La Deuxième Commission examine les mesures nécessaires au développement des pays les plus vulnérables afin d’éviter qu’ils ne soient laissés en marge
Les pays les moins avancés attendent avec intérêt l’entrée en fonctions de la banque de technologies
Les « pays en situation particulière », considérés comme étant « les moins favorisés » et dont les besoins en développement exigent une coopération internationale renforcée, étaient à l’honneur, aujourd’hui, à la Commission économique et financière (Deuxième Commission). Une trentaine de délégations ont réaffirmé, à cette occasion, leur engagement en faveur du développement des pays les moins avancés (PMA), des pays en développement sans littoral, et des petits États insulaires en développement (PEID). Dans cette optique, beaucoup ont appelé de leurs vœux à la mise en route de la banque de technologies.
« L’euphorie qui a prévalu lors de l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 risque de rester un simple rêve pour les pays en développement si ces derniers ne reçoivent pas l’aide nécessaire pour rattraper leur retard », a prévenu d’emblée le représentant de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.
Le contexte est le suivant: le nombre de personnes mal nourries dans les PMA atteindra 250 millions à la fin de la période 2014-2016, soit 30% de la population mondiale, a prévenu le Secrétaire général adjoint et Haut-Représentant pour ces trois groupes de pays, M. Gyan Chandra Acharya, en présentant les rapports du Secrétaire général. Il a précisé que 49,9% de la population des PMA vivaient en dessous du seuil de pauvreté.
Pour faire face à cette situation, chaque groupe de pays en situation particulière a été doté d’un programme d’action, comme le Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA pour la décennie 2011-2020 qui fixe huit domaines prioritaires en vue de réduire de moitié le nombre de pays de cette catégorie d’ici à 2020. Beaucoup ont misé sur l’examen à mi-parcours de ce programme, prévu en 2016 à Antalya (Turquie), en espérant qu’il aboutirait à des recommandations positives pour la suite de ce processus.
Les représentants des PMA se sont toutefois plaints de la réduction de 15% en 2014 de l’aide publique au développement (APD), qui représente leur principale source de financement pour le développement. Ils ont appelé les pays donateurs à respecter la promesse de consacrer entre 0,15 et 0,20% de leur produit intérieur brut (PIB) au financement du développement des PMA. Ils ont aussi prôné l’allègement ou l’annulation de leur dette, la fourniture de prêts concessionnels, l’augmentation des investissements directs étrangers dans les PMA, ainsi que la mise en œuvre complète des recommandations de la réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de Bali en 2013.
Les PMA, par la voix du représentant du Bangladesh, ont en outre proposé de créer un fonds visant à financer les mesures qu’ils prennent eux-mêmes pour faire face aux chocs économiques extérieurs. Pour ce qui est du fonds de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) destiné à gérer collectivement les épidémies et autres crises sanitaires, la Chine a fourni 2 millions de dollars, a indiqué son représentant.
Les PMA ont aussi demandé de mettre en place, dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, un centre d’appui aux investissements internationaux en faveur de ces pays.
Parmi les outils à la disposition des PMA pour accélérer leur développement, les délégations se sont réjouies de la création de la « banque de licences de technologies pour les PMA », qui doit être opérationnalisée d’ici à 2017 en vertu du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.
À cet effet, le représentant du Bénin a invité le Secrétaire général à prendre toutes les mesures nécessaires au cours de la présente session de l’Assemblée générale, comme cela a été recommandé par le Groupe de haut niveau qui a travaillé sur l’étude de faisabilité de cette banque, et conformément à l’objectif 17.8 de développement durable. Le représentant du Japon a formulé quelques recommandations pour assurer le succès de cette entreprise, en particulier la protection des droits de propriété intellectuelle et un financement durable de la banque.
Certains pays n’ont pas attendu la création d’une telle institution pour transférer leurs technologies aux pays qui en ont besoin. Ainsi, le représentant du Brésil a présenté son projet « Coton-4 » par lequel il transfère au Bénin, au Burkina Faso, au Tchad, au Mali et bientôt au Togo, des technologies permettant d’améliorer la qualité et le rendement de la production de coton.
La discussion d’aujourd’hui a également mis l’accent sur les vulnérabilités des pays en développement sans littoral, dont les efforts sont appuyés par le Programme d’action de Vienne pour la décennie 2014-2024, et des petits États insulaires en développement qui ont leur propre programme, les Orientations de Samoa. Les phénomènes climatiques extrêmes rendent les petites îles très vulnérables et menacent même leur survie, a fait remarquer le représentant des Maldives, tandis que les pays privés d’accès à la mer souffrent beaucoup du coût élevé des transports routiers.
La Deuxième Commission reprendra ses travaux, lundi 2 novembre à partir de 10 heures, pour examiner le point à son ordre du jour intitulé « Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition ».
GROUPES DE PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE
Suivi de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés
Rapport du Secrétaire général sur l’application du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2011-2020 (A/70/83-E/2015/75)
Si 46% de la population des pays les moins avancés (PMA) vivent toujours dans un état d’extrême pauvreté, note le rapport, le niveau de pauvreté et la faim ont reculé, la croissance reprend et des transformations structurelles commencent à être opérées. En outre, plusieurs pays sont sortis ou sont sur le point de sortir de la catégorie des PMA et un nombre croissant ont exprimé leur intention d’en sortir. Toutefois, pour que les buts et objectifs arrêtés à Istanbul soient atteints d’ici à 2020, il faudrait que les PMA de même que leurs partenaires de développement redoublent d’efforts et prennent des mesures concrètes dans les huit domaines prioritaires définis dans le Programme d’action.
Le lancement de nouvelles initiatives, telles que la création d’une banque de technologies et l’instauration d’un système de promotion des investissements en faveur des pays les moins avancés, montre que la communauté internationale continue de venir en aide à ces pays. Ces évolutions sont propices à un renforcement du partenariat en faveur des pays les moins avancés tel qu’on l’attend à l’occasion de l’examen approfondi de haut niveau à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul qui aura lieu à Antalya (Turquie) en juin 2016.
