Des délégations de la Deuxième Commission insistent sur des partenariats transparents et respectueux des valeurs de l’ONU dans la réalisation du développement durable
Au cours du débat de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) sur le thème « Vers des partenariats mondiaux », de nombreuses délégations ont souligné, cet après-midi, que les partenariats étaient déterminants pour réaliser le développement durable, tout en rappelant qu’ils devraient se faire de manière transparente et dans le respect des valeurs et principes des Nations Unies.
Dans ce contexte, le représentant de la République démocratique populaire lao, à l’instar de plusieurs délégations, a insisté sur la nécessité de renforcer les partenariats entre les gouvernements, le système des Nations Unies, le secteur privé et d’autres acteurs pertinents pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui exigerait la mobilisation d’un énorme volume de ressources.
Que ce soit dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté par l’Assemblé générale le 25 septembre dernier, ou dans le Programme d’action d’Addis-Abeba, adopté à la troisième Conférence internationale sur le financement du développement en juillet dernier, la communauté internationale a reconnu que la participation de tous les acteurs était un élément clef de la réalisation d’un développement durable, appelant ainsi à un partenariat mondial revitalisé. Ce vœu est cristallisé par l’objectif 17 de développement durable, assorti de 19 cibles qui détaillent les moyens de sa mise en œuvre.
La voie à suivre pour des partenariats réussis passe également par le renforcement des acquis du Pacte mondial, ont souligné des délégations. Cette initiative volontaire d’entreprises responsables, lancée en juillet 2000 par l’ONU, entend faire adhérer les entreprises aux principes établis par les Nations Unies tout en promouvant leur application dans la réalisation des objectifs de développement définis par les Nations Unies. À ce jour, plus de 13 000 entreprises s’y sont engagées.
Par ailleurs, évoquant les « allégations très graves » -qui ternissent, selon le Secrétaire général de l’ONU, le prestige et la réputation de l’ONU- à l’encontre du Président de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale, quelques délégations, comme celle du Brésil, ont averti que le manque de transparence, de reddition des comptes et de gouvernance pourrait constituer un obstacle à la création de partenariats entre les Nations Unies et des partenaires légitimes, sapant ainsi les efforts entrepris pour parvenir à un développement durable.
Il a mis en garde contre les sommes colossales promises par le secteur privé dans le cadre des initiatives lancées par les Nations Unies, et insisté sur la nécessité d’en vérifier la provenance et le mode d’utilisation.
À ce propos, la Directrice exécutive du Pacte mondial, Mme Lise Kingo, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur le sujet à l’ordre du jour, a mis l’accent sur le besoin de « renforcer les efforts en matière de transparence et de reddition des comptes dans toutes les activités du système des Nations Unies impliquant le secteur privé ».
Plusieurs orateurs ont, en outre, souhaité que les fonds issus du secteur des affaires soient alignés sur les mandats et priorités agréés internationalement. Le représentant du Cameroun précisant, pour sa part, que les agences onusiennes devraient davantage privilégier les contributions aux ressources de base plutôt qu’aux ressources extraordinaires, afin de ne pas aggraver le déséquilibre existant entre ces deux types de ressources.
« Il faudrait se garder de transformer le système des Nations Unies en un instrument de sous-traitance des acteurs du secteur privé », a-t-il aussi rappelé, tout en plaidant pour une plus grande transparence des partenariats entre l’ONU et le secteur privé, notamment par la divulgation de l’identité des partenaires, le montant des contributions reçues et des dons de contrepartie.
Les partenariats que les délégations ont appelés de leurs vœux pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 devraient être établis dans le respect des principes d’appropriation nationale, de confiance mutuelle, de transparence et de reddition des comptes, comme l’a déclaré le représentant des Maldives qui parlait au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement. D’autres orateurs ont par ailleurs précisé que ces partenariats ne devraient en aucun cas se substituer à l’aide publique au développement (APD), ni à la coopération Sud-Sud ou à la coopération triangulaire, et encore moins à la coopération Nord-Sud.
