Le Conseil de sécurité fixe un calendrier pour l’examen du dispositif de consolidation de la paix, dont il souligne les éléments cruciaux
Le Conseil de sécurité a ce matin souligné, dans une déclaration présidentielle, à la fois l’importance de l’appropriation et de la responsabilité nationales pour l’instauration d’une paix durable, et le rôle crucial que joue la Commission de consolidation de la paix (CCP) dans le dispositif de consolidation de la paix des Nations Unies, un dispositif dont l’examen va être mené en cette année 2015.
Au cours d’une séance de travail publique présidée par le Ministre des affaires étrangères du Chili, M. Heraldo Muñoz, les 15 membres du Conseil de sécurité ont commenté les progrès déjà accomplis et évoqué ceux qui restent à faire dans le cadre du dispositif onusien de consolidation de la paix, dont le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, a présenté les derniers éléments, exposés dans le rapport* du Secrétaire général sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit, dont le Conseil était ce matin saisi.
Dans la déclaration présidentielle lue par M. Muñoz, le Conseil de sécurité dit attendre avec intérêt les résultats de l’examen en 2015 du dispositif de consolidation de la paix, processus qu’il a lancé le mois dernier conjointement avec l’Assemblée générale et dont il a fixé aujourd’hui le calendrier des travaux. Ainsi, le Conseil prie le Secrétaire général de faire le point de la situation avant le mois de décembre 2015 et de lui soumettre un rapport, au plus tard en décembre 2016, sur les nouveaux efforts déployés par les Nations Unies en ce qui concerne la consolidation de la paix au lendemain des conflits, et en particulier sur les progrès accomplis pour accroître la participation des femmes à la consolidation de la paix.
La question du genre donne lieu à une autre recommandation du Conseil qui reconnaît « qu’il importe d’accroître la participation des femmes et d’examiner plus avant les questions d’égalité des sexes dans tous les débats ayant trait à la prévention et au règlement des conflits armés, au maintien de la paix et de la sécurité, et à la consolidation de la paix au lendemain des conflits ». Plusieurs membres du Conseil de sécurité, ainsi que le Vice-Secrétaire général de l’ONU, ont cité des exemples de réussite dans ce domaine, notamment en Guinée, en Guinée-Bissau, au Kirghizistan et au Libéria. De son côté, la délégation de la Fédération de Russie a tenu à préciser qu’elle estime qu’il est contreproductif de mettre un accent excessif sur les questions de l’égalité entre les sexes et des droits de l’homme qui n’ont pas de lien direct avec les causes des conflits et des crises.
Le Conseil, dans sa déclaration présidentielle, indique qu’il apprécie particulièrement les conseils de la CCP, « qui l’aident à s’acquitter sur le terrain des mandats qui sont les siens dans les pays figurant à son ordre du jour ». À ce sujet, plusieurs appels ont été lancés par des membres du Conseil pour que celui-ci –et tout le dispositif de consolidation de la paix– s’appuie davantage sur les informations de première main et l’expertise que fournit la Commission.
L’examen décennal du dispositif de consolidation de la paix de l’ONU se fondera sur l’examen de situations prévalant dans des pays précis, notamment le Burundi, la République centrafricaine, la Sierra Leone, le Soudan du Sud et le Timor-Leste, a précisé le représentant du Brésil, M. Antonio de Aguiar Patriota, qui intervenait en sa capacité de Président de la Commission de consolidation de la paix. Plaidant en faveur d’une meilleure cohérence de la réponse internationale et des Nations Unies en matière de consolidation de la paix, il s’est félicité du fait que le Conseil réitère la nécessité de mener l’examen de 2015 de concert avec l’examen à venir des opérations de maintien de la paix.
En présentant le rapport du Secrétaire général, le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, a souligné que la consolidation de la paix est plus efficace quand les acteurs politiques en présence appuient une stratégie commune en faveur de la consolidation de la paix, comme on l’a vu en Guinée et au Burundi, et quand sont créées des institutions solides basées sur des accords politiques inclusifs et efficaces. Il a aussi rappelé la nécessité de fournir un appui financier et technique solide à la consolidation de la paix, et a salué les possibilités qu’offre, en partie et sur le court terme, le Fonds pour la consolidation de la paix. M. Eliasson a appelé les partenaires internationaux à fournir à long terme une aide qui permettrait à la CCP de s’engager dans des programmes à grande échelle.
Par ailleurs, comme le relève la déclaration présidentielle et comme l’ont reconnu la plupart des intervenants, dont M. Eliasson, les acteurs régionaux et les pays voisins d’un pays sortant d’un conflit ont aussi un rôle important à jouer en vue de créer un environnement propice à l’établissement d’une paix durable.
Les efforts de consolidation de la paix sont plus que jamais nécessaires, a conclu le Vice-Secrétaire général en rappelant que certains pays, comme la République centrafricaine et le Soudan du Sud, étaient retombés dans la spirale de conflits que l’on croyait avoir mis sous contrôle. Il a aussi mentionné les risques encourus par les pays touchés par la maladie à virus Ebola. À ce propos, M. de Aguiar Patriota, le Président de la CCP, a fait savoir qu’il avait demandé au Secrétaire général d’effectuer une évaluation à long terme de cette crise sur les institutions politiques et sécuritaires des pays les plus affectés –Sierra Leone, Guinée et Libéria- ainsi que sur la cohésion sociale et le redressement économique de ces trois pays.
