Le Conseil de sécurité fait du Bureau d’appui des Nations Unies le « levier stratégique de l’action menée » en Somalie
Sous la présidence du Secrétaire d’État aux affaires étrangères du Royaume-Uni, M. Philip Hammond, le Conseil de sécurité s’est réuni, ce matin, au niveau ministériel pour un certain nombre de ses membres, afin d’examiner la situation en Somalie, à l’approche des élections prévues en août 2016, mais aussi pour revoir la présence et le rôle de l’ONU dans ce pays troublé de la corne de l’Afrique.
En adoptant à l’unanimité de ses 15 membres la résolution 2244 (2015), présentée par le Royaume-Uni, le Conseil de sécurité a ainsi suivi les recommandations du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, au sujet de la reconfiguration du Bureau d’appui de l’ONU pour la Mission de l’Union africaine en Somalie.
Désormais rebaptisé Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS), celui-ci sera chargé de fournir un appui à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), à la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) et à l’armée nationale somalienne lors des opérations menées conjointement avec l’AMISOM.
Dans le préambule de la résolution adoptée aujourd’hui, le Conseil de sécurité se déclare en effet préoccupé par la conclusion du Secrétaire général selon laquelle, « malgré la créativité et les efforts du Bureau d’appui », « l’écart entre les demandes d’appui logistique qui lui sont adressées et les moyens dont il dispose pour les exécuter se creuse progressivement ».
Par cette résolution, le Conseil vise ainsi à combler cet écart en faisant du BANUS une « plateforme d’appui souple, efficace, rationnelle et responsable en tant que levier stratégique de l’action menée en Somalie », auprès de l’AMISOM, de la MANUSOM et des institutions fédérales de sécurité somaliennes.
Le BANUS devra, à ce titre, continuer de fournir un appui logistique à l’AMISOM, dont l’effectif maximal est de 22 126 militaires et 70 membres du personnel civil, sous forme de rations, carburant, eau, logements, infrastructures et services d’entretien. Un tel appui comprendrait également tous les équipements essentiels, tels que les véhicules blindés de transport de troupes et les équipements de génie.
À la MANUSOM, le nouveau Bureau fournirait un appui pour renforcer sa présence « dans toutes les capitales des administrations régionales provisoires ». Les 10 900 effectifs des forces de sécurité somaliennes bénéficieraient, quant à eux, d’un ensemble de « mesures d’appui ciblé » lors des opérations menées conjointement avec l’AMISOM. Cet appui direct sera financé par un fonds d’affectation spéciale des Nations Unies.
Cette restructuration, qui intervient à une étape décisive du processus politique en Somalie, a été saluée par la Chef de Cabinet du Secrétaire général, Mme Susana Malcorra, qui s’est dite convaincue que ce « Bureau d’appui renforcé » pourrait accomplir des progrès notables, dans un contexte qui est pourtant marqué par les attaques asymétriques perpétrées de plus en plus fréquemment par le groupe terroriste Chabab.
L’Observateur permanent de l’Union africaine auprès des Nations Unies a, toutefois, demandé à ce que l’appui fourni à l’AMISOM tienne compte des conditions particulières dans lesquelles cette Mission opère et des « seuls besoins exprimés par sa direction ». M. Téte António a également insisté sur la nécessité d’apporter un soutien logistique autant à la police somalienne qu’à l’armée, appui qu’il a jugé capital compte tenu du rôle croissant progressivement dévolu aux forces de police dans le cadre révisé du concept général d’opérations.
Si le Gouvernement fédéral de transition de la Somalie est déterminé à parachever la réforme du secteur de la sécurité, le Premier Ministre somalien, M. Omar A. A. Sharmarke, a déploré le manque d’équipements et de soutien logistique de la part des donateurs au processus d’« intégration des forces ». « Mon gouvernement n’est pas en mesure de payer le salaire des membres des forces de sécurité », a regretté le Chef du Gouvernement somalien.
Intervenant devant le Conseil de sécurité pour la dernière fois en sa qualité de Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, M. Nicholas Kay, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur la Somalie, s’est félicité du chemin parcouru par ce pays depuis que les miliciens du groupe Chabab ont été délogés de la capitale Mogadiscio et de 80% du reste du territoire, où le nombre d’États fédérés, qui est aujourd’hui de cinq, continue d’augmenter.
Les progrès politiques n’ont été cependant possibles que grâce aux « sacrifices » consentis par l’Armée nationale somalienne et les forces de l’AMISOM, a fait observer le Représentant spécial, qui a estimé, à cet égard, que le soutien du Conseil de sécurité a été « vital ».
« La réduction de la cadence des efforts en cours n’est tout simplement pas une option », a-t-il tenu à préciser en identifiant trois domaines prioritaires: œuvrer au développement économique des zones reprises au groupe Chabab; créer des opportunités économiques en priorité pour les Somaliens de moins de 35 ans; et mettre au point une approche plus cohérente vis-à-vis du groupe Chabab, afin de l’inciter à prendre part de bonne foi à un projet politique « dirigé par les Somaliens eux-mêmes ».
« La Somalie fait face, aujourd’hui, aux problèmes d’un pays en train de s’unir plutôt qu’à ceux d’un pays en train de s’effondrer », a estimé le Représentant spécial, en prévenant toutefois que 2016 serait une année « semée d’embûches ».
LA SITUATION EN SOMALIE
Rapport du Secrétaire général sur la Somalie (S/2015/702)
Lettre datée du 7 octobre 2015, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2015/762)
Texte du projet de résolution (S/2015/840)
Le Conseil de sécurité,
Réaffirmant son attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale, à l’indépendance politique et à l’unité de la Somalie,
Prenant note de la lettre du Secrétaire général, en date du 7 octobre 2015, relative aux activités d’appui des Nations Unies en Somalie (« la lettre du Secrétaire général » S/2015/762),
Prenant note du communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine sur le Bureau d’appui de l’ONU pour la Mission de l’Union africaine en Somalie, en date du 18 septembre 2015,
Prenant note avec satisfaction de la contribution du Bureau d’appui aux succès rencontrés par la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), et soulignant que cette contribution témoigne du succès du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies, l’Union africaine et les États Membres en Somalie,
Exprimant de nouveau sa gratitude aux membres du personnel de l’AMISOM et de l’Armée nationale somalienne pour les sacrifices qu’ils ont consentis dans la lutte contre les Chabab,
Se déclarant préoccupée par la conclusion du Secrétaire général selon laquelle, malgré la créativité et les efforts du Bureau d’appui, les ressources qui lui sont allouées et les moyens qu’elles lui confèrent ne lui ont pas permis d’adapter son action au développement spectaculaire de l’appui logistique qui lui est demandé, et l’écart entre les demandes d’appui logistique qui lui sont adressées et les moyens dont il dispose pour les exécuter se creuse progressivement,
Accueillant avec satisfaction les observations et recommandations du Secrétaire général pour combler cet écart et se félicitant des mesures qui sont en train d’être prises, et demandant instamment que ces mesures soient mises en œuvre de toute urgence.
