Quatrième commission: la situation des réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf et celle des populations sahraouies au sud du Maroc au cœur des débats
Ce matin, la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation a entamé l’audition des 88 pétitionnaires inscrits au titre de la question du Sahara occidental.
Certains intervenants ont déploré les conditions de vie précaires dans les camps de Tindouf, en Algérie, se disant favorables à la solution d’autonomie avancée pour la région du Sahara occidental proposée par le Maroc, alors que d’autres ont dénoncé le Royaume chérifien et l’insuffisance de ses mécanismes des droits de l’homme; demandant la tenue du référendum d’autodétermination promis au peuple sahraoui, il y a 23 ans.
S’agissant des conditions de vie des réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf, qui sont sous l’autorité du Front Polisario, certains intervenants ont affirmé qu’il ne s’agissait pas de « réfugiés », mais de « personnes séquestrées, de prisonniers sans statut » qui, à ce jour, ne sont ni enregistrés ni recensés, comme l’avait demandé le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
Ces intervenants ont affirmé que sans recensement le doute continue à planer quant au nombre exact de personnes vivant dans ces camps, ce qui avait des conséquences immédiates sur l’aide internationale, notamment alimentaire, à leur apporter. D’autres intervenants ont par ailleurs accusé le Front Polisario de détourner l’aide humanitaire destinée aux camps et d’en « faire un fonds de commerce lucratif » au mépris de la malnutrition qui règne dans les camps. À leur avis, la précarité qui prévaut dans les camps en fait un terreau fertile au recrutement de terroristes. La légitimité même du Front Polisario en tant que « seul représentant du peuple sahraoui » a été remise en cause au cours de la séance de ce matin. « Les Sahraouis ne constituent pas un bloc homogène de personnes », a affirmé un intervenant, alors qu’un autre a qualifié le Front de régime « despotique » l’accusant de corruption, de clientélisme et de violations des droits de l’homme.
Suite à certaines de ces accusations, le représentant de l’Algérie a rappelé, d’une part, que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme se rendait régulièrement dans les camps de Tindouf et, d’autre part, que toute accusation contre son pays était inacceptable d’un point de vue procédural, dans la mesure où le mandat de la Quatrième Commission se réfère strictement aux territoires non autonomes, en l’occurrence au Sahara occidental aujourd’hui. Son homologue marocain lui a rétorqué que ces prises de position visaient les populations sahraouies vivant dans les camps de Tindouf et non pas l’État algérien lui-même. Il a également expliqué qu’on ne pouvait dissocier ces populations de la question à l’examen.
D’autres intervenants se sont en revanche prononcés pour la défense du droit du peuple sahraoui aux consultations que la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) lui promet depuis 23 ans. À leur avis, rien ne peut se substituer à un processus d’autodétermination légitime, et un référendum d’autodétermination est un droit fondamental des Sahraouis. Certaines voix se sont en outre élevées contre les exactions des droits de l’homme dont seraient victimes les populations sahraouies dans les provinces du sud du Maroc.
Aux dires de l’un des pétitionnaires, le Maroc « terrorise quotidiennement de façon délibérée la population sahraouie par son armée, sa police et son administration », faisant notamment état de fosses communes, suite à des exécutions extra-judiciaires. D’autres ont accusé le Maroc de chercher à réduire le peuple sahraoui au silence, en particulier toute personne se disant favorable à l’autodétermination. Certains intervenants ont réclamé l’élargissement du mandat de la MINURSO pour y incorporer une composante droits de l’homme.
La Quatrième Commission poursuivra les auditions de pétitionnaires sur la question du Sahara occidental demain, mardi 13 octobre, à 10 heures.