Comme exemple de progrès à faire, le rapport note qu’il est primordial de renforcer la capacité de production de ces pays pour que les sept autres objectifs prioritaires du Programme d’action puissent être atteints. En outre, les taux d’investissement doivent augmenter plus rapidement. Il faut aussi améliorer l’accès des populations aux services de téléphonie mobile ou cellulaire, étendre et moderniser les réseaux routiers, augmenter le volume des transports aériens et renforcer la connectivité des transports maritimes. Les PMA ont aussi besoin de continuer à recevoir une assistance afin de réduire leurs coûts commerciaux. En ce qui concerne le secteur de l’éducation, les acteurs nationaux et internationaux doivent poursuivre leurs efforts en vue de maintenir les acquis et d’accélérer les progrès.
Parmi les autres moyens permettant d’avancer vers la réalisation du Programme d’action, on note l’importance de l’appui financier et technique à fournir aux PMA pour les aider à collecter les impôts, élargir leur assiette fiscale, réduire les flux de capitaux illicites et assurer l’administration des douanes. En outre, l’aide au développement dont ils bénéficient doit être de meilleure qualité et être offerte à des conditions plus favorables, comme prévu dans les engagements du Programme d’action.
Il convient aussi de mettre en œuvre le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030) en tenant particulièrement compte du cas des PMA, plusieurs d’entre eux ayant été touchés récemment par la crise de l’Ebola et par le cyclone Pam. Il faut également mettre en place ou consolider des mesures ciblées pour renforcer l’appui financier à ces pays pour qu’ils s’adaptent aux changements climatiques ou qu’ils parviennent à en atténuer les effets.
Le rapport note avec satisfaction l’augmentation de 14% des investissements étrangers directs à destination des pays les moins avancés entre 2012 et 2013. Dans ce domaine, on attend notamment des partenaires de développement qu’ils étendent leurs programmes d’assurance et de garantie contre les risques et leurs programmes d’incitations fiscales aux entreprises qui investissent dans les PMA. Par ailleurs, la banque de technologies doit être mise en service dès que possible car elle jouera un rôle central dans l’application du Programme d’action d’Istanbul. Il convient également d’approfondir et d’étendre la coopération Sud-Sud et triangulaire.
Le Secrétaire général recommande par ailleurs de prendre dûment en compte les opinions, préoccupations et attentes des PMA dans toutes les initiatives mondiales, telles que le financement du développement durable, le programme de développement pour l’après-2015, la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et la dixième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui doit se tenir en décembre 2015, à Nairobi. De son côté, le Bureau du Haut-Représentant pour les PMA, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID) doit poursuivre son action pour aider les pays les moins avancés et défendre leur cause.
Rapport du Secrétaire général sur l’application, efficacité et valeur ajoutée des mesures de transition sans heurt (A/70/292)
Partant du principe que le processus de reclassement des PMA devrait s’accompagner de mesures permettant de ne pas compromettre leur développement, les dispositions de la résolution 67/221 de l’Assemblée générale ont jeté des bases solides pour un reclassement, un processus de transition sans heurt et un mécanisme d’appui plus prévisibles.
Les pays récemment reclassés comme Cabo Verde, les Maldives et Samoa ont poursuivi leur développement et enregistrent à ce jour des niveaux identiques en termes de flux d’aide publique au développement et d’exportation. Leurs stratégies de transition sans heurt ont également bénéficié de l’appui de certains partenaires de développement.
Il reste cependant encore beaucoup à faire pour mettre effectivement en oeuvre les dispositions très larges de la résolution 67/221. Le Secrétaire général suggère de bien intégrer les stratégies de reclassement et de transition sans heurt dans les stratégies nationales de développement et les stratégies d’aide des donateurs. Les partenaires de développement devraient fournir des informations à jour sur les mesures d’appui réservées aux PMA. Le niveau du financement international public devrait prendre en compte le niveau de développement de chaque pays bénéficiaire.
Dans la région du Pacifique notamment, les pays les moins avancés et les pays reclassés demeurent extrêmement vulnérables aux effets des changements climatiques du fait, entre autres, de leur petite taille et de leur éloignement. Il est donc non seulement important d’augmenter le volume des financements disponibles pour les pays les moins avancés mais aussi de faciliter l’accès des pays reclassés au financement concessionnel, tout en tenant compte de leur vulnérabilité et des contraintes géographiques.
Suivi de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral
Rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024 (A/70/305)
Le rapport note que les pays en développement sans littoral doivent montrer le chemin en matière d’intégration approfondie du Programme d’action dans les stratégies nationales et de sa pleine mise en oeuvre. De même, les pays en développement de transit doivent veiller à appliquer pleinement les dispositions du Programme. Les partenaires de développement, notamment ceux qui sont actifs dans la coopération Sud-Sud et triangulaire, doivent accorder la priorité aux pays en développement sans littoral et harmoniser leurs priorités avec celles de ces pays.
Ces pays doivent en outre poursuivre les efforts entrepris pour rationaliser et harmoniser les procédures et formalités douanières et de passage des frontières et mettre en oeuvre des mesures efficaces de facilitation du commerce. Tous les membres de l’OMC, notamment les pays en développement sans littoral et de transit, devraient ratifier l’Accord sur la facilitation du commerce de l’OMC afin qu’il puisse entrer en vigueur. Il faudrait aussi étendre l’assistance technique et l’aide visant à renforcer les capacités aux pays enclavés.
Le Secrétaire général prône également l’intégration régionale de ces pays, l’augmentation de la part de leurs exportations à forte valeur ajoutée, ainsi que le développement des secteurs et formes de technologies nécessitant une main-d’œuvre.
