Soixante-dixième session,
24e séance – matin
CPSD/602

Quatrième Commission: sombres perspectives dans le contexte actuel d’escalade des tensions et de la violence entre Israéliens et Palestiniens

La Commission adopte un projet de résolution sur les missions politiques spéciales et un projet de décision sur la question de Gibraltar

Les perspectives d’un accord israélo-palestinien négocié sont sombres et la situation sur place laisse craindre une troisième intifada, a averti ce matin la représentante du Pakistan alors que la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) achevait son débat général sur les « pratiques israéliennes affectant les droits du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés ».

Les principales sources d’inquiétudes évoquées cette année dans le rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes ont largement été reprises par les délégations qui sont intervenues ce matin.  Qu’il s’agisse de l’expansion continue des colonies de peuplement, de la violence commise par les colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, de l’impunité dont ils bénéficient, de l’usage excessif de la force par les Forces de sécurité israéliennes, des tensions autour du mont du Temple/de la mosquée Al-Aqsa, de la situation des détenus palestiniens, y compris les arrestations d’enfants traduits en justice devant des tribunaux militaires, de l’implication de compagnies privées dans les colonies de peuplement et les territoires occupés ou encore de la situation des droits de l’homme à Gaza, les délégations ont été unanimes à condamner ces pratiques.  Toutes ces questions constituent la « toile de fond contextuelle » de la grave escalade de la violence des dernières semaines en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est, une violence que la délégation israélienne reproche à l’Autorité palestinienne de ne pas vouloir assumer.

L’escalade des tensions sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est a été assimilée à une tentative israélienne de changer le statu quo historique des lieux saints de Jérusalem, notamment par le représentant des Maldives, alors que le représentant du Groupe des États arabes dénonçait les sacrilèges contre ces lieux de culte musulmans et chrétiens.

Face à cette attitude et aux pratiques israéliennes, le représentant du Groupe des États arabes, à l’instar de la plupart des intervenants, a exigé de la communauté internationale qu’elle force Israël à respecter la légalité internationale inscrite dans les résolutions et qu’elle se dote d’un calendrier pour mettre un terme à l’occupation des territoires occupés.  La solution à deux États -Palestine et Israël- vivant côte à côte dans les frontières de 1967 avec Jérusalem/Al-Qods pour capitale de la Palestine reste la solution pour une paix juste et durable à laquelle les délégations ont renouvelé leur soutien.  Pour les Émirats arabes unis, il ne fait pas de doute que l’absence d’une solution juste à ce conflit est le principal catalyseur pour les forces terroristes et extrémistes dans la région.

Sommant Israël de respecter le droit international, le représentant de l’Équateur a fait valoir que « la légitimité est au-delà de la signature de traités et d’accords.  Elle s’acquiert par des démonstrations tangibles de respect de ces accords et non pas par la force.  La négation de l’autre est aussi une négation de soi et, dans de telles circonstances, il n’y a pas de vainqueur, seulement des perdants ».

La Quatrième Commission a par ailleurs adopté, sans vote, son projet de résolution sur les missions politiques spéciales et son projet de décision sur la question de Gibraltar.

En outre, les trois derniers intervenants sur le point de l’ordre du jour resté en suspens relatif aux opérations de maintien de la paix ont eu l’occasion de s’exprimer.

La Quatrième Commission tiendra sa dernière réunion le mardi 17 novembre, à 10 heures.  Elle se prononcera alors sur tous les projets de résolution ou de décision encore en instance.

RAPPORT DU COMITÉ SPÉCIAL CHARGÉ D’ENQUÊTER SUR LES PRATIQUES ISRAÉLIENNES AFFECTANT LES DROITS DE L’HOMME DU PEUPLE PALESTINIEN ET DES AUTRES ARABES DES TERRITOIRES OCCUPÉS (A/70/406, A/70/406/CORR.1, A/70/341, A/70/133, A/70/351, A/70/421 ET A/70/312)

Déclarations

M. ABDALLAH AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite), s’exprimant au nom du Groupe des États arabes, a fait part de sa vive préoccupation face à l’escalade dangereuse de la violence et aux mesures provocatrices des autorités et des colons israéliens, ainsi que de la persistance de la violation des droits de l’homme.  Les colons commettent des crimes qui sont des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, a-t-il affirmé, précisant que les rapports indiquaient qu’Israël, force d’occupation, continuait à violer les droits de l’homme et à utiliser excessivement la force contre les Palestiniens.  Le représentant a dénoncé des actes de torture, des détentions arbitraires et des meurtres de sang-froid, y compris contre les enfants et les femmes enceintes, de même que les sacrilèges contre les lieux de culte musulmans et chrétiens, qui portent atteinte à l’identité historique de Jérusalem, actes illégaux qu’il ne faut pas ignorer.