DEMANDES D’AUDITION
Déclarations des pétitionnaires sur le Sahara occidental
Pour M. JAN STRÖMDAHL, au nom de Forningen Vastsahara, la meilleure façon de réaliser l’autodétermination du peuple sahraoui c’est de commencer par reconnaître le Sahara occidental et il s’est félicité que son pays, la Suède, soit sur le point de le faire. Il a déploré qu’à ce jour, aucun État occidental ne le reconnaisse, ce qu’il explique par le fait que l’Union européenne est plus intéressée par l’argent, la pêche et les ressources naturelles. Le Maroc, qui occupe le territoire, a réagi à cette prise de position de la Suède en interdisant l’ouverture de cinq magasins Ikea et en empêchant les grandes entreprises suédoises d’opérer sur son territoire, a-t-il affirmé, soulignant en outre que le Royaume chérifien avait envoyé des délégations politiques à Stockholm pour convaincre les responsables politiques suédois qu’en fait le Sahara occidental n’existait pas et qu’il s’agissait simplement d’une province du sud du Maroc. À son avis, les « furieuses » du Maroc prouvent l’importance qu’à la question du Sahara occidental pour le Gouvernement marocain. Il a invité la communauté internationale à rejoindre la position de la Suède. « Le Maroc dispose de l’argent, mais le Sahara occidental doit disposer de ses droits », a-t-il conclu.
M. RAFAEL JULES VALENTIUS MARIA CUSTERS, au nom de GRESEA, a abordé la question de l’extraction de phosphate au Sahara occidental dont l’État marocain a plein contrôle via l’entreprise OCP dont il détient 92% des parts. Aujourd’hui, le Maroc est le troisième pays producteur au monde, et il s’agit d’un bien non renouvelable très prisé, en particulier pour les engrais, a-t-il précisé. Des liens étroits existent entre les gestionnaires de l’OCP et le Royaume chérifien. Cette entreprise maintient ses capacités de production uniquement au Sahara occidental, tout le reste se faisant à partir du territoire marocain, a-t-il dit. Rappelant que le Maroc a acquis les droits d’extraction minière par un accord avec l’Espagne, alors que ce droit revient de fait à la population du territoire, le pétitionnaire a estimé que le meilleur moyen de le régler était d’imposer le moratoire.
Mme NANCY HUFF, au nom de l’ONG Teach the Children International, a rapporté son expérience dans les camps de Tindouf où sa rencontre avec un père dont l’enfant a échappé à la mort par malnutrition, l’avait conduite à comprendre qu’il y avait une pénurie alimentaire très grave pour les personnes vivant dans ces camps de Tindouf. Elle a expliqué que cette raison l’avait amenée à s’engager aux côtés d’individus et d’organisations pour envoyer une aide humanitaire aux personnes y vivant. Toutefois après plusieurs années, elle dit avoir réalisé qu’une partie de cette aide était détournée, l’obligeant à mettre fin à cette opération. Une situation également mise en relief par l’Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) qui a rapporté des témoignages faisant état, entre 2003 et 2006, de détournements de l’aide humanitaire au bénéfice de certains dirigeants du Front Polisario. Ces agissements, a-t-elle déclaré, sont un mépris flagrant du Front Polisario pour les personnes qu’il utilise à des fins politiques face à la communauté internationale.
Mme STACY PEARSON, Présidente de Protected Future, a rappelé les conditions de vie inacceptables des habitants des camps de Tindouf, en Algérie. Les appeler réfugiés est une insulte à tous les réfugiés qui le sont ailleurs légitimement, a-t-elle dit, ajoutant que leurs « geôliers » utilisaient à leur profit l’aide humanitaire qui leur est envoyée. « Les Sahraouis ne sont pas des réfugiés, ce sont des prisonniers sans statut. »
Elle a détaillé les violations commises dans ces camps, avant de regretter l’échec de la présente Commission sur le dossier du Sahara occidental. Il incombe désormais à chacun d’œuvrer à la libération des prisonniers du camp, a-t-elle affirmé. « Vous avez des choix à faire pour régler cette situation. Votre décision n’a pas à plaire à l’Algérie, au Maroc ou au Polisario, mais il vous incombe de libérer ces prisonniers qui n’ont pas le choix », a insisté Mme Pearson. Elle a demandé que le plan d’autonomie soit pris en compte comme une option valable avant de mentionner sa préférence personnelle qui est le « démantèlement de ces camps ».
Le représentant de l’Algérie a ensuite pris la parole rappelant que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme se rendait régulièrement dans les camps de Tindouf. Il y a une contradiction entre ce que la pétitionnaire dit et la situation sur le terrain, a-t-il déclaré.
