Soixante-dixième session,
21e & 22e séances - matin & après-midi
AG/EF/3432

La Deuxième Commission débat des « applications » des technologies de l’information et de la communication dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) peuvent jouer un rôle majeur dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD), ont estimé, aujourd’hui, de nombreux intervenants au cours du débat de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) sur « les technologies de l’information et de la communication au service du développement ».

S’appuyant sur la vision envisagée par le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), notamment la création d’une société de l’information à dimension humaine, qui soit participative et tournée vers le développement, la plupart des orateurs se sont dit convaincus qu’une bonne utilisation des TIC pourrait aider à lutter contre la pauvreté.

Le représentant de l’Union internationale des télécommunications (UIT) a ainsi expliqué que le fait d’assurer la connectivité de 600 millions de femmes et filles contribuerait à réaliser une augmentation du produit intérieur brut (PIB) mondial.  Cette augmentation pourrait se situer entre 13 à 18 milliards de dollars.  De même, a-t-il noté, si les niveaux de connectivité dans les pays en développement étaient les mêmes que ceux des pays développés, cela permettrait de créer 140 millions d’emplois et faire ainsi sortir 160 millions de personnes de la pauvreté. 

Dans la même perspective, la représentante des États-Unis a relevé que l’économie numérique augmentait de 10% chaque année, et que selon des données de la Banque mondiale, une croissance de 10% de la connectivité aux larges bandes passantes impliquerait une croissance économique additionnelle de 1,3%.

Fort de ces constats, la représentante de l’Afrique du Sud, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a salué ce potentiel extraordinaire des technologies de l’information et de la communication.  Elle a cependant fait remarquer que la fracture numérique entre pays ou au sein même des pays continuait d’exister.

Son homologue de la Zambie a attiré l’attention sur les coûts de ces technologies, notamment ceux des services à haut débit, qui sont très onéreux, surtout pour les pays sans littoral dans la mesure où ils n’ont pas d’accès direct aux câbles sous-marins.  Outre cette fracture numérique entre pays, de nombreux intervenants ont également déploré la fracture qui existe au sein des pays et, en particulier, entre les villes et les zones rurales.  L’accès des femmes et des filles à Internet, ont-ils également indiqué, est plus limité que celui dont bénéficient les hommes.

Certaines délégations ont exprimé leurs préoccupations au sujet de la gouvernance de l’Internet.  Le représentant de la Fédération de Russie a ainsi souhaité que tous les États puissent y jouer un rôle, de manière transparente et inclusive.  Il a également invité l’Assemblée générale à mettre sur pied un comité préparatoire qui serait chargé de l’élaboration d’une convention internationale sur la gestion de l’Internet.  Le représentant de la Fédération de Russie a aussi dénoncé les actes illégaux de surveillance des communications sur Internet, en arguant que ces actes constituaient des violations du droit international.  

Pour le Brésil, il est important d’adopter une approche multipartite pour aborder la question de la gouvernance d’Internet, a déclaré son représentant qui a annoncé que son pays organisera un forum sur cette question du 10 au 13 novembre prochain. 

Pour examiner ces différentes questions liées à l’interconnexion entre les TIC et des ODD, la Chef de la Section des sciences et technologies de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), Mme Dong Wu, qui présentait le rapport du Secrétaire général sur la question, a indiqué que l’Assemblée générale tiendra, du 14 au 16 décembre prochain, une réunion de haut niveau sur l’examen de la mise en œuvre de l’Agenda du Sommet mondial sur la société de l’information de Tunis.  Se joignant aux autres délégations pour saluer cette initiative, la représentante des États-Unis a souhaité que la Deuxième Commission n’engage pas de débats qui feraient double emploi avec cette réunion de haut niveau. 

Dans la matinée, la Commission a conclu son débat sur les « questions de politique macroéconomique » et sur les « suivi et mise en œuvre des textes issus des conférences internationales sur le financement du développement ».  Ce fut l’occasion pour des délégations de rappeler, une fois encore, qu’il est crucial que la communauté internationale trouve une solution à la question préoccupante de la volatilité des prix des produits de base.  En outre, des délégations ont aussi demandé que le système fiscal international actuel soit réformé afin de mettre un terme à l’évasion fiscale.  Certaines ont même proposé que le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale soit transformé en un organe intergouvernemental placé sous l’égide du Conseil économique et social (ECOSOC).   

La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 29 octobre, à partir de 10 heures.  Elle examinera son point de l’ordre du jour relatif aux groupes de pays en situation particulière.

QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE (A/C.2/70/2)

a)Commerce international et développement (A/70/15 (Part I), A/70/15 (Part II), A/70/15 (Part III), A/70/152, A/70/277 et A/C.2/70/3)

b)Système financier international et développement (A/70/311)

c)Soutenabilité de la dette extérieure et développement (A/70/278)

d)Produits de base (A/70/184)

SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DES CONFÉRENCES INTERNATIONALES SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT (A/70/320, A/70/85–E/2015/77, A/C.2/70/2 et (A/CONF.227/20)

Suite et fin du débat conjoint

Mme THANAVON PAMARANON (Thaïlande) a appelé à la creátion d’un système commercial multilatéral libre et plus juste.  Elle a ainsi plaidé pour l’élimination des barrières douanières et des restrictions aux distorsions commerciales qu’appliquent certains pays.  Elle a aussi souhaité que le Cycle des négociations commerciales de Doha puisse aboutir à un accord, avant de plaider pour la pleine mise en œuvre des recommandations adoptées par la réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui s’était tenue à Bali en 2013.  La déléguée a également annoncé que la Thaïlande accordait un accès aux marchés en franchise de droits et hors contingents aux produits en provenance des pays les moins avancés (PMA) depuis avril 2015.  Elle a, par ailleurs, invité la communauté internationale à trouver une solution à la question préoccupante de la volatilité des prix des produits de base.  Il est urgent, a-t-elle ensuite recommandé, de réformer l’architecture financière internationale, notamment en mettant en œuvre les réformes entamées en 2010 sur les quotas au sein du Fonds monétaire international (FMI).

M. FREDERICK M SHAVA (Zimbabwe) a estimé qu’il était nécessaire pour les institutions financières internationales d’engager des réformes profondes afin de créer des conditions permettant aux pays pauvres de se doter des capacités nécessaires à leur développement.  Il a aussi invité les institutions financières internationales à renforcer leur coopération avec les États Membres et à leur fournir plus de soutien financier tout en respectant leurs politiques et programmes nationaux de développement  Il a aussi déclaré que le système fiscal international actuel comporte de nombreuses failles dont profitent les multinationales pour faire de l’évasion fiscale.  Dans ce contexte, il a appelé à la création d’un organe fiscal intergouvernemental placé sous l’égide du Conseil économique et social (ECOSOC).  