Le Conseil de sécurité se réunira à nouveau demain, jeudi 15 janvier, pour tenir un débat ouvert sur la question du Moyen-Orient.
CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS
Rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit (S/2014/694)
Déclaration présidentielle
Le Conseil de sécurité rappelant ses résolutions et les déclarations de son président, notamment S/PRST/2009/23, S/PRST/2010/20, S/PRST/2011/2, S/PRST/2011/4 et S/PRST/2012/29, sur la consolidation de la paix au lendemain de conflits, réaffirme l’importance capitale que revêt la consolidation de la paix comme fondement d’une paix et d’un développement durables au lendemain de tout conflit.
Le Conseil prend note avec satisfaction du rapport du Secrétaire général sur la consolidation de la paix au lendemain d’un conflit (S/2014/694).
Le Conseil est conscient que la consolidation de la paix est un aspect important des efforts déployés par les Nations Unies dans les pays qui sortent d’un conflit et réaffirme que l’instauration d’une paix et d’une sécurité durables exige l’adoption d’une stratégie soutenue et intégrée fondée sur la cohérence des approches adoptées dans les domaines de la politique, de la sécurité et du développement, qui sont essentielles pour améliorer effectivement le respect des droits de l’homme, promouvoir l’égalité des sexes, renforcer l’état de droit et favoriser le développement économique dans les pays qui sortent d’un conflit, en tenant compte de la situation et des besoins qui leur sont propres.
Le Conseil souligne que la consolidation de la paix dans les pays qui sortent d’un conflit incombe au premier chef aux gouvernements et aux acteurs nationaux concernés, notamment la société civile.
Le Conseil souligne l’importance de l’ouverture dans la promotion des processus nationaux de consolidation de la paix et la réalisation de leurs objectifs, le but étant de faire une place aux besoins de toutes les couches de la société. Il réaffirme que l’appropriation et la responsabilité nationales sont cruciales pour l’instauration d’une paix durable et il réaffirme également que c’est aux autorités nationales qu’il incombe au premier chef d’arrêter leurs propres priorités et stratégies de consolidation de la paix au lendemain de tout conflit.
Le Conseil souligne que la consolidation de la paix, en particulier le renforcement des institutions, l’extension de l’autorité de l’État et le rétablissement des fonctions centrales de la fonction publique, doit faire l’objet d’une attention marquée à l’échelle internationale et nationale et bénéficier d’un soutien financier et technique pour permettre l’instauration d’une paix durable dans les pays qui sortent d’un conflit. Le Conseil est conscient que les efforts de consolidation de la paix sont entravés par le fait que des moyens financiers ne sont pas mis à disposition de façon suffisamment rapide et durable.
Le Conseil salue le rôle joué par le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix pour remédier à cette situation et engage les États Membres à y verser des contributions, ainsi qu’aux autres fonds d’affectation pluridonateurs, afin de les reconstituer.
Le Conseil salue les succès récents qui ont été remportés grâce aux efforts déployés collectivement par les Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble, tout en reconnaissant les reculs et les difficultés qu’il connaît, avec les organismes des Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble, pour prévenir ou minimiser les risques de nouveaux conflits.
Le Conseil souligne que l’examen du dispositif de consolidation de la paix des Nations Unies en 2015 doit être l’occasion de dégager des recommandations sur les manières de réorienter et d’adapter ses fonctions et structures en fonction des besoins actuels et futurs, en remédiant aux lacunes observées en ce qui concerne la pratique des Nations Unies en matière de consolidation de la paix.
Le Conseil attend avec intérêt les résultats de l’examen en 2015 du dispositif de consolidation de la paix et les recommandations qui seront formulées à cette occasion pour pouvoir renforcer les capacités des organismes des Nations Unies en matière de consolidation de la paix, notamment en améliorant l’efficacité et les retombées du dispositif pour pouvoir en tirer parti au maximum conformément au mandat convenu.
Le Conseil souligne que dans un souci de synergie, l’examen du dispositif de consolidation de la paix doit être mené en conjonction avec l’examen prochain des opérations de paix par le Secrétaire général.
Le Conseil reconnaît qu’il importe d’accroître la participation des femmes et d’examiner plus avant les questions d’égalité des sexes dans tous les débats ayant trait à la prévention et au règlement des conflits armés, au maintien de la paix et de la sécurité, et à la consolidation de la paix au lendemain des conflits.
Le Conseil rappelle sa résolution 1645 et reconnaît le rôle important que joue la Commission de consolidation de la paix dans le dispositif de consolidation de la paix et il souligne qu’il entend resserrer ses liens avec elle, notamment en faisant davantage fond sur son rôle consultatif. Il invite la Commission à redoubler d’efforts pour améliorer la cohérence des politiques de ses partenaires et les aligner sur les stratégies et priorités nationales en matière de consolidation de la paix, et pour obtenir un soutien et un réel engagement aux niveaux régional et international en faisant œuvre de mobilisation et en instaurant des partenariats avec les institutions financières internationales, les pays voisins et les organisations régionales et sous-régionales. Le Conseil souligne l’importance de l’aspect régional de la consolidation de la paix et la nécessité de mobiliser les acteurs régionaux et de collaborer avec eux en ce qui concerne les questions de politique et la situation propre aux différents pays dans le cadre des conseils donnés par la Commission.
Le Conseil note qu’il apprécie particulièrement les conseils de la Commission, qui l’aident à s’acquitter sur le terrain des mandats qui sont les siens dans les pays figurant à son ordre du jour.
