En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
2e & 3e séances – matin & après-midi
AG/EF/3421

Deuxième Commission: Ouverture du débat général axé sur la mise en pratique des engagements pris en faveur du développement durable

À l’ouverture du débat général de la Deuxième Commission, ce matin, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui vient d’être adopté, le 25 septembre 2015, s’inscrit dans la continuité des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Mais c’est aussi « le début d’une nouvelle ère », a-t-il dit en espérant, comme la trentaine de délégations qui ont pris la parole, une véritable transformation au cours des 15 prochaines années.

Cette transformation ne peut se réaliser qu’avec la participation de tous les acteurs, comme l’a démontré l’invité d’honneur de cette journée, le professeur Abhijit Banerjee.  Le fondateur d’Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab, un laboratoire d’idées sur la pauvreté basé au Massachusetts Institute of Technology (MIT), a expliqué qu’il ne suffisait pas de faire participer les chercheurs à ce processus, mais qu’il faudrait aussi traduire les résultats de leurs recherches en mesures concrètes.  À titre d’exemple, il a cité des idées simples qui ont porté des fruits, expliquant ainsi que « de petites interventions peuvent parfois donner de grands résultats ».

Le Président de la Deuxième Commission, M. Andrej Logar, a demandé en priorité aux États Membres de s’atteler à la tâche pour mettre en œuvre ce Programme avec succès.  « Nous allons, a-t-il ajouté, nous inspirer des priorités fixées dans le Plan d’action sur le financement du développement adopté à Addis-Abeba en juillet dernier. » 

Le Programme d’action d’Addis-Abeba, a toutefois averti le représentant du Groupe des 77 et la Chine, par la voix de la délégation sud-africaine, se présente plus comme un complément aux moyens de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui sont contenus dans chacun des 17 objectifs de développement durable. 

Le rôle de la Deuxième Commission, à travers les questions dont elle débat, a également été mis en avant par des délégations, comme celle du Pérou qui estimait que cette grande commission de l’Assemblée générale devrait jouer un rôle de premier plan pour contribuer au succès de la mise en œuvre.

De son côté, le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DAES), a assuré M. Wu, appuiera la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment en aidant les États à préparer la session 2016 du Forum politique de haut niveau sur le développement durable.  Plusieurs délégations ont d’ailleurs insisté sur le rôle central du Forum dans le suivi du nouveau Programme. 

Outre un organe de suivi, il faut des indicateurs pour mesurer les progrès.  C’est pourquoi le DAES organise, ce mois à Bangkok, la deuxième réunion de la Commission de statistique des Nations Unies qui travaille, avec un groupe d’experts sur les objectifs de développement durable, à la rédaction d’indicateurs de suivi de la mise en œuvre du nouveau Programme de développement durable.  En outre, a ajouté M. Wu, le Département des affaires économiques et sociales apportera son assistance dans la mise en place du Mécanisme de facilitation des technologies qui vient d’être lancé, un mécanisme perçu comme un bon outil de suivi par plusieurs délégations.

Tout au long du débat, les intervenants, en particulier les porte-paroles de groupes de pays, ont attiré l’attention sur la nécessité d’accorder, dans les débats comme dans la mise en œuvre, une place de choix aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables, à savoir les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays en développement sans littoral. 

Il faudra veiller à ce que les difficultés de ces pays, qui sont forcément plus vulnérables aux changements climatiques, soient bien prises en compte dans l’accord qui sera conclu à Paris, lors de la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre prochain.  C’est ce qu’a demandé notamment la représentante de la Zambie, au nom du groupe des pays enclavés.

Pour le Groupe des États d’Afrique, c’est la question « Pauvreté et sécurité alimentaire » qui sera cruciale dans les délibérations de la Deuxième Commission, a dit le représentant de la Sierra Leone.  Ce Groupe a plaidé pour que les pays du G-8 s’acquittent de leurs engagements pris dans le cadre de la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, afin de permettre à 50 millions de personnes vivant en Afrique subsaharienne de sortir de la pauvreté d’ici à 2022.

