En cours au Siège de l'ONU

7375e séance – matin
CS/11765

2015 sera une année cruciale pour accélérer les progrès en Somalie, expliquent les Chefs des Missions de l’ONU et de l’UA

Au cours d’une séance d’information sur la Somalie, ce matin au Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général dans ce pays, M. Nicholas Kay, a déclaré que « 2015 doit être l’année du fédéralisme et des progrès ».  Son homologue de l’Union africaine (UA) comme le représentant de la Somalie ont confirmé les progrès accomplis en 2014 par le pays et présenté les domaines d’action prioritaire, notamment le renforcement des institutions, les élections, la sécurité et les droits de l’homme.

« Quand je considère 2015, je suis à la fois enthousiaste et inquiet », a dit M. Kay, qui est aussi le Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), en présentant le rapport du Secrétaire général.  Cette année, a-t-il précisé, sera décisive pour que la Somalie devienne un État unifié, pacifique et fédéral.

Renforcer la capacité des institutions fédérales est actuellement la question la plus pressante en Somalie, a confirmé le représentant de ce pays, M. Awale Ali Kullane, en expliquant comment était mené le processus de fédération.  Il a signalé une meilleure coopération dans l’État du Puntland et avec l’Administration intérimaire de Djouba, tout en avertissant que les gains obtenus étaient fragiles et devaient consolidés. 

De son côté, le Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Mamam Sidikou, a dressé la liste des priorités de l’AMISOM et de la MANUSOM, telles qu’elles ont été définies en début d’année lors d’une réunion à Kampala, en Ouganda: reconstruire l’Armée nationale somalienne en intégrant les forces locales; renforcer l’appui aux services de défense et de sécurité, avec une approche axée sur les communautés; garantir un accès durable aux zones libérées en sécurisant les principales routes d’approvisionnement; s’assurer que toutes les opérations sont conformes au droit international humanitaire et à la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme.

M. Kay a recommandé d’accélérer l’élan pris en 2014 dans le processus de fédéralisme en s’appuyant sur les capacités des administrations régionales et en créant de nouvelles.  Il faut aussi, a-t-il ajouté, mener à bien l’examen de la Constitution et prendre les décisions importantes en vue du référendum et des élections de 2016, notamment pour créer la Commission nationale indépendante électorale.

Le représentant de la Somalie a assuré que des progrès avaient été accomplis dans l’élaboration du cadre juridique nécessaire à la mise en œuvre du programme « Vision 2016 ».  La loi relative à la révision de la Constitution a été adoptée, a-t-il précisé, avant d’annoncer que les textes relatifs à la Commission électorale nationale indépendante, à la Commission des droits de l’homme et aux partis politiques le seraient bientôt.

Alors que le processus politique entre dans une phase plus sensible, avec le processus de révision constitutionnelle et les élections, M. Sidikou a insisté sur la nécessité d’appuyer le leadership somalien politique et traditionnel, aux niveaux fédéral et régional. 

De l’avis de M. Kay, il faut veiller à ce que soit mené un processus politique inclusif, qui tienne compte des régions, des minorités, des groupes marginalisés, des femmes, des personnes âgées.

Regrettant que la récente crise ait retardé l’action du Gouvernement, il s’est cependant félicité de la nomination du nouveau Premier Ministre et a espéré qu’un accord serait trouvé avec le Parlement sur la constitution d’un nouveau cabinet.

À ce propos, le représentant de la Somalie a signalé que le nouveau Conseil des ministres annoncé par le Premier Ministre, M. Omar Abdirashid Ali Sharmake, le 27 janvier 2015, serait présenté au Parlement le 9 février prochain.

M. Kay a aussi demandé aux dirigeants fédéraux, y compris le Parlement, d’améliorer leurs méthodes de travail et d’accroître leur transparence, les invitant à privilégier le compromis.  Les dirigeants fédéraux, a-t-il conseillé, doivent guider le processus politique de manière responsable, afin de renforcer la confiance entre les groupes.

Dans cet objectif, le Président et le Premier Ministre somaliens ont encouragé le nouveau Conseil des ministres à faire preuve de retenue lors du remplacement des agents de la fonction publique dans les ministères, a indiqué le représentant de la Somalie.  Il a notamment été recommandé de garder les fonctionnaires expérimentés pour permettre au Gouvernement de poursuivre ses activités.

