Quatrième Commission: multilinguisme et centres d’information sont les instruments privilégiés de promotion des messages et des activités de l’ONU
« Les six langues officielles de l’ONU ne sont comprises et parlées que par 40% de la population mondiale », a rappelé, ce matin, le représentant du Brésil devant la Quatrième Commission (Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation), illustrant ainsi les souhaits exprimés par de nombreuses délégations auprès du Département de l’information des Nations Unies pour un renforcement du multilinguisme dans le cadre de ses activités.
« Le Département de l’information devrait miser sur les langues pour élargir son audience à l’échelle mondiale », a estimé le représentant de l’Inde, alors que son homologue du Burkina Faso a souligné que la communication externe de l’Organisation devait certes se faire dans les six langues officielles, mais aussi dans d’autres langues locales. De l’avis des délégations tunisienne et algérienne, l’universalité des messages de l’ONU passait par le multilinguisme, instrument efficace à leur avis pour renforcer la transparence, l’appropriation et la pérennité des activités de l’Organisation.
Pour les délégations hispanophones, cette exigence du respect du principe de la parité linguistique à l’ONU n’est pas nouvelle puisque, depuis deux ans, le Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies la réclame. Ces délégations partent du principe que la parité linguistique ne peut pas se limiter aux deux langues de travail et que les considérations budgétaires ne doivent pas pouvoir justifier un traitement linguistique discriminatoire, de l’avis notamment du représentant de l’Argentine.
Les délégations qui sont intervenues ce matin ont par ailleurs réclamé le renforcement du réseau des 63 Centres d’information des Nations Unies (CINU) dans le monde, qui sont, selon elles, un relai privilégié pour faire passer les messages de l’Organisation et pour sensibiliser les populations locales aux grandes thématiques transversales de l’ONU dans leurs propres langues. Le représentant du Brésil a rappelé à ce propos que le Centre d’information de Rio de Janeiro, créé en 1947, est aujourd’hui la plus importante source d’information sur l’ONU en portugais.
De leur côté, les représentants du Burkina Faso, du Portugal et de l’Argentine ont souligné la vocation sous-régionale de la plupart de ces Centres, et ont encouragé le Département de l’information à leur fournir les moyens financiers, techniques et humains nécessaires. Le représentant de l’Iran a, pour sa part, estimé que les budgets et effectifs de ces Centres devaient refléter l’importance de leur zone de couverture en termes de surface et de population.
Le problème de la fracture numérique entre pays développés et en développement a également fait l’objet d’un grand nombre d’interventions. C’est ainsi que, tout en saluant l’avènement des nouvelles technologies de l’information et des communications, le représentant colombien n’en a pas moins déploré le manque d’accès ou l’accès limité de nombreux pays en développement à ces outils modernes. Par ailleurs, d’autres délégations, comme celles du Nigéria et de la Côte d’Ivoire, ont demandé au Département de l’information d’accorder la place qu’ils méritent aux moyens de communication traditionnels tels que la radio, la télévision et la presse écrite dans sa stratégie de communication, soulignant que les technologies numériques ne devaient pas s’y substituer, mais en être complémentaires.
La Quatrième Commission se réunira demain, jeudi 29 octobre 2015, à 10 heures, pour conclure son débat général sur les questions relatives à l’information. Elle se prononcera en outre sur les projets de texte portant sur la coopération internationale pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique et sur les questions relatives à l’information.
QUESTIONS RELATIVES À L’INFORMATION (A/70/21 et A/70/220)
Suite du débat général
M. KYAW MYO HTUT (Myanmar) a souligné que la pertinence des Nations Unies serait renforcée si l’ONU pouvait établir des liens avec le grand public, ajoutant que le Département de l’information (DPI) joue un rôle essentiel pour faire passer le bon message auprès de l’opinion publique mondiale. Le Myanmar a organisé une exposition sur l’ONU à l’occasion des 70 ans de l’Organisation, en collaboration avec le Centre d’information, mettant à contribution les réseaux sociaux pour sensibiliser le public. Cependant, ces réseaux peuvent aussi être utilisés de manière négative pour répandre la haine et l’extrémisme, a noté le représentant, qui a encouragé le DPI à promouvoir le dialogue interculturel et la tolérance. Par ailleurs, soulignant que certains pays n’ont pas accès aux technologies de l’information et des communications avancées, le représentant a appelé les pays développés à les aider à réduire la fracture numérique et a encouragé les États Membres à diffuser les informations dans les langues locales pour que le message soit accessible à tous ceux qui ne parlent pas les langues officielles. Concernant le maintien de la paix, une des responsabilités clefs de l’ONU, il s’est félicité que le DPI ait organisé un atelier de communication avec des responsables des opérations de maintien de la paix visant à promouvoir leur importance.