M. ABDULMONEM A. H. ESHANTA (Libye) a estimé que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) était le seul cadre qui puisse réguler le commerce international.  La crise financière économique internationale, qui a commencé en 2008, a montré les lacunes et les anomalies du système de gouvernance économique mondiale, a-t-il noté en demandant une réforme de ce système et des institutions financières internationales.  Il a appelé à une bonne coordination entre ces institutions et à faire en sorte qu’elles soient plus représentatives et plus aptes à régler les problèmes des pays en développement.  Le représentant a aussi abordé la question de la dette extérieure, en rappelant que ce fardeau pesait très lourd sur les ressources nationales des pays en développement.  C’est un obstacle majeur qui risque de freiner la capacité de ces pays à atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), a-t-il prévenu.  Le délégué libyen a aussi attiré l’attention sur le problème de l’évasion fiscale, en dénonçant notamment la fuite des capitaux, les paradis fiscaux et le blanchiment d’argent.  C’est pourquoi, il est essentiel de lutter plus efficacement contre la corruption, a-t-il dit avant de conclure.

M. ANTHONY ANDANJE (Kenya) a énuméré différents enjeux en matière de développement qui pourraient saper les avancées de son pays sur la voie du développement, citant en particulier une faible base pour les exportations, des déficits budgétaires ou encore le faible prix des matières premières.  Il a mentionné les efforts entrepris pour garantir la valeur ajoutée des exportations et assurer une bonne transparence dans la gestion du budget de l’État.  Le Gouvernement du Kenya, a-t-il indiqué, a également adopté une stratégie sur la durabilité de la dette.  En outre, a-t-il ajouté, la Constitution prévoit que le pays doit faire des emprunts responsables.  Il a ainsi parlé du Bureau de gestion de la dette responsable qui est chargé de fournir des conseils sur les plafonds de la dette extérieure.  Le représentant a aussi indiqué que le Kenya essayait de ne pas dépasser le niveau de 2% du PIB pour les emprunts extérieurs.  À plus long terme, le Kenya a également établi des moyens de consolidation fiscale pour arriver à un taux net de dette publique de 40% pour la période 2017/2018.

M. ENRIQUE JOSÉ MARÍA CARRILLO GÓMEZ (Paraguay) a noté que le commerce était l’un des piliers du développement, en plaidant ainsi pour l’intégration des produits provenant des pays en développement et ceux des pays sans littoral dans les marchés mondiaux.  Le représentant a ensuite demandé qu’il soit mis fin aux subventions agricoles en vigueur dans certains pays développés, en rappelant que cette mesure était un obstacle à l’essor de l’agriculture des pays en développement.  Il a, par ailleurs, souhaité que les petites et moyennes entreprises (PME) soient intégrées dans le système commercial multilatéral.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a jugé essentiel de fournir une assistance technique aux pays en développement sans littoral afin qu’ils puissent participer pleinement aux négociations commerciales multilatérales.  Il a souhaité que la Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui se tiendra à Nairobi, soit l’occasion d’examiner les importantes questions liées à la facilitation commerciale de manière approfondie.  Parmi ces questions, il a évoqué notamment l’accès au marché des pays en développement et l’appui des efforts consentis par les pays en développement sans littoral pour promouvoir une meilleure intégration aux systèmes commerciaux bilatéraux et multilatéraux.  Après avoir salué les travaux menés par le Comité ad hoc sur les processus de restructuration de la dette souveraine, le représentant a plaidé en faveur de la diversification des économies nationales, par le biais d’une intégration renforcée aux marchés internationaux et une meilleure utilisation des ressources. 

Mme SUMARNO (Indonésie) a déclaré que le commerce constituait la base de la croissance économique des pays.  Elle a ainsi plaidé pour la réforme du système commercial multilatéral afin qu’il reflète mieux les besoins des pays en développement et, en particulier, ceux des PMA, ce qui implique de se concentrer sur le commerce des produits agricoles.  Elle a ensuite expliqué que les produits de base et les ressources naturelles doivent être considérés comme un potentiel pour les pays en développement, à condition qu’ils soient gérés de manière responsable.  La représentante a toutefois attiré l’attention sur les bénéfices limités que retirent les pays en développement de la production et du commerce des produits, en raison surtout de la fluctuation des marchés.  Elle a estimé qu’il était nécessaire de renforcer les cadres de règlementation, comme l’indique le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Il est également important de réformer le système financier international afin que les pays en développement se fassent davantage entendre dans les organes décisionnels, a-t-elle ajouté.

M. NAUMAN BASHIR BHATTI (Pakistan) a insisté sur l’amélioration du système financier international et l’adaptation des politiques macroéconomiques en vue de permettre aux pays en développement de résister aux pressions du système économique.  Pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a conseillé aux pays en développement de trouver de nouveaux moyens de financement.  Il a aussi recommandé de rendre le système financier international plus stable et d’inclure tous les pays.  L’aide publique au développement (APD), a-t-il souligné, est une forme importante de financement dans les pays en développement.  Après avoir rappelé que le Consensus de Monterrey posait les principes de base du commerce mondial, il a estimé que le Programme d’action d’Addis-Abeba marquait une étape positive renforçant les engagements pris dans le cadre du Consensus de Monterrey.  Ce Programme d’action contribuera à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en se basant notamment sur la dette souveraine et les filets de sécurité.  Il a cependant noté que le Programme d’action d’Addis-Abeba n’a pas encore reçu l’engagement de tous les pays.  De même, il a remarqué que la question du financement de la lutte contre les changements climatiques n’avait pas non plus été traitée dans ce Programme d’action.

M. FAHAD MOHAMMED AL-KHAYARIN (Qatar) a plaidé afin que les pays développés respectent leurs engagements en matière de financement du développement.  Il a aussi plaidé pour le transfert des technologies en faveur des pays en développement, en expliquant à cet effet que les technologies de l’information et de la communication (TIC) pourraient être de véritables catalyseurs du développement pour les pays les moins avancés.  Il a rappelé également que le développement était un droit fondamental. 