Le représentant a demandé des mesures immédiates pour que le Gouvernement israélien cesse ces exactions, rappelant qu’il en est responsable pénalement.  Les expulsions forcées, la confiscation des biens, la discrimination raciale et l’apartheid, la colonisation illégale, l’édification du mur de séparation, l’exploitation des ressources des Palestiniens menacent toute volonté de paix, y compris de la communauté internationale, a-t-il rappelé.  Il a félicité les gouvernements ayant pris des décisions pour empêcher leurs ressortissants d’acheter des biens produits dans les colonies et a demandé aux autres de faire de même.  Il a dénoncé l’embargo injuste contre la bande de Gaza, qui provoque une aggravation de la pauvreté et le chômage, et la politique arbitraire en Cisjordanie, qui restreint la liberté de mouvement.

Ces violences continues d’Israël et le grand nombre de victimes palestiniennes sont une preuve qu’Israël n’a pas assumé ses responsabilités pour garantir la sécurité du peuple palestinien, a-t-il déclaré, appelant à la protection internationale directe du peuple palestinien conformément à la Quatrième Convention de Genève.  Le Groupe des États arabes soutient pleinement le peuple palestinien et se tient à ses côtés dans sa résistance aux pratiques israéliennes dangereuses.  Le représentant a encore déclaré qu’il fallait forcer Israël à respecter les résolutions de la légalité internationale et se doter d’un calendrier pour mettre un terme à l’occupation des territoires occupés, qu’Israël devait se retirer sur la frontière de 1967, ceci afin d’instaurer une paix juste et durable et un État palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale.

Mme NAEEMA ALMUSHARRAK (Émirats arabes unis) a regretté que le rapport du Comité spécial ne documente que certaines des pratiques israéliennes « dangereuses » que subit le peuple palestinien, mais pas toutes ces pratiques, du fait du refus continu d’Israël de coopérer avec ce Comité et de lui permettre de se rendre dans le Territoire occupé.  La représentante a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle fasse pression sur Israël à la fois pour qu’il coopère avec le Comité spécial mais également pour qu’il donne suite à ses obligations en vertu du droit international et du droit humanitaire international.

L’augmentation notoire du nombre de prisonniers et détenus palestiniens dans les centres de détention israéliens et les mauvais traitements qu’ils y subissent, les détentions arbitraires d’enfants palestiniens qui sont parfois condamnés à 20 ans d’emprisonnement, les démolitions de maisons palestiniennes, la confiscation de terres, les transferts forcés de familles en Cisjordanie, en particulier à Jérusalem-Est, la menace de retirer le statut de « résident permanent » aux Palestiniens vivant à Jérusalem-Est, les obstacles posés à l’accès à l’aide humanitaire ou encore la poursuite des activités de peuplement et la violence des colons à l’égard des Palestiniens sont tous des facteurs de préoccupation pour les Émirats arabes unis.

Mme Almusharrak n’a pas manqué d’évoquer l’usage excessif de la force par les forces d’occupation israéliennes et la situation grave des civils dans la bande de Gaza, qui découle directement, selon la représentante, du bouclage qui y est imposé comme mesure de punition collective.  L’exploitation illégale des ressources naturelles du territoire palestinien par des compagnies israéliennes est également contraire au droit international, a-t-elle poursuivi.  Toutes ces pratiques ont mené à une situation « explosive » et une escalade des tensions, a encore affirmé la représentante, qui a réitéré son appel aux Nations Unies pour qu’elles assurent la protection du peuple palestinien et de ses biens. 

