En cours au Siège de l'ONU

Conférence de presse du Président du Conseil de sécurité pour le mois de mars, M. François Delattre, de la France

Le Représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, M. François Delattre, qui préside ce mois-ci le Conseil de sécurité, a présenté, cet après-midi à la presse, le programme de travail mensuel de cet organe, qui sera notamment marqué par une visite de ses membres en Afrique, la semaine prochaine, et un débat ouvert sur le sort des enfants en temps de conflit armé, le 25 mars.

La mission, qui conduira le Conseil de sécurité du 9 au 13 mars en République centrafricaine, en Éthiopie, puis au Burundi, « vise à réaffirmer l’attachement et l’attention soutenue que nous apportons aux transitions politiques et au maintien de la paix en Afrique », a déclaré M. Delattre, lors d’une conférence de presse au Siège des Nations Unies, à New York.

L’Ambassadeur français a souligné que le Conseil de sécurité, qui effectuera sa première visite en République centrafricaine depuis le début de la crise, manifestera son soutien aux autorités de transition et à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation dans ce pays (MINUSCA).  Elle se situe, a-t-elle dit, « à un moment clef pour la République centrafricaine », où la situation sécuritaire « s’améliore peu à peu » et où les élections constitueront une « étape cruciale pour la transition politique ».

À Addis-Abeba, en Éthiopie, la délégation rencontrera l’Union africaine, « partenaire central pour le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique », et avec laquelle elle discutera en particulier de la situation provoquée par les exactions du groupe Boko Haram et du suivi des crises qui figurent à l’ordre du jour africain du Conseil de sécurité.

Enfin, au Burundi, le Conseil de sécurité « confirmera son appui aux élections » qui doivent avoir lieu cette année.  La consolidation durable de la paix au Burundi passe par le « bon déroulement de ces élections auxquelles le Conseil apporte son plein soutien », a ainsi déclaré M. Delattre.

Au mois de mars, le Conseil de sécurité doit également renouveler le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), « la plus importante mission de maintien de la paix des Nations Unies » dans un pays où le conflit « a fait plus de 5 millions de morts », a-t-il rappelé.  L’objectif est de transformer la Mission en vue de « renforcer sa capacité à protéger les civils ».  La France, a ajouté M. Delattre, travaille actuellement sur un texte dont la diffusion à tous les autres membres du Conseil de sécurité sera effectuée « rapidement ».

Le Président du Conseil a indiqué que le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MONUSCO, M. Martin Kobler, et l’Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs, M. Said Djinnit, présenteraient chacun un exposé le 19 mars.  Auparavant, le 17 mars, le Conseil de sécurité aura entendu, lors de consultations, les pays fournisseurs de contingents.

La troisième priorité du Conseil de sécurité sera, le 25 mars, un débat ouvert sur le sort des enfants en temps de conflit armé auquel doit participer le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon.  M. Delattre a mis l’accent sur la nécessité d’exercer des « leviers de pression » sur, notamment, les groupes armés non étatiques et les groupes extrémistes violents au Nigéria, en Syrie ou en Iraq.  Les « propositions innovantes » des participants à ce débat seront collectées puis synthétisées dans un « non-papier » qui sera transmis à la Malaisie, laquelle préside le Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé.

Le 9 mars, le Conseil de sécurité traitera de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales en recevant, pour la première fois en cette qualité, la Haute Représentante de l’Union européenne pour la politique étrangère et la politique de sécurité, Mme Frederica Mogherini.

Les grandes crises internationales en cours continueront de faire l’objet d’un suivi attentif, a par ailleurs affirmé le Président du Conseil de sécurité.  M. Delattre a expliqué que cet après-midi même, le Conseil examinerait lors de consultations, la crise au Yémen; le Conseiller spécial du Secrétaire général, M. Jamal Benomar, devant faire le point sur sa mission de bons offices et le processus de dialogue inclusif mené en vue de faciliter la transition politique.

Le 4 mars, le Conseil entendra un exposé du Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), M. Bernardino León.  Le Conseil, a-t-il souligné, « devrait opter pour une reconduction technique des sanctions et le renouvellement du mandat de la MANUL pour donner plus de temps à la médiation en cours et voir plus clair pour prendre des décisions ».

M. Delattre a estimé que la mise en place d’un gouvernement d’union nationale constituerait le « meilleur levier dans la lutte contre le terrorisme international »; le « vide politique » actuel en Libye contribuant à renforcer ce fléau.  « Quel que soit l’angle par lequel on prend le dossier, la solution en Libye passe par un gouvernement d’union nationale », a-t-il insisté.

M. Delattre a également souligné que le Conseil serait probablement « amené à se réunir de nouveau » sur la situation en Ukraine, « où nous appuyons pleinement la pleine mise en œuvre des accords de Minsk ».  Le représentant français a constaté « avec prudence » que, sur le terrain, le cessez-le-feu était observé et que l’on était « passé d’une situation d’escalade à une situation de désescalade ». 

S’agissant de la Syrie, les consultations sur le désarmement chimique du pays se tiendront le 5 mars autour de la Haute Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Angela Kane.  En sa qualité nationale, M. Delattre a estimé qu’en Syrie, « il ne peut pas y avoir de solution avec Bashar Al-Assad ».  « Le chef du régime syrien est le premier responsable des quelque 220 000 morts que le conflit a déjà faits », a-t-il dit, précisant que « Bashar Al-Assad et Daesh sont les deux faces d’une même médaille qui se nourrissent l’une l’autre ».  « Croire que Bashar Al-Assad peut être l’alternative au terrorisme est un non-sens moral et politique.  Plus il restera au pouvoir, plus la radicalisation de la situation perdurera. »

Enfin, M. Delattre s’est félicité de ce que le Conseil de sécurité eut exprimé ce matin, par la résolution 2206 (2015), sa détermination « à imposer des sanctions ciblées afin d’appuyer la recherche d’une paix durable et sans exclusive au Soudan du Sud ».  « C’est un message très fort que le Conseil de sécurité a envoyé au monde et aux partenaires de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de l’Union africaine qui pourront utiliser cette résolution comme un levier d’étape pour la paix. »

 

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