M. ALEXEY ZAYTSEV (Fédération de Russie) s’est réjoui de constater que le DPI faisait des efforts importants pour bien informer le public mondial sur les activités et le rôle de l’ONU. Le soixante-dixième anniversaire de l’Organisation est une occasion de souligner la valeur des principes de la Charte des Nations Unies, a-t-il affirmé, précisant que cet anniversaire avait été observé en Russie dans le cadre du Comité « les 70 ans de l’ONU ». Un timbre commémoratif a été imprimé à cette occasion et des manifestations organisées au niveau local, a indiqué le représentant. Il a par ailleurs souligné la nécessité de l’application du principe du multilinguisme dans toutes les activités de l’ONU et attiré l’attention sur le problème des violations des droits des journalistes, notamment en Europe, citant les noms de journalistes russes ayant été victimes de ce type de traitement. Il a également dénoncé une vague de « désinformation » notamment à l’occasion des Jeux Olympiques de Sotchi ou au sujet de la crise syrienne. La Fédération de Russie approuve le projet de résolution sur les activités de l’ONU dans le domaine de l’information, a-t-il conclu.
M. FAIZ SHAMSI (Libye) a souligné les efforts du Département de l’information (DPI) et le rôle important qu’il joue pour renforcer la prise de conscience et les connaissances quant aux principes et objectifs des Nations Unies, notamment en matière de maintien de la paix. Les médias occupent une place de plus en plus importante dans les différentes sociétés dans le monde, a-t-il affirmé, et le DPI, aussi bien que la Commission, ont une responsabilité majeure dans ce domaine. Il faudrait apporter un soin particulier aux contenus en promouvant la culture du dialogue pour renoncer à la violence et régler les conflits de façon pacifique, ainsi que les objectifs de développement durable, a estimé le représentant, qui a par ailleurs rendu hommage aux programmes concernant la question de la Palestine et à tous les efforts déployés pour éclairer les notions des droits de l’homme.
Mme SONALI SAMARASINGHE (Sri Lanka) a souligné le rôle vital joué par le Département de l’information qui est la « voix de l’Organisation ». À cet égard, elle s’est félicitée que le DPI a renforcé son réseau de Centres d’information, ce qui permet de toucher des populations locales dans leurs langues locales. Elle a également mis l’accent sur la problématique de la fracture numérique, indiquant que les pays en développement sont « laissés en marge ». Le taux de pénétration Internet est passé de 15% en 2005 à plus de 40% aujourd’hui, mais beaucoup reste à faire dans cet « âge numérique », a-t-elle ajouté, affirmant que l’accès au Wi-Fi devrait être un droit universel, mais la réalité est malheureusement toute différente. En cette période de mondialisation intense l’ONU doit parler au nom des populations privées de moyens technologiques de communication modernes, Internet et, par conséquent, respecter le principe du multilinguisme dans toutes ses activités et recourir aux différents médias, y compris traditionnels pour faire passer son message. Dénonçant la politisation de l’information, la représentante a noté que les acteurs étatiques comme non étatiques pouvaient fermer des sites Internet, inciter à la violence sur le Web et diffuser des informations déformées. Sa délégation dénonce toute attaque contre les journalistes, a-t-elle affirmé, indiquant que depuis la prise de fonctionS du nouveau Gouvernement en janvier 2015, son pays s’est doté d’une législation qui prévoit l’ouverture d’enquêtes et la poursuite pénale dans tous les cas d’assassinat et de disparition de journalistes et d’activistes.
