Sixième Commission: Financement et respect du droit international au cœur des débats sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international
La Sixième Commission (Commission des questions juridiques) a commencé, aujourd’hui, ses travaux de fond par l’examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international, sous la présidence de M. Eden Charles (Trinité-et-Tobago).
Au-delà de la condamnation unanime sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations du terrorisme, que certaines délégations ont toutefois tenu à distinguer de la lutte légitime des peuples pour l’autodétermination, le financement du terrorisme et la question des combattants étrangers ont été au centre de nombreuses interventions.
Israël a ainsi rappelé que le terrorisme international ne pouvait exister sans un afflux de financement. De nombreuses délégations ont fait état des lois en vigueur dans leur pays pour lutter contre le blanchiment de l’argent. Si plusieurs ont fait état des liens entretenus pas le terrorisme avec la criminalité internationale, les pays de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) ont tenu à distinguer le terrorisme tant de cette criminalité que de l’extrémisme violent. Ils estiment en particulier que la finalité du terrorisme est idéologique alors que celle de la criminalité est avant tout l’argent.
Les enlèvements et les prises d’otages sont les deux des moyens privilégiés par les groupes terroristes. À cet égard, le Groupe des États d’Afrique a exhorté les États Membres à coopérer plus activement en vue de trouver des solutions au problème du paiement des rançons. Le groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande) s’est dit opposé à tout paiement tandis que l’Union européenne considère la question comme en suspens.
Autre source de financement du terrorisme, le trafic illicite de biens culturels volés, notamment en Iraq et en Syrie, a également été dénoncé. Pays concerné au premier chef, l’Iraq a rappelé que le Conseil de sécurité avait, dans sa résolution 2199 (2015), cherché à lutter contre cette nouvelle forme de financement du terrorisme.
Autre point abordé par de nombreuses délégations: la question des combattants étrangers. La CELAC a encouragé les États Membres à renforcer la coopération et la mise au point de mesures pour prévenir l’expansion d’un tel phénomène. Pour l’Union européenne, le phénomène exige une approche intégrée et multidisciplinaire, car le partage des informations et des meilleures pratiques entre États est désormais indispensable.
De nombreux pays et groupes ont rappelé que toute action de lutte contre le terrorisme par les États Membres devait être entreprise dans le strict respect du droit international et de la Charte des Nations Unies. Pour le Brésil, les interventions militaires en dehors du cadre de la Charte sont condamnables. À cet égard, la Fédération de Russie a expliqué que son pays s’efforce de rationaliser et de consolider son dispositif de lutte antiterroriste dans le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies. C’est dans ce contexte qu’elle a lancé l’idée d’une coalition mondiale contre « l’État islamique ». Israël a déclaré qu’en dépit des actes terroristes dont elle est l’objet, en ce moment même, elle ne comptait pas intervenir en dehors du cadre de la Charte.
Les « listes noires unilatérales » dressées par certains gouvernements ont été condamnées. Pour le Groupe des États d’Afrique, ces listes contreviennent au droit international et constituent « une forme de terrorisme politique et psychologique ». La CELAC, qui condamne elle aussi cette pratique, s’est félicitée que l’un de ses membres ait été récemment retiré d’une telle liste.
Tout en saluant comme un élément central de la lutte contre le terrorisme la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, de nombreuses délégations, y compris le Groupe des États d’Afrique et le Mouvement des pays non alignés, ont demandé que soit mise au point le projet de convention générale sur le terrorisme international et que soit organisée à cette fin une réunion de haut niveau sous les auspices des Nations Unies. Alors que de très nombreux intervenants ont cité, à l’appui de la lutte contre le terrorisme, diverses résolutions du Conseil de sécurité, la Norvège a estimé qu’une telle convention générale non seulement permettrait d’exprimer l’engagement des Nations Unies et leur capacité à combattre le terrorisme dans le cadre du droit international, mais aussi qu’elle montrerait sans équivoque que l’Assemblée générale est le principal organe pour la création du droit international, y compris face au terrorisme.
En attendant la convention générale, plusieurs délégations ont encouragé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier les 18 instruments internationaux existants de lutte contre le terrorisme.
De multiples délégations, dont le Mouvement des pays non alignés, l’Organisation de la coopération islamique, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) ont également rappelé que le terrorisme ne saurait être associé à aucune race, religion ou civilisation.
La Sixième Commission poursuivra ses travaux sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international demain, mardi 13 octobre, à 11 heures.
ORGANISATION DES TRAVAUX (A/C.6/70/L.1/REV.1, A/C.6/70/1 ET A/C.6/70/1/ADD.1)
Mesures visant à éliminer le terrorisme international (A/70/211)
M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran), au nom du Mouvement des pays non alignés) a condamné sans équivoque toutes les formes et manifestations du terrorisme, de la part de qui que ce soit, et envers qui que ce soit. Le Mouvement des pays non alignés réaffirme que le terrorisme constitue une violation flagrante du droit international, y compris le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme. Toutefois, a ajouté M. Khoshroo, le terrorisme ne devrait pas être traité sur le même plan que la lutte légitime des peuples à l’autodétermination, notamment celle des peuples sous domination coloniale ou occupation étrangère.
Conscient de la nécessité de prendre des mesures rapides et efficaces pour éliminer le terrorisme international, le Mouvement demande instamment à tous les États de remplir leurs obligations résultant du droit international et du droit humanitaire pour combattre le terrorisme, ce qui inclut la poursuite, et, si nécessaire, l’extradition de ceux qui ont commis ces actes. Ils doivent aussi empêcher l’organisation ou le financement des terroristes.
Le Mouvement des pays non alignés rejette l’usage de la force ou la menace du recours à la force par tout État Membre des Nations Unies, sous prétexte de combattre le terrorisme. Il appelle les États à condamner le terrorisme sous toutes ses formes et à remplir leurs obligations qui découlent du droit international. Il faut s’assurer que le statut de réfugié, ou tout autre statut, ne soit pas utilisé par les terroristes. M. Khoshroo a exprimé sa préoccupation face à la menace grandissante que constituent les combattants individuels qui voyagent d’un État à un autre avec pour but de préparer et de perpétrer des actes terroristes. Le Mouvement des pays non alignés appelle tous les États à respecter les droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Il réitère son appel à la mise en place d’une Conférence internationale sur le terrorisme sous les auspices des Nations Unies, afin de formuler une réponse internationale au terrorisme. Enfin, le Mouvement des pays non alignés condamne avec force les prises d’otages et appelle tous les pays à coopérer pour trouver des solutions à ces problèmes, y compris sous l’aspect juridique.