Le Conseil prie le Secrétaire général de faire avec lui le point de la situation avant le mois de décembre 2015 et de lui soumettre un rapport au plus tard en décembre 2016 sur les nouveaux efforts déployés par les Nations Unies en ce qui concerne la consolidation de la paix au lendemain des conflits, en particulier sur les progrès accomplis pour accroître la participation des femmes à la consolidation de la paix, compte étant tenu des vues de la Commission.
Déclarations
M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général des Nations Unies, a remarqué que la consolidation de la paix est au cœur des objectifs et ambitions des Nations Unies, avant de souligner les cinq éléments principaux mis en évidence dans le rapport soumis aujourd’hui à l’examen du Conseil de sécurité. Le premier de ces éléments est l’idée que la consolidation de la paix est plus efficace quand les acteurs de la vie politique appuient une stratégie commune en faveur de la consolidation de la paix, comme on l’a vu en Guinée et au Burundi, a relevé M. Eliasson. Il a salué à cet égard les travaux accomplis par l’équipe de pays en Guinée et par la Commission de consolidation de la paix, qui ont soutenu les efforts du Bureau des Nations Unies dans ce pays visant à instaurer un environnement politique propice. En deuxième lieu, a poursuivi le Vice-Secrétaire général, la création et le fonctionnement d’institutions solides, qui sont essentielles pour la consolidation de la paix, doivent se baser sur des accords politiques inclusifs et efficaces, car ce genre d’accord offre la légitimité et le soutien nécessaires au développement de ces institutions. M. Eliasson a, à cet égard, donné l’exemple du Soudan du Sud où des investissements importants dans les institutions ont finalement été perdus à cause de la faiblesse des accords politiques.
Il faut aussi que la consolidation de la paix bénéficie d’un appui financier et technique suffisant pour accompagner la consolidation de la paix. Si le Fonds pour la consolidation de la paix peut faire face aux lacunes à court terme, a noté M. Eliasson, des problèmes se posent pour le financement à plus long terme. Il a donc demandé l’aide des partenaires internationaux à cet égard. En quatrième lieu, le Vice-Secrétaire général a estimé que les acteurs régionaux et les pays voisins d’un pays sortant d’un conflit peuvent jouer un rôle important pour créer un environnement propice à l’établissement d’une paix durable. Les conflits ont de plus en plus une dimension régionale qui doit être mieux prise en compte, a-t-il préconisé. Enfin, il a expliqué que la promotion de l’inclusion implique la participation, sur un pied d’égalité, des femmes au processus de développement postconflit. Il a cité les approches innovantes suivies dans ce domaine en Guinée, en Guinée-Bissau, au Kirghizistan et au Libéria.
Le Vice-Secrétaire général a ensuite appelé à réfléchir à un examen du dispositif de consolidation de la paix aux Nations Unies, qui a été lancé le mois dernier par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité. Il a souligné que les efforts de consolidation de la paix sont de plus en plus nécessaires, rappelant que certains pays, comme la République centrafricaine et le Soudan du Sud, étaient retombés dans la spirale de conflits que l’on croyait avoir mis sous contrôle. Il a aussi mentionné les risques encourus par les pays touchés par la maladie à virus Ebola. Il a ensuite invité les États Membres et l’ONU à améliorer les méthodes de travail de la Commission de consolidation de la paix, souhaitant notamment qu’elle soit plus dynamique. Les examens entrepris sont l’occasion d’affiner nos actions, a-t-il souligné, rappelant la nécessité d’adopter une approche moderne et efficace de la consolidation de la paix au bénéfice des peuples. M. Eliasson a appelé toutes les parties à faire preuve de détermination pour que les structures de consolidation de la paix soutiennent efficacement les pays sortant de conflit.
M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil), intervenant en sa capacité de Président de la Commission de consolidation de la paix, a indiqué que les termes de références pour la conduite de l’examen décennal du dispositif de consolidation de la paix de l’ONU se fonderont sur l’examen de situations prévalant dans des pays précis, notamment le Burundi, la République centrafricaine, la Sierra Leone, le Soudan du Sud et le Timor-Leste. Les ajustements et les améliorations qui résulteront de cet examen devraient permettre à la Commission de consolidation de la paix, au Fonds pour la consolidation de la paix et au Bureau d’appui à la consolidation de la paix de réaliser leur plein potentiel, a souligné M. de Aguiar Patriota. Il a plaidé pour une plus grande cohérence entre les réactions politiques et la conduite des opérations de l’ONU face aux situations postconflit, ainsi que pour une meilleure cohérence de la réponse internationale. À cet égard, il s’est félicité du fait que la déclaration présidentielle adoptée par le Conseil réitère que l’examen de 2015 doit se faire de concert avec le prochain examen des opérations de maintien de la paix.
M. de Aguiar Patriota a estimé que les crises en République centrafricaine, au Soudan du Sud et en Libye, ainsi que les risques posés par la crise provoquée par l’épidémie d’Ebola, doivent rappeler à l’ONU la nécessité d’adopter une réponse à facettes multiples, bien séquencée, et durable sur le long terme face à ces phénomènes. La priorité doit également être accordée à un développement socioéconomique inclusif et fondé sur l’autonomisation nationale, ainsi que sur le renforcement des institutions, a-t-il ajouté.