M. CARLOS ARTURO MORALES (Colombie) a souligné qu’en cette année du soixante-dixième anniversaire de l’ONU, la mission d’informer sur les activités de l’Organisation prenait une importance particulière. L’information sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 sera essentielle pour mobiliser les acteurs de tous les pays autour d’un objectif commun, à savoir son application centrée sur l’être humain. Si les nouvelles technologies de l’information et des communications ont permis un accès plus large aux informations, il ne faut pas oublier que beaucoup de pays en développement n’y ont pas ou ont peu d’accès, aussi les canaux de communication traditionnels tels que la radio, la télévision et la presse écrite doivent être maintenus, a-t-il fait remarquer. Convaincue de l’intérêt des technologies modernes, la Colombie plaide pour un renforcement de la coopération et de l’assistance technique afin de réduire les fractures technologiques entre les pays, a indiqué le représentant, qui a par ailleurs salué le travail des CentreS d’information de l’ONU et souhaité que leurs équipes soient consolidées, de même que leurs moyens techniques pour parvenir à des résultats mesurables et durables. À titre d’exemple, le représentant a évoqué le travail du Centre d’information de Bogota, qui s’est concentré sur trois domaines: la mise en place des Objectifs de développement durable, la commémoration du soixante-dixième anniversaire de l’Organisation et la Campagne Respira Paz, dans le cadre du processus de paix en cours en Colombie. Le Centre a, par ailleurs, réalisé, en collaboration avec les autres agences, deux modèles de simulation de l’ONU à Bogota et Medellin, qui ont rassemblé plus de 5 000 étudiants de 350 universités, a-t-il précisé.
Concernant le multilinguisme, le représentant s’est déclaré favorable à la publication des communiqués de presse quotidiens dans les langues officielles et à une augmentation de la publication des contenus sur les sites Web de l’ONU. La diffusion des messages dans toutes les langues officielles est un impératif et l’ONU doit trouver des solutions créatives en la matière sans coût supplémentaire. En conclusion, il a plaidé pour un renforcement de la coordination entre le DPI et d’autres agences et programmes de l’ONU afin d’éviter les doublons.
M. RIADH BEN SLIMANE (Tunisie) a remarqué que les transformations technologiques ont eu un impact à la fois sur la manière de vivre et de communiquer au quotidien, et sur la manière d’interagir en société. Il a salué les efforts du Département de l’information (DPI) pour tirer profit des progrès technologiques réalisés à ce jour, comme l’atteste l’enquête en ligne « My World 2015 », qui permet aux citoyens du monde de participer à la définition des objectifs de développement durable. La délégation tunisienne apprécie cette nouvelle approche participative recherchée par l’ONU dans la mesure où le DPI est chargé de l’amélioration de la compréhension et des objectifs de l’Organisation, a affirmé le représentant, saluant les activités du Département de l’information visant à établir une collaboration plus étroite avec le monde universitaire et la société civile en vue de promouvoir le dialogue. Pour que le message de l’ONU soit encore plus universel, il faudrait améliorer le contenu multilingue des travaux et documents de l’ONU permettant ainsi d’assurer la transparence, l’appropriation et la pérennité de ses activités et de renforcer le principe du multilatéralisme au sein de l’Organisation, a estimé le représentant.
Évoquant les manifestations du soixante-dixième anniversaire de l’ONU, M. KAZUHIRO KUNO (Japon) a souhaité que l’ONU et les États Membres continuent à tout mettre en œuvre pour être plus efficaces. Le Centre d’information de Tokyo poursuit son importante tâche de diffusion de l’information sur les activités de l’ONU, a dit le représentant, donnant les exemples de récentes campagnes sur l’environnement et sur la diffusion d’archives numériques dans le cadre des 70 ans de l’Organisation, qui ont été soutenues financièrement par son gouvernement. Il est important pour que le DPI fasse mieux connaître les activités de l’ONU, dans la transparence sur l’utilisation des ressources, a estimé le représentant.
Pour M. SRINIVAS PRASAD (Inde), le DPI reste une unité vitale pour communiquer sur les activités et objectifs de l’ONU dans le monde. Il a salué la campagne de communication du Département de l’information sur les objectifs de développement durable et l’a félicité pour la création du portail pour le soutien aux victimes du terrorisme. L’Inde invite le Département à faire connaître ce portail dans le monde entier et salue le rôle assumé par les Centres d’information, notamment pour promouvoir l’action sur des questions thématiques comme les questions environnementales, notamment la Journée de l’eau. En outre, le représentant s’est dit impressionné par la contribution du Département à la présence de l’ONU sur diverses plateformes médiatiques. Toutefois, le Département devrait miser sur les langues pour élargir son audience, a estimé M. Prasad, rappelant que son pays se plaçait parmi les tout premiers pays en matière de pénétration numérique, notamment par la téléphonie mobile, et par conséquent, le bengali, le punjabi, le hindi et le tamil avaient une portée transfrontalière qui touchait plus que 300 millions de personnes grâce à cette technologie.
