Conseil de sécurité: appels au renforcement de la résolution 1540 pour éviter le « cauchemar » de voir les terroristes accéder aux armes de destruction massive
Le Président du Comité créé en application de la résolution 1540 (2004), M. Roman Oyarzun Marchesi, et l’ensemble des délégations ont souligné, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, la nécessité de contrecarrer les tentatives des groupes terroristes de mettre la main sur des armes de destruction massive. Un véritable « cauchemar », s’est alarmé le représentant du Royaume-Uni, d’autant que plusieurs délégations ont estimé que les crimes de Daech en Syrie et en Iraq montraient qu’il ne fallait plus écarter une telle éventualité.
Le Président du Comité a plaidé pour la pleine mise en œuvre, jusqu’ici inégale, de la résolution 1540 (2004), tout en souhaitant que l’examen de son application, qui doit s’achever à la fin 2016, débouche sur l’adoption d’un texte plus efficace. Cette résolution, « seul document universel » en la matière, affirme notamment que la prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques et de leurs vecteurs constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales.
M. Roman Oyarzun Marchesi a tout d’abord déclaré que les évènements au Moyen-Orient montraient que la résolution n’était pas appliquée. « Nous avons des informations sur des tentatives de contrebande de matières interdites dans cette région », a-t-il alerté. L’application de la résolution varie d’un point de vue géographique -toutes les régions ne l’appliquent pas avec la même diligence– et présente des déficiences, notamment dans le contrôle des importations, a-t-il également expliqué.
Le Président du Comité a exhorté tous les États à présenter leur plan d’action conformément à la résolution 1540 (2004), 17 États ne l’ayant pas encore fait. Il a ensuite souligné l’importance de l’interaction de son Comité avec les organisations régionales telles que l’Organisation mondiale des douanes, Interpol ou bien encore le Groupe d’action financière (GAFI). Le Comité œuvre, avec l’Union interparlementaire, à la vulgarisation des risques associés à la production de matières nécessaires à la fabrication d’armes, a-t-il noté.
S’il a reconnu que la résolution 1540 (2004) a été un saut qualitatif fondamental, il a néanmoins souhaité l’adoption d’un texte plus efficace afin que des armes de destruction massive ne tombent pas entre les mains d’acteurs non étatiques. « Tous les États, je crois, ont le même objectif », a estimé M. Marchesi.
Ces États ont reconnu aujourd’hui leurs lacunes et avancé des propositions afin d’y remédier, à commencer par la représentante des États-Unis qui a insisté sur la nécessité d’obtenir des rapports nationaux de mise en œuvre plus réguliers et de renforcer les contacts avec les experts scientifiques, la société civile et le monde des affaires. Son homologue de la France a appelé au renforcement du contrôle des exportations et des frontières. Les États, a-t-il précisé, doivent prévenir et réprimer le financement de la prolifération des armes de destruction massive et sécuriser au maximum les biens et matériels sensibles sur leur territoire. Le Comité devrait améliorer la coordination de ses travaux avec les organisations régionales et sous-régionales, a préconisé la déléguée de la Lituanie, qui a également insisté sur la nécessité de renforcer les capacités nationales.
Un point de vue partagé par son homologue du Tchad, qui a rappelé que plusieurs États africains n’avaient pas encore mis en œuvre cette résolution. Pour accélérer cette mise en œuvre, le représentant de la Nouvelle-Zélande a demandé des « solutions pragmatiques », en particulier pour les États qui ne fabriquent ni ne détiennent d’armes de destruction massive.
Le processus d’examen de la résolution doit tourner autour du mandat essentiel qui est d’empêcher toute entité non étatique de mettre la main sur des armes de destruction massive, a insisté le délégué de la Chine. « Il faut éviter d’étendre le champ d’application de la résolution à d’autres questions complexes. » Ne diluons pas l’autorité du Comité, a renchéri son homologue de la Fédération de Russie, en transférant certaines de ses compétences à d’autres entités. « Ne créons pas de doublons. »
NON-PROLIFÉRATION DES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE
Exposé du Président du Comité du Conseil de sécurité crée par la résolution 1540 (2004)
M. ROMAN OYARZUN MARCHESI, Président du Comité créé en application de la résolution 1540 (2004), a estimé que, depuis sa dernière présentation, l’élément le plus marquant avait été l’augmentation des actes extrêmes commis par des groupes terroristes. Rappelant que la résolution 1540 (2004) était la pierre angulaire des efforts de non-prolifération, il a affirmé que des évènements au Moyen-Orient montraient que la résolution n’était pas appliquée. Nous avons des informations sur des tentatives de contrebande de matières interdites, s’est-il expliqué. « Puisque la prolifération est un phénomène mondial, la riposte doit être mondiale. » Le Président du Comité a appelé de ses vœux l’adoption d’une résolution plus ambitieuse permettant d’éviter que des armes de destruction massive ne tombent entre de mauvaises mains.