Mme KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué que le principal cadre d’action de l’ASEAN contre le terrorisme était sa Convention sur la lutte contre le terrorisme. La Convention renforce le rôle régional stratégique de l’ASEAN et complète la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, les conventions internationales ainsi que les résolutions pertinentes de l’ONU. Mme Phansourivong a également souligné l’attention portée par les dirigeants de l’ASEAN aux racines du terrorisme, la coopération entre ces derniers se concentrant notamment sur la prévention de la formation de réseaux terroristes et leur suppression, la protection des personnes et la réduction de la vulnérabilité des institutions clefs à d’éventuelles attaques. Après avoir mentionné diverses conférences de haut niveau sur la question organisées par l’ASEAN en 2015, dont des réunions ministérielles sur le crime transnational lié au terrorisme et la lutte contre l’extrémisme violent, la représentante a souligné que le terrorisme ne saurait être associé à quelque religion, race, nationalité ou ethnie que ce soit. Le combat contre le terrorisme doit être mené dans le respect du droit international, du droit humanitaire international et des droits de l’homme, a-t-elle conclu.
Mme LIZANNE ACHING (Trinité-et-Tobago), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souligné que le terrorisme constitue une violation de la Charte des Nations Unies, de l’état de droit, du droit international et du droit humanitaire international. Le terrorisme pose de sérieux problèmes de sécurité à tous les niveaux. Il ne respecte ni les frontières, ni la race, ni l’âge, le genre ou la classe sociale. Donc, aucun État ne peut être exempt de cette menace. La CARICOM réaffirme sa ferme condamnation de ces actes haineux, qui ont déjà causé d’énormes pertes en vies humaines. Mme Aching a, en conséquence, souligné l’urgente nécessité de la coopération pour combattre ce fléau: il n’y a aucune circonstance qui puisse justifier le terrorisme, a-t-elle rappelé.
L’élimination du terrorisme demeure une priorité au programme de la sécurité caribéenne, a déclaré Mme Aching. En accord avec la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies de 2006, la CARICOM a décidé de prendre des mesures pratiques pour prévenir et combattre le terrorisme. De nombreux États de la Communauté des Caraïbes ont promulgué des lois basées sur le droit international et sur les conventions de lutte contre le terrorisme existantes afin d’empêcher la mise en place de réseaux terroristes, notamment leur financement. La CARICOM insiste sur le fait que ces mesures doivent être prises en accord avec le droit international, notamment le droit des réfugiés.
Alors que nous fêtons le soixante-dixième anniversaire des Nations Unies, il est grand temps de passer à l’action concernant le projet de convention générale sur le terrorisme international, a déclaré Mme Aching. Elle a exhorté les États Membres à mettre de côté leurs différences politiques, en particulier ceux qui concernent la définition du terrorisme international ainsi que l’étendue des actes à inclure dans cette convention. La CARICOM souligne l’importance de convoquer une conférence de haut niveau sur le terrorisme international sous les auspices des Nations Unies. « Ce serait une opportunité utile pour les États Membres d’interagir avec les représentants de divers comités de lutte contre le terrorisme, ainsi que les acteurs, devant améliorer l’application des résolutions et traités en relation avec la lutte contre le terrorisme », a-t-elle conclu.
M. DIEGO MOREJON PAZMIÑO (Équateur), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a réitéré sa condamnation ferme et sans équivoque du terrorisme sous toutes ses formes et l’engagement de la CELAC à lutter contre ce fléau. Convaincu que seule la coopération internationale est garante d’efficacité en matière d’antiterrorisme, la CELAC reconnaît le rôle central des Nations Unies à cet égard, notamment au travers de leur Stratégie antiterroriste mondiale et des travaux du Bureau de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme. Préoccupée par le flux de combattants étrangers, la CELAC encourage les États Membres à renforcer la coopération et la mise au point de mesures pour prévenir l’expansion d’un tel phénomène.
Toutefois, la CELAC rappelle que toute action de lutte contre le terrorisme par les États Membres doit être entreprise dans le strict respect du droit international et de la Charte des Nations Unies. La CELAC considère comme « illégale, injustifiable et inacceptable » toute mesure menée en dehors de ce cadre. Elle réaffirme l’importance du droit à la vie privée, qui doit être sanctuarisé. Les États membres de la CELAC rejettent les « listes noires unilatérales » dressées par certains gouvernements et se félicitent du récent retrait d’un des membres de la CELAC d’une telle liste. La CELAC plaide également pour que le mécanisme du Médiateur, qui doit être indépendant et permanent, soit étendu à tous les régimes de sanctions du Conseil de sécurité, alors qu’il n’existe actuellement que pour le « Comité des sanctions contre Al-Qaida ». La CELAC estime qu’il n’y a pas de lien systématique entre le terrorisme et la criminalité internationale organisée. Enfin, la CELAC encourage la Sixième Commission à sortir de l’impasse le projet de convention internationale contre le terrorisme international. Il faut notamment parvenir à une définition claire du terrorisme, car le flou actuel est susceptible d’entraîner des abus.
M. THEMBILE JOYINI (Afrique du Sud), au nom du Groupe des États d’Afrique, a appuyé l’ensemble des mesures destinées à renforcer la pleine mise en œuvre des conventions contre le terrorisme et les résolutions pertinentes des Nations Unies. En outre, pour l’Afrique du Sud, le développement des capacités juridiques des pays en développement est crucial pour permettre de mener une lutte contre le terrorisme respectueuse du droit international. M. Joyini a ensuite expliqué que les enlèvements et les prises d’otages étaient les deux des moyens privilégiés par les groupes terroristes pour financer leurs actes « odieux ». À cet égard, il a exhorté les États Membres à coopérer plus activement en vue de trouver des solutions au problème du paiement des rançons. Le Groupe des États d’Afrique condamne, en outre, les listes rédigées de manière unilatérale et sur lesquelles figurent des États accusés de prétendument soutenir le terrorisme. Pour le Groupe des États d’Afrique, ces listes contreviennent au droit international et constituent « une forme de terrorisme politique et psychologique ». En conclusion, M. Joyini a appuyé la proposition d’organiser une conférence de haut niveau sous les auspices de l’ONU pour trouver une réponse internationale au terrorisme sous toutes ses formes.
