Discussions à la Deuxième Commission sur le rôle du commerce international dans le financement du développement et sur la nécessité de le réformer
La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi, aujourd’hui, son débat sur les « questions de politique macroéconomique » et sur les « suivi et mise en œuvre des textes issus des conférences internationales sur le financement du développement ». Les délégations ont saisi cette occasion pour saluer le dernier texte adopté en la matière, le Programme d’action d’Addis-Abeba, avant de s’exprimer sur le rôle du commerce international en tant que source de financement du développement et de demander une réforme tant de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) que des institutions financières internationales.
La mise en œuvre des engagements pris dans le cadre de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement, qui a eu lieu en juillet dernier, devrait contribuer à la réalisation du développement durable d’ici à 2030, ont reconnu les délégations, même si, de l’avis de celle de l’Inde, le Programme d’action ne constitue pas véritablement un succès total.
Pour le représentant du Burkina Faso, la réalisation du développement durable exige aussi un commerce international juste et équilibré, un système financier efficace et une gestion optimale de la dette extérieure.
La première Conférence internationale sur le financement, qui s’était tenue à Monterrey en 2002, avait d’ailleurs reconnu le commerce international comme étant une des sources les plus importantes de financement du développement, a rappelé le représentant du Mexique, comme le souligne le Secrétaire général dans son rapport* intitulé « Commerce international et développement ».
Pour qu’il soit utile au développement, le commerce international doit toutefois s’inscrire dans un système international qui soit « universel, encadré par des règles, ouvert, non discriminatoire et équitable », ont relevé de nombreux intervenants. Le délégué du Sénégal a appelé à mener des réformes profondes pour lever les obstacles tarifaires et non tarifaires qui paralysent les échanges commerciaux, et dont les PMA sont les premiers à en souffrir.
Pour son homologue du Brésil, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est la seule institution capable de libéraliser le commerce et de supprimer les obstacles qui entravent les efforts des pays en développement dans plusieurs domaines, dont l’agriculture. Il s’est dit cependant déçu que des travaux visant à lutter contre ces obstacles n’aient pas encore été engagés, citant notamment le problème des subventions dans le secteur de l’agriculture.
À l’instar d’autres intervenants, la représentante des Philippines a espéré que la dixième Conférence de l’OMC, qui se tiendra à Nairobi, du 15 au 18 décembre prochain, parviendra à adopter des mesures mieux ciblées profitant à tous. Elle a conseillé de mener les négociations de ce processus en tenant compte tant des similitudes que de la diversité de l’expérience et des priorités des pays en développement. Pour le représentant de la République islamique d’Iran, on ne saurait demander à des pays qui rejoignent l’OMC des engagements allant au-delà de leur niveau de développement.
De son côté, le représentant de la Fédération de Russie a prévenu que les accords commerciaux régionaux adoptés à travers le monde ne devraient, en aucun cas, se substituer à l’accord qui résulterait des négociations commerciales du Cycle de Doha. Le Secrétaire général lui-même plaide en faveur d’une cohérence renforcée entre les accords commerciaux multilatéraux et régionaux car, comme il le note dans son rapport, les processus parallèles plurilatéraux et régionaux affectent la centralité du multilatéralisme.
Pour ce qui est du système financier multilatéral, de nombreuses voix se sont élevées pour qu’il soit réformé de sorte qu’il représente davantage les pays en développement, et notamment les pays africains, comme l’a demandé le représentant du Nigéria. Le délégué de l’Algérie a fait observer que ce système peine à répondre aux attentes des pays en développement qui voudraient qu’il reflète la réalité et assure l’équité. Il s’est interrogé sur la place des nouveaux arrangements régionaux de financement par rapport aux instruments qui constituent ce système.
La Deuxième Commission se réunira à nouveau demain, mercredi 28 octobre, à 10 heures, pour conclure ce débat. Elle entendra également une présentation du Président de la Deuxième Commission sur le projet de résolution relatif à la protection des consommateurs.
