En cours au Siège de l'ONU

7457e séance – matin
CS/11920

Ukraine: les délégations expriment leur préoccupation face à l’évolution de la situation après une reprise des combats à l’ouest de Donetsk

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques appelle les parties à la pleine mise en œuvre des accords de Minsk

Les membres du Conseil de sécurité ont, chacun, exprimé, ce matin, leur préoccupation face à l’évolution de la situation en Ukraine après la reprise des combats, mercredi 3 juin, à Marinka, à l’ouest de Donetsk, et la multiplication d’incidents sur plusieurs points de la ligne de front.

« Le cessez-le feu doit être pleinement respecté et la protection des civils demeurer une priorité », a affirmé le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, en soulignant que « toutes les parties concernées devraient éviter de recourir à la menace de la violence et à l’effet de levier militaire pour influencer le processus politique ».

Pour M. Feltman, « la pleine mise en œuvre des accords de Minsk est une condition sine qua non pour sortir l’Ukraine et sa partie est du conflit ».

Le Secrétaire général adjoint et le Chef adjoint de la mission spéciale d’évaluation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), M. Alexander Hug, qui intervenait par visioconférence, présentaient au Conseil de sécurité un exposé sur la situation en Ukraine après une reprise des hostilités ces derniers jours.

M. Feltman a exprimé la grave préoccupation de l’ONU au sujet de « la poursuite, presque chaque jour, des affrontements meurtriers, de l’utilisation d’armes lourdes, de l’installation de champs de mines des deux côtés de la ligne de contact, de la présence continue déclarée de mercenaires étrangers sur le sol ukrainien, et des flux d’armes lourdes dans l’est de l’Ukraine qui tous, a-t-il dit, vont à l’encontre des dispositions clefs du train de mesures établies dans les accords de Minsk ».

Le dernier bilan depuis le déclenchement du conflit fait état de 6 400 morts, a également indiqué M. Feltman.  La situation humanitaire, de même, reste désastreuse, avec 1,3 million de personnes déplacées, dont 16 000 au cours de la seule dernière semaine de mai.

Néanmoins, MM. Feltman et Hug ont bien souligné que cette dégradation de la situation sur le terrain ne devrait pas masquer l’ensemble de la situation en Ukraine, où le processus de Minsk se poursuit, avec de réels signes d’espoir.

« Le cessez-le-feu continue d’être largement respecté dans la plupart de la zone de conflit; le nombre et le rythme des victimes se sont généralement ralentis; et le processus politique visant à la pleine mise en œuvre du train de mesures sur l’application des accords de Minsk est finalement en cours », a ainsi expliqué le Secrétaire général adjoint, tandis que M. Hug constatait qu’après la signature des accords de Minsk établissant un train de mesures, « de grandes parties de la région en conflit sont restées calmes, surtout la région de Luhansk ».

Dans ce contexte, a souligné le Chef de la mission de l’OSCE, « le niveau de violence atteint à Marinka ne représente pas en soi une escalade de la violence », mais est de nature à « marquer une évolution en termes d’armement et de personnel car la violence était auparavant concentrée au nord et au nord-ouest de Donetsk ».

Lors de la discussion qui a suivi la présentation des deux exposés, le représentant de la Fédération de Russie a invité le Conseil de sécurité à comprendre les raisons de l’escalade du conflit et a demandé ce qui avait été réalisé pour mettre en œuvre les mesures de Minsk, en faisant état des événements qui, selon lui, ont constitué un obstacle à ce processus.  Le délégué russe a vigoureusement critiqué les autorités de Kiev pour leur manque de volonté de mettre en œuvre ces mesures.

De son côté, le représentant de l’Ukraine a assuré que son pays avait tous les droits de défendre son intégrité territoriale, en vertu de sa Constitution et de la Charte des Nations Unies.  « Quelles sont les sources juridiques qui fondent en revanche la décision de la Russie d’envoyer des troupes et des mercenaires sur notre territoire? » s’est-il interrogé.

Compte tenu des violations graves de ses résolutions, le Conseil de sécurité doit réagir, a insisté le délégué, en rappelant que, si pour la communauté internationale, une attaque contre Marioupol marquerait une ligne rouge, cela devrait s’appliquer également à la situation actuelle à Marinka.

La déléguée de la Lituanie, qui a relaté dans le détail les derniers événements dans les zones contrôlées par la « République populaire de Donetsk », a rappelé que le Conseil de sécurité avait demandé dans sa résolution 2202 (2015) la mise en œuvre des accords de Minsk qui exigent un retrait des armes lourdes, des équipements et formations militaires et des mercenaires.  Ces accords sont totalement négligés, a-t-elle dit, en soulignant qu’ils demandaient aussi un accès illimité aux observateurs et la libération des otages.