Mme MARÍA CONCEPCIÓN CASTRO MAZARIEGOS (Guatemala) a déclaré que pour réaliser un développement durable, il faudrait adopter des politiques macroéconomiques stables susceptibles de stimuler la croissance économique et de créer des emplois décents.  Elle a aussi suggéré que les pays en développement mobilisent des ressources financières au niveau national.  Mme Castro a, par ailleurs, préconisé le renforcement de la coopération internationale en matière fiscale, en proposant aussi que le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale soit transformé en un organe intergouvernemental.

M. LEULSEGAD TADESSE ABEBE (Éthiopie) a estimé que le commerce pourrait servir la cause du développement durable si les gouvernements établissent des stratégies économiques coordonnées qui accordent une place de choix au commerce.  Il a appelé à mettre en œuvre les recommandations du Programme d’action d’Addis-Abeba, notamment en matière de financement du commerce.  Le délégué a, par ailleurs, déploré la volatilité des prix des produits de base et souhaité un accès transparent et en temps réel des producteurs aux informations des marchés.  En ce qui concerne la soutenabilité de la dette, il a déclaré que des mesures d’allègement et d’annulation devraient être rapidement prises au niveau international. 

M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin) a déclaré que pour atteindre les objectifs de la communauté internationale et, en particulier, ceux exprimés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il faudrait mobiliser davantage de ressources au plan international, notamment à travers le renforcement des flux internationaux de capitaux privés en direction des pays qui en ont le plus besoin.  Il faudrait également mobiliser les ressources adéquates pour renforcer la résilience des pays, diversifier les économies, régler la question de la dette souveraine et mettre en place un filet de sécurité financière internationale, a-t-il dit.

M. Zinsou a ensuite déclaré que son pays était en train d’harmoniser ses documents stratégiques de réduction de la pauvreté avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Bénin a la noble ambition d’accommoder sa démocratie avec les nécessités d’une gouvernance moderne, a-t-il dit, avant d’ajouter que les réformes entreprises au Benin avaient permis de renforcer le cadre macroéconomique et financier, notamment dans les domaines de l’assainissement et de la gestion des finances publiques.  Ces réformes prennent en compte la compétitivité du port de Cotonou, l’instauration d’un programme de certification des valeurs et la dématérialisation de la chaîne des finances publiques, a-t-il expliqué.

M. LIM HOON-MIN (République de Corée) a insisté sur la nécessité pour tous les acteurs d’assurer une bonne coordination de leurs efforts à tous les niveaux afin d’assurer une mise en œuvre effective du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a plaidé, à cet égard, en faveur de la revitalisation du partenariat mondial entre les gouvernements, le secteur privé et les Nations Unies.  Le Programme d’action d’Addis-Abeba met l’accent sur l’importance des ressources financières émanant du secteur privé, a-t-il rappelé en soulignant que le secteur privé était aussi une source d’innovation.  Ce Programme d’action, a-t-il noté, prévoit un processus de suivi du financement du développement.  L’année prochaine, un forum inaugural, sous les auspices de l’ECOSOC, marquera une étape historique pour renforcer le suivi du financement du développement et garantir la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ce processus de suivi ne doit pas fonctionner seul, mais être intégré dans celui du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il doit être efficace et inclusif, a-t-il ajouté, avant de saluer la création du Mécanisme de facilitation des technologies.

Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie) a expliqué que la lutte contre les inégalités entre pays et au niveau national devrait pousser la communauté internationale à instaurer un système commercial international transparent, juste et inclusif.  Après avoir rejoint l’OMC en 2002, l’Arménie a harmonisé son régime douanier, a-t-elle indiqué, en signalant que cela avait entraîné une hausse des investissements étrangers.  Pour renforcer la capacité de développement durable des pays en développement, elle a plaidé en faveur de l’élimination des discriminations telles que la fermeture des frontières et les blocus économiques.  La représentante a salué la nomination, par le Conseil des droits de l’homme, du premier rapporteur sur les conséquences négatives des mesures coercitives unilatérales.  Donnant l’exemple des mesures unilatérales imposées à son pays par la Turquie, elle a fait remarquer les coûts additionnels que cela impose aux importations et exportations de son pays, le privant ainsi des moyens d’assurer pleinement son développement.  L’Arménie, qui n’a pas accès à la mer, ne peut de ce fait participer activement au commerce international, a-t-elle indiqué.  En outre, la Turquie, a-t-elle regretté, empêche le fonctionnement de la voie de chemin de fer qui relie les deux pays.

Mgr JOSEPH GRECH, observateur du Saint-Siège, a souhaité qu’aucun pays ne soit laissé de côté dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable.  Il a rappelé que les « pays forts » doivent se garder d’agir à l’encontre des plus faibles.  Il a estimé que les relations entre États ne doivent pas seulement être guidées par leur situation économique et financière, mais également par les principes éthiques.  L’Observateur du Saint-Siège a déclaré que les forces du marché ne pouvaient, à elles seules, résoudre les problèmes mondiaux de pauvreté et de faim.  Il a également estimé que les pays en développement ne doivent en aucun cas être sujets d’abus ou de mesures inappropriées en raison du poids de leur dette.  Il a estimé qu’il existe une dette écologique des pays développés envers les pays en développement et c’est pourquoi il a souhaité que cette réalité soit prise en compte dans l’élaboration de politiques et programmes de développement à travers ce qu’il a appelé la « conversion écologique ».

M. ANDREY KULESHOV ,du Fonds commun pour les produits de base, a fait observer que l’une des mesures pour lutter contre la volatilité des prix des produits de base serait d’investir les fonds générés par le commerce de ces produits dans les mesures visant à renforcer la résilience du marché.  Il a rappelé que l’un des défis majeurs des pays en développement était leur grande dépendance aux produits de base.  Il a expliqué que cette dépendance les rendait vulnérables, par exemple, à la disponibilité des engrais, aux semences, ou aux aléas climatiques.  Il a en outre déclaré qu’investir dans les produits de base était une condition sine qua non pour le développement durable, notamment pour les pays dont l’économie en dépend.

M. AJAY MADIWALE ,de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a salué l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba et l’accent qui est mis sur la nécessité de fournir des ressources suffisantes aux pays vulnérables pour leur permettre de financer leur développement.  Il s’est félicité également de l’appel lancé en faveur d’une meilleure cohérence entre les ressources consacrées au développement et celles allouées à l’aide humanitaire et au renforcement des capacités locales.  M. Madiwale a demandé que les donateurs respectent leurs engagements pris dans le cadre de ce Programme d’action, notamment celui de consacrer 1% de l’aide publique au développement à la réduction des risques et à la résilience, contre seulement 0,4% actuellement.  Il a ensuite observé qu’avec les crises politiques et les catastrophes naturelles, on compte aujourd’hui 60 millions de personnes déplacées, soit un record depuis la Deuxième Guerre mondiale.  Cette situation exige que les acteurs humanitaires travaillent en commun pour résoudre à la fois les besoins à court, moyen et long termes, a-t-il dit.