Mme EGLANTINE CUJO, Observatrice de l’Union européenne, a reconnu que, face au terrorisme et notamment à la montée en puissance de « l’État islamique d’Iraq et du Levant » (EIIL) la communauté internationale devait plus que jamais redoubler d’efforts pour lutter contre le terrorisme, notamment dans le cadre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, qui continue d’être centrale pour approcher ce phénomène de manière holistique et efficace. L’Union européenne attend ainsi avec intérêt le Plan d’action du Secrétaire général contre l’extrémisme violent et espère qu’il permettra de mettre en application la Stratégie antiterroriste mondiale.
Après avoir souligné l’importance que les États membres de l’Union européenne attachent au respect de l’état de droit et au droit international dans leurs efforts de lutte contre le terrorisme, Mme Cujo a estimé que ceux de ces efforts qui visent spécifiquement à prévenir la radicalisation et le recrutement devaient être renforcés. Seul le respect de l’état de droit peut assurer la légitimité des actes de la lutte contre le terrorisme et une solution durable tout en rendant justice aux victimes. La menace croissante des combattants terroristes étrangers exige une approche intégrée et multidisciplinaire, a ajouté Mme Cujo, expliquant que le partage des informations et des meilleures pratiques entre États était désormais indispensable. La coopération entre les différents États sur les meilleures pratiques en matière de lutte contre la radicalisation est essentielle et le potentiel des dirigeants religieux et traditionnels, à cet égard, doit être reconnu. Les leçons tirées par l’Union européenne de son expérience dans le cadre des travaux de son équipe consultative de communication stratégique sur la Syrie pourraient servir d’exemple à cet égard, a relevé Mme Cujo.
Mme Cujo a ensuite attiré l’attention sur la lutte contre le financement du terrorisme, dans laquelle l’Union européenne s’est beaucoup impliquée, en particulier en se dotant d’un cadre juridique commun à ses États membres et de régimes de sanctions appropriés. Elle a noté que les enlèvements aux fins de rançon, lesquelles constituent une source importante de financement du terrorisme, restaient une importante question en suspens. Elle a aussi rappelé que la résolution 2199(2015) du Conseil de sécurité note avec préoccupation la ressource que peut constituer pour les terroristes la contrebande de biens culturels volés sur les sites d’Iraq et de Syrie.
L’Union européenne a levé 142 millions d’euros pour financer différents projets de lutte contre le terrorisme avec divers partenaires. Elle est notamment engagée dans une coopération antiterroriste avec des partenaires extérieures à l’Union, notamment en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, au Sahel, dans la Corne de l’Afrique et au Pakistan. Au niveau européen, la négociation d’un protocole additionnel à la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention du terrorisme doit permettre d’assurer la mise en œuvre de la résolution 2178 sur les combattants terroristes étrangers en Europe.
M. TIGRAN SAMVELIAN (Arménie), au nom des États membres de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), s’est déclaré vivement préoccupé par la multiplication des actes terroristes à travers le monde. Il a insisté sur le fait que la lutte ne peut se faire que sous l’égide des Nations Unies. Toute stratégie sur cette question doit être entérinée par les Nations Unies. M. Samvelian a souligné la nécessité de lutter contre le financement du terrorisme, notamment le blanchiment d’argent.
Pour l’Arménie, le terrorisme ne peut et ne doit pas être assimilé à un groupe éthique ou à une religion. M. Samvelian s’est déclaré en faveur de la création d’une coalition antiterroriste et a appelé tous les États à joindre leurs efforts pour lutter contre le terrorisme. À cet égard, il s’est prononcé en faveur d’une coordination de la lutte contre « l’État islamique ». Il a également jugé très important de lutter contre les combattants terroristes étrangers. Tous les États doivent appliquer la résolution 2178 du Conseil de sécurité. L’Arménie est, quant à elle, prête à coopérer avec tous les États concernés par la lutte contre le terrorisme.
Mme CAROLYN SCHWALGER (Nouvelle-Zélande), au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a déclaré qu’à mesure que la menace représentée par « Daech » et d’autres groupes continue de croître, la résolution 1624 (2005) du Conseil de sécurité, dont la communauté internationale a récemment célébré le dixième anniversaire, continue de revêtir une importance particulière dans la lutte contre le terrorisme. Pour le groupe CANZ, la ratification et la mise en œuvre des instruments onusiens de lutte antiterroriste sont nécessaires pour empêcher les groupes terroristes de trouver refuge et pour maintenir l’unité de la communauté internationale dans la condamnation et la répression des actes de terrorisme. Pour sa part, le groupe CANZ continue de soutenir la mise au point d’une convention générale sur le terrorisme international afin de renforcer la prévention, les enquêtes, l’ouverture de poursuites judiciaires et l’extradition d’individus responsables d’actes terroristes.
Après avoir reconnu les divergences de vues persistantes, Mme Schwalger a salué les efforts entrepris pour revitaliser les discussions à ce sujet. À cet égard, le groupe CANZ se félicite de l’accent mis sur la lutte contre le terrorisme au cours du débat général de haut niveau de cette session de l’Assemblée générale, marquée notamment par l’anniversaire de l’adoption de la résolution 2178 (2014), qui exige notamment des États qu’ils préviennent la radicalisation, le recrutement et les déplacements des combattants terroristes étrangers. Pour être efficaces, les efforts déployés en ce sens ne devraient pas être poursuivis sous un angle sécuritaire étroit, mais plutôt au travers d’une approche sociétale prenant en compte les facteurs au niveau local qui exposent les individus à des risques de radicalisation. Le groupe CANZ salue le travail du Forum mondial de lutte contre le terrorisme et notamment l’adoption de deux nouveaux documents cadre sur les femmes et la lutte contre le terrorisme ainsi que les bonnes pratiques pour empêcher aux terroristes de profiter des rançons obtenues après des enlèvements. La position du groupe est claire: il ne faut payer en aucune circonstance, car les rançons sont une des principales sources de financement du terrorisme et tout paiement encourage de nouveaux enlèvements.
Le groupe CANZ rappelle que chaque État est responsable de sa législation antiterroriste interne et assume la responsabilité première des enquêtes pour les actes terroristes commis sur son sol. Si l’État n’est pas en mesure d’exercer cette responsabilité, la communauté internationale doit s’assurer que les terroristes auront à rendre des comptes. On ne peut tolérer une communauté internationale passive, qui suggère aux terroristes qu’ils peuvent continuer à agir dans l’impunité. Les résolutions 1373 (2001) et 2178 (2014) du Conseil de sécurité fournissent un cadre en ce sens.
