En cours au Siège de l'ONU

Soixante-neuvième session,
8e & 9e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4133

Les délégations plaident pour une mise en œuvre effective de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité

La plupart des intervenants qui ont pris part, aujourd’hui, au débat de la Troisième Commission sur la promotion de la femme, ont fait valoir l’urgence de la mise en œuvre effective de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, dont cet organe célèbrera demain le quinzième anniversaire.

« La migration désespérée a souvent le visage d’une femme et la violence contre les femmes est un défi à toutes les étapes de la migration », a affirmé la Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive adjointe de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Mme Lakshmi Puri, qui présentait les activités de l’Entité devant la Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles.

Les femmes et les filles migrent alors qu’elles sont victimes d’agressions et d’assujettissement par des groupes extrémistes et de la violence dans les situations de conflit, a poursuivi Mme Lakshmi, faisant également état de la traite.

La Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, Mme Dubrovka Šimonović, a mis en avant la nécessité de l’application et du suivi de la résolution 1325 (2000) et a regretté les mouvements actuels de réfugiés fuyant les conflits et les violences vers l’Europe.

L’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a argué, quant à elle, que l’absence continue des femmes dans le maintien de la paix entravait la réalisation de l’égalité des sexes.  Dans la résolution 1325 (2000), le Conseil de sécurité engage le Secrétaire général à appliquer son plan d’action stratégique prévoyant une participation accrue des femmes à la prise des décisions concernant le règlement des conflits et les processus de paix.

L’Iraq a appelé à trouver, d’urgence, une solution aux agissements de Daech et d’autres groupes armés sur son territoire qui prennent des femmes et des filles en otage pour les réduire à l’esclavage sexuel.  Le Yémen a prévenu, pour sa part, que les acquis des dix millions de femmes yéménites étaient menacés par la situation de guerre actuelle et que celles-ci avaient besoin d’une « aide immédiate ».  

L’observatrice de l’État de Palestine a décrit pour sa part les effets très préjudiciables de l’occupation israélienne et des attaques des colons israéliens sur les femmes et les filles, en particulier avec l’escalade récente de la violence.  Elle a conclu en exhortant la Troisième Commission à trouver une solution rapide à cette situation, estimant que « le peuple palestinien n’a plus de ressort ».

Notant que les efforts d’ONU-Femmes dépassaient de loin les ressources actuellement allouées, notamment pour ses fonctions d’appui normatif, Mme Lakshmi a réclamé un « financement transformateur » pour atteindre les nouveaux objectifs liés à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Les « droits des femmes sont en danger », a déclaré la déléguée irlandaise qui a jugé essentiel que toutes les violences sexuelles fassent l’objet d’enquêtes et de poursuites.

« La violence à l’égard des femmes est encore systémique et structurelle et constitue, en conséquence, un déni des droits fondamentaux des femmes », a affirmé Mme Šimonović, en présentant le dernier rapport de son prédécesseur, Mme Rashida Manjoo.  Ce document analyse les dispositions juridiquement contraignantes à ce sujet et les mécanismes de leur mise en œuvre dans les systèmes africain, européen et interaméricain des droits de l’homme.

Face à la fragmentation des politiques et stratégies nationales, régionales et internationales dans ce domaine, la Rapporteuse spéciale y plaide en faveur de l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant sur la violence à l’égard des femmes au sein des Nations Unies ce qui, selon elle, favoriserait l’inclusion et l’application des normes internationales des droits de l’homme dans les systèmes régionaux.

Cet instrument permettrait de créer un cadre normatif clair concernant la protection des femmes et des filles dans le monde entier et de disposer d’un organe spécifique de contrôle capable de fournir des analyses approfondies de la situation réelle à l’échelle mondiale et de pays, a-t-elle expliqué dans ses recommandations.

Or, lors du dialogue interactif avec la Rapporteuse spéciale, certains pays comme le Royaume-Uni et la Suisse ont dit ne pas l’entendre de cette voix, préférant, au contraire, orienter les efforts nationaux et internationaux sur l’application des déclarations et programmes d’action des conférences internationales de l’ONU, dont celle de Beijing, dont on célèbre, cette année, le vingtième anniversaire.

La Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, Mme Yoko Hayashi, a estimé que les conflits armés et l’extrémisme favorisaient la violence contre les femmes et les filles, ce qui pousse ces dernières à fuir leur pays pour l’étranger en vue d’une meilleure protection.  Elle s’est en outre réjouie du fait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ait, selon elle, « féminisé le développement ».

Au 1er juillet 2015, 189 États Membres avaient ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  À la même date, 106 États avaient adhéré au Protocole facultatif.

La Troisième Commission poursuivra demain, à partir de 10 heures, l’examen des questions liées à la promotion de la femme.

Promotion de la femme (A/70/38 et A/70/124)

a) Promotion de la femme (A/70/204, A/70/205, A/70/209 et A/C.3/70/3)

b) Suite donnée aux textes issus de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/70/180)

Déclaration liminaire

La Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive adjointe de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l'autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Mme LAKSHMI PURI, a souligné que pour atteindre les nouveaux objectifs de développement durable, en particulier l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, il faudra non seulement l’engagement des États Membres, mais aussi « un financement transformateur ».

Dans le cadre du suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, Mme Puri a salué la tenue, le 27 septembre dernier, de la réunion mondiale des dirigeants sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes organisée par ONU-Femmes et la Chine, à laquelle ont participé 140 États Membres, et 64 chefs d’État et de gouvernement.  

Mme Puri a souhaité que la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris en décembre prochain, aboutisse à un accord qui permette aux femmes de participer sur un pied d’égalité à la lutte contre ce phénomène.  

Le rapport sur la violence à l’égard des travailleuses migrantes est d’actualité, a ensuite fait remarquer la Secrétaire générale adjointe.  « La migration désespérée a souvent le visage d’une femme et la violence contre les femmes est un défi à toutes les étapes de la migration », a-t-elle insisté.  Les femmes et les filles migrent alors qu’elles sont victimes d’agression et d’assujettissement par des groupes extrémistes, et de la violence dans les situations de conflit.  Elles font face à la traite des personnes.

Il est plus urgent que jamais pour les États de mettre en place des cadres juridiques et réglementaires pour protéger les travailleuses migrantes, y compris les employées de maison, et leur permettre d’avoir accès à la justice, a plaidé Mme Puri.

Par ailleurs, elle a évoqué le rôle important des femmes en milieu rural, qui fait aussi l’objet d’un rapport annuel du Secrétaire général.  Celles-ci sont au premier plan pour ce qui est de gérer l’impact des changements climatiques, des catastrophes naturelles et du relèvement après les conflits.  Il faut donc que les États renforcent leurs efforts pour améliorer l’accès des femmes rurales aux infrastructures et aux services, et garantir leurs droits et leur autonomisation sur les plans économique, social et politique.

Mme Puri a regretté que le pourcentage de résolutions avec une approche soucieuse de l’égalité des sexes adoptées par l’Assemblée générale lors de sa soixante-neuvième session ait diminué, alors qu’elles ont augmenté de 16% au Conseil économique et social (ECOSOC) entre 2013 et 2014.  Elle a appelé la Troisième Commission à corriger cette tendance.

Pour sa part, la Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes, Mme Puri, a ajouté que son Entité allait « continuer de mettre en exergue l’importance du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes en tant que charte normative des droits des femmes ».

Il faut intégrer de façon systématique tous les aspects de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a conclu Mme Puri.  Les indicateurs élaborés par ONU-Femmes seront également étroitement liés aux travaux du Comité.  Enfin, d’importantes discussions ont lieu dans le cadre de la résolution »1325 (2000) du Conseil de sécurité auxquelles ONU-Femmes souhaite être associée.

Enfin, Mme Puri a déclaré qu’ONU-Femmes devait avoir les moyens matériels d’appuyer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme YOKO HAYASHI, Présidente du Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qui présentait le rapport du Comité (A/70/38), a souligné qu’en dépit de l’examen depuis plus de 30 ans des rapports périodiques des États sur la mise en œuvre de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, les femmes continuaient d’être sous-représentées dans les instances politiques et économiques, voire exclues des processus de prise de décisions. 