Il a affirmé que l’application de la résolution signifiait avant tout une interaction avec le Comité, auquel les États doivent soumettre des rapports et des plans d’action nationaux. L’application de la résolution varie d’un point de vue géographique -toutes les régions ne l’appliquent pas avec la même diligence– et présente des déficiences, notamment dans le contrôle des importations, a-t-il dit. Quelque 17 États n’ont pas encore présenté leur rapport préliminaire.
M. Marchesi a souligné l’importance des cours de formation pour les experts nationaux chargés de l’application de la résolution. Le Comité, a-t-il indiqué, apporte également son assistance aux États qui manquent de moyens. Mais, a-t-il concédé, les efforts du Comité n’ont pas eu, sur ce plan, les effets escomptés.
Soulignant l’importance de l’interaction avec les organisations régionales, le Président a estimé que l’Organisation mondiale des douanes avait un rôle particulier à jouer, puisque la résolution vise à interdire le trafic de substances interdites à travers les frontières. Il en va de même pour Interpol, qui est chargée de donner l’alerte à un stade précoce, et le Groupe d’action financière (GAFI) qui vise à assécher les ressources financières des organisations terroristes. L’Union africaine joue également un rôle essentiel, a-t-il dit, avant de saluer aussi le travail de l’Organisation des États américains.
Le Président du Comité a jugé important que l’industrie qui produit les matières nécessaires à la fabrication d’armes connaisse bien les risques associés à ces matières. Le Comité œuvre à la vulgarisation de ces risques avec l’Union interparlementaire, a-t-il dit, rappelant que les Parlements étaient chargés de faire appliquer la résolution au niveau national. Le processus d’examen et de révision de la résolution s’achèvera à la fin de l’année prochaine, a-t-il rappelé, avant d’insister sur le fait que la résolution 1540 a représenté un saut qualitatif fondamental. Il a tout de même souhaité l’adoption d’une résolution plus efficace afin que des armes de destruction massive ne tombent pas entre les mains d’acteurs non étatiques. « Tous les États, je crois, ont le même objectif », a conclu le Président.
Déclarations
Mme NIDA JAKUBONĖ (Lituanie) a d’abord rappelé que l’année 2015 avait été marquée par une montée de la violence « et nous savons que les acteurs non étatiques ont utilisé des armes non autorisées, au Moyen-Orient notamment », a-t-elle ajouté. Dans ce contexte, elle a considéré que la communauté internationale devait faire davantage pour empêcher ces groupes de se doter de telles armes. Elle a estimé qu’en 2016, au cours de la révision, le Conseil de sécurité devrait axer ses efforts sur une stratégie détaillée afin de parvenir à une mise en œuvre plus complète de la résolution 1540 (2004). En outre, le Comité devrait améliorer la coordination de ses travaux avec les organisations régionales et sous-régionales, mais également y faire participer plus activement la société civile, les milieux académiques, universitaires et le secteur privé.
Elle a ensuite insisté sur la nécessité de renforcer les capacités nationales et la coopération avec les autres États. À cet égard, elle a expliqué que, dans le cadre du prochain Sommet sur la sécurité nucléaire, qui se tiendra à Washington en 2016, son pays avait organisé une réunion à Vilnius, où le Centre national d’excellence sur la sécurité nucléaire a une expertise ad hoc qu’il élargit par ailleurs à la région. Rappelant la nécessité d’établir des rapports de mise en œuvre complets et détaillés comme le demande la résolution 1540 (2004), elle a estimé qu’il fallait encourager les États à le faire rapidement. Comme 17 États n’ont jamais présenté de rapports préliminaires, le Comité, a estimé la représentante, doit s’y rendre et participer davantage aux manifestations organisées aux niveaux régional et sous-régional. « Cette approche serait utile aux pays qui n’ont pas suffisamment de capacités pour mettre en œuvre cette résolution », a-t-elle expliqué.