M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes, y compris le terrorisme d’État, et a assuré que son pays faisait preuve de coopération avec les Nations Unies dans le cadre de leur Stratégie antiterroriste mondiale. État partie à toutes les conventions internationales pertinentes, le Soudan, a-t-il ajouté, considère la Stratégie onusienne comme un des cadres juridiques les plus importants au service de la communauté internationale pour lutter contre les organisations terroristes. Pour sa part, le Soudan s’est doté d’une stratégie nationale, fruit de consultations avec toutes les parties prenantes, y compris la société civile. Dans ce cadre, des mesures ont été prises pour garantir la justice sociale et éradiquer la pauvreté, mais aussi pour promouvoir la réconciliation et lutter contre la radicalisation.
Les lois nationales soudanaises ont été préparées en conformité avec les dispositions juridiques internationales existantes, a poursuivi M. Mohamed. Enfin, une unité d’investigation a été mise en place pour juguler le financement du terrorisme international. En conclusion, M. Mohamed s’est élevé contre les actions unilatérales prises par certains pays au nom de la lutte contre le terrorisme. Il a souhaité qu’il soit possible de dépasser les divergences persistantes au sein de la Sixième Commission pour mettre au point un projet de convention internationale.
M. NAWAF SALAM (Liban) a estimé que, « trop souvent, le droit légitime de résister à l’occupation étrangère est associé au terrorisme » et que, « trop souvent, un acte est qualifié de terroriste seulement lorsqu’il est perpétré prétendument au nom de l’Islam ». Le Liban, a-t-il déploré, continue, « de façon tragique », d’être touché par des actes terroristes, ce qui ne l’empêche pas de se situer à l’avant-garde du combat contre les organisations terroristes. Coauteur de la résolution 2199 (2015) du Conseil de sécurité, qui vise notamment à mettre fin au financement du terrorisme, le Liban est également membre du Groupe de travail contre le financement de « Daech », qui s’est doté d’un plan d’action pour renforcer la coordination entre ses membres et mettre au point une approche concertée contre cette organisation terroriste. En outre, a fait valoir M. Salam, la collaboration des autorités libanaises avec INTERPOL, notamment sur le plan sécuritaire et douanier, a été resserrée. M. Salam a enfin exprimé l’attachement de son pays à la préservation du patrimoine culturel, y compris en Iraq, ayant participé en mai dernier à une Conférence au Caire visant à accroître la coopération aux niveaux international et régional contre le pillage de sites protégés.
M. MOHAMMAD MAHMUDUZZAMAN (Bangladesh) a rappelé que le terrorisme ne peut pas et ne doit pas être assimilé avec une religion, nationalité, civilisation ou groupes ethniques. L’utilisation des nouvelles technologies, dont les technologies de l’information et les réseaux sociaux, a permis la création de liens entre les réseaux terroristes, les acteurs non étatiques et la criminalité transfrontière, a constaté le représentant, qui a condamné sans équivoque le terrorisme et l’a rejeté sous toutes ses formes et manifestations. Le Bangladesh a une politique de tolérance zéro sur cette question et combattre le terrorisme reste une priorité du programme national, a-t-il déclaré. Ces dernières années, le Gouvernement du Bangladesh a pris de nombreuses mesures et lois pour lutter contre le terrorisme, le blanchiment de l’argent et pour lutter contre la cybercriminalité.
La Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies reste centrale pour les efforts nationaux de lutte contre le terrorisme, a poursuivi M. Abdul Momen. Le Bangladesh appuie les résolutions 1267 (1999), 1373 (2004) et 1540 (2004) du Conseil de sécurité sur le terrorisme, qui fournissent un cadre général fondamental pour soutenir les efforts internationaux pour empêcher et lutter contre le terrorisme et développer des capacités nationales, régionales et sous-régionales à cet effet. Pour le Bangladesh, la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies doit évoluer grâce à un dialogue continu et doit se renforcer par des approches générales et coordonnées, la coopération, la capacité de développement et le partage des pratiques exemplaires. La nécessité d’une coordination sous l’égide des Nations Unies doit être appuyée. La Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies doit servir de point de référence.
M. ALTHARI (Arabie saoudite), au nom de l’Organisation de la Conférence islamique, a estimé fondamental que les États Membres renforcent leur coordination lorsqu’il s’agit d’entamer des poursuites judiciaires contre les auteurs d’actes terroristes et de lutter contre le financement des organisations terroristes. Concernant le projet de convention internationale de lutte contre le terrorisme, l’Arabie saoudite réitère sa proposition d’élargir la portée de cet instrument juridique et de surmonter les divergences de vues qui persistent autour notamment de la définition même de terrorisme. M. Althari a également souligné la distinction à opérer entre terrorisme et lutte légitime pour l’autodétermination des peuples sous occupation étrangère. En conclusion, l’Arabie saoudite a rappelé son appel à la tenue d’une conférence de haut niveau, « sous les auspices des Nations Unies », en vue de formuler une réponse concertée de la communauté internationale contre le crime de terrorisme, sous toutes ses formes et manifestations.
Mme TANIERIS DIEGUEZ LAO (Cuba) a réaffirmé l’engagement indéfectible de son pays contre le terrorisme et sa condamnation sans équivoque de toute action commise en son nom, par quelque partie que ce soit. Partisan d’une approche holistique de la lutte antiterroriste, Cuba s’oppose toutefois aux mesures unilatérales prises par certains États, mesures qui sont motivées politiquement et contraires au droit international. Cuba a, en particulier, dénoncé la pratique « nocive » de certains États qui consiste à financer, soutenir ou promouvoir des actes « subversifs » de changement ou de renversements de régime.
État partie à 18 instruments internationaux en matière de terrorisme, Cuba s’est dite convaincue du rôle unique joué par les Nations Unies en ce domaine, rôle qui serait renforcé par la mise au point d’un projet de convention internationale, afin de combler les lacunes persistantes en matière de terrorisme. Mme Dieguez Lao a regretté cependant l’opposition à un tel texte d’un petit groupe d’États, dont les actions suggèrent, selon Cuba, une « préférence » pour la guerre contre le terrorisme menée en violation des dispositions de la Charte des Nations Unies et du droit international.