De grands principes ont aussi été rappelés pour que la mise en œuvre du programme 2030 se fasse dans le meilleur partenariat possible.  Le Groupe des 77 et la Chine (G-77), par exemple, a demandé de veiller au respect des politiques nationales, à l’instar d’autres délégations qui ont aussi exigé le respect de la souveraineté nationale.

En matière de changements climatiques, le G-77 a prôné l’application du principe de « responsabilité commune mais différenciée » entre pays développés et pays en développement.  C’est dans cet esprit que le représentant de l’Indonésie, au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a demandé aux pays développés de prendre la tête des efforts dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.  L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), par la voix des Maldives, a pour sa part invité les institutions financières à tenir compte de la vulnérabilité climatique des PEID.

En ce qui concerne le financement du développement, beaucoup d’orateurs ont souligné la nécessité, pour les pays développés, de respecter leur engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD), sans oublier les efforts à déployer pour mobiliser les ressources nationales. 

La Deuxième Commission poursuivra son débat général demain, jeudi 8 octobre, à 10 heures.

Déclarations d’ouverture

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie), Président de la Deuxième Commission, a rappelé que les dirigeants du monde avaient adopté, il y a deux semaines, le Programme de développement pour les 15 prochaines années.  Par ce Programme, a-t-il précisé, les États Membres s’engagent à ne laisser personne en marge.  Il a appelé les pays à être à la hauteur des nouveaux objectifs en mettant en œuvre ce Programme avec succès.  La Deuxième Commission, a-t-il dit, va conduire les négociations sur le plan politique en initiant un dialogue sur les questions urgentes, notamment sur l’élimination de la pauvreté.  Il a recommandé en particulier aux délégations de prendre des engagements politiques en faveur de la pleine participation des femmes à tous les aspects des prises de décision.  En ce qui concerne les questions de politique macroéconomique, il a espéré que les discussions se baseraient sur des informations utiles relatives au commerce international et au développement.  « Nous allons, a-t-il ajouté, nous inspirer des priorités fixées dans le Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement », adopté en juillet dernier.  Il a aussi appelé à privilégier les efforts en faveur des pays en situation particulière, comme les pays les moins avancés (PMA).  Il a fait remarquer qu’un suivi intergouvernemental cohérent à cette fin sera crucial.

M. Logar a également espéré que la Deuxième Commission sera en mesure d’examiner la contribution des technologies de l’information et des communications (TIC) pour résoudre le problème du fossé numérique entre les pays, en particulier en améliorant l’accès à un haut débit.  « Nos efforts collectifs doivent également soutenir un partenariat global revitalisé », a-t-il estimé.  Le Président de la Deuxième Commission a ensuite souligné l’importance de la revitalisation des travaux, comme l’a souhaité l’Assemblée générale en demandant à ses grandes commissions d’aborder cette question au début de leurs travaux.  C’est ainsi que la séance du 9 octobre sera consacrée à cette question, a-t-il annoncé, en invitant les délégations à présenter des propositions concrètes.  Outre les points inscrits à l’ordre du jour de la session pour la Deuxième Commission, M. Logar a aussi annoncé trois manifestations parallèles qui porteront sur l’égalité entre les hommes et les femmes, la transition vers l’économie formelle, et la gestion de la sécheresse dans les pays où les ressources en eau sont rares.  En outre, deux séances seront organisées conjointement avec le Conseil économique et social (ECOSOC).

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté il y a une dizaine de jours par les dirigeants du monde, s’inscrit dans la continuité des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et marque le début d’une nouvelle ère.  Il a indiqué que ce nouveau Programme se définit par le concept de l’intégration, en ajoutant que « nous devons aller au-delà des sentiers battus et penser globalement ».  Il a également rappelé que ce nouveau Programme de développement était adopté à un moment crucial où le monde est confronté à de nombreux défis.  Il a ainsi fait observer que la croissance économique demeurait faible et que la crise économique de 2008 continue de freiner la création d’emplois.  De même, de nombreux pays, en particulier les pays en développement,  n’avaient pas encore entamé la phase de relèvement.  Le Secrétaire général adjoint a estimé que cette morosité mondiale s’expliquait par certains facteurs tels que la baisse du prix du pétrole et des produits de base et la volatilité des flux de capitaux et des taux de change.  Il a aussi noté que les tensions géopolitiques et leurs conséquences humaines et économiques avaient conduit à augmenter de manière significative le nombre de réfugiés et de migrants internationaux.  M. Wu a en outre relevé que les changements climatiques avaient un impact croissant dans le monde.