M. de Aguiar Patriota a fait observer que l’irruption de la maladie à virus Ebola avait démontré la fragilité des gains obtenus dans le domaine de la consolidation et la lenteur du processus de renforcement des institutions à la suite d’un conflit, notamment lorsque les investissements dans les institutions nationales et locales demeurent insuffisants. Il a fait savoir que la Commission de consolidation de la paix avait demandé au Secrétaire général d’effectuer une évaluation à long terme de la crise due au virus Ebola sur les institutions politiques et sécuritaires des pays les plus affectés ainsi que sur la cohésion sociale et le redressement économique de ces trois pays: Sierra Leone, Guinée et Libéria. Il a aussi indiqué qu’au cours d’une conversation informelle qu’il avait eu avec M. David Nabarro, le Chef de la Mission des Nations Unies pour l’action d'urgence contre l’Ebola (MINUAUCE), ce dernier avait affirmé que l’ampleur de l’épidémie dans les trois pays les plus touchés aurait été encore plus grave sans le travail effectué sur le terrain par la Commission de consolidation de la paix au cours des années précédentes.
Le Président de la Commission de consolidation de la paix a ensuite indiqué que le retrait d’une mission met en exergue les défis qui se posent ensuite à la consolidation de la paix dans les pays sortant d’un conflit. Il a souligné que la transition d’une situation d’urgence à une situation de promotion du développement demeure essentielle et que la modification de la présence de l’ONU au Burundi, en Sierra Leone et, bientôt, au Libéria exige qu’une attention « calibrée » soit accordée aux défis politiques et socioéconomiques qui vont se poser à ces pays. Il a ensuite invité les membres du Conseil de sécurité à prendre connaissance d’un rapport récent, rédigé par le Groupe de travail de la Commission sur les enseignements tirés. Un investissement précoce dans des activités de consolidation de la paix, notamment la réforme des secteurs sécuritaire et de justice, et la promotion du développement économique, sont des activités qui viennent en complément des mandats politiques et sécuritaires, a-t-il ajouté.
M. de Aguiar Patriota a ensuite parlé des défis rencontrés par les pays sortant d’un conflit quand ils cherchent à s’assurer un financement prévisible et durable pour leurs projets. Constatant que ces pays sont également les plus gravement touchés par les flux de financement illicites et l’exploitation des ressources naturelles, il a aussi déploré l’existence de lacunes dans les mécanismes internationaux censés appuyer la mobilisation de ressources domestiques dans les pays sortant d’un conflit. Le Président de la CCP a aussi insisté sur l’importance d’appuyer la contribution des femmes à la consolidation de la paix.
M. HERALDO MUÑOZ, Ministre des affaires étrangères du Chili, qui présidait ce débat du Conseil, a souligné qu’aux termes du rapport du Secrétaire général, il est évident que depuis l’établissement de la Commission de consolidation de la paix en 2004, les Nations Unies ont amélioré leur gestion des conflits. Il a pris l’exemple de la Sierra Leone, classée comme pays sortant de conflit, et qui démontre qu’à travers un travail coordonné par les acteurs politiques, économiques et sociaux nationaux, et avec le soutien du système des Nations Unies et des organismes régionaux et sous-régionaux, les fondations d’une paix durable et du développement peuvent être mises en place. Le Ministre a en outre relevé que malgré ces efforts de consolidation de la paix, des conflits éclatent toujours à travers le monde, notamment parce que leurs causes, qui sont essentiellement dues à l’exclusion et aux inégalités, sont toujours visibles et parfois se sont même aggravées au sein des communautés. Il a, de ce fait, indiqué que la consolidation de la paix reste aussi importante aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a une décennie.
M. Muñoz a par ailleurs noté que l’appropriation nationale est cruciale pour la viabilité des initiatives prises après le conflit et pour l’engagement des acteurs nationaux en vue d’assurer le succès de ces initiatives sur le long terme. Pour ce faire, a-t-il expliqué, un soutien financier, technique, et politique durable est nécessaire. Il a ajouté que l’engagement de la Banque mondiale et d’autres institutions financières régionales et sous-régionales doit être amélioré et mieux coordonné, tout comme l’action des États impliqués dans la consolidation de la paix. Il a précisé que ce soutien doit être perçu, non pas comme un appui à l’économie nationale, mais plutôt comme une contribution à la consolidation de la paix. M. Muñoz a déclaré que le Chili contribue annuellement au Fonds pour la consolidation de la paix, et que son pays a déboursé 300 000 dollars dans le cadre de la lutte contre l’épidémie à virus Ebola qui affecte certains pays qui traversent une transition politique à la suite des conflits qui les ont affectés.
Le Ministre des affaires étrangères du Chili a ensuite déclaré que les femmes devraient jouer un rôle comparable à celui des hommes dans le processus de consolidation de la paix, étant donné, a-t-il expliqué, que les femmes et les filles sont les plus affectées par les conflits armés. Sur un tout autre plan, il a souhaité que l’examen du dispositif de consolidation de la paix, qui sera mené cette année, permette de tirer les leçons d’expériences passées, et d’améliorer les capacités du système des Nations Unies à soutenir ces processus et d’effectuer des progrès dans la prévention des conflits. Il a aussi souhaité que cet examen se fasse en synergie avec ceux concernant les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales, ainsi qu’avec l’examen de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité portant sur les femmes, la paix et la sécurité.