M. AL MALIK (Qatar) a noté que les développements internationaux récents avaient fait prendre conscience à la communauté internationale de la problématique du terrorisme, après que ce fléau eût porté atteinte à la souveraineté de certains États et se fut répandu sur des zones géographiques importantes. Les solutions ne peuvent se trouver uniquement dans des options militaires, a-t-il noté; il faut s’attaquer aux racines du mal et s’engager envers les conventions internationales. La Communauté internationale a pu prendre du retard dans les mesures devant permettre d’éliminer les causes du terrorisme. Le représentant a estimé que le lien établi par certains entre terrorisme, race ou religion, a aidé au lavage de cerveau des plus jeunes. Il a répété que le terrorisme ne peut être assimilé en aucune façon à un groupe ethnique, une race, une religion ou une culture.
Le représentant a appelé à la mise au point d’une convention universelle pour lutter contre le terrorisme international et a déclaré que son pays avait l’intention de s’impliquer dans le groupe de travail à cet effet. L’adoption d’une telle convention permettra de renforcer les capacités des États à lutter contre le terrorisme, a-t-il estimé. Le représentant a, en outre, fait état des différents instruments internationaux auxquels son pays est partie, ainsi que les lois nationales qui ont été prises pour lutter contre le terrorisme, notamment afin de s’assurer que des associations prétendument caritatives ne puissent financer le terrorisme.
Mme ANA CRISTINA RODRÍGUEZ PINEDA (Guatemala) a estimé que les gouvernements devaient renforcer l’état de droit dans leur propre pays afin de développer des « anticorps sociaux » qui lutteront contre la criminalité et le terrorisme international. Cependant, pour le Guatemala, assumer que le terrorisme et la criminalité transnationale sont automatiquement liés est non seulement imprécis, mais aussi dangereux. S’il peut être important de reconnaître les particularités des deux phénomènes et les éventuels points communs, il est aussi important de noter que leurs motivations sont différentes. S’il semble certain que la radicalisation violente prédispose au terrorisme, la radicalisation peut aussi se trouver dans des comportements non violents. Il semble nécessaire d’améliorer les politiques d’intégration sociale et de coopération politique.
En ce qui concerne la nécessité de renforcer la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme, le Guatemala est fermement convaincu que seule une coopération internationale authentique et efficace pourra porter ses fruits. En même temps, Mme Rodríguez Pineda a souligné que toute assistance devait être apportée dans le respect des mandats existants, sur demande des États Membres et dans le plein respect de leur souveraineté nationale.
Mme ALINA JULIA ARGÜELLO GONZÁLEZ (Nicaragua) a exprimé sa profonde préoccupation devant le concept de « guerre contre le terrorisme », au nom de laquelle des centaines de milliers de personnes ont été sacrifiées ou victimes de violations des droits de l’homme. Elle s’est inquiétée de la hausse manifeste des attentats terroristes dans le monde, en dépit des efforts déployés par l’Organisation pour en venir à bout. Aussi le Nicaragua a-t-il jugé opportun pour la Sixième Commission de reprendre les travaux en vue de mettre au point une convention internationale contre le terrorisme. À cette fin, les États Membres devront faire preuve de flexibilité.
M. ESSA A. E. ESSA (Libye) a noté que son pays était confronté à des problèmes réels du fait que des groupes terroristes ont pris le pouvoir dans son pays. Il a souligné la nécessité de prendre des mesures pour couvrir tous les besoins en armes de la Libye afin qu’elle puisse lutter contre ces groupes terroristes. Le représentant a également jugé nécessaire d’appliquer pleinement la résolution 2178 du Conseil de sécurité sur les combattants terroristes étrangers pour prendre toutes les mesures permettant de lutter contre ce phénomène. Il a apporté son soutien à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Enfin, le représentant a appuyé la tenue d’une conférence de haut niveau sous les auspices des Nations Unies pour que la version finale du projet de convention générale sur le terrorisme international puisse être rapidement approuvée.
M. GORGUI CISS (Sénégal) a déclaré que le terrorisme international et l’extrémisme violent avaient atteint des proportions sans précédent et demeuraient une source de préoccupation majeure pour la communauté internationale. Pour sa part, le Sénégal a adopté une approche qui repose sur la prévention, la coopération et la réaction rapide, a précisé le représentant, faisant état de la ratification de 13 des 19 instruments juridiques pertinents des Nations Unies, ainsi que de la Convention de l’Organisation de l’Unité africaine de 1999 sur la prévention et la lutte contre le terrorisme et de son Protocole de 2004. En outre, deux lois nationales adoptées, en 2007, instituent un régime plus sévère contre les auteurs d’actes terroristes. Le Sénégal a ensuite appuyé la recommandation de la résolution 2178 (2014) visant à apporter une assistance technique et financière aux pays touchés par le terrorisme afin de les aider à renforcer leurs capacités de contrôle des frontières et leur permettre de limiter les mouvements des combattants étrangers. La mise en place d’une stratégie appropriée et efficace est un impératif pour endiguer ce fléau, a ajouté le représentant en conclusion.
M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a noté qu’il ne se passe pas deux semaines sans que le terrorisme aveugle ne fasse la Une de l’actualité. Il est donc de l’intérêt de tous de lutter contre le terrorisme. Le terrorisme ne trouve pas ses racines dans un pays donné, mais se déplace en fonction des opportunités. En ce qui concerne l’Afrique, les facteurs qui expliquent la vulnérabilité du continent ne sont pas nouveaux. La bande sahélo-saharienne est confrontée à une multitude de défis d’ordre sécuritaire. Le constat partagé est que le terrorisme est particulièrement fort dans les pays fragiles.
De tels actes terroristes malmènent la sécurité des États aux niveaux national et international, a poursuivi le représentant, pour qui il est grand temps de parvenir à une convention générale sur le terrorisme qui définirait le terrorisme de manière unifiée. Il a appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier les instruments internationaux existants de lutte contre le terrorisme.
Il faut mettre fin au financement du terrorisme par le pétrole et le patrimoine volé, a déclaré M. Shingiro. Le représentant a également condamné les destructions du patrimoine culturel par les groupes terroristes. Il a jugé préoccupant de voir des groupes terroristes générer des revenus en procédant au pillage et à la contrebande d’objets appartenant à des sites archéologiques ou des musées, et a réitéré son soutien à la résolution 1483 (2003) du Conseil de sécurité –relative à l’Iraq- selon laquelle tous les États Membres doivent prendre des mesures pour empêcher le commerce de biens culturels dont il y a de bonnes raisons de croire qu’ils ont été enlevés illégalement.
Toutes les délégations sont unanimes quant à la nécessité d’agir vite pour barrer la route au terrorisme, a poursuivi le représentant. Parmi ces mesures, il est essentiel d’identifier la typologie des groupes terroristes, afin d’articuler une politique de sécurité adéquate. Il faudrait, en outre, que les États Membres agissent de manière concertée sous l’égide des Nations Unies. M. Shingiro a proposé la mise en place d’un système d’alerte précoce de coordination visant à priver les terroristes de moyens et d’espace.