Son homologue des États-Unis a mis l’accent sur l’importance des efforts entrepris par l’Ukraine pour mener, a-t-elle précisé, un dialogue direct avec les séparatistes, afin de parvenir à mettre pleinement en œuvre l’accord de Minsk et de lutter activement contre la corruption.  Après avoir dénoncé le mépris de la Russie pour les accords de Minsk, elle a plaidé en faveur de la démocratie et de la souveraineté de l’Ukraine.

Lettre datée du 28 février 2014, adressée à la Présidente du Conseil de sécurité par le Représentant permanent de l’Ukraine auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2014/136)

Déclarations

M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a estimé que depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité, le 6 mars, si la situation dans l’est du pays demeurait fragile, quelques lueurs d’espoir subsistent.  Ainsi, a-t-il expliqué, le cessez-le-feu continue d’être largement respecté dans la plupart de la zone de conflit; le nombre et le rythme des victimes se sont généralement ralentis; et le processus politique visant à la pleine mise en œuvre du train de mesures sur l’application des accords de Minsk est finalement en cours.

La pleine mise en œuvre des accords de Minsk est une condition sine qua non pour sortir l’Ukraine et sa partie-est du conflit, a assuré M. Feltman.

Le Secrétaire général adjoint a exprimé la grave préoccupation de l’ONU au sujet de la poursuite, presque chaque jour, des affrontements meurtriers, de l’utilisation d’armes lourdes, de l’installation de champs de mines des deux côtés de la ligne de contact, de la présence continue déclarée de mercenaires étrangers sur le sol ukrainien, et des flux d’armes lourdes dans l’est de l'Ukraine, qui tous vont à l’encontre des dispositions clefs du train de mesures établies dans les accords de Minsk.

Le dernier bilan depuis le déclenchement du conflit fait état de 6 400 morts, a ajouté M. Feltman.  Depuis la signature des accords de Minsk, quelque 400 autres personnes ont perdu la vie.  Selon les derniers chiffres du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, publiés mercredi, 28 personnes, dont 9 civils, ont été tuées au cours des récents affrontements meurtriers autour de Marinka.

Ceci constitue, a estimé M. Feltman, une forte augmentation au cours des dernières semaines, d’autant plus que d’intenses bombardements se sont poursuivis hier ailleurs à Donetsk.

Le cessez-le feu doit être pleinement respecté et la protection des civils demeurer une priorité, a-t-il affirmé, en soulignant que toutes les parties concernées devraient éviter de recourir à la menace de la violence et à l’effet de levier militaire pour influencer le processus politique.

La situation humanitaire reste, aussi, désastreuse, a-t-il fait remarquer, en précisant que l’Ukraine, avec 1,3 million de personnes déplacées, figurait désormais parmi les 10 pays les plus touchés par le problème de déplacements de population sur leur territoire.  Seize mille personnes ont été déplacées au cours de la seule dernière semaine de mai, a-t-il indiqué.  De même, près de 870 000 Ukrainiens ont demandé l’asile, une résidence ou d’autres formes de séjour légal dans les pays voisins, 10 000 d’entre eux au cours de la seconde moitié du seul mois de mai.  Le nombre de personnes déplacées ne fera que croître si la violence continue, a-t-il observé.

Pour M. Feltman, la préoccupation immédiate est l’absence désormais totale d’accès humanitaire à travers la ligne de contact dans les deux sens.  Toutes les parties au conflit doivent immédiatement garantir le libre accès du personnel humanitaire et de marchandises, à la fois l’ONU et aux organisations non gouvernementales, a-t-il déclaré.

Le Gouvernement de l’Ukraine doit supprimer tous les obstacles bureaucratiques à la livraison de l’aide humanitaire et le décret délivré par les autorités de facto à Donetsk, qui interdit aux ONG internationales d’opérer dans les zones contrôlées par les autorités de Donetsk, doit être immédiatement révoqué.

Le Secrétaire général continuera de jouer son rôle de bons offices concernant l’Ukraine et demeure disposé à examiner les moyens de mieux appuyer l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ainsi que la mise en œuvre des accords de Minsk, a affirmé M. Feltman.

Il a souligné que le travail essentiel de la Mission des droits de l’homme en Ukraine, dont témoigne son dernier rapport du 1er juin, ainsi que celui des acteurs humanitaires et de développement sur le terrain constituaient des secteurs prioritaires de l’Organisation.

M. Feltman a conclu en rappelant que la date limite de la mise en œuvre du train de mesures de mise en œuvre des accords de Minsk intervenait dans moins de six mois.  « Ni l’Ukraine, ni la région, ni la communauté internationale ne peut se permettre un échec de ce processus », a prévenu le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques avant de conclure.

M. ALEXANDER HUG, Chef adjoint de la mission spéciale d’évaluation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a indiqué que la situation en matière de sécurité se dégradait dans l’est de l’Ukraine, avec des violences qui s’étendent maintenant autour de la ville de Marinka, près de la ligne de contact.  Après la signature des accords de Minsk établissant un train de mesures, de grandes parties de la région en conflit sont restées calmes, surtout la région de Luhansk, mais des combats ont continué à certains endroits, notamment à proximité de l’aéroport de Donetsk et dans la zone située à l’est de Marioupol, où la mission de l’OSCE a constaté des combats à l’arme lourde.  La situation s’est détériorée au début du mois de mai, a-t-il dit, en citant la recrudescence de la violence dans les villes de Horlivka et Hranitne, ainsi que dans la région de Luhansk.