La Deuxième Commission se réunira à nouveau demain, jeudi 5 novembre à 10 heures. Elle entendra la présentation de projets de résolution.
VERS DES PARTENARIATS MONDIAUX
Présentation du rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et tous les partenaires intéressés, en particulier le secteur privé (A/70/296)
Dans ce rapport, le Secrétaire général indique que l’inclusion de représentants du secteur privé à des consultations mondiales d’aussi grand renom que celles qui ont eu lieu cette année témoigne d’une importante évolution de la collaboration public-privé. Les gouvernements et les organismes internationaux sont de plus en plus conscients des avantages apportés par la participation du secteur privé, note le Secrétaire général. Il ajoute qu’un nombre croissant d’entreprises recherchent des créneaux stratégiques en vue de les exploiter et d’aligner leurs opérations commerciales sur les priorités nationales et internationales du développement. Les entreprises délaissent l’approche essentiellement philanthropique au profit d’une vision plus stratégique et plus globale de leur responsabilité à l’égard du développement durable.
Les partenariats entre le secteur public et le secteur privé s’ajoutent aux mesures gouvernementales et les complètent et ils peuvent produire des résultats positifs qu’il appartient aux gouvernements d’exploiter dans le meilleur intérêt de la société, souligne le Secrétaire général. Pour mettre à profit cette collaboration au service du développement durable, suggère-t-il, le secteur privé a besoin des orientations et des connaissances spécialisées de l’Organisation pour déterminer comment jouer le rôle le plus constructif possible.
À mesure que les intersections entre l’intérêt du public et celui du privé s’approfondiront, estime-t-il, la nécessité et la demande de nouveaux partenariats entre l’Organisation et le secteur privé ne pourront que croître. L’Organisation devrait ainsi prendre des mesures efficaces relatives à l’intégrité afin de maîtriser les risques inhérents à cette collaboration.
Le Secrétaire général recommande aussi que les organismes des Nations Unies qui mettent à contribution le secteur privé devraient être encouragés à s’investir davantage dans cette collaboration à l’échelle du système, en utilisant les plateformes existantes, telles que le réseau des agents de liaison des Nations Unies avec le secteur privé, pour renforcer les capacités, la cohésion et la diffusion des meilleures pratiques en matière de partenariat.
Débat général
Mme JANINE COYE FELSON (Belize), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a mis l’accent sur l’évolution des partenariats établis au cours de ces 15 dernières années grâce, a-t-il dit, à l’expérience acquise dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement agréés sur le plan international. Le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et le Programme de développement durable à l'horizon 2030 adoptent, à cet égard, une nouvelle dynamique, a-t-elle aussi noté. Ces deux programmes prévoient des mesures et des politiques qui doivent être mises en œuvre à différents niveaux, conformément aux priorités nationales, a-t-elle rappelé en invitant ainsi à renforcer la vision de partenariat mondial qui en résultera. Mme Coye Felson a encouragé le partenariat entre le secteur public et le secteur privé et appelé les « nouveaux acteurs mondiaux » à s’acquitter de leurs responsabilités dans ce domaine. La CARICOM, a-t-elle dit, a pris note des initiatives du Pacte mondial qui encouragent le secteur privé à s’acquitter de ses engagements dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable. Bélize estime qu’il faudrait renforcer la coopération entre le secteur privé et le système des Nations Unies, sur la base des directives qui existent en la matière. Enfin, elle a appelé à conclure un accord solide sur la question des changements climatiques, en souhaitant qu’il soit accompagné d’un solide partenariat dans ce domaine.
