Conseil de sécurité,
7526e séance – matin
CS/12050

Conseil de sécurité: malgré des développements positifs, la stabilité n’est pas acquise en Afghanistan, prévient le Chef de la Mission d’assistance de l’ONU dans le pays

La stabilité n’est pas acquise, a prévenu aujourd’hui le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), au débat public que le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui sur ce pays.  M. Nicholas Haysom a tout de même fait part d’un certain nombre de développements positifs, dont le fonctionnement du Gouvernement d’unité nationale, la réforme électorale et l’adoption du nouveau Cadre de responsabilité mutuelle.* 

Le Représentant spécial du Secrétaire général, qui est intervenu avant le Chef de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le délégué de l’Afghanistan et 27 autres délégations, a souligné que cette année a été l’année la plus intense pour les Forces afghanes de sécurité, avec la recrudescence des attaques des Taliban et autres groupes extrémistes violents.  Cette situation montre l’importance d’un processus de paix viable et fondé sur un dialogue direct entre les Taliban et le Gouvernement.  M. Nicholas Haysom a insisté sur le fait que, comme les insurgés viennent des pays voisins, il est de la responsabilité des leaders de la région et des autres parties prenantes de donner la priorité à l’édification d’un Afghanistan pacifique. 

« Choquée » que certains en Afghanistan ait imputé la recrudescence de la violence à son pays, la représentante du Pakistan a rappelé que c’est à la demande du Président afghan lui-même que son pays a facilité un dialogue entre Kaboul et les Taliban.  Le 7 juillet, les parties se sont mises d’accord pour continuer le dialogue, prévoyant même la date du 31 juillet pour un second cycle de discussions.  Mais peu avant cette date, certains événements ont eu lieu avec des conséquences « prévisibles », à savoir la rupture de ce qui aurait pu être un processus de paix prometteur.  Le Gouvernement afghan est convaincu, a répondu son représentant, que, malgré quelques reculs apparents, après l’annonce de la mort du leader Taliban Mollah Omar et les changements de leadership, la perspective d’un règlement politique ne s’évanouira pas mais qu’il exigera une attitude responsable de la part de toutes les parties ainsi que de la détermination et un engagement véritable.

Parmi les développements positifs, le Représentant spécial du Secrétaire général a cité le fonctionnement satisfaisant du Gouvernement d’unité nationale, la réforme électorale, la mise en place du nouveau Cadre de responsabilité mutuelle » et le succès de la sixième Conférence sur la coopération économique régionale avec l’Afghanistan.  Le Directeur exécutif de l’ONUDC, M. Yury Fedotov, a ajouté la diminution des cultures de drogues, surtout dans les provinces les plus concernées et l’éradication accélérée des champs de pavot.  Mais, a-t-il mis en garde, « la situation demeure indéniablement difficile »: l’augmentation de la production d’opium ces dernières années s’est accompagnée d’une augmentation sensible de la consommation locale. 

Autant de succès et de défis qui ont été reconnus par toutes les délégations.  Dans ce contexte, a estimé le représentant de la Nouvelle-Zélande, il est important de maintenir l’intégrité et l’effectivité des régimes de sanctions contre les Taliban et Al-Qaida.  En tant que Président du Comité des sanctions créé en vertu de la résolution 1988, le représentant a estimé qu’il faut recourir plus largement aux procédures d’exception prévues pour l’interdiction de voyager si l’objectif est de permettre aux individus soumis aux sanctions de participer aux négociations de paix.  Il a par ailleurs demandé aux États de lui signaler le nom des individus membres des groupes associés aux Taliban qui ne manifestent aucun intérêt pour la paix et qui ont des enjeux financiers dans le commerce de drogues et l’exploitation illégale des ressources naturelles. 

Le succès de la « Décennie de transformation » dépend en effet largement de l’engagement et de l’appui constants des partenaires internationaux, a insisté le représentant de l’Afghanistan.  À la demande** du Conseil de sécurité, la MANUA a d’ailleurs mené un examen du rôle, de la structure et des activités de toutes les entités des Nations Unies en Afghanistan.  Les discussions, a indiqué le Représentant spécial du Secrétaire général, ont permis de clarifier les besoins et les attentes de l’Afghanistan.  Elles ont aussi permis à l’ONU de voir comment elle peut aligner au mieux ses projets avec les priorités de l’Afghanistan et se concentrer sur le renforcement des capacités institutionnelles et humaines.

D’emblée, le représentant de la Fédération de Russie a jugé que la nouvelle mission de l’OTAN n’est pas plus efficace que la défunte Force internationale d’appui à la sécurité (FIAS) puisque l’armée afghane continue de subir des pertes importantes, sans être en mesure de répondre aux assauts des groupes extrémistes.  Le représentant a dit vouloir privilégier les efforts régionaux dont la plateforme de l’Organisation de coopération de Shanghai.

L’ensemble de la communauté internationale doit maintenir son appui, a estimé le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MANUA, invoquant l’exode actuel des Afghans qui illustre le découragement d’un peuple guettant avec angoisse les signes de désengagement. 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

La situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales Rapport du Secrétaire général sur l’Afghanistan (S/2015/684)

Lettre datée du 15 septembre 2015, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Secrétaire général (S/2015/713)

Déclarations

La stabilité et l’autosuffisance de l’Afghanistan ne peuvent être tenues pour acquises, a réitéré aujourd’hui M. NICHOLAS HAYSOM, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).  L’exode actuel illustre le découragement de nombreux Afghans.  Ce peuple, qui a clairement en mémoire son passé récent et violent et qui fait face à un avenir opaque, guette avec angoisse les signes de désengagement international ou, avec espoir, les signes de stabilisation intérieure.  Un signal clair que la communauté internationale maintiendra son appui atténuerait l’incertitude qui pousse à cet exode.