1. Souligne le rôle et l’importance d’une plateforme d’appui souple, efficace, rationnelle et responsable en tant que levier stratégique de l’action menée en Somalie, et, compte tenu de l’élargissement de la mission du Bureau d’appui depuis sa création en 2009, décide que le Bureau sera rebaptisé Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS) (et sera chargé de fournir un appui à l’AMISOM, à la MANUSOM et à l’Armée nationale somalienne lors des opérations menées conjointement avec l’AMISOM);
2. Prend note avec satisfaction de l’évaluation du Secrétaire général selon laquelle le BANUS devrait consolider son action et établir ses priorités en fonction des objectifs stratégiques du Conseil en Somalie et à cet égard, à titre exceptionnel et en raison du caractère inédit de l’AMISOM, prie le Secrétaire général de continuer de fournir, sous l’autorité du Département de l’appui aux missions, un appui logistique essentiellement à un effectif maximal de 22 126 membres du personnel en tenue et 70 membres du personnel civil de l’AMISOM, à l’Armée nationale somalienne lors des opérations menées conjointement avec l’AMISOM et à la MANUSOM, comme indiqué ci-après:
AMISOM
a) Fourniture de rations, de carburant, d’eau, de logements et infrastructures, de services d’entretien, y compris tout le matériel offert par les partenaires et le matériel appartenant aux partenaires que l’Union africaine, l’Organisation des Nations Unies et le pays qui fournit des contingents auront conjointement jugé nécessaire, tous les équipements essentiels, tels que les véhicules blindés de transport de troupes (VBTT) et les équipements de génie devant être maintenus à un niveau de disponibilité opérationnelle de 75 % ou plus, l’appui médical, la flotte aérienne, les communications stratégiques, les capacités de gestion des risques liés aux explosifs (y compris les stratégies de réduction de ces risques) et les mouvements stratégiques du personnel et des équipements;
b) Remboursement du matériel appartenant aux contingents, considéré comme appartenant aux pays fournisseurs de contingents, aux taux standard et conformément aux pratiques de l’Organisation, y compris sur la base de lettres d’attribution, étant entendu que le matériel qui fera l’objet d’un remboursement sera limité au matériel que l’Union africaine, l’Organisation des Nations Unies et le pays qui fournit des contingents auront conjointement jugé nécessaire et sera soumis à des examens périodiques par le BANUS afin de s’assurer que ce matériel est pleinement opérationnel et adapté à ses fins;
c) Remboursement des fournitures et services de base et des fournitures et services essentiels dont les contingents de l’AMISOM ont besoin pour fonctionner de façon autonome, compte étant tenu du rythme opérationnel des opérations de l’AMISOM et d’autres facteurs pertinents, y compris le matériel de restauration et la formation en vue de garantir la préparation des rations dans de bonnes conditions d’hygiène et de sécurité, les moyens de communications VHF/UHF et HF, les téléphones et les moyens de communications TETRA; les fournitures d’hygiène et de nettoyage, le mobilier et les articles de papeterie; les tentes tactiques, décide que le remboursement, qui sera limité à ces catégories, se fera aux taux standard et conformément aux normes et aux pratiques de l’Organisation, et sera soumis à des examens périodiques par le BANUS pour s’assurer que les fournitures et services sont pleinement fournis, et décide par ailleurs que lorsqu’un pays fournisseur de contingent n’est pas en mesure d’assurer le soutien nécessaire demandé par l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine dans les catégories susmentionnées, un soutien limité en lieu et place du remboursement sera fourni pour que des normes minimales soient assurées;
d) Appui à l’action que mènent l’Union africaine et l’AMISOM pour coordonner le soutien que les partenaires bilatéraux et l’Organisation des Nations Unies apportent à l’AMISOM, gestion d’un fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour fournir un appui financier à l’AMISOM et établissement de rapports trimestriels à ce sujet à l’intention du Conseil ainsi que des donateurs;
MANUSOM
e) Fourniture à la MANUSOM de l’ensemble des services d’appui généralement fournis aux missions pour la soutenir dans l’exécution de son mandat, y compris un appui au renforcement de sa présence dans toutes les capitales des administrations régionales provisoires conformément au paragraphe 24 de la résolution 2232 (2015);
Institutions fédérales de sécurité somaliennes
f) Fourniture, à titre exceptionnel, d’un ensemble de mesures d’appui ciblé à 10 900 soldats de l’Armée nationale somalienne lors des opérations menées conjointement avec l’AMISOM dans le cadre du concept stratégique d’ensemble de la Mission, notamment des rations alimentaires et de l’eau, du carburant, des moyens de transport, des tentes, des matériels défensifs, des moyens de communications VHF/UHF et HF pour assurer l’interopérabilité avec l’AMISOM et des moyens d’évacuation sanitaire intrathéâtre, réaffirme que l’appui direct au titre de cette assistance sera financé par un fonds d’affectation spéciale des Nations Unies, le personnel du BANUS devant veiller à ce que cet appui soit effectivement fourni dans le respect des dispositions de la Politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme établie par le Secrétaire général et conformément aux dispositions des paragraphes 14 et 15 de la résolution 2124 (2013);
g) Fourniture, à titre exceptionnel et sur la base du remboursement des coûts de services d’évacuation sanitaire intrathéâtre aux membres de la force de police nationale somalienne lors des opérations menées conjointement avec l’AMISOM, dans le cadre du concept stratégique d’ensemble de la Mission, pour les blessures subies dans l’exercice de leurs fonctions et dans les zones d’opérations où un tel appui est fourni à l’AMISOM et à l’Armée nationale somalienne;
3. Souligne que tout appui fourni par le BANUS à l’AMISOM, à l’Armée nationale somalienne et, dans le contexte du paragraphe 2 g) ci-dessus, à la force de police nationale somalienne se fera dans le strict respect des dispositions de la Politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme établie par le Secrétaire général, sous la responsabilité générale du Représentant spécial du Secrétaire général, qui travaillera en concertation étroite avec le Représentant spécial de la Présidente de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie (Représentant spécial de la Présidente de la Commission pour l’AMISOM);