S’agissant des tentatives de diviser les lieux saints de Haram al-Charif, Mme Almusharrak a indiqué que, lors de la session d’urgence de la Ligue des États arabes, cette semaine, le Ministre des affaires étrangères des Émirats arabes unis. avait déclaré que la cause palestinienne restait prioritaire pour tous les Arabes, et que l’absence d’une solution juste à ce conflit était le principal catalyseur pour les forces terroristes et extrémistes dans la région.  Aussi, la délégation des Émirats arabes unis, prie-t-elle, le Conseil de sécurité et, le Quatuor et leurs partenaires de la région de faire tout leur possible pour sauver le processus de paix et mettre un terme à l’occupation israélienne dans le territoire occupé, y compris le Golan syrien occupé.  La seule alternative est la solution des deux États, dans les frontières de 1967 avec Jérusalem pour capitale de l’État de Palestine, a rappelé la représentante.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a déploré qu’Israël persiste à ne pas coopérer avec le Comité spécial et refuse toute enquête internationale pour vérifier la situation sur le terrain.  Elle a dénoncé la répression brutale contre des civils palestiniens innocents, y compris des femmes et des enfants, les restrictions aux droits, la terreur, le harcèlement par les colons et la provocation autour des sites sacrés.  Elle s’est inquiétée des perspectives sombres quant à un accord négocié et a estimé qu’une troisième intifada se profilait.  De plus, le bouclage illicite de Gaza empêche tout effort de reconstruction et la pratique de sanctions collectives se poursuit.  La nouvelle législation discriminatoire, qui cible les mineurs palestiniens, les arrestations de parents de militants politiques et la persécution physique et mentale de la jeunesse n’ont fait qu’accroître le sentiment de peur.

Comment le Conseil de sécurité peut-il continuer à ne rien dire, a lancé la représentante.  Mme Lodhi a estimé que la seule solution est politique, avec la fin de l’occupation et la création d’un État palestinien indépendant, dans les frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale.  En conclusion, elle a remercié l’ Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour son travail, soulignant que ses besoins financiers devaient trouver un écho et que les promesses faites au lendemain du conflit, l’année dernière, devaient être tenues.

M. MAHLATSE NMINELE (Afrique du Sud) a mis l’accent sur l’escalade de la tension et de la violence dans le territoire palestinien occupé, en particulier à Jérusalem-Est.  Ces tensions sont responsables, à ce jour, de 73 morts palestiniens et 2 360 blessés, de 11 morts israéliens et 150 blessés, et de plus de 1 500 Palestiniens arrêtés, a rappelé le représentant.  L’Afrique du Sud condamne toute violence, indépendamment de qui la commet et présente ses sincères condoléances aux familles des victimes.  Elle dénonce les tentatives de changer le statu quo des lieux saints et appelle les parties à la retenue.  Pour l’Afrique du Sud, il est urgent de régler le conflit israélo-palestinien, qui a pour raison centrale l’occupation israélienne.  L’Afrique du Sud condamne les activités de colonisation menées par Israël depuis 1967, qui sapent la continuité territoriale du futur État de Palestine et qui sont contraires au droit international.  S’agissant des actes d’agression perpétrés par les colons contre la population civile palestinienne, le représentant a exigé des enquêtes et poursuites judiciaires et a dénoncé la poursuite des activités de peuplement par Israël.  L’Afrique du Sud exige, en outre, la levée du bouclage illégal de la bande de Gaza et de l’occupation du territoire palestinien occupé, ce qui contribuerait à la stabilité de la région.  Elle soutient la solution de deux États indépendants, vivant côte à côte dans la paix dans les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale de la Palestine.

M. ABDULAZIZ AL JARALLAH (Koweït) a rappelé que le rapport du Comité spécial indiquait clairement qu’Israël poursuivait ses agressions contre le peuple palestinien et les autres Arabes des territoires occupés, soulignant que les conditions humanitaires, économiques et sociales étaient alarmantes.  Israël défie le droit international en poursuivant ses activités de colonisation illégale, preuve de son intransigeance et de la non-crédibilité de ses prétendus efforts pour parvenir à une solution politique juste et durable, a estimé le représentant.

M. Al Jarallah a également évoqué « l’agression injuste » contre Gaza, l’été dernier, qui a fait encore plus de victimes que toutes les opérations précédentes, estimant qu’il fallait choisir entre le droit international ou imposer la force dans un climat d’impunité.  Le représentant a réaffirmé son appui à la lutte du peuple palestinien pour recouvrer ses droits légaux avec un État indépendant ayant Jérusalem pour capitale, précisant qu’il fallait fixer un calendrier à cette fin.  Il a également apporté son soutien à l’État de Palestine pour qu’il obtienne un statut de membre à part entière de l’ONU.  Par ailleurs, il a appelé à la libération des prisonniers et à l’envoi d’une commission d’enquête internationale sur les conditions de détention.  Le représentant a également dénoncé le blocus inhumain de la bande de Gaza qui se poursuit en violation d’une résolution du Conseil de sécurité, soulignant qu’il était important que la communauté internationale assume ses responsabilités en obligeant Israël à mettre en œuvre ses recommandations, à cesser ses violations des droits humains et à respecter les résolutions.