Après les nombreux points de friction au sein du Gouvernement d’unité nationale, et entre ce dernier et les éléments de l’élite politique, un certain nombre de développements positifs, y compris des signes de progrès dans le fonctionnement du Gouvernement d’unité nationale, ont commencé à émerger, a reconnu le Chef de la MANUA.  Le Gouvernement a aussi fait des progrès dans la réforme électorale qui, « essentielle » pour la construction des fondations démocratiques, devrait être une source de stabilité, d’unité et non de division.  La Réunion des hauts responsables tenue à Kaboul au début du mois de septembre a mis en place « un nouveau cadre de responsabilité mutuelle », nécessaire pour redonner confiance aux donateurs, en prévision des réunions importantes de Varsovie et de Bruxelles en 2016.  Il faut cependant noter, a précisé M. Haysom, que les promesses de contributions au-delà de 2017 se feront non pas pendant ces conférences, mais dans les mois à venir.  Avant cela, le Gouvernement aura à présenter les indicateurs agréés de performance, et plus particulièrement, des indicateurs qui démontrent que la corruption est effectivement combattue. 

En outre, à la sixième Conférence sur la coopération économique régionale avec l’Afghanistan, tenue un jour avant la Réunion des hauts responsables, la région a réaffirmé la nécessité d’une plus grande coopération économique, d’une plus grande intégration et d’une plus grande connectivité.

M. Haysom a regretté que le conflit continue de faire des victimes parmi les civils afghans, la majorité d’entre elles étant imputables aux éléments antigouvernementaux même si celles des Forces de sécurité afghanes continuent de croitre.  Le Chef de la MANUA a dit compter que la politique d’atténuation des dégâts parmi les civils inclura tous les éléments énoncés dans le rapport à mi-parcours de la MANUA sur la protection des civils.

Cette année a été l’année la plus intense pour les Forces nationales de sécurité de l’Afghanistan, ce qui souligne l’importance de relancer un processus de paix viable, a estimé le Chef de la MANUA.  Il a réitéré son appel à un dialogue direct entre les Taliban et le Gouvernement, en insistant sur le fait que, comme les insurgés viennent des pays voisins, il est de la responsabilité des leaders de la région et des autres parties prenantes de donner la priorité à l’édification d’un Afghanistan pacifique et sécurisé.  La MANUA continuera de parler avec le Gouvernement, les Taliban, les pays voisins et la communauté internationale pour promouvoir un processus qui permettra aux Afghans de trouver un arrangement par lequel ils peuvent vivre en paix. 

À la demande du Conseil de sécurité, la MANUA a mené un examen du rôle, de la structure et des activités de toutes les entités des Nations Unies en Afghanistan.  Les discussions ont permis de clarifier les besoins et les attentes de l’Afghanistan.  Elles ont aussi permis à l’ONU de voir comment elle peut aligner au mieux ses projets avec les priorités de l’Afghanistan et se concentrer sur le renforcement des capacités institutionnelles et humaines.

M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a indiqué que l’an dernier, l’Afghanistan représentait 85% de la production mondiale d’opium et 77% de la production d’héroïne.  L’opium, a-t-il dit, est la première activité économique de l’Afghanistan avec une valeur brute de 2,84 milliards de dollars.  Représentant 13% du PNB, le volume des exportations d’opiacées dépasse largement toutes les exportations de biens et de services.  Le trafic illicite de drogues est à l’origine de l’instabilité, des rebellions, de la corruption, de la criminalité organisée et de l’affaiblissement des institutions publiques incapables de promouvoir la paix et la bonne gouvernance, s’est alarmé le Directeur exécutif.  Il a affirmé que depuis sa dernière intervention devant le Conseil de sécurité en décembre 2014, le Gouvernement a fait des efforts pour s’attaquer à la production et au trafic d’opium et à la criminalité économique. 

L’ONUDC et le Ministère de la lutte antidrogues ont lancé un Système d’information sur les drogues, à la suite de quoi, le Ministre a jugé bon de lancer une « Mobilisation générale contre les drogues » pour impliquer les communautés, la société civile, les médias et les agences de développement.  L’ONUDC soutient tous ces efforts ainsi que le futur plan d’action national sur le contrôle des drogues.  L’Initiative triangulaire entre l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan et celle entre l’Afghanistan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et autres sont des plateformes importantes de coopération régionale. 

L’ONUDC prévoit aussi une réunion de haut niveau en décembre à Vienne, avec les partenaires de l’Afghanistan et les pays voisins avant la Réunion du Groupe consultatif de la politique du Pacte de Paris.  Après avoir détaillé les différents aspects de l’appui que son Office fournit à l’Afghanistan, s’agissant aussi du blanchiment d’argent, du financement du terrorisme ou encore de la lutte contre la corruption, M. Fedotov a prévenu que « la situation demeure indéniablement difficile »: l’augmentation de la production d’opium ces dernières années s’est accompagnée d’une augmentation sensible de la consommation locale.  En conséquence, appuyer et élargir des services de prévention et de traitement, y compris pour le VIH, est un défi majeur tout comme appuyer les initiatives liées aux moyens de subsistance alternatifs.  L’année dernière, l’opium représentait en moyenne 12% des revenus agricoles dans la région du sud et près de 30% dans la province d’Helmand.  Or, l’appui de la communauté internationale aux programmes liés aux moyens de subsistance alternatifs n’a jamais été concrétisé par des fonds.  En 2013, les pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) n’avaient consacré que 0,1% de leur aide publique au développement (APD) à ces programmes. 