M. Muñoz a ensuite indiqué que les institutions de sécurité et l’état de droit permettent de protéger les civils, ajoutant en outre que l’initiative « Les droits avant tout » du Secrétaire général constitue un outil important pour évaluer la manière avec laquelle les processus de consolidation de la paix concourent à la protection et au respect des standards internationaux en rapport avec les droits de l’homme et le droit humanitaire. M. Muñoz a en outre relevé que l’identification des causes des conflits est essentielle pour la consolidation de la paix. Il a à cet égard, cité l’exclusion sous toutes ses formes, la pauvreté, la marginalisation, le manque d’éducation et d’opportunités comme étant des facteurs qui forment un terreau fertile pour l’irruption de la violence. Il a indiqué enfin que si la consolidation de la paix prend en compte cette réalité, les efforts des États et du système des Nations Unies atteindront leurs buts, qui sont la paix et le développement.
M. KAYODE LARO (Nigéria) a indiqué que le Nigéria était en faveur du renforcement de la participation des femmes à la consolidation de la paix, souhaitant la promotion de politiques inclusives pour qu’elles participent à toutes les étapes de la consolidation de la paix. Les femmes sont touchées de manière disproportionnée par les conflits, a-t-il remarqué pour justifier le rôle qu’elles devraient jouer dans les étapes du redressement postconflit. Il s’est félicité de l’idée d’utiliser des indicateurs pour suivre les progrès en termes de participation aux efforts entrepris et d’égalité des sexes. En ce qui concerne le dispositif de consolidation de la paix des Nations Unies, il s’est montré favorable à une seule vision et à des objectifs communs en la matière. Le représentant a salué les efforts déployés par le Fonds pour la consolidation de la paix pour promouvoir cette approche intégrée. Le Nigéria estime crucial que l’on prenne des mesures qui permettraient d’évaluer l’impact des activités de consolidation de la paix des Nations Unies, afin d’identifier les lacunes à pallier, a-t-il ajouté. Le Nigéria pense que les Nations Unies doivent améliorer leurs capacités en la matière pour pouvoir évaluer cet impact, a souligné le représentant. Il a salué les efforts déployés par la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour promouvoir une plus grande cohérence au niveau régional. Enfin, il a estimé que le rôle de la CCP demeurait essentiel pour accompagner le développement inclusif d’un pays sortant de conflit. Il a à cet effet demandé aux parties prenantes de renforcer leurs activités avec la CCP.
M. ALEXIS LAMEK (France) a constaté que la « question complexe » débattue aujourd’hui par le Conseil de sécurité n’avait pas trouvé de réponse satisfaisante, nonobstant les progrès indéniables accomplis pour mieux comprendre les défis rencontrés en matière de consolidation de la paix et, à cet égard, mieux coordonner les efforts de la communauté internationale. Il a notamment constaté que la coordination des stratégies de consolidation de la paix avec les bailleurs demeure un défi.
Le représentant a ensuite indiqué que la simultanéité de l’examen du dispositif de consolidation de la paix et des opérations de maintien de la paix est particulièrement opportune. Il a insisté sur la nécessité de faire en sorte que cet examen soit fermement ancré sur les réalités du terrain, fondé sur l’étude de cas spécifiques et que l’on y privilégie la substance. Il a aussi parlé de l’articulation et du séquençage entre les différentes missions de l’ONU, ainsi que de la nécessité de veiller à la cohérence de l’action internationale et d’assurer un engagement à long terme, notamment dans les domaines de la justice transitionnelle et de la relance économique. Répondre aux défis à long terme représente un enjeu de taille, a-t-il souligné.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a salué les efforts menés en faveur de la consolidation de la paix, mais a jugé contreproductif de mettre un accent excessif sur l’égalité entre les sexes et les droits de l’homme, ces questions n’ayant pas un lien direct avec les causes des crises. Il a jugé important que les États reçoivent une aide pour renforcer leurs efforts de sortie de conflit. Il faut cependant que cette aide respecte les besoins et reçoive l’assentiment de ces pays, a-t-il rappelé, insistant sur le respect de la souveraineté nationale et de l’indépendance politique de ces pays. Les partenaires de la consolidation de la paix doivent en outre se consulter et coordonner leurs actions, a-t-il ajouté. Pour obtenir des résultats durables, il a conseillé de tenir compte des spécificités des pays sortant de conflit. Si on le ne fait pas, les conflits reprennent, comme on l’a vu en République centrafricaine et au Soudan du Sud. Dans ces pays, a-t-il dit, des priorités ont été définies par des forces extérieures et non par les principaux concernés. Il a aussi regretté l’éparpillement des ressources et l’empiètement sur les capacités de certains acteurs qui ont été observés.
Le représentant de la Fédération de Russie a estimé qu’à ce jour, les activités de consolidation de la paix sont caractérisées par la fragmentation des efforts, un partage irrationnel des tâches, et un manque de financement. Il a donc plaidé en faveur de la mise en place d’un mécanisme destiné à assurer le financement des mesures qui sont urgentes et en faveur du développement des pays sortant de conflit, et il a souligné l’importante contribution que verse annuellement son pays au Fonds pour la consolidation de la paix. Concernant l’examen du dispositif de consolidation de la paix de l’ONU, il a espéré qu’il confirmerait son caractère central et formulerait des objectifs concrets et réalisables, tout en respectant les prérogatives des autres organes, comme cela est prévu dans la Charte des Nations Unies.