Dans ce contexte, a-t-il expliqué, le niveau de violence atteint à Marinka ne représente pas en soi une escalade de la violence.  Cet épisode, a-t-il cependant fait observer, peut quand même marquer une évolution en termes d’armement et de personnel car la violence était auparavant concentrée au nord et au nord-ouest de Donetsk.

Après l’adoption de mesures à Minsk, la mission, tout en assistant au retrait des armes lourdes, a cependant constaté des irrégularités croissantes, comme l’absence des armes enregistrées.  Dans de nombreux cas, en outre, la mission n’a pas pu avoir accès aux zones où sont stockées les armes lourdes.  M. Hug a également signalé que le travail mené à l’aide de drones de la mission avait été perturbé.

La mission a cependant pu rassembler des preuves évidentes des violations, grâce aux 375 observateurs sur le terrain et aux drones.  Le niveau de tension a augmenté, avec des violations de cessez-le-feu de plus en plus fréquentes.  M. Hug a aussi signalé qu’à nouveau, des roquettes Grad et des lance-roquettes multiples avaient été utilisés.  Toutes les parties, a-t-il insisté, doivent régler leurs différends à la table des négociations.  À cet égard, il a fait remarquer que les accords de Minsk constituaient un tout et que c’est le seul cadre existant pour un retour à la paix.

Le Groupe de travail de l’OSCE, qui s’est déjà réuni trois fois, a pour tâche d’améliorer la sécurité dans la zone de conflit, a-t-il rappelé.  Le Groupe de travail a ainsi élaboré un plan pour retirer les tanks et certaines armes de calibre inférieur à 100 millimètres, ainsi que pour calmer la situation dans l’un des principaux points chauds, le village de Shyrokyne qui est situé à l’est de Marioupol.

Rappelant que les réunions du Groupe de travail avaient été entravées au départ par des questions de forme, M. Hug a assuré cependant que le Groupe de travail avait pu aborder certaines questions en suspens.  La mission observe aussi les travaux du Centre conjoint de contrôle et de coordination, structure composée de représentants militaires de l’Ukraine et de la Russie qui pourrait avoir un rôle important, a ajouté M. Hug.

En ce qui concerne la situation humanitaire, il s’est dit préoccupé par les 1,3 million de personnes déplacées en Ukraine.  Il a déploré la destruction de leurs biens et de leurs moyens de subsistance, ainsi que la présence de mines.  Les hostilités en cours ont en outre entraîné la fermeture temporaire de la plus grande usine de produits chimiques et eu des conséquences sur les infrastructures,  comme les gazoducs et les moyens d’approvisionnement en eau, a-t-il également indiqué.  M. Hug a assuré que son équipe déployait des efforts continus pour faciliter la fourniture de l’aide humanitaire, en plus de ses travaux en matière de droit de l’homme.  En concluant, il a réitéré qu’il était préoccupé par la situation à Marinka et exhorté les parties à retourner à la table des négociations.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a déclaré que la mission d’observation de l’OSCE avait fait état de violations des accords de Minsk et de mouvements de plus en plus nombreux d’armes lourdes dans les territoires occupés par des militants illégaux.  Illustrant son propos, elle a fait sien le contenu d’un rapport des observateurs de l’OSCE en date du 3 juin qui souligne le mouvement d’un grand nombre d’armes lourdes dans les zones contrôlées par la « République populaire de Donetsk », avançant vers l’ouest en direction de la ligne de contact.  Mme Murmokaitė a cité le déplacement de 8 véhicules blindés dont 4 chars de combat à 22 h 30; 4 autres chars de combats à 23 h 03; et un véhicule tractant un canon de 122 mm à 23 h 45; 2 chars de combats T-64 se dirigeant vers l’ouest à 4 h 30; ainsi qu’une colonne de véhicules se dirigeants vers l’ouest à 4 h 50 et comportant un véhicule armé d’infanterie; 3 camions militaires dont un transportant une arme anti-aérienne et 2 chars de combat T-72.  Elle a précisé que les attaques contre les positions ukrainiennes à Marinka et Krasnogorivk et le recours à des lance-roquettes multiples contre Pisky, Nevelske and Vodiane avant l’aube le 3 juin étaient un camouflet pour les accords de Minsk.

La représentante de la Lituanie s’est dite profondément préoccupée par les derniers développements sur le terrain en citant la reprise des combats mercredi à Marinka, à l’ouest de Donetsk, et de la multiplication des incidents sur de très nombreux points de la ligne de front.  Elle s’est dite particulièrement inquiète que les dirigeants autoproclamés des groupes armés ne cachent pas leurs intentions d’acquérir plus de territoire, en attirant l’attention sur le fait que le responsable militaire pro-russe Zakharchenko avait déclaré aux journalistes que « Slaviansk, Konstantinovka et Krasnoarmeysk sont des villes appartenant à la République populaire de Donetsk ».