Pour le suivi de la mise en oeuvre du Programme d’action, il faudrait systématiquement collecter des données dans ces pays. Cette mise en oeuvre exige aussi des ressources supplémentaires pour les investissements dans le développement et la maintenance de l’infrastructure, l’amélioration de la facilitation du commerce, l’accroissement des échanges, la transformation structurelle, la lutte contre les vulnérabilités internes et externes et le renforcement des capacités. Outre la mobilisation des ressources internes, il faudrait que la communauté internationale mobilise plus de ressources d’APD et renforce la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire. Elle doit aussi élargir le rôle du secteur privé. En outre, les banques de développement internationales et régionales devraient contribuer au financement du développement des infrastructures de ces pays.
Dialogue après la présentation des rapports
Le représentant du Paraguay a souligné les nombreuses difficultés que rencontrent les pays en situation particulière sur la voie de leur développement, ce qui explique, a-t-il dit, l’ampleur de la tâche du Secrétaire général adjoint et Haut-Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), M. Gyan Chandra Acharya, qui a présenté les rapports du Secrétaire général sur ces questions. Il a réaffirmé l’engagement de son pays à travailler avec le bureau du Haut-Représentant.
La représentante du Royaume-Uni a voulu savoir pourquoi on envisageait pour la banque de technologies des changements institutionnels semblables à ceux de l’Université des Nations Unies. Pourquoi ce modèle est-il préférable à d’autres comme, par exemple, celui du Pacte mondial? a-t-elle demandé.
Le Haut-Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID) a donné des détails sur les discussions qui ont eu lieu sur les modalités de fonctionnement de la banque de technologies. Pour relever les défis en matière de technologies dans les pays enclavés, il faudrait procéder à des transformations rapides dans le développement de ces pays, a-t-il estimé. Les discussions ont eu lieu sur une base volontaire, en prenant soin d’inclure les partenaires du secteur privé, a-t-il assuré. Tout le monde a pensé que c’était la meilleure approche pour aller de l’avant, a-t-il précisé.
Au représentant du Libéria qui demandait des précisions sur le « groupe des 7 », M. Chandra Acharya a expliqué qu’il ne s’agit pas d’un groupe en tant que tel. Il a aussi indiqué qu’un tiers des pays enclavés étaient actuellement en situation de conflit.
Débat général
Mme PINKIE MOLEKO (Afrique du Sud), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a fait remarquer que l’euphorie qui avait présidé à l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 risque de rester un simple rêve pour les pays en développement si ces derniers ne reçoivent pas l’aide nécessaire pour rattraper leur retard. En ce qui concerne les pays les moins avancés (PMA), elle a invité la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour réaliser les huit domaines prioritaires définis par le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020. Elle a aussi rappelé que l’aide publique au développement (APD) demeurait la principale source de financement du développement pour la plupart des PMA, en déplorant que l’APD ait été réduite de 15% en 2014. Elle a ainsi appelé les donateurs à respecter leurs engagements en faveur des PMA, notamment la promesse de consacrer entre 0,15 et 0,20% de leur produit intérieur brut (PIB) au financement du développement des PMA. Elle a aussi rappelé les mesures qui devraient leur faciliter l’accès de tous leurs produits, aux marchés en franchise de droits et hors contingent. Elle a aussi prôné des allègements de leur dette, l’augmentation des investissements directs étrangers qu’ils reçoivent, ainsi que la mise en œuvre complète des recommandations de la réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de Bali en 2013.
L’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul, prévu l’année prochaine, a souligné la représentante, est de la plus grande importance, en précisant qu’il permettrait d’établir le lien avec les recommandations du Programme d’action d’Addis-Abeba et celles qui résulteront de la vingt et unième Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), prévue à Paris en décembre prochain. Elle a, par ailleurs, affirmé que la banque de technologies, prévue par le Programme d’action d’Istanbul, est très attendue. La déléguée a invité le Secrétaire général des Nations Unies à tout mettre en œuvre afin que cette banque soit opérationnelle au cours de la présente session. Elle a aussi souhaité un soutien accru aux pays qui sont engagés dans le processus de passage du statut de membre du Groupe des PMA à celui des pays à revenu intermédiaire, afin de s’assurer, a-t-elle fait valoir, que le reclassement soit positif pour ces pays.
La représentante a par ailleurs plaidé pour la mise en œuvre totale du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024. À cette fin, elle a invité les partenaires au développement à apporter leur soutien technique et financier pour la mise en œuvre des recommandations adoptées à Vienne.
M. DENIS RÉGIS (Haïti), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que pour les pays les moins avancés (PMA), les différentes mesures prises en 2015 en faveur du développement durable auront sans doute la vertu et le potentiel de renforcer leurs moyens structurels et d’induire des externalités positives dans leur quête pour le développement durable. Cependant, a tempéré le représentant, le bilan de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul ciblant huit domaines prioritaires pour cette catégorie de pays indique que le chemin est encore long et qu’il faudrait redoubler d’efforts. La CARICOM déplore que les progrès réalisés en 2013 dans l’application et le suivi du Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA aient marqué le pas en 2014 avec une diminution du produit intérieur brut global de l’ensemble de ce groupe à 5,1% contre 5,4% en 2013, ralentissant ainsi la progression dans la réduction de l’extrême pauvreté et la réalisation d’autres objectifs de développement, y compris certains OMD. Il a poursuivi que la tendance à long terme demeurait incertaine et que le bilan par secteur était toujours très contrasté, d’un pays à l’autre ou d’une région à l’autre. Le nombre des PMA ayant atteint l’objectif d’un taux de croissance de 7% fixé à Istanbul est descendu à 10 en 2014 contre 13 en 2013. La réalisation d’ici à 2020 des 47 objectifs et cibles des huit domaines prioritaires décidés à Istanbul semble davantage compromise, a prévenu M. Régis.