M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a fait remarquer que les cas d’utilisation d’armes chimiques ou biologiques, ainsi que les tentatives de contrebande de matières nucléaires dans plusieurs pays, représentaient un risque réel de voir de tels armements aboutir entre les mains d’acteurs non étatiques. Il a réaffirmé que la résolution 1540 (2004) demeure la clef de voûte du régime de non-prolifération et qu’elle permet d’atténuer ces risques.
Il a ensuite salué les avancées notoires réalisées dans la mise en œuvre de cette résolution étant donné, a-t-il dit, que plus de 90% des États ont fait rapport au Comité. Toutefois, malgré les avancées enregistrées par le Comité et son Groupe d’experts, le représentant a considéré que beaucoup restait encore à accomplir en vue d’une mise en œuvre universelle. À ce titre, il a encouragé le Comité à renforcer sa coopération avec les organisations internationales pertinentes.
Il a également estimé que le Comité devait travailler à sensibiliser les parlementaires qui ont la tâche d’élaborer les législations nécessaires à la mise en œuvre de la résolution. En outre, le Comité doit mettre davantage à profit les organisations régionales et sous-régionales dans ses efforts, notamment en Afrique, continent où se trouvent plusieurs États qui n’ont pas encore mis en œuvre cette résolution.
M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a apporté son soutien à la révision de la résolution 1540 estimant que le moment était opportun pour déterminer, 10 ans après son adoption, comment en améliorer la mise en œuvre pour renforcer la sécurité collective. Les éléments collectés par le Groupe d’experts illustrent la tendance à la prolifération des armes de destruction massive et permettent de mieux identifier les risques. Mais, a-t-il reconnu, la tâche est difficile pour les petits États, en particulier les petits États insulaires en développement. Le représentant a demandé que soient trouvées des « solutions pragmatiques » dans l’application de la résolution 1540, en particulier pour les États qui ne fabriquent ni ne détiennent d’armes de destruction massive, sans cependant déroger au caractère contraignant de cette obligation. Il a également souligné l’importance de travailler avec les organisations régionales et sous-régionales et salué à cet effet la coopération du Groupe d’experts avec le Forum des Îles du Pacifique. Les épouvantables attaques à l’arme chimique perpétrées en Syrie, ces deux dernières années, ne montrent que trop clairement que la menace des armes de destruction massive reste aussi, voire davantage, réelle qu’il y a 10 ans, a-t-il estimé.
Mme DINA KAWAR (Jordanie) a affirmé que l’on pouvait s’attendre au pire s’agissant des organisations terroristes qui ne doivent en aucun cas avoir accès aux armes de destruction massive ou aux moyens permettant de les fabriquer. La Jordanie, a-t-elle dit, a accompli des progrès conséquents pour empêcher la prolifération de telles armes et remis son troisième rapport national. La représentante a cité l’atelier régional qui vient de se tenir à Amman, avec la participation de 17 pays. Cet atelier démontre l’attachement de la Jordanie à la résolution 1540, a insisté la représentante en demandant aux organisations régionales d’apporter leur assistance aux pays qui manquent de moyens. La déléguée a souligné l’importance de l’examen en cours afin de mettre mieux en œuvre la résolution. Mme Kawar a conclu en soulignant que la Jordanie, dont le mandat au sein de ce Conseil s’achève, a veillé à faire entendre la voix du monde arabe.
M. SUN LEI (Chine) a salué le travail qui a été réalisé par le Comité au cours des six derniers mois et a estimé que la révision de l’année 2016 constituerait une prochaine étape importante du régime de non-prolifération. Il a insisté sur la nécessité de passer en revue de manière très complète l’application de la résolution 1540 (2004). « Il faut veiller à ce que tous les outils et tous les instruments à notre disposition soient utilisés. Il faut identifier les maillons faibles et sensibiliser davantage les États Membres, en faisant notamment bien saisir l’intention globale de cette résolution », a-t-il dit.