Dévoilant les conclusions de l’édition 2015 du rapport que son Office est en train de finaliser, M. Fedotov a affirmé que les chiffres montrent une diminution des cultures de drogues, surtout dans les provinces les plus concernées.  Si cette tendance peut être imputée en partie à l’autorégulation du marché de l’héroïne, elle n’en reste pas moins une bonne nouvelle par rapport à l’édition 2014 du rapport qui montrait une augmentation sensible de la culture du pavot et de la production d’héroïne en Afghanistan.  L’édition 2015 montre aussi que l’éradication du pavot s’intensifie, avec une augmentation de 787 hectares en 2014 à 1 747 en 2015. 

M. ZAHIR TANIN (Afghanistan), quittant son poste pour de nouvelles fonctions, a déclaré que ces derniers mois son pays a vécu une situation difficile en matière de sécurité comme l’ont illustré la violence accrue et les attaques odieuses menées par les Taliban et les autres groupes extrémistes violents.  Le représentant s’est félicité de ce que ces groupes se soient heurtés au rempart des Forces de défense et de sécurité nationales.  Le Gouvernement, a-t-il expliqué, a tendu la main de la paix et de la réconciliation non seulement aux Taliban et à tous ceux qui sont prêts à cesser les combats et à se joindre au processus de paix, mais aussi aux pays voisins.  Le premier geste du Président Ghani a été de s’embarquer dans un processus pour mettre fin à l’état de guerre larvée entre l’Afghanistan et le Pakistan et à lancer une nouvelle ère de paix et de coopération.  En conséquence, les premiers cycles de négociations avec les Taliban ont conduit à un certain optimisme quant à la perspective de mettre fin à la violence.  Le Gouvernement est convaincu que, malgré quelques reculs apparents, après l’annonce de la mort du leader Taliban Mollah Omar et les changements de leadership, la perspective d’un règlement politique ne s’évanouira pas mais qu’il exigera une attitude responsable de la part de toutes les parties ainsi que de la détermination et un engagement véritable.

L’agenda de la coopération régionale ne se limite pas à la paix et à la sécurité mais il s’élargit aussi à l’économie, au développement et à la prospérité, a dit le représentant en passant en revue les progrès en la matière.  Au niveau national, il a fait part des avancées dans la mise en œuvre des réformes vitales dont la lutte contre la corruption qui inclut aussi des mesures contre le trafic illicite de drogues.  Le Gouvernement a également pris l’initiative de réviser la loi électorale; le calendrier des élections législatives et provinciales devant être annoncé dans un avenir proche.

Sur le plan international, le représentant a indiqué que la Commission tripartite et son gouvernement sont embarqués dans le réexamen du rôle, de la structure et des activités de toutes les entités de l’ONU en Afghanistan.  Le succès de la Décennie de transformation dépend largement de l’engagement et de l’appui constants des partenaires internationaux non seulement aujourd’hui mais aussi dans les jours à venir.  L’accord conclu au début de ce mois sur un nouveau cadre mutuel de responsabilisation est une étape décisive des relations entre l’Afghanistan et la communauté internationale.  Le pays attend avec intérêt les prochaines conférences prévues à Bruxelles et à Varsovie, a affirmé le représentant.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) s’est félicité des mesures prises par le Gouvernement en matière de sécurité, de réforme électorale et de lutte contre la corruption.  « Les autorités afghanes peuvent compter sur le soutien de l’Espagne », a-t-il assuré, avant de saluer « prudemment » les progrès relevés dans la lutte contre la culture et le trafic de stupéfiants.  La culture et le trafic de drogues restent une menace pour l’Afghanistan, a-t-il dit, s’inquiétant aussi de l’impasse du processus de paix et de réconciliation.  La voie choisie par le Gouvernement doit être claire pour toutes les parties et les pays voisins doivent soutenir la stabilité de l’Afghanistan. 