La CARICOM est également préoccupée par la persistance du faible taux d’investissement dans les PMA, en dépit d’une hausse de 14% en 2013 car les investissements dans ces pays, a-t-il précisé, ne représentant que 2% du volume mondial. En outre, bien que plus de 56% de la population des PMA aient accès à la téléphonie mobile en 2013, l’utilisation d’Internet reste cependant extrêmement faible avec moins de 10% d’accès au haut débit. Le représentant a également brossé le tableau dans les domaines de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et du développement rural, en notant que le tiers de la population mondiale souffrant de la faim vivait dans les PMA. Il a ajouté que le déficit constant de la balance courante constituait un défi de taille pour les PMA. Il a regretté que le rythme actuel auquel les pays développés élargissaient l’accès de leurs marchés aux PMA en franchise de droit et sans contingent soit toujours largement insuffisant en comparaison aux accords et directives de l’OMC. Concernant le financement du Programme d’action d’Istanbul et de tout programme d’éradication de la pauvreté, le représentant a apporté son appui aux recommandations visant à améliorer les administrations et régimes fiscaux des PMA. Il s’est dit favorable à la promotion davantage de flux d’investissements directs étrangers divers vers les PMA. C’est pourquoi, il a encouragé la coopération technique et l’établissement de programmes d’assistance et de garantie contre les risques et, plus généralement, d’accélérer la mise en place de cadres règlementaires favorables à ce type d’investissements.
M. A. K. ABDUL MOMEN (Bangladesh), au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a souligné l’importance de mettre pleinement en œuvre le Programme d’action d’Istanbul pour réduire de moitié le nombre de pays appartenant à la catégorie des PMA d’ici à 2020. Préoccupé par la diminution de 15% de l’APD en faveur des PMA en 2014, il a exhorté les partenaires de développement des PMA à s’acquitter de leur engagement de consacrer entre 0,15 et 0,20% de leur revenu intérieur brut à l’APD de ces pays. Afin que le commerce international soit un moteur de la création d’emplois et de la réduction de la pauvreté, les PMA doivent recevoir l’appui nécessaire pour qu’ils puissent doubler leur part dans les exportations mondiales d’ici à 2020, a-t-il poursuivi, avant de demander qu’au moins la moitié de l’aide pour le commerce bénéficie aux PMA. Il a également souligné la nécessité d’assister ces pays en vue de leur admission à l’OMC.
Soulignant la vulnérabilité aiguë des PMA aux changements climatiques, M. Momen a souhaité la prise de mesures afin de renforcer la résilience de ces pays. Le défi de la dette des PMA doit être réglé de toute urgence, y compris par l’annulation de dettes multilatérales et unilatérales des PMA et la fourniture de prêts concessionnels, a poursuivi le représentant. Il a en outre souhaité la mise en place d’un fonds visant à financer les mesures prises par les PMA pour faire face aux chocs économiques extérieurs, ainsi que la création, dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba, d’un centre d’appui aux investissements internationaux en faveur de ces pays. Avant de conclure, M. Momen a estimé qu’il était nécessaire d’appuyer les pays quittant la catégorie des PMA, afin qu’ils puissent réaliser les ODD.
Mme THERESA LUSWILI CHANDA (Zambie), au nom des pays en développement sans littoral, a rappelé que la réunion de haut niveau sur le suivi du Programme d’action de Vienne, qui s’était tenue en Zambie, avait adopté, le 4 juin 2015, l’Appel à l’action de Livingstone pour la mise en œuvre accélérée du Programme d’action. Elle a souligné les difficultés particulières que continuent de rencontrer ces pays en raison du coût élevé des transactions et des retards dans les transports, par rapport aux pays qui ont un accès à la mer. Compte tenu de l’état de leurs infrastructures et de leurs réseaux routiers, a-t-elle fait remarquer, seulement 42% des populations de ces pays ont accès à l’électricité, alors que la moyenne dans le monde est de 81%. En outre, la population de ces pays a un accès limité et coûteux à l’Internet à haut débit. Cela ne fait qu’un an que le Programme d’action de Vienne est adopté et il est encore trop tôt pour mesurer les progrès réalisés, a-t-elle estimé. Sur les six domaines prioritaires de ce Programme d’action, elle a souligné la nécessité de traduire les engagements pris dans des politiques nationales, en demandant de prévoir pour cela des directives complètes. Le Secrétariat devrait aussi fournir une série d’indicateurs pour évaluer les progrès.
La représentante s’est inquiétée de ce que les investissements étrangers directs (IED) continuent de baisser dans ces pays, alors que l’APD n’est pas encore revenue à ses niveaux de 2010. Elle a appelé les partenaires de développement à mettre en œuvre leurs engagements dans le cadre du Programme d’action de Vienne, en offrant notamment un soutien financier et technique. En ce qui concerne les négociations commerciales de l’OMC, elle a insisté sur la conclusion du Cycle de Doha et également sur les domaines qui offrent le plus de bénéfices pour les pays en développement et, notamment, les pays enclavés, ceux-ci devant faire l’objet d’une reconnaissance particulière à l’OMC. Elle a aussi demandé la ratification de l’Accord de facilitation du commerce de 2013. Enfin, elle a appelé à créer de nouveaux mécanismes d’investissements, tels que des fonds de capitaux orientés vers le développement ou de nouvelles structures de financement de la dette. Ces instruments seront critiques pour réduire les écarts dans les infrastructures de développement. À cet égard, la représentante a demandé de créer de toute urgence, comme prévu dans le Programme d’action d’Addis-Abeba, un forum mondial et inclusif d’infrastructures. De même, elle a appelé les banques multilatérales de développement à développer des instruments permettant d’orienter les ressources des investisseurs à long terme vers le développement durable, notamment des obligations vertes.