Mme Murmokaitė a rappelé que le Conseil de sécurité avait demandé dans sa résolution 2202 (2015) la mise en œuvre des accords de Minsk qui appellent au retrait des armes lourdes, des équipements et formations militaires et des mercenaires.  Elle a rappelé que ces accords demandent aussi un accès illimité aux observateurs et appellent à la libération des otages, avant d’ajouter que les 13 points des accords de Minsk sont totalement ignorés.

Les observateurs de l’OSCE, a-t-elle indiqué, continuent d’être intimidés et menacés et empêchés de se déplacer par les militants pro-russes qui sont soutenus financièrement et militairement.  Elle a ajouté que les armes lourdes n’avaient pas été retirées et que le charbon continuait d’être pillé pour être transporté en Russie.  Elle a noté que les soi-disant convois humanitaires provenant de Russie, 29 jusqu’ici, continuent leurs allers et venues comme si l’est de l’Ukraine était l’arrière-cour de la Russie.  Les échanges de prisonniers se sont arrêtés et l’ancien Casque bleu, la pilote ukrainienne Nadia Savchenko, reste illégalement retenue alors que des citoyens russes sont illégalement détenus en Russie.  Dans ce contexte, elle a exhorté le Secrétaire général à redoubler d’efforts et agir vite et à renforcer la présence de l’ONU sur le terrain, y compris par le biais de la création d’un bureau d’appui de l’ONU.

La représentante de la Lituanie a réitéré l’appui de la Lituanie au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, dont la Crimée est une partie intégrante.  Elle a rappelé qu’en 2008, au cours d’une interview de la télévision allemande ARD, Vladimir Poutine avait déclaré que la Crimée n’était pas un territoire disputé et que la Russie reconnaissait les frontières de l’Ukraine.  En 2015, l’Ukraine fait partie des 10 pays dans le monde qui sont confrontés à des déplacements massifs de population sur leur territoire et a déjà enregistré 6 500 morts.  Elle a exhorté la Russie à mettre fin à cette occupation militaire qui a commencé il y a un an avec l’occupation de la Crimée.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a jugé indispensable de mettre fin à cette crise, notant que les accords de Minsk servaient précisément à cela.  La Fédération de Russie, a-t-il dit, est extrêmement préoccupée par la reprise des actions militaires dans le Donbass.  L’ensemble des mesures de mise en œuvre des accords de Minsk constitue une feuille de route extrêmement claire pour le règlement de la crise ukrainienne, a-t-il observé.

Pour M. Churkin, le Conseil de sécurité doit comprendre les raisons de l’escalade du conflit.  Il a demandé ce qui avait été réalisé pour mettre en œuvre ces mesures, en faisant état des événements qui, selon lui, ont constitué un obstacle à ce processus.

Le représentant de la Fédération de Russie a vigoureusement critiqué les autorités de Kiev pour leur manque de volonté de mettre en œuvre ces mesures.  Par exemple, en violation du paragraphe 5 du train de mesures de mise en œuvre des accords de Minsk, a-t-il fait observer, Kiev n’a pas adopté la loi sur les amnisties et les autorités ont déclaré, à maintes reprises, qu’elles n’avaient pas l’intention d’appliquer cette disposition.

Le refus de Kiev de mettre en œuvre toutes les dispositions sur le plan militaire et économique accroît les souffrances de la population du Donbass, a-t-il ajouté.

Les dirigeants de Kiev ne sont pas parvenus à contrôler les bataillons punitifs qui continuent leurs méfaits et ne se soumettent pas.  Après les accords de Minsk, de nombreuses choses ont été réalisées pour le retrait des armes lourdes, mais des attaques se sont poursuivies, a-t-il indiqué, en énumérant certaines d’entre elles.

M. Churkin a demandé à la mission de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) de déterminer non seulement les violations par l’Ukraine du cessez—le-feu mais de définir aussi si les objectifs de ces attaques étaient civils ou militaires.

Le représentant russe s’est déclaré très étonné de constater l’indifférence des partenaires occidentaux qui, d’habitude, selon lui, aiment beaucoup examiner les situations humanitaires.

À Kiev, a—t-il soutenu, on ne se cache pas que l’on s’est servi des accords de Minsk pour regrouper ses forces.  Il a reconnu des progrès à certains égards dans la mise en œuvre des accords de Minsk.  Mais les provocations militaires sont liées à ces nouvelles positives, a-t-il estimé, en soulignant que les capitales les plus loyales à Kiev avaient elles aussi montré de l’irritation vis-à-vis de celles-ci.