Mme AMBER BARTH ,de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a déclaré que le marché du travail n’avait pas profité de la reprise économique de l’après-crise financière de 2008.  Elle a rappelé que 33 millions avaient été perdus ou n’avaient pas été créés.  À ce chiffre s’ajoutent 30 millions de travailleurs découragés par le chômage qui ont renoncé à trouver un emploi.  Ce qui fait un total de 63 millions de personnes, a-t-elle résumé, avant de rappeler qu’un tiers de ces chiffres touchait les pays développés et industrialisés et la moitié en Asie du Sud.  Les projections de l’OIT indiquent que ce chiffre sera porté à 80 millions dans les quatre années à venir, avec des records qui seront atteints en Amérique latine, dans les Caraïbes et dans l’est de l’Europe, a-t-elle poursuivi.

Mme Barth a ensuite expliqué que cette situation était la conséquence d’un déficit continu dans la demande mondiale, qui ne pourra être éliminé sans une politique adéquate.  Les politiques relatives au marché de l’emploi en vigueur ont souvent eu des résultats contraires, creusant même davantage le fossé, tandis que les solutions proposées par le G20 en 2009 et 2010 n’ont principalement mis l’accent que sur les questions monétaires, a-t-elle dit.

Mme CARLA MUCAVI, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rappelé que selon l’index de la FAO, les prix des produits alimentaires avaient baissé de 20% entre septembre 2014 et septembre 2015.  Ces prix restent cependant encore plus élevés aujourd’hui qu’avant le pic des années 2007-2008, a-t-elle indiqué en prévoyant qu’il y aurait une nouvelle hausse.  Elle a expliqué le problème que pose en outre la rapidité des mouvements des prix, car cela laisse peu de marge de manœuvre aux consommateurs et aux producteurs des pays en développement pour s’y adapter.  Gérer la volatilité des prix de l’alimentation, a-t-elle prévenu, est une des tâches les plus difficiles à accomplir pour les décideurs politiques.  Mme Mucavi a recommandé, à cet égard, une bonne collaboration entre les organisations internationales et les gouvernements sur les questions de produits agricoles de base.  Elle a mis l’accent sur les avantages du Système d’information sur les marchés agricoles, une initiative lancée par le G20 en 2011.  Cette initiative regroupe les pays du G20 et les pays non membres qui, ensemble, représentent plus de 80% du commerce mondial du blé, du maïs, du riz et du soja, a-t-elle précisé.  Mme Mucavi a ensuite souligné les conséquences favorables de la baisse des prix de l’alimentation au niveau international, laquelle devrait entraîner une baisse de 22% des denrées pour les pays à faible revenu.  En même temps, elle a prévenu que cette baisse affaiblirait les investissements dans l’agriculture.  

Droits de réponse

La représentante de la Turquie a dit soutenir la cause des pays en situation particulière, notamment celle des pays enclavés et des PMA.  Elle a répondu aux observations de son homologue de l’Arménie qui, a-t-elle affirmé, ne reflètent pas la réalité.  Elle a expliqué que la frontière terrestre entre son pays et l’Arménie avait été fermée à la suite de l’invasion de l’Azerbaïdjan par l’Arménie.  Le passage vers les pays voisins se fait donc par la Géorgie et l’Iran, a-t-elle précisé.  En ce qui concerne l’espace aérien de la Turquie, il est ouvert à l’aviation civile, a-t-elle ajouté en assurant aussi que les citoyens arméniens pouvaient se rendre en Turquie avec un visa.

Réagissant à ces commentaires, la représentante de l’Arménie a noté que son homologue de la Turquie invoquait la politique de l’Arménie avec ses voisins.  De quels voisins s’agit-il? a-t-elle demandé.  La politique unilatérale d’enclavement est un fait, a-t-elle affirmé en soulignant l’impact négatif de cette situation sur tous les domaines de l’économie arménienne.  L’Arménie n’a commis aucun d’acte d’agression, a-t-elle dit en plaidant pour l’ouverture des frontières de la Turquie.

La représentante de la Turquie a voulu savoir quel était l’impact de l’occupation par l’Arménie de 20% d’un territoire qui appartient à un pays voisin, sur le plan économique et sur le développement de ce pays.

La représentante de l’Arménie lui a demandé de quel pays occupé elle parlait, se demandant en outre en quoi cela concernait la Turquie.

LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT (A/70/63–E/2015/10, A/70/360 ET A/C.2/70.2

Rapport du Secrétaire général sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des résultats du Sommet mondial sur la société de l’information aux niveaux régional et international (A/70/63−E/2015/10)

Le présent rapport indique que depuis le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), la société de l’information a beaucoup contribué au développement humain, et cette contribution ne cesse d’augmenter.  L’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC) s’étend.  Dans tous les pays, les habitants sont de plus en plus nombreux à utiliser les applications liées à ces technologies.  En outre, les innovations dans le domaine des TIC ont eu des répercussions profondes sur la manière dont les gouvernements fournissent les services, les entreprises traitent avec leurs clients et les citoyens participent à la vie publique et vivent leur vie privée.

Malgré ces avancées, la fracture numérique demeure un enjeu de taille dans la mise en œuvre des résultats du SMSI car, si les inégalités d’accès aux moyens de communication de base entre les pays et au sein des pays diminuent, de nouvelles fractures se creusent en ce qui concerne l’accès aux réseaux et aux services haut débit.  Certains s’inquiètent particulièrement de voir les pays les moins avancés prendre du retard par rapport aux pays développés et aux autres pays en développement dans le domaine du haut débit; ils s’inquiètent aussi de voir que les zones rurales sont souvent défavorisées par rapport aux zones urbaines et que les inégalités d’accès et d’utilisation persistent entre hommes et femmes.

