Cinquante-troisième session,
9e séance – matin
SOC/4829

La Commission du développement social achève son débat général par des appels à plus de solidarité internationale pour l’avènement d’un monde inclusif et sans discrimination

Au cours de la dernière séance de travail consacrée au débat général de la Commission du développement social, qui a eu lieu ce matin, la plupart des intervenants ont souligné que le développement durable doit être inclusif, sans discrimination et basé sur la solidarité internationale et la coopération entre États Membres.

Ouvert la semaine dernière, le débat général de la Commission du développement social portait sur deux thèmes distincts: « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain » et « examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux ».

La Déclaration et le Programme d’action de Copenhague, adoptés au Danemark en 1995 à l’issue des travaux du Sommet mondial pour le développement social, ont servi de base aux échanges.  Les représentants des États Membres et ceux des organisations non gouvernementales participant aux débats ont insisté qu’il est important de prendre en compte et d’inscrire, de manière égale, les trois piliers du développement durable dans le programme de développement international pour l’après-2015 qui est en cours d’élaboration, et dont la mise en œuvre devrait débuter après l’expiration de la date butoir de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), fixée à la fin du mois de décembre 2015.

Des voix se sont élevées ce matin pour déplorer le fait que 1% de la population mondiale exploite et jouisse de plus de la moitié des richesses de la planète.  Les intervenants ont ainsi exhorté les États et les entreprises à œuvrer en faveur de politiques et de programmes promouvant le bien-être commun de toutes les composantes de l’humanité, par le biais de partenariats multiformes, et par le respect des engagements pris à maintes occasions par les pays développés, comme cela a été le cas à Copenhague, au Danemark, il y a 20 ans, et à Rio de Janeiro, au Brésil, en 1992 et 2012.  Il avait alors été décidé et promis que la lutte contre la pauvreté serait l’objectif primordial à atteindre et serait au centre de tous les efforts déployés par la communauté internationale en matière de développement.  Or, ont constaté avec regret des délégations, il s’avère que le monde compte aujourd’hui plus de pauvres qu’anticipé: si 25 pays étaient classés dans la catégorie des PMA en 1971, 48 États en font aujourd’hui partie, ont noté des intervenants.  En faisant ce triste constat, ils ont relevé le fait que les 25 PMA qui existaient en 1971 participaient aux activités commerciales internationales à hauteur de 1% du total mondial, et qu’aujourd’hui, les 48 pays classés PMA ne représentent que 1,1% du total de ces mêmes échanges commerciaux multilatéraux.

Les représentants des États Membres et les délégués d’organisations non gouvernementales (ONG) qui ont pris la parole ce matin ont aussi demandé que les préoccupations des groupes sociaux les plus vulnérables soient prises en compte dans le programme de développement pour l’après-2015.  Les problèmes qui affectent les personnes âgées, les jeunes, les handicapés, les femmes et la famille ont été mentionnés par les délégations qui ont souligné qu’il est urgent de les résoudre.  Il faut favoriser l’inclusion sociale des personnes et des segments de population les plus démunis et qui souffrent de leur exclusion, ont préconisé les orateurs qui ont en outre indiqué que le développement durable ne saurait être effectif s’il laisse certaines catégories de gens et certaines tranches de population sur le bord de route et ignore le sort des nombreux laissés-pour-compte créés par les modèles socioéconomiques actuels.

La Commission du développement social tiendra sa prochaine séance de travail plénière vendredi, le 13 février, à 15 heures, afin d’examiner les projets de texte et de résolution dont elle est saisie.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Thème prioritaire: « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain »

Fin du débat général

La poursuite, ce matin, du débat général de la Commission du développement social, portant sur le thème prioritaire « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain », et qui a pris fin à l’issue de la réunion, a permis aux intervenants de relever que le programme de développement pour l’après-2015 devrait faire la part belle aux questions sociales, en plus de la prise en compte des piliers économique et environnemental du développement durable.

Un certain nombre d’intervenants ont ainsi souligné que le développement durable doit être inclusif et basé sur la promotion du bien-être de la personne humaine, tout en mettant un accent particulier sur l’éradication de la pauvreté, qui doit être la priorité.  En outre, ont-ils estimé, le développement durable, dans sa perspective sociale doit prendre en compte l’éducation pour tous, la lutte contre toutes les formes d’inégalités et de discriminations, et la promotion de l’inclusion sociale et du plein emploi. 

Certains intervenants ont noté la place centrale que doit occuper la coopération internationale afin de soutenir les efforts des pays en développement dans lesquels le développement social reste encore un défi majeur à relever.  Le constat a été fait, à ce propos que si en 1971 les activités commerciales des 25 pays les moins avancés (PMA) représentaient 1% des échanges mondiaux, aujourd’hui les transactions commerciales des 48 pays désormais classés comme PMA atteignent à peine 1,1% du total des échanges de biens et services mondiaux.

Plusieurs délégués ont d’autre part noté que les changements climatiques augmentent la vulnérabilité des pays en développement.  Dans ce contexte, ils ont plaidé en faveur d’une plus grande solidarité internationale en vue de renforcer la résilience des pays affectés par les effets du réchauffement de la planète qui doivent utiliser le peu de ressources dont ils disposent pour maintenir les acquis dont ils ont pu bénéficier dans le passé, ce qui diminue leurs capacités à investir plus dans le développement social.