M. BORIS HOLOVKA (Serbie) a déclaré que la Serbie était engagée en faveur de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, comme en témoigne notamment les mesures prises par son gouvernement à différents niveaux, y compris pour évaluer les risques. Des efforts ont été déployés pour harmoniser la législation nationale serbe avec les normes internationales, entre autres en réformant le Code pénal et en amendant la Loi sur la prévention du blanchiment d’argent et sur le financement du terrorisme, a-t-il ainsi expliqué. La sécurité a été, en outre, renforcée aux frontières, en particulier pour empêcher l’entrée de combattants étrangers désireux d’utiliser la Serbie comme pays de transit, a poursuivi M. Holovka, avant d’aborder le rôle joué par son pays à la tête de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), que préside actuellement la Serbie. Ainsi, la Serbie a-t-elle entrepris de mettre en œuvre, cette année, la Déclaration sur le rôle de l’OSCE dans la lutte contre le phénomène des combattants étrangers.
M. AMIT HEUMANN (Israël) a rappelé que, pour son pays, la question du terrorisme n’était « pas une vue de l’esprit ». Ces dernières semaines, Israël a été victime de nombreux actes terroristes, a-t-il rappelé, ajoutant: « Et cela a encore été le cas cet après-midi ». Le représentant a également déclaré que l’Iran ne changerait pas sa politique, qui vise toujours à éliminer Israël.
En dépit de la gravité de ces menaces, Israël veut lutter en respectant l’état de droit, a poursuivi M. Heumann. Le terrorisme international ne peut exister sans un afflux de financement, a-t-il souligné. Les ressources sont un outil important du fonctionnement du terrorisme. Détruire le financement pourra aider à lutter contre le terrorisme. Le gel des biens, est, d’expérience, un moyen fort pour lutter contre le terrorisme. Le représentant a appuyé toutes les résolutions du Conseil de sécurité ainsi que le rôle central des Nations Unies pour lutter contre le terrorisme mondial. « Par nécessité nous sommes devenus experts en matière de lutte contre le terrorisme et nous partageons ces données par la coopération avec des États Membres », a ajouté le représentant, pour qui tout plan pour lutter contre le terrorisme doit passer par l’éducation. Il a également rappelé la nécessité à se mettre d’accord sur une définition claire et commune du terrorisme.
Mme STEPHANIE GEBREMEDHIN (Érythrée) a réitéré sa condamnation sans équivoque du terrorisme, qui touche tous les pays de la Corne de l’Afrique. Face à ce phénomène en pleine expansion, son pays a pris diverses mesures, y compris en renforçant ses instruments culturels et juridiques et en réformant son Code pénal. Mme Gebremedhin a ensuite demandé la levée des sanctions qui frappent injustement son pays et l’empêchent de contribuer efficacement à la lutte contre le terrorisme dans la sous-région.
M. ABDURRAHMAN MOHAMMAD FACHIR (Indonésie) a noté que ces dernières années, le terrorisme s’était développé de façon exponentielle et transnationale. Il est devenu un aimant pour les combattants étrangers. Dans ce tableau sinistre, le représentant a appelé à une modification de notre réflexion. Les causes et manifestations du terrorisme sont changeantes et complexes. La bigoterie, la colère, la crainte sont aussi des causes, alors que les conflits prolongés jouent un rôle capital pour aider à la propagation des idées extrémistes. Pour l’Indonésie, il n’est plus possible à la communauté internationale de s’appuyer seulement sur des mesures fortes, comme l’emprisonnement ou les actions militaires. Il faut aussi des mesures pour instiller le dialogue et la tolérance.
Les Nations Unies demeurent aux avant-postes de la lutte contre le terrorisme, notamment afin de comprendre la nature même du terrorisme, a estimé le représentant. Les Nations Unies peuvent donner de nouvelles évaluations et des solutions pour lutter contre ce fléau. M. Fachir a réitéré l’engagement de l’Indonésie à perpétuer son rôle de partenaire fiable dans la lutte contre le terrorisme. À cet égard, il a dit attendre avec intérêt le Plan d’action du Secrétaire général pour empêcher l’extrémisme violent.
M. HUSSEIN ABDULLAHI (Nigéria) a réitéré son soutien à l’initiative visant à établir un groupe de travail pour achever la rédaction d’un projet de convention générale sur le terrorisme international ainsi qu’à la tenue d’une Conférence de haut niveau sous les auspices des Nations Unies. Confronté actuellement au fléau du terrorisme sous la forme de Boko Haram, le nouveau Gouvernement du Nigéria s’est mobilisé avec les pays membres de la Commission du bassin du Lac Tchad pour se défaire de ce groupe terroriste au travers d’une force opérationnelle interarmée, a rappelé le représentant. Attirant, par ailleurs, l’attention sur la cybercriminalité, liée au terrorisme, M. Abdulahi a rappelé qu’une attaque commise dans ce cadre pouvait frapper à tout moment n’importe quelle nation. « Une chose est sûre: le terrorisme ne connaît plus de frontières », a conclu M. Abdulahi.
Mme TULLY MALECELA MWAIPOPO (République-Unie de Tanzanie) a noté que le combat contre le terrorisme était une responsabilité mondiale car, aujourd’hui, tous les pays sont sous la menace de ces actes. Des groupes et individus dangereux agissent à leur guise sans se préoccuper des frontières. La République-Unie de Tanzanie réaffirme sa condamnation du terrorisme sous toutes ses formes. Pour lutter contre ce fléau, il faut agir collectivement. Les conventions et protocoles constituent un cadre important de lutte contre le terrorisme, tous les États Membres doivent y adhérer pour qu’ils fonctionnent, en particulier pour pouvoir agir contre le financement du terrorisme.
Mme Mwaipopo a toutefois noté qu’il fallait aussi promouvoir une politique de défense des droits de l’homme. La représentante a noté quelques mesures qui ont été prises au plan national, notamment la présence de praticiens du droit dans divers colloques et séminaires, ainsi que des programmes pour éradiquer la pauvreté. Pendant de nombreuses années, le régime antiterroriste international a souffert du manque d’accord universel, et il est à présent urgent de joindre nos efforts pour conclure une convention générale sur le terrorisme international, a conclu la représentante.