Note du Secrétariat sur l’évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information (A/70/360)

Débat général

Mme LYNDALL SHOPE-MAFOLE (Afrique du Sud), parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a salué les progrès accomplis tant dans les pays développés que dans les pays en développement en termes d’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC).  Près de 90% de la population mondiale ont accès à un réseau de téléphonie mobile, a-t-elle aussi noté avec satisfaction.  En même temps, elle s’est dite préoccupée par la fracture numérique entre les pays et au sein même des pays, notamment en ce qui concerne l’accès à l’Internet à haut débit.  Elle s’est montrée préoccupée par le retard pris dans ce domaine par les pays les moins avancés, en particulier dans leurs régions rurales.  Lorsqu’on examine les TIC dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030, on comprend la nécessité d’exploiter les TIC comme vecteurs du développement, a-t-elle fait remarquer.  La représentante a donc demandé d’investir dans le renforcement des capacités et dans l’éducation, afin de permettre à ceux qui sont les moins autonomisés d’utiliser de manière productive les TIC.

Intervenant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme NORAZLIANAH IBRAHIM (Brunei Darussalam) a déclaré que les pays membres de l’Association étaient préoccupés par la persistance du fossé numérique et socioéconomique qui existe entre pays développés et pays en développement malgré tous les progrès réalisés depuis le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) de Tunis.  Elle a espéré que l’examen décennal du Programme d’action du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI+10) sera l’occasion de s’attaquer aux objectifs qui n’ont pu être mis en œuvre.

Selon les statistiques 2015, publiées par l’Union internationale des télécommunications (UIT), 34% des pays en développement auront accès à Internet d’ici au mois de décembre 2015 contre 80% dans les pays développés.  Mme Ibrahim a souligné la nécessité d’établir un partenariat entre pays en développement et pays développés ainsi qu’avec tous les partenaires concernés afin de faire face aux défis auxquels sont confrontés les pays les moins avancés, les pays enclavés en développement, les petits États insulaires et les pays à revenu intermédiaire en matière d’accès aux TIC.  L’ASEAN rappellera, lors des première et seconde sessions préparatoires du SMSI+10, que la réduction du fossé numérique sera l’un des meilleurs moyens de stimuler un développement économique durable. 

Dans le contexte de la création, en fin d’année, de la Communauté économique ASEAN, la représentante de l’ASEAN a réaffirmé l’engagement de son groupe en faveur de l’intégration régionale.  Elle a insisté sur le rôle des TIC pour réduire le fossé de développement avant de préciser que la mise en place d’une infrastructure robuste des TIC permettra de stimuler l’intégration de la communauté de l’ASEAN.  Elle a annoncé la conclusion du Plan pour la connectivité de l’ASEAN (MPAC) et cité la conclusion en cours d’un ASEAN-ICT Masterplan 2015 (AIM 2015). 

Mme EDEN CHARLES (Trinité-et-Tobago), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déploré que la fracture numérique soit toujours de mise 10 ans après le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI).  Elle a aussi estimé que la communauté internationale devrait examiner de manière approfondie les questions de la cybercriminalité et des larges bandes passantes dans les pays en développement, sans oublier la question de la fracture numérique par rapport à l’utilisation des TIC par les hommes et les femmes.  La représentante a suggéré que des mesures soient prises afin de fournir un maximum d’informations sur l’impact réel des technologies de l’information et de la communication (TIC) aux niveaux national et international.  Elle a aussi indiqué que l’examen d’ensemble de la mise en œuvre des textes issus du SMSI, qui doit être mené par l’Assemblée générale en décembre de cette année, devrait permettre de faire des propositions pour soutenir les gouvernements dans leur option d’utiliser les TIC pour leur développement durable.

Mme Charles a ensuite déclaré que la CARICOM avait établi une stratégie régionale de développement numérique, afin notamment de mobiliser des ressources nécessaires pour mettre en œuvre des larges bandes passantes dans les Caraïbes.  Elle a aussi souhaité que la région puisse faire usage des TIC dans le cadre du renforcement de sa résilience aux changements climatiques, en précisant que de nombreux pays de la région étaient aussi considérés comme faisant partie de la catégorie des petits États insulaires en développement (PEID), a-t-elle fait valoir.

M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh), qui s’exprimait au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a rappelé l’attention spéciale qu’il faudrait accorder à ces pays pour les aider à mettre en place des infrastructures de télécommunications, comme cela a été réaffirmé dans l’ Agenda de Tunis pour la société de l’information, adopté par le Sommet sur la société de l’information à Tunis en 2005.  Ce programme avait demandé aux fournisseurs de services d’offrir un service commercial pour l’Internet à un coût réduit dans ces pays.  De même, a-t-il ajouté, le Programme d’action sur les PMA, adopté à Istanbul en 2011, avait fixé l’objectif d’augmenter de manière significative l’accès aux services de télécommunications afin que tous les PMA aient accès à l’Internet d’ici à 2020.

M. Momen a cependant décrit une réalité sur le terrain qui est tout autre: seulement 5% des foyers des pays les moins avancés ont accès à l’Internet, a-t-il précisé.  En outre, la plupart des PMA n’ont qu’un accès réduit au haut débit dans les zones rurales.  Il a souligné que le fossé numérique allait continuer à se creuser et que les PMA allaient rester encore plus loin derrière les autres.  Pourtant, a-t-il fait remarquer, ces pays ont déployé les efforts nécessaires pour respecter les engagements qu’ils ont pris dans ce domaine en application du Programme d’action d’Istanbul.  Il a souligné l’importance de la coopération internationale pour accompagner ces efforts, en invitant tous les acteurs internationaux à apporter l’aide nécessaire aux PMA, sachant que ces pays représentent près de 25% des États Membres de l’Organisation des Nations Unies et que la société de l’information ne se réalisera pas sans eux.

M. AHMED SAREER (Maldives), qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), s’est demandé comment les États les plus vulnérables pouvaient tirer profit des progrès dans ce domaine et combler leurs attentes en termes de développement.  Il a estimé que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 était étroitement liée à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC), ceux-ci devant être utilisés au profit du développement car ils peuvent jouer un grand rôle dans l’élimination de la pauvreté.  Il s’est cependant inquiété du coût élevé des transactions qui rend difficile les investissements dans les infrastructures de technologies.  Parmi les effets positifs des TIC dans les zones rurales, il a fait remarquer que leur utilisation permettait de créer des microentreprises, de donner accès aux services publics grâce aux banques en ligne et aux services en ligne de santé et d’emploi.

Le représentant a invité à mettre à profit les innovations pour lutter contre les effets néfastes des changements climatiques et pour prévenir les risques de catastrophes.  La question des inégalités numériques est complexe, a-t-il noté.  Le fossé numérique, a-t-il dit, continue à se creuser.  Le délégué a estimé qu’il était cependant possible de remédier à ce problème si l’on tient compte des réalités locales et des besoins des populations.  L’Alliance appuie la mise en place de plateformes régionales pour faciliter les échanges d’information et le renforcement des capacités.  Enfin, le représentant a demandé de faire participer toutes les parties concernées aux processus et discussions en cours sur ce sujet.