Intervenant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. KHIANE PHANSOURIVING (République démocratique populaire lao) a rappelé les difficultés auxquelles les groupes de pays spécifiques étaient confrontés dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il s’est ainsi félicité des engagements pris par la communauté internationale pour leur prêter assistance à cette fin, notamment par la mise en œuvre du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la Décennie 2011-2020,du Programme d’action de Vienne pour la Décennie 2014-2024 et des Orientations de Samoa. Certains progrès ont déjà été réalisés dans la mise en œuvre de ces documents grâce aux pays de transit, aux partenaires de développement, aux organisations internationales, aux institutions de développement du système des Nations Unies et au secteur privé, s’est félicité le représentant. Il a ensuite annoncé la création, avant la fin de cette année, de la « Communauté économique de l’ASEAN » (AEC), même si des efforts redoublés devront être déployés pour surmonter le « fossé » de développement qui persiste entre ses États Membres, a-t-il souligné. C’est la raison pour laquelle, a-t-il précisé, l’Association a lancé en 2000 l’Initiative pour l’intégration de l’ASEAN et mis en œuvre son Plan-cadre pour la connectivité au sein de l’ASEAN et son accord-cadre pour le développement économique équitable dans la sous-région.
M. SERGIO SHCHERBAKOV (Équateur), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a dit souhaiter que l’examen à mi-parcours du Programme d’Action d’Istanbul, prévu en 2016, permettrait d’adopter des recommandations positives pour la suite du processus de mise en œuvre. Il a aussi fait part du soutien de la CELAC au Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral, en plaidant par la même occasion pour la prise en compte des besoins spécifiques de ce groupe de pays.
Mme MADINA KARABAEVA (Kirghizistan) a estimé que l’appui financier international est nécessaire pour le développement des pays en situation particulière. Elle a ainsi appelé les pays développés à respecter leurs engagements en faveur de ces pays, notamment celui de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement. La représentante a indiqué que son pays avait intégré les recommandations du Programme d’action de Vienne dans ses stratégies nationales de développement. La déléguée a aussi noté que l’intégration régionale était importante pour promouvoir le développement des pays en développement sans littoral comme le sien, faisant ainsi valoir que son pays bénéficie de facilités de transport grâce à son engagement en faveur des diverses initiatives régionales. Elle a enfin rappelé qu’en 2014, la Banque mondiale avait classé le Kirghizistan parmi les pays à revenu intermédiaire, en invitant la communauté internationale et, notamment les Nations Unies, à veiller à ce que ces pays ne retombent pas dans la catégorie qu’ils ont quittée.
Mme IRINA A. MEDVEDEVA (Fédération de Russie) a soutenu les efforts des pays les moins avancés visant à mettre en œuvre leurs priorités de développement et le Programme d’action d’Istanbul. Elle a salué les travaux menés par le Groupe de haut niveau sur la création d’une banque de technologies. L’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul, qui aura lieu à Antalya en 2016, sera un jalon dans le soutien apporté aux PMA par la communauté internationale, a-t-elle prédit. La Fédération de Russie est favorable au renforcement des technologies de l’information et des communications ainsi que de la science et des technologies dans les PMA.
La représentante a également fait état de l’aide financière apportée par son pays, qui a effacé 20 milliards de dollars de dettes contractées par les pays africains. En outre, la Fédération de Russie accorde des tarifs préférentiels à 100 pays en développement. Elle a également soutenu l’initiative « aide au commerce » menée sous l’égide de l’OMC, dans le cadre de laquelle la Fédération de Russie apporte son aide au Bélarus. Elle a ensuite demandé la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne pour garantir le développement des pays en développement sans littoral. En ce qui concerne les pays enclavés d’Asie du Nord-Est, la Fédération de Russie soutient plusieurs initiatives comme la création d’un port et d’un terminal multimodal pour l’exportation du charbon.
M. SÉRGIO RODRIGUES DOS SANTOS (Brésil) a présenté les initiatives du Brésil en faveur des pays en développement, en particulier des pays moins avancés. Il a ainsi cité le projet « Coton-4 » destiné à soutenir le secteur du coton dans quatre pays producteurs, Bénin, Burkina Faso, Tchad et Mali. La seconde phase du projet a démarré en 2014 et intègre désormais le Togo, a-t-il précisé. Il s’agit de transférer les technologies développées au Brésil pour améliorer la qualité du coton produit, les rendements et la productivité en général. Ces transferts portent notamment sur l’amélioration génétique des plants, avec une dizaine de variétés de coton importées et adaptées aux pays concernés, les traitements pesticides et les techniques sans labour.
Par ailleurs, en septembre dernier, au moment où les chefs d’État et de gouvernement adoptaient l’Agenda 2030, le Brésil accueillait le deuxième Forum international de coopération des banques de lait maternel, initiative destinée aux nouveaux-nés et bébés de moins de six mois, a rappelé le représentant. Le Brésil est particulièrement fier de ce projet de coopération Sud-Sud, initialement destiné aux pays latino-américains et qui essaime aujourd’hui dans un grand nombre de pays, spécialement en Afrique, a-t-il souligné.
M. AHMED SAREER (Maldives) a rappelé que voilà quatre ans que les Maldives ont quitté la catégorie des pays les moins avancés (PMA) dans l’euphorie, expliquant ainsi qu’aucun pays ne serait fier d’être taxé de « moins quelque chose ». Il a indiqué qu’après ce passage, les Maldives avaient constaté qu’il était devenu plus difficile pour le pays d’accéder à l’aide publique au développement ou aux prêts à des conditions de faveur, alors que dans le même temps, les principaux marchés ont établi des barrières tarifaires ou non tarifaires aux produits en provenance des Maldives. Le représentant a fait valoir que le principal critère de passage de la catégorie des PMA à celle des pays à revenu intermédiaire -le produit intérieur brut par habitant- ne reflète pas fidèlement les vulnérabilités des pays concernés, notamment la vulnérabilité aux chocs externes.