M. AHMED SAREER (Maldives), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement, a rappelé qu’il incombe, en premier lieu, aux États Membres de financer leur développement. Il a néanmoins ajouté que compte tenu des nombreux défis de développement, l’apport du secteur privé était tout aussi important. Il a ainsi expliqué que les partenariats étaient importants pour mobiliser les ressources humaines et financières, l’expertise, les technologies et les connaissances nécessaires au développement. Il a également souligné l’importance du rôle que jouent les fonds, programmes et institutions spécialisées du système des Nations Unies pour élargir les partenariats entre les secteurs public et privé. Le représentant a rappelé que ces partenariats devraient être établis dans le respect des principes d’appropriation nationale, de confiance mutuelle, de transparence et de reddition des comptes. De même, a-t-il précisé, ils doivent être menés dans le respect des réalités propres à chaque pays.
Le délégué a par ailleurs salué l’élargissement des partenariats conduits sous l’égide des Nations Unies, tout en regrettant que les rapports d’activités y afférents n’étaient pas toujours produits. Il a rappelé que « Les Orientations de Samoa », le Document final de la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement, adopté à Samoa en septembre 2014, appelle ainsi à mettre l’accent sur les partenariats en vue de promouvoir l’essor spécifique de ce groupe de pays. Le délégué a par ailleurs prévenu que tout en encourageant les partenariats, il faudrait garder à l’esprit que ceux-ci ne peuvent se substituer à l’aide publique au développement (ADP).
Mme CHANDA (Zambie), au nom du groupe des 32 pays en développement sans littoral, a souligné que les partenariats étaient très importants pour assurer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et pour progresser dans les domaines prioritaires identifiés par le Programme d’action de Vienne sur les pays enclavés. Elle a mis l’accent, en particulier, sur le rôle pivot du secteur privé. Dans les pays enclavés, les partenariats sont utiles pour soutenir la mise en place d’un système de transport efficace, permettant ainsi de réduire les coûts des transactions et d’accroître la compétitivité sur les marchés internationaux. Il faudrait également aider les pays en développement sans littoral à renforcer leurs capacités productives et à diversifier la production. En outre, a-t-elle ajouté, les partenariats pourraient renforcer le financement du développement durable. Mme Chanda a également souligné le rôle important des partenariats dans le cadre de la coopération Sud-Sud, notamment pour renforcer les infrastructures, les capacités et le transfert de technologies.
Mme KAREN TAN (Singapour), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), s’est dit convaincue que le succès de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dépendrait d’un partenariat mondial revitalisé. C’est pourquoi, a-t-elle dit, les gouvernements, le secteur privé, le système des Nations Unies et tous les autres acteurs doivent unir leurs efforts. L’aide publique au développement (APD) continue à jouer un rôle central dans ce partenariat, en particulier pour les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays en développement sans littoral, a-t-elle rappelé. La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, a-t-elle souligné, ne doivent pas se substituer à la coopération Nord-Sud ou à l’APD. La représentante a, par ailleurs, noté le rôle croissant que joue le secteur privé dans l’appui aux efforts de développement, tout en souhaitant que ce rôle soit davantage étendu à travers le Pacte mondial. Il faudrait également consolider la reddition des comptes et la transparence dans ces partenariats, a-t-elle ajouté.
Dans le cadre de l’ASEAN, les partenariats sont très importants, a assuré Mme Tan, citant notamment les partenariats public-privé pour lesquels l’ASEAN a adopté des directives en 2014. Elle a mentionné une liste de projets gérés par l’ASEAN, ainsi qu’une base de données sur l’atténuation de risques. Mme Tan a aussi mis l’accent sur ce que fait le réseau de responsabilité sociale des entreprises de l’ASEAN. Pour encourager les flux privés, les gouvernements devraient mettre en place, a-t-elle encouragé, les cadres nécessaires. Elle a également demandé aux organisations internationales comme l’ONU, les fonds, programmes et institutions spécialisées, ainsi que le FMI, d’assister les pays concernés dans ces efforts. Enfin, elle a plaidé en faveur de nouvelles sources de financement pour le développement, à la fois publiques et privées, en préconisant notamment d’explorer des sources innovantes.