Mme MWABA KASESE BOTA (Zambie), s’exprimant au nom des pays en développement sans littoral, a fait observer que les TIC contribuaient à faciliter la circulation des marchandises vers et à partir des pays en développement sans littoral, notamment par leur utilisation dans les services douaniers.  La représentante a également déclaré que les TIC pourraient être la solution miracle pour favoriser l’essor des pays en développement mais, a-t-elle prévenu, leur impact ne peut se voir que si ces pays ont les moyens de se procurer des technologies adéquates. 

La déléguée de la Zambie a ainsi expliqué que les coûts de ces technologies, notamment ceux des services à haut débit, sont très onéreux, surtout pour les pays sans littoral qui ne sont pas en mesure d’accéder directement aux câbles sous-marins.  Elle a par ailleurs plaidé afin que le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Programme d’action de Vienne pour les pays en développement sans littoral (2014-2024) soient tous mis en œuvre, notamment dans leurs aspects relatifs à la promotion des TIC dans les pays en développement.

M. ANTONIO PARENTI ,de l’Union européenne, a indiqué que l’Union européenne attachait une grande importance à la question de la gouvernance de l’Internet, et aussi au fait que les TIC devraient servir à l’amélioration des conditions de vie des populations.  Il a noté que les TIC étaient en train de révolutionner la médecine, l’éducation, la gouvernance et le commerce.  Le délégué a en outre affirmé que le Forum sur la gouvernance d’Internet était un forum essentiel pour la coopération dans le domaine qui est le sien.  Il a également fait valoir que l’accès à l’Internet était un catalyseur indispensable pour la croissance économique, la liberté d’expression, l’information et le développement durable.

M. TIBOR SHALEV-SCHLOSSER (Israël) a déclaré que la connaissance alimentant les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) était potentiellement sans limite.  Au cours de la dernière décennie, nous avons été témoins de progrès considérables dans la marche vers la connectivité universelle: 3 milliards de personnes ont maintenant accès à Internet.  Malheureusement, de trop nombreuses personnes sont laissées de côté.  Le représentant a réaffirmé son engagement à assurer une connectivité pour ceux qui n’en bénéficient pas encore.  Des progrès notables ont été réalisés au cours de cette décennie grâce à la coopération entre le secteur privé et les gouvernements, ainsi qu’à un environnement propice aux investissements dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication.

S’il y a bien un pays qui reconnaît l’importance de l’utilisation des nouvelles technologies en faveur de la paix et du développement, c’est bien Israël, a affirmé le représentant.  Si Israël ne possède pas de ressources naturelles, il a cependant, grâce à un esprit entrepreneurial déterminé, réussi à transformer, en 67 ans, un pays marécageux et désertique en une « nation de start-up », a-t-il assuré.  Les exemples marquants de l’innovation dans le domaine des TIC sont le développement de Waze, un logiciel qui permet de se déplacer, et l’USB Flash Drive, qui permet de sauvegarder l’information, a précisé le délégué.  Il a déclaré qu’à travers ces innovations, Israël allait assister les pays en développement à une transformation dans divers secteurs économiques.  Par exemple, une nouvelle entreprise nommé Takadu fournit des logiciels permettant de détecter de l’eau en temps réel.  Cela va aider les fermiers à épargner de l’argent et de l’eau, tout en leur permettant d’étendre leurs fermes.  Ce ne sont que quelques exemples de la manière dont Internet va façonner le monde dans les années à venir, a-t-il indiqué avant de conclure.

Mme OLGA VORONOVICH (Bélarus) a estimé que l’ONU devrait jouer un rôle central et aider les États à développer les technologies de l’information et de la communication (TIC), en veillant à renforcer la transparence dans ce domaine.  Elle a appelé à combler le fossé numérique non seulement entre pays en développement et pays développés, mais aussi entre les divers groupes sociaux et démographiques.  Il faudrait résoudre les questions de compatibilité des nouvelles technologies, a-t-elle ajouté.  Le développement des TIC est une priorité nationale au Bélarus, a-t-elle dit en se prévalant de la trente-huitième place qu’occupe son pays dans l’indice des TIC et en signalant qu’il avait été un des coauteurs du programme « Connect 2020 ». 

La déléguée du Bélarus a demandé d’inclure l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) dans les travaux relatifs au Sommet mondial sur la société de l’information.  Évoquant les questions de la fiabilité et de l’accès à l’Internet, elle a demandé de renforcer la coopération internationale sous l’égide de l’ONU.  Elle a insisté également sur l’importance de l’accès au haut débit et sur la sécurité des informations véhiculées par les TIC.  Avant de conclure, la déléguée a espéré qu’un accord international serait conclu sur la protection de ces informations, prévoyant notamment la création d’une instance internationale chargée de la cybersécurité. 

M. A. ROHAN PERERA (Sri Lanka) a déclaré que les technologies de l’information et de la communication étaient un catalyseur de développement économique et social et a jugé encourageante leur utilisation croissante à travers le monde.  Il a fait remarquer que plus de 90% de la population mondiale était couverte par les réseaux de téléphonie mobile et que le taux de pénétration d’Internet était passé de 15% en 2005 à plus de 40% aujourd’hui.  De plus, l’accès à l’Internet à large bande est de plus en plus accessible financièrement et l’économie numérique augmente de 15 à 25% par an dans les pays en développement.  Néanmoins, le représentant a déploré que l’accès à l’Internet à large bande ne concerne que 5% des foyers dans les pays les moins développés, contre 78% dans les pays développés.  Les décisions du Sommet mondial sur la société de l’information doivent permettre de construire des synergies avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de réduire la fracture numérique, a estimé M. Perera.  En mettant en application les recommandations du Sommet, Sri Lanka a réduit cette fracture et permis à près de 50% de la population d’avoir accès à une éducation aux technologies de l’information, contre seulement 3% en 2005.  Et en tant que pays multiethnique et pluriculturel, Sri Lanka a aussi pris une initiative dans le domaine du multilinguisme, en mettant en place les conditions techniques pour faciliter l’usage des langues locales sur Internet.  Le cadre juridique pour l’e-gouvernance et l’e-commerce est en place à Sri Lanka, qui est par ailleurs devenu Partie à la Convention de Budapest sur la cybercriminalité, entrée en vigueur le 1er septembre dernier dans le pays.