M. Sareer a ensuite rappelé que les Maldives faisaient également partie de la catégorie des petits États insulaires en développement (PEID), ajoutant que son pays ne peut malheureusement pas sortir de cette catégorie. Il a souligné que les phénomènes climatiques extrêmes rendaient les Maldives vulnérables et menaçaient même leur survie. Il a regretté que cette vulnérabilité ne soit pas reconnue par la communauté internationale. Cet état de fait enfonce le pays dans l’endettement et constitue un frein à son essor, a-t-il fait valoir.
S’appuyant sur le rapport du Secrétaire général, M. TLHALEFO B. MADISA (Botswana) a souligné qu’en dépit des performances économiques annuelles généralement favorables pour les pays en développement sans littoral, ceux-ci continuaient de figurer parmi les plus pauvres du monde. Les contraintes auxquelles ils sont confrontés sont en effet colossales, a-t-il dit. Le coût des transports est en hausse constante, tandis que leurs échanges commerciaux sont particulièrement limités, a expliqué M. Madisa. Cette situation est d’autant plus préoccupante que nombreux de ces pays sont dépendants d’un produit unique et que leur économie est peu diversifiée. En outre, la sécurité alimentaire et l’agriculture dans ces pays sont menacées par la détérioration des sols, la désertification et les changements climatiques, a poursuivi le délégué. Le coût des investissements à consentir dans ces pays, compte tenu de leur isolement géographique, décourage de nombreux investisseurs, a fait observer le représentant du Botswana. C’est pourquoi, il a appelé à nouveau la communauté internationale et les organisations pertinentes à opérationnaliser le Programme d’action de Vienne, dont la mise en œuvre permettrait à cette catégorie de pays de réaliser les objectifs de développement durable.
Mme AZIZA YESHMAGAMBETOVA (Kazakhstan) a parlé du « Programme 100 mesures concrètes » adopté par son gouvernement pour mettre en œuvre le Programme d’action de Vienne. Elle a indiqué à titre d’exemple que des ressources importantes étaient consacrées au renforcement des infrastructures routières et que les contrôles douaniers avaient été éliminés. Parmi les mesures qui restent à prendre, elle a mentionné la nécessité de réorganiser les systèmes de production et de commercialisation afin qu’ils ne dépendent plus de quelques produits agricoles et de matériaux bruts. La représentante a en outre reconnu la nécessité de développer des systèmes efficaces de transit et de transport, en expliquant ce que faisait son pays dans ce domaine. Nous avons quatre corridors d’aviation internationaux, a-t-elle dit notamment. Le Kazakhstan, a-t-elle assuré, va partager son expérience et son expertise avec les pays qui se trouvent dans la même situation. Elle a annoncé, à cet égard, la tenue d’une réunion en 2017 dans la capitale du pays, « Astana EXPO-2017 », sur le thème de l’énergie future.
M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a déploré le fait que les pays en développement sans littoral souffrent du fait de leur enclavement, qui sape leur capacité à exporter leurs produits et à accéder aux chaînes de valeur mondiales. À cet égard, il a salué l’une des recommandations du Programme d’Action d’Addis-Abeba appelant au lancement d’un forum mondial sur les infrastructures, qui entend combler le retard en la matière des pays en développement. Il a en outre appelé la communauté internationale à tenir dûment compte du besoin de renforcer la participation des pays sans littoral dans le système commercial multilatéral. Il a aussi relevé que la Mongolie est l’un des pays sans littoral parmi les plus affectés par les changements climatiques. Il a ainsi émis le vœu que la COP21 de Paris permette de trouver un accord adéquat pour soutenir les efforts d’adaptation et d’atténuation des pays en développement sans littoral.
M. LUO JIN (Chine) a affirmé que l’aide publique au développement était la source de financement la plus directe et la plus efficace des efforts de développement des pays les moins avancés et des pays les moins avancés sans littoral. Il a appelé les principaux donateurs à honorer leur engagement en matière d’APD. Les partenaires de développement doivent appuyer les initiatives visant à la création de banques de technologies et de mécanismes de promotion de l’innovation scientifique et d’investissements en faveur des PMA, a-t-il préconisé. M. Luo a ensuite souhaité que l’examen approfondi de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul permette d’identifier les obstacles et les moyens de les surmonter, afin d’atteindre l’objectif d’une diminution de moitié du nombre de PMA d’ici à 2020. Détaillant le soutien apporté par la Chine au développement des PMA et des PMA sans littoral, le représentant a mentionné les deux millions de dollars fournis à l’Organisation mondiale de la Santé pour la mise en place d’un fonds pour imprévus visant à renforcer la réponse internationale aux épidémies et autres crises sanitaires.
M. KHAMPHINH PHILAKONE (République démocratique populaire lao) a déclaré que l’adoption du Programme d’action en faveur des pays sans littoral pour la décennie 2014-2024, adopté à Vienne l’an dernier, avait démontré, à la suite de l’adoption du Programme d’action d’Istanbul et des Orientations de Samoa, l’engagement de la communauté internationale à soutenir les groupes de pays qui font face à des situations spécifiques et à leur fournir une aide. La mise en œuvre de ces instruments est donc indispensable, a souligné le représentant, en indiquant que son gouvernement avait inscrit leurs priorités dans les programmes stratégiques en vue de promouvoir la « connectivité » des pays du bassin du Mékong et au-delà. Des réseaux routiers sont en cours de développement dans divers cadres de coopération bilatérale et multilatérale, en particulier pour rattacher le pays au « Réseau routier asiatique » et au « Réseau ferroviaire transasiatique ». En outre, les autorités lao réfléchissent aux moyens de réduire les coûts logistiques avec le Viet Nam dans le cadre d’un projet pilote sur la mise en place d’un point de passage unique entre les deux pays, s’est félicité M. Philakone.