La Présidente du Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes a salué l’appel du Secrétaire général des Nations Unies, lequel soulignait que les objectifs de développement durable ne pouvaient être réalisés sans la reconnaissance des droits égaux pour les femmes.  Appuyant le rôle de l’éducation comme instrument clef pour l’autonomisation des femmes, elle a indiqué qu’une femme éduquée avait le pouvoir  de revendiquer ses droits dans l’univers de l’emploi.

Elle a affirmé que l’accès limité des femmes à la terre, aux ressources et à l’information réduisait leurs capacités à faire face à l’impact des catastrophes naturelles.

S’agissant de la violence à l’égard des femmes, elle a fait valoir que les conflits armés et l’extrémisme favorisaient cet état de fait. Ce qui les poussait  à fuir leur pays pour l’étranger en vue d’une meilleure protection.  Rappelant le quinzième anniversaire de la résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité, elle a regretté les mouvements actuels de réfugiés fuyant les conflits et les violences vers l’Europe.

Pour conclure, elle a recommandé un meilleur accès à la justice pour les femmes car, a-t-elle dit, cela est crucial pour la réalisation de tous leurs droits.

Dialogue interactif

Le Brésil a demandé si la Commission de la promotion de la femme pouvait jouer un rôle dans la lutte contre la traite des femmes.  Elle a également évoqué le rôle des femmes parlementaires dans le renforcement de l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes.

La Suisse a salué les efforts du Comité et ses recommandations sur l’accès des femmes à la justice et sur les femmes rurales.  La représentante a appuyé l’indépendance économique des femmes comme catalyseur de lutte contre la pauvreté.  Dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, elle a voulu savoir comment le Comité envisageait l’application de l’objectif 7.  Dans le cadre du renforcement des organes conventionnels, comment le Comité entend gérer le problème des rapports croissants qui lui sont soumis?

Dans le même ordre d’idée, le Liechtenstein s’est félicité du fait que les femmes occupent une bonne place dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et a demandé quel suivi pourrait-on attendre à cet égard de la part du Comité.

Le Royaume-Uni a appuyé la procédure simplifiée de présentation des rapports par les États parties que plusieurs organes conventionnels ont d’ores et déjà appliquée. 

La Norvège a souhaité savoir si la société civile était suffisamment impliquée dans le processus de préparation et d’élaboration des rapports périodiques.

L’Union européenne a prié instamment tous les États qui ne l’ont pas encore fait de ratifier la Convention et à ceux qui y sont parties de lever leurs réserve. 

Le Japon a mis l’accent sur l’éducation en tant qu’élément clef de l’autonomisation des filles.  À cet égard, le Japon a contribué à hauteur de 7,1 millions de dollars pour créer des établissements primaires et secondaires au Pakistan et favoriser une scolarisation accrue des filles.  Il a préconisé un enseignement de qualité.

Le Maroc a signalé que les adolescentes étaient les plus exposées à la violence et aux conséquences des conflits.  Il s’est demandé comment mobiliser tous les multiplicateurs d’apprentissage, y compris les technologies de l’information.  La délégation a aussi voulu savoir comment appliquer les objectifs du développement durable.

La Colombie a rappelé la nécessité de la parité et de l’accès à la justice transitionnelle, compte tenu du fait que le pays s’efforce d’appliquer cette forme de justice dans le cadre de la réalisation de les objectifs 7 et 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Yémen a insisté sur la nécessité de l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes dans les situations de conflit.  En raison du conflit actuel, plus de dix millions de femmes yéménites souffrent de marginalisation et de discrimination.  Ainsi, avec la paralysie du système scolaire, plus de deux millions de filles ne vont pas à l’école, a-t-il indiqué.

Le Chili a rappelé l’engagement de son pays en faveur du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, pierre angulaire du système onusien en la matière.  Il a rappelé que le Comité avait adopté une décision sur le statut des réfugiés dont il a souligné l’importance du fait de la crise des réfugiés.

La Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a expliqué que le Comité avait déjà invité l’Union interparlementaire, qui lui « donne des informations très utiles ».

Mme Hayashi a souligné que le Comité travaillait en coopération avec la Commission de la condition de la femme et que les deux organes « traitent des questions ensemble ».  Par ailleurs, le Comité a adopté, pour la première fois, une résolution conjointe avec le Comité des droits de l’enfant.

S’agissant de l’objectif de développement durable 5 à l’horizon 2030, « Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles », le Comité, qui avait déjà la pratique d’inclure des observations sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans ses recommandations aux États Parties, poursuivra dans cette voie.  Il faut, a insisté Mme Hayashi, que le processus de développement se fonde sur l’approche des droits de l’homme, et pas seulement sur la politique de mise en œuvre du Programme.

Par ailleurs, a précisé l’intervenante, le Comité recommande aux États Parties d’appliquer des plans d’action nationaux faisant référence à la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes et la sécurité, en se concentrant sur l’autonomisation des femmes avant et après les conflits.

L’État partie doit répondre à une liste de questions avant de faire rapport au Comité a-t-elle ensuite confirmé. 

Quant à la participation de la société civile, elle représente déjà une partie importante des travaux du Comité.  Lors de sa dernière session, le Comité a adopté des principes directeurs pour protéger les défenseurs des droits des femmes.

Un certain nombre de pays ont des réserves générales et spécifiques, notamment sur les articles 2 et 16 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, a reconnu Mme Hayachi, « mais cela n’empêche pas le Comité de poser des questions ».  Elle a admis qu’il fallait faire davantage pour obtenir une ratification universelle.  Le dernier État à avoir ratifié la Convention est le Soudan du Sud, en avril dernier.

Le Comité insiste sur le droit à l’éducation, qui englobe la santé, l’environnement familial et le bien-être des enseignants.  À cet égard, a poursuivi la Présidente, l’État Partie doit appuyer le secteur éducatif et « les programmes scolaires doivent mettre en avant l’égalité des sexes ».

Les objectifs de développement durable englobent de nouvelles valeurs, a estimé Mme Hayashi. «  Je pense que le Programme répartit la prise en charge des individus, hommes et femmes, dans la société ».  Elle a indiqué qu’elle allait étudier de plus près l’objectif 16 en ce qui concerne l’accès des femmes à la justice.

Enfin, le Comité a demandé aux États Parties d’introduire des amendements dans leurs législations pour que « la persécution sexiste puisse motiver la demande de statut de réfugiée ».

Déclaration liminaire

Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIĆ, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, nommée à cette fonction en juin 2015, a affirmé que cette forme de violence était la manifestation la plus atroce de la discrimination systématique et de grande ampleur des inégalités auxquelles les femmes et les filles sont confrontées partout dans le monde.  Elle a fait remarquer qu’en dépit des progrès normatifs au fil du temps, ce type de violence était encore systémique et structurel et constituait, en conséquence, un déni des droits fondamentaux des femmes.

Mme Šimonović a présenté le rapport thématique de son prédécesseur, Mme Rashida Manjoo, qui fournit une analyse des instruments juridiques et de leurs mécanismes d’application sur la violence à l’égard des femmes dans les systèmes juridiques régionaux africains, européens et sud-américains.

Pointant du doigt l’énorme fossé entre les instruments internationaux et leur application à tous les niveaux, elle a exhorté les États à passer à la vitesse supérieure par la création d’un système national spécifique à la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles et à la prévention de cette violence, et a appelé la communauté internationale à remédier à la fragmentation des politiques régionales et mondiales et des mécanismes chargés de remédier à ce fléau.

Mme Šimonović a estimé que le vingtième anniversaire, en septembre, de la Déclaration et du Programme d’action de la quatrième Conférence sur les femmes de Beijing, et le quinzième anniversaire, cette semaine, de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes la paix et la sécurité, offraient l’occasion de poser de nouveaux jalons.  

La Rapporteuse spéciale a aussi souligné que l’objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2015 était axé sur l’égalité entre hommes et femmes et l’autonomisation des femmes et des filles.  Cet objectif ne saurait être atteint sans l’élimination préalable de toute manifestation de violence à l’égard des femmes, a-t-elle voulu.

La Rapporteuse spéciale, qui a siégé au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a esquissé les grandes lignes de son mandat en mettant l’accent sur la nécessité de résoudre la question de la fragmentation des politiques et mécanismes relatifs à la violence à l’égard des femmes, et de l’absence d’inclusion, ou d’application, des dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et de la résolution 1325 (2000), entre autres.