M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a déploré le manque de coopération d’Israël avec les membres du Comité spécial.  Le rapport de ce Comité nous rappelle que la Palestine continue à faire face à un blocus économique criminel qui étrangle son peuple et le force à vivre dans des conditions infrahumaines, en raison de l’occupation illégale de ses terres, de la négation du droit à la libre circulation, de la destruction de ses infrastructures et de ses récoltes, a-t-il souligné.  Cette occupation a fait, en 2014, plus de 2 200 morts palestiniennes et 10 670 blessés; elle a détruit 25 000 maisons et entraîné le déplacement de 500 000 personnes; et l’année 2015 est pire encore, a lancé le représentant.  M. Jiménez a appelé la communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, à éviter l’escalade, à exiger le respect de la liberté religieuse, à faire cesser l’incitation aux conflits religieux, à la violence et à l’extrémisme.  Il a exprimé sa solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens, en particulier les femmes et les enfants, soumis à de mauvais traitements dans les prisons israéliennes et demandé leur libération.  Il a apporté son soutien à la création d’un État palestinien dans les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, ainsi qu’à une solution juste et durable à deux États.

M. LARBI DJACTA (Algérie) a relevé les difficultés rencontrées par le Comité spécial dans ses travaux du fait de l’absence de coopération d’Israël, alors même que le représentant israélien a demandé, dans cette même enceinte, que des enquêtes du même type soient menées dans d’autres territoires.  L’Algérie dénonce les violations systématiques des droits de l’homme des Palestiniens depuis plusieurs générations.  Elle regrette qu’au fur et à mesure des progrès technologiques, Israël n’hésite pas à s’en servir contre le peuple palestinien, qu’il arme ses colons et facilite leur violence.  Il a également dénoncé le siège de Gaza, devenu une « prison à ciel ouvert » pour les Palestiniens.  « Pourtant les paramètres pour une solution existent », a estimé le représentant.  Il faut mettre un terme à l’occupation des territoires palestiniens et permettre au peuple palestinien de créer son propre État avec tous les critères que cela implique, a conclu le représentant.

M. MINA RIZK (Égypte) a fait part de sa préoccupation quant aux activités de colonisation de la part d’Israël mentionnées dans le rapport du Comité spécial, indiquant qu’elles détruisaient toutes les chances de solution à deux États.  Il a souligné que les attaques contre les sites sacrés étaient sans précédent et avaient un effet dévastateur sur le processus de paix, ajoutant que cela contribuait à renforcer les organisations extrémistes et terroristes auprès de la jeunesse.  Il a en outre condamné l’occupation du Golan syrien et appelé Israël à retirer immédiatement ses troupes sur les frontières de juin 1967.

M. JOSÉ EDUARDO PROAÑO (Équateur) a déploré que le rapport du Comité spécial mette une fois de plus en évidence le double standard caractérisant la façon dont l’ONU aborde les sujets les plus essentiels.  Il est ainsi préoccupant que, d’un côté, les rapports relatent la même situation à laquelle sont confrontés l’État de Palestine, son peuple et les autres territoires arabes occupés et, de l’autre côté, les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité restent ignorées.  Les violations du droit international en Palestine et dans les autres territoires arabes occupés, caractérisées par l’occupation par la force, l’usage disproportionné de la force contre la population civile, le blocus de Gaza, les colonies, le traitement inhumain des prisonniers palestiniens et arabes, sont devenues habituelles et l’ONU n’est pas en mesure de les faire cesser. 