Mme ELENA S. MUKHAMETZYANOVA (Fédération de Russie) a expliqué que son pays s’efforce de rationaliser et de consolider son dispositif de lutte antiterroriste dans le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies. C’est dans ce contexte que la Fédération de Russie, alors qu’elle présidait le Conseil de sécurité au mois de septembre dernier, a lancé l’idée d’une coalition mondiale contre « l’État islamique ». En outre, un apport complémentaire au renforcement de la base juridique et des traités, en matière de lutte contre le terrorisme, pourrait être la mise au point d’un projet de convention générale sur le terrorisme international. La représentante a appelé la Sixième Commission à faire des progrès significatifs en ce sens au cours de cette session.
M. JO JONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a noté que les actes terroristes mettaient en danger les États souverains. Il faut continuer à faire des efforts pour lutter contre ce fléau mais tous les efforts de lutte contre le terrorisme seront vains si l’on en n’élimine pas les causes. Pour la République populaire démocratique de Corée, il faut avant tout lutter contre les formes de terrorisme d’État, que représentent par exemple les interventions armées qui sont faites en Syrie. Le terrorisme d’État est un des actes les plus graves qui soit; il a pour but de changer des gouvernements. C’est une violation de la Charte des Nations Unies. Le terrorisme d’État est le produit d’un sens politique négatif de certains pays contre d’autres, a poursuivi le représentant, qui a ensuite accusé les États-Unis de chercher à asphyxier la République populaire démocratique de Corée. En outre, il s’est prononcé pour l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, mais a ajouté qu’on ne pouvait omettre d’y mentionner le terrorisme d’État. Enfin, il a appuyé la tenue d’une conférence de haut niveau sur le terrorisme.
Mme İPEK ZEYTINOĞLU ÖZKAN (Turquie) a dénoncé l’attentat meurtrier qui a endeuillé son pays au cours du week-end, rappelant que seule la coopération internationale pouvait avoir raison de ce fléau qu’est le terrorisme. Aujourd’hui, la Turquie fait face à une menace constante posée par des organisations terroristes comme Daech, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le Parti-Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), a poursuivi la représentante.
Mme Özkan a indiqué que le territoire turc était emprunté par des combattants terroristes étrangers pour transiter vers des zones de conflit. C’est la raison pour laquelle les États Membres doivent mettre en commun leurs ressources pour contrecarrer le phénomène grandissant de ces combattants, « ce qui n’a pas été encore fait au niveau souhaité », alors que la résolution 2178 du Conseil de sécurité fournit des directives claires en ce sens. Il faut donc se pencher de toute urgence sur les causes profondes de la radicalisation et de l’extrémisme violent, a poursuivi Mme Özkan, qui a déclaré que plusieurs agences gouvernementales turques étaient impliquées dans ces efforts, en liaison avec des institutions dans les domaines de la sécurité, de la jeunesse, de l’éducation et des politiques sociales. Le bureau turc des affaires religieuses joue également un rôle dans la dissémination des messages pacifiques, a précisé en conclusion la représentante.
Mme ZAYTOON FARAJ ABDULLAH ABDULLAH (Iraq) a condamné tous les actes et manifestations du terrorisme, qui est devenu une menace à la paix mondiale. L’Iraq compte parmi les pays qui ont été la cible première du terrorisme, a rappelé la représentante, qui a estimé que les groupes terroristes n’avaient pas d’autre objectif que d’élargir leur territoire. La communauté internationale doit lutter contre cette menace. En ce qui concerne l’Iraq, des mosquées ont été attaquées, des symboles religieux ont été vendus au marché noir, a fait observer Mme Abdullah, pour qui la coopération et les efforts concertés de la communauté internationale pourront contribuer à la lutte contre le terrorisme.
Il est nécessaire de lutter contre le financement et le blanchiment d’argent et l’Iraq soutient la résolution 2199 (2015) qui a pour but d’interdire le financement du terrorisme par le pillage et la vente d’objets culturels. Nous devons renforcer l’état de droit aux niveaux international et national, a poursuivi la représentante, qui a souligné qu’il fallait s’appuyer sur la coopération internationale et appliquer les différentes résolutions du Conseil de sécurité. Nous pouvons penser que nous entrons dans la troisième guerre mondiale alors que les terroristes ont recours à des techniques de pointe, a fait observer Mme Abdullah. Elle a toutefois rappelé que les forces de sécurité iraquiennes avaient retrouvé le contrôle d’un certain nombre de régions du pays, ajoutant que le problème principal était celui des personnes déplacées.
M. ANDREAS MOTZFELDT KRAVIK (Norvège) a déclaré que le terrorisme continue d’être une menace pour la paix et la sécurité internationales, comme le montre clairement la situation en Syrie et en Iraq. La brutalité sans précédent de « l’État islamique d’Iraq et du Levant » (EIIL) démontre sans ambiguïté la capacité des organisations terroristes à s’adapter et menacer l’ensemble de la communauté internationale. « Notre responsabilité est de vaincre le terrorisme », a déclaré M. Kravik, pour qui la prévention du terrorisme requiert une approche générale et à long terme. Les mesures à prendre sont politiques, juridiques, économiques et, en dernier ressort, militaires. La Norvège est pleinement engagée dans la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et encourage les autres États Membres à faire de même.
La Norvège attache la plus grande importance à l’antiterrorisme, tout en respectant pleinement les droits de l’homme et l’état de droit, a déclaré M. Kravik. La Norvège a ainsi mis en œuvre les conventions de lutte contre le terrorisme ainsi que leurs protocoles et elle encourage tous les États à ratifier et mettre en œuvre les instruments de lutte contre le terrorisme des Nations Unies. Cependant, la ratification et la mise en œuvre ne sont pas suffisantes. Pour la Norvège, un instrument plus global est nécessaire pour fournir une orientation juridique permettant d’éradiquer le terrorisme. La Norvège est encouragée par l’adoption à l’unanimité de la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité sur les combattants terroristes étrangers, y voyant une illustration de la volonté de la communauté internationale de combattre la menace posée par « l’État islamique d’Iraq et du Levant » (EIIL).