« Je ne fais que rapporter ce que certaines personnes m’ont dit », a répondu Mme Pearson, avant de demander pourquoi l’Algérie s’opposait au recensement de la population des camps. « L’Algérie a-t-elle quelque chose à perdre? » a-t-elle lancé.
« Pourquoi la pétitionnaire répond à ma question en me posant une autre question? » a rétorqué le représentant de l’Algérie. Mme Pearson a conclu l’échange en répétant sa question et en indiquant que tout ce qu’elle affirme était de notoriété publique.
Mme CARROLL EADS, Capitol Hill Prayer Partners, a dit avoir essayé d’œuvrer à la recherche d’une solution au Sahara occidental en rencontrant notamment des membres du Congrès américain. Cette question importe au monde entier, mais l’ONU se trouve dans une impasse, a-t-elle dit. Elle a estimé que l’ONU, qui a renoncé à organiser un référendum en raison de l’impossibilité d’un recensement de la population, ne pouvait pas aller à l’encontre des vœux des Sahraouis. Le plan d’autonomie du Maroc doit être considéré, a-t-elle conclu.
Mme DONNA SHAMS, Antioch Community Church, a déclaré que les Nations Unies savent maintenant qu’un plan pour un référendum ne pourrait jamais produire de fruit sans une coopération volontaire des deux parties et leur volonté de faire des compromis sur quelques points. L’intervenante a notamment attiré l’attention sur le cas des enfants vivant dans les camps de Tindouf, en Algérie, où, a-t-elle dit, ils ne reçoivent pas d’éducation et leur avenir est sacrifié. Elle a estimé que le Front Polisario avait une solution à cette question mais entendait imposer sa vue sans aucun compromis.
L’intervenante a demandé que la situation critique de la jeunesse qui dispose de très peu d’opportunités pour avoir une bonne éducation et du travail fasse l’objet d’un examen, rappelant qu’à de nombreuses occasions, les Nations Unies avaient appelé pour une solution politique, durable et mutuellement acceptable. « Aujourd’hui, vous devez trouver une troisième option, le plan d’autonomie, qui a été appuyé par le Conseil de sécurité et proposé par le Maroc comme un effort pour finir la souffrance des réfugiés des camps de Tindouf », a-t-elle lancé.
M. GÍSLI KR. BJÖRNSSON a mis l’accent sur la nécessité d’une coopération régionale accrue dans la région du Sahel, impliquant tous les pays du Maghreb et du Sahel, avec l’appui des Nations Unies. Dans ce contexte, il a estimé que le Maroc est le pays le plus sûr et le plus stable d’Afrique du Nord, qui a mis la stabilité du Maghreb et de l’Afrique au centre de ses préoccupations et stratégies. Il a fait valoir une série d’initiatives importantes prises par le Maroc aux niveaux national, bilatéral, sous-régional et régional tendant à apporter des solutions aux défis posés au Sahel en matière de renforcement du contrôle aux frontières, de prévention et de lutte contre le terrorisme. L’organisation, en novembre 2014, de la deuxième Conférence ministérielle sur la sécurité des frontières, et du dialogue entre les Libyens, ne sont que quelques exemples de ces précieuses initiatives, a-t-il indiqué. Dans ce contexte, M. Bjornsson a recommandé à la communauté internationale d’accroître son soutien au Maroc en tant qu’acteur actif, crédible et engagé en faveur de la paix et de la stabilité dans la région et en tant que partenaire clef du combat contre le terrorisme. Il a ajouté que le Maroc s’évertue à préserver sa souveraineté et son intégrité territoriale à travers une solution politique juste et acceptable au conflit régional au Sahara dans le cadre de l’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie de la région du Sahara.
Le représentant du Mali a regretté que la présidence de la Commission ait permis que ce pétitionnaire mentionne le nom de son pays dans son intervention, en lui demandant de retirer ses propos sur le Mali car son pays ne figure pas à l’ordre du jour de la Quatrième Commission.