M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a déclaré qu’il était conscient des revers et des défis qui se posent actuellement à la consolidation de la paix dans des pays comme la République centrafricaine, qui est un cas qui rappelle que la lutte contre les causes profondes de la sortie d’un conflit et d’une rechute dans l’instabilité continuent d’être un défi important à relever par le système des Nations Unies. Le Venezuela partage la décision d’évaluer la performance du dispositif de maintien de la paix des Nations Unies et réaffirme, à cet égard, l’importance de toujours prendre en considération le rôle central du respect des principes de souveraineté et d’autodétermination, a-t-il dit. Le représentant a ensuite rappelé que son pays a contribué de manière significative aux efforts de consolidation de la paix en Haïti, après le tremblement de terre de 2010, en annulant une dette de 395 millions de dollars et en offrant à Haïti une aide de plus de 3 milliards et 35 millions de dollars pour la reconstruction du pays au cours de la période entre 2010 et 2014. Il a indiqué que la consolidation de la paix ne pourra être une réussite que si les causes profondes des confits sont correctement traitées. Le développement inclusif et l’élimination de toutes les formes d’exclusion ou de discrimination sont les exigences sous-jacentes à la réalisation d’une société pacifique et prospère, a estimé le représentant.
Mme DINA KAWAR (Jordanie) a souligné que les processus de consolidation de la paix et de maintien de la paix sont indissociables, et elle s’est félicitée de la conduite, de manière simultanée d’un examen du dispositif soutenant chacun de ces deux domaines. Elle a constaté que les missions de consolidation de la paix, majoritairement à composante civile, sont mieux à même d’être acceptée par les populations locales. Elle a jugé nécessaire de prendre en compte, dans le cadre de la consolidation de la paix, les aspirations et l’environnement régional des pays sortant d’un conflit, ainsi que l’ampleur des défis auxquels ils font face. La représentante a appelé au renforcement des trois principaux organes chargés d’assurer la consolidation de la paix, estimant notamment que la conduite d’un examen décennal en la matière doit permettre de combler les lacunes qui ont entravé le travail de ce dispositif dans le passé. La représentante a notamment évoqué à cet égard les financements limités et bien souvent insuffisants, l’absence de volonté politique, ainsi que le manque d’une coopération sérieuse de la part des pays concernés. Elle a aussi indiqué que la Jordanie attache une grande importance à la contribution des femmes à la consolidation de la paix et a appelé à ce que ces dernières reçoivent une formation adéquate. La représentante de la Jordanie a par ailleurs suggéré la création de missions spécialisées dans des domaines précis.
M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a mis l’accent sur la nécessité de bien définir les priorités nationales des pays où intervient la Commission de consolidation de la paix (CCP), et d’y assurer le renforcement des institutions nationales et l’aide internationale. Il incombe aux pays concernés de définir eux-mêmes leurs priorités, a-t-il rappelé. La mise en place de politiques d’ouverture doit faire partie des efforts de consolidation de la paix, a-t-il insisté, citant en exemple la Tunisie. Il a aussi soutenu la forte participation des femmes et des jeunes dans les activités de consolidation de la paix, ce qui exige une autonomisation économique de ces personnes. Pour ce qui est du renforcement des institutions, il a mis l’accent sur la restauration de l’autorité de l’État et la fourniture de services de base à la population. Le représentant a salué le renforcement des capacités au Soudan du Sud, en Côte d’Ivoire et au Libéria. En République démocratique du Congo (RDC), le rétablissement de l’autorité de l’État dans les régions précédemment contrôlées par les groupes armés est essentiel, a-t-il estimé, ainsi que la bonne gestion des ressources naturelles et la transparence. Le représentant du Tchad a plaidé en faveur d’un appui multiforme, notamment financier et technique, à la consolidation de la paix. Il a salué le Fonds pour la consolidation de la paix, avant d’appeler les institutions financières internationales et les partenaires internationaux à continuer d’appuyer les pays sortant de conflit. Il s’est par ailleurs inquiété des incidences de la criminalité internationale et de la maladie à virus Ebola qui continuent d’entraver les efforts de consolidation de la paix.
M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a déclaré que l’ouverture, le renforcement des institutions et l’appui soutenu de la communauté internationale sont des éléments fondamentaux pour aider les pays à sortir d’un conflit. Il a regretté les situations dans lesquelles on a observé une reprise des conflits et a estimé que les efforts déployés par l’ONU en matière de consolidation de la paix méritent d’être améliorés afin de les rendre plus cohérents. Il a appelé à une meilleure coordination des efforts déployés par l’ONU, ainsi qu’au renforcement des relations entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité, moyennant notamment la tenue de davantage de dialogues entre ces deux organes. Le représentant a aussi estimé que le rôle des femmes dans le déroulement des différents processus de consolidation de la paix mérite d’être renforcé. L’engagement régional est également essentiel, d’où l’importance de la participation des organisations régionales et sous-régionales, a-t-il ajouté.
Le représentant de la Malaisie a d’autre part évoqué l’importance de la mobilisation des fonds et du renforcement de la capacité des pays à créer leurs propres sources de revenus. Il a appelé les États Membres à fournir des programmes de formation aux ressortissants de pays sortant de conflit pour y renforcer l’administration et la gouvernance.
Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a salué le prochain examen du dispositif de consolidation de la paix, qui est une opportunité de proposer des recommandations concrètes sur son fonctionnement, ses ressources, et ses modes d’engagement. La représentante a ensuite demandé que ce processus puisse établir des synergies positives entre l’examen des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et les missions politiques spéciales, entreprises par le Secrétaire général, et l’examen de haut niveau mené par le Conseil de sécurité afin d’évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. Elle a ajouté que le renforcement des institutions nationales est la clef de réussite de la transition du conflit à la paix durable. En outre, le renforcement de la résilience des États, la création d’institutions légitimes, responsables et efficaces, et la consolidation de l’état de droit, sont une entreprise de longue haleine, qui nécessite à la fois leadership national et appropriation, ainsi que beaucoup d’attention et un appui international soutenu, dit la représentante.