M. ROLANDO CASTRO CORDOBA (Costa Rica) a appelé à la réduction de la fracture numérique en tenant compte de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication par les hommes et par les femmes, notamment dans les pays les moins avancés (PMA) et dans les pays à revenu intermédiaire.  Il a déclaré que le Mécanisme de facilitation des technologies devrait, lorsqu’il sera mis en place, aider à la réduction de la fracture numérique.  Il a aussi prôné plus d’investissements en faveur de l’utilisation des TIC, notamment grâce à des partenariats entre les secteurs public et privé.

M. KENNEDY MOKAYA (Kenya) a déclaré qu’il faudrait renforcer les technologies de l’information et de la communication (TIC) car  elles ont un important rôle à jouer au service du développement de tous les pays.  Elles peuvent aussi aider à éradiquer la pauvreté.  Le représentant a regretté que la plupart des pays en développement n’aient pas encore réussi à développer les technologies de l’information et de la communication ou à en maîtriser l’utilisation.  Il a déclaré que le Kenya avait adopté sa première politique nationale concernant les TIC en 2006.  Pour la période 2013-2014, le Gouvernement kenyan a mis en place un plan conséquent qui reprend la vision du Programme de développement durable à l’horizon 2030 afin de créer un cadre juridique permettant de stimuler le commerce dans le domaine des TIC.

L’extraordinaire succès du système de paiement par téléphone cellulaire ne peut pas être contredit, a-t-il déclaré.  Cela a transformé le système bancaire de la région et au-delà.  Cela assure aussi que personne n’est laissé à l’abandon en ce qui concerne les transferts monétaires par téléphone cellulaire.  Selon l’agence de notation McKinsey, la contribution de l’Internet au produit national brut du Kenya était de 2,9% en 2014.  La moitié de la population du pays a désormais accès à l’Internet, et la plupart à partir de leur téléphone cellulaire.

M. LEULSEGAD TADESSE ABEBE (Éthiopie) a appelé à prendre des mesures concrètes, y compris des investissements dans les secteurs public et privé, pour utiliser tout le potentiel des TIC dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’Éthiopie, a-t-il indiqué, a pris de telles mesures pour que l’utilisation des TIC contribue au développement du pays, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’agriculture.  Nous avons aussi, a-t-il ajouté, adopté une stratégie de gouvernement électronique (national e-government strategy) pour améliorer les services publics et la participation des citoyens et du secteur privé.  Il a également parlé du premier « Ethio-ICT Village » qui vise à attirer les investissements dans le secteur des TIC.  Malgré ces progrès, il reste encore beaucoup à faire et nous faisons notre possible pour améliorer davantage l’accès aux TIC, a assuré le représentant.  Il a ensuite invité la communauté internationale à garantir un accès non discriminatoire et universel aux informations et aux connaissances relatives aux TIC.  Le partenariat mondial doit être davantage renforcé pour utiliser au mieux le potentiel des TIC, a-t-il ajouté.

Mme CASSANDRA Q. BUTTS (États-Unis) a souhaité que la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur l’examen d’ensemble de la mise en œuvre des textes issus du SMSI, prévue en décembre prochain, soit l’occasion de discuter du potentiel des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour contribuer à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD).  Dans ce contexte, elle a souhaité également que la Deuxième Commission n’engage pas de débats qui feraient double emploi avec cette réunion de haut niveau.  Elle a aussi émis le vœu que la réunion de décembre permettra de rendre la société de l’information plus tangible pour tous, y compris pour les milliards de personnes qui n’y ont toujours pas accès. 

La déléguée a ensuite relevé que l’économie numérique augmentait de 10% chaque année, en précisant qu’elle évoluait plus rapidement que les autres secteurs économiques.  Elle a assuré que l’économie numérique augmentait entre 15 et 25% par an dans les pays en développement.  Plus de 3 milliards de personnes, et plus de 16 milliards d’appareils, sont connectés à Internet.  Elle a par ailleurs souligné que selon les données de la Banque mondiale, une croissance de 10% de la connectivité aux larges bandes passantes implique une croissance économique additionnelle de 1,3%.  Les principes de la société de l’information qui avaient été établis lors du Sommet mondial sur la société de l’information devraient continuer de s’appliquer, en précisant notamment que la société de l’information doit être inclusive, orientée vers le développement, et surtout centrée sur les personnes.

Mme INGRIT PRIZRENI (Albanie) a expliqué que son pays visait le niveau d’accès aux technologies de l’information et de la communication de l’Union européenne, un objectif qui est presque atteint.  Elle a cité une étude de 2014 sur le cyber-gouvernement qui a donné à son pays une note générale supérieure à 66,6% et la même note pour la publication des données.  Le Gouvernement de l’Albanie est convaincu que l’accès des personnes au haut débit et, de ce fait, à des données fiables et à jour dans toutes les sphères d’activité (justice, finance, économie, développement, audit, administration publique, budget de l’État) représente un facteur important de développement.  Elle a indiqué les trois objectifs principaux visés par l’Albanie pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030: offrir davantage de services électroniques aux citoyens et au secteur des affaires, avec une amélioration des services publics; inclure les technologies numériques dans le secteur de l’éducation; et étendre les infrastructures numériques dans tout le pays.

M. FEDERICO ALBERTO GONZÁLEZ FRANCO (Paraguay) a estimé que les efforts de lutte contre la pauvreté et pour le développement durable ne devraient laisser personne de côté et qu’il était indispensable de prendre en considération les besoins de tous, en particulier ceux des groupes les plus vulnérables.  À cet égard, il a considéré que les technologies de l’information et de la communication (TIC) étaient un outil pour réduire les fractures entre pays développés et pays en développement.  Le Paraguay, pays bilingue, conseille de prendre également en considération l’importance des TIC pour le multilinguisme, la participation citoyenne, la diversité culturelle et l’éducation dans les valeurs de paix, à condition de garantir la protection de l’enfance et de l’adolescence, de l’information privée et de l’accessibilité des personnes aux capacités différenciées.  Enfin, le délégué du Paraguay a mis l’accent sur les engagements pris dans le cadre du Programme d’action de Vienne pour les pays en développement sans littoral en matière d’infrastructures pour les TIC.