Mme RAKIYA EDDARHEM, députée parlementaire marocaine et représentante du Sahara au Parlement marocain, a affirmé que le processus de démocratisation du Maroc avait permis au Sahara de tenir des élections municipales. Le taux de participation à ces élections a atteint 65% dans la région du Sahara, alors qu’il n’a été que de 53% sur l’ensemble du territoire marocain, a-t-il précisé. La population sahraouie est intégrée dans les politiques régionales du Maroc malgré les efforts du Front Polisario pour l’inciter à boycotter le scrutin et ses appels à la désobéissance civile. Le taux de représentation des femmes a atteint 21,94% et leur taux de participation au scrutin a également été élevé. Il s’agit de progrès importants, a-t-elle souligné, affirmant que la femme jouait désormais un rôle important dans la société sahraouie, notamment dans les affaires publiques.
M. DAVID LIPPIATT, au nom de WE international Inc, s’ayant rendu dans les camps de Tindouf à plusieurs reprises depuis 14 ans avec des délégations du Congrès américain, a affirmé que « les Sahraouis ne sont pas des terroristes, ils souhaitent simplement un règlement pacifique pour pouvoir retourner dans leur pays d’origine en bénéficiant de la protection de leurs droits humains ». La communauté internationale, la Cour internationale de Justice, l’Union africaine et plus de 70 États souverains reconnaissent le droit à l’autodétermination des Sahraouis, a-t-il rappelé, invitant la communauté internationale à inclure une composante droits de l’homme dans le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) et à œuvrer à la tenue du référendum d’autodétermination. Pour son organisation, les mécanismes de protection des droits de l’homme existants sont loin d’être impartiaux, indépendants et suffisants sur la durée pour assurer ces droits. En tant que membre de l’ONU le Maroc doit respecter la Charte de l’ONU et les Traités des droits de l’homme qu’il a signés et ratifiés, a-t-il dit, estimant qu’il appartenait à la communauté internationale de veiller au respect des droits de cette population et du droit international.
Née au Sahara et résidente de Laayoune, Mme MAHJOUBA DAOUDI, Présidente de l’association « Sahara Media Center », a rappelé que la moitié de sa famille, à l’instar de toutes les familles sahraouies, était toujours séquestrée hors des frontières du Sahara, dans les camps de Tindouf. « On ne peut pas parler de la question du Sahara sans mettre en exergue la responsabilité avérée de l’Algérie dans la pérennisation de cette tragédie », a-t-elle indiqué. « Lesdits camps étant situés en Algérie, les autorités de ce pays doivent assumer la pleine responsabilité de ce que les membres des familles sahraouies endurent comme souffrances et supplices depuis 40 ans. »
« Un pétitionnaire ne peut pas s’adresser aux États de la sorte », est intervenu le représentant de l’Algérie.
« Je dis ce que j’ai à dire », a répondu Mme DAOUDI, avant d’être interrompue par le Président.
Mme JANET LENZ, de Not Forgotten International, a affirmé que les Sahraouis ne méritaient pas d’être des pions dans un jeu politique qui privilégie le pouvoir. La paix continue de s’éloigner et trop de familles payent le prix fort de cette impasse, a-t-elle regretté. Elle a demandé qu’une date soit fixée pour la tenue du référendum, que des mesures soient prises pour empêcher le Maroc de faire main basse sur les ressources du Sahara et pour mettre un terme aux violations commises par ce pays.
Mme EVA PFOESTL, Professeur de droit constitutionnel, a souligné les responsabilités du Gouvernement algérien dans la situation examinée par la Commission. Le représentant de l’Algérie est intervenu pour rappeler que la question inscrite à l’ordre du jour concernait le Sahara occidental et non pas l’Algérie. Un point d’ordre a aussitôt été soulevé par le représentant du Maroc, qui a regretté que les travaux de la Commission soient une nouvelle fois pris en otage par l’Algérie. « C’est ce pays qui est derrière le différend au Sahara », a-t-il affirmé.
Son homologue algérien a, à son tour, soulevé un point d’ordre et rappelé son argument relatif à l’ordre du jour. Le représentant du Maroc a repris la parole pour rappeler qu’il n’avait pas coupé la parole à un pétitionnaire même lorsque celui-ci brandissait des accusations contre le Maroc.
Mme Pfoestl a estimé que la situation actuelle au Sahara devrait se prolonger et exprimé des doutes sur un changement de la politique algérienne. Le Polisario reçoit un appui inconditionnel de l’Algérie, a-t-elle conclu.