Avec l’adoption de ce nouveau Programme de développement, M. Wu a estimé qu’il faudrait mettre en place des politiques qui renforcent non seulement l’économie mondiale mais également la cohérence et la coordination aux niveaux national, régional et mondial.  « Nous devons continuer d’accorder une place de choix aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables », a plaidé le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  Il a, par ailleurs, appelé à la revitalisation du partenariat mondial pour le développement durable en y impliquant la société civile, le secteur privé, les organisations philanthropiques et les citoyens du monde, afin que tous ces partenaires travaillent en bonne intelligence avec les gouvernements, en vue de mobiliser les ressources devant servir à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a ainsi souhaité que le travail entamé à Addis-Abeba, au cours de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, soit poursuivi, en plaidant par exemple pour la mise en place du Forum pour le financement du développement.  Il a également plaidé pour un accord climatique à la vingt et unième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), qui se tiendra en décembre prochain à Paris.

Le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DAES), a ensuite assuré M. Wu, appuiera la mise en œuvre du nouveau Programme de développement en assistant par exemple les États Membres dans la préparation de la session 2016 du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, un organe qui devrait, a-t-il précisé, jouer un rôle central dans le suivi du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a aussi annoncé que le DAES préparait actuellement le rapport du Secrétaire général de l’ONU sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Département travaille à l’amélioration de la quantité et de la qualité des statistiques, un élément essentiel pour le suivi des objectifs de développement durable, a-t-il souligné.  À ce propos, il a annoncé que le DAES organisait, ce mois à Bangkok, la deuxième réunion de la Commission de statistique des Nations Unies qui travaille avec un groupe d’experts sur les objectifs de développement durable afin de rédiger des indicateurs pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a en outre dit que le DAES assistera dans la mise en place d’un mécanisme de facilitation technologique.

M. ABHIJIT BANERJEE, Professeur d’économie à la Ford Foundation International du Massachusetts Institute of Technology (MIT), a appelé à réfléchir à des stratégies capables de mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  Il a ainsi expliqué le travail réalisé par le Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab, un laboratoire d’idées sur la pauvreté qu’il a fondé en 2003 et qui essaye de traduire les résultats des recherches en mesures concrètes.  Des professeurs de tous les pays participent à cette réflexion, notamment sur les moyens qui permettent d’utiliser les subventions de manière plus efficace, a-t-il précisé.  Généralement, a-t-il fait remarquer, ce n’est pas la volonté qui fait défaut mais plutôt les moyens.  Il a en outre constaté qu’il était difficile sur le plan politique d’adopter de nouvelles idées suggérées par d’autres acteurs.  C’est pourquoi il est nécessaire de créer un espace intellectuel qui permette d’examiner et d’envisager la mise en pratique des nouvelles idées, a-t-il proposé.

Le professeur Banerjee a regretté qu’aucune cible établie par le nouveau Programme de développement ne parle de l’apprentissage, ce qui est une chose différente de l’enseignement.  Si une personne ne possède pas des capacités d’apprentissage, elle ne pourra avoir les bases nécessaires pour progresser, a-t-il expliqué.  Le professeur Banerjee a aussi conseillé de ne pas avoir peur de proposer des solutions évidentes, car des petites interventions peuvent parfois donner de grands résultats.  Il a donné l’exemple d’un programme indonésien de subsides qui ne parvenait pas à ses objectifs.  Dans ce cas, le simple envoi d’une carte aux bénéficiaires a permis d’atteindre davantage de personnes.  Si la carte contient plus d’informations, il est plus simple d’aider celui ou celle qui en bénéficie, a-t-il fait remarquer.