M. ANTONIO PARENTI, de l’Union européenne, a salué les avancées réalisées, ces dernières années, en matière de partenariats pour la réalisation d’un développement durable. Il a aussi salué les efforts consentis par les acteurs du secteur privé en vue de lutter contre les changements climatiques, et il les a invités à aller plus loin lors de la vingt et unième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), qui ouvrira ses travaux le 30 novembre. Il a annoncé que l’Union européenne présentera un projet de résolution sur les partenariats, semblable aux précédents sur le même sujet, et coparrainé par tous les membres de l’Union européenne. Il a souligné que ce texte en appelle à des partenariats respectueux des valeurs et principes des Nations Unies. Il a invité tous les États Membres favorables à ce texte à se porter coauteurs.
M. FEDERICO GONZALEZ (Paraguay) a souligné la participation active du secteur privé, des organisations civiles et du monde universitaire aux préparatifs de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, en se félicitant aussi de l’adoption du Programme d’action de Vienne relatif à ces pays. Le représenant a demandé aux États Membres de stimuler les efforts des pays en développement sans littoral en appuyant leur projet de résolution sur les associations mondiales de collaboration. Il a suggéré aux délégations d’aborder les discussions sur cette question en explorant les activités conjointes possibles entre le secteur public et le secteur privé, ainsi que le rôle des petites et moyennes entreprises dans l’économie. Il faudrait aussi envisager cette question sous l’angle du renforcement des capacités nationales en matière de collecte et d’analyse de données, a-t-il ajouté.
M. CARLOS DUARTE (Brésil) a déploré le fait que le développement de partenariats entre le secteur privé et les Nations Unies ne soit pas suivi par un renforcement des mesures de reddition des comptes et de transparence. Il faudrait adopter des mesures visant à assurer que tout partenariat entre les Nations Unies et des entreprises privées soit respectueux des droits de l’homme, soucieux de la protection de l’environnement et de l’égalité des genres. Il a évoqué des évènements récents qui ont montré les risques graves pouvant résulter de l’absence de suivi des relations engagées par le secteur privé avec des institutions du système des Nations Unies. Le délégué a ainsi cité les allégations concernant les liens qu’aurait entretenus le Président de la soixante-huitième session de l’Assemblée générale avec des partenaires privés. Il a précisé que le manque de transparence, de reddition des comptes et de gouvernance pourrait constituer un obstacle à la création de partenariats entre les Nations Unies et des partenaires légitimes. Il a ainsi mis en garde contre les sommes colossales promises par le secteur privé dans le cadre des initiatives lancées par les Nations Unies et insisté sur la nécessité d’en vérifier la provenance et leur mode d’utilisation.
Le délégué s’est dit préoccupé par les larges sommes d’argent qui sont utilisées dans le cadre de ces partenariats et en particulier les conflits d’intérêts résultant de partenariats avec les Nations Unies pour le financement d’activités opérationnelles de développement. Le représentant a également prévenu que le Programme de développement à l’horizon 2030, récemment adopté, n’avait pas été conçu pour laisser libre court aux actions du secteur privé et des marchés. Tout en reconnaissant le rôle important que le secteur privé pourrait jouer dans la réalisation de ce programme, il a tout de même plaidé pour que les États Membres respectent les droits de l’homme et l’égalité des genres. Il a également souhaité que les fonds issus du secteur des affaires soient alignés sur les mandats et priorités agréés internationalement.
M. CAO ZHIYONG (Chine) a appelé à mobiliser toutes les ressources possibles pour assurer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030, en précisant que cela exigeait un partenariat mondial solide. Il a demandé aux pays développés de respecter les engagements qu’ils ont pris en faveur de l’aide publique au développement (APD) et en appuyant davantage les efforts entrepris par les pays africains. Les pays en développement devraient aussi être encouragés à renforcer la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire, qui facilitent un partage d’expériences, sans pour autant se substituer à la coopération Nord-Sud. La Chine et les Nations Unies ont organisé une table ronde sur la coopération Sud-Sud lors du récent Sommet sur le développement durable, a-t-il rappelé en insistant sur l’importance de cet outil.