M. EL HADJI MOKHTAR HAIDARA, de la Fédération mondiale des amis du Sahara Marocain, a estimé que sur la base de la documentation existante, la région du Sahara occidental a toujours fait partie du Maroc. L’initiative de régionalisation avancée, que le Royaume du Maroc a amorcée, qui privilégie le développement économique et social sur le plan local avec le soutien actif des populations locales, représente, selon lui, une promesse d’avenir meilleur pour les Sahraouis. Il n’en veut pour preuve que la forte participation de cette population aux élections locales marocaines.
M. JOSE MARIA GIL GARRE, au nom de Global Security Institute, a estimé que, sur le plan sécuritaire, il n’y avait pas de meilleure solution que celle proposée par le Maroc, à savoir la régionalisation avancée du Sahara occidental. Pour son organisation, le Front Polisario est un mouvement dictatorial que « l’ONU reconnaît comme étant le seul représentant du peuple sahraoui », comme si ce peuple était un bloc homogène, ce qui n’est pas le cas. En agissant de la sorte, l’ONU laisse la porte ouverte à des conflits susceptibles de renforcer le terrorisme international djihadiste, a-t-il prévenu. Il a rappelé que le mouvement djihadiste s’était approprié les conflits de la région et, selon l’analyse sécuritaire de la région, tout scénario de conflit au Sahara occidental aurait un résultat similaire. Pour l’intervenant, la solution de régionalisation avancée permettra d’éviter ce problème, dans la mesure où le Maroc est un État stable fermement engagé dans la lutte contre le terrorisme.
Mme TANYA WARBURG, de Freedom For All, a déploré qu’en dépit des demandes répétées du Secrétaire général de l’ONU, l’accès sans restriction à Tindouf afin qu’y soit mené un recensement des habitants du camp n’ait jamais pu être autorisé. Selon elle, ne pas connaître le nombre et l’origine de celles et ceux installés dans le camp de Tindouf a facilité le détournement de l’aide humanitaire par le Polisario et des responsables algériens. Après, elle s’est inquiétée du fait que la région de Tindouf devenait de plus en plus instable et dangereuse. Mme Warburg a appuyé le plan d’autonomie proposé par le Maroc, meilleur moyen, selon elle, de résoudre politiquement le conflit au Sahara.
Mme ANNA MARIA STAME CERVONE, de Internazionale Femminile Democratica di Centro, a lancé un appel pour que soit mis un terme à la détresse des réfugiés des camps de Tindouf. Le monde ne doit pas leur tourner le dos, a-t-elle estimé, avant d’être rappelée à l’ordre par le Président qui lui a enjoint de se tenir à la question à l’examen. Mme Cervone a poursuivi en rapportant les souffrances des familles de Tindouf, notamment les abus sexuels commis contre les femmes. La pratique de l’esclavage existe toujours, a-t-elle dit, affirmant par ailleurs que les femmes sahraouies bénéficiaient d’une protection au Maroc et demandant la libération de celles détenues dans les camps de Tindouf.
« Le Maroc terrorise quotidiennement de façon délibérée la population sahraouie par son armée, sa police et son administration, a affirmé M. SAID AYACHI, Président du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui. « Des fosses communes, suite à des exécutions extrajudiciaires, ont été mises à jour, et beaucoup d’autres sont susceptibles de l’être », a-t-il dit, ajoutant que le Maroc cherchait à réduire le peuple sahraoui au silence. Il a aussi regretté que le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui n’ait toujours pas eu lieu « en raison de l’arrogance et des manœuvres dilatoires des autorités marocaines ». Face à cette situation, M. Ayachi a demandé l’élargissement du mandat de la MINURSO et l’organisation le plus rapidement possible dudit referendum.
M. SIDI EL MOKTAR EL KANTAOUI, au nom de l'Association marocaine pour le développement d’Oued Eddahab-Langouira, a rappelé les conditions de vie intenables des habitants des camps de Tindouf. « Sont-ils des réfugiés comme le dit l’Algérie? » s’est-il demandé, affirmant que ce pays cherchait à démontrer que le Polisario représentait toute la population sahraouie. En refusant de procéder à un recensement des populations, l’Algérie entretient l’ambiguïté, a-t-il dit, avant d’affirmer que les réfugiés étaient empêchés de travailler. Il a invité la Commission à faire pression sur le pays d’accueil afin qu’il recense la population des camps de Tindouf.