Notant les améliorations sur le plan de la sécurité, M. Kay a salué les efforts menés à cet égard par la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), l’armée nationale somalienne, le Bureau des Nations Unies pour l’appui à l’AMISOM (UNSOA) et l’Union européenne.

M. Sidikou a rappelé que l’AMISOM et l’Armée nationale somalienne avaient lancé, en 2014, deux opérations réussies, « Opération Eagle » et « Opération Océan indien », qui ont permis de reprendre 16 villes et d’ouvrir un espace à des activités politiques en dehors de Mogadiscio.  Des efforts sont menés pour favoriser le dialogue et la réconciliation régionale dans les zones reprises en dépit d’un conflit inter-clanique violent intermittent, a-t-il dit.

En ce qui concerne la campagne contre les Chabab, le représentant de la Somalie a salué le succès des deux opérations menées conjointement par les forces de l’Armée nationale somalienne et de l’AMISOM, qui ont permis de reprendre aux Chabab 80% des régions du sud et du centre de la Somalie.           

M. Sidikou a précisé que la phase classique des opérations militaires contre les Chabab devait se terminer d’ici à la fin de cette année.  Toutefois, a-t-il tempéré, il n’est pas possible d’affirmer que les Chabab seront vaincus car ils continueront de recourir à « des attaques asymétriques » et de perturber les principales routes d’approvisionnement.  « Les Chabab d’aujourd’hui ne sont pas les Chabab d’hier », a-t-il insisté.  C’est la raison pour laquelle il faut trouver une réponse adaptée à cette nouvelle réalité.  M. Kay a reconnu pour sa part qu’il fallait adopter une approche plus cohérente dans ce domaine au niveau régional. 

M. Kay a appelé à améliorer la sécurité des civils qui est menacée tant par les Chabab que par les conflits entre les clans.  Il a également rappelé au Conseil qu’il fallait sécuriser les routes d’approvisionnement vers les zones libérées.

Pour stabiliser le pays, il a conseillé de trouver des moyens créatifs en vue de renforcer davantage la légitimité des administrations locales.  J’attends avec intérêt la mise en œuvre de la stratégie de stabilisation du Gouvernement fédéral, a-t-il dit, en particulier les activités de réconciliation et de consolidation de la paix.

Le représentant de la Somalie a mentionné à cet égard les activités de réconciliation menées aux niveaux national et des districts, ainsi que l’organisation de conférences à Kismayo et Baidoa.

Promouvoir l’état de droit est une autre part importante des bénéfices de la paix dans les zones nouvellement libérées, a poursuivi M. Kay en espérant des progrès quant à l’accès au système judiciaire.

En 2015, « nous espérons jeter les fondements d’un secteur de la défense solide », a aussi indiqué le responsable onusien.  Il a plaidé en faveur d’une architecture cohérente pour ce secteur et de l’intégration des milices dans les forces nationales de sécurité.

Pour le représentant somalien, cette intégration constitue « la pierre angulaire d’un cadre de responsabilité mutuelle entre le Gouvernement fédéral et les États ».  Il a aussi plaidé en faveur d’institutions somaliennes capables, responsables et inclusives en matière de sécurité.

De l’avis de M. Kay, la Somalie reste un des lieux les plus dangereux où le Conseil de sécurité envoie des opérations.  Il a rendu hommage aux victimes de l’attentat du 25 décembre qui a frappé l’aéroport international de Mogadiscio.  Il a conseillé d’élargir le champ d’intervention de l’unité de garde des Nations Unies pour couvrir les régions du pays.

Il a prôné une plus grande collaboration des organisations et partenaires qui travaillent en faveur de la Somalie, comme l’ONU, l’UA, l’UE et l’IGAD, avec le Gouvernement fédéral, et ce, dans tous les domaines.  Il a notamment appelé à contribuer au Bureau des fonds d’affectation spéciale pluri-partenaires des Nations Unies.

En 2015, les Somaliens devront aussi faire davantage respecter les droits de l’homme, notamment pour mieux protéger les femmes et les enfants.  C’est ce qu’a recommandé M. Kay en saluant au passage la ratification, par la Somalie, de la Convention internationale des droits de l’enfant.

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