*(A/70/277)
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE (A/C.2/70/2)
Déclarations
M. VITALY MACKAY (Bélarus) a plaidé pour que les pays à revenu intermédiaire reçoivent l’attention qu’ils méritent de la part de l’Organisation des Nations Unies. Il a aussi déclaré que le système financier international doit être réformé, en proposant que, dans cette optique, le Fonds monétaire international (FMI) puisse s’atteler à la prévention des crises économiques, tant au niveau international qu’au niveau des pays. Le délégué a aussi déploré que certains États recourent à des mesures économiques unilatérales contre d’autres États à des fins politiques. Il a fait valoir que ces sanctions avaient non seulement un impact direct sur le pays visé, mais également sur des pays tiers avec qui le pays visé entretient des rapports commerciaux. Il a ainsi fait mention du cas du Bélarus qui est engagé dans l’Union économique eurasiatique et dont l’essor commercial est lié à celui des pays de la région. Le représentant a, par ailleurs, souhaité que l’adhésion des pays à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) soit facilitée.
M. SALVADOR DE LARA RANGEL (Mexique) a souligné, comme le rappelle le langage du Consensus de Monterrey, que chaque pays a la responsabilité de mener son processus développement. En même temps, il a fait remarquer que les questions macroéconomiques mondiales ont une importance cruciale de par leur impact sur les économies de chaque pays. Quel que soit le modèle d’économie choisi, le commerce international doit fournir les devises nécessaires au financement des importations qui permettent de maintenir et d’étendre l’économie, a-t-il expliqué. Le commerce international doit respecter les règles établies dans un cadre multilatéral, ne doit pas être discriminatoire et ne doit pas permettre le recours à des mesures unilatérales injustes. Il doit en outre faciliter l’accès aux produits de pays en développement, a-t-il ajouté. Le représentant a rappelé que la première Conférence internationale sur le financement du développement, qui s’était tenue à Monterrey, avait reconnu le commerce international comme étant une des sources les plus importantes de financement du développement. La troisième Conférence sur le financement du développement, qui a eu lieu à Addis-Abeba, en juillet dernier, a mis l’accent sur les trois piliers du développement durable, ce qui montre un changement de paradigme dans la conceptualisation du développement par rapport aux OMD, a fait observer le délégué du Mexique. Les efforts sont désormais centrés sur la mobilisation des ressources internes et le renforcement des capacités institutionnelles, a-t-il ajouté avant de conclure.
M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a estimé que le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement était un cadre politique nécessaire pour établir une plus grande cohérence entre les priorités mondiales et les objectifs nationaux concernant la mobilisation du financement du développement durable. Il a aussi salué la création d’un forum d’infrastructures mondial comme mécanisme de collaboration multilatéral visant à améliorer la coordination des initiatives nouvelles et existantes dans le domaine des infrastructures. En outre, a-t-il ajouté, le Mécanisme de facilitation des technologies devrait contribuer à assurer un meilleur accès aux technologies. Pour un petit État insulaire en développement comme la Jamaïque, l’approche holistique adoptée doit refléter les efforts de mise en œuvre des Orientations de Samoa. L’utilisation efficace du financement du développement n’est pas suffisante car, a-t-il dit, il faudrait avant tout régler les questions systémiques qui font obstacle aux efforts de développement.
Mme MARIA ANGELA PONCE Mme (Philippines) a émis l’espoir que la dixième conférence de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui se tiendra cette année à Nairobi du 15 au 18 décembre, parviendra, par le biais de négociations qui tiennent compte des similitudes et de la diversité de l’expérience et des priorités des pays en développement, à approuver des mesures mieux ciblées au profit de tous les États. Elle a souhaité, à cet égard, que les efforts visant la conclusion des négociations commerciales de Doha aboutissent à des résultats qui permettraient de faire participer davantage les pays en développement au système commercial multilatéral. La représentante a soutenu les travaux que mène la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) à cet égard. Pour la région Asie-Pacifique, a-t-elle indiqué, nous avons identifié les priorités suivantes: l’investissement dans le capital humain, le renforcement des petites et moyennes entreprises, la participation aux marchés régionaux et mondiaux, l’instauration de communautés durables et résilientes, et le renforcement du programme régional d’intégration économique. En ce qui concerne son pays, elle a plaidé en faveur de l’utilisation du commerce en faveur du développement et de politiques en vue de garantir la sécurité des conditions de vie de la population nationale qui est, a-t-elle rappelé, le douzième pays plus peuplé du monde.