M. SYDNEY ASSOR, au nom de l’ONG Surrey Three Faiths Forum, a alerté la Commission sur la situation des « plus vieux détenus politiques du monde », qui se trouvent dans les camps de Tindouf gérés par le Front Polisario. Garder le silence sur le sujet revient à approuver la situation et à cautionner l’impunité dont jouissent les auteurs des crimes qui se produisent dans ces camps, a-t-il dit. Le silence peut être désastreux, comme on le voit dans de nombreuses régions du monde, a poursuivi l’intervenant, appelant les membres de la Commission à réagir, ouvrir la porte à la justice pour soulager les souffrances des personnes vivant dans ces camps.
M. LAHCEN MAHRAOUI, au nom de CORCAS, a lancé un appel au secours au nom des populations sahraouies des camps Polisario à Tindouf. Depuis 40 ans, les groupes séparatistes armés du Polisario affirmant être « représentants des Sahraouis » ont confisqué les droits à ces populations, leur dictant et imposent leurs lois, les manipulant et leur faisant subir toutes sortes de violences, a-t-il affirmé. La malnutrition y règne du fait du détournement de l’aide alimentaire internationale par le Polisario qui en fait un « fonds de commerce », avec l’aide de leurs « complices algériens », a affirmé l’intervenant. En outre, le contrôle de cette aide est rendu impossible par l’État algérien qui refuse, malgré les appels répétés du Conseil de sécurité, d’enregistrer et de recenser ces populations, qu’il a qualifié d’inacceptable et d’intolérable. Il a accusé l’État algérien d’être directement impliqué dans cette situation, dans la mesure où « il arme, héberge, finance et protège le Polisario », et a appelé la communauté internationale à considérer le projet marocain d’autonomie avancée comme une solution réaliste qui mérite d’être soutenue.
Le représentant de l’Algérie a soulevé une motion d’ordre pour rappeler que la question à l’ordre du jour doit traiter du Sahara occidental et que son gouvernement n’y était impliqué en aucune façon. Il a tenu à rappeler que les pétitionnaires n’ont pas le droit d’aborder des questions sans respecter les règles de la Commission.
Mme JANE BAHAIJOUB, de « Family Protection », a estimé que la solution pour les habitants du camp de Tindouf passait nécessairement par la mise en œuvre du plan d’autonomie proposé par le Maroc. Elle a d’ailleurs noté que ce plan était déjà mis progressivement en place à travers la politique marocaine de régionalisation.
Mme DA COSTA, psychologue, a demandé que soit mis un terme à la violence perpétrée contre les femmes vivant dans les camps de Tindouf. Ces femmes souffrent de stress post-traumatique, a-t-elle dit, ajoutant qu’aucun soin de santé mentale ne leur était apporté. Elle a exhorté l’ONU à aider ces populations et plaidé pour l’autonomie qui est la seule solution à ce conflit.
M. BRAHIM EL AHMADI a cité des sources qui affirment que le Front Polisario et les autorités algériennes étaient responsables du détournement de l’aide humanitaire pour les réfugiés des camps de Tindouf. Il a été interrompu par le représentant algérien qui a soulevé une motion d’ordre et regretté que le pétitionnaire évoque un point non inscrit à l’ordre du jour. « Le représentant algérien séquestre cette Commission comme son gouvernement le fait avec les réfugiés de Tindouf », a, pour sa part, affirmé le représentant du Maroc. M. EL AHMADI a indiqué que le détournement de l’aide avait été rendu possible grâce à une surestimation de la population des camps de Tindouf. Il a enfin demandé que la Commission mette fin aux « violations abjectes » des droits des Sahraouis et fasse en sorte que le Haut-Commissariat pour les réfugiés puisse recenser la population des camps de Tindouf.
Mme CHABBOULA BAIBA, Forum pour le développement de la femme, a déclaré que son cousin, ancien chef du Polisario, était mort dans des circonstances peu claires. Elle a indiqué que sa famille sahraouie avait été bien reçue au Maroc lorsqu’elle s’y est installée. « Je ne suis pas la seule femme sahraouie à avoir réussi dans la vie et beaucoup d’autres femmes sahraouies ont un diplôme », a-t-elle affirmé. Elle a déploré les conditions de vie difficiles dans les camps de Tindouf et dénoncé les agissements du Polisario qui instillent la haine dans l’esprit des jeunes Sahraouis afin d’en faire des ennemis du Maroc.