Le professeur a aussi parlé d’un programme, mis en place il y a quelques années au Kenya, pour traiter les enfants souffrant de vers intestinaux.  Une étude a démontré que ceux qui avaient bénéficié dans leur enfance du traitement médical nécessaire gagnaient, dans leur vie adulte, un salaire 20% plus élevé que les autres.  Il y a toujours des solutions qui permettent de progresser, en a-t-il déduit.

« La tyrannie de la théorie » est un autre cheval de bataille du professeur Banerjee.  Selon certaines théories, c’est la mauvaise gouvernance ou les pratiques traditionnelles qui expliquent le manque de progrès, comme en Inde, où on invoque souvent la première pour justifier les échecs dans le système d’immunisation des enfants.  Une solution proposée dans ce cas, qui a permis une nette augmentation du taux de vaccination, a été d’offrir un petit cadeau à la mère de l’enfant.  Le professeur Banerjee a donc invité à collecter les données nécessaires et à élaborer des stratégies sur la base de ces données.  Il faut toujours se montrer sceptique, a-t-il également conseillé.  Il a ainsi illustré son propos en signalant qu’aucune des études sérieuses menées sur le microcrédit n’avait pu démontrer que la consommation moyenne des personnes concernées avait augmenté.

Dans l’échange de vues qui s’est ensuite engagé entre le professeur et les délégations, le représentant du Libéria a constaté la difficulté à faire comprendre que des solutions simples peuvent permettre d’arriver à de grands résultats.  Son homologue du Japon a reconnu que les ministères n’ont pas toujours la capacité de générer de nouvelles idées ou de les traduire en mesure concrètes, en expliquant dès lors l’importance des partenariats à cet égard.

Le professeur du MIT a mentionné les partenariats mis en place par son laboratoire avec plusieurs pays comme le Chili, le Pérou, l’Inde ou encore le Ghana.  Il ne s’agit pas seulement d’une réflexion intellectuelle, mais surtout de faire progresser un système, a-t-il précisé.  Ce qu’on attend de ce partenariat, c’est de présenter des arguments et ensuite d’aider à surmonter les obstacles bureaucratiques, a-t-il dit.  Il s’agit de créer un espace permettant de bénéficier d’une synergie et d’aboutir à un changement, ce qui n’est pas le rôle des bureaucraties, a-t-il fait remarquer.

Les économistes nous ont habitué à des « modes », a noté, pour sa part, le représentant du Pérou avant de s’exprimer sur la question du microcrédit.  Il a en effet voulu souligner les divers avantages de celui-ci notamment sur le plan de l’égalité homme-femme.  Il a aussi interrogé l’expert sur la question de l’accès aux services financiers.

Le représentant de l’Éthiopie a, lui aussi, défendu la pratique du microcrédit qui apporte beaucoup en termes d’inclusion financière.  Il a souligné l’importance de la volonté politique, au niveau le plus élémentaire comme au niveau des dirigeants.

Il est vrai que le microcrédit a été un facteur d’inclusion en tant que tel, a reconnu le professeur de MIT, en notant l’augmentation des capacités des bénéficiaires à faire des économies et à consommer.  Mais les personnes concernées n’ont pas pu réellement faire fructifier cet argent, a-t-il expliqué.  C’est pourquoi, il a invité à adopter une vision plus globale de la situation, en allant même jusqu’à dire qu’on pouvait arriver à une détérioration de la situation du fait que tout le monde ne bénéficie pas du microcrédit.  La volonté politique, a-t-il estimé, est souvent surestimée car elle n’est pas toujours assortie de méthode.  Celle-ci, a-t-il précisé, est plus importante que la volonté.

Débat général

M. EPHRAIM LESHALA MMINELE (Afrique du Sud), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), s’est félicité de l’adoption du Programme d’action sur le financement du développement à la Conférence d’Addis-Abeba en juillet dernier, malgré quelques réserves.  Il a également salué l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les États doivent veiller à ce que le principe du respect des politiques nationales et celui de la responsabilité commune mais différenciée qui existe entre pays développés et pays en développement soient respectés dans la mise en œuvre de ce nouveau Programme de développement, a souligné M. Mminele.  Il a précisé que les moyens servant à la mise en œuvre des objectifs de développement durable ne doivent pas être confondus avec ce que prévoit le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Même si ces deux processus sont interconnectés, a-t-il fait remarquer, le Programme d’action d’Addis-Abeba se présente plus comme un complément aux moyens de mise en œuvre du programme de développement durable à l’horizon 2030 qui sont contenus dans chacun des 17 objectifs de développement durable.

