 2011.  Le Kenya a également permis à plus de 900 000 personnes vivant avec le VIH d’avoir accès à des antirétroviraux et 72% des Kenyans ont été testés au moins une fois.  On estime à un demi-million le nombre de vies qui ont ainsi été sauvées.

Ces résultats sont dus à de nombreux facteurs, a poursuivi le représentant qui a cité le soutien politique du Président et de la Première Dame en faveur de l’objectif des trois zéro, la qualité de la recherche nationale et un solide système de surveillance et de suivi.  Il reste, a reconnu le représentant, des défis à relever du fait notamment des disparités géographiques ou démographiques dans la prévalence.  La principale préoccupation du pays concerne la jeunesse, au sein de laquelle le sida reste la principale cause de décès et qui compte pour 46% des 72 000 nouvelles infections d’adultes recensées en 2015.

M. Mailu a rappelé le poids financier de la lutte contre le sida, expliquant que le seul coût des médicaments antirétroviraux représentait 26% du budget de son Ministère.  Il faut donc augmenter les ressources intérieures et trouver des financements durables pour une réponse à long terme.  Le Kenya demande en outre que soient levées les barrières qui peuvent menacer l’accès aux antirétroviraux.

M. ROBERTO MORALES OJEDA, Ministre de la santé publique de Cuba, a estimé que la crise économique, la stigmatisation et la discrimination continuaient d’entraver les efforts visant à mettre rapidement fin à l’épidémie de VIH/sida.  Pour atteindre les objectifs fixés, les droits à la santé et à l’éducation doivent être garantis au niveau international et les pays développés doivent augmenter leur aide économique, a-t-il estimé. 

En 2015, s’est félicité le Ministre, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a certifié que Cuba a été le premier pays du monde à éliminer la transmission du VIH et de la Syphilis de la mère à l’enfant.  Ce progrès a été rendu possible par la politique de la révolution cubaine en matière de santé, a-t-il ajouté.  Cuba offre aux personnes qui vivent avec le VIH un programme de prévention, de diagnostic et de traitement antirétroviral conforme aux recommandations de l’OMS et de l’ONUSIDA.  Le Ministre a précisé que son pays a déployé plus de 49 000 collaborateurs de santé dans 67 pays.     

M. BERNARD HAUFIKU, Ministre de la santé et des services sociaux de la Namibie, a indiqué que son pays alloue 30% du budget de la lutte contre le sida à la prévention sans pour autant mettre en cause le volet traitement.  L’engagement politique de la Namibie de mettre un terme au VIH s’accompagne de celui d’éliminer la pauvreté, a expliqué le Ministre.  À cet effet, la Namibie s’est dotée d’un cadre stratégique, qui s’accompagne d’un plan de mise en œuvre qui inclut des programmes de prévention.  Elle teste en ce moment les directives « Test and Treat » de l’OMS dans trois régions qui connaissent une forte prévalence du VIH, et ces directives seront élargies à tout le pays.  Par ailleurs, les traitements sont gratuits pour les femmes enceintes séropositives, les enfants de moins de 15 ans, les séropositifs et leurs parents.  Le Ministre a également expliqué que tous les hôpitaux de district offrent les traitements ARV et il est prévu d’aller au-delà pour atteindre les collectivités, les villages et les foyers.  L’éducation sexuelle dans les écoles est un autre facteur important dans la lutte contre ce fléau.  Parmi les défis cités par la Ministre, figurent le problème des ressources humaines, notamment de spécialistes en épidémiologie, ainsi que le dépistage chez les hommes, l’insuffisance de la planification familiale ou encore le manque de coordination au niveau national entre les principales parties prenantes.

M. PIYASAKOL SAKOLSATAYADORN, Ministre de la santé publique de Thaïlande, a déclaré que son pays avait réussi dans un premier temps à stabiliser l’épidémie du sida, avant de la réduire avec détermination.  Il a expliqué que le pays avait obtenu ses résultats par l’utilisation systématique des préservatifs chez les travailleurs du sexe au milieu des années 1990, la prévention de la transmission mère-enfant et l’accès généralisé aux antirétroviraux.  Outre un engagement politique constant, cinq éléments, les « cinq i », avaient contribué à ces résultats.  Le premier « i » est l’innovation sociale, comme l’utilisation des préservatifs et la prévention de la transmission mère-enfant.  Le deuxième « i » est l’investissement, notamment local, dans la qualification du personnel médical.  Le troisième « i » indique l’action intersectorielle et le quatrième définit l’information pour assurer la prise de bonnes décisions.  Enfin, le dernier « i » est pour « intensif ».  Il s’agit d’agir intensivement pour atteindre les populations clefs, les recruter dans des services inclusifs, tester les personnes à risque, traiter celles qui se sont révélées séropositives et veiller à assurer un cycle continu de prévention, de soins et de traitement pour les populations clefs.