Mme FATIHA LAMINE, qui vit dans le sud du Maroc, a dénoncé la situation des Sahraouis qui vivent dans les camps de Tindouf en Algérie. Le Maroc, depuis la récupération du Sahara en 1975 n’a cessé d’y investir des millions de dollars pour le développer au profit des populations locales, alors que les personnes vivant dans les camps de Tindouf vivent dans une situation désastreuse sous le régime despotique du Front Polisario, a-t-elle affirmé. Elle accuse, d’une part, le Front Polisario qui commet ses crimes sous autorité de l’État algérien, et d’autre part le Gouvernement algérien qui doit assurer les droits de toutes les personnes vivant sur son territoire.
Mme VANESSA RAMOS, au nom de American Association of Jurists, a estimé que le Sahara occidental était une question coloniale et juridique. La population du Sahara occidental a le droit à l’autodétermination, comme cela a été reconnu par le Bureau juridique de l’ONU et la Cour internationale de justice. Depuis 1990 il existe un plan d’autonomie avancée, appuyé par les Nations Unies, a-t-elle rappelé, exprimant l’espoir que l’ONU serait à la hauteur de ses responsabilités et que le référendum d’indépendance pourrait avoir lieu.
M. MANUEL VIDAL, en sa qualité de journaliste et de médecin, suit la situation au Sahara occidental depuis 40 ans à partir des îles Canaries, affirmant que le caractère totalitaire et despotique du Front Polisario n’avait pas changé pendant cette période. Il a accusé le Front de corruption, de clientélisme et de violations des droits humains, permettant à une minorité de vivre dans l’opulence, alors que la majorité de la population des camps vit dans la répression, la malnutrition, et la précarité économique.
Cette situation imposée par le Polisario est inacceptable et il appartient à la communauté internationale d’intervenir pour la corriger, a-t-il conclu.
Mme VANESSA PELLEGRIN, journaliste indépendante, a rappelé les rapports qui laissent à penser que les camps de Tindouf sont devenus des terrains de recrutement pour les groupes djihadistes opérant dans la région, en particulier au Mali. « Il y a clairement aujourd’hui l’émergence d’une nouvelle menace terroriste au voisinage du Sahara occidental et le monde n’y prête pas attention », a-t-elle regretté. Face à cette situation, Mme Pellegrin a affirmé que la seule manière de rendre justice aux populations des camps et des futures générations était de mettre en œuvre une solution « gagnant-gagnant », telle que proposée par le Maroc. « Cette proposition offre une réelle possibilité de mettre un terme à l’extrémisme et à la destruction dans la région », a-t-elle conclu.
Ancien prisonnier politique, M. BRAHIM LAGHZAL, Conseil national des droits de l’homme marocain, a indiqué que le projet du roi du Maroc pour le Sahara était de nature à satisfaire les parties. L’autonomie a été acceptée par la société sahraouie, a-t-il affirmé, ajoutant que des organisations de défense des droits de l’homme avaient ouvert des bureaux sur le territoire sahraoui. Il s’est dit attristé par les conditions de vie misérables dans les camps de Tindouf et a appelé ses « frères » du Polisario à considérer la proposition marocaine.
« On croit à tort que la situation au Sahara occidental est une lutte pour le contrôle des ressources », a affirmé M. CHIBATA MRABBIH RABBOU, au nom de Crystal Mountain del Sahara Society, expliquant que le Maroc avait investi bien plus de ressources dans ce territoire qu’il n’en a tirées. Il a affirmé que les provinces avaient vu leur sort considérablement évoluer, indiquant que leur taux de développement humain était désormais parmi les plus élevés du pays. « En 20 ans, la pauvreté a diminué de 20% », s’est-il félicité. Il a souligné l’ambition du programme du Maroc pour le développement socioéconomique des régions du Sahara, dont l’objectif est notamment de doubler le PIB des trois régions concernées au cours des 10 prochaines années. Ce plan vise à promouvoir l’émergence d’une économie locale viable qui puisse faire des provinces du Sud un pont entre le Maroc et le reste de l’Afrique, a-t-il conclu.