M. PINYOWIT (Thaïlande) a plaidé pour que la société de l’information que la communauté internationale forge soit inclusive, orientée vers le développement et qu’elle place les personnes en son centre.  La Thaïlande a mis en place un programme d’éducation à distance, via des satellites, afin de pallier le manque d’enseignants dans des zones rurales du pays, pour assurer ainsi à chaque enfant l’accès à une éducation de bonne qualité.  M. Pinyowit a en outre souhaité que la science, la technologie et l’innovation soient intégrées dans les politiques nationales de développement.  Dans ce contexte, il a assuré que des mesures avaient été prises en Thaïlande afin de transformer le pays en une communauté numérique, comme en témoigne la mise sur pied d’un ministère de l’économie numérique et de la société.  M. Pinyowit a ensuite fait observer que la réduction de la fracture numérique entre pays et à l’intérieur de chaque État passe par un engagement de tous les acteurs.

M. SÉRGIO RODRIGUES DOS SANTOS (Brésil) a pris note du potentiel de transformation des technologies de l’information et de la communication mais s’est inquiété du fossé numérique, encore large, entre les pays.  Combler ce fossé doit faire partie intégrante de la stratégie de mise en œuvre des Objectifs de développement durable, a-t-il dit.  M. DOS SANTOS a indiqué que son pays s’était doté d’un organe multipartite chargé de cette question, le Comité directeur d’Internet.  Il a prôné en effet une approche multipartite pour aborder la gouvernance d’Internet et a indiqué que son pays allait accueillir un forum sur cette question du 10 au 13 novembre.  Citant une résolution de l’Assemblée générale sur le droit à la vie privée dans l’ère numérique, il a rappelé la nécessité de garantir ce droit, qui garantit lui-même la liberté d’opinion et la démocratie.  Cela implique une coopération internationale renforcée qui rassemble toutes les parties prenantes, a-t-il prévenu.

Mme RINA SOEMARNO (Indonésie) a rappelé que beaucoup de pays devaient encore créer des cadres de gouvernance du numérique et renforcer leurs infrastructures pour garantir une utilisation constructive des technologies de l’information et de la communication.  Elle a souhaité que soient mis en place des systèmes de technologies de l’information et de la communication efficaces mais centrés sur l’individu et qui servent les intérêts de toute l’humanité.  Elle s’est inquiétée de l’apparition d’un nouveau fossé numérique portant sur la qualité des technologies de l’information et de la communication et l’accès au haut débit.  La représentante a appelé à redoubler d’efforts pour parvenir à une société de l’information pour tous.  Les technologies de l’information et de la communication doivent être une priorité de la coopération internationale, a-t-elle ajouté, en demandant que les engagements en matière d’aide publique au développement à cette fin soient respectés.  Enfin, elle a appelé de ses vœux le succès de la réunion de haut niveau portant sur l’examen de la mise en œuvre des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information, qui aura lieu en décembre.

M. LIU JUN (Chine) a estimé que, pour utiliser les technologies de l’information et de la communication au service du développement durable, il fallait renforcer les capacités des pays en développement à les utiliser.  Ce soutien doit prendre la forme d’une assistance humaine, institutionnelle et technique, dans le cadre de la coopération Sud-Sud et Nord-Sud.  La Chine met en œuvre sa stratégie de développement innovante des technologies de l’information et de la communication, grâce à laquelle elle avait, en 2014, plus d’un milliard d’utilisateurs de téléphonie mobile.  Ce résultat a été atteint notamment grâce au plan d’action haut débit adopté en 2013.  Enfin, le représentant a dit appuyer le processus d’examen des résultats du Sommet mondial sur la société de l’information et a souhaité l’adoption d’une stratégie axée sur les populations et le développement.

M. ANTON Y. MOROZOV (Fédération de Russie) a plaidé pour la réduction de la fracture numérique, en appelant notamment à la création d’une société de l’information qui s’apparenterait à une société des connaissances, privilégiant ainsi les liens entre individus, à défaut de relier les machines entre elles.  Il a fait valoir que l’un des rôles régaliens de chaque État était d’assurer la protection de ses citoyens.  C’est pourquoi, il faudrait lutter contre la cybercriminalité. 

Parlant de la gouvernance de l’Internet, le délégué a souhaité que tous les États puissent y jouer un rôle, de manière transparente et inclusive.  Il a invité l’Assemblée générale à mettre sur pied un comité préparatoire qui serait chargé de l’élaboration d’une convention internationale sur la gestion de l’Internet.  Le délégué a dénoncé, avant de conclure, les actes illégaux de surveillance des communications sur Internet, en arguant que de tels agissements constituaient des violations du droit international.  

M. RABIU SHEHU (Nigéria), notant que le développement du haut débit en Afrique marquait un certain retard, a appelé à combler ce fossé numérique en déployant des efforts concertés afin de saisir les opportunités économiques qui s’offrent à ce continent.  Le coût de la connexion à haut débit doit être réduit et la qualité des infrastructures dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TIC) doit être améliorée dans les pays en développement, a-t-il ainsi recommandé.  Le Nigéria a créé des infrastructures dans ce domaine, a assuré M. Shehu.  Aujourd’hui, la connexion de la téléphonie mobile nigériane bénéficie à 190 millions de personnes, a-t-il dit en expliquant que ces abonnements étaient plus nombreux que la population totale du pays. 

Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie) a estimé que le secteur des TIC était en bonne position pour faciliter une transition de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à celle des Ojectifs de développement durable (ODD).  La question du fossé numérique doit être examinée à tous les niveaux afin de réduire cet écart, a-t-elle demandé, en appelant à renforcer les capacités dans ce domaine afin d’assurer une mise en œuvre plus efficace du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a aussi plaidé en faveur d’institutions et de mesures visant à promouvoir des politiques inclusives dans ce domaine.

M. GARY FOWLIE, de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a indiqué que des millions d’Africains étaient en marge du secteur bancaire quand en 2007, grâce à une application téléchargeable sur des téléphones portables, Mpesa (l’argent mobile en langue Swahili) avait permis à des millions d’Africains d’accéder au système financier formel.  C’est, a-t-il dit, un exemple concret de l’importance des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour le développement.  Au sujet de la fracture numérique qui affecte particulièrement les femmes, il a déclaré que des données montrent qu’en permettant la connectivité de 600 millions de femmes et filles, cela devrait donner lieu à une augmentation du produit intérieur brut (PIB) mondial.  Cette augmentation pourrait se situer entre 13 à 18 milliards de dollars.  De même, a-t-il noté, si les niveaux de connectivité dans les pays en développement étaient les mêmes que ceux des pays développés, cela permettrait de créer 140 millions d’emplois et faire ainsi sortir 160 millions de personnes de la pauvreté. 

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