M. DAVID PAGWWESESE PARIRENTYATWA, Ministre de la santé et de l’enfance du Zimbabwe, a expliqué que la riposte au sida de son pays est ancrée dans la prévention et affirmé que cela a déjà des incidences positives dont un taux de prévalence d’environ 15%.  L’accent a été mis sur le dépistage, la circoncision médicale, et la lutte contre la transmission mère-enfant et la promotion des préservatifs.  Il a espéré que grâce à ces mesures, ainsi qu’à l’initiative d’auto-dépistage, 90% de la population saura quel est son statut d’ici à 2020.  Quelque 5 millions de dollars ont été alloués à des actions de prévention, car ce volet restait à la traine par rapport au programme de traitement par ARV qui couvrait 60,2% des adultes en 2015 et 78% des enfants.

Le Zimbabwe a également lancé un partenariat public-privé pour l’approvisionnement en ARV.  Leur prix est ainsi passé de 70 à 17 dollars par mois et par personne, a expliqué le Ministre.  Avant de conclure, il a lancé un appel aux partenaires au développement pour qu’ils maintiennent, voire augmentent leurs engagements dans le cadre de ce combat.

M. SAID AIDI, Ministre de la santé de la Tunisie, a expliqué que son pays, qui a adhéré depuis les années 1980 à la riposte globale au sida, a toujours centré son approche sur l’être humain et l’a ancrée sur les principes des droits de l’homme et de l’équité en santé.  La nouvelle Constitution de la Tunisie adoptée en 2014 constitue une opportunité majeure de renforcer les acquis de la lutte contre le VIH, a-t-il ajouté, car elle renforce le respect des droits de l’homme, la parité, l’accès aux services de santé et a une protection sociale sans discrimination.

M. Aidi a rappelé que son pays avait adopté régulièrement des plans stratégiques nationaux à partir des années 2000.  Ainsi, un plan pour la période 2015-2018 a été élaboré sur la base d’une concertation réelle avec les acteurs impliqués.  Par ailleurs, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est au cœur de la réforme actuelle du système de santé tunisien.  Le Ministre a rappelé que la prévalence du sida en Tunisie reste faible mais que le pays est conscient de sa progression au sein des populations les plus exposées ou vulnérables.  La Tunisie est déterminée à y faire face et adhère à l’appel mondial lancé par ONUSIDA afin d’accélérer la riposte sans laisser personne sur le côté.  Il faut toutefois être conscient des défis, a ajouté M. Aidi, qui a cité l’accès insatisfaisant au dépistage et au traitement dans plusieurs pays, les disparités de genre et les discriminations, ainsi que le manque de ressources financières du fait de la crise mondiale.  Le Ministre a donc lancé un appel pour que l’on relève ces défis et que l’on mette fin ensemble à l’épidémie de sida d’ici à 2030, ce qui serait une contribution majeure à la réalisation des objectifs de développement durable.

M. ABDELMALEK BOUDIAF, Ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière de l’Algérie, a mis l’accent sur les obstacles persistants dans la lutte contre le sida, notamment le coût élevé des médicaments et des nouvelles technologies qui constituent un lourd fardeau pour les pays du Sud.  L’accès universel pour tous, et en particulier pour les personnes vulnérables et la mise en place de financements durables à travers des fonds novateurs nationaux et internationaux et enfin la lutte contre toute forme de discrimination et de stigmatisation font également partie de ces obstacles, selon le Ministre.  Il a fait état de progrès « indéniables » en Algérie dans la lutte contre le sida qui demeure une priorité nationale.  Sa riposte nationale s’inscrit dans le cadre des objectifs de la Déclaration politique de l’ONU de 2011, a-t-il expliqué, ajoutant que ces efforts sont financés à hauteur de 95% sur le budget de l’État.  Il a également indiqué que l’accès était gratuit à toutes les prestations préventives et curatives pour tous les PVIH.  La couverture en matière de traitement ARV était de plus de 85% en 2015.