4. Se félicite que le Secrétaire général envisage de rationaliser les procédures administratives et les procédures d’achat, y compris les recrutements au BANUS, souligne qu’il importe que le Bureau d’appui soit en mesure de répondre promptement aux exigences opérationnelles en Somalie, convient avec le Secrétaire général qu’il faut renforcer les fonctions de direction au sein du Bureau d’appui, convient que la direction du BANUS devrait être basée à Mogadiscio et, dans ce contexte, décide que le Chef du BANUS rendra compte au Représentant spécial du Secrétaire général de l’exécution du mandat du Bureau d’appui énoncé ci-dessus et au Conseil de sécurité par l’intermédiaire du Représentant spécial du Secrétaire général, et souligne que le Chef du BANUS devrait avoir des contrats séparés quantifiables à la fois avec le Chef de la MANUSOM pour l’appui fourni à la MANUSOM et avec le Représentant spécial de la Présidente de la Commission pour l’AMISOM pour l’appui fourni à l’AMISOM;
5. Prie le Secrétaire général de poursuivre ses efforts visant à épauler l’Union africaine en lui donnant des orientations et des conseils pour la mise en place d’un dispositif d’enquête sur toutes allégations de faute, y compris les allégations d’exploitation et d’agression sexuelles;
6. Prie également le Secrétaire général de procéder à un examen de l’impact de l’exécution du mandat de l’ONU sur l’environnement, notamment d’établir un profil écologique témoin et de réaliser des évaluations périodiques de l’impact des opérations de la MANUSOM et du BANUS sur l’environnement;
7. Prie en outre le Secrétaire général d’aider l’Union africaine, par des conseils et un dispositif d’encadrement, à élaborer des politiques en matière d’environnement en Somalie et à suivre leur application à l’AMISOM;
8. Souligne la nécessité de veiller à la transparence et à la responsabilisation voulues en matière de gestion des ressources fournies, y compris celles fournies par l’intermédiaire du fonds d’affectation spéciale à l’appui de l’Armée nationale somalienne et, dans ce contexte, prie le Secrétaire général de veiller à ce qu’un système de contrôle interne rigoureux soit mis en place et que des rapports financiers et techniques sur ce fonds d’affectation spéciale soient présentés périodiquement à l’intention du Conseil ainsi que des donateurs, par l’intermédiaire du Représentant spécial du Secrétaire général;
9. Se dit conscient de la particularité de la mission du BANUS, se félicite que le Secrétaire général compte renforcer le dispositif commun de prise de décisions au niveau des hauts responsables de la MANUSOM et de l’AMISOM, de manière à ce que les opérations soient décidées en fonction de priorités stratégiques communes, et prie le Secrétaire général de lui rendre compte dans ses rapports sur la Somalie des progrès accomplis dans la mise en place de ce dispositif;
10. Réaffirme que la fourniture de l’appui logistique est une responsabilité partagée entre l’ONU et l’Union africaine, considère que, comme il est indiqué aux paragraphes 41 et 42 de la lettre du Secrétaire général, les dispositions logistiques actuelles ne sont pas viables, et prie l’AMISOM et l’Armée nationale somalienne de veiller à accorder la plus haute priorité à la sécurisation des principales voies d’approvisionnement qui sont essentielles à l’amélioration de la situation humanitaire dans la plupart des zones touchées, cette sécurisation étant une condition indispensable à la fourniture d’un appui logistique à l’AMISOM;
11. Demande de nouveau à l’Union africaine d’accélérer le déploiement des éléments habilitants et des multiplicateurs de force, comme il est indiqué au paragraphe 6 de résolution 2036 (2012) et demandé dans la résolution 2124 (2013), et de chercher une solution aux graves lacunes d’ordre logistique au niveau des pays fournisseurs de contingents à l’AMISOM, et invite les États Membres à aider l’Union africaine à mobiliser ce matériel de toute urgence;
12. Engage les États Membres à prêter leur concours à l’AMISOM en fournissant une assistance à l’Union africaine et aux pays fournisseurs de contingents à l’AMISOM, un appui financier pour le paiement de la solde des troupes, la formation, l’assistance technique et la fourniture de munitions (conformément à la dérogation à l’embargo sur les armes imposée à la Somalie), ainsi que des contributions financières non liées au Fonds d’affection spéciale des Nations Unies à l’appui de l’AMISOM;
13. Prie le Secrétaire général de travailler en étroite collaboration avec l’Union africaine pour améliorer la performance de l’AMISOM en mettant en œuvre le dispositif d’appui à l’AMISOM, et d’apporter son appui à l’Union africaine sous la forme de conseils techniques et d’experts dans ses efforts de coordination et dans les domaines du mandat du BANUS;
14. Se félicite que des États Membres envisagent de fournir du personnel en tenue, ainsi que du personnel fourni par des gouvernements au BANUS en appui à l’exécution des tâches prescrites, et attend avec intérêt d’obtenir plus de détails sur leur déploiement;
15. Rappelle les recommandations du Secrétaire général relatives à la mise en place d’un dispositif d’appui logistique non létal à la force de police somalienne et à l’extension de ce dispositif aux forces de sécurité du Puntland, prend note de l’évaluation du Secrétaire général que cet appui devrait être fourni par d’autres entités que le BANUS et prie le Secrétaire général de le tenir informé des progrès accomplis s’agissant de déterminer une entité appropriée pour fournir cet appui;
16. Décide de garder à l’examen le mandat du BANUS dans le même esprit que celui de l’AMISOM et, dans ce contexte, décide d’examiner les dispositions énoncées plus haut au paragraphe 2 et de prendre des mesures en vue de les renouveler ou de les réviser avant le 30 mai 2016;
17. Prie le Secrétaire général de lui rendre compte dans le détail de l’application de la présente résolution, en particulier des problèmes rencontrés par le BANUS dans l’exécution de son mandat, dans le cadre des rapports périodiques qu’il lui présente sur la Somalie;