Un moment critique a été atteint, a déclaré M. Churkin.  Si on laisse Kiev négliger ses obligations dans le Donbass, la situation risque de se détériorer, a prévenu le représentant de la Fédération de Russie, en appelant le Conseil de sécurité à tout faire pour l’éviter.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) s’est dit particulièrement inquiet de la reprise des combats hier à Marinka, à l’ouest de Donetsk, et par la multiplication des incidents sur de très nombreux points de la ligne de front à la suite de l’offensive lancée par les troupes séparatistes.  Il a condamné fermement toute violation du cessez-le-feu décrété en février 2015 et exhorté les parties à respecter les engagements qu’elles ont pris en application du « paquet de mesures de mise en œuvre des accords de Minsk ».

« À notre connaissance, les forces engagées par les séparatistes se montent à un demi-bataillon appuyé par des éléments blindés et ont pu être arrêtées », a indiqué le représentant de la France qui a appelé à faire preuve de la plus grande vigilance.  Il a également appelé à stopper immédiatement la concentration d’armements lourds et demandé à Moscou de faire davantage pour contrôler les actions des séparatistes et combattants étrangers, radicalisés, belliqueux et indisciplinés.

« Malgré cette attaque, le processus de Minsk se poursuit, avec de réels signes d’espoir », a estimé M. Delattre en notant que d’un point de vue sécuritaire, le processus de Minsk avait permis d’enclencher une dynamique positive, même s’il n’a été à ce stade qu’imparfaitement appliqué.  Il a précisé que le nombre moyen de victimes par jour avait nettement baissé depuis l’adoption du « Paquet de Minsk », le 12 février et que plus de 2 500 soldats ukrainiens ont été libérés.  « Par ailleurs, son deuxième volet, le processus politique, a connu récemment des développements ténus mais encourageants », a-t-il aussi dit, en expliquant que les groupes de travail que Madame Tagliavini proposait lors de son intervention devant ce Conseil, il y a deux mois, ont pu être mis en place et se sont réunis.

Il a relevé qu’au sein de ces groupes, des avancées concrètes sur l’organisation des élections en zone séparatiste avaient été réalisées, en précisant qu’un mode de scrutin pour la zone séparatiste avait pu être accepté par tous.  « C’est là un signe positif, qui touche à l’un des points fondamentaux de la crise », a-t-il dit.  Il a noté aussi que le groupe de contact trilatéral, cheville ouvrière de la mise en œuvre des accords de Minsk, et au sein duquel l’OSCE joue un rôle essentiel consacré par la résolution 2202, s’était réuni à plusieurs reprises.  Il a regretté les volte-face de la partie russe qui cherchait, en quittant la table de discussion avec fracas ce mardi, à imposer les séparatistes comme seuls interlocuteurs des Ukrainiens dans ce forum.  « Nous sommes à un moment de vérité dans la crise ukrainienne », a-t-il estimé en notant que l’avenir du Groupe de contact trilatéral est en jeu.

Le respect du calendrier fixé à Minsk était essentiel, a-t-il dit, en insistant que le processus de Minsk était la seule voie possible afin d’éviter une reprise des violences, qui ne profiterait à personne.  Il a annoncé qu’une réunion de suivi au niveau des Directeurs politiques en format Normandie aura lieu à Paris, le 10 juin, en appelant la Russie à cesser de chercher à s’extraire du processus de négociation et à exercer ses responsabilités auprès des séparatistes.

Le représentant de la France a invité aussi les autorités de Kiev à engager réellement un dialogue avec les séparatistes pour organiser les élections locales dans le respect du calendrier de Minsk, et pour mettre en œuvre la décentralisation de l’Ukraine.  « Lorsque les propositions faites par les séparatistes sont pour elle inacceptables, il faut que l’Ukraine y réponde par ses propres propositions, afin de nourrir la négociation, a-t-il insisté.

Dans le format Normandie, la France et l’Allemagne continueront de faire pression sur les parties pour qu’elles garantissent à l’OSCE la liberté de mouvement dont elle a besoin afin de s’acquitter des missions qui lui sont imparties dans le cadre des accords de Minsk, notamment pour la vérification du cessez-le-feu et du retrait des armements, a-t-il assuré.  Avant de conclure, il a rappelé l’attachement de la France à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a rappelé les évènements du 3 juin, lorsque les forces des séparatistes ont lancé toute une série d’attaques, notamment contre la ville de Marinka.  Elle a estimé que les explications de la Russie et des séparatistes à cet égard étaient conflictuelles.  Elle a qualifié de fallacieux les commentaires des séparatistes pour justifier une photo d’armes sur un tank avec le drapeau des séparatistes et s’est étonnée de ce qu’a dit, hier, la Russie concernant Marinka lors d’une réunion de l’OSCE.  En outre, la représentante américaine a rejeté les arguments selon lesquels Marinka ferait partie des territoires contrôlés par les séparatistes.  La mission de l’OSCE a constaté sur place que des mouvements d’artillerie lourde du côté séparatiste s’étaient dirigés vers l’ouest avant et pendant les combats, a noté Mme Power.