Mme MADINA KARABAEVA (Kirghizistan) a indiqué que son pays était devenu membre de l’Union économique eurasiatique cette année après avoir réalisé les conditions requises par le processus d’intégration. Elle a ensuite dénoncé les conséquences de mesures économiques unilatérales sur des États tiers, en particulier les pays en développement. La déléguée a aussi déploré les fluctuations des cours des devises, en faisant remarquer, par exemple, que la fluctuation du dollar avait eu un impact négatif sur le montant de la dette publique du Kirghizistan. Elle a demandé à la communauté internationale de prendre les mesures nécessaires afin de permettre aux pays en développement de mieux répondre au problème de la dette.
M. SERGEY VASILIEV (Fédération de Russie) a estimé que le Programme d’Action d’Addis-Abeba était très important pour le financement de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il a également plaidé pour améliorer les discussions internationales en matière fiscale, notamment sous l’égide des Nations Unies. Le représentant a aussi plaidé pour un système commercial international plus ouvert, plus transparent et plus juste, avant de souhaiter que les négociations commerciales de Doha aboutissent rapidement à un accord. Le représentant a prévenu que les accords commerciaux régionaux adoptés à travers le monde ne devraient, en aucun cas, se substituer à l’accord qui résulterait des négociations commerciales de Doha.
Le délégué russe a ensuite dénoncé les mesures économiques unilatérales prises à l’encontre de certains pays. La Fédération de Russie assure de son soutien des États comme l’Argentine qui se sont opposés au cadre juridique multilatéral applicable aux opérations de restructuration de la dette souveraine des pays, a-t-il déclaré, convaincu que ce système injuste mérite d’être réformé. Le délégué a également annoncé la tenue d’une conférence internationale sur les petites et moyennes entreprises (PME) à Moscou, le mois prochain.
M. AL SAFAR (Iraq) a expliqué que les revenus du secteur du pétrole brut et du gaz assurait plus de 90% du budget de l’Iraq. Son pays est cependant très inquiet, a-t-il dit, des pressions qu’exercent les investisseurs et les spéculateurs qui encouragent la baisse des prix. Le prix du baril est ainsi tombé au plus bas par rapport à 2012, a-t-il noté en regrettant que cette réduction ne reflète pas le mécanisme habituel de l’offre et de la demande. Les prix doivent être raisonnables pour les producteurs comme pour les importateurs, a-t-il souligné. La spéculation des produits de base doit être réglementée par des mécanismes juridiques, afin de protéger à la fois les producteurs et les consommateurs, a-t-il recommandé. Le Gouvernement de l’Iraq, a-t-il expliqué, a éliminé les subventions aux produits pétroliers, sauf pour certaines catégories de services comme les taxis. La chute du prix du brut entraîne une baisse dans les investissements de l’État et, par conséquent, une réduction des services offerts à la population afin de prévenir des risques de ce phénomène, a-t-il expliqué.
M. SÉRGIO RODRIGUES DOS SANTOS (Brésil) a noté que les estimations de croissance mondiale étaient au plus bas depuis 2009 et que les pressions actuelles qui pèsent sur les économies en développement sapaient les efforts de ces pays. Pour remédier à cette situation, a-t-il préconisé, il faudrait mettre en œuvre les accords souscrits à la Conférence internationale sur le financement du développement d’Addis-Abeba de manière effective, afin de permettre à tous les pays de réaliser leur développement durable d’ici à 2030. Le délégué a ensuite plaidé en faveur d’un processus de décision efficace et inclusif pour la mobilisation des ressources nationales et internationales. En ce qui concerne le commerce, il a estimé que l’OMC était la seule institution capable de libéraliser le commerce et de supprimer les obstacles qui entravent les efforts des pays en développement dans plusieurs domaines, dont l’agriculture. Il s’est dit déçu que des travaux visant à lutter contre ces obstacles n’aient pas encore été engagés, comme par exemple, les subventions et le protectionnisme dans l’agriculture. Avant de conclure, le représentant a mis l’accent sur les enjeux que pose la dette souveraine pour les pays en développement, tout en se félicitant, à cet égard, de l’approbation par l’Assemblée générale de principes de base sur les processus de restructuration de la dette.
Mme CRISTIANE ENGELBRECHT SCHADTLER (Venezuela) a plaidé pour la réforme de la structure de gouvernance des institutions financières internationales. Elle a aussi expliqué que la restructuration de la dette devrait se faire de manière consensuelle et en consultation avec les pays concernés. La déléguée a déclaré que les fonds vautours étaient un obstacle à l’essor économique des pays en développement. Elle a rappelé que l’aide publique au développement (APD) était la source essentielle pour le financement du développement de ces pays. La déléguée a ensuite déploré que certains pays imposent des sanctions économiques unilatérales contre des États tiers, en violation du droit international.