Pour la Chine, l’ensemble des États Membres devraient empêcher toute entité non étatique d’acquérir, de fabriquer, de stocker et d’utiliser des armes de destruction massive. « Le processus d’examen doit tourner autour de ce mandat essentiel », a-t-il dit, « et il faut éviter d’étendre le champ d’application de la résolution à d’autres questions complexes ».
Le représentant a ensuite souligné qu’il était important d’écouter les États Membres dans ce processus d’examen, et ce, dans un souci de transparence. Il a par ailleurs estimé que les mécanismes du Comité pouvaient encore être améliorés grâce à des mesures ciblées. Il a expliqué que la Chine accordait la plus grande importance aux travaux du Comité et à ceux de son Groupe d’experts, et qu’elle travaille activement à renforcer les capacités dans ce domaine du Groupe des États de la région Asie-Pacifique. La Chine a accueilli cette année un séminaire de formation, qui a permis aux points de contacts nationaux de la région de mieux comprendre l’esprit de la résolution.
M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a dit que la mise en œuvre de la résolution 1540 était l’un des éléments les plus importants des efforts de non-prolifération. La possibilité que des organisations terroristes puissent mettre la main sur des armes de destruction massive est « un cauchemar », s’est-il alarmé. Il a invité à un examen « critique » de la résolution. L’objectif de l’universalisation de la résolution n’a pas été réalisé, a-t-il déploré, jugeant que la présentation d’un rapport national est la meilleure manière de remédier aux lacunes dans la mise en œuvre de la résolution. Il a aussi souligné l’importance qu’il y a à appliquer la résolution à l’échelle régionale, les pays d’une même région présentant souvent les mêmes caractéristiques. Le Royaume-Uni aide ainsi les pays d’Afrique de l’Est, a-t-il affirmé, et en ce qui concerne les efforts de vulgarisation, il a invité le Comité à rencontrer les experts d’autres disciplines afin d’avoir une connaissance plus fine des enjeux. Le représentant a conclu en disant l’attachement de son pays aux mesures préventives, s’agissant notamment du contrôle des importations.
Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a d’abord rappelé que l’adoption de mesures préventives face aux risques de prolifération des armes biologiques, chimiques ou nucléaires est une responsabilité collective. Elle a salué l’augmentation du nombre des mesures prises par les États Membres pour mettre en œuvre la résolution 1540 (2004) et s’est dite encouragée par le fait que 3 des 17 États qui n’ont pas encore présenté de plan aient cependant pris contact avec le Comité et sa Présidence. Elle s’est ensuite préoccupée du fait que le régime actuel ne prévoit aucune mesure contre le transfert d’armes et de technologies à des groupes non étatiques, en particulier des groupes terroristes violents. « Il faudra mettre l’accent sur cette question si l’on veut que le régime de non-prolifération reste pertinent et efficace », a-t-elle souligné.
Elle s’est aussi inquiétée des difficultés du Comité pour trouver des pays qui peuvent fournir une aide sur ces questions. Elle a demandé que les pays qui peuvent le faire soient répertoriés. La représentante a en outre félicité le Comité pour sa constante collaboration avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ou d’autres organisations telles qu’Interpol, l’Organisation mondiale des douanes ou celles qui s’attèlent aux questions de financement. « Cela permet une meilleure compréhension entre les différents acteurs, ainsi qu’une mise en œuvre efficace », a-t-elle dit. Avant de conclure, elle a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération intersectorielle avec les parlementaires et les milieux universitaires, entre autres.
M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a souligné la volonté de son pays de renforcer le régime de non-prolifération. Nous devons coordonner nos efforts pour relever la menace que les groupes terroristes posent à la sécurité internationale, a-t-il dit. Il a condamné dans les termes les plus forts toutes les attaques terroristes, quels que soient leurs auteurs. L’utilisation d’armes chimiques par Daech en Iraq et en Syrie montre l’importance d’empêcher les groupes terroristes d’avoir accès à ces armes, a-t-il dit, en souhaitant que l’examen de la résolution permette au plus grand nombre d’États de se doter des mesures visant à empêcher les acteurs non étatiques de mettre la main sur des armes de destruction massive. Il faut renforcer l’assistance aux pays qui manquent de moyens, a-t-il conclu.