18. Décide de rester saisi de la question.
Explication de position
Le représentant de la Fédération de Russie a indiqué avoir voté en faveur du projet de résolution visant à modifier le mandat de l’AMISOM, dans la mesure où sa délégation encourage l’instauration d’une paix durable en Somalie. « Toutefois, le texte contient énormément de références à la question des sources que nous aurions souhaité voir simplifiées », a-t-il estimé. Le représentant russe a également attiré l’attention sur le fait que les travaux du Conseil de sécurité doivent respecter son Règlement intérieur, et veiller notamment à ce que les amendements au texte de la résolution soient apportés avant qu’il ne soit mis aux voix.
Déclarations
Mme SUSANA MALCORRA, Chef de Cabinet du Secrétaire général, a exhorté le Gouvernement fédéral de la Somalie à encourager les femmes et les minorités à participer au processus électoral, avant de prier les Somaliens d’œuvrer à la réconciliation dans toutes les régions du pays. Les progrès réalisés dans l’élaboration d’un projet de constitution dans les prochains mois sont essentiels, a-t-elle dit, avant d’exprimer sa gratitude pour les sacrifices consentis par l’AMISOM. Elle a ensuite souligné qu’il était nécessaire d’assurer la cohérence des stratégies militaire et politique, tout en souhaitant un renforcement des forces somaliennes.
Rappelant que les opérations militaires ne suffiront pas pour vaincre les miliciens Chabab, elle a invité le Conseil à appuyer une stratégie globale qui réponde à la menace que ce groupe pose tout en offrant aux Somaliens une nouvelle perspective. « Nous devons dénoncer la propagande des Chabab et remédier aux causes profondes qui poussent certains à s’enrôler dans leurs rangs, a-t-elle affirmé, avant d’exhorter la communauté internationale à contribuer à la « Nouvelle donne pour la Somalie » qui sera examinée à Istanbul en février 2016.
La Chef de Cabinet a rappelé le lourd tribut que paient, chaque jour, les femmes et les filles en Somalie. Elle a demandé au Gouvernement fédéral somalien d’aller au-delà de l’objectif de la représentation de 30% de femmes au Parlement. Toutes les opérations lancées contre les extrémistes doivent respecter les droits de l’homme, a insisté Mme Malcorra. Elle a ensuite mis l’accent sur les progrès qui pourraient être accomplis avec ce Bureau d’appui renforcé. Rappelant que 3,2 millions de Somaliens avaient un besoin urgent d’aide humanitaire et que la situation dans le pays continuait à se détériorer, Mme Malcorra a regretté qu’à ce jour, le plan de secours pour la Somalie ne soit financé qu’à 36%. Les donateurs peuvent faire une différence entre la vie et la mort, a dit Mme Malcorra, avant de conclure en assurant que les Nations Unies étaient déterminées à œuvrer pour la sécurité et la promotion des droits de l’homme en Somalie.
Intervenant au Conseil de sécurité pour la dernière fois en sa qualité de Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie, M. NICHOLAS KAY a déclaré que la Somalie avait bien amorcé sa progression politique et sécuritaire alors qu’elle était encore un pays en voie de redressement il y a quelques années. « Lorsque la MANUSOM a débuté son mandat en 2013, le Gouvernement fédéral de la Somalie était retranché à Mogadiscio. Le reste du pays était pris dans des arrangements de partage du pouvoir, sans liens tangibles avec la capitale, une quasi-absence de gouvernance institutionnelle et des portions entières du territoire sous le contrôle des Chabab », a rappelé le Représentant spécial. Aujourd’hui, a-t-il assuré, une Somalie nouvelle a émergé. Après le Puntland, trois nouveaux États intègreront bientôt la Somalie fédérale. Un cinquième sera formé à partir de l’Hiran et du Moyen-Chébéli, s’est félicité M. Kay, qui a toutefois souhaité que ce processus arrive à son terme. Le Représentant spécial a également exhorté à des progrès continus dans le cadre des consultations nationales préalables au processus électoral de 2016, qui devrait être davantage inclusif que celui de 2012.
Pour M. Kay, les progrès politiques n’ont été rendus possibles que grâce aux sacrifices de l’Armée nationale somalienne et des forces de l’AMISOM. L’armée fait face à des défis colossaux et a besoin d’améliorer ses capacités et d’être mieux organisée, a fait remarquer le Représentant spécial. Le soutien du Conseil de sécurité a été vital à cet égard, a-t-il souligné. Depuis 2013, 17 districts, y compris des ports d’une importance stratégique considérable, ont été repris aux Chabab. En outre, a-t-il ajouté, les échanges se multiplient entre Mogadiscio et les régions sur les questions d’intérêt politique, économique et technique. Dans chacun des États fédérés émergeants, il existe un gouvernement, une assemblée et une charte agréée par les parties. « La Somalie, a-t-il dit, fait face aux problèmes d’un pays en train de s’unir plutôt qu’à ceux d’un pays en train de s’effondrer. »
Le Représentant spécial s’est ensuite félicité qu’aucun bateau n’ait été saisi par des pirates en trois ans. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a aidé les institutions somaliennes à fournir toute une gamme de services de base, tandis qu’avec le soutien du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le pays a réussi à prévenir une famine dévastatrice en 2011. De son côté, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a inauguré, en 2015, son premier programme d’assistance pour le retour des personnes déplacées en Somalie. Par ailleurs, a relevé M. Kay, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait déclaré, le mois dernier, que l’épidémie de polio avait pris fin. Les écoles ouvrent à nouveaux leurs portes travers tout le pays, et des enseignants sont formés et rémunérés par l’intermédiaire d’un programme administré par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a-t-il encore fait valoir.