Mme MARIANNE LOE (Norvège) a plaidé pour la mobilisation des fonds d’origines diverses afin de financer le développement, en soulignant que ces fonds devraient dépasser de loin l’aide publique au développement (APD). Dans cette optique, elle a souhaité qu’une attention particulière soit accordée aux flux financiers illicites. La déléguée a, par ailleurs, noté que les objectifs de développement durable ne seraient pas réalisés sans l’implication des femmes qui, a-t-elle dit, représentent la moitié de l’humanité. Elle s’est aussi félicitée de ce que la Norvège consacre presque 1% de son produit intérieur brut (PIB) à l’APD.
Mme MICHIKO MIYANO (Japon) a recommandé d’engager, dès maintenant, la mise en œuvre cohérente et efficace du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Le Japon est déterminé à assurer la croissance économique afin de ne laisser personne en marge, a-t-elle assuré. Le Japon se réjouit de la création d’un Mécanisme de facilitation des technologies et attend avec intérêt la nomination des personnalités prévues pour opérationnaliser cette plateforme, a-t-elle indiqué. La représentante a, par ailleurs, salué les directives adoptées par l’Assemblée générale concernant la gestion souveraine de la dette. En ce qui concerne le commerce international, le Japon partage les inquiétudes de la communauté internationale quant à la situation actuelle et espère des résultats concrets à la Conférence de l’OMC prévue en décembre prochain. Comment la Deuxième Commission peut-elle contribuer à l’application des programmes adoptés cette année? s’est-elle ensuite demandé en appelant à éviter les doubles emplois, notamment en fusionnant l’examen du point 18 (questions de politique macroéconomique) et celui du point 19 (suivi et mise en œuvre des textes issus des conférences internationales sur le financement du développement) de son ordre du jour.
M. MOURAD MEBARKI (Algérie) a souhaité que l’élan solidaire du lancement du Programme de développement durable à l'horizon 2030 soit suivi d’actions similaires de solidarité et de confiance dans des domaines aussi cruciaux. Il a soutenu la recherche de synergies et de complémentarités entre les différents acteurs agissant pour le même but, c’est-à-dire le bien-être dans le monde. Évoquant l’apparition de nouveaux arrangements régionaux de financement, qui apportent un complément de liquidités, M. Mebarki s’est demandé dans quelle mesure ils allaient interagir avec le reste des instruments qui constituent le système financier multilatéral. Celui-ci, a-t-il fait observer, peine à répondre aux attentes des pays en développement qui souhaitent une réforme de ce système reflétant la réalité et assurant l’équité. Avant de conclure, le délégué a appelé à renforcer le Fonds monétaire international (FMI) en lui conférant un nouveau statut qui lui donne une plus grande représentativité.
M. GORGUI CISS (Sénégal) a estimé que des réformes profondes devraient être engagées pour lever les obstacles tarifaires et non tarifaires qui paralysent les échanges commerciaux, et dont les PMA sont les premiers à en souffrir. Il a souhaité que, lors de la dixième Conférence ministérielle de l’OMC, qui se tiendra à Nairobi, du 15 au 18 décembre, une priorité soit accordée au traitement spécial et différencié afin que la mise en œuvre des dispositions pertinentes des accords de l’OMC soit plus effective et exécutoire. La Conférence doit œuvrer en vue de parvenir à la conclusion rapide et équilibrée du Cycle des négociations commerciales de Doha qui serait, a-t-il dit, favorable aux pays en développement et aux PMA. Convaincu que la mise en place d’un système financier plus solide et plus équilibré était impératif, le délégué du Sénégal a estimé que les actions à mener devraient porter sur l’élargissement des cadres de concertation et de décision aux pays en développement, notamment par la révision des modalités d’accès au Conseil d’administration de ces structures. Enfin, il a plaidé pour l’assouplissement des conditions d’accès au crédit et la simplification des procédures de financement des projets.