Après avoir salué le Plan d’action national sur la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité relative aux femmes, à la paix et à la sécurité, le représentant a aussi salué les mesures contre l’enrôlement des enfants et a exigé que les auteurs de violations soient comptables de leurs actes.  Il a préconisé la création d’unités de protection des enfants dans tous les camps de l’armée.  Le représentant s’est par ailleurs félicité de ce que la Commission tripartite Gouvernement-MANUA-système des Nations Unies ait achevé des travaux qui permettront d’aligner le travail de l’ONU avec les priorités nationales.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a rappelé que 1 500 civils ont été tués en Afghanistan entre janvier et juin et que la persistance de cette violence demeure un frein au développement du pays.  Il a exprimé le soutien du Royaume-Uni à la formation des officiers de l’armée afghane en précisant que l’Afghanistan venait d’avoir sa première femme officier.  Il a souligné la nécessité pour la communauté internationale d’aider le Gouvernement afghan à mettre en œuvre son Plan de développement.  Il a aussi souligné l’importance d’un Partenariat eurasiatique productif.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) s’est félicité de la stratégie annoncée par les autorités afghanes qui prouve la volonté du Gouvernement de procéder à des réformes.  Il a regretté la nette aggravation de la violence et la recrudescence des attaques contre les écoles et les enseignants.  Il a appelé à optimiser le potentiel des ressources de la MANUA et de la communauté internationale pour appuyer les efforts de reconstruction et de développement de l’Afghanistan.  Il a salué les efforts de lutte contre le trafic de stupéfiants et la coopération entre l’Afghanistan et l’ONUDC.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) s’est dit conscient que dans la situation sécuritaire actuelle, le rythme des progrès devient de plus en plus difficile à maintenir.  Mais les efforts doivent être soutenus, a-t-il encouragé, en appuyant fermement les initiatives du Gouvernement en faveur de la réconciliation, alors que les Taliban, Al-Qaida, Daech et les autres groupes associés cherchent de plus en plus à gagner une ascendance sur la région.  Dans ce contexte, a estimé le représentant, il est important de maintenir l’intégrité et l’effectivité des régimes de sanctions contre les Taliban et Al-Qaida.  Le Conseil doit réfléchir soigneusement à la manière dont il peut utiliser le régime de sanctions de la résolution 1988 pour appuyer au mieux les efforts de paix et de réconciliation.  Il faut, a-t-il dit, recourir plus largement aux procédures d’exception prévues pour l’interdiction de voyager si l’objectif est de permettre aux individus soumis aux sanctions de participer aux négociations de paix.  En tant que Président du Comité créé en vertu de la résolution 1988, le représentant a reconnu la nécessité de faire en sorte que les processus de son Comité appuient une telle participation. 

Dans le même temps, a-t-il poursuivi, il faut être franc quand il s’agit des groupes associés aux Taliban qui ne manifestent aucun intérêt pour la paix.  Ces individus ont des enjeux financiers dans le commerce de drogues et l’exploitation illégale des ressources naturelles.  Le représentant a encouragé les États Membres à soumettre à son Comité le nom des individus qu’ils veulent inscrire sur la Liste des personnes frappées de sanctions.  Il a dit avoir reçu avec intérêt le rapport du Secrétaire général sur la Commission tripartite qui permettra d’affiner le rôle de l’ONU en Afghanistan.

M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que la complexité des défis exige un appui international sur le long terme fondé sur le respect de la souveraineté nationale.  La Chine appuie les efforts de réforme du Gouvernement d’unité nationale et est encouragée par les progrès enregistrés jusqu’ici.  La communauté internationale doit aider le processus de réconciliation et la Chine se tient prête à jouer un rôle positif et constructif.  La communauté internationale doit aussi aider l’Afghanistan à améliorer ses capacités dans le domaine de la sécurité et la Chine appuie les efforts nationaux et régionaux en ce sens.  La paix et la prospérité en Afghanistan sont de l’intérêt de la région toute entière et la Chine soutient l’idée de tirer parti des atouts géographiques de l’Afghanistan pour le bien de tous.

Mme MARIE AUDOUARD (France) a salué les efforts du Gouvernement d’unité nationale pour faire avancer les réformes et notamment la réforme électorale.  L’engagement du Gouvernement à faire progresser le processus de paix, en concertation avec les pays voisins, mérite également d’être salué.  Le soutien des pays de la région est primordial pour que le processus afghan de réconciliation soit un succès et pour garantir ainsi les conditions d’un développement durable en Afghanistan, a insisté la représentante.  Mais, a-t-elle reconnu, les défis restent nombreux, en particulier au plan sécuritaire.  Les capacités des forces de sécurité doivent encore être renforcées, car la situation reste fragile dans de nombreuses provinces.  Sur le plan des droits de l’homme, la représentante s’est félicitée du Plan d’action national « Femmes, paix et sécurité ».  Elle s’est également dite attachée à ce que l’ONU assume un rôle accru face au défi de la lutte contre les stupéfiants et l’économie illicite, en particulier en matière de coordinations des agences impliquées.  Elle a salué la revue tripartite et les réflexions actuellement menées conjointement sur l’évolution souhaitable de l’appui que la MANUA et l’ONU peuvent fournir au pays. 

La France quant à elle, a conclu la représentante, continuera de se tenir aux côtés de l’Afghanistan dans le cadre du traité d’amitié et de coopération franco-afghan et au travers de sa contribution à l’engagement de l’Union européenne qui représente 1,4 milliard d’euros sur la période 2014-2020, ainsi qu’à la construction d’un partenariat durable de l’Alliance avec Kaboul.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a appelé de ses vœux le succès du processus de réconciliation en Afghanistan, dans le cadre d’une stratégie globale de protection et de promotion des droits de l’homme.  Il a salué les efforts déployés par le Gouvernement pour résoudre les différends avec les Taliban par le biais du dialogue, notant à cet égard la réunion organisée le 7 juillet au Pakistan.  Il a cependant exprimé sa préoccupation de voir les actions terroristes et le niveau de violence aller crescendo, appelant les parties à s’engager en faveur du dialogue et à cesser la violence. 

Le représentant chilien s’est aussi inquiété du recrutement des enfants, ainsi que de l’augmentation du nombre d’attaques visant des écoles ou l’utilisation de celles-ci à des fins militaires.  Il a salué le lancement du Plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité relatif aux femmes et aux conflits armés, avant de mettre l’accent sur l’importance de la participation de la femme dans les efforts de prévention des conflits et de consolidation de la paix.  Enfin, M. Barros Melet a plaidé en faveur de la cohésion politique et sociale au niveau national, en appelant à travailler en ce sens dans tous les secteurs.  En ce qui concerne la réforme électorale, il a souhaité qu’elle soit menée dans un processus inclusif avec la participation de la société civile et des dirigeants religieux.

M. MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a jugé encourageants les progrès constatés dans le domaine de la gouvernance ou la lutte contre la corruption et les efforts des autorités pour assoir l’autorité de l’État.  Compte tenu du nombre important des victimes de la violence, le représentant a jugé indispensable et prioritaire de renforcer les capacités des Forces afghanes.  Il a dit l’importance de campagnes nationales de sensibilisation sur les droits de l’homme.  La Jordanie, a-t-il conclu, soutient les activités de l’ONUDC et appelle à une approche globale contre le trafic de stupéfiants en Afghanistan.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a estimé que les autorités ont fait des progrès réels en matière de réformes politiques, administratives, de réconciliation nationale et de lutte contre la drogue moins d’un an après l’élection présidentielle.  Néanmoins, il a reconnu les difficultés qui subsistent en ajoutant que la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et la porosité des frontières nécessitent une coopération totale des pays de la région et un soutien multiforme de l’ensemble de la communauté internationale.  Il a appelé à appuyer d’avantage la lutte contre les combattants étrangers et les militants extrémistes.  Il faut une conjugaison des efforts au niveau régional et une plus grande attention de la communauté internationale. 

M. JULIO HELDER DE MOURAS LUCAS (Angola) a noté que ces trois derniers mois, malgré les difficultés, le Gouvernement continue de relever les défis de la sécurité et de la réconciliation.  Il a encouragé les parties à reprendre le dialogue, en se disant préoccupé par la résurgence de la violence et les attaques des Taliban.  Il a dénoncé la situation sécuritaire dans l’est et le sud qui constitue un défi pour le personnel humanitaire.  Il a salué le lancement du Plan national d’action sur la mise en œuvre de la résolution 1325.  Sur le plan régional, il a espéré que l’Afghanistan et le Pakistan trouveront un terrain d’entente.  Le représentant a aussi estimé que le trafic de drogues doit être combattu avec l’aide de la communauté internationale.  Les défis sont immenses et les Afghans doivent coopérer entre eux pour oublier le passé.  La communauté internationale doit honorer ses engagements, a conclu le représentant.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a évoqué trois domaines clefs: les récentes mesures prises par le Gouvernement, les défis sécuritaires et les jalons à venir qui pourraient faire la différence en Afghanistan.  La représentante a rappelé d’emblée que la semaine prochaine marquera le premier anniversaire du Gouvernement d’unité nationale dont elle a salué notamment l’engagement contre la corruption et pour la réforme électorale.  Elle a noté l’augmentation du nombre des femmes dans la Commission électorale.  Elle a ajouté que les efforts pour la stabilité politique de ce pays passent par le processus de réconciliation avec les Taliban et salué les pays voisins pour leur appui.  Mais Mme Sison s’est dite en revanche préoccupée par la recrudescence des attentats aveugles.  Elle a salué la publication prochaine du Plan national contre le trafic de stupéfiants.  Pour ce qui est de l’avenir, la déléguée a noté plusieurs rendez-vous ces prochains mois, dont les Conférences de Bruxelles et de Varsovie.  « Nous devons continuer d’être de bons partenaires pour l’Afghanistan », a-t-elle conclu.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a salué les progrès accomplis en Afghanistan en matière de consolidation de la paix, tout en exprimant ses préoccupations face à la décision de la direction des Taliban de reprendre la lutte armée.  Il a plaidé en faveur de la participation de tous les secteurs de la société à la réconciliation nationale, notamment celle des femmes, saluant à cet égard l’initiative du Gouvernement afghan visant à mettre en œuvre la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.  Le représentant s’est par contre dit préoccupé par la fragilité des conditions de sécurité en Afghanistan, notamment à cause de la présence de groupes affiliés à l’EIIL qui, a-t-il noté, souhaite étendre ses méthodes terroristes au territoire afghan.  Il a appelé la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité, à prendre des mesures fortes pour endiguer le flux de combattants étrangers.

La lutte contre le terrorisme passe par le renforcement des Forces de sécurité afghanes, a-t-il aussi fait remarquer.  En ce qui concerne le trafic des stupéfiants, il a plaidé en faveur de la coopération internationale pour éradiquer ce fléau et s’est félicité des efforts menés dans ce sens par le Gouvernement afghan et l’ONUDC, avec notamment le lancement du Système d’information sur les drogues.  M. Ramírez Carreño a également déploré le nombre de déplacés et appelé les parties à protéger le droit international humanitaire et les droits de l’homme.  Enfin, il a appuyé la recommandation visant à ce que la MANUA reste en place en Afghanistan pour aider ce pays et son peuple.

M. DAINIUS BAUBLYS (Lituanie) a salué les efforts menés par le Gouvernement afghan pour poursuivre les réformes entreprises et finaliser la nomination des hauts fonctionnaires.  Il a regretté le rejet par le Parlement de la nomination de celle qui aurait pu être la première femme à siéger à la Cour suprême et d’une autre comme ministre de la défense.  La présence des Nations Unies dans des régions reculées du pays a été cruciale, selon lui, pour arriver à une paix, une autonomie et une croissance.  Il a souligné en même temps les nombreux défis qui persistent, ce qui nécessite toujours de la MANUA qu’elle exerce ses bons offices dans la région.  