Elle a ensuite proposé d’envisager un instrument juridiquement contraignant sur la violence à l’égard des femmes, avant de plaider en faveur de la mise en place de services adéquats pour les victimes de la violence, des données sur les fémicides ou les meurtres fondés sur le sexe, et pour que les États fassent tout leur possible pour prévenir et agir résolument contre le viol et toutes les autres formes de violence sexuelle, y compris par la criminalisation du viol.

L’extrémisme violent figure, selon la Rapporteuse spéciale, parmi les « défis immédiats », raison pour laquelle elle a recommandé une coopération encore plus étroite entre les procédures spéciales et les organes conventionnels, ainsi qu’avec ONU-Femmes et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).  Elle a enfin annoncé qu’elle effectuerait une visite, en décembre, en Afrique du Sud.

Dialogue interactif

L’Iraq a rappelé que Daech et d’autres groupes extrémistes prenaient des femmes et des filles en otage et les avilissaient par un esclavage sexuel.  La situation de beaucoup de jeunes filles est si horrible, a-t-il confié, que l’on assiste de plus en plus à une tendance au suicide de ces fillettes et jeunes femmes.  Le délégué a demandé à la Rapporteuse spéciale si elle avait des recommandations à faire face à une telle situation.

La Colombie s’est penchée sur les lacunes flagrantes dans la mise en œuvre des instruments internationaux et des normes des droits de l’homme des femmes.  Il importe que la Rapporteuse spéciale œuvre de concert avec le Groupe de travail du Conseil des droits de l’homme sur l’égalité entre les sexes dans le droit et la pratique.  La délégation a jugé essentiel de « briser tous les moules institutionnels, sociétaux et structurels » à l’encontre des femmes et des filles.

L’Irlande a affirmé que les « droits des femmes sont en danger », rappelant la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, et la situation précaire des femmes dans les conflits.  Il est essentiel que toutes les violences sexuelles fassent l’objet d’enquêtes et de poursuites, a-t-elle ajouté.

L’État de Palestine a fustigé l’occupation et la violence constante dans laquelle vit la société palestinienne, faisant état de l’escalade récente de la violence et des actes des colons israéliens qui ont détruit des plantations, source de vie des femmes palestiniennes.  L’observatrice a rappelé que le petit Ali Dawarich avait été brûlé vif à Naplouse par des colons israéliens qui lui avaient versé de l’acide dans la bouche.  Elle a également regretté le décès récent d’une femme enceinte et de son enfant dans les violences à Jérusalem.  La déléguée palestinienne a exhorté la Troisième Commission à trouver une solution rapide à cette situation, arguant que « le peuple palestinien n’a plus de ressort ».

La Lituanie a prié la Rapporteuse spéciale d’expliquer quelles sont les mesures internationales qui seraient les plus efficaces dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes. 

La République tchèque a indiqué avoir mis en place une stratégie de lutte contre la violence à l’égard des femmes.  Le pays envisage aussi une campagne de sensibilisation à cet égard et a opté pour une approche multidisciplinaire en vue de l’élimination de cette forme de violence.  Comment évaluer les résultats des politiques, s’est-elle cependant demandée? 

Le Brésil s’est interrogé, pour sa part, sur le meilleur moyen de créer ou d’affermir les mécanismes régionaux de lutte contre la violence, et comment arriver à la rédaction d’un instrument international juridiquement contraignant sur la violence à l’égard des femmes.

L’Union européenne a mis l’accent sur la violence systémique à l’égard des femmes et ses formes les plus condamnables, l’avortement, la stérilisation forcée et la mutilation d’organes sexuels.  L’adoption de l’objectif sur les femmes dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue une grande avancée mais aussi faudrait-il qu’il soit dûment réalisé. 

La Suisse a salué les propositions et recommandations figurant dans le rapport mais s’est prononcée contre l’élaboration d’un nouvel instrument international juridiquement contraignant sur la violence à l’égard des femmes.  La Suisse a signé, en 2013, la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, dont la ratification est à l’examen.  Elle a cité les objectifs 2 et 3 ainsi qu’à la cible 6 sur la santé procréative, et a prié la Rapporteuse spéciale de dire comment elle entend les mettre en œuvre.

Le Royaume-Uni a jugé que les sommets régionaux et leurs documents, la Déclaration des Nations Unies sur la violence à l’égard des femmes, ainsi que les accords conclus ces derniers mois suffisent et qu’il ne serait pas utile de « rajouter d’autres papiers », mais plutôt de pleinement mettre en œuvre ceux qui existent.

L’Arménie a annoncé qu’elle envisageait de devenir partie à la Convention européenne sur la prévention de la violence à l’égard des femmes.  Son représentant a rappelé que les titulaires de mandats des procédures spéciales devaient être indépendants et impartiaux, après avoir noté qu’il y a des tentatives de présenter une vision biaisée de la réalité sur le terrain, comme c’est le cas en ce qui concerne le Haut-Karabakh. 

Le Cameroun a pris note des priorités énoncées par la Rapporteuse spéciale et sur la nécessité d’agir d’une manière holistique contre la violence.  La représentante a appuyé l’accent mis sur l’éducation, levier indispensable dans ce domaine.  L’autonomisation de la femme est de la plus haute importance, a affirmé la déléguée camerounaise, qui a mentionné la lutte contre la pauvreté comme un aspect clef pour en finir avec la violence contre les femmes.  Elle a relevé que cet aspect ne figurait pas dans le rapport, ni dans les priorités énoncées par la Rapporteuse spéciale.

Les États-Unis ont applaudi la démarche fondée sur le partenariat.  La représentante a ensuite attiré l’attention sur les femmes apatrides, exposées à toutes sortes d’abus.  Elle a voulu savoir si cette question était au nombre de celles auxquelles Mme Šimonović accordera un intérêt.  Les femmes âgées, celles vivant dans des situations de conflit, ou dans la pauvreté, sont autant d’autres thèmes à garder à l’esprit, a-t-elle recommandé, en se demandant comment changer les attitudes à l’égard des femmes, notamment dans le cadre de la réalisation des nouveaux objectifs du développement durable.

Israël a annoncé qu’il se heurtait « au refus des Palestiniens de négocier ».  À cela, ils préfèrent « inciter leurs enfants à perpétrer des troubles et des activités terroristes, qui se poursuivent aujourd’hui même », a dénoncé le représentant, ajoutant: « Comment les Nations Unies peuvent-elles faire cesser cette incitation qui ne mènera nulle part ?»

Le Chili a aussi évoqué la célébration, demain, du quinzième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.  Il a sollicité davantage de précisions sur la proposition d’élaborer un instrument international contraignant sur la violence à l’égard des femmes.  Aujourd’hui, les femmes au Yémen ont besoin d’une aide immédiate.  Le délégué a proposé des interventions rapides en vue d’éliminer la violence à l’égard des femmes dans les situations de conflit, a déclaré le délégué de ce pays.

Son homologue de Cuba s’est demandé quel pourrait-être le rôle de l’Assemblée générale pour aborder des questions relatives aux causes des conflits armés, comme la pauvreté et les disparités.

« La violence extrême contre les femmes est une priorité, une question qui doit être abordée à bras le corps », a insisté la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, en évoquant le terrorisme.  Elle a proposé d’organiser des visites de pays pour voir comment édifier la paix dans des pays comme l’Iraq.

Constatant une intégration insuffisante ou parcellaire des instruments internationaux, Mme Šimonović a jugé important de « définir les lacunes ».   En Amérique latine, il existe un modèle qui devrait être repris par d’autres régions pour parvenir à de meilleurs résultats au plan national.  Il s’agit de créer des liens entre tous les instruments existants pour combattre la violence contre les femmes.

Mme Šimonović a assuré qu’elle continuerait de mettre l’accent sur la participation de la société civile.

« Dans le cadre de mon mandat, je pense que toutes les questions sont liées mais je ne peux que mesurer les succès réalisés; nous avons besoin de mesures concrètes au niveau national » pour progresser, a-t-elle dit.