Elle a poursuivi son intervention en déclarant que l’inclusivité est un autre aspect crucial de la consolidation de la paix durable. En particulier, les femmes et les jeunes peuvent, et doivent jouer un rôle actif dans la résolution des conflits et dans les efforts de consolidation de la paix qui suivent. Lorsque les efforts de consolidation de la paix sont fondés sur des consultations inclusives de la société, où des mécanismes crédibles et viables pour une participation efficace et large du public existent, et où aucun groupe ou segment de la société n’est exclu ou marginalisé, plus de légitimité et de confiance naissent envers l’État et ses institutions. La représentante a ajouté que la réussite de la transition qui mène du conflit vers le développement durable demande que les questions de la justice et de la reddition de compte soient sérieusement traitées. Elle a averti que l’incapacité à assurer la justice et à mettre fin à l’impunité peut saborder les efforts de consolidation de la paix après les conflits et, éventuellement, raviver le conflit lui-même.
M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a formulé l’espoir que l’examen du dispositif de consolidation de la paix de l’ONU permettra de dégager des stratégies destinées à améliorer son efficacité sur la base des enseignements tirés. Il a souligné que la consolidation de la paix est un processus à long terme qui exige une attention soutenue et une approche holistique. Les stratégies développées doivent se fonder sur une connaissance approfondie de la réalité sur le terrain, de manière à identifier les causes structurelles des conflits, a commenté le représentant qui a par ailleurs insisté sur la nécessité de mener un dialogue politique inclusif. Il a également souligné que les États sortant d’un conflit doivent être dotés d’institutions capables de répondre aux besoins de leurs citoyens et considérées comme légitimes, responsables et efficaces.
L’appropriation nationale est essentielle, et il faut en outre donner une impulsion au rapprochement, à la cohérence et à la coordination entre les acteurs nationaux, internationaux et régionaux, a par ailleurs indiqué le représentant de l’Espagne. Il a aussi estimé que la CCP doit maintenir l’attention des acteurs internationaux sur la situation des pays sortant d’un conflit. Il s’est ensuite félicité du fait qu’en Afrique, les organisations régionales et sous-régionales assument de plus en plus de responsabilités en matière de consolidation de la paix. Enfin, le représentant a jugé capital de veiller à ce que l’examen du dispositif de maintien de la paix de l’ONU se fasse de manière coordonnée.
M. JIM McLAY (Nouvelle-Zélande) a encouragé le groupe d’experts chargé d’examiner le dispositif de consolidation de la paix à formuler des recommandations ambitieuses et à coordonner ses activités avec celles de l’Examen de haut niveau des opérations de paix des Nations Unies. Il a plaidé en faveur de l’adoption d’approches pragmatiques, basées sur des études de cas. Il a appuyé l’idée du Secrétaire général que les travaux de consolidation de la paix des Nations Unies doivent être « intégrés et cohérents ». M. McLay a aussi plaidé en faveur de la coordination des efforts des acteurs du domaine de la consolidation de la paix, suggérant de mener une étude comparative des avantages respectifs de tous les acteurs, dont ceux du système des Nations Unies, afin d’éviter les doublons. M. McLay a ensuite soutenu l’idée de renforcer le rôle des acteurs régionaux en termes de consolidation de la paix. Il a demandé de renforcer la capacité de l’ONU à identifier rapidement les besoins et à déployer l’expertise nécessaire à la consolidation de la paix sur un théâtre d’opérations donné. Il faut aussi, a-t-il ajouté, planifier avec soin la transition entre maintien et consolidation de la paix, en s’appuyant sur l’expérience du Timor-Leste. Le moment est venu, a estimé M. McLay, d’examiner les moyens de renforcer les liens entre le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix. Il a, à cet égard, souhaité que le Conseil de sécurité utilise davantage les informations et l’expertise de la Commission. Enfin, il a conseillé à l’équipe d’examen de s’appuyer sur les travaux accomplis par le « G7+ », mené par le Timor-Leste.
M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a estimé que l’expérience de la Somalie et du Soudan du Sud devrait permettre de tirer des enseignements précieux sur le fonctionnement du dispositif de maintien de la paix de l’ONU. Il a constaté que le contexte dans lequel l’ONU fournit un appui au maintien de la paix avait évolué. On demande de plus en plus souvent à l’ONU de soutenir, par exemple, des institutions politiques, et près de 90% du personnel des opérations politiques spéciales de l’ONU travaillent dans des pays en proie à un conflit encore intense, a-t-il relevé. Le représentant s’est aussi inquiété de l’augmentation de la criminalité transnationale organisée, et de son impact sur la conclusion d’accords politiques durables. Il a également fait observer que lorsqu’un conflit s’achève, il n’y a bien souvent pas de cadre de règlement précis mis en place.
Le représentant du Royaume-Uni a regretté que la communauté internationale adopte une approche technique pour aider les pays sortant d’un conflit, en appuyant, par exemple, la construction d’un commissariat ou autre infrastructure. Il a averti que cette stratégie se soldera par un échec et a appelé à l’adoption d’une stratégie unique, cohérente et intégrée. En outre, a-t-il ensuite estimé, même si l’appropriation et l’autonomisation nationales sont importantes, « il faut être lucide quant à leurs limites », notamment dans les situations où l’État s’est effondré. Le délégué a ensuite appelé les États Membres à contribuer au Fonds pour la consolidation de la paix et à accorder davantage d’attention à la prévention des conflits.