La communauté internationale, y compris Israël, devrait se demander si la Puissance occupante a réussi à obtenir, à travers ses actions de nature militaire, une paix légitime avec le monde arabe, avec l’Islam et avec le Moyen-Orient, a fait observer le représentant.  Pour lui, la réponse est évidente: ignorer la loi et rechercher une solution par l’usage de la force sert seulement à enraciner le ressentiment, à accentuer la méfiance, à semer le chaos, la destruction et la mort, à encourager la violence.  La légitimité, qui est au-delà de la signature de traités et d’accords, s’acquiert par des démonstrations tangibles de respect des accords signés et de la loi.  La négation de l’autre est aussi une négation de soi-même et, dans de telles circonstances, il n’y a pas de vainqueur, seulement des perdants, a encore déclaré M. Proaño.  En conclusion, le représentant a souligné que la paix pour Israël et la Palestine passait par la fin de l’occupation militaire et le plein exercice de la souveraineté palestinienne sur son territoire, la démarcation définitive des frontières du territoire palestinien sur la base de celles existant avant juin 1967, la proclamation de Jérusalem-Est pour capitale de l’État de Palestine et le droit au retour des Palestiniens expulsés de leur territoire.

M. AHMED SAREER (Maldives) a rappelé que le rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes dans le territoire palestinien occupé ne faisait que compléter un ensemble de résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité ainsi que de la Cour internationale de Justice qui témoignent de la volonté internationale de mettre fin aux pratiques israéliennes néfastes qui empêchent le peuple palestinien d’exercer son droit à l’autodétermination.  « Les politiques nationales israéliennes violent de manière systématique et flagrante le droit international et représentent un système d’apartheid que plusieurs générations ont déjà subi », a-t-il accusé.  Le bouclage de Gaza, qu’il a assimilé à une forme de punition collective d’une population « déjà mise à terre », est le résultat direct de l’occupation militaire israélienne, a ajouté le représentant.

« À travers l’occupation perpétrée par Israël, ce pays entretient le cycle de la haine, de la peur et de la violence », a poursuivi M. Sareer.  L’État en est directement responsable avec ses démolitions de maisons palestiniennes, les déplacements forcés, l’usage excessif de la force, les confiscations de terres illégales, la violence des colons en toute impunité, les arrestations et détentions arbitraires, y compris de mineurs, a encore ajouté le représentant, pour qui l’occupation n’a jamais été et ne sera jamais la solution.

Les Maldives réaffirment leur soutien à la solution à deux États, la Palestine et Israël, vivant côte à côte sur la base des frontières de 1967 et avec Jérusalem pour capitale de la Palestine.  Elles appellent, en outre, à un retrait immédiat des forces israéliennes de tous les territoires occupés.

Droits de réponse

La représentante d’Israël a remarqué que « chaque année, il y a cette séance absurde qui prouve la connaissance superficielle qu’a la Commission des faits sur le terrain ».  Elle a affirmé qu’une recherche sur Google suffisait à montrer à quel point il y existe des distorsions dans le rapport, dont la seule contribution est de nature destructrice.  La représentante s’est dite ravie que le représentant du Liban ait démontré tant d’intérêts dans les droits des Palestiniens tout en ne se préoccupant pas de la discrimination extrême dont ils souffrent dans les camps au Liban.  Elle a également ironisé le fait que le Hezbollah qui fait l’objet de sanctions internationales siège au Parlement libanais.  Israël reste attaché à la solution des deux États mais l’Autorité palestinienne évite de répondre aux invitations de reprise des négociations directes faites par son gouvernement.  Les autorités palestiniennes refusent, en outre, toute responsabilité par rapport à la vague de violence actuelle, a constaté la représentante, qui s’est dite étonnée de voir comment un représentant d’un régime brutal comme celui de la Syrie puisse se permettre de donner des leçons alors que son propre gouvernement n’hésite pas à utiliser du chlore contre ses propres citoyens.  S’adressant à l’Algérie, Cuba, l’Iran et d’autres délégations, elle leur a souhaité de pouvoir jouir de la même liberté d’expression dans leurs propres pays que celle dont ils jouissent devant cette Commission.