Il est essentiel de renforcer la collaboration avec d’autres rapporteurs, a poursuivi la Rapporteuse spéciale.  Par ailleurs, elle a estimé que l’idée de créer un instrument juridiquement contraignant pour combattre la violence contre les femmes méritait réflexion. 

« Le moment est venu de créer des synergies pour produire des résultats concrets », a-t-elle déclaré.  D’après elle, la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul) est tout à fait compatible avec la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

« L’éducation est un outil de prévention de la violence », a poursuivi Mme Šimonović.  Elle a regretté qu’aucun pays ne forme vraiment à la jurisprudence des conventions internationales en la matière.  Ensuite, elle a reconnu que la violence contre les femmes âgées était une question importante.

« Il faut arrêter de considérer que la violence contre les femmes est normale », a conclu la Rapporteuse spéciale, avant de souligner que « la Troisième Commission et tous les acteurs compétents ont un rôle à jouer pour adopter une approche globale ».

La Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes a reconnu qu’un bond en avant avait été réalisé ces trois dernières années « avec les conclusions de la cinquante-septième session de la Commission de la condition de la femme ».  

Maintenant, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 demande que soit mis un terme à toutes les formes de discrimination et de violence à l’encontre des femmes.  « Nous devons en tirer parti au plan politique », a estimé Mme Puri.  Il faut établir des liens entre ces objectifs et d’autres cibles, telles que l’élimination de la pauvreté et l’édification de sociétés pacifiques et justes.

Enfin, elle a déploré les violations brutales et flagrantes des femmes dans le cadre de l’extrémisme violent et s’est demandé comment les femmes pouvaient contribuer à la lutte contre ce fléau.

Débat général

M. LESETLA ANDREAS TEFFO (Afrique du sud), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a reconnu que les 17 objectifs de développement durable faisaient place aux femmes.  Il a regretté que « la majorité des femmes dans les pays en développement demeurent vulnérables et victimes de discrimination ».  À cet égard, il a estimé que des résultats concrets auraient déjà dû être atteints en matière d’emploi décent et de réforme agraire.  Il s’est dit « préoccupé par le fait que les espoirs des femmes sont inscrits dans des cycles de 10, 15 ou 20 ans et qu’il y a un manque permanent d’engagement sur les moyens de mettre de tel accords en œuvre ».

Le Groupe des 77 et la Chine réaffirment leur appui à la Déclaration et au Programme d’action de Beijing et aux textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale, a assuré M. Mamabolo.  Il nous faut, a-t-il ajouté, examiner les causes profondes des disparités entre les hommes et les femmes, des conflits armés et des contraintes économiques.

Le Groupe des 77 et la Chine demandent des efforts accrus « à tous les niveaux dans nos sociétés » pour se pencher sur les problèmes suivants: l’augmentation de la traite des femmes et des filles; la violation des droits fondamentaux des femmes; la violence contre les femmes et les filles; la propagation du VIH/sida; le chômage et le manque d’accès aux services sociaux.  Dans la mesure où les femmes sont plus vulnérables en termes de santé, le représentant a jugé important d’aborder les effets des maladies transmissibles et non transmissibles qui les empêchent de réaliser leur plein potentiel.

Il ne faut pas oublier les effets négatifs de la crise économique, financière, énergétique mondiales et de l’insécurité alimentaire, ni les défis posés aux femmes et aux filles par les changements climatiques, a poursuivi M. Mamabolo.  Enfin, il a estimé que l’absence continue des femmes dans le maintien de la paix entravait la réalisation de l’égalité des sexes. 

Mme EBUN ADEBOLA STRASSER KING (Sierra Leone), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a souligné que le monde se porterait mieux en 2030 si les États Membres intensifiaient leurs efforts pour ouvrir la voie à un développement durable sincère et inclusif.  Affirmant le plein appui du Groupe au Programme de développement durable à l’horizon 2030, elle a reconnu que ces efforts seraient vains, sans revitalisation et sans renforcement du partenariat mondial appuyés par des politiques et actions concrètes comme l’a recommandé le Plan d’action d’Addis-Abeba. 

L’objectif de développement durable 5, portant sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, souligne la nécessité d’une transformation dans les domaines économique et social, de manière à garantir une distribution équitable des pouvoirs et des opportunités, a-t-elle affirmé. 

Le développement durable, a-t-elle également dit, n’est pas possible sans la paix et la sécurité.  elle a exhorté à bâtir des sociétés unies, justes et ouvertes qui fournissent un accès équitable à la justice sur la base du respect des droits de l’homme, de la justice et de l’état des droits des peuples, ainsi que de la bonne gouvernance. 

Elle a, en outre, souligné la nécessité de promouvoir un plaidoyer en vue d’éliminer toutes les formes de violence et les pratiques telles que les mutilations génitales féminines et le mariage des enfants.  La déléguée s’est également attardée sur le sort des femmes migrantes, lesquelles restent vulnérables à toutes sortes d’exploitations, aux violences et aux abus, ainsi qu’au trafic des êtres humains. 

Concluant, elle a souligné que les dirigeants africains considèrent l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes comme la clef pour un développement durable significatif et une véritable croissance économique.

M. GEORGE TALBOT (Guyane), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a reconnu qu’il restait beaucoup à faire en matière de participation égale des femmes dans l’éducation, la santé, l’emploi et la prise de décisions.  Il s’est réjoui du nouveau tournant marqué avec l’adoption, le 25 septembre dernier, du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et de la célébration du vingtième anniversaire de la quatrième Conférence des femmes, « un fait historique qui a défini le programme de la mise en œuvre effective des droits fondamentaux de toutes les femmes », d’après M. Talbot. 

La CARICOM continue de progresser dans l’application des objectifs d’égalité entre les sexes et d’autonomisation des femmes, en particulier à travers la participation croissante des femmes dans la prise de décisions.  La création de points focaux dans tous les gouvernements constitue une des garanties de l’intégration de la perspective paritaire dans tous les domaines, a-t-il assuré. 

Il a salué dans ce contexte le fait que le rapport mondial 2014 sur l’écart entre les sexes classait la Barbade au trente-troisième rang, les Bahamas au trente-cinquième, la Trinité-et-Tobago au quarante-neuvième, la Jamaïque au cinquante-deuxième et la Guyane au soixante-quatrième sur 145 pays en matière d’égalité salariale pour un travail d’une même valeur.

Concernant la grossesse précoce, un problème dans les pays de la CARICOM, il a estimé là aussi que beaucoup restait à faire mais qu’avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), il avait été convenu d’œuvrer à réduire d’au moins 20% le nombre de ces grossesses entre 2014 et 2019 dans les pays anglophones et de langue néerlandaise des Caraïbes.  Il a également salué la coopération étroite avec la société civile et les organisations féminines et de communautés.

Mme IRENE SUSAN NATIVIDAD (Philippines) a déclaré que cette année était importante en ce sens que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 intégrait l’égalité entre les sexes, ainsi que l’autonomisation de la femme et de la jeune fille.  En outre, les Philippines célèbrent le quarantième anniversaire de la Commission nationale sur les femmes qui fait office d’autorité gouvernementale en matière d’autonomisation des femmes, a-t-elle expliqué. 

Depuis l’adoption de la Déclaration de Beijing, son pays a multiplié les efforts pour respecter les engagements de cet instrument, se classant à la neuvième place sur 142, a-t-elle précisé.  Soulignant que dans le domaine de l’éducation, les Philippines favorisaient les femmes, elle a souligné que le Gouvernement attribuait des bourses d’étude aux filles qui décident de s’inscrire dans les filières dominées par les hommes. 

S’appuyant sur les conclusions du dernier rapport du Forum économique mondial, Mme Natividad a annoncé que son pays était au dix-septième rang en matière de politique d’autonomisation des femmes et classé vingt-quatrième dans le domaine de la participation économique.

Concernant les femmes philippines, dont 6 sur 10 pour porter une assistance à celles qui veulent sortir du pays afin de leur permettre d’être moins vulnérables face aux violences et aux abus.

M. LUIS XAVIER OÑA GARCÉS (Équateur), a jugé, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), qu’il est urgent que les États respectent leurs obligations en vertu de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et du Protocole facultatif s’y rapportant car, même si beaucoup a été accompli depuis leur entrée en vigueur respective, le monde est encore loin d’avoir atteint tous leurs buts et engagements.