Le représentant s’est inquiété des attaques perpétrées par des Taliban et des terroristes, qui font toujours plus de victimes parmi les civils.  Il a donc encouragé le Gouvernement afghan à rester concentré sur le renforcement de ses capacités en matière de sécurité, tout en menant des négociations exploratoires avec les Taliban.  Le représentant s’est également inquiété du niveau de pauvreté dans ce pays qui entraine un fort taux d’analphabétisme, notamment chez les femmes.  Seulement 17% des Afghanes savent lire, a-t-il indiqué, tout en notant les efforts consentis par le Gouvernement pour pallier ces carences.  Il a aussi invité à restaurer la confiance dans le système électoral et appelé les dirigeants afghans à prévoir sans retard la date des élections législatives.

Mme JOY OGWU (Nigéria) a salué les progrès du Gouvernement afghan et la nomination de quatre femmes à des postes ministériels dans le contexte du Plan d’action national « Femmes, paix et sécurité ».  Le développement de la démocratie dépendra du succès des progrès de la réforme électorale, a-t-elle prévenu, avant de saluer aussi les efforts pour éradiquer la culture du pavot.

M. VITALY I. CHURKIN (Fédération de Russie) a estimé que la situation afghane reste « compliquée ».  Dans ces conditions, la perspective d’un règlement pacifique du conflit se brouille.  Il s’est inquiété de la situation à la frontière avec le Turkménistan, des attaques des Taliban contre des soldats turkmènes et de la présence de militants de l’EIIL.  Il a soutenu les initiatives du Gouvernement afghan pour favoriser la réconciliation nationale et promis que la Fédération de Russie continuera d’aider à la formation des Forces de sécurité afghanes.  Il a jugé la FIAS « inefficace » au motif qu’elle n’a pas été en mesure de remplir un seul de ses objectifs en 12 ans.  La nouvelle mission de l’OTAN n’est pas plus efficace puisque les Forces afghanes subissent des pertes importantes et qu’elles ne sont pas en mesure de répondre aux assauts des groupes extrémistes.  « Nos sommes convaincus qu’il faut promouvoir les efforts régionaux en utilisant la plateforme de l’Organisation de coopération de Shanghai », a dit le représentant.  Il s’est particulièrement inquiété de l’impact du trafic de stupéfiants et a mis en garde contre le fait qu’une nouvelle graine de pavot permet trois récoltes par an.

M. ASOKE KUMAR MUKERJI (Inde) a rappelé que son pays est le premier partenaire stratégique de l’Afghanistan et qu’il reste prêt à faire tout ce qui est possible pour réaliser « notre vision commune ».  Le représentant s’est félicité de ce que le rapport du Secrétaire général conforte la position de l’Inde selon laquelle c’est le terrorisme et non les tensions tribales ou les rivalités ethniques qui est la source de l’insécurité et de l’instabilité en Afghanistan.  Cette situation est alarmante et le Conseil de sécurité doit agir d’urgence.  La recrudescence de la violence arrive au moment où l’Afghanistan est dans une période « sensible et historique » de transition politique.  À cet égard, la communauté internationale doit évaluer avec un regard neuf la façon dont se déroule la réduction de la présence militaire internationale en Afghanistan.  Le Conseil de sécurité doit aussi chercher les moyens de lutter contre les organisations terroristes et d’en bloquer le financement alimenté par le trafic illicite de drogues. 

Alors que le Président Ghani a pris des étapes importantes pour lancer le processus de réconciliation, ses efforts sont constamment contrés, le poussant à demander au Pakistan à prendre des mesures urgentes contre les Taliban, en particulier leur interdire d’utiliser le territoire pakistanais pour préparer ses opérations.  L’Inde, a dit le représentant, continue d’appuyer un processus de réconciliation dirigé par les Afghans eux-mêmes dans le cadre de leur Constitution et des lignes rouges agréées sur le plan international.  Il serait judicieux que le Conseil évalue la manière dont la MANUA peut aider l’Afghanistan à réaliser les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a conclu le représentant.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a souligné que la communauté internationale est parvenue au consensus qu’en Afghanistan la paix passe par une solution négociée avec les insurgés afghans, conduits par le « Tehrik e Taliban » d’Afghanistan.  La réconciliation et le dialogue doivent se faire entre les Afghans eux-mêmes.  Ils doivent s’approprier le processus et le mener eux-mêmes.  Les parties extérieures ne peuvent que le faciliter mais elles ne peuvent imposer aucune solution aux Afghans.  Le Pakistan lui-même, a dit la représentante, a toujours pour priorité de battre les terroristes auxquels il est confronté, à savoir le « Therik e Taliban » du Pakistan et ses associés.  C’était à la demande du Président Ghani lui-même que le Pakistan a facilité un dialogue entre Kaboul et les Taliban afghans.  Notre unique objectif était d’établir un contact direct entre eux et le Gouvernement d’unité nationale.  Le 7 juillet, les parties se sont mises d’accord pour continuer le dialogue, prévoyant même la date du 31 juillet pour un second cycle de discussions.

Mais peu avant cette date, certains événements ont eu lieu avec des conséquences « prévisibles », à savoir la rupture de ce qui aurait pu être un processus de paix prometteur.  Par conséquent, les Taliban ne pouvaient plus revenir à la table des négociations et de manière tout aussi inévitable, le niveau de violence en Afghanistan est monté.  Le Pakistan n’a pu qu’être « choqué » que certains en Afghanistan lui ait imputé cette escalade.  Nos efforts pour encourager les dirigeants taliban à reprendre le dialogue ne doivent pas être confondus avec une quelconque forme d’acceptation de leur violence, après le sabordage des pourparlers.  En Afghanistan, il y a de vastes zones incontrôlées à partir desquelles la violence fuse contre des cibles afghanes et contre le Pakistan.