Le représentant de la République arabe syrienne a répondu aux « mensonges » proférés, selon lui, par la représentante de la Puissance occupante.  Après avoir eu à entendre toutes les accusations contre les politiques terroristes d’Israël, elle a pris la parole pour qu’on ne s’intéresse pas à ces crimes, a-t-il affirmé.  Elle parle de la reprise des négociations de paix alors même que la force d’occupation doit être dans « le livre Guinness des records pour ses violations des droits de l’homme dans le territoire occupé ».  Comment peut-elle évoquer les droits de l’homme alors même qu’Israël empêche les organisations des droits de l’homme à accéder au territoire occupé s’est-il interrogé.  Les représentants de la Puissance occupante n’ont pas cessé d’accuser les discussions de cette Commission de politisées, mais qu’en est-il de celles des pays traditionnellement proches d’Israël a-t-il demandé.  Pour sa délégation, Israël doit commencer par voir la réalité en face, en particulier les violations documentées du droit international et du droit international humanitaire qu’il ne cesse de commettre.  Il semblerait pourtant que la représentante israélienne n’est pas au courant de ces pratiques, a-t-il ironisé.

L’observatrice de l’État de Palestine a également répondu à la délégation israélienne et a défendu sa déclaration: les faits exposés ont été établis sans distorsion et sans propagande.  Il s’agit de faits réels, de la tragédie endurée par le peuple palestinien qui vit sous occupation israélienne, même si Israël nie cette occupation. 

Le représentant de la République islamique d’Iran a demandé à la représentante d’Israël, un pays « qui tue des enfants », de se limiter à répondre aux accusations faites ici, notamment celles relatives aux 15 000 Palestiniens qui ont perdu la vie dans la guerre de Gaza de 2014 et les terribles dégâts causés par cette intervention militaire israélienne.  Ce que l’Iran a déclaré au nom du Mouvement des pays non alignés figure dans le rapport du Comité spécial et Israël devrait y répondre, a conclu le représentant.

Reprise du débat général sur les opérations de maintien de la paix

M. TAEDONG KIM (République de Corée) a indiqué que son pays avait organisé une conférence, en juillet dernier, et réuni un groupe d’experts, il y a deux semaines, afin de débattre et de partager les vues communes sur la réforme des opérations de maintien de la paix.  La République de Corée souhaite continuer d’examiner cette question de manière holistique, y compris au sein du Comité des 34, a-t-il indiqué. 

Le représentant s’est ensuite félicité que certaines des lacunes constatées dans le passé, notamment en termes de gestion et d’amélioration des réponses, soient aujourd’hui comblées ou réduites.  Il ne faut toutefois pas oublier que de nombreuses opérations, comme celles de la MINUSCA, de la MINUSMA ou de la MINUSS rencontrent de grandes difficultés à répondre aux défis sur le terrain, a-t-il prévenu.  La République de Corée estime également que le maintien de la paix ne devrait pas relever uniquement des Nations Unies, mais impliquer un renforcement de la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, en particulier l’Union africaine, étant donné que 80% des personnels de maintien de la paix sont déployés en Afrique, a-t-il précisé.

M. GHANA SHYAM LAMSAL (Népal) a rappelé que son pays contribuait depuis 57 ans aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies et a mis l’accent sur les environnements souvent hostiles dans lesquels ces missions sont déployées de nos jours, avec des situations politiques volatiles et avec pour interface un ensemble complexe d’acteurs.  Le Népal salue l’examen de revue des opérations de paix lancé par le Secrétaire général en 2014 et félicite le Groupe de haut niveau pour le processus inclusif de consultations qu’il a mené dans le but de soumettre ses recommandations.  Pour le Népal, le Comité des 34 reste le seul organe intergouvernemental pour discuter des questions relatives au maintien de la paix.  Par ailleurs, une approche holistique de ces questions devrait trouver une combinaison équilibrée entre maintien de la paix et consolidation de la paix, a estimé le représentant.

Avec 5 199 hommes et 169 femmes actuellement déployés dans 15 des 17 missions de maintien de la paix, le Népal a accepté de passer au nouveau concept d’UNPCRS comme seul plateforme pour faire des contributions aux opérations de maintien de la paix à l’avenir, mais exige de la transparence dans la mise en œuvre de ce système.  Dans ce contexte, le représentant a rappelé que, lors du Sommet des leaders du maintien de la paix, le Népal s’était engagé à fournir un nouveau bataillon de déploiement rapide ainsi qu’une compagnie de police et de forces spéciales, entre autres.