Mme MAGHLAHA DLIMI, Coordination des droits de l’homme à Dakhla, a dénoncé les appels à incorporer une composante droits de l’homme au mandat de la MINURSO et a demandé aux partisans de cette incorporation de faire preuve d’objectivité. Ces orateurs ont oublié, selon elle, que c’est le Maroc qui a appelé le Conseil des droits de l’homme à visiter la région et à présenter un rapport en toute objectivité. « C’est la preuve qu’il n’a rien à se reprocher », a-t-elle affirmé. Abordant la situation des camps de Tindouf, où elle-même a vécu pendant des années, l’intervenante a affirmé que les conditions de vie y sont difficiles et que la corruption y prévaut.
M. HAMMADA EL BAIHI, au nom du Forum social pour le développement humain de Laayoune, a dénoncé le détournement de l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf, où il a lui-même vécu jusqu’en 2014. Il a suivi un convoi humanitaire à partir du port d’Oran et s’est aperçu que sur les 20 camions partis vers Tindouf seuls 13 sont arrivés à destination. Les sept camions « perdus » auraient été récupérés par un général algérien.
Le représentant de l’Algérie a soulevé un point d’ordre pour rappeler au pétitionnaire de respecter le point à l’ordre du jour de la Commission qui est le Sahara occidental.
Son homologue marocain, soulevant également un point d’ordre, a estimé que l’attitude de l’Algérie démontrait « qu’elle avait des choses à cacher ». Il a affirmé que le détournement de l’aide humanitaire à l’intention des camps de Tindouf faisait bien partie du point à l’ordre du jour.
Lui répondant, le représentant de l’Algérie a insisté sur le fait que le point à l’ordre du jour est le Sahara occidental et non pas les accusations contre l’Algérie. Ce type d’accusation devrait être examiné par d’autres entités, s’il y a lieu, a-t-il dit, appelant au respect des règles qui régissent les travaux de cette Commission.
Lui répondant à nouveau, le représentant du Maroc a précisé que l’intervention concernait directement les populations vivant dans les camps de Tindouf et non pas l’Algérie. Il a également expliqué qu’on ne pouvait pas dissocier les populations sahraouies de la question à l’examen. Il s’agit d’un témoignage et il faut permettre à ces intervenants d’être entendus, a-t-il dit, ajoutant que le Maroc avait également fait l’objet d’accusations au cours de cette séance mais n’était pas intervenu.
À ce dernier point, le représentant algérien a rétorqué en affirmant que le Maroc, en tant que Puissance occupante, était directement concerné par cette question, alors que l’Algérie ne l’était pas.
Son homologue marocain lui a alors demandé quel document des Nations Unies définissait le Maroc comme Puissance occupante.
Lui répondant, son homologue algérien a rappelé que toutes les résolutions de l’ONU définissent les deux parties à ce conflit et qu’il s’agit d’un territoire non autonome.
Mme SAIDA BRAHIM-BOUNEB, Groupe interparlementaire d’amitié Algérie-Sahara occidental, a demandé que la Puissance occupante de la dernière colonie d’Afrique respecte le droit international. Les charniers sont une honte pour les responsables de ces camps, a-t-elle dit, avant de rappeler que le « mur de la honte » était une violation des droits du peuple sahraoui. Elle a marqué la solidarité des femmes algériennes avec les femmes sahraouies et souligné l’urgence de mettre un terme au pillage des ressources naturelles du Sahara. L’Algérie est attachée à des relations régionales apaisées, a-t-elle dit, réclamant la tenue d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental.
Mme HASSIBA BOULMERKA, ancienne championne olympique, a indiqué que la solidarité avec les populations sahraouies et la décolonisation des territoires occupés étaient des exigences morales. Le peuple sahraoui essaye de décider de son sort par la voie de l’autodétermination, a-t-elle indiqué. Elle a lancé un appel pour que soit mis un terme à la colonisation des territoires occupés du Sahara occidental et souligné les conditions déplorables qui règnent dans les camps. Nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter l’autodétermination du peuple sahraoui, a-t-elle conclu.