Mme SANN THIT YEE (Myanmar) a plaidé pour un soutien de la communauté internationale aux pays en développement sans littoral, qui demeurent selon lui les pays les plus vulnérables « au monde ». Elle a donc lancé un appel aux partenaires au développement pour qu’ils remplissent leurs obligations en matière de renforcement de l’assistance, de facilitation des échanges commerciaux et de transferts de technologies en direction de ce groupe de pays. En outre, a constaté la représentante, puisque la seconde moitié du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 coïncide avec les cinq premières années du Programme de développement durable à l’horizon 2030, synergie et cohérence seront nécessaires pour mettre en œuvre conjointement ces deux processus. Après avoir demandé un renforcement de la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire, la représentante a également souhaité l’opérationnalisation de la banque de technologies d’ici à 2017, ainsi que la mise en place au plus vite d’un « fonds d’atténuation des crises et de résilience pour les pays en développement sans littoral », afin d’aider ces États à faire face aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles.
Mme JILL DERDERIAN (États-Unis) a noté que des facteurs tels que les changements climatiques, l’isolation géographique, les conflits régionaux, et d’autres facteurs externes, qui ne sont pas sous le contrôle des citoyens ou encore moins des gouvernements, jouent un rôle majeur sur la situation économique de nombreux pays. Elle a déclaré que ces réalités évidentes ne devraient pas servir d’excuses à l’inaction. Elle a ainsi indiqué que les États-Unis étaient engagés à orienter l’APD là où elle aurait le plus d’impact. Pour que les pays en situation particulière puissent surmonter les défis structurels auxquels ils sont confrontés, il faudrait que la communauté internationale intervienne au-delà de l’APD, a-t-elle fait remarquer.
La représentante a ainsi souligné que les gouvernements de ces pays s’engagent de manière permanente en faveur de la transparence et de la reddition des comptes pour que des progrès importants soient réalisés dans les domaines économique et social. Elle a aussi insisté sur la création d’un environnement propice aux investissements, en particulier les investissements directs étrangers. Elle a en outre cité des initiatives bilatérales entreprises par les États-Unis, et qui ont permis d’assurer l’accès des pays africains à l’électricité, de fournir des médicaments à des millions de nécessiteux ou encore d’assurer l’éducation des filles.
M. YOSHIYUKI MIKAMI (Japon) a assuré de la volonté de son pays de coopérer avec les PMA et les pays en développement sans littoral pour réaliser leur développement. Il a dit apprécier le rapport du Groupe de haut niveau sur la faisabilité de la banque de technologies, dont une analyse est en cours à Tokyo. À ce sujet, il a attiré l’attention sur l’importance cruciale de la protection des droits de propriété intellectuelle pour un transfert sans heurts des technologies des pays développés vers les PMA. Il a conseillé d’utiliser les mécanismes de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) pour garantir le bon fonctionnement de cette banque. En outre, a-t-il ajouté, le financement de cette banque devrait être durable, sans préjuger du budget des Nations Unies. Pour ce qui est de l’examen à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul, le Japon est prêt à s’y engager de manière constructive, a-t-il conclu.
Mme CEREN HANDE ÖZGÜR (Turquie) a rappelé que le Programme d’action pour les pays les moins avancés avait été adopté à Istanbul en 2011. Elle a indiqué que son pays était engagé à assister les PMA dans le domaine des technologies, en précisant qu’il octroyait des bourses d’études et organisait des échanges à caractère technique. Elle a ainsi déclaré que l’Agence de coopération de la Turquie avait mis en œuvre un certain nombre de projets dans des PMA, notamment en Afrique où les fonds investis ces dernières années ont atteint 6 milliards de dollars. Elle a aussi souhaité le plein succès de l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, prévu l’année prochaine en Turquie. Elle a également rappelé que son pays avait été l’un des principaux contributeurs aux travaux du Groupe de haut niveau sur l’étude de faisabilité de la mise en œuvre de la banque de technologies que son pays entend accueillir.
Le représentant du Paraguay a salué l’adoption de la Déclaration de Vienne et du Programme d’action de Vienne pour les pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024, ainsi que l’appel lancé à la réunion ministérielle tenue à Livingstone, en Zambie, pour une action immédiate en faveur de la mise en œuvre du Programme d’action. Il a estimé que ce dernier constituait un complément aux objectifs de développement durable adoptés dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, ainsi que du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement. Il a exhorté tous les partenaires de ces pays à contribuer à la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne, notamment en renforçant les capacités nationales des pays enclavés en termes de collecte et d’analyse de données. Il a également exhorté les États Membres à tenir compte de manière transversale des besoins spéciaux de ces pays, notamment dans les processus de mise en œuvre et de suivi du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du mécanisme de facilitation des technologies, de la société de l’information, des changements climatiques, de la désertification, des sécheresses et de la dégradation des sols, des stratégies de réduction de risques de catastrophes, de la réforme du système financier international et du système commercial mondial, ainsi que dans le renforcement des capacités de résilience face aux chocs économiques externes.
M. TSHERING GYALTSHEN PENJOR (Bhoutan) a fait remarquer que des études récentes laissent croire qu’après quatre années de mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, il ne sera pas possible de réaliser l’objectif de diminuer de moitié d’ici à 2020 le nombre d’États faisant partie des pays les moins avancés. Il a noté que les tendances actuelles laissent voir qu’à peine le quart de ces pays atteindra cet objectif. Pour leur développement, les PMA ont besoin de mettre en pratique les principes de bonne gouvernance et de mobiliser des ressources nationales, a ajouté le représentant. En outre, il serait important qu’un soutien international prévisible leur soit apporté. Pour le Bhoutan, ce soutien doit être apporté au niveau de chaque pays, car une telle approche est plus efficace que de vouloir appliquer à tous les PMA une approche unique. M. Penjor a plaidé afin que cette même logique soit respectée dans le cas des pays en développement sans littoral, notamment en les appuyant individuellement dans leurs efforts pour intégrer les principes du Programme d’action de Vienne dans leurs stratégies nationales de développement.