M. YAIMA DE ARMAS (Cuba) a déclaré que le système commercial multilatéral et le système financier international se trouvent à un carrefour difficile après les crises économique et financière les plus graves de l’histoire, auxquelles s’ajoutent des crises environnementale et énergétique. Le système commercial multilatéral n’est qu’un outil au service des secteurs les plus puissants des pays développés qui contribue à maintenir les inégalités. De la même manière, le système financier international a démontré qu’il était incapable de garantir le développement des pays les plus défavorisés, continuant au contraire à accentuer les déséquilibres structurels en faveur des pays les plus riches. Cuba a réaffirmé son soutien en faveur de l’édification d’un système commercial multilatéral juste, inclusif, sans discrimination et transparent, a-t-il assuré, avant de rejeter toute tentative d’imposer des calendriers artificiels pour la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha.
Le problème de la dette extérieure constitue, a-t-il estimé, l’un des principaux obstacles pour les pays en développement. Le délégué a souhaité que les neuf principes de base approuvés par le Comité ad hoc sur les processus de restructuration de la dette souveraine servent de cadre à un mécanisme multilatéral limitant l’action des fonds vautours. Il a demandé que les Nations Unies et les institutions financières internationales jouent un rôle plus actif et cohérent pour soutenir la souplesse et la réforme des mécanismes financiers actuels. Les solutions aux problèmes actuels ne pourront pas être trouvées dans des clubs exclusifs de pays qui n’ont ni représentativité, ni légitimité, ni mandat pour décider pour tous, a conclu la déléguée.
M. OUINIBANI KONATE (Burkina Faso) a invité la communauté internationale à agir effectivement sur les différents leviers capables de donner un élan au changement et au développement souhaité. Il a ainsi estimé qu’un commerce international juste et équilibré, un système financier efficace et une gestion optimale de la dette extérieure seront indispensables à cette fin. Il a précisé que le système commercial multilatéral devrait être universel, fondé sur des règles, ouvert, non discriminatoire et équitable. En ce qui concerne la dette, le délégué a salué l’adoption, en 2014, d’une résolution de l’Assemblée générale portant sur l’établissement d’un cadre juridique multilatéral sur la restructuration de la dette souveraine. Il a souligné que cette résolution offrait l’occasion de mettre en place des mécanismes internationaux de prévention et de résolution des crises de la dette.
M. MOHAMED OMAR GAD (Égypte) a invité la communauté internationale à conclure le Cycle de négociations commerciales de Doha. Il a aussi rappelé l’importance de répondre aux besoins des pays à revenu intermédiaire, en prônant à cet effet la mise en place, au sein des Nations Unies, d’un programme de partenariat spécifiquement établi pour ces pays. Il a aussi appelé au renforcement des programmes en faveur de la sécurité alimentaire. Le délégué a en outre souhaité que l’Assemblée générale puisse adopter une résolution portant sur la défense des droits des consommateurs.
M. AHMED SAREER (Maldives) a salué le Programme d’action d’Addis-Abeba, en soulignant les relations intrinsèques entre ce programme et celui du développement durable à l’horizon 2030. Il a passé en revue les nombreux défis que son pays rencontre, comme la diversification de son économie, la lutte contre l’impact des changements climatiques, le chômage, les inégalités et la dégradation de l’environnement. Tout en reconnaissant qu’il incombe en premier lieu aux autorités nationales de prendre en mains l’avenir de leur pays, il a cependant estimé que la communauté internationale devrait tenir compte de la complexité des ressources limitées dont disposent des petits pays comme le sien. « Les Maldives sont un exemple classique du paradoxe des petits États insulaires en développement », a-t-il noté en expliquant qu’elles avaient réussi à sortir du statut de pays les moins avancés en 2011, ce qui a été à la fois un avantage et un inconvénient. Tout en faisant face aux mêmes problèmes systémiques, a-t-il expliqué, les Maldives ne peuvent plus bénéficier d’un traitement préférentiel.
La croissance économique et le PNB des Maldives, grâce au secteur touristique, sont des facteurs positifs mais il est difficile de maintenir cette croissance économique et d’en redistribuer les avantages aux populations éparpillées à travers l’archipel, a fait remarquer le représentant. En effet, plus de 25% de cette population vivent à Male, la capitale des Maldives, alors que le reste vit sur les autres 196 îles qui constituent les Maldives, ce qui pose un sérieux problème en termes de services et infrastructures de base que l’administration a l’obligation de leur apporter, a expliqué le représentant. Les différents programmes de consolidation de la population lancés par les gouvernements successifs, a-t-il dit, n’avaient connu qu’un succès limité. Ces services et investissements sont difficiles à financer, sans compter que les Maldives souffrent également du poids de leur dette qu’elles imputent au fait que les ressources nationales sont rares et que pour les financer, le Gouvernement doit s’endetter au niveau international à des taux d’intérêt élevés. En outre, tout progrès pourrait être anéanti par une seule catastrophe naturelle, comme en 2004 avec le tsunami, a rappelé M. Sareer. C’est pourquoi, il a lancé un appel à la coopération et à la création de partenariats, en réaffirmant que l’aide publique au développement, telle que définie dans le Programme d’action d’Addis-Abeba, restait essentielle pour les Maldives.