Fort de ce constat, les participants au débat général ont relevé que le développement économique des pays les moins avancés reste conditionné par la possibilité de leur accorder une aide publique au développement (APD) plus substantielle et par le respect, par les pays développés donateurs de cette aide, des engagements qu’ils avaient pris et des promesses faites en la matière.  Les délégations ont notamment rappelé l’engagement qu’avaient pris les pays développés de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’APD, dont 0,2% seraient destinés aux PMA.

L’égalité des sexes a également retenu l’attention des intervenants dont la grande majorité a plaidé pour l’autonomisation des femmes, notamment à travers le renforcement de leur éducation, la promotion de leur participation dans la sphère économique, et leur intégration à part égale dans les processions politiques de prise de décisions.  Concernant la place des femmes dans le domaine de l’emploi, des appels ont été lancés pour que le principe de l’égalité salariale entre les sexes soit instauré et respecté partout.  À compétences et qualifications égales, les femmes devraient bénéficier du même traitement salarial que leurs collègues masculins, et davantage de mesures favorisant l’entrepreneuriat féminin devraient être promues, ont souligné des intervenants.

Concernant le secteur de l’emploi, les participants au débat ont plaidé pour la mise en place de politiques favorables à la création d’emplois décents dont bénéficieraient notamment les jeunes qui, à ce jour, sont la couche sociale la plus touchée par le chômage.  Afin d’autonomiser les jeunes, il faudrait veiller en premier à mettre en place des programmes éducatifs pertinents, adéquats et adaptés aux mutations qui se produisent sur le marché de l’emploi, ont préconisé un grand nombre d’intervenants en faisant remarquer que de nombreuses entreprises n’arrivent pas à trouver la main-d’œuvre qualifiée dont elles ont besoin.  C’est dans ce contexte que l’idée de rendre universelle l’éducation aux besoins du développement durable a été proposée, « afin de faire des jeunes des citoyens du XXIe siècle et des acteurs de la durabilité ».

En conclusion, ont estimé certains orateurs, le débat général de cette session de la Commission du développement social a permis de rappeler que le développement durable va au-delà de la seule croissance économique et requiert que des actions inclusives soient menées à l’échelle planétaire.  Le représentant d’une ONG a ainsi invité la communauté internationale à « faire que l’altruisme et la solidarité soient aussi contagieuses que le sont de nos jours le terrorisme et la violence ». 

Examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux

La Commission du développement social a également entendu, ce matin, des représentants des États Membres et d’organisations non gouvernementales (ONG) qui se sont exprimés dans le cadre du deuxième thème du débat général portant sur l’« examen des plans et programmes d’action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation de certains groupes sociaux ».  

Concernant la question du handicap, les avis des délégations se sont avérés unanimes et les différents intervenants ont souligné qu’il est important de mettre en place des mesures de défense et de promotion des droits de ces personnes et des groupes dont elles font partie et qui sont parmi les plus discriminées et victimes d’exclusion dans toutes les sociétés du monde.  Les intervenants ont relevé qu’il est indispensable de faciliter l’accès des personnes vivant avec un handicap aux institutions de justice afin de leur permettre de faire entendre leurs besoins et leurs griefs.

L’intégration des jeunes dans le tissu économique, à travers des emplois décents, a été vivement recommandée au cours des travaux de la Commission.  Dans leurs déclarations et observations, les intervenants ont exhorté les pays à dispenser aux jeunes les formations qui leur permettraient de répondre aux besoins et demandes des entreprises et du marché de l’emploi et à promouvoir et encourager la participation des jeunes aux débats qui ont cours sur toutes les questions de développement étant donné qu’ils représentent l’avenir.

La situation des jeunes des régions de l’Amérique latine et de l’Amérique centrale a aussi été évoquée.  Les délégués ont pris note d’un phénomène de migration massif qui fait que des milliers de jeunes s’engagent dans des déplacements périlleux en direction des pays du Nord, fuyant la violence et la précarité qui ont fait leur lit dans leurs pays d’origine.  Des programmes visant à la réinsertion de ceux qui peuvent être dissuadés d’entreprendre ce périple ou qui en ont subi les effets négatifs sont en cours dans de nombreux pays, ont déclaré des délégués qui ont insisté sur la nécessité de lutter contre les causes profondes de ces migrations, notamment en investissant dans la lutte contre la pauvreté.

Comme toutes les autres composantes sociales, les personnes âgées ont des droits auxquels il faut aussi veiller, ont noté des intervenants.  Parmi ces droits, ils ont évoqué le droit au logement, à la santé et aux loisirs.

La plupart des représentants ont en outre rappelé que la famille est le lieu le plus approprié pour l’épanouissement des individus, et qu’elle mérite de ce fait tous les efforts et toutes les attentions des dirigeants et des gouvernements.  Un intervenant a ainsi mis en garde contre le « transfert intergénérationnel de la pauvreté » au sein des familles, qui a des chances de se produire quand celles-ci ne reçoivent pas le soutien social qui leur permettrait de bénéficier de l’autonomisation qui leur ouvrirait des chances et des opportunités indispensables à tout épanouissement. 

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