M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin) a salué les « mesures courageuses prises par les PMA, les politiques volontaristes adoptées, ainsi que les nombreuses initiatives créatrices qu’ils s’efforcent de mettre en œuvre en vue de respecter les engagements pris à Istanbul ». Il a déclaré qu’une croissance économique réelle et durable des PMA passait par le développement de leurs capacités de production. Il a en outre appelé les partenaires au développement à contribuer de manière significative au financement de la banque de technologies en consacrant au moins 0,1% de leur aide publique au développement à cette initiative. Il a aussi invité le Secrétaire général à prendre toutes les mesures nécessaires pour opérationnaliser pleinement la banque au cours de la présente session de l’Assemblée générale, comme cela a été recommandé par le Groupe de haut niveau qui a travaillé sur l’étude de faisabilité de ladite banque, et en conformité avec l’objectif 17.8 des ODD.
Mme PREMCHIT (Thaïlande) a relevé d’un côté les vulnérabilités des pays en situation particulière et, de l’autre les promesses qu’offrent ces pays en tant qu’économies en plein essor dotées de ressources abondantes. La Thaïlande, qui a accédé à la catégorie des pays à revenu intermédiaire il y a 30 ans, prône la connectivité régionale comme priorité absolue pour débloquer le potentiel économique des pays. La Thaïlande fournit une assistance technique et financière aux pays voisins dans ce domaine, a indiqué la représentante, qui a notamment cité en exemple l’autoroute pan-asiatique. Elle a aussi plaidé en faveur du renforcement des capacités de production sur le long terme, surtout pour les biens et services à haute valeur ajoutée. La Thaïlande, a ajouté la représentante, a aidé des pays d’Afrique dans des domaines comme la santé publique et la formation professionnelle dans le secteur manufacturier. La représentante s’est par ailleurs félicitée de la recommandation du groupe de haut niveau visant à créer une banque de technologies pour les PMA. Elle a enfin apporté son soutien à la coopération Sud-Sud et triangulaire.
Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI (Népal) a insisté sur l’importance d’engager la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 à partir du 1er janvier 2016. Elle a également indiqué que l’appropriation de ce Programme par tous les pays était essentielle. Le succès du nouveau programme de développement international, a-t-elle rappelé, doit prendre en compte les recommandations du Programme d’action d’Istanbul et du Programme d’action de Vienne. La représentante a ensuite insisté sur la vulnérabilité du Népal aux catastrophes naturelles, qui a souvent subi de lourdes pertes en vies humaines et d’importantes destructions comme, par exemple, lors du récent tremblement de terre. Son pays était en voie de réaliser la plupart des OMD et se préparait à sortir de la catégorie des PMA en 2022 avant d’être frappé par de terribles tremblements de terre en début de cette année, a-t-elle précisé. Sa délégation, a-t-elle indiqué avant de conclure, souhaite la mise en place rapide d’une banque de technologies en faveur des PMA.
Mme RINA SOEMARNO (Indonésie) a déploré que les PMA ne reçoivent que peu d’investissements directs étrangers en dépit d’améliorations récentes. Des actions concrètes doivent être menées afin d’y remédier, a-t-elle dit, en soulignant l’importance de ces investissements en vue de permettre à ces pays de diversifier leur économie. Elle a ensuite appelé les pays développés à s’acquitter de leur engagement en matière d’APD en y consacrant entre 0,15 et 0,20% de leur revenu intérieur brut. La déléguée de l’Indonésie a souligné qu’il était important de remédier aux défis spécifiques des PMA sans littoral, en particulier dans les domaines de l’intégration régionale et des infrastructures. Dans ce droit fil, elle a salué la création d’un forum mondial pour les infrastructures qui permettrait, a-t-elle dit, de combler les lacunes des pays en développement en la matière. Enfin, Mme Soemarno a souhaité un renforcement des partenariats entre les PMA, le système des Nations Unies et les autres organisations et souligné le rôle clef du secteur privé pour mobiliser des ressources supplémentaires pour financer le développement.
M. BELACHEW G. GUTULO (Éthiopie) s’est félicité de ce que le rapport du Secrétaire général ait mis l’accent sur l’importance de parvenir, pour les pays en développement sans littoral, à des transformations structurelles en mettant en œuvre un programme d’industrialisation inclusif et durable. La simplification et l’harmonisation des règlementations douanières, ainsi qu’une hausse de l’aide au commerce, a-t-il ensuite souligné, sont des mesures importantes pour renforcer les capacités commerciales de ces pays et les aider à promouvoir leurs exportations. Pour sa part, l’Éthiopie continue d’investir dans des programmes commerciaux dotés d’un pôle logistique, avec l’objectif de renforcer sa compétitivité et sa connectivité dans la sous-région et au-delà, a assuré son représentant. Par ailleurs, l’Éthiopie a commencé de mettre en œuvre une stratégie logistique nationale avec le soutien d’organismes des Nations Unies et du secteur privé, a précisé le représentant, qui a lancé, avant de conclure, un appel aux partenaires pour le développement.
M. LOT DZONZI (Malawi) s’est joint aux autres délégations pour demander la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul et du Programme d’action de Vienne pour les pays en développement sans littoral. Il a également souligné l’importance d’établir un nouveau « forum » afin de surmonter le fossé persistant en termes d’infrastructures, comme le prévoit le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement. M. Dzonzi a ensuite plaidé pour l’ouverture du Centre international d’investissement prévu par le même document. Il a ainsi rappelé à toutes les parties prenantes la nécessité de respecter leurs engagements afin d’aider les pays en développement sans littoral à réaliser les investissements dont ils ont besoin pour assurer une croissance économique durable.