Cette riposte nationale est basée sur une approche de planification axée sur les résultats préconisés par ONUSIDA et a déjà intégré la cible des trois 90 en tant que priorité dans son plan national 2016-2020.  La contribution de l’Algérie aux efforts internationaux s’est traduite par l’organisation de deux rencontres régionales de haut niveau au cours des deux dernières années: celle sur les femmes leaders et la riposte au sida dans la région MENA et celle sur l’accélération du dépistage VIH dans la région MENA.

Table ronde 1: « Le sida dans le contexte des objectifs de développement durable: tirer parti de l’élimination du sida aux fins de transformations sociales et de développement durable »

Le Coprésident de la table ronde et Vice-Président du Ghana, M. Kwesi Bekoa Amissah-Arthur, a rappelé que la stratégie qu’ONUSIDA a adoptée l’année dernière prône l’utilisation des technologies de l’information et des médias sociaux, qui peuvent atteindre des milliards de personnes.  Son homologue et ancien Président de Fidji, M. Ratu Epeli Nailatikau, a souligné que plus que jamais la santé et le développement durable doivent aller de pair.  Il a rappelé « l’opportunité extraordinaire » offerte par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et s’est dit très heureux que Fidji ait décriminalisé les relations entre personnes de même sexe et éliminé les restrictions aux voyages des personnes infectées par le VIH/sida.

Chacun, a-t-il plaidé, doit mettre à profit les synergies offertes par les objectifs de développement et veiller à ce que la fin du sida représente une transformation sociale.  C’est la peur qui nous empêche de créer les sociétés envisagées par le Programme de développement à l’horizon 2030, a-t-il ajouté, en appelant à des sociétés inclusives qui ne laissent personne sur le côté. 

La représentante du Kenya a rappelé que son pays a mis en place en 2009 le premier « tribunal sur le sida » qui doit veiller à l’accès aux traitements.  Ce « tribunal » s’est à ce jour saisi de plus de 300 cas de discrimination, notamment sur le lieu de travail.  Interrogée sur l’élimination éventuelle des restrictions qui s’appliquent encore dans son pays aux personnes séropositives, La Ministre de la santé de la Fédération de Russie a admis que la mesure qui date de l’époque où les ARV n’existaient pas est devenue discutable.  La situation a radicalement changé, a-t-elle avoué, affirmant qu’elle a permis d’alléger les restrictions en 2015.  La Fédération de Russie a l’intention d’aller plus loin et partage entièrement les termes de la Déclaration adoptée aujourd’hui.  Ces propos ont suscité des interrogations chez la Directrice du plaidoyer à « International Women’s Health Coalition » qui, alertant de la hausse du nombre des nouvelles infections en Europe de l’Est, a accusé la Fédération de Russie de pratiquer une politique essentiellement répressive, citant la suppression des programmes de prévention en Crimée.  Elle a aussi appelé à la dépénalisation de certains comportements et s’en est pris aux États qui criminalisent le travail sexuel, comme la France, plaidant au contraire pour une action de sensibilisation et de prévention qui inclue tous les groupes concernés.

En Suisse, a confié la Secrétaire d’État aux affaires étrangères, la politique sur la drogue qui a été adoptée après de vifs débats et qui a permis, « en intégrant plutôt qu’en discriminant », d’éliminer pratiquement le sida parmi les consommateurs de drogues.  Ces derniers ont d’ailleurs été largement inclus dans l’élaboration de la politique.  Sur la base de son expérience, la Suisse estime que toute politique de lutte contre le sida suppose une participation inclusive et transparente, dans un esprit de partenariat et de responsabilité partagée. 

Il faut une approche politique car les mesures législatives relèvent bien de la politique, a commenté le Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie qui a comparé le nombre des morts par an à « l’écrasement de cinq ou six jumbo-jets par jour ».  Il faut une approche politique centrée sur les droits des personnes et c’est cet élan politique qui permettra un vrai changement.  La résilience d’une société est aussi la conséquence d’un système de santé efficace et plus généralement d’une économie dynamique, ce à quoi peuvent contribuer les entreprises privées, a commenté le Directeur général de « Sarona Asset Management Inc ».  C’est en effet avec un meilleur système général de santé que l’on pourra aussi diminuer le coût de l’accès aux traitements, a acquiescé le représentant du Kenya.