M. PHILIPPE BERTOUX (France) a rappelé que la prolifération des armes radiologiques, biologiques, chimiques et nucléaires, et le risque qu’elles tombent entre les mains de terroristes, constituent des dangers bien réels. Les crimes de Daech en Syrie et en Iraq, qui semblent aujourd’hui sans limites, ne nous permettent plus d’écarter une telle éventualité. L’adoption de la résolution 1540, il y a 11 ans, a marqué une étape décisive dans la prévention de ces dangers, en exigeant, par une résolution sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, que les États prennent des mesures concrètes afin d’empêcher que de telles armes ne tombent entre les mains de terroristes, a dit le représentant qui a souligné que la mise sur pied du Comité 1540 a depuis permis d’assurer un suivi continu de la mise en œuvre de la résolution, et d’encourager la coopération entre les États Membres dans cette lutte.
Depuis 11 ans, nous constatons des progrès indéniables dans la mise en œuvre de cette résolution, a poursuivi le représentant qui a noté qu’une large majorité d’États Membres a adopté des mesures visant à transposer dans leur droit national les dispositions de la résolution, et que de plus en plus d’organisations internationales, régionales et sous-régionales ont adopté des stratégies pour mettre en œuvre et promouvoir les dispositions de la résolution comme l’Union européenne qui s’est engagée dès 2004. En dépit des succès indéniables des 11 dernières années, beaucoup reste encore à faire, a nuancé le représentant.
Face aux technologies émergentes que des terroristes pourraient mettre à profit, tous les États Membres doivent encore renforcer leurs contrôles aux exportations ainsi qu’aux frontières, prévenir et réprimer le financement de la prolifération des armes de destruction massive, et sécuriser au maximum les biens et matériels sensibles sur leur territoire. La revue globale de la mise en œuvre de la résolution que vient d’entreprendre le Comité 1540 devra répondre à ces défis, a estimé le représentant. Les premiers éléments d’analyse du Groupe d’experts sur les mesures prises par les États Membres en application de la résolution 1540 démontrent une meilleure mise en œuvre même si celle-ci reste inégale selon les régions et selon les types de mesures, a constaté le représentant pour qui la revue devra permettre d’identifier les domaines prioritaires d’actions sur lesquels le Comité pourra concentrer ses efforts.
Avant de terminer, M. Bertoux a précisé que la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et contre le risque qu’elles ne tombent entre les mains de terroristes est également menée dans d’autres enceintes comme le Sommet sur la sécurité nucléaire qui devrait avoir lieu à Washington au printemps 2016 et la seconde Conférence internationale sur la sécurité nucléaire de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en décembre 2016. Cette dernière devrait définir le Plan 2018-2021 sur la sécurité nucléaire de l’AIEA.
Mme JOY OGWU (Nigéria) a considéré que les traités sur les armes nucléaires, biologiques et chimiques abordent la question de la non-prolifération mais ne tiennent pas compte du fait que ces armes peuvent tomber entre les mains d’acteurs non étatiques. L’essor des groupes extrémistes donne un nouveau sens aux efforts de la communauté internationale dans la non-prolifération. « Nous devons combler les lacunes qui existent et qui élargissent l’accès à de tels armes car aucun État n’est à l’abri d’une éventuelle attaque », a-t-elle dit. Pour le Nigéria, faire face à une menace d’une telle dangerosité passe par le renforcement du respect des dispositions de la résolution 1540 (2004).
La représentante a ensuite insisté sur les efforts menés par le Comité au niveau régional afin d’améliorer l’assistance aux pays qui ont du mal à mettre en œuvre les dispositions de la résolution. À ce titre, elle a salué les sessions de formation pour les points focaux nationaux, qui ont notamment eu lieu en Chine pour la région d’Asie-Pacifique. Elle a également félicité le Chili qui a proposé d’accueillir une telle réunion pour sa région en 2016. Avant de conclure, elle a souligné que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires demeurait le meilleur moyen pour promouvoir la non-prolifération. Elle a affirmé que le Nigéria continuerait d’œuvrer en faveur de cet objectif, comme il l’a fait en créant la zone de Pelindaba.