M. LIU JIEYI (Chine) a dit que sa délégation appréciait les résultats atteints par les Nations Unies ces dernières années en matière de consolidation de la paix, notamment en Sierra Leone, au Timor-Leste et en Haïti. Il a félicité en particulier la Commission de consolidation de la paix (CCP) pour le travail qu’elle a accompli. On peut cependant encore améliorer le système de consolidation de la paix de l’ONU, a-t-il néanmoins estimé. Il a suggéré à cet effet de mieux respecter le leadership des pays intéressés, en suivant le principe d’appropriation nationale. Le programme de travail de la CCP doit être élaboré en mettant l’accent sur les efforts et le dynamisme des pays concernés, a-t-il ajouté. La Chine pense qu’il faut établir une synergie entre les parties intéressées et les autres parties compétentes, a indiqué le représentant. Il a aussi recommandé à l’ONU d’appuyer les gouvernements, qui jouent un rôle central dans les décisions à prendre en matière de consolidation de la paix. Il a aussi recommandé de renforcer la gestion intégrée du dispositif de consolidation de la paix, en vue d’augmenter son efficacité. Le représentant a ensuite noté que l’objectif ultime est d’aider les pays à développer leurs propres capacités. Il a parlé des outils qui peuvent être introduits pour obtenir des effets rapides et tirer au plus vite les dividendes de la paix. Le Fonds pour la consolidation de la paix devrait jouer un rôle plus important à cet égard, a-t-il estimé. S’agissant de l’examen du dispositif de consolidation de la paix entrepris cette année, il a espéré qu’il s’effectuerait sur la base du consensus.
M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola) a souhaité que l’examen du dispositif de consolidation de la paix permette de mieux comprendre les insuffisances actuelles et de formuler des recommandations pour améliorer le système et le rendre plus efficace. Le représentant a souligné que la réussite de la consolidation de la paix dépend de la bonne foi des parties prenantes. Il a expliqué qu’en Angola, la consolidation de la paix avait reposé sur l’élargissement et le rétablissement de l’autorité de l’État dans l’ensemble du pays. Les efforts déployés par les autorités angolaises pour intégrer les anciens adversaires dans la vie du pays ont joué un rôle décisif pour assurer le succès de l’édification de la nation, de même que la participation des femmes et des opposants politiques, le désarmement, la démobilisation, et la réinsertion de plus de 100 000 ex-combattants et militaires dans la vie civile.
Le représentant de l’Angola a estimé que les institutions régionales et sous-régionales doivent faire partie intégrante des efforts de consolidation de la paix. Il a notamment souhaité que l’examen de 2015 soit l’occasion de se pencher sur les relations entre l’Union africaine (UA), notamment son Conseil de paix et de sécurité, et l’ONU. Il a également jugé nécessaire d’établir plus de synergies entre le maintien et la consolidation de la paix.
M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a prévenu du problème que représente la « passivité face aux risques de conflit » et a dénoncé « le cynisme qui part du principe que, dans certains endroits, il faut se battre ». Il a appelé à prendre des mesures pour que les pays sortant de conflit n’y retombent pas. « Ensemble, nous pouvons modifier les comportements et empêcher ce qui est considéré comme inévitable par certains », a-t-il dit. Il s’est félicité des progrès réalisés en Tunisie, en Guinée et en Côte d’Ivoire, ainsi qu’en Sierra Leone, où trois élections crédibles se sont tenues depuis 2002, et où les nouvelles institutions contribuent à responsabiliser le Gouvernement à l’égard des citoyens. Il a en outre noté que l’appui des Nations Unies à certains secteurs et institutions, notamment les femmes, a permis d’augmenter la participation de celles-ci aux élections sierra-léonaises. Le représentant a aussi apprécié que des fonds aient été consacrés à la participation des femmes à la consolidation de la paix au Népal, ce qui y a permis de réels progrès. En Guinée, la création d’un centre de situation des femmes a permis d’augmenter la participation de celles-ci aux élections, a-t-il noté. Il a aussi salué la création des centres pour les enfants en Côte d’Ivoire et les progrès accomplis au Kirghizistan. Il a regretté, dans l’ensemble, le manque d’attention et de financement en faveur de la participation des femmes à la consolidation de la paix.
Venant à la menace que constitue l’épidémie d’Ebola pour la paix et la sécurité internationales, il a salué les efforts déployés par l’ONU pour y faire face. Si la CCP peut coordonner les efforts d’assistance à la consolidation de la paix, il faut cependant noter que ces efforts ont été moins efficaces dans certains cas, comme au Soudan du Sud, a poursuivi le représentant. Il a demandé que les auteurs des carnages perpétrés dans ce pays soient tenus responsables de leurs actes. En ce qui concerne la République centrafricaine, nous avons manqué de vision, a-t-il ensuite remarqué, malgré le niveau d’engagement international ultérieur à l’éclatement de la crise. En conclusion, le représentant a suggéré à la communauté internationale de demander des comptes aux acteurs de la consolidation de la paix. Il a espéré que des recommandations concrètes seraient formulées par le groupe d’experts chargé de l’examen du dispositif de consolidation de la paix et a aussi plaidé en faveur de l’inclusion des femmes dans ce dispositif.