M. A. K. M. AKHTARUZZAMAN (Bangladesh), dont le pays est l’un des principaux fournisseurs de contingents de l’ONU, a déclaré que pour le Bangladesh, améliorer l’efficacité des opérations de paix est « un enjeu vital ».  À ce titre, il a évoqué le besoin d’améliorer la capacité de déploiement rapide de l’Organisation et la modernisation des moyens dont disposent les Casques bleus en leur permettant d’utiliser les nouvelles technologies.  Le Bangladesh a ainsi mis en place un Institut de pointe pour le soutien aux opérations de paix et la formation qui vise à devenir un centre d’excellence dans la formation, y compris sur les questions relatives à la protection des civils, à la défense des droits de l’homme, aux compétences linguistiques et à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général, a précisé le représentant.  Par ailleurs, le Bangladesh est l’un des premiers pays à avoir enregistré les engagements pris vis-à-vis du Département des opérations de maintien de la paix dans le nouveau « Système de disponibilité des capacités » du Département, a-t-il indiqué.

Adoption d’un projet de décision

Aux termes du projet de décision sur la question de Gibraltar (A/C.4/70/L.5), adopté sans vote, l’Assemblée générale demanderait instamment aux Gouvernements de l’Espagne et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord d’apporter, dans le prolongement de la Déclaration de Bruxelles du 27 novembre 1984, une solution définitive à la question de Gibraltar, compte tenu des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et des principes applicables et dans l’esprit de la Charte des Nations Unies, tout en tenant compte des intérêts et des aspirations de Gibraltar, qui sont considérés comme légitimes au regard du droit international.  Elle noterait que le Royaume-Uni souhaite conserver le Forum tripartite de dialogue et que l’Espagne considère que le Forum tripartite de dialogue n’existe plus et qu’il faut le remplacer par un nouveau mécanisme de coopération locale au sein duquel les habitants du Campo de Gibraltar et de Gibraltar sont représentés.

En outre, l’Assemblée générale saluerait les efforts déployés par l’une et l’autre parties pour résoudre les problèmes actuels et pour entamer, selon des modalités souples et adaptables, à titre officieux, et selon les besoins, un dialogue réunissant toutes les parties concernées et compétentes, ces efforts visant à trouver des solutions et à progresser sur les questions d’intérêt commun.

Adoption d’un projet de résolution

Aux termes du projet de résolution intitulé Étude d’ensemble des missions politiques spéciales (A/C.4/70/L.14*), adopté sans vote, l’Assemblée générale préconiserait l’intensification des échanges d’information entre elle-même, le Conseil de sécurité et le Secrétariat sur les questions de politique générale intéressant les missions politiques spéciales.  Elle réaffirmerait également les principes d’impartialité, d’assentiment des parties et de maîtrise et de responsabilité nationale, soulignant combien il importe de prendre en compte les vues des pays accueillant des missions politiques spéciales et de dialoguer avec eux.  L’Assemblée générale soulignerait qu’il faut que l’Organisation des Nations Unies continue d’améliorer ses capacités en matière de règlement pacifique des différends, y compris la médiation et la prévention et le règlement des conflits, en vue de maintenir la paix et la sécurité internationales, prenant note de l’augmentation sensible du nombre de missions politiques spéciales et de leur complexité croissante, ainsi que des difficultés auxquelles elles font face.  Elle réaffirmerait aussi le rôle important que jouent les femmes dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix, considérant qu’il importe qu’elles participent effectivement et sur un pied d’égalité et qu’elles soient pleinement associées au règlement pacifique des différends ainsi qu’à la prévention et au règlement des conflits sous tous leurs aspects, à tous les niveaux et à tous les stades.

L’Assemblée générale prierait le Secrétaire général d’instaurer un dialogue régulier, interactif et ouvert à toutes les parties intéressées sur les questions de politique générale relatives aux missions politiques spéciales et engagerait le Secrétariat à se rapprocher des États Membres, avant la tenue de ce dialogue, afin que la participation y soit large et fructueuse.  Elle respecterait le cadre des mandats confiés aux missions politiques spéciales, tels que définis dans les résolutions pertinentes, consciente de la spécificité de chacun de ces mandats et soulignant le rôle qu’elle-même joue dans les débats tenus sur les questions de politique générale intéressant les missions politiques spéciales.

L’Assemblée générale prierait le Secrétaire général de lui présenter, à sa soixante et onzième session, un rapport sur les questions de politique générale intéressant les missions politiques spéciales, qui rende compte notamment des mesures prises pour renforcer dans chacune d’entre elles la transparence, le respect du principe de responsabilité, la représentation géographique, la participation des femmes, les compétences et l’efficacité.

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