Refusant de répondre à ces allégations, le Premier Ministre pakistanais a au contraire dépêché un émissaire le 5 septembre à Kaboul pour réaffirmer le souhait du Pakistan de contribuer au processus de réconciliation et de prendre part à la sixième Conférence économique régionale sur l’Afghanistan.  « Les ennemis de l’Afghanistan sont aussi les ennemis du Pakistan », a insisté le représentant.  Nous devons connaître nos ennemis et ceux qui travaillent en coulisses pour saboter et empoisonner les relations entre le Pakistan et l’Afghanistan ne sont pas les amis de l’Afghanistan. 

Le conflit en Afghanistan n’est pas dans l’intérêt national du Pakistan, a clamé la déléguée.  La paix en Afghanistan et la coopération avec Kaboul nous permettra de battre la menace commune des groupes violents.  Elle ouvrira la voie du retour volontaire des millions de réfugiés afghans que le Pakistan a accueillis et à des plans ambitieux pour l’intégration et le développement au niveau régional, a insisté la représentante. 

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) s’est dit alarmé par les conditions de sécurité en Afghanistan, notant l’augmentation du nombre de victimes civiles depuis 2009 ainsi que la recrudescence récente de la violence.  Il a réitéré le soutien de son pays aux efforts du Gouvernement d’unité nationale qui visent à garantir la paix, la stabilité et le développement.  L’Italie participe notamment à cet égard à la mission « Soutien résolu » qui est menée par l’OTAN, a-t-il dit.  Le représentant a salué les progrès accomplis, notamment l’augmentation des revenus de l’État, obtenue grâce à des mesures fiscales.  Il s’est félicité que l’Union européenne ait accepté d’accueillir à Bruxelles et de coprésider la prochaine conférence ministérielle sur l’Afghanistan.  S’agissant de la violence faite aux femmes et aux enfants, il a salué l’adoption, le 30 juin dernier, du Plan national sur les femmes, la paix et la sécurité, en application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Il a apprécié l’engagement du Gouvernement afghan en faveur du respect des droits des femmes et des enfants.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a rappelé que son pays a consacré 5,8 milliards de dollars à l’Afghanistan depuis 2001 pour couvrir un grand nombre de domaines.  Il a mis l’accent sur le grand potentiel de l’agriculture pour favoriser l’autosuffisance, en rappelant que 37% de l’Afghanistan est toujours vide et non cultivé.  Il a cité la transformation d’un désert aride de 16 500 hectares dans la province de Nangarhar en espace agricole grâce à la coopération japonaise entre 2005 et 2012.  Il a expliqué que l’augmentation de la productivité agricole s’est traduite par davantage de stabilité sociale et une baisse de la criminalité.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a mis l’accent sur les défis sécuritaires, le développement, la gouvernance et le fonctionnement de l’ONU en Afghanistan.  Il s’est particulièrement inquiété de l’augmentation du nombre de victimes civiles et a salué la Réunion des hauts responsables pour promouvoir un nouveau cadre de responsabilité mutuelle.  S’agissant du fonctionnement, il a appuyé les recommandations formulées dans le rapport du Secrétaire général et appuyé le rôle de coordination que l’on veut confier à la MANUA.  À l’instar du représentant du Japon, il a souligné l’importance de l’autosuffisance.     

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a condamné toutes les violentes attaques commises par les Taliban et tous les autres groupes terroristes ainsi que toute coopération avec eux.  Le représentant a estimé que cela les encouragerait dans leurs comportements odieux et serait contreproductive pour la paix en Afghanistan.  La paix, la sécurité et le développement de la région exigent que l’Afghanistan devienne l’objectif de la coopération régionale et internationale et non l’objet d’une concurrence malsaine.  Avec l’émergence de plus en plus accentuée de Daech et de ses affilés en Afghanistan, sans compter le large spectre des groupes terroristes et extrémistes, les puissances régionales et internationales ont la responsabilité plus grande de récolter les dividendes de l’aide au Gouvernement d’unité nationale, en particulier dans la lutte contre le terrorisme.

L’Iran est prêt à renforcer sa coopération bilatérale avec l’Afghanistan, a affirmé le représentant, compte tenu du potentiel à explorer dans les domaines du commerce et du transit.  L’accord tripartite sur le port de Chah Bahar entre l’Inde, l’Afghanistan et l’Iran devrait d’ailleurs être finalisé d’ici à la fin du mois de septembre.  Le représentant a appelé la communauté internationale à s’attaquer de manière globale et sérieuse au trafic de stupéfiants.  Il a salué les initiatives régionales, appelant à un plus grand appui international à l’Initiative triangulaire sur la coopération contre le narcotrafic lancée par son pays, l’Iran et le Pakistan.  S’agissant des réfugiés afghans en Iran, le délégué a dit que son pays continue de participer aux travaux de la Commission tripartite afin de planifier leur rapatriement volontaire, sécurisé, digne et progressif.  Il a conclu en estimant que le rôle de la MANUA devrait être rationalisé, en tenant compte du travail de la Commission tripartite.