Pour la Norvège, une convention générale de lutte contre le terrorisme international exprimerait l’engagement des Nations Unies ainsi que sa capacité à combattre le terrorisme, tout en se soumettant au droit international, ce qui inclus les droits de l’homme et le droit humanitaire. Qui plus est, trouver un accord sur cette Convention montrerait clairement et sans équivoque que l’Assemblée générale est le principal organe pour la création du droit international et des normes applicables, ce qui inclut le domaine du terrorisme. M. Kravik a rappelé par ailleurs que, le 19 mai dernier, le Conseil de l’Europe avait adopté un protocole additionnel à sa Convention de lutte contre le terrorisme de 2005. Le protocole met en œuvre la résolution 2178 en disposant que certains actes pourraient être criminalisés en fonction des droits nationaux. Cette criminalisation pourrait inclure le fait de se rendre à l’étranger, de chercher de l’argent pour organiser de tels déplacements, de se réunir en association ou en groupe dans le but de commettre des actes terroristes ou encore de recevoir un entraînement terroriste. M. Kravik a estimé que ce protocole additionnel servirait d’instrument important pour empêcher les personnes de rejoindre « l’État islamique ». « Nous sommes prêts à ratifier le protocole additionnel à Riga le 22 octobre », a-t-il déclaré en conclusion.
M. NURAN NIYAZALIEV (Kirghizistan) a estimé que la résolution 2178 du Conseil de sécurité constituait une étape décisive dans la lutte contre les combattants terroristes étrangers. Remplissant ses obligations au titre de cet instrument, le Kirghizistan a notamment entrepris de renforcer les contrôles aux frontières, la sécurité aérienne et les capacités des agences d’application des lois. Après avoir rappelé, à son tour, l’importance du multilatéralisme dans la lutte contre le terrorisme, le représentant a affirmé que son gouvernement était étroitement engagé auprès du Comité antiterroriste du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi qu’auprès des autres États Membres et des organisations internationales et régionales pertinentes. Il s’agit notamment de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), de l’Organisation de Shanghai pour la coopération, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de la Communauté d’États indépendants (CEI).
Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a affirmé sa ferme opposition au terrorisme sous toutes ses formes. Un effort de la communauté internationale est nécessaire pour lutter contre ce fléau qui va à l’encontre du droit international, y compris le droit humanitaire. Les Nations Unies sont le meilleur cadre d’une campagne durable de lutte contre le terrorisme, a estimé la représentante. Il y a certes eu des accomplissements importants dans le cadre de la lutte contre le terrorisme mais ils restent insuffisants et doivent donc se poursuivre.
Mme Kalamwina a présenté différentes mesures que son pays a prises pour lutter contre le terrorisme. Ainsi, la Zambie a continué de faire en sorte de ne pas devenir le refuge de terroristes. La représentante a loué les efforts qui ont été faits pour mettre au point une convention générale sur le terrorisme international, estimant qu’elle faciliterait les poursuites contre les terroristes et permettrait aux pays en développement de lutter plus efficacement contre le fléau du terrorisme.
Mme LANKA VARUNI MUTHUKUMARANA (Sri Lanka) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la Stratégie antiterroriste mondiale, qui constitue le cadre opérationnel pour lutter contre le terrorisme et protéger le droit à la vie. La représentante a ensuite rappelé que, malgré un large soutien, les négociations en vue de l’élaboration d’une convention globale sur le terrorisme international s’étaient révélées à ce jour infructueuses. Soulignant l’importance vitale de ces négociations pour compléter les conventions sectorielles existantes, la représentante a indiqué que le soixante-dixième anniversaire des Nations Unies était l’occasion idéale pour les États Membres de faire preuve de volonté politique en vue de la bonne conclusion de ces négociations. « Il est impératif d’envoyer un signal clair de la détermination de la communauté internationale à combattre ce phénomène, et ce, au nom de toutes les victimes du terrorisme », a-t-elle dit. Elle a ensuite affirmé que toutes les mesures de lutte contre le terrorisme devaient respecter la Charte des Nations Unies et le droit international. En conclusion, la représentante a souligné l’attachement de Sri Lanka, qui a éradiqué le terrorisme sur son sol au bout de trois décennies, à la coopération internationale contre le terrorisme.
M. PATRICK LUNA (Brésil) a noté que le terrorisme devait être condamné sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations. Il a rappelé que le Brésil est signataire de 14 instruments juridiques internationaux sous les auspices des Nations Unies. Il a noté que, même et si son pays n’a pas d’histoire avec le terrorisme, il reste vigilant, non seulement au plan national, mais aussi multilatéral et régional.
L’objectif de lutter contre le terrorisme nous unit, a déclaré M. Luna. Le représentant a toutefois souligné que le recours à la force en dehors d’un mandat des Nations Unies était condamnable. Le Brésil soutient les Nations Unies comme devant unir les actions de la communauté internationale contre le terrorisme; la Charte est notre meilleur allié, a-t-il noté. Il a appelé les États à dépasser les blocages des négociations en cours pour réussir à adopter une convention générale contre le terrorisme international. Certes, définir le terrorisme est une tâche complexe, a–t-il concédé, mais il a plaidé pour remplir le vide juridique injustifiable sur cette question, ce qui permettrait de raviver l’état de droit dans la lutte contre ce fléau. En mettant l’accent sur le terrorisme et le radicalisme, d’autre part, nous maintenons la différence complexe entre conflit et violence, a ajouté le représentant, qui a tenu à ce qu’on différencie le terrorisme tant de l’extrémisme violent que de la criminalité internationale organisée. Pour lui, une convention générale minimiserait les risques de confusion. La prévention est toujours la meilleure politique, a également noté le représentant, qui a rappelé que l’exclusion sociale et culturelle était une des causes importantes de développement du terrorisme.
M. DUNCAN LAKI MUHUMUZA (Ouganda) a estimé que l’utilisation de l’Internet par des organisations terroristes afin d’enrôler de nouvelles recrues atteignait un niveau alarmant. Personne n’est à l’abri des actes terroristes, a-t-il dit. Soulignant l’importance d’efforts conjoints contre le terrorisme, il a indiqué que de tels efforts avaient permis l’arrestation de Jamil Mukulu, un terroriste féroce dont les idéaux sont ceux d’Al-Qaida, et qui attend son procès en Ouganda, dans le respect des droits garantis par la Constitution ougandaise. Il a ensuite indiqué qu’une définition du terrorisme était nécessaire afin de le différencier des luttes légitimes, puis a défendu la nécessité de s’attaquer aux causes profondes de ce phénomène. Le représentant a, par ailleurs, appelé que l’Ouganda était le contributeur le plus important à la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et continuait de lutter contre les terroristes al-Chabab. Enfin, il a souligné l’importance de mettre un terme au délestage de matière toxique au large des côtes somaliennes, ajoutant que, si rien n’était fait, cette matière pourrait un jour tomber entre les mains des terroristes pour fabriquer des armes de destruction massive.