Ensuite, le Représentant spécial a énuméré les raisons pour lesquelles le pays se trouve, selon lui, sur la bonne voie. Tout d’abord, la volonté commune de mettre le processus de consolidation de l’État dirigé par les Somaliens eux-mêmes au premier plan. Il s’est également félicité de la multiplication d’approches créatives et de partenariats. Par ailleurs, il a salué le courage et l’engagement des forces de l’Union africaine au sein de l’AMISOM. M. Kay a aussi cité une action coordonnée du système des Nations Unies dans le pays, ainsi que le soutien constant du Conseil de sécurité.
La Somalie a cependant besoin de beaucoup plus, compte tenu du fait qu’elle est en concurrence avec d’autres situations de crise dans la région pour qu’elle puisse bénéficier de l’attention dont elle a besoin. Réduire la cadence des efforts en cours n’est tout simplement pas une option, a prévenu le Représentant spécial, qui a identifié trois domaines dans lesquels une action est nécessaire: développer les zones et communautés reprises aux Chabab; soutenir le redressement économique sur l’ensemble du territoire et créer des opportunités économiques en priorité pour les Somaliens âgés de moins de 35 ans; et mettre au point une approche plus cohérente vis-à-vis des Chabab, afin de l’inciter à prendre part sincèrement à un projet politique dirigé par les Somaliens eux-mêmes. Il a prévenu que l’année 2016 sera semée d’embûches et marquée par des tensions politiques, avant de mettre en garde contre les tentatives des Chabab visant à faire dérailler le fédéralisme et le processus électoral. Dans un tel contexte, la Somalie devra faire preuve d’unité et la communauté internationale devra continuer de lui apporter son soutien, a-t-il dit.
M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a estimé que le lancement récent du Forum national consultatif sur les élections était un pas dans la bonne direction qui réaffirme l’engagement du Gouvernement fédéral somalien en faveur du processus politique en cours. Il reste cependant beaucoup à faire, a-t-il rappelé, en précisant que l’ensemble des parties prenantes internationales à ce processus devrait contribuer plus activement pour relever les défis. À cet égard, il a préconisé de continuer à adopter une approche qui tienne compte des réalités somaliennes et de l’efficacité des efforts internationaux déployés sur le terrain. Ce n’est qu’ainsi, a-t-il dit, que nous pourrons optimiser notre appui.
M. António a ensuite abordé longuement le volet sécuritaire, en saluant d’abord les récentes offensives des forces de l’AMISOM ayant eu pour effet d’amoindrir la capacité d’action des miliciens Chabab. Ce groupe prend directement pour cible la Mission et les positions défensives de l’armée nationale somalienne et que, par le biais d’attaques asymétriques, il vise le Gouvernement et la population somaliens. « Ces attaques sont des rappels constants de la fragilité de la situation en matière de sécurité, à Mogadiscio mais également dans tout le pays », a souligné M. António. Après avoir rappelé les risques que ferait encourir une alliance entre le groupe Chabab et le « prétendu État islamique », il a estimé que l’objectif principal demeurait de libérer les zones du territoire somalien contrôlées par les terroristes, afin de permettre le passage de la phase de transition à celle de stabilisation d’ici à mars 2016.
L’Observateur permanent de l’Union africaine a expliqué que la stratégie de fin de mission privilégiée par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et du Conseil de sécurité et leurs partenaires était de poursuivre la réduction des marges de manœuvre des miliciens Chabab et des autres groupes armés opposés au Gouvernement. « Nous devons créer et préserver un environnement propice à la conduite effective des processus politique, de paix et de réconciliation en Somalie », a-t-il souligné. M. António a par ailleurs demandé que l’appui fourni à l’AMISOM tienne compte des conditions particulières dans lesquelles elle opère et des « seuls besoins exprimés par sa direction ». Il a également insisté sur la nécessité d’apporter un soutien logistique aux Forces de police somaliennes similaire à celui fourni jusque-là à l’armée nationale. Pour M. Antonio, cet appui est capital en vue du rôle croissant qui sera dévolu aux Force de police dans le cadre révisé du concept général d’opérations.
Enfin, l’Observateur permanent de l’Union africaine, déplorant la décision de l’Union européenne de réduire de 20% ses allocations aux personnels en tenue à partir de janvier 2016, a tenu à rappeler que les Nations Unies avaient le devoir de fournir toute l’assistance requise à l’AMISOM. Les actions de la Mission ont pour but de créer les conditions propices au déploiement prochain d’une opération de maintien de la paix, de stabilisation et de reconstruction à long terme de la Somalie, a-t-il déclaré.
M. OMAR A. A. SHARMARKE, Premier Ministre de la Somalie, a assuré que la Somalie était engagée à renforcer les capacités de l’État et à achever le processus électoral d’ici à la fin du mandat du Gouvernement actuel en août 2016. Des progrès significatifs ont été accomplis en Somalie sur les fronts politique et militaire, a-t-il indiqué. La première session plénière du Forum national consultatif s’est tenue à Mogadiscio les 19 et 20 octobre derniers en présence des Présidents des quatre administrations régionales existantes, des plus hauts responsables du Gouvernement fédéral et des partenaires internationaux, a rappelé le Premier Ministre, en précisant que les consultations régionales devraient aboutir à l’agrément d’un calendrier pour le processus électoral. Il s’est félicité de ce que le processus de création des dernières administrations régionales intérimaires ait commencé. Le processus d’examen de la future constitution se poursuit, même si le rythme n’est pas encore pleinement satisfaisant, a-t-il dit.
Soulignant les gains enregistrés en Somalie dans le domaine de la sécurité, le Premier Ministre a déclaré que son gouvernement était déterminé à mener à bien le processus de réforme du secteur de la sécurité et d’intégration des forces. Il a cependant déploré le manque de soutien des donateurs à ce processus. Les forces nationales somaliennes manquent d’équipement et de soutien logistique, ce qui entrave leurs capacités à mener des offensives soutenues contre les Chabab. « Mon gouvernement n’est pas en mesure de payer le salaire des membres des forces de sécurité », a-t-il aussi reconnu.