Le Malawi est très fier d’avoir, avec un coût de 160 dollars par an et par personne, le programme de lutte contre le sida le plus efficace au monde, a déclaré son représentant.  Il faut accélérer la lutte, a encouragé son homologue du Brésil non seulement en continuant à faire la même chose mais aussi en utilisant des solutions novatrices.  La lutte contre la discrimination, les partenariats et les opportunités, c’est le triplé gagnant de la Thaïlande a confié son représentant.  La lutte contre le sida doit être liée à la réalisation des autres objectifs de développement durable, a estimé son homologue du Maroc, estimant que la politique de décloisonnement d’ONUSIDA a joué un rôle pionnier.  C’est aussi la politique suivie par le Maroc qui élabore actuellement un plan intégré unique de mise en œuvre des objectifs de développement durable.

C’est en effet une question de volonté politique, a reconnu la représentante de Cuba, en mettant l’accent sur le fait que la politique de santé de son pays montre son efficacité depuis 55 ans.  Cuba a réussi à éliminer la transmission materno-fœtale grâce notamment aux efforts de la société civile et à la promotion de l’égalité homme-femme.  Les partenariats entre les gouvernements et la société civile sont « essentiels », a insisté le représentant de Youth LEAD.  La société a toujours joué un rôle clef dans la lutte contre le VIH/sida en Mongolie, a souligné sa représentante qui a demandé à ONUSIDA de mettre l’accent sur le renforcement des structures gouvernementales de lutte contre l’épidémie.

À son tour, son homologue du Royaume-Uni a reconnu le rôle de la société civile et a aussi insisté sur l’éducation et l’autonomisation des filles et des femmes.  Reconnaissant le rôle de l’éducation pour la prévention qui doit être la priorité, le représentant du Pakistan a prévenu qu’il n’y aura pas de progrès si le regard des gens sur la maladie et les personnes infectées ne change pas.  Il faut mettre fin au « silence » qui entoure la maladie, a acquiescé son homologue du Pérou.  Il faut lutter contre la discrimination et la stigmatisation et assurer une vraie participation des communautés et groupes concernés.  Au-delà de la discrimination et de la stigmatisation et même de la dépénalisation du travail sexuel et de la consommation de drogues, il faut assurer des conditions de vie dignes aux personnes affectées, a souligné le représentant de « Housing Work ».  L’Assemblée générale devrait tout de même se pencher sur la question de la dépénalisation des drogues, a plaidé le Directeur exécutif de « Stop drug war.org », en prévenant que c’est la pénalisation qui conduit au partage des seringues ou à la prostitution.

Table ronde 2: « Financer l’élimination du sida: une courte période favorable »

La table était coprésidée par M. ROCH MARC CHRISTIAN KABORÉ, Président du Burkina Faso, et Mme LORENA CASTILLO DE VARELA, Première dame du Panama.  D’entrée de jeu, le Président du Burkina Faso a déclaré que les traitements du VIH doivent être démocratisés, l’Afrique important encore 98% des médicaments dont elle a besoin.  La Première Dame du Panama a appelé à la mobilisation des ressources domestiques.

En 2001 à Abuja, les pays africains se sont engagés à attribuer au moins 15% de leurs budgets nationaux annuels au secteur de la santé, a rappelé M. PETER BOEHM, Vice-Ministre de la Coopération internationale du Canada.  Nous devons veiller à ce que tout le monde respecte ses promesses, a-t-il lancé, avant d’annoncer que le Canada compte augmenter sa contribution au Fonds mondial de 20%.  Il a aussi promis 126 millions de dollars dans la recherche d’un vaccin contre le sida.

En la matière, a dit M. SAID AIDI, Ministre de la santé de la Tunisie, on ne parle de dépenses dans le secteur de la santé mais d’investissements, compte tenu des retombées positives sur la population et partant sur les économies nationales.  Il faut investir en priorité dans les populations clefs, a poursuivi Mme AWA MARIE COLL-SECK, Ministre de la santé du Sénégal, en citant les travailleuses du sexe et les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (17,5%).  Pour financer les efforts nationaux, son gouvernement entend établir des taxes spéciales sur le tabac, les boissons alcoolisées et les boissons gazeuses.