Abordant le rôle du Département de l’information dans le domaine du maintien de la paix, il l’a encouragé à bien faire connaître et comprendre ce que fait l’Organisation sur le terrain, y compris aux populations de pays hôtes.
M. YEHOR PYVOVAROV (Ukraine) a relevé que la diffusion et l’augmentation progressive des flux d’informations, de même que leur gestion efficace représentaient un vrai défi. La communication entre l’ONU et la communauté internationale est un élément indispensable pour la diffusion à l’opinion publique de messages clés élaborés par des experts au sein de l’Organisation, et un travail bien coordonné est l’une des composantes essentielles de l’efficacité générale des activités de l’Organisation, a estimé le représentant, se félicitant du travail harmonisé et exemplaire du Département de l’information. Il a également noté avec satisfaction l’esprit novateur avec lequel le DPI travaillait et encouragé son équipe de mettre en pratique plus d’idées relatives à une modernisation profonde d’un mécanisme de soutien informatique du travail de l’ONU. Le représentant a, par ailleurs, souligné le besoin d’améliorer le multilinguisme dans le domaine de l’information et de renforcer les équipes du service de radio. Il s’est félicité de l’amélioration du site officiel de l’ONU mais a regretté le manque de mise à jour et l’archaïsme de beaucoup de sites de commissions, de missions de maintien de la paix et autres agences.
Le représentant a dénoncé, sans vouloir le nommer, « un pays voisin » qui a agressé l’Ukraine et occupé la Crimée et a fait une campagne internationale massive de désinformation. Il a estimé que cette Commission devrait réagir face à ces « tentatives de falsifier l’information » et que, plus généralement, les Nations Unies devraient développer une sécurité internationale de l’information.
M. ROLANDO CASTRO (Costa Rica) s’est félicité du travail réalisé par le Département de l’information, en particulier à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de l’ONU, et a affirmé que la liberté d’expression, de même que les flux de communication ouverts, transparents et participatifs étaient indispensables pour renforcer la démocratie, promouvoir le développement durable ou combattre la corruption. Il a plaidé pour un renforcement du rôle des médias traditionnels pour générer ces flux, et pour un développement des technologies de l’information et des communications. Il a estimé que le Comité de l’information, comme instance politique, et le Département de l’information, comme instance stratégique et opérationnelle, avaient amélioré leur coopération, leur coordination avec d’autres instances de l’Organisation et le développement d’alliances avec les médias, les ONG, les établissements académiques et la société civile en générale. Le Costa Rica soutient les initiatives visant un meilleur équilibre entre les six langues officielles de l’ONU, et s’est réjoui de l’utilisation des réseaux sociaux dans plusieurs langues, de même que des efforts pour améliorer le site Web. Il a souligné que les communiqués de presse n’étaient toujours pas publiés en espagnol.
M. BENJAMIN KRASNA (Israël) estime que, dans cet « âge de l’information », la difficulté consiste souvent à savoir filtrer l’information et à déchiffrer la véracité des faits. C’est pourquoi la responsabilité de ceux qui diffusent l’information est cruciale, car sans professionnalisme et rigueur, des fictions envahissent le monde digital en quelques secondes, la désinformation règne et cela peut avoir des conséquences graves. Il a rappelé que le thème proposé pour les activités éducatives et de mémoire de l’Holocauste, en 2016, sera « l’Holocauste et la dignité humaine ». Pour ce qui est de l’éducation sur l’Holocauste, sa délégation salue le travail de Programme des Nations Unies sur la sensibilisation du public à l’Holocauste et l’augmentation de son audience, et attend avec intérêt la commémoration de la Kristallnacht en novembre. La délégation israélienne compte sur le fait que le Programme de communication sur l’Holocauste continuera à disposer des ressources adéquates, a-t-il souligné.
M. Krasna a dénoncé la tendance sans précédent à l’antisémitisme dans le monde au cours de cette année et demandé à l’ONU de prendre les devants pour endiguer ce flot de haine. Il a salué la session historique de l’Assemblée générale pour s’opposer à l’intolérance et la bigoterie qui s’est conclue par une déclaration commune de 50 pays qui demandaient qu’on agisse pour éliminer l’antisémitisme et une action appropriée du DPI à cet égard.