M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a souligné l’importance de la réunion des points focaux nationaux pour l’Asie du Sud-Est qui vient de se tenir en Chine dans le cadre de l’application régionale de la résolution 1540 (2004). Il a crédité le Comité d’avoir formulé les objectifs guidant la coopération internationale dans la mise en œuvre de la résolution. La principale mission du Comité est de préparer l’examen global qui permettra d’identifier les lacunes dans la collecte des informations et de renforcer la cohérence des efforts, en particulier ceux des Groupes d’experts, a-t-il déclaré. Le délégué a espéré que le délai prévu pour l’achèvement de cet examen, à la fin de l’année 2016, sera tenu.
Il a rappelé que la résolution était le seul document universel sur la non-prolifération des armes de destruction massive et prévenu de l’acuité de la menace posée par les organisations terroristes qui ne doivent en aucun cas, a-t-il dit à son tour, mettre la main sur de telles armes. « Il ne faut pas diluer l’autorité du Comité », a prévenu le représentant, en déplorant que des États Membres veuillent transférer certaines des compétences à d’autres entités. « Ne créons pas de doublons. »
M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) s’est dit inquiet du risque que des organisations non étatiques puissent mettre la main sur des armes nucléaires. Nous devons tout faire pour que cela n’arrive pas, a-t-il dit, avant de souligner la détermination de son pays à travailler main dans la main avec le Comité.
M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a remarqué qu’au cours de la décennie écoulée, la menace était restée vivace et que le fait que des agents non étatiques aient accès à des armes de destruction massive constituait un motif de grande inquiétude. La communauté internationale a pris conscience de la menace terroriste et a facilité la mise en œuvre de la résolution, l’assistance et la coopération. Cependant, beaucoup reste à faire d’ici à ce que soit conduit un plus large examen du paragraphe opérationnel de la résolution 1977 (2011), prévu en 2016. La résolution demande à tous les États d’agir de la même façon mais il n’y a pas deux pays semblables, a-t-il observé en appelant à combler ce fossé. Le défi que la résolution tendait à relever a changé lui aussi et il reviendra au Conseil de décider s’il faut ou non accorder un nouveau mandat au Groupe d’experts, en lui octroyant davantage de flexibilité pour lui permettre d’agir de façon plus déterminée. L’analyse préliminaire de la mise en œuvre de la résolution 1540 au niveau régional illustre la nécessité de renforcer l’assistance et la coopération. De même, il convient d’aborder l’aspect financier de la prolifération, « sujet qui reste à traiter », a-t-il estimé.
Notant par ailleurs que le Chili allait bientôt quitter son siège de membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2014-2015, le représentant a souhaité que le Conseil continue d’avancer vers davantage de transparence et de cohérence. Il a rappelé que son pays avait contribué au Code de conduite et à la Déclaration sur le renoncement au droit de veto en cas de génocide ou de crimes contre l’humanité. Il a appelé le Conseil à approfondir son travail en faveur de la protection des civils et des populations les plus vulnérables, entre autres.
« Les événements récents nous ont montré que certains veulent infliger des souffrances massives aux populations », a indiqué Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) avant de reconnaître plusieurs progrès depuis l’adoption de la résolution 1540 (2004), notamment le fait que 90% des États ont présenté leur rapport au Comité.
Elle a également fait remarquer que le Comité n’avait pas eu à appliquer des mesures contraignantes pour mettre en œuvre son mandat, qu’il avait promu un climat de non-prolifération grâce à la coopération et qu’il avait réalisé des progrès importants en matière de transparence. « Le Comité va d’ailleurs bientôt publier en ligne ses données sur les États Membres et cela représentera l’un des meilleurs ensembles de données sur la question, accessibles tant au grand public qu’à des acteurs clefs comme les parlementaires », a-t-elle souligné.
Mme Power a ensuite insisté sur la prochaine étape, à savoir le deuxième examen complet de la résolution et a émis l’espoir que tous les acteurs y participent, y compris la société civile. Elle a ensuite fait plusieurs recommandations au Comité, en l’invitant notamment à combler certaines lacunes en matière de biosécurité, de sécurité chimique et de financement. Elle a aussi insisté sur la nécessité d’obtenir des États des rapports plus réguliers, d’améliorer l’assistance aux États, et de renforcer les contacts avec les experts scientifiques, la société civile et le monde des affaires. Enfin, elle a estimé qu’il conviendrait aussi de définir les tâches prioritaires que le Comité devra achever d’ici à 2021.