Le représentant a mis en exergue le problème de la féminisation de la pauvreté dans les États de la CELAC.  Il a souligné l’importance de l’élimination de la pauvreté et de ses causes structurelles, ainsi que de l’accès des filles à l’éducation à tous les niveaux, y compris aux programmes de prévention des grossesses précoces.  Il a également manifesté son inquiétude devant la situation des migrantes, des autochtones, des femmes rurales, des handicapées, des femmes âgées et des femmes d’ascendance africaine, toutes confrontées à des discriminations multiples.  

Il a ensuite prié tous les États de veiller à établir, ou à renforcer, des points focaux de coordination entre les pays d’origine, de transit et de destination en vue de combattre la traite des personnes.  L’Équateur a salué l’adoption de l’objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, sur la réalisation de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles ainsi que sur la contribution des mouvements féministes et de la société civile à l’ordre du jour international. 

Il a enfin mis en exergue l’importance des statistiques ventilées par sexe et des indicateurs pour mieux mesurer les résultats et faire le suivi du Programme de développement durable.  Dans ce cadre, il a recommandé des ressources supplémentaires en vue du renforcement des capacités nationales des services statistiques et de la fiabilité des données.

M. WILFRIED I. EMVULA (Namibie), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a salué l’adoption cette année du Programme de développement durable à l’horizon 2030, estimant que le développement durable inclusif ne serait qu’un rêve si un tiers de la population mondiale continuait d’être privé de ses droits et des opportunités.  Il a assuré que le principal objectif de la SADC demeurait la réalisation du développement durable et la croissance économique en vue d’alléger la pauvreté et améliorer la qualité de vie de tous les ressortissants de ce groupe régional. 

C’est à ce titre que l’autonomisation des femmes, lesquelles constituent 50% des populations issues des régions pauvres, fait partie de ses priorités, a-t-il soutenu.  À cela s’ajoute la mise en œuvre des efforts en vue d’une participation égale des femmes dans le domaine politique et dans la prise de décisions, a-t-il fait remarquer.

Par ailleurs au niveau régional, la représentation des femmes au Parlement s’est accrue avec une représentation de 30 % dans l’ensemble des 15 États membres, s’est-il félicité.  Il s’est dit préoccupé par les violences basées sur le genre, en particulier contre les femmes et les filles au sein de la SADC.  Des agissements qui, a-t-il dit, les exposent notamment aux infections au VIH/sida. 

Il s’est réjoui de ce que dans les domaines de l’éducation et de la santé des avancées significatives ont pu être réalisées dans la région avec notamment la réduction de la mortalité de la mère et l’enfant, ainsi que la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant.

M. RY TUY (Cambodge), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué que le Comité de l’ASEAN sur les femmes se réunissait chaque année pour coordonner et suivre l’application de ses priorités pour la promotion de la femme.  De 2005 à 2010, les États membres ont été guidés par le plan de travail sur la promotion des femmes et l’égalité des sexes et le plan de travail pour opérationnaliser la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes au sein de l’ASEAN.  Ces plans ont été reconduits jusqu’en 2015, et de nouveaux plans sont en cours d’élaboration.

L’ASEAN s’efforce d’incorporer une démarche tenant compte de la problématique hommes-femmes dans les divers domaines du développement, a précisé M. Tuy.  Une conférence régionale sur l’impact social des changements climatiques sur les femmes et les enfants a eu lieu à Phnom Penh, au Cambodge, en mars dernier, tandis qu’un atelier sur les questions d’égalité des sexes et l’adaptation aux changements climatiques était organisé à Langkawi, en Indonésie, en juin.  En novembre 2014, une conférence régionale de haut niveau pour le renforcement de la protection et l’autonomisation des travailleuses migrantes s’était tenue à Manille, aux Philippines.

Par ailleurs, le représentant a annoncé que les États membres étaient en train de finaliser des directives relatives aux soins à apporter aux femmes et aux filles victimes de la traite des êtres humains.Depuis sa création en 2010, la Commission de l’ASEAN sur la promotion et la protection des droits des femmes et des enfants travaille à l’élimination de toutes les formes de violence contre les femmes.

« Pendant trop longtemps, les femmes ont été considérées comme des victimes », a déclaré M. CHARLES WHITELEY, délégué de l’Union européenne.  Or, les recherches ont montré que la participation active des femmes dans la vie politique, sociale et économique renforçait le développement et la paix.  Les objectifs de développement durable ne seront pas réalisés sans la parité des sexes, a-t-il averti.  L’Union européenne a lancé un appel fort en ce sens lors de la Réunion mondiale de haut niveau sur la parité des sexes et l’autonomisation des femmes qui a eu lieu fin septembre, conformément à la Déclaration et au Programme d’action de Beijing.

L’Union européenne a contribué substantiellement à l’examen de haut niveau de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  À ce sujet, M. Whiteley a salué la prise en compte accrue de la problématique hommes-femmes dans l’architecture de paix et de sécurité de l’ONU.  Pour sa part, l’Union européenne, dans le cadre de sa politique étrangère, a adopté le mois dernier un programme ambitieux sur l’autonomisation des femmes et des filles et le respect de tous leurs droits pour la période 2016-2020.  En juillet, elle avait également adopté un plan d’action sur les droits de l’homme et la démocratie pour 2015-2019 qui met l’accent sur la prévention des conflits, les mécanismes d’alerte rapide et la consolidation de la paix.

Le délégué a condamné toutes les formes de violence contre les femmes et les filles.D’après lui, les coutumes, la tradition, la culture, ou l’honneur ne peuvent être invoqués ni pour justifier la violence ni pour diminuer les obligations des États à cet égard.La Convention du Conseil de l’Europe, dite Convention d’Istanbul, sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique est « un outil très puissant », a-t-il souligné.L’Union européenne appuie également la lutte contre toutes les pratiques néfastes qui affectent les filles, les femmes et les garçons, y compris les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants, précoces et forcés.

Mme DARJA BAVDAZ KURET, Ministre adjointe des affaires étrangères de la Slovénie, a regretté la lenteur à laquelle l’écart entre les sexes se referme dans le domaine de la prise de décisions.  Le niveau de représentation des femmes dans les sociétés privées et les parlements reste bas, a-t-elle constaté.  Pour y remédier, la Slovénie a lancé un projet intitulé « Inclure tous », même si la participation des femmes y est déjà de 47% au Gouvernement et 34% au Parlement.  Dans la mesure où le travail domestique non rémunéré est essentiellement assuré par des femmes, il faut appuyer des activités visant à mieux répartir les responsabilités entre les deux sexes et à « modifier les attitudes qui renforcent la division sexiste du travail », a-t-elle dit.

D’après Mme Kuret, il faut également « remettre en question les notions traditionnelles de masculinité, ainsi que les normes, les lois et les pratiques qui les appuient ».  Le Premier Ministre slovène et son gouvernement ont adhéré à la campagne « Lui pour elle ».  La Slovénie a également ratifié la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes. 

Elle continuera à soutenir les efforts de l’Union européenne et de ses États membres visant à consolider les mécanismes institutionnels pour la parité des sexes.  Sur le plan interne, le pays s’est engagé à adopter un programme pour l’égalité entre les femmes et les hommes d’ici à 2020, en mettant notamment l’accent sur l’indépendance économique, les stéréotypes sexistes et l’inclusion sociale.

Mme MARGARETA KASSANGANA-JAKUBOWSKA (Pologne) qui a souligné que l’heure était venue de redoubler d’efforts en faveur de l’autonomisation des femmes, a salué les activités d’ONU-Femmes qui, depuis sa création, a accompli un énorme travail dont les bénéfices sont visibles sur le terrain.  Il y a 26 ans, a-t-elle expliqué, la Pologne a connu l’expérience des régimes dictatoriaux  mais a pu entamer une transition pacifique élaborée et mise en œuvre par des femmes.  Ces dernières sont ainsi devenues des vecteurs de changement dans la société, grâce à une approche privilégiant notamment l’état de droit. 