Il a estimé que le Programme du Département de l’information sur la question de Palestine diffusait des matériaux biaisés au nom de l’ONU, ce qui compromet son intégrité et son impartialité. La délégation israélienne se dit disposée à participer à la formulation d’une approche plus équilibrée et constructive qui permettrait de promouvoir la paix, la tolérance et la compréhension mutuelle, a-t-il poursuivi.
L’information est un outil puissant, et lorsque des responsables d’organes de presse contrôlés par les gouvernements s’engagent sur la voix de l’incitation à la haine cela se solde par un bain de sang, a prévenu le représentant, qui a cité à titre d’exemple la glorification de la notion de martyr dans les programmes télévisés diffusés aux jeunes Palestiniens et réclamé des moyens pour s’opposer à de telles pratiques qui transforment à son avis l’information et la désinformation en arme.
M. GONZALO MAZZEO (Argentine) a noté les efforts du Département de l’information pour développer de nouveaux contenus en utilisant les nouvelles technologies, sans oublier pour autant l’importance des médias traditionnels et les activités des Centres d’information, en particulier celui de Buenos Aires, qui couvre l’Argentine et l’Uruguay. L’Argentine soutient le multilinguisme, principe fondamental des Nations Unies, et l’espagnol comme langue officielle et langue de travail de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC et du Conseil de sécurité, a noté le représentant, qui a par ailleurs regretté que le rapport du Secrétaire général ne fournit pas de statistiques détaillées sur le multilinguisme dans la diffusion de l’information. Rappelant que les pages en espagnol du site de l’ONU étaient les plus consultées après l’anglais, même si le volume d’informations fournies en espagnol était moins important, le représentant a estimé nécessaire de fournir plus de ressources au Département de l’information et, si cela n’est pas possible, a prié le DPI de reconsidérer ses priorités dans ce domaine, notamment pour ce qui est de la publication des communiqués de presse en deux langues seulement. Le représentant a estimé à ce propos que les considérations budgétaires ne devaient pas justifier un traitement linguistique discriminatoire.
Pour M. ALEX GIACONELLI DA SILVA (Brésil), l’ONU doit sensibiliser et faire connaître ses activités dans le monde dans le plus grand nombre de langues possible, tout en tenant compte du fossé numérique. Il faut que le DPI combine entre médias traditionnels et nouveaux médias numériques, a affirmé le représentant, soulignant que les pays en développement n’avaient qu’un accès limité à l’Internet et que 60% de la population mondiale restaient en marge de la révolution technologique. Il est indispensable, dans ces conditions, que les médias traditionnels, et en particulier la radio, continuent d’avoir toute l’attention du Département de l’information, a estimé le représentant. Il a également mis l’accent sur le multilinguisme dans ses activités, rappelant que les six langues officielles de l’ONU n’étaient comprises et parlées que par 40% de la population mondiale. Il a salué les efforts de Département pour promouvoir l’usage du portugais et du bengali dans ses activités et l’a encouragé à en faire de même avec d’autres langues comme le hindi, et le kiswahili. Le Brésil souligne le rôle important des 63 Centres d’information de l’ONU qui peuvent diffuser les messages de l’Organisation dans les langues locales et mobiliser le soutien des populations pour les activités de l’ONU, a affirmé le représentant. Il a par ailleurs souligné que le Centre d’information de de Rio, créé en 1947, était le plus ancien en Amérique du Sud. Ce centre est aujourd’hui la plus importante source d’information sur l’ONU en portugais et sa présence en ligne est importante, a précisé le représentant, rappelant que le portail de l’ONU en portugais était maintenu par ce centre avec 400 000 pages lues par mois. Par ailleurs, la page Facebook de l’ONU en portugais est la deuxième la plus suivie dans le monde, a-t-il indiqué.
Mme CRISTINA MARIA CERQUEIRA PUCARINHO (Portugal) a jugé que le DPI jouait un rôle clef dans la diffusion des principes et du travail de l’ONU et s’est félicitée des efforts du Secrétariat en faveur du multilinguisme et des nouveaux médias. La représentante a salué le travail du Centre d’information de l’Europe de l’Ouest, qui utilise de nombreuses langues, dont le portugais, de même que celui de la Radio des Nations Unies. Plaidant pour l’utilisation du portugais dans le réseau onusien, elle a également cité l’exemple de la couverture en portugais de la cérémonie d’attribution du Prix des Nations Unies Nelson Rolihlahla Mandela, décerné à un ressortissant portugais. Le portugais est la langue officielle de près de 250 millions dans neuf pays, et les services de communication de l’ONU doivent en tenir compte, a-t-elle conclu.