M. YUTTALID MEK BUNNAG (Thaïlande) a estimé que des partenariats dynamisés étaient nécessaires pour relever les défis que pose le développement. La coopération Nord-Sud et l’aide publique au développement (APD) doivent rester au cœur des partenariats mondiaux, a-t-il recommandé tout en attirant l’attention sur l’importance que joue de plus en plus la coopération Sud-Sud. Celle-ci ne pourra cependant jamais remplacer la coopération Nord-Sud, a-t-il affirmé. Le délégué a ensuite parlé de l’agence thaïlandaise de coopération pour le développement qui assiste les pays voisins et des pays d’Afrique. La Thaïlande a en outre créé six zones économiques spéciales visant à accroître les échanges commerciaux transfrontaliers, a-t-il dit avant de plaider en faveur de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). À cet égard, il a soutenu le Pacte mondial de l’ONU. Un institut de la RSE a été créé en Thaïlande, a-t-il indiqué. Avant de conclure, le représentant a plaidé en faveur de mesures internationales favorables aux pays en développement, en souhaitant notamment un système de commerce équitable qui leur donne un accès aux marchés en franchise de droits et hors contingent.
M. YOUNHO KANG (République de Corée) a invité tous les acteurs de développement à apporter leur pierre à l’édifice du développement durable. Il a déclaré que ces partenariats devraient se faire en accord avec les ambitions du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a aussi souhaité que dans le cadre de l’amélioration des partenariats, les discussions y afférentes se poursuivent au sein d’instances appropriées comme le Conseil économique et social.
M. BANKOLE ADEOYE (Nigéria) a souligné que les partenariats entre les secteurs public et privé devraient permettre de mobiliser des fonds additionnels et prévisibles pour le développement, tout en permettant de faciliter le transfert des technologies nécessaires pour les pays en développement. Il a aussi souhaité que ces partenariats soient dans le respect des priorités nationales de développement des pays bénéficiaires. Le délégué a ensuite salué les succès remportés par le Pacte mondial des Nations Unies et souhaité également que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire soient renforcées.
M. ALAIN WILFRIED BIYA (Cameroun) a estimé que la contribution du secteur privé à la réalisation des objectifs de développement durable ne devrait pas entraîner une compétition pour les ressources entre les entités du système de développement des Nations Unies. Les fonds, programmes et institutions spécialisées, a-t-il ajouté, devraient privilégier les contributions aux ressources de base plutôt qu’aux ressources extraordinaires, sachant que celles-ci constituent 75% du financement total des activités opérationnelles de développement, afin de ne pas aggraver le déséquilibre existant entre ces deux types de ressources. Il a cité plusieurs résolutions de l’Assemblée générale selon lesquelles les ressources extraordinaires ne peuvent pas se substituer aux ressources ordinaires, ces textes soulignant en outre que ces ressources présentent des risques de dispersion, de compétition ou de chevauchement entre entités.
Le renforcement des partenariats avec le secteur privé, a-t-il souligné, ne devrait donc pas déboucher sur l’érosion de l’impartialité et du caractère multilatéral du système des Nations Unies. « En un mot, a-t-il dit, il faudrait se garder de transformer le système des Nations Unies en un instrument de sous-traitance des acteurs du secteur privé. » Le représentant s’est défendu de vouloir imposer une rigidité excessive aux accords de partenariat entre l’ONU et le secteur privé. Il a expliqué que sa délégation voulait, au contraire, garantir la transparence, la cohérence et la redevabilité. M. Biya a ainsi fait plusieurs propositions et, en particulier, celle de divulguer, pour chaque partenariat, l’identité des partenaires, le montant des contributions reçues et des dons de contrepartie. Il a aussi suggéré aux entités du système des Nations Unies de faire rapport à leurs structures de gouvernance respectives, tandis qu’un compte-rendu des partenariats de l’ONU devrait être soumis aux États Membres dans le cadre du Forum annuel de l’ECOSOC sur le suivi du financement du développement qui est prévu dans le Programme d’action d’Addis-Abeba.