La représentante a déploré le nombre de morts et de blessés du côté ukrainien, en précisant qu’elle ne disposait pas de chiffres sur les victimes séparatistes car, a-t-elle fait remarquer, les médias ont été muselés.  Elle a aussi constaté avec étonnement que le Président Poutine avait pris un décret pour classifier la mort de soldats russes dans les opérations spéciales, alors qu’on est en temps de paix et que ce genre de mesure ne peut être pris qu’en temps de guerre.  Le respect des morts devrait être prioritaire, a-t-elle estimé.  La représentante s’est dite choquée par les souffrances de la population civile qui s’habitue à vivre dans des caves, une situation particulièrement difficile pour les personnes âgées.  Mme Power a ensuite souligné les efforts entrepris par l’Ukraine pour mener un dialogue direct avec les séparatistes, afin d’arriver à la pleine mise en œuvre de l’accord de Minsk, et pour lutter activement contre la corruption.  Les États-Unis continueront à aborder les questions sensibles avec le Gouvernement ukrainien et à appuyer les efforts pour parvenir à la paix, a-t-elle assuré.  Elle a en revanche dénoncé le mépris de la Russie pour les accords de Minsk, avant de plaider en faveur de la démocratie et de la souveraineté de l’Ukraine.

M. EIHAB SAMI SALEM OMAISH (Jordanie) a appelé à œuvrer pour assurer une stabilité permanente dans toute la région et faire respecter le cessez-le-feu.  Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent fournir toutes les formes de soutien possible aux parties pour les aider à surmonter les obstacles.

La poursuite de la confrontation militaire et des actes de provocation ne fera que compliquer davantage la situation, y compris sociale, humanitaire et économique, menaçant ainsi de déstabiliser la région dans son ensemble, a prévenu le représentant.  C’est pourquoi il a appelé au respect total des accords de Minsk par toutes les parties, en particulier le retrait des armes lourdes et des combattants étrangers dans l’est de l’Ukraine.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a tout d’abord affirmé que le Conseil devrait continuer d’assurer un suivi rigoureux de l’application des accords de Minsk.  Il a ensuite rappelé que les risques sécuritaires empêchaient les observateurs de l’OSCE de vérifier la bonne mise en œuvre desdits accords.  C’est pourquoi il a exhorté la Fédération de Russie à user de son influence auprès des séparatistes afin de favoriser la bonne mise en œuvre des accords de Minsk et de permettre aux observateurs de l’OSCE de s’acquitter de leurs tâches dans les zones placées sous le contrôle des séparatistes.

Profondément préoccupé par les violations du cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, M. Van Bohemen a souligné la nécessité de procéder au retrait des armes lourdes de la ligne de front et de faire respecter un véritable cessez-le-feu.  « Les coûts du conflit en Ukraine ne cessent de s’alourdir », a-t-il poursuivi, avant d’indiquer qu’un engagement sans faille en faveur des accords de Minsk était crucial pour restaurer la paix.  Le délégué a affirmé que, tant que ces accords ne seront pas mis en œuvre, le peuple ukrainien continuera d’être la première victime de la situation en Ukraine.  En outre, la longue amitié qui liait l’Ukraine et la Fédération de Russie sera perdue et cela ne peut être bon pour les deux pays, a-t-il prévenu avant de conclure.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a regretté le recul que constituent les évènements récents par rapport à la consolidation du cessez-le-feu.  Rappelant le droit de l’Ukraine à la souveraineté et à l’indépendance, et son refus du recours à la force pour régler les différends, il a appelé les parties à revenir à la table des négociations et à appliquer les accords de Minsk.  Il faut que la mission de l’OSCE ait accès aux zones de conflit, a-t-il également exigé.  La communauté internationale, quant à elle, doit s’engager pleinement pour que l’Ukraine puisse vivre dans la paix et la liberté.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a exprimé la préoccupation de son pays devant la récente escalade du conflit armé résultant de combats à Marinka et dans d’autres villes à l’ouest de Donetsk.  Il a réitéré son appel aux parties sur la nécessité de promouvoir une solution politique pacifique négociée à cette crise, tout en les exhortant à respecter le droit international humanitaire, en particulier l’obligation d’assurer la protection des civils.