Le représentant a par ailleurs rappelé que la coopération Nord-Sud devrait continuer d’être au cœur du partenariat mondial pour le développement, et que la coopération Sud-Sud, la coopération triangulaire et l’apport du secteur privé apparaissent davantage comme des compléments, et non des substituts à la coopération Nord-Sud.  Il a souhaité que la création d’emplois, notamment en faveur des jeunes, soit au centre des stratégies économiques qui vont sous-tendre le nouveau Programme de développement.  À cette fin, a-t-il suggéré, il faudrait une transformation structurelle des économiques à travers l’industrialisation.

Le G-77 réitère l’importance de tenir compte des besoins spécifiques des pays en situation particulière, notamment les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement (PEID), les pays à revenu intermédiaire, les pays affectés par le terrorisme, par un conflit ou sortant d’un conflit, tout comme les pays frappés par des mesures de coercition économiques unilatérales.  Le représentant a, en outre, appelé au respect des droits des peuples vivant sous occupation étrangère ou sous domination.  Il a aussi souligné l’importance du respect de la souveraineté de chaque État, et de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.  Il a, par ailleurs, relevé que les changements climatiques sont un défi majeur de la communauté internationale, en souhaitant à ce propos que la COP21 de Paris puisse parvenir à un accord ambitieux sur le climat.  La dixième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) aura lieu pour la première fois en Afrique, à Nairobi au Kenya, du 15 au 18 décembre prochain, a-t-il indiqué.  Dans ce contexte, il a souhaité que la communauté internationale s’engage à conclure le cycle des négociations commerciales de Doha.

Intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone) a souligné qu’il était « absolument crucial » de faire de l’éradication de la pauvreté une priorité du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « alors qu’un milliard de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté ».  Il s’est dit particulièrement satisfait de l’inclusion dans ce Programme d’un objectif de développement durable visant à éradiquer la faim, à garantir la sécurité alimentaire et à promouvoir une agriculture viable.  Pour son Groupe, le point à l’ordre du jour intitulé « Pauvreté et sécurité alimentaire » est d’une importance capitale dans les délibérations de la Deuxième Commission.  Le représentant a par ailleurs indiqué que les pays du G-8 devraient s’acquitter de leurs engagements, en particulier ceux qui ont été pris dans le cadre de la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, afin de permettre à 50 millions de personnes vivant en Afrique subsaharienne de sortir de la pauvreté d’ici à 2022.  Le Groupe des États d’Afrique estime qu’il faut un programme de développement qui donne la priorité à la promotion de l’industrialisation et aux transformations structurelles, notamment au travers de la diversification, pour créer les emplois dont les jeunes ont besoin.  Dans ce contexte, il s’est dit alarmé par le déclin de l’aide publique pour le développement, en particulier celle concernant les pays les moins avancés (PMA).

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a axé son intervention sur trois domaines spécifiques.  Tout d’abord, la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba, adopté à l’issue de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.  Pour sa délégation, la Deuxième Commission doit ouvrir la voie, le plus rapidement possible, à la réalisation des objectifs de développement durable, notamment en contribuant à la mise en place d’un environnement défini par les trois éléments suivants: un financement suffisant, un « mécanisme de facilitation des technologies » et le renforcement des capacités nationales.  Par ailleurs, a poursuivi M. Percaya, l’ASEAN estime qu’il faut dès maintenant s’atteler à la mise en place d’un mécanisme de suivi et d’examen « robuste, efficace, participatif et transparent » de la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable et de ses 169 cibles.  Le groupe d’États Membres auquel appartient son pays plaide pour que l’accent soit mis sur les changements climatiques, notamment lors de la Conférence de Paris, qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre prochain.  « À cet égard, l’ASEAN réitère l’importance de respecter le principe de responsabilité commune mais différenciée et de prendre en compte les capacités respectives des nations », a souligné M. Percaya, qui a insisté sur la nécessité pour les pays développés de prendre la tête des efforts dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