Le Premier Ministre, qui s’est dit préoccupé par les récentes attaques des Chabab contre des hôtels à Mogadiscio, a estimé que l’allégeance de ce groupe à Daech ne devrait pas être prise à la légère. La Somalie ne peut pas se permettre de laisser le champ libre à Daech et mettre en péril les gains sécuritaires acquis récemment, a-t-il souligné, avant de demander au Conseil de se tenir aux côtés de son pays. Le règlement de la crise au Yémen est crucial si l’on ne souhaite pas que le groupe Chabab utilise ce pays comme base arrière et bénéficie ainsi du soutien de Daech, a-t-il insisté. Le Premier Ministre a dit la volonté de son gouvernement de renforcer la capacité des forces de sécurité afin qu’elles puissent bénéficier du soutien attendu de leurs partenaires internationaux, notamment par l’adoption de « politiques progressives ».
Il est nécessaire, a-t-il poursuivi, de remédier aux lacunes en matière de renseignement des forces somaliennes. « Avec une meilleure coordination des forces au sein de l’AMISOM et entre l’AMISOM et les forces nationales somaliennes, nous pourrons retourner la situation contre les miliciens Chabab et éliminer leur capacité à poser une réelle menace contre des cibles civiles ou militaires », a-t-il assuré avant de conclure.
M. PHILIP HAMMOND, Secrétaire d’État aux affaires étrangères du Royaume-Uni, a rappelé qu’il y a à peine quatre ans, le groupe terroriste Chabab contrôlait plusieurs localités, y compris la capitale Mogadiscio. En 2011, 174 attaques de piraterie et 400 prises d’otage avaient été enregistrées, des chiffres qui semblent aujourd’hui bien lointains, s’est-il félicité, en notant, à son tour, qu’aucun bateau n’avait été saisi par des pirates depuis trois ans. Sa délégation, a souligné M. Hammond, a reconnu, de longue date, qu’il était nécessaire de rétablir la paix et la stabilité en Somalie. Le Royaume-Uni, a-t-il rappelé, est le deuxième donateur mondial en faveur de la Somalie. Le Secrétaire d’État britannique a salué le rôle que jouent l’Union africaine et les Nations Unies, qui coordonnent l’aide internationale dans des conditions de sécurité précaires. « La présence de l’AMISOM est une contribution directe à la stabilité régionale », a-t-il affirmé. M. Hammond s’est également félicité de la résolution que vient d’adopter le Conseil de sécurité, visant à renforcer la MANUSOM.
Le Secrétaire d’État s’est en outre félicité de la réforme du secteur de la sécurité dans laquelle le Président de la Somalie s’est lui-même engagé. Le Royaume-Uni, a-t-il poursuivi, a l’intention de prêter un appui logistique militaire au Bureau et à l’AMISOM. Le fondement de la sécurité et de la stabilité, c’est la politique, a-t-il estimé. À cet égard, la Somalie jouera sa crédibilité avec la mise en place d’un processus électoral en 2016. Au cours des années à venir, l’engagement de la communauté internationale devrait se poursuivre et il faudrait mettre de côté les divergences. « Tous les acteurs principaux somaliens doivent faire preuve d’unité pour faire entrer leur pays dans une nouvelle ère », a insisté M. Hammond avant de conclure.
M. DATO SRI ANIFAH AMAN, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a estimé que l’attention portée par le Conseil de sécurité à la situation en Somalie était absolument capitale pour permettre au pays d’avancer de manière positive et pour maintenir la paix et la sécurité dans la région de la corne de l’Afrique. Il a salué, à ce propos, les progrès politiques enregistrés qui ouvrent, a-t-il dit, la voie à la réalisation de la Vision 2016. M. Aman a exhorté toutes les parties à finaliser de nécessaires accords pour un processus électoral inclusif, transparent et crédible. Il a également souligné que son pays était d’avis que l’implication de l’ONU en Somalie devrait prendre la forme d’une opération de maintien de la paix, en appelant à une coopération accrue dans cette perspective entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix. Concernant la situation en matière de sécurité, il a estimé que l’usage de la force ne suffirait pas à « regagner les cœurs et les esprits » des soutiens des miliciens Chabab parmi les civils. M. Aman a par ailleurs indiqué que, compte tenu de la situation humanitaire en Somalie –que le conflit au Yémen risque de détériorer davantage-, son pays continuerait de mener des projets de reconstruction et d’installation de systèmes d’approvisionnement en eau dans les zones reculées.
Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a souligné l’importance du salon du livre qui s’est tenu à Mogadiscio en août dernier. La moitié des livres exposés étaient écrits par des femmes, a-t-elle fait remarquer. Grâce au courage des soldats de l’AMISOM, le groupe Chabab a perdu de son contrôle sur certaines parties du territoire et l’autorité du Gouvernement fédéral de la Somalie s’est ainsi consolidée, a-t-elle affirmée. Mme Power a regretté cependant que les récentes attaques perpétrées à Mogadiscio ont montré que les miliciens Chabab n’ont pas été désarmés. La résolution que vient d’adopter le Conseil de sécurité, s’est-elle félicitée, prend en compte les nouvelles circonstances sur le terrain et appuie ainsi le Bureau d’appui.
Reconnaissant les sacrifices consentis par les troupes africaines de l’AMISOM, la représentante des États-Unis a assuré que son pays continuerait d’apporter son appui, notamment en fournissant des équipements. Elle a ensuite souligné la nécessité d’en gager une enquête chaque fois qu’une violation des droits de l’homme est constatée. L’armée somalienne doit être efficace et redevable, a-t-elle dit, en ajoutant que son pays avait contribué à hauteur de 300 000 dollars au renforcement de cette armée. Mme Power a salué l’engagement des autorités somaliennes pour que les élections se tiennent en 2016. La corruption et les abus ne seront pas tolérés, a-t-elle conclu, en ajoutant que les Somaliens méritaient un gouvernement responsable et transparent.
M. IGNACIO YBAÑEZ, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Espagne, a rappelé que son pays était attaché à la paix et à la stabilité en Somalie. Le processus politique s’est heurté à des difficultés dans ce pays, a-t-il noté, mais des progrès significatifs ont aussi été réalisés, notamment dans l’expansion du fédéralisme à travers le pays. Le Secrétaire d’État espagnol aux affaires étrangères a également espéré que les consultations régionales permettront d’aboutir à la tenue des élections, dans les délais prévus, à savoir août 2016. Dans ce contexte, il faudrait en outre que les branches exécutive et législative surmontent leurs divergences et œuvrent à la mise en place d’un cadre juridique approprié, a fait observer M. Ybañez. Il a cependant prévenu des risques posés par le groupe Chabab, qui possède encore toute sa puissance opérationnelle et constitue une « menace extraordinaire » pour la sécurité de la Somalie et la région. Une priorité est de prêter assistance aux régions qui ont été reprises à cette organisation terroriste, en y créant des opportunités économiques et en les dotant de capacités institutionnelles, a-t-il recommandé. Le Secrétaire d’État, avant de conclure, a exprimé son émotion devant la situation humanitaire particulièrement préoccupante en Somalie.