M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran) a insisté sur l’importance du Comité de l’information qui oriente les travaux du Département de l’information. Pour sa délégation, le DPI doit faire plus pour promouvoir une image positive de l’Organisation et faire face à des fléaux comme l’extrémisme violent, la violence et le terrorisme qui ont causé de nombreuses victimes et menacent la paix et la sécurité internationales. Tous les États Membres ont le devoir de s’attaquer à ces fléaux et le Président iranien a proposé des efforts collectifs en ce sens devant l’Assemblée générale, a rappelé le représentant. À son avis, ces questions devraient figurer à l’ordre du jour du DPI, de même que l’initiative du dialogue entre les civilisations, lancée par son pays en 2001 Le représentant a encouragé le Département à explorer les voies et moyens pour intégrer ces concepts dans ses travaux et activités et attiré l’attention sur la question de Palestine et sur le rôle des Nations Unies qui doivent informer la communauté internationale sur les effets néfastes du blocus de Gaza.
Les Centres d’information ont un rôle important à jouer dans la diffusion des messages de l’ONU et dans l’amélioration de l’image publique de l’Organisation, a expliqué M. Maleki, qui a demandé par ailleurs à ce que l’on tienne compte de la taille du pays hôte et de la population desservie par ces centres dans les allocations budgétaires qui leur sont accordées.
M. AHMED ELSHANDAWILY (Égypte) a remercié le Département de l’information pour ses efforts et a affirmé qu’il était impératif de réduire le déséquilibre dans l’utilisation des six langues officielles de l’ONU, et de souligner l’importance de l’information dans la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme. Le représentant a rendu hommage aux efforts du Centre d’information au Caire, qui joue un rôle essentiel pour informer, en particulier dans les moments difficiles. Il a encouragé le DPI à poursuivre ses efforts pour informer sur la question palestinienne.
M. FRANCOIS XAVIER ZABAVY (Côte d’Ivoire) a déclaré que la diffusion des décisions et informations relatives aux Nations Unies nécessite un traitement méticuleux, compte tenu de leur influence sur les relations internationales. Toutefois, la multiplication des canaux de diffusion de l’information, notamment les réseaux sociaux, ne doit pas provoquer un manque d’intérêt pour les moyens traditionnels que sont la radio et la télévision, a souligné le représentant, affirmant que ces canaux sont très prisés dans les pays en développement. C’est pourquoi il appartient au système onusien tout entier de veiller au maintien d’un équilibre entre les moyens de communication nouveaux et traditionnels, a-t-il estimé, avant d’exprimer sa reconnaissance pour le soutien accordé à la radio ONUCI-FM, une composante de l’opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire, communément appelée « Radio de la Paix ». Cette radio a largement contribué à l’évolution positive de la situation en Côte d’Ivoire, a-t-il conclu.
M. MAMADOU COULIBALY (Burkina Faso) a félicité le Département de l’information pour « l’excellent travail » accompli dans le cadre de la commémoration des 70 ans de l’ONU et dans la couverture du Sommet pour l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Pour le délégué, il ne fait pas de doute que le DPI continuera à jouer un rôle important dans la vulgarisation de ce Programme afin que les populations, où qu’elles soient, puissent se l’approprier.
Sa délégation salue par ailleurs le recours aux médias sociaux comme moyens supplémentaires de diffusion de l’Organisation, mais rappelle que ces moyens de communication modernes doivent être complémentaires des médias traditionnels. En effet, le fossé numérique entre le Nord et le Sud ne permet pas à de nombreuses populations, à travers le monde, de profiter de ces nouvelles plateformes, a souligné le représentant, soulignant l’importance de la radio, de la télévision et de la presse écrite dans la diffusion de l’information. Sa délégation exhorte les Nations Unies et les États Membres à s’engager à partager ces nouvelles technologies, afin de réduire la fracture numérique, à travers une assistance accrue aux pays en développement comme le Burkina Faso.