Le délégué a également insisté sur la mise en œuvre intégrale de la résolution 2202 (2015) du Conseil de sécurité, à l’appui de la décision adoptée par les responsables de l’Ukraine, de la Russie, de la France et de l’Allemagne le 12 février dernier à Minsk.  Il est nécessaire de poursuivre les efforts pour une solution politique et diplomatique à la crise ukrainienne, dans laquelle les parties conviennent de travailler sur la réalisation d’une paix ferme et durable.  La cessation définitive des hostilités, a-t-il souligné, est donc un objectif urgent.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a rappelé que les accords de Minsk constituaient « l’unique outil dont nous disposons » dans la situation actuelle en Ukraine.  Il a déploré que ces accords aient été bafoués ces dernières semaines, en soulignant les conséquences dramatiques que cela entraîne pour la population civile.  Alors qu’il n’y avait aucune personne déplacée il y a un an en Ukraine, c’est maintenant un des 10 pays qui en comptent le plus, a-t-il fait remarquer.  M. Oyarzun Marchesi a lancé un appel pour le retrait des armes lourdes et appelé la Russie à respecter strictement les accords en tant que partie signataire.  L’Ukraine doit aussi progresser dans l’application de ces accords, a-t-il demandé.  Il ne faudrait pas arriver à une situation d’impunité dans ce pays pour les violations commises, a-t-il averti.  Enfin, le représentant s’est prononcé en faveur de la prorogation du mandat de la mission de l’OSCE qui devrait en outre, a-t-il estimé, avoir accès à une zone plus grande.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a déclaré qu’il était troublant que le Conseil de sécurité dût se saisir à nouveau de la question puisque les séparatistes appuyés par la Fédération de Russie ont violé le cessez-le-feu.  Des armements sont utilisés sur le sol ukrainien et des convois de fournitures ont été vus traverser la frontière, a-t-il dit.  C’est la population ukrainienne qui souffre le plus, a-t-il ajouté, précisant que plus d’1,3 million de personnes avaient dû fuir leur foyer.

La Fédération de Russie doit immédiatement retirer ses forces militaires de l’Ukraine, cesser d’appuyer les séparatistes et contribuer rapidement à la mise en œuvre les accords de Minsk.  Il a regretté le fait que le Groupe de contact n’ait pu se réunir en raison de l’attitude de la Fédération de Russie.  Soulignant que le conflit avait débuté il y a plus d’un an avec l’annexion de la Crimée, le délégué britannique a appelé à la mise en œuvre totale des accords de Minsk.

M. LIU JIEYI (Chine) a rappelé les accords très importants conclus en février à Minsk, entérinés par le Conseil de sécurité qui a ainsi manifesté son appui au règlement politique de la crise ukrainienne.  Notant la détérioration récente de la crise dans l’est du pays, il a appelé les parties à garder le calme et à éviter une escalade de la violence, afin de parvenir à la paix dès que possible.  Il a aussi souhaité que la discussion au Conseil de sécurité joue un rôle constructif.  Le dialogue et les consultations constituent la seule solution à la crise, a-t-il estimé, en appelant les parties à faire des efforts en ce sens.  De son côté, la Chine continuera à jouer un rôle constructif pour promouvoir le règlement de la crise ukrainienne.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) s’est dit profondément préoccupé par la nouvelle escalade de violences en Ukraine.  Il a réitéré que le plein respect du cessez-le-feu, sous le contrôle de la mission de l’OSCE, conformément aux accords de Minsk et au dialogue entre les parties, était la seule voie pour parvenir à une paix durable.  Il a par ailleurs souligné la nécessité de consolider l’état de droit et l’obligation de respecter la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  S’inquiétant des conséquences de la violence sur la population civile, le représentant du Chili a exhorté les parties à respecter les droits des minorités et à poursuivre en justice les auteurs de violations.  Il a appelé les parties à faciliter l’accès de l’aide humanitaire.  La communauté internationale doit, pour sa part, contribuer au plan de réponse humanitaire pour l’Ukraine de 2015, qui n’est pour l’instant financé qu’à hauteur de 29%, a-t-il souligné.

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a affirmé que son pays était profondément préoccupé par la reprise des combats le 3 juin à l’ouest de Donetsk, appelant à la cessation des hostilités et la mise en œuvre des accords de Minsk.

Le regain de tensions fait craindre une escalade de la crise dans la région.  Le représentant tchadien a appelé les parties en présence à un retour au calme et à la retenue, et à trouver la voie d’un dialogue direct et inclusif pour tenter de résoudre la crise.

Mme JOY OGWU (Nigéria) a déploré les incidents de Marinka, en émettant la crainte que le cessez-le-feu de février ne s’écroule complètement.  « Devons-nous réitérer qu’une solution militaire à ce conflit n’est pas possible? » s’est interrogée la représentante.  Les deux parties doivent travailler activement pour arriver à une solution politique, en tenant compte des préoccupations des séparatistes et en respectant l’intégrité territoriale, l’indépendance et la souveraineté de l’Ukraine, a-t-elle insisté.  Saluant par ailleurs le travail de la mission de l’OSCE, elle a demandé aux parties de lui faciliter la tâche en coopérant étroitement avec elle.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a affirmé que son pays était très préoccupé par l’escalade du conflit dans l’est de l’Ukraine, et a donc appelé toutes les parties à respecter le cessez-le-feu et les accords de Minsk.  L’amélioration générale de la situation sécuritaire entre mars et avril derniers a permis le retour d’une équipe internationale, dont la Malaise est membre, concernant l’enquête menée sur la catastrophe de l’appareil de la Malaysia Airlines.