M. AMIT NARANG (Inde) a proposé d’examiner la question sous l’angle « développement pour le financement », en arguant que le développement était la meilleure façon de générer un financement. Il faudrait, a-t-il suggéré, créer un système financier international et un système de financement du développement d’un « point de vue développementaliste ». Il s’est félicité des discussions transparentes menées lors de la Conférence sur le financement du développement d’Addis-Abeba, même si les médias ont estimé que c’était un échec. On a en effet reproché au monde développé son manque de volonté d’aborder la question d’une façon sérieuse, a-t-il dit. Le délégué a reconnu qu’il y avait un manque d’engagement en matière fiscale et d’aide au développement. Les pays en développement perdent beaucoup de ressources financières à cause de l’évasion fiscale, a-t-il estimé. Le délégué a prévenu que le financement des mesures prises pour répondre risquait d’être faible. L’engagement de consacrer 100 milliards de dollars à cet objectif ambitieux mérite d’être précisé, a-t-il dit, en critiquant la méthodologie adoptée qui comptabilise les flux existants.
M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a appelé de ses vœux un système commercial international qui soit « universel, encadré par des règles, ouvert, non discriminatoire, dépolitisé et équitable ». L’accession des pays développés à l’OMC doit obéir à des règles claires et à des critères d’objectifs préalablement établis, a-t-il affirmé, en soulignant qu’il était important de poursuivre le processus d’accession sans qu’il n’y ait d’entraves politiques. Il a précisé qu’il ne saurait être demandé à des pays qui rejoignent l’OMC des engagements allant au-delà de leur niveau de développement. M. Dehghani a ensuite déclaré que l’imposition de mesures économiques coercitives en tant que moyens de pression politique contre des pays en développement constituait une violation flagrante du droit international et des principes consacrés par la Charte des Nations Unies. L’efficacité de ces sanctions économiques est discutable, dans la mesure où la population civile est souvent affectée, en premier lieu, des conséquences de ces mesures, a fait remarquer le délégué iranien avant de conclure.
M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a plaidé pour l’avènement d’un système commercial multilatéral équitable et juste. Il a aussi déclaré que le poids de la dette réduisait les capacités de développement des pays les plus pauvres. En dépit du fait que le Soudan soit qualifié pour l’initiative d’allègement de la dette intitulée « pays pauvre très endetté » (PPTE), a-t-il dit, son pays n’a toujours pas accès à cette mesure en raison de mesures coercitives d’ordre politique. Il a donc plaidé pour le respect des mesures d’allègement de la dette des pays parmi les plus affectés. Les sanctions économiques unilatérales affectant la vie des pays comme le Soudan sapent leurs capacités de mobilisation des ressources pour le financement de leur développement, a-t-il également souligné.
M. RABEE JAWHARA (République arabe syrienne) a déploré les mesures économiques unilatérales engagées contre son pays par les États-Unis et l’Union européenne. Son gouvernement rejette certains éléments injustifiés contenus dans les rapports de l’ONU, citant par exemple des avis de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) au sujet des conséquences que ces mesures unilatérales auraient sur l’économie de son pays. Il a estimé que les sanctions dites « intelligentes » imposées contre son pays avaient causé des pertes inestimables, conduisant notamment à l’augmentation du taux de chômage et exacerbant l’inflation et les migrations des Syriens.
M GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est félicité du Programme d’action d’Addis-Abeba, qui devrait compléter le Programme de développement durable à l’horizon 2030, en soulignant la nécessité de parvenir à un accord sur le climat lors de la Conférence de Paris en décembre prochain. Le délégué a estimé qu’il était possible de réaliser une transformation ambitieuse en une génération. Le Pérou, grâce à une solide gestion macroéconomique qui a favorisé l’investissement privé et l’ouverture au commerce international, avait réussi à améliorer sa situation économique et sociale, a assuré son représentant. De plus, le Pérou avait adopté une stratégie nationale de développement centrée sur l’inclusion sociale et l’égalité des chances. Malgré son classement parmi les pays à revenu moyen supérieur, le Pérou est cependant confronté à des défis pour éradiquer la pauvreté et réaliser les objectifs de développement durable en raison de sa vulnérabilité à la baisse de la croissance économique mondiale, aux fluctuations des cours des matières premières qu’il exporte et aux conséquences des changements climatiques. C’est pourquoi, a souligné le représentant, la Commission devrait suivre les engagements pris à la Conférence d’Addis-Abeba concernant l’éradication de la pauvreté et qui sont reflétés dans le premier Objectif de développement durable contenu dans le Programme de développement à l’horizon 2030.
M. BUCHWALD (Vanuatu) a reconnu l’importance de l’accès aux marchés internationaux. La focalisation sur la capacité de production dans les pays en développement, en particulier, les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés, a besoin d’être également renforcée. La fourniture et la maintenance des infrastructures clefs comme les ports, les routes, l’électricité et les centrales thermiques ainsi que les technologies de l’information et de la communication restent chères. Mais elles sont essentielles pour réduire les coûts du commerce et accroître la capacité et l’aptitude à participer efficacement au système multilatéral commercial. Dans ce contexte, le représentant a invité les partenaires à renforcer les partenariats existant et d’en développer de nouveaux qui pourraient aider les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA) à élargir leurs capacités commerciales et réduire les obstacles structurels qui inhibent le commerce. Le représentant a aussi souligné l’importance d’élargir les liens entre le secteur du service et le secteur agricole. Il a ajouté que l’exploitation des liens et des synergies entre le secteur des services, en particulier le tourisme, et le secteur de l’agriculture offrent une énorme potentialité au développement durable. C’est pourquoi, il faudrait passer de l’approche en silo à une voie intégrée et inclusive dans laquelle l’inter-connectivité entre les différents secteurs de l’économie est prise en considération. Il est aussi essentiel de transformer nos économies basées sur les matières premières vers la création de valeur ajoutée pour obtenir des gains économiques maximums. Le délégué a souligné qu’il était ainsi impératif que nous nous concentrions sur les produits dans lesquels nous avons obtenus des avantages compétitifs.
Mme AZIZA YESHMAGAMBETOVA (Kazakhstan) a souligné que pour son pays, comme pour beaucoup d’autres, la question du développement durable était tout sauf théorique. Elle s’est félicitée que les 52 parties membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) avaient terminé les négociations et adopté par consensus l’accession de la République du Kazakhstan à l’OMC le 22 juin 2015. Son pays, a-t-elle ajouté, doit maintenant ratifier l’instrument d’adhésion pour devenir un membre à part entière avant le 31 décembre 2015. Cette admission à l’OMC est logique, a-t-elle déclaré, en précisant qu’elle résultait de nombreuses mesures clefs, dont les réformes économiques et juridiques. « Nous avons aussi réalisé que l’isolement géographique du pays par rapport aux marchés mondiaux est un obstacle majeur sur la voie du développement, tout en comprenant que l’intégration économique et la coopération avec des partenaires internationaux pouvaient changer la situation », a-t-elle déclaré. Par ailleurs, elle a salué les accords et engagements du Programme d’action d'Addis-Abeba pour la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.
En tant que grand pays enclavé, le Kazakhstan souhaite l’amélioration des infrastructures et du transit des biens des pays enclavés ou sans littoral vers les marchés internationaux. Après avoir cité l’ouverture de lignes ferroviaires dans la région, le représentant a déclaré que les mesures prises par son gouvernement, au cœur de la région eurasienne et sur la Route de la soie, peuvent être considéré comme une contribution au bénéfice de toutes les associations intégrées, dont fait partie le Kazakhstan. La déléguée a assuré aussi que son pays avait soutenu la création d’un centre financier à Astana. Après l’EXPO 2017, nous proposons de créer à Astana un centre international pour le développement des technologiques vertes sous les auspices des Nations Unies, a-t-elle ajouté. Le centre servira à faciliter le développement technologique des pays en développement. Au cours de cette dernière décennie, le Kazakhstan a attiré des investissements directs étrangers d’un montant total de 200 milliards de dollars, ce qui montre le potentiel élevé de son pays pour les investissements, a-t-il indiqué avant de conclure.