La lutte contre le VIH/sida est aujourd’hui une question de fond, a acquiescé M. JEFFREY SACHS, Directeur de l’Institut de la terre de l’Université de Colombia, États-Unis, précisant qu’il s’agit juste de 5 à 10 milliards de dollars par an, « pas plus ».  Il a rappelé comment il avait participé au plaidoyer pour la création du Fonds mondial en 2001, se souvenant que les autorités américaines ne voulaient pas s’engager.  Il a rappelé aussi que les 10 milliards de dollars nécessaires chaque année ne représentent que ce que le Pentagone dépense en « trois jours ».  La première approche est de demander au Fonds mondial quel est le montant nécessaire pour éradiquer le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme, et la deuxième de mobiliser les fonds.  « Ce n’est pas un casse-tête », a-t-il souligné en se disant prêt à interpeler personnellement « ses amis milliardaires ».

À ce stade, la communauté internationale ne contribue qu’à hauteur de 20% à la lutte contre le VIH/sida, a fait observer le représentant de Madagascar, avant que son homologue du Kazakhstan n’appelle à la baisse des prix des antirétroviraux pour atteindre l’objectif du 90-90-90.  Le Fonds mondial doit aussi financer les pays à revenu intermédiaire, a plaidé une représentante de la société civile.

Quatre-vingt-dix pour cent (90%) des fonds investis dans la lutte contre le VIH sont des fonds propres, s’est enorgueilli M. JORGE DANIEL LEMUS, Ministre de la santé de l’Argentine, qui a appelé à un meilleur financement de la recherche et de l’innovation.  Il faut des financements innovants qui soient à la fois prévisibles, durables, et additionnels, a souligné M. PHILIPPE DOUSTE-BLAZY, Conseiller spécial chargé des financements innovants du développement auprès du Secrétaire général de l’ONU et Président de Facilité internationale d’achat de médicaments (UNITAID).  Il a fait observer qu’UNITAID a récolté 3 milliards de dollars grâce aux taxes sur les billets d’avions rien que dans 8 pays, à raison d’un dollar par billet.  La semaine prochaine à Bruxelles, l’Union européenne discutera de la taxation des transactions financières internationales qui pourraient générer 35 milliards de dollars par an, plus que ce dont nous avons besoin pour mettre fin au VIH/sida, à la tuberculose et au paludisme, a-t-il fait remarquer.

Les financements innovants sont importants mais il faut aussi que les pays en développement élargissent leur assiette fiscale, a conseillé M. MARK DYBUL, Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Il a promis que le Fonds mondial allait faire tout ce qui est possible pour remplir sa mission.  Mais n’oublions pas que le Fonds nous appartient tous, a-t-il lancé à l’endroit des États Membres.

La question n’est pas de savoir d’où vient l’argent mais comment il est géré, a prévenu Mme RACHEL ONG, Point focal pour la communication, délégation de la Communauté du Fonds Mondial.  Les inégalités entre pays limitant leur capacité à mobiliser les fonds, la communauté internationale doit mettre la main à la poche.  Elle a également attiré l’attention des bailleurs sur les pays qui ne peuvent bénéficier des financements du Fonds mondial, comme les pays à revenu intermédiaire. 

C’est vrai, a dénoncé la représentante de la Mongolie.  Vous vous concentrez sur certains pays alors que les pays à revenu intermédiaire abritent pas moins de 70% des séropositifs dans le monde, a-t-elle objecté.  Son homologue de la Jamaïque a appuyé ces propos, alors que le représentant du Lesotho a demandé plus de fonds pour la lutte contre la tuberculose, son pays étant l’un des plus affectés au monde.  Il a aussi souhaité une aide au renforcement des capacités des ONG locales.

Dans la même veine, le délégué du Kenya a regretté que les financements du Fonds mondial ne soient pas aussi orientés vers le renforcement des systèmes de santé, rendant ces derniers éternellement dépendant de l’aide.  En matière de fonds, la représentante de la Fédération de Russie, a conseillé de solliciter plus vigoureusement le secteur privé.

Le Liban a justement besoin de ressources pour mener des projets de lutte contre le VIH/sida dans les communautés de réfugiés, a expliqué son représentant.  Cette aide est d’autant plus importante que le pays ne bénéficie pas des financements du Fonds mondial.  Un appel à la solidarité internationale a été aussi lancé par la représentante d’Haïti dont le pays envisage de réaliser l’objectif 90-90-90.

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