Le Chef du Bureau de l’ONU en Guinée-Bissau appelle les partenaires internationaux à maintenir leur soutien face à « des défis énormes mais pas insurmontables »
Aujourd’hui au Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général en Guinée-Bissau et Chef du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix dans ce pays, M. Miguel Trovoada, a appelé la communauté internationale à maintenir son soutien face à « des défis énormes, nombreux et complexes mais pas insurmontables ». « La consolidation de la paix et de la stabilité en Guinée-Bissau exige des efforts conjoints, de la patience et de la persévérance », a-t-il dit, aux côtés du Président de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix (CCP), et des représentants du Ghana et du Timor-Leste, au nom de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP).
Malgré tous les efforts accomplis en Guinée-Bissau, « la situation demeure fragile », a averti le Représentant spécial du Secrétaire général. Conformément à son programme pour les quatre prochaines années, le Gouvernement bissau-guinéen a défini une stratégie et des priorités pour la table ronde des partenaires internationaux, qui doit se tenir à Bruxelles, le 25 mars prochain. Les priorités énoncées démontrent que le retour à l’ordre constitutionnel n’a pas encore permis de s’attaquer aux causes fondamentales de l’instabilité en Guinée-Bissau: l’environnement politico-social se caractérise par un climat où l’espoir d’un avenir « dégagé d’incertitudes » cohabite avec une situation de stabilité encore fragile, a insisté M. Miguel Trovoada.
La Guinée-Bissau, a-t-il estimé, a toujours besoin d’un soutien « pour consolider les institutions démocratiques, restructurer le secteur de la défense et de la sécurité, renforcer le système judiciaire, améliorer le fonctionnement de l’administration publique et augmenter sa capacité de combattre l’impunité et la criminalité transnationale, entre autres ». Par conséquent, dans son rapport*, le Secrétaire général de l’ONU recommande le renforcement des bons offices de son Représentant spécial; la confiance entre les dirigeants politiques du pays restant, « incontestablement », un élément essentiel de la stabilité.
Le Chef du BINUGBIS a ajouté que son Bureau devrait aussi continuer à promouvoir le renforcement de la coopération entre la Guinée-Bissau et ses partenaires internationaux, en préconisant une réponse coordonnée aux efforts du pays pour se réformer. Il faut, à cet égard, a-t-il dit, accorder une attention particulière à l’approfondissement du partenariat avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union africaine (UA), la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) et l’Union européenne (UE), compte tenu des dimensions régionale, continentale, internationale et culturelle de la problématique du développement de la Guinée-Bissau.
Le Représentant spécial a tenu à réaffirmer que la Guinée-Bissau a besoin de la Mission de la CEDEAO (ECOMIB) comme cette dernière a besoin du soutien de la communauté internationale et du Conseil de sécurité, en particulier. Il a salué la décision prise, le 15 décembre dernier, par le Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO de proroger, pour six mois renouvelables, le mandat de l’ECOMIB.
« Les défis sont énormes, nombreux et complexes mais ils ne sont pas insurmontables. » La consolidation de la paix et de la stabilité en Guinée-Bissau, a-t-il dit, exige des efforts conjoints, de la patience et de la persévérance. Dans ce contexte, l’engagement du Conseil de sécurité, aussi bien que de la communauté internationale, n’a jamais été aussi nécessaire, important et urgent, afin que les acquis du présent se consolident et que les dérives du passé soient révolues à jamais.
Au moment où l’ONU doit s’embarquer dans l’examen approfondi de son architecture de consolidation de la paix, la Guinée-Bissau offre un enseignement précieux sur la différence que peut faire un gouvernement légitime, compétent et inclusif, quand ses efforts rencontrent l’engagement politique de la communauté internationale, a déclaré le Président de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Antonio de Aguiar Patriota, Représentant permanent du Brésil. Ces sept derniers mois, a-t-il précisé, les nouvelles autorités bissau-guinéennes ont pris des décisions « sages et courageuses » sur des dossiers épineux, comme la réforme de l’appareil de défense et de sécurité, la nécessité de rétablir le contrat social par le dialogue national et la réconciliation nationale et l’amélioration du système judiciaire. Cette nouvelle ère de progrès a été aussi marquée par la fourniture des services de base à un plus grand nombre d’habitants.
Soulignant la nécessité de renforcer encore le rôle de la société civile, le Président de la formation Guinée-Bissau a jugé qu’il est temps de cesser de voir ce pays comme « un cas chronique de corruption, d’impunité et de trafic de drogues » et d’exploiter le potentiel d’une nation pleine de jeunesse, d’énergie et de détermination à tourner la page la plus sombre de son histoire.
« J’avoue qu’aujourd’hui, je me sens très optimiste », a en effet confié Mme Maria Antonieta Pinto Lopes, Représentante de la Guinée-Bissau qui a annoncé qu’un plan de développement à moyen terme sera présenté à la Conférence de Bruxelles. Les autorités nationales, a-t-elle assuré, sont parfaitement conscientes que la paix et le développement relèvent d’abord de leurs responsabilités. Mais, fragilisée par d’énormes défis, la Guinée-Bissau a un besoin urgent de l’appui et de l’assistance financière de la communauté internationale. Le temps des actions concrètes a sonné et c’est ce que le peuple bissau-guinéen attend de ses partenaires internationaux.
Le représentant du Ghana, M. Ken Kanda, en sa qualité de Président de la CEDEAO et la représentante du Timor-Leste, Mme Sofia Mesquita Borges, au nom de la Communauté des pays de langue portugaise (CLP) ont parlé de la réunion du Groupe de contact international, qu’ils avaient organisée le 18 novembre 2014 à New York et qui avait souligné la nécessité de poursuivre la mission de l’ECOMIB et l’aide des partenaires internationaux. Les représentants de la CEDEAO et de la CLP ont appelé ces partenaires à participer activement à la Conférence de Bruxelles, en prévision de laquelle le Ghana organise une réunion préparatoire, le 9 février à Accra.