M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a mis en exergue les difficultés qui demeurent en Somalie. Il est évident que le pays a encore du chemin à parcourir avant de devenir un État dont les institutions fonctionnent pleinement, a-t-il dit. Le représentant a souligné que le soutien du Conseil était essentiel tout au long du processus. Le Conseil ne peut se permettre que la Somalie renoue avec la violence et l’anarchie, a-t-il prévenu. Le représentant a ainsi plaidé pour une meilleure coopération entre l’AMISOM, la MANUSOM et le BANUS, avant d’inviter les autres pays de la région à appuyer la reconstruction du pays. Ces pays doivent participer aux efforts de stabilisation dans les zones reprises aux miliciens Chabab. Il a invité les dirigeants somaliens à privilégier l’intérêt supérieur du peuple somalien plutôt que leurs intérêts personnels. « C’est la poursuite de ces intérêts étroits qui avait conduit la Somalie à une catastrophe dans les années 1990 », a-t-il dit. Enfin, jugeant que le niveau de corruption dans le pays était une menace pour la stabilité, le délégué a salué les efforts entrepris par le Gouvernement fédéral somalien pour y remédier.
M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) s’est félicité des progrès réalisés dans le cadre du processus de fédéralisation de la Somalie, ainsi que de la réforme du secteur de la sécurité qui y est en cours. Il a toutefois prévenu que la seule solution pour parvenir à la paix dans ce pays passait par l’examen approfondi des causes profondes du terrorisme. Sa délégation, a-t-il dit, salue la « coopération triangulaire souple » mise en place par l’Union africaine, les Nations Unies et des partenaires internationaux comme l’Union européenne. Le représentant s’est dit cependant préoccupé par la persistance du groupe Chabab et par son redéploiement vers le reste de la corne de l’Afrique, d’où il multiplie les attaques asymétriques.
L’absence de développement et de consolidation de la présence de l’État présente des risques de voir certaines régions retomber dans les situations qui prévalaient avant la défaite des Chabab. M. Suarez a par ailleurs déploré que 203 000 enfants souffrent actuellement de malnutrition en Somalie, qui est également le deuxième pays au monde où le taux de mortalité infantile est le plus élevé. Il s’est déclaré préoccupé par l’absence de fonds suffisants pour fournir une aide humanitaire dans le pays, l’appel lancé par les Nations Unies n’étant financé qu’à hauteur de 28%. À partir d’aujourd’hui, a conclu le représentant, les autorités somaliennes devront faire preuve de vigilance et veiller à ne pas anéantir les gains réalisés jusqu’à présent.
M. ALEXIS LAMEK (France) s’est félicité de la clarification du mandat de l’entité nouvellement baptisée BANUS. Il a salué les sacrifices des soldats de l’AMISOM, puis estimé que beaucoup de progrès restaient à faire sur le front sécuritaire en Somalie. Bien que les autorités somaliennes contrôlent 80% du territoire, les miliciens Chabab sont toujours en mesure de frapper, a-t-il dit. « Les miliciens Chabab ne sont pas vaincus. » Le délégué a demandé des améliorations concrètes dans la manière dont opèrent les forces de l’AMISOM, en plaidant notamment pour une structure de fonctionnement plus claire. Les multiplicateurs de force doivent être fournis. Il a ensuite conditionné le soutien de la communauté internationale à la réforme du secteur de sécurité somalien à la détermination du Gouvernement fédéral de transition de la Somalie de remédier aux difficultés existantes. La question du paiement des salaires, a-t-il souligné, doit être réglée. Il a salué les efforts du Gouvernement somalien visant à lutter contre la corruption. Les élections de 2016 permettront de légitimer les autorités somaliennes et de remettre le pays sur la voie de la stabilité, a conclu le délégué de la France.
M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a déclaré que, comme l’année 2016 sera décisive pour la Somalie, la communauté internationale devra continuer de témoigner à ce pays le soutien dont il a besoin dans le cadre de son processus d’intégration politique et de fédéralisation. Il s’est dit préoccupé par la situation sécuritaire, en particulier par les attaques asymétriques perpétrées par le groupe Chabab. Tout en se félicitant de la réforme du secteur de la sécurité entamée par le Gouvernement fédéral de transition de la Somalie, le représentant s’est dit convaincu que le terrorisme ne serait pas seulement éliminé par des moyens militaires, mais grâce à une solution politique susceptible de répondre aux attentes de toute la population somalienne. Avant de conclure, il s’est dit encouragé par la capacité de résilience du peuple somalien, qui subit pourtant une situation humanitaire préoccupante.
M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a souligné l’importance des élections de 2016, avant de noter les tensions qui demeurent entre les dirigeants somaliens. Ces derniers doivent mettre l’intérêt du peuple somalien au-dessus des considérations personnelles, a-t-il affirmé. Le représentant s’est ensuite félicité de la création d’un organe électoral indépendant et des progrès constatés s’agissant de la Constitution provisoire. Il s’est dit en revanche préoccupé par l’impossibilité que l’élection se tienne sous le principe « une personne, une voix ». Le délégué a ensuite salué les efforts en vue du renforcement de l’Armée nationale somalienne, avant d’exprimer son inquiétude devant le manque de financement de la réforme du secteur de sécurité en Somalie. Les difficultés éprouvées pour le paiement des traitements des membres des forces somaliennes sont une menace à la stabilité du pays, a-t-il dit. Enfin, le représentant de l’Angola a exhorté les autorités somaliennes à s’engager en faveur de l’édification d’un avenir meilleur pour tous les Somaliens.