Dans le même temps, l’égalité des statuts entre hommes et femmes se reflète sur le terrain principalement en raison d’un travail mené sur le principe du traitement équitable, du Code du travail et du Code pénal.  En outre, un quota obligatoire de 35% sur les listes électorales a été introduit, a-t-elle assuré.  Le nombre de femmes nommées à des postes de haute responsabilité s’est accru ces dernières années, s’est félicitée la déléguée polonaise.

Assurant que son pays était prêt à partager expérience sur l’autonomisation des femmes, elle a invité tous les délégués à participer au prochain sommet des femmes qui se tiendra à Varsovie en 2016.

M. FATMAAALZAHRAA HASSAN ABDELAZIZ ABDELKAWY (Égypte), soulignant que cette année a vu la création d’un élan pour l’autonomisation de la femme et l’égalité entre les sexes, a fait remarquer que son pays était sérieusement engagé pour faire avancer ces questions dans son pays.  En effet, la Constitution égyptienne qui considère la discrimination à l’égard du genre comme un crime a mis en place un mécanisme de suivi en la matière qui accorde une attention particulière aux femmes pauvres, aux personnes handicapées et aux personnes âgées. 

En outre, les autorités ont réussi depuis les assises de Beijing à réduire considérablement les taux de mortalité maternelle de 68% et de deux tiers ceux des enfants, a-t-il expliqué.  Dans le domaine de l’éducation, il a précisé que le nombre de filles inscrites à l’école primaire, secondaire et tertiaire s’est accru.  Plus de 65% des diplômés issus de l’université sont des femmes, 20% du corps diplomatique est constitué de femmes et plus de 85% des sociétés pharmaceutiques sont dirigées par des femmes.

Un conseil national pour les femmes a été également mis en place et joue un rôle crucial depuis sa création, en 2000, pour appliquer le programme visant à s’attaquer aux questions liées à la femme, ainsi qu’élaborer des stratégies pour enregistrer des avancées dans les domaines de la pauvreté, la lutte contre l’illettrisme chez les femmes afin de garantir leur pleine participation dans les sphères politiques, sociales et économiques, a-t-il déclaré. 

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a indiqué que son pays s’était engagé à garantir une assistance aux femmes et aux filles en vue de l’accélération de l’égalité entre les sexes.  Il a expliqué que l’approche polyvalente dans l’application de la loi sur la violence à l’égard des femmes alourdissait les peines et apportait une assistance aux victimes par la mise en place de 26 refuges dans chaque État de la Fédération.  Le Brésil s’emploie aussi à exécuter différents programmes de lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde rural. 

Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 insiste sur le défi mondial qu’est la pauvreté, et sa féminisation, a-t-il fait remarquer.  En sa qualité de président de la prochaine session de la Commission de la promotion de la femme, il a espéré pouvoir apporter une contribution significative dans la réalisation de l’objectif 5 dudit Programme.  Il a également évoqué la déclaration de la cinquante-neuvième session à l’issue de la célébration du vingtième anniversaire de la Conférence de Beijing, qui invitait à l’accélération de l’application du Programme d’action de cette Conférence ainsi qu’à l’intégration d’une perspective d’égalité entre les sexes dans les trois dimensions du développement durable.

Mme ALMA VIVIANA PEREZ (Colombie) a salué l’initiative de la Chine et d’ONU-Femmes de convoquer, le 26 septembre dernier, une réunion mondiale de haut niveau à l’occasion du vingtième anniversaire de la Déclaration et de Programme d’action de Beijing.  La déléguée a invité à saisir l’occasion historique du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dont la réalisation sera déterminante pour faire avancer l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles, ainsi que la garantie du plein exercice de leurs droits. 

Partant du caractère indivisible de ce Programme, a-t-elle dit, l’égalité des sexes est un objectif transversal qui exige des efforts visant à atteindre tous les objectifs.  Elle a enfin encouragé à considérer les femmes migrantes comme des acteurs essentiels de la société.

Mme NELLY SHILOH (Israël), après avoir lu en arabe et en anglais un poème du poète syrien Maram Al-masri, lequel dépeint la situation désespérée en Syrie, a souligné que les femmes doivent être considérées comme des membres à part entière des sociétés.  Celles-ci, a-t-elle déploré, souffrent en silence et sont écartées des processus de prise de décisions; une situation qu’elle juge inacceptable.  En Israël, le droit des femmes est considérée comme l’ADN national car c’est une société dans laquelle les femmes choisissent leur carrière et ont leur mot à dire dans tous les processus de la vie du pays. 

En effet, la déclaration d’indépendance du pays garantit l’égalité entre les hommes et les femmes, et est perçue comme un principe fondamental de son identité, a-t-elle précisé.  Elle a fait savoir que des dizaines d’organisations non gouvernementales travaillent sur le terrain pour améliorer les échanges entre les femmes arabes et juives. 

Ainsi, elles travaillent ensemble et nourrissent des cultures semblables, s’est réjouie Mme Shiloh.  Elle a indiqué que l’approche de la cohabitation envisagée par les femmes reste la clef d’une société mondiale meilleure.  Elle a ajouté que l’égalité entre les sexes dans tous les domaines de la vie permettrait de promouvoir la prévention des conflits et la consolidation de la paix.

M. KAI SAUER (Finlande) a fait remarquer que son pays avait été le premier du monde à accorder à tous les citoyens adultes le droit de voter et d’être élu.  Toutefois, la participation des femmes à la vie politique ne suffit pas; il faut aussi leur permettre de combiner vies professionnelle et familiale.  M. Sauer a estimé qu’il fallait accorder une attention particulière aux besoins de femmes migrantes.

Le rôle des hommes et des garçons est essentiel pour la parité des sexes, a poursuivi le représentant.  Le Président de la Finlande s’est personnellement engagé dans la campagne intitulée « Lui pour elle » de l’ONU-Femmes.  L’objectif national est de diminuer de 5%, au cours des cinq prochaines années, les cas de violence contre les femmes et les filles.  En outre, la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes a pris effet en Finlande en août dernier.   

Mme ARAUZ, déléguée des jeunes du Mexique, a déclaré que son pays avait organisé une manifestation spéciale pour célébrer le vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.  Le pays s’efforce aussi de réduire les disparités devant l’emploi et l’écart salarial.  L’élimination de la violence contre les femmes passe par leur éducation et leur autonomisation, a-t-elle estimé, louant le travail d’ONU-Femmes.

Les engagements pris à la soixante-dixième session de l’Assemblée générale doivent garantir l’égalité et le développement de tous les peuples, a-t-elle préconisé.  Aujourd’hui, il nous incombe de relever les défis qui persistent, en particulier les grossesses précoces qui ont des répercussions graves sur la santé des adolescentes et constituent un objectif prioritaire du Mexique et de sa société civile.  Les services de santé reproductive ont été renforcés et la parité hommes-femmes est garantie pour les candidatures législatives et municipales.

Mme LAURIE PHIPPS (États-Unis) s’est félicitée de voir que le concept de la parité des sexes occupait une place centrale dans le Programme pour le développement durable à l’horizon 2030, grâce à l’appui vigoureux de nombreuses parties prenantes et des États-Unis.  Elle espère que cet objectif spécifique aura un effet démultiplié dans tous les domaines du développement.  Évoquant le quinzième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, elle a indiqué que le plan national d’action sur les femmes, la paix et la sécurité réaffirmait la position des États-Unis selon laquelle « la participation pleine et active des femmes est nécessaire pour répondre aux défis actuels et futures en matière de sécurité mondiale ».

La Déclaration et le Programme d’action de Beijing, adoptés il y a 20 ans, continuent de servir de feuille de route pour l’autonomisation et la promotion des droits des femmes et des filles partout dans le monde, a estimé Mme Phipps.  Les États-Unis, a-t-elle annoncé, consacreront de nouvelles ressources à l’éducation des filles dans le monde, redoubleront d’efforts pour combattre la violence sexiste dans le pays et à l’extérieur, et continueront à œuvrer avec leurs partenaires dans ce domaine.

Certains pays, a-t-elle toutefois tenu à souligner, continuent de réduire au silence les voix des femmes activistes.  Les États-Unis ont mis en lumière les cas de « 20 femmes injustement détenues par leur propre gouvernement », comme l’étudiante Bahera Hedeyat en Iran.  Depuis la campagne lancée le 1er septembre dernier par l’Ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU, Mme Samantha Power, deux femmes ont été libérées.  Les États-Unis appellent à la libération des 18 autres prisonnières.