M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc) a axé son intervention sur le financement innovant. Le représentant a rappelé que depuis l’adoption du Consensus de Monterrey, le financement innovant pouvait garantir des ressources financières additionnelles pour le développement. Le financement innovant est un élément inévitable dans toute stratégie de financement de l’Agenda 2030 pour le développement durable, y compris le financement des ODD et de la lutte contre les changements climatiques. Il a suggéré d’élargir l’utilisation des mécanismes de financement innovant, surtout par l’adhésion de nouveaux Membres des Nations Unies ainsi que le secteur privé et les organisations philanthropiques. De même, a-t-il ajouté, la mobilisation des ressources internes pour le développement revêt une importance capitale.
En effet, la réforme des politiques fiscales, l’amélioration de la gouvernance, la promotion de l’état de droit, la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites, couplés à des politiques de développement appropriées, demeurent essentiels pour assurer un financement durable. Le représentant a ensuite mis en évidence l’importance de la mise en place d’un environnement national propice à l’investissement pour attirer l’investissement et la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire qui offre un vaste éventail d’opportunités et constitue un vecteur de croissance et d’emplois. Il a, avant de conclure, attiré l’attention sur les besoins spécifiques des pays à revenu intermédiaire et de l’Afrique qui doit être au centre de la coopération internationale pour le développement.
Mme JILL DERDERIAN (États-Unis) a déclaré que l’APD ne devrait plus être considérée comme la seule source de financement du développement, en faisant valoir que des sources privées pourraient aussi contribuer à cette fin. Le Programme d’action d’Addis-Abeba reconnaît, a-t-elle rappelé, que les ressources nationales ont aussi un rôle à jouer pour la mobilisation des fonds. La déléguée a indiqué que les États-Unis entendaient renforcer leur appui à la mobilisation des fonds, notamment par le soutien aux initiatives de bonne gouvernance. Elle a en outre estimé que les débats tenus dans le cadre de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement ne devraient pas être réouverts et qu’il serait, au contraire, temps d’examiner les moyens de mettre en œuvre les mesures approuvées.
La représentante a aussi rappelé que les États-Unis avaient participé, dans le cadre du Club de Paris, à 350 projets visant à alléger la dette. Elle a invité les délégations à axer leurs efforts sur les points de convergence et non sur les désaccords. La déléguée a en outre appelé au renforcement du cadre commercial international, en précisant que le système commercial multilatéral était placé sous l’autorité de l’OMC.
M. ADEOYE BANKOLE (Nigéria) a expliqué que son pays déployait de grands efforts pour diversifier les secteurs de l’agriculture et des minerais. Les transferts de fonds représentent, pour son pays, une source importante de financement de son développement, a-t-il indiqué. Le délégué s’est dit toutefois préoccupé par le monopole qu’exercent certaines entreprises pour le transfert de fonds qui s’explique peut-être par la concurrence limitée dans ce domaine. Le représentant a ensuite recommandé d’utiliser les institutions de microfinance pour aider les populations rurales des pays en développement. Il faudrait combler les lacunes en termes de financement du développement, a-t-il insisté en appelant les donateurs à tenir leurs promesses en la matière. Cette aide doit permettre aux pays bénéficiaires de renforcer leurs capacités nationales, a-t-il dit en soulignant qu’il était également nécessaire de renforcer la résilience et la transparence de ces économies. En ce qui concerne les institutions financières internationales, le représentant du Nigéria a demandé de les réformer en assurant une plus grande représentation des pays africains et des autres pays en développement au sein des organes décisionnels. Il a aussi invité à lutter efficacement contre les flux financiers illicites, au niveau international, notamment à travers l’application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la corruption.
Mme LU MEI (Chine) a estimé qu’il était important de réformer le système financier international en le rendant plus juste et équitable, tout en rééquilibrant les rapports entre les pays du Nord et les pays du Sud. Elle a déclaré que cela devrait passer par une meilleure représentation géographique des pays en développement au sein des organes décisionnels des institutions de Bretton Woods. Elle a aussi proposé que le système monétaire international soit reformé afin de mieux équilibrer les taux de change entre pays. En 2000, la Chine avait annulé la dette de certains pays en développement, a-t-elle rappelé, en souhaitant la mise en place d’un système commercial multilatéral plus juste et transparent. Les accords commerciaux régionaux doivent respecter les normes de l’OMC, a-t-elle ensuite recommandé.