Le représentant a salué la contribution des Centres d’information de l’ONU à la dissémination de l’information sur l’Organisation, rappelant que Ouagadougou accueillait un de ces Centres qui couvre quatre pays du Sahel que sont le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso. Ce Centre est devenu un portail incontournable de la diffusion des informations des Nations Unies dans la sous-région, qui contribue à tisser des liens avec le monde universitaire, les associations de presse, les organisations de la société civile et les administrations publiques dans le domaine de la communication, a-t-il poursuivi. En conclusion, le représentant a invité le DPI à promouvoir une communication harmonieuse entre les peuples à travers le multilinguisme au sein de l’Organisation, affirmant que la communication externe, destinée au public le plus large, devait inclure les langues autres que celles officielles pour toucher un maximum de personnes.
M. ANTONY BOSAH (Nigéria) a déclaré apprécier les efforts déployés par le Département de l’information pour mieux faire connaître le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), à travers la publication du périodique « Afrique Renouveau » et de son site Internet. Le Nigéria apprécie aussi les efforts de cette publication pour la diffusion d’informations et services concernant les activités des Nations Unies dans les domaines des droits de l’homme, des changements climatiques, de développement, de paix et de sécurité, a indiqué le représentant. Alors que mon pays reconnaît la place et l’importance des nouveaux médias, il souligne aussi la nécessité de continuer de promouvoir les moyens de communication traditionnels et de maintenir un équilibre entre les médias, d’autant que les technologies de l’information sont encore rudimentaires dans les pays en développement, a poursuivi le représentant. Il s’est enfin félicité du travail déployé et les services fournis par le Centre d’information des Nations Unies installé à Lagos.
M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERON (El Salvador) a rappelé que l’information est stratégique pour la prise de décision au niveau mondial et a apporté son plein soutien au Département de l’information pour promouvoir et faire connaître les activités de l’ONU, rôle qu’il doit assumer de façon précise, impartiale, équilibrée, opportune, pertinente et multilingue. Il a souligné l’importance et la nécessité d’adopter un cadre de régulation qui garantisse l’utilisation des technologies de l’information et des communications de manière fiable et sûre, et dans le respect du droit international. Le représentant a réitéré la responsabilité du Secrétariat d’inclure le multilinguisme dans toutes ses activités de communication et d’information, dans la limite des ressources disponibles et sur une base équitable, et a salué, à cet égard, diverses initiatives en faveur du multilinguisme, notamment dans les Centres d’information.
M. DAVID FLORÉS RODRIGUEZ (Cuba) a reconnu le travail crucial du Comité de l’information dans la publication des activités des Nations Unies et a souhaité qu’il soit renforcé en faveur de la paix et du développement. S’il a souligné l’importance de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et des communications, il n’en a pas moins rappelé que de très nombreuses personnes ne pouvaient avoir accès aux messages sur Internet et la nécessité de maintenir les médias traditionnels pour atteindre la plus large audience possible, citant la Radio des Nations Unies en exemple. Concernant le multilinguisme, le représentant a prié le Secrétaire général d’intégrer dans son rapport l’information des statistiques par langue et a rappelé que l’espagnol était la deuxième langue la plus utilisée sur les réseaux sociaux et le site Web de l’Organisation.
Le représentant a, par ailleurs, accusé les États-Unis de faire preuve d’agression permanente par radio et télévision contre Cuba, contrevenant aux principes de la Charte des Nations Unies, et a souligné que l’utilisation de l’information pour subvertir l’ordre interne d’autres États, violer leur souveraineté et commettre des actes d’ingérence dans leurs affaires internes était illégale et avait suscité le rejet de la communauté internationale. Il a souhaité que l’ouverture d’une nouvelle étape dans les relations entre les deux pays, en décembre 2014, mettrait un terme à ces agressions.
Mme ASSIA JAZAIRY (Algérie) a réaffirmé son plein appui au Département de l’information dans ses efforts de diffusion des messages et travaux de l’ONU. Elle lui demande toutefois de renforcer ses efforts et campagnes en direction des pays en développement, notamment sur des questions comme le droit à l’autodétermination, le désarmement, les changements climatiques, le Programme de développement durable pour l’après-2015, entre autres. La délégation algérienne a exprimé sa satisfaction avec le programme du Département sur la question de Palestine. La représentante a, par ailleurs, souhaité voir le Département et l’ONU agir pour réduire le fossé numérique entre le Nord et le Sud et a mis en garde contre le potentiel de politisation de l’information publique. Elle a également salué les efforts d’intégration du multilinguisme dans toutes les activités du Département, ce qui contribuerait, à son avis, à renforcer la transparence, l’appropriation et la responsabilisation dans le cadre des activités de l’Organisation.