En cours au Siège de l'ONU

7427e séance – matin
CS/11860

Le Chef de la MINUSCA estime que la République centrafricaine franchira une étape décisive au cours de la tenue du dialogue national du Forum de Bangui

Au cours d’une séance d’information au Conseil de sécurité, ce matin, le Représentant spécial du Secrétaire général en République centrafricaine (RCA), le général Babacar Gaye, a fait part des progrès enregistrés par la RCA sur la voie de la stabilité tout en soulignant les obstacles qui entravent encore ce processus, notamment: les violences commises par les antibalaka et les ex-Séléka, la gravité de la situation humanitaire, ainsi que les problèmes de sécurité et de financement rencontrés dans l’organisation des élections.

Le processus de transition en République centrafricaine, qui s’achèvera avec la tenue d’élections crédibles, franchira une étape décisive au cours du dialogue national inclusif qui sera mené au Forum de Bangui, a estimé le Représentant spécial.  Le Forum a été créé pour favoriser la réconciliation entre acteurs politiques et groupes armés, en vue de mettre fin à la violence et de rétablir la stabilité en RCA.

Le général Gaye, qui est aussi le Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), présentait ce matin le dernier rapport* du Secrétaire général sur la situation en RCA où des progrès sensibles ont été enregistrés en ce qui concerne la protection des populations civiles.

Le Conseil de sécurité était également saisi du rapport** sur les actions menées entre novembre 2014 et mars 2015 par les forces françaises de l’Opération Sangaris, opérant en soutien à la MINUSCA.

En dépit des progrès constatés, le Représentant spécial a prévenu que les violences dues aux tensions existant entre les communautés se poursuivent, et qu’au cours de récents incidents elles étaient dues à la migration saisonnière des membres des tribus Foulani accompagnant la transhumance de leur bétail.  Ces violences, a précisé le général Gaye, sont le fait des antibalaka à Bangui et dans l’ouest du pays.  À l’instar des agissements des ex-Séléka dans le centre et l’est du pays, les antibalaka cherchent aux aussi à se substituer à l’État, dont le retour de l’autorité reste encore « timide ».  En outre, les enclaves de populations à risque, en particulier les communautés musulmanes, sont toujours menacées malgré les efforts déployés par les acteurs humanitaires et les forces internationales.

La situation humanitaire reste grave à travers le pays, a prévenu le général Gaye, signalant l’augmentation du nombre des déplacés dont le nombre a augmenté de 50 000 personnes supplémentaires depuis janvier 2015.  En outre, l’accès humanitaire a souffert des actions menées par des groupes armés qui sont de plus en plus fragmentés et nombreux.

En ce qui concerne la situation politique, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MINUSCA a parlé des consultations locales historiques organisées dans 16 préfectures du pays, qui ont permis aux Centrafricains d’exprimer leurs vues sur des questions qui sont au cœur de la crise, comme notamment la justice et la réconciliation, la paix et la sécurité, la gouvernance, ainsi que les priorités socioéconomiques.

Le 7 avril, a poursuivi le général Gaye, la Commission préparatoire du Forum de Bangui a présenté son rapport final.  Il a précisé que le Gouvernement centrafricain avait publié quatre décrets relatifs à l’organisation du Forum, que le Président du Conseil national de transition avait ensuite contestés en invoquant un manque de consultations.  Grâce aux efforts de consultations menés par la MINUSCA qui ont suivi, un nouveau décret a été publié, hier, qui porte sur la composition de la présidence du Forum et suit une approche plus inclusive.  Le Premier Ministre a aussi contribué à réduire les tensions, a ajouté le général Gaye.

Avant la tenue du Forum de Bangui, le Représentant spécial a assuré que la MINUSCA était prête à faciliter les discussions entre l’Autorité de transition et les groupes armés, ceci en vue de trouver un accord sur les principes directeurs de la réforme du secteur de sécurité et sur une stratégie de désarmement-démobilisation-réintégration (DDR).  La conclusion du dialogue national inclusif qui sera mené lors du Forum de Bangui sera une étape décisive dans le processus de transition, a-t-il prédit.

En attendant un accord sur la stratégie de DDR, la MINUSCA a commencé à soutenir les activités de regroupement, par le biais de projets de travaux publics lancés dans des zones à haut risque et qui visent les jeunes à risque, comme ceux ayant dans le passé participé aux hostilités et qui sont des anciens combattants.

L’organisation d’élections crédibles représentera la fin de la période de transition en République centrafricaine, a indiqué le général Gaye tout en prévenant que le processus se heurte à des obstacles comme, par exemple, l’inscription des déplacés et des réfugiés sur les listes électorales.

Il a souligné les difficultés qui se posent en matière de sécurité et de financement, et qui entravent le travail de l’Autorité électorale nationale qui a déjà mis en place 97 bureaux extérieurs sur les 142 attendus.  Si la MINUSCA a fourni des conseils sur la sécurité et le déroulement des élections, il manque encore la moitié des 44 millions de dollars prévus à cette fin par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a signalé le général Gaye.  Rappelant qu’il fallait fournir les fonds nécessaires au processus électoral si l’on voulait qu’il se déroule dans les délais prévus, le Représentant spécial a donc invité les États Membres à répondre rapidement à l’appel de fonds.

Lors de la dernière réunion du Groupe de contact international sur la République centrafricaine, qui a eu lieu le 16 mars dernier, les participants ont exhorté les autorités de transition à accélérer les préparatifs du processus électoral et à examiner le cadre juridique pour essayer de simplifier le processus, a rappelé le général Gaye.  Il a aussi appelé à respecter la clause d’inégibilité de la Charte constitutionnelle qui empêche les membres du Gouvernement de transition d’être candidats.

« La République centrafricaine rentre dans une phase essentielle de son retour vers la sécurité et la stabilité », a ensuite estimé le général Gaye avant de saluer « l’intérêt attentif » manifesté par le Conseil de sécurité, qui a effectué une récente visite sur le terrain et qui a décidé d’augmenter et de renforcer le nombre de militaires, de policiers et d’agents pénitenciers de la Mission.

« L’intérêt et le soutien continu des partenaires internationaux et régionaux demeurent plus indispensables que jamais », a-t-il prévenu.  Cet intérêt et ce soutien contribuent non seulement au déroulement normal de la transition, mais aussi à la poursuite des opérations humanitaires avec des ressources adéquates. 

Le général Gaye a conclu son exposé en lançant un appel aux partenaires internationaux afin qu’ils répondent aux besoins humanitaires centrafricains, qui ne sont couverts qu’à hauteur de 13%.  Il a insisté sur la « responsabilité collective » de la communauté internationale qui a l’obligation morale d’aider la République centrafricaine à rester sur la voie de la paix et de la réconciliation.

 

*     S/2015/227
**    S/2015/248

 

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