M. ARTHUR A. ANDAMBI (Kenya) a souligné qu’il faudrait renforcer les partenariats afin que les pays en développement ne dépendent plus seulement de l’APD. Il a déclaré que le Gouvernement kényan entendait établir des partenariats plus solides avec des institutions internationales en vue, notamment, d’améliorer les conditions de vie des groupes vulnérables tels que les femmes, les jeunes et les enfants. Il a par exemple fait observer que le Kenya, dans l’optique de la mise en œuvre de son plan national de développement pour la période 2014-2018, coopérait avec la Banque mondiale en vue d’éradiquer la pauvreté, grâce à des investissements financés à hauteur d’un milliard de dollars par an par la Banque.
Mme INGRIT PRIZRENI (Albanie) a fait remarquer que les défis actuels exigeaient un cadre cohérent de financement du développement qui intègre les trois dimensions du développement durable, à savoir économique, sociale et environnementale. Elle a indiqué que les efforts de développement de son pays avaient été soutenus par une aide étrangère. Celle-ci a diminué au fur et à mesure que le pays progressait sur la voie du développement, a-t-elle fait observer. Au moment où l’Albanie poursuit sa stratégie d’intégration à l’Union européenne, a précisé Mme Prizreni, le pays accorde davantage d’importance à la gestion des fonds de l’Union européenne et moins aux sources bilatérales traditionnelles. L’Albanie, a-t-elle rappelé, avait approuvé, en 2007, un programme au titre de l’Initiative « Une seule ONU » dont l’objectif est de mieux soutenir les efforts de développement de l’Albanie. Ce programme permet d’aligner plus efficacement l’aide extérieure avec les priorités nationales.
Mme IRINA MEDVEDEVA (Fédération de Russie) a préconisé l’adoption d’une démarche systématique visant à guider les partenariats entre les Nations Unies et le monde des affaires. Elle a souhaité, dans ce contexte, que le Pacte mondial des Nations Unies soit renforcé. Elle a également plaidé pour une plus grande transparence du secteur privé envers les gouvernements, en précisant que ces derniers sont responsables en premier lieu du développement de leur population. Elle a aussi salué les retombées positives issues du partenariat entre le système des Nations Unies et le secteur privé dans le cadre de la lutte contre le virus Ebola. La déléguée a précisé que ces partenariats avec le système des Nations Unies devraient se faire sous l’égide de l’ECOSOC. Elle a en outre souhaité que ces partenariats soient plus transparents et responsables, tout en soulignant l’importance d’en divulguer les informations y afférentes. La Fédération de Russie, a-t-elle dit, se félicite de la participation du secteur privé russe dans les activités de développement des Nations Unies.
M. MAYTHONG THAMMAVONGSA (République démocratique populaire lao), a prévenu que la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030 exigerait la mobilisation d’un énorme volume de ressources. Cela nécessite, par conséquent, un renforcement des partenariats entre les gouvernements, le système des Nations Unies, le secteur privé et d’autres acteurs pertinents. Il a estimé que l’aide publique au développement (APD) continuerait à jouer un rôle central dans ce domaine, en particulier pour les pays les plus vulnérables. Tout en soulignant l’utilité de la coopération Sud-Sud, il a rappelé qu’elle ne devrait pas se substituer à la coopération Nord-Sud. Le représentant a ensuite misé sur le secteur privé engagé dans des partenariats avec le secteur public, en soulignant son rôle crucial pour appuyer les efforts de développement dans de nombreux pays. Les gouvernements doivent ainsi identifier leurs priorités en matière de développement pour lesquelles le secteur privé peut apporter sa contribution. L’APD est très importante pour les Laos, qui fait partie de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), a-t-il souligné avant de mentionner le processus de tables rondes créé pour en débattre, ainsi que la déclaration de Vientiane sur l’efficacité de l’aide.