M. OLOF SKOOG (Suède) s’est félicité des résultats de l’examen de la MANUA fait par la Commission tripartite, d’autant plus que la perspective d’un dialogue sur la paix, malgré les efforts régionaux et internationaux, est menacée par les attaques répétées contre la population civile.  Les évènements récents, a-t-il poursuivi, ont apporté un lot « préoccupant » de victimes civiles.  L’universalité des droits de l’homme ne saurait être compromise et il est important que les auteurs des violations répondent de leurs actes devant la justice et que les mécanismes de reddition de comptes soient renforcés.  Le représentant s’est aussi félicité de la Réunion des hauts responsables au cours de laquelle l’autosuffisance par le cadre de responsabilité mutuelle a été renforcée.  Il a rappelé que la Suède contribue à la Décennie de la transformation à hauteur d’1,2 milliard de dollars.

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a dit qu’il était important de préserver tous les acquis obtenus et continuer à appuyer les efforts du Gouvernement, notamment dans le domaine de la sécurité et la réforme électorale.  Déplorant les pertes en vies humaines parmi les civils et les militaires provoquées par la recrudescence des attentats, le représentant a encouragé le Gouvernement à mettre en œuvre le processus de réconciliation auquel tous les responsables et tous les afghans doivent participer.  Il a invité toutes les parties à prendre part au dialogue qui a été récemment lancé et a indiqué que son pays apporte son appui à la coopération et à l’intégration régionale de l’Afghanistan.  Avant de terminer, il a annoncé que l’Allemagne présentera une résolution à l’Assemblée générale sur l’appui à l’Afghanistan.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a réaffirmé l’engagement de son pays à soutenir le Gouvernement afghan dans la défense de leur nation.  L’Australie fournit une aide financière de 300 millions de dollars sur trois ans (2015-2017), a-t-elle dit, en ajoutant que déjà 25 000 Australiens ont servi en Afghanistan, dont 400 sont encore en poste.  Elle a salué les mesures positives prises par le Gouvernement d’unité nationale pour la réconciliation, notamment les pourparlers directs avec les Taliban à Muree au Pakistan.  En outre, elle a apprécié les engagements pris par le Gouvernement afghan en faveur des droits de l’homme et de l’autonomisation des femmes.  Nous allons, a-t-elle assuré, poursuivre notre soutien au Gouvernement afghan en fournissant des abris et une aide à plus de 2 300 femmes et filles, ainsi qu’une formation à plus de 2 800 membres des secteurs de la police et de la justice chargés du respect des droits de la femme.

M. THOMAS MAYR-HARTING, Chef de la délégation de l’Union européenne, a salué la mise en place d’un nouveau Cadre de responsabilité mutuelle et d’autosuffisance qui contient des indicateurs sur les droits de l’homme et ceux de la femme et le renforcement des institutions de reddition de comptes.  L’insécurité menace les progrès du développement économique et social, a-t-il déploré, soulignant que l’Union européenne a accepté l’offre du Gouvernement afghan de coorganiser la prochaine Conférence ministérielle sur l’Afghanistan à Bruxelles.  Il a souhaité que cette Conférence soit l’occasion d’envoyer un message d’espoir, de confiance et de changement.  Il a salué l’adoption par l’Afghanistan d’un Plan d’action national « Femmes, paix et sécurité », assurant de la volonté de l’Union européenne d’appuyer les efforts dans ce domaine et de préserver les acquis depuis la chute du régime taliban.  Notant que les pays d’Asie centrale et d’Asie du Sud figurent parmi les moins intégrés du monde, le représentant s’est dit persuadé de l’importance de la coopération économique régionale comme moteur de la prospérité et de la sécurité.  Il a estimé que la mise en œuvre des accords commerciaux entre l’Afghanistan et le Pakistan est de nature à stimuler la prospérité.  

Étant donné, a déclaré M. Y. HALIT ÇEVIK (Turquie), que les problèmes auxquels font face les pays de la région comme le terrorisme et le crime organisé n’ont pas frontière, une coopération régionale étroite est importante.  Le représentant a estimé que les plateformes multilatérales existantes devraient être utilisées plus efficacement.  À cet égard, le Processus d’Istanbul demeure un modèle de coopération efficace, capable d’apporter des solutions pratiques aux défis actuels dans le « Cœur de l’Asie ».  Quand le climat de la coopération et la solidarité prévaudra, il sera possible pour les pays de la région de tirer profit de leur potentiel économique important.  Le délégué a annoncé que la Turquie poursuivra son appui au Gouvernement afghan dans ses efforts pour la paix, la stabilité et la prospérité en Afghanistan.  Au niveau bilatéral, le programme d’aide au développement au peuple afghan doté de 150 millions de dollars pour la période 2015-2017 se poursuivra ainsi que les programmes de renforcement des capacités sécuritaires, dans le cadre de l’OTAN.

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie), après avoir salué les initiatives de la MANUA en faveur d’un dialogue inclusif entre toutes les parties prenantes en Afghanistan, a invité le Gouvernement et tous les partis à assurer l’organisation des élections prévues l’an prochain.  Il a exprimé sa préoccupation face aux défis sécuritaires qui pourraient entraver ces élections.  À cet égard, il a noté les contributions financières de son pays pour aider les Forces de sécurité nationales et pour accélérer le développement.  Il a ajouté qu’il attendait les détails sur la façon dont la communauté internationale compte contribuer au Plan d’action national contre le trafic de drogues.  Il a également souligné la nécessité d’un soutien continu aux dirigeants afghans au cours de ces années cruciales de la transition alors qu’ils sont confrontés à autant de défis, y compris l’intensification du terrorisme en Asie centrale.

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