Mme FERNANDO ANDRÉS MARANI (Argentine) a indiqué que la Présidente de son pays avait participé à la Réunion mondiale de haut niveau sur la parité des sexes et l’autonomisation de la femme, organisée le 27 septembre dernier par ONU-Femmes et la Chine.  À cette occasion, Mme Cristina Fernández de Kirchner a lancé un appel pour « promouvoir un environnement culturel où la promotion de la femme ne soit pas le résultat de traités ou de conventions, mais plutôt d’une conviction profonde chez les hommes et les femmes ».  La représentante a salué comme « un pas important » l’inclusion d’un objectif indépendant sur l’égalité des sexes dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La société et le Gouvernement argentins, pleinement engagés contre la violence à l’égard des femmes, promeuvent des politiques et des actions concrètes pour protéger la femme, a assuré la représentante.  Dans le cadre de l’évolution de la société et pour combattre l’inégalité, un règlement récent met l’accent sur les droits des pères et des fils à la naissance, tandis que le nouveau Code civil et commercial de la nation, approuvé en 2014, défend de nouveaux droits touchant aux relations familiales, aux filles et aux garçons, aux adolescents et à la bioéthique.  

Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a exprimé sa satisfaction quant à la réalisation de certaines ambitions des femmes, grâce à des efforts conjugués et au renforcement de la volonté politique en vue de leur assurer un développement et la prospérité.  Toutefois, il reste encore beaucoup à faire dans les domaines de l’enseignement, de la formation, et en particulier de la santé où l’on assiste à un accroissement du taux de mortalité des mères et des nourrissons, a-t-elle regretté.

Le Maroc place la question de l’émancipation de la femme au centre de ses priorités avec, notamment, l’article 19 de la Constitution qui stipule que l’homme et la femme jouissent à égalité des droits et libertés.  Le Royaume a intégré les dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et a effectué des réformes et des amendements législatifs qui ont touché de nombreux domaines, a-t-elle déclaré. 

Par ailleurs, les femmes participent davantage aux prises de décisions comme membres des conseils communaux, régionaux et du Gouvernement.  Un fonds de solidarité a été également créé pour venir en aide aux pauvres et aux handicapés en milieu rural, en octroyant des allocations aux personnes vulnérables afin de garantir leur autonomisation, a-t-elle conclu.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA VELÁSQUEZ (Pérou) a salué l’inclusion d’un objectif spécifique dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour parvenir à l’égalité entre les sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles.  Au Pérou, un plan national pour la parité des sexes 2012-2017 permet d’appliquer la loi sur l’égalité des chances entre les femmes et les hommes sans discrimination, de même que les dispositions nationales et internationales en matière d’égalité.

Le Gouvernement péruvien s’est engagé à mettre en œuvre des mécanismes pour assurer l’autonomisation politique de la femme, en particulier dans les élections, et son inclusion dans les programmes sociaux.  En conclusion, a dit M. Meza-Cuadra Velásquez, « l’égalité des sexes et les droits de l’homme de la femme et de la fille sont fondamentaux pour parvenir au développement durable ».    

Mme LINDA LEE (Singapour) a souligné que l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes favorisaient des économies intelligentes, expliquant que dans son pays cela était une réalité.  En effet, cette approche a permis de créer des opportunités égales, et ce, sur la base de la méritocratie.  Elle a affirmé que Singapour avait initié un plan qui encourage les employeurs à faciliter la flexibilité au travail et à encourager les populations inactives à retourner sur le marché de l’emploi. 

En outre, les autorités appuient significativement les mères professionnellement actives en leur faisant bénéficier de congés de maternités plus longs et payés, en accroissant les structures dédiées à la prise en charge des enfants, a-t-elle ajouté.

Le taux d’emploi chez les femmes est passé de 57% en 1995 à 76% en 2014, s’est-elle félicitée, en précisant que les domaines d’activité dominés dans le passé par les hommes sont désormais privilégiés par les femmes.  Elle a ajouté que les femmes à Singapour jouissaient pleinement de la protection sociale et de leurs droits, conformément à la Constitution.

Par ailleurs, une autre loi sur la prévention du trafic des êtres humains a été adoptée et condamne toutes personnes impliquées dans ce type d’activités, a-t-elle déclaré.

M. FREDERICO GONZÁLES (Paraguay) a reconnu le rôle historique des femmes « dans la défense de la patrie, de la culture et de la langue vernaculaire ».  Dans le plan national de développement du Paraguay 2030, la parité des sexes est un objectif transversal, a-t-il indiqué.  Le Ministère de la femme se concentre sur trois domaines d’action: l’autonomisation économique des femmes, la prévention et la répression de la violence sexiste, la participation des femmes à la vie publique et politique.

Le représentant a salué l’objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui prévoit de parvenir à l’égalité entre les sexes et d’autonomiser toutes les femmes et les filles.  Toutefois, a-t-il prévenu, tant que persisteront la discrimination, la violence et l’exclusion économique et sociale des femmes dans le monde, « il ne pourra pas y avoir de développement durable ».  

M. AMJAD QASSEM AGHA (République arabe syrienne) a décrit les violences et les atrocités commises contre les femmes syriennes, dont certaines ont choisi de se suicider pour ne pas tomber aux mains des djihadistes.  Quatre années se sont écoulées depuis que, selon lui, les sbires des wahhabites ont fait reculer tous les acquis des femmes syriennes.  Il a vivement exhorté les États à trouver une solution et à cesser leur politique sélective et partiale en Syrie, dont le Gouvernement est critiqué de manière mensongère. 

Les femmes sont parlementaires et occupent des postes clefs, a-t-il dit.  Le représentant syrien a dit avoir inlassablement lancé des appels et adressé des lettres au Secrétaire général pour sauver les femmes mais, à l’évidence, cela est tombé dans l’oreille d’un sourd, a-t-il déploré, en mettant les États devant leur responsabilité.

Mme DAYLENIS MORENO GUERRA (Cuba) a déclaré que la meilleure façon de réaliser pleinement l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes était d’instaurer un ordre juste et équitable qui élimine la pauvreté, la faim et met fin aux guerres tout en privilégiant l’être humain.  Elle a rappelé que Cuba avait été le premier pays à signer et le deuxième à ratifier la Convention sur l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes.

Les femmes représentent 48% des personnes actives dans secteur du travail et 46% occupent de hautes fonctions dans l’administration, a-t-elle lancé avant d’ajouter que 62,5% d’entre elles représentent le personnel qualifié dans les domaines techniques et professionnels.  Sur le plan de la santé, son pays a élaboré un programme de santé universel qui garantit à tous les citoyens l’éducation et les soins pour les enfants, les personnes âgées et pour les personnes atteintes du VIH/sida.  

Les droits sexuels y compris ceux à l’avortement sont garantis, a-t-elle fait savoir.  Pour autant, il reste beaucoup à faire pour faire évoluer les mentalités afin que les charges au sein de la famille soient partagées entre les femmes et les hommes, et que les femmes soient promues aux postes les plus élevés, a-t-elle affirmé.

M. TACHAROEN (Thaïlande) a indiqué que son pays avait promulgué en 2015 une loi sur l’égalité des sexes qui protège tous les citoyens contre la discrimination sexiste.  En outre, le Gouvernement est en train d’élaborer un « curriculum sur les rôles dévolus à chacun des deux sexes », en vue de cultiver des attitudes positives dès la petite enfance.  Le prochain plan de développement économique et social de la Thaïlande mettra l’accent sur les personnes, l’inclusion et la réduction des inégalités, a ensuite indiqué le représentant.

Cette année, le Gouvernement thaï a également entériné la proposition d’améliorer le rôle de l’Administrateur chargé de la parité des sexes, et approuvé le Code de conduite visant à prévenir et à punir le harcèlement sexuel au travail.  Le représentant a indiqué que la Thaïlande avait récemment décidé de porter à 20 000 dollars sa contribution annuelle à ONU-Femmes.  Enfin, la Thaïlande a nommé des femmes à des postes d’officiers dans les missions de maintien de la paix de l’ONU en Haïti, au Darfour et au Cachemire.