Mme JOY OGWU (Nigéria) s’est félicitée des progrès accomplis par la Somalie dans l’expansion de l’État fédéral et la mise en place d’une administration intérimaire dans le pays. La constitution d’une commission électorale indépendante est également un signe encourageant pour les préparatifs du processus électoral de 2016, à condition toutefois que cet organe soit financé de manière appropriée, a-t-elle souligné. En outre, la représentante a jugé crucial que les gains militaires engrangés par l’AMISOM soient consolidés par des gains politiques, en particulier pour combler le « vide » dans les régions reprises au groupe Chabab. Alors que la question du développement demeure cruciale, Mme Ogwu a pris note que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) avait continué d’aider les secteurs de l’élevage, de l’agriculture et de la pêche, au niveau gouvernemental et local. « En août, la FAO avait lancé une campagne visant à vacciner 14 millions de têtes de bétail et à en traiter 1,5 million d’autres sur une période de trois mois », a-t-elle relevé. De plus, le programme de services de santé essentiels a bénéficié à plus de 4,2 millions de personnes à ce jour. Enfin, la délégation a salué l’organisation des premiers examens centralisés depuis 1991 –début de la guerre civile en Somalie– pour quelque 7 000 étudiants de l’enseignement secondaire.
Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a salué la finalisation de la carte fédérale de la Somalie, ce qui permettra d’améliorer le dialogue entre le centre et la périphérie du pays. La représentante a rappelé que le Gouvernement fédéral de transition somalien devrait lutter contre la pauvreté et renforcer les structures de gouvernance afin de restaurer la stabilité en Somalie. Elle a ajouté que les jeunes et les femmes devraient participer pleinement aux processus de développement en cours. Toutefois, elle a reconnu que les promesses de développement en Somalie étaient largement assombries par les violations systématiques des droits de l’homme et les violences perpétrées par les miliciens Chabab contre la population civile. Toutes les parties au conflit ont la responsabilité de protéger les civils, a-t-elle insisté, en soulignant la nécessité absolue que les auteurs d’atrocités massives rendent des comptes. La délégation lituanienne attend avec intérêt le déploiement de forces supplémentaires de l’AMISOM, y compris des hélicoptères de combat, qui permettront d’intensifier la campagne contre les miliciens Chabab et faciliteront ainsi l’ouverture d’itinéraires de ravitaillement.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a estimé que le Bureau d’appui devrait fonctionner dans un contexte sécuritaire difficile, marqué notamment par les attaques récurrentes des miliciens Chabab. Dans le même temps, les tâches qu’il doit accomplir sont toujours plus nombreuses, a-t-il dit. Le représentant a souligné qu’il était nécessaire d’intensifier la lutte armée contre les miliciens Chabab et de renforcer l’AMISOM, ainsi que les forces armées somaliennes. Il s’est dit inquiet des agissements des autres groupes extrémistes opérant dans la région et des incursions de ces miliciens au Kenya. La Fédération de Russie, a-t-il ensuite indiqué, n’est pas opposée à l’augmentation des ressources du Bureau, tant que le principe de transparence est respecté. Son pays, a-t-il rappelé, apporte une aide humanitaire en Somalie. « En 2013 et 2014, notre aide a dépassé les 12 millions de dollars », a-t-il dit, ajoutant que l’aide de son pays, déboursée par le biais du Programme alimentaire mondial, s’élevait cette année à un million de dollars.
M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) s’est félicité de ce que 80% du territoire somalien avait été repris aux Chabab, rendant ainsi hommage aux soldats de l’AMISOM. Il a noté que les efforts du Gouvernement fédéral de transition de la Somalie avaient permis d’améliorer la situation politique dans le pays, et notamment de l’ouverture du Forum consultatif national visant à rallier les parties somaliennes à un processus électoral plus inclusif et représentatif de la diversité du peuple somalien que celui de 2011. Le représentant a donc encouragé la communauté internationale à continuer de prêter assistance à la Somalie, y compris sur le plan humanitaire. Il est important, a-t-il insisté, de fournir un soutien aux forces somaliennes, en leur fournissant les multiplicateurs de force prévus de longue date en vue de leur permettre d’être plus efficaces et mobiles face à la menace terroriste.
Les efforts militaires, a cependant fait remarquer M. Cherif, doivent s’accompagner d’une ouverture politique et de mesures sociales et économiques, avec pour priorité le relèvement du pays et l’éducation et l’emploi des jeunes. Il a souhaité que la résolution adoptée aujourd’hui permette de prêter un appui logistique plus conséquent et plus opportun aux forces somaliennes. Pour le Tchad, les enseignements tirés de la coopération en Somalie entre l’Union africaine, les Nations Unies et l’Union européenne devraient inviter à réfléchir au développement de ce modèle dans le cadre des opérations de maintien de la paix.
Mme DINA KAWAR (Jordanie) a salué les progrès politiques accomplis en Somalie, dont la tenue récemment du Forum national consultatif et la mise en place d’administrations régionales provisoires. Elle a souligné qu’il était nécessaire d’associer toutes les couches de la population au processus de transformation qui doit culminer avec la tenue d’élections en 2016. Il faudrait consolider la présence de la Mission des Nations Unies dans toutes les zones du pays, y compris dans le contexte de ces élections. Mme Kawar a condamné les attaques perpétrées par les Chabab et appelé à la poursuite des opérations militaires contre ces derniers. Une stratégie régionale doit être mise en place afin d’éliminer la menace terroriste et remédier aux causes économiques et sociales profondes de ce phénomène, a-t-elle estimé. Avant de conclure, la déléguée de la Jordanie a souligné la nécessité de renforcer les institutions sécuritaires somaliennes pour qu’elles puissent, à terme, assumer les tâches de l’AMISOM.
M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que la Somalie s’apprêtait à entrer dans une nouvelle ère. La communauté internationale doit cependant maintenir son assistance auprès du pays, où la situation humanitaire et sécuritaire demeure fragile, a-t-il estimé. En outre, le représentant a rappelé que la promotion du processus politique somalien exigeait le respect du principe de l’appropriation nationale. Depuis le début de l’année, l’AMISOM et l’Armée somalienne ont démontré ce que leur coopération pouvait accomplir contre les terroristes, s’est-il félicité. La délégation a espéré que la résolution adoptée aujourd’hui serait pleinement mise en œuvre pour que les forces armées somaliennes bénéficient de l’appui logistique dont elles ont besoin.