Le délégué a appelé toutes les parties à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  En outre, elles doivent s’engager à nouveau à mettre en œuvre les accords de Minsk, a-t-il ajouté avant de conclure.

M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a rappelé que son pays avait tous les droits de défendre son intégrité territoriale, en vertu de sa Constitution et de la Charte des Nations Unies.  « Quelles sont les sources juridiques qui fondent en revanche la décision de la Russie d’envoyer des troupes et des mercenaires sur notre territoire? » s’est-il interrogé.  Il n’y en a pas, a-t-il répondu.

Il a ensuite parlé des « graves violations du cessez-le-feu » par la Russie et des terroristes que ce pays soutient, en faisant référence aux attaques sur Maryinka et près de Schastya.  Il a noté que 1 000 personnes, dont des officiers de l’armée russe, et 30 tanks avaient été impliqués dans l’attaque près de Maryinka.  Les forces ukrainiennes ont été visées par des tirs 82 fois, dont 11 fois par des roquettes Grad, a-t-il ajouté en soulignant l’utilisation d’une artillerie professionnelle qui atteste de la présence de l’Armée nationale russe.  Ces attaques, a-t-il affirmé, ont été perpétrées pour tester les capacités de défense des forces ukrainiennes et pour prendre le contrôle du territoire et des infrastructures socioéconomiques.  Cinq hommes ont été tués et 38 autres ont été blessés parmi ces forces.

Le représentant a ensuite donné le détail des armements utilisés dans les autres attaques, comme pour Marioupol qui a été notamment visée par des tirs de mortier et par des lance-grenades.  Il a relevé que l’attaque contre Maryinka était la deuxième plus grande attaque après celle de février dernier contre Debaltseve.  En outre, cette attaque a eu lieu après la tentative de la Russie de perturber la réunion du groupe de contact trilatéral et de ses sous-groupes à Minsk le 2 juin.

M. Sergeyev s’est dit convaincu que cette attaque avait été programmée par la Russie, en s’appuyant sur les conclusions de la mission d’observation de l’OSCE qui a notamment constaté des mouvements de chars.  Il a noté que la mission avait tenté, en vain, de contacter les dirigeants de la soi-disant « république de Donetsk ».

L’Ukraine a toujours respecté ses obligations en vertu des accords de Minsk, a assuré le représentant, en soulignant les efforts de son pays pour éviter une escalade de la violence, notamment dans la région du Donbass.  Il a toutefois dénoncé la récente provocation du côté russe qui montre l’intention de la Russie de perturber le processus de Minsk et d’exercer une pression militaire sur les acteurs internationaux.  Rappelant la mission du Conseil de sécurité d’empêcher un agresseur de poursuivre les destructions, il a demandé à cet organe d’utiliser tous les moyens politiques et diplomatiques possibles.  Il a aussi attiré l’attention sur le rapport sur les droits de l’homme en Ukraine qui met l’accent sur la responsabilité de la Russie dans la détérioration de la situation dans plusieurs régions.

Compte tenu des violations graves de ses résolutions, le Conseil de sécurité doit réagir, a insisté le représentant ukrainien.  Une attaque contre Marioupol marquerait une ligne rouge, a déjà prévenu la communauté internationale, a-t-il rappelé, en estimant que cela devrait s’appliquer également à la situation actuelle à Marinka.

Reprenant la parole, M. CHURKIN (Fédération de Russie) a affirmé que les autorités de Kiev agissaient en violation de la Charte des Nations Unies et du droit international humanitaire en engageant des opérations punitives dans l’est du pays.  Il a dénoncé l’intervention de son homologue des États-Unis.  Il a notamment souhaité que les diplomates américains suivent de plus près ce qu’a dit leur Secrétaire d’État lors d’une rencontre avec le Président Poutine et le Ministre russe des affaires étrangères.

Le délégué russe s’est étonné également de la position du représentant britannique selon laquelle la crise aurait commencé lors de la « réunification » avec la Crimée.  Il est très important de mettre en œuvre les accords de Minsk, a-t-il dit, en précisant que son pays s’y employait.

S’exprimant à nouveau, Mme POWER (États-Unis) a remarqué avec étonnement que son homologue de la Fédération de Russie avait cité la Charte des Nations Unies lors d’une discussion sur l’Ukraine, malgré le « secret de polichinelle » concernant la présence de la Russie dans l’est de l’Ukraine.  Elle a rappelé que la Russie avait par le passé nié sa présence en Crimée, en précisant que ces faits étaient pourtant désormais établis.  Quelle est le fondement juridique qui justifie la présence de la Russie en Ukraine? a-t-elle demandé en reprenant la question du représentant ukrainien.  Elle a noté que la Russie avait toujours accordé la priorité à l’effort militaire, avant de l’encourager plutôt à rechercher une solution dans le cadre du processus politique.

M. CHURKIN (Fédération de Russie) est intervenu à nouveau pour dire qu’il n’avait pas à répondre aux commentaires exprimés par sa collègue des États-Unis.

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