Mme SELMA MANSOURI (Algérie) a déclaré qu’environ 35% des femmes dans le monde avaient subi une forme de violence physique et/ou sexuelle et que la crise économique avait exacerbé la vulnérabilité et les difficultés économiques des femmes, en les exposant à des risques élevés d’exploitation et de violence.  Elle a recommandé des stratégies et des programmes nationaux de lutte contre ce phénomène, assortis d’un échéancier et d’objectifs précis, ainsi que de mécanismes d’évaluation et de suivi. 

Elle a ensuite souligné que depuis sa ratification de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, l’Algérie mettait en place une réforme et améliorait son cadre législatif national pour mettre la promotion et la protection des femmes au centre de ses plans stratégiques et politiques. 

C’est ainsi que plusieurs textes ont été promulgués en vue de supprimer les lois discriminatoires et de combattre la violence à l’égard des femmes.  Le Code de la famille et le Code de la nationalité ont été fortement amendés dans le souci de garantir une meilleure égalité entre les sexes et un équilibre au sein de la famille. 

La réforme a eu pour résultat le fait que le nombre de députées est passé de 8% en 2009 à 31,60% depuis 2012, a-t-il précisé. Concernant le quinzième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, Mme Mansouri a affirmé qu’il ne saurait y avoir de paix et de sécurité mondiales sans l’élimination de toutes les formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes en général, et de la violence sexuelle dans les situation de conflit.

Mme EKATERINA VODENIKOVA (Fédération de Russie) a déclaré que la volonté d’agir de la communauté internationale avait été mise en évidence à travers la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes par le biais de l’adoption du Programme de développement à l’horizon 2030.  Une approche à laquelle souscrit pleinement la Fédération de Russie qui se prépare à présenter au Comité pour l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes le résultat de ses activités relatives à la mise en œuvre de la Convention, a-t-elle déclaré.

Saluant le travail d’ONU-Femmes, elle a recommandé que ses activités concernent tous les pays et la présence de cette organisation sur le terrain soumise à l’accord des pays concernés.  La déléguée russe a tenu à assurer que son pays, en tant que membre du Conseil d’administration d’ONU-Femmes, s’engageait à collaborer avec cette entité.

M. GREGORY KEITH DEMPSEY (Canada) a cité les divers anniversaires célébrés cette année comme le soixante-dixième anniversaire de l’ONU et le vingtième anniversaire de la Conférence de Beijing.  Il a encouragé à traduire dans la réalité les objectifs du nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030 en se projetant sur le long terme.  

Il a salué l’inclusion d’une cible en vue de l’élimination des mariages précoces, rappelant à cet égard la résolution parrainée l’année dernière par son pays sur cette question à l’Assemblée générale.  Il a jugé nécessaire de privilégier les solutions ayant fait leur preuve lors de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier en ce qui concerne la santé des femmes.

Les stéréotypes, les pratiques préjudiciables et la violence sexuelle sont des défis clairs à la communauté internationale. Les violences sexuelles, en particulier perpétrées par des groupes comme Boko Haram, sont totalement condamnables. Il a aussi évoqué la violence ciblée à l’encontre des femmes et des filles autochtones.

M. HAHN CHOONG-HEE (République de Corée) a indiqué que son pays avait promulgué en juillet dernier une nouvelle loi sur l’égalité des sexes qui vise, entre autres, à promouvoir la participation des femmes et des hommes sur un pied d’égalité, et à prévenir la violence sexuelle, familiale et sexiste en général.  Comme l’a réaffirmé le Président coréen lors de son allocution à l’Assemblée générale, « la violence sexuelle contre les femmes dans les conflits armés constitue une violation des droits de l’homme et de la dignité humaine ». 

Malgré les efforts accomplis, y compris la décision récente de désigner le 19 juin comme « Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle dans les conflits », il reste beaucoup de cas qui ne sont pas résolus, a regretté le représentant.  Aujourd’hui, seule une poignée de « femmes de réconfort » sont encore vivantes.  « Il ne faut pas leur refuser la dignité d’une véritable reconnaissance de ce qu’elles ont été forcées d’endurer » pendant la Seconde Guerre mondiale, a-t-il insisté.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a affirmé que la promotion de la femme était étroitement liée aux problèmes les plus cruciaux tels que la consolidation de la paix et la sécurité, le développement durable, l’élimination de la pauvreté, les changements climatiques et la protection des droits de l’homme.  Des mesures doivent être prises simultanément en vue de s’attaquer aux causes structurelles de l’inégalité des sexes, y compris le travail non rémunéré, la participation inégale dans les prises de décisions, ainsi que la non-conformité aux engagements internationaux contenus dans la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, a-t-il dit.

Au moment où la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement aux objectifs de développement durable s’opère, il est essentiel de capitaliser sur les leçons apprises pour aider les femmes marginalisées et défavorisées de la planète, a-t-il plaidé.  Au Kazakhstan, le plan national d’action visant à améliorer la condition des femmes et à atteindre les normes internationales en la matière va développer et renforcer leur statut économique grâce à des programmes encourageant l’entreprenariat, a-t-il déclaré. 

Par ailleurs, une stratégie nouvellement adoptée et baptisée « Kazakhstan 2050 » met en évidence l’importance de promouvoir la santé maternelle, l’autonomie économique des femmes, ainsi que l’extension de leurs droits sociaux et le renforcement de leurs capacités, a-t-il conclu.

M. USMAN SARKI (Nigéria) a considéré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était une excellente plateforme pour la réalisation de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes qui exigent des politiques publiques globales et inclusives, un engagement à long terme et des perspectives paritaires tant à l’heure de la programmation que de la conception des politiques nationales.  Il faut que les femmes aient davantage accès aux avoirs et aux services, de même qu’aux opportunités d’emploi, a-t-il recommandé, ajoutant que, pour ce faire, des approches novatrices et un dialogue accru entre les acteurs du développement, de même qu’une meilleure coordination entre les donateurs et un appui aux organisations féminines, étaient indispensables. 

M. Sarki a déploré le fait que la participation des femmes africaines dans l’économie informelle n’était pas assez encouragé et restait sous-valorisée, ce qui ne manquait pas d’avoir un impact négatif également sur leurs familles, leurs communautés et sur les économies locales.  En conséquence, M. Sarki a plaidé en faveur d’un accès des femmes à la terre et à d’autres ressources.  Il a salué le Protocole africain sur les droits de la femme, qui fait obligation aux États de promouvoir l’accès des femmes au contrôle sur les ressources productives comme la terre et de garantir leur droit à la propriété.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a observé que l’examen de la situation économique et sociale dans le monde révélait une féminisation de la pauvreté, d’énormes disparités hommes-femmes, notamment dans le domaine de l’éducation secondaire et tertiaire, de l’emploi, de la participation dans la vie publique ainsi que des faibles progrès dans l’amélioration de la santé maternelle et reproductive.  Il a ensuite insisté sur la situation des femmes rurales, un quart de la population mondiale, qui constituent un réel potentiel dans la lutte contre la pauvreté, non exploité en raison des obstacles d’accès à l’eau, à la terre et à d’autres ressources productives, des effets des mariages précoces sur l’éducation des filles et des conséquences des changements climatiques et des crises économique et financière. 

De l’avis du délégué sénégalais, la situation des travailleuses migrantes n’est pas plus reluisante au vu des violences dont elles font l’objet dans les ménages, les lieux de travail et dans la sphère publique.  Il a trouvé cette situation inacceptable quand on sait la contribution de cette catégorie de la population dans les efforts de développement aussi bien des pays d’origine que de destination, d’où la nécessité de leur protection indépendamment de leur statut migratoire. 

Le Sénégal, dans le cadre de sa stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre, a modifié la loi sur la nationalité pour permettre aux femmes de donner leur nationalité à leurs conjoints étrangers et à leurs enfants nés à l’étranger.  S’agissant de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), le délégué a rappelé la participation des femmes au maintien de la paix suite à leur entrée dans les Forces armées sénégalaises.  

Il a indiqué que le Sénégal, qui préside à la fois le Comité d’orientation du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), appelait à une coopération fructueuse avec les partenaires internationaux conformément au Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.

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