S’exprimant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), M. ABDUL MOMEN (Bangladesh) a attiré l’attention sur la « feuille de route historique » que constitue, selon lui, le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020, dont la mise en œuvre par toutes les parties prenantes permettrait d’atteindre l’objectif de réduire de moitié le nombre de ces PMA d’ici à 2020.  Pour y parvenir, il est « de la plus haute importance », a-t-il expliqué, de renforcer les capacités productives de ces pays, notamment industrielles, mais aussi de les aider à diversifier leurs économies et à développer leurs infrastructures.  Dans un tel contexte, a noté M. Momen, il est également indispensable d’élargir les partenariats et de surmonter les défis structurels auxquels font face les PMA pour se doter d’une croissance inclusive et durable.  Pour le Groupe des PMA, un accès, « sans droits de douane ni quotas », aux marchés des pays développés comme à ceux des pays en développement est un élément primordial dans le renforcement des performances économiques des PMA, auxquelles l’initiative « Aide pour le commerce » peut également contribuer.  Le représentant a en outre plaidé pour l’établissement d’un « centre international de soutien aux investissements pour les PMA », pour lequel le Programme d’action d’Addis-Abeba constitue, a-t-il dit, une plateforme solide.  Enfin, la création d’un « fond pour l’atténuation des crises et le développement de la résilience » est un autre projet auquel tiennent les PMA, qui sont extrêmement vulnérables aux chocs externes, des crises de santé publique aux catastrophes naturelles, en passant par l’effondrement des places boursières dans les pays développés.

S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme LOIS M. YOUNG (Belize) a commencé par énumérer les défis qui se posent au développement de ses États membres: une croissance économique lente et irrégulière; une pauvreté élevée et des inégalités de revenus; les retards accusés dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) s’agissant de la santé, de l’accès aux services de base, de l’égalité entre les sexes et de la viabilité de l’environnement; et une vulnérabilité aux catastrophes naturelles et à la montée des eaux.  À cette liste de doléances s’ajoutent une pénurie de ressources prévisibles et une assiette fiscale limitée, facteurs qui compliquent les investissements nécessaires à la croissance, a fait observer la représentante.  En outre, elle a cité les difficultés d’accès à l’investissement direct étranger et à l’aide publique au développement, ainsi que le ratio entre l’endettement des États et le produit national brut (PNB), devenu « intenable » dans certains cas.  Mme Young a toutefois placé beaucoup d’espoirs dans les progrès accomplis par les Nations Unies en adoptant les Orientations de Samoa, le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Pour la CARICOM, il est indispensable de placer au cœur des délibérations de la Deuxième Commission la question des activités opérationnelles de développement.  Mme Young a préconisé d’envisager de manière intégrée l’examen de plusieurs points à l’ordre du jour de la Commission qui étaient examinés jusqu’à présent séparément, afin de mieux répondre à la question « centrale » du financement des objectifs de développement durable.  En outre, les membres de la CARICOM ont estimé qu’au lendemain de la Conférence d’Addis-Abeba, il faudrait assurer le suivi de plusieurs éléments de son Programme d’action.  Mme Young a cité l’établissement d’un « forum mondial des infrastructures », le renforcement de la coopération internationale en matière de fiscalité, la viabilité de l’endettement et la création d’un mécanisme de facilitation des technologies.

M. AHMED SAREER (Maldives), s’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a souligné que les petits États insulaires en développement (PEID) étaient confrontés à des défis majeurs tels que leur position géographique distante des continents et des marchés, l’exposition à des chocs externes et leur vulnérabilité particulière aux changements climatiques.  Il a exprimé la solidarité de l’AOSIS avec la Dominique et les Bahamas qui viennent d’être touchés par des tempêtes, ainsi que certains pays du Pacifique comme Vanuatu et les États fédérés de Micronésie.  Il a invité les institutions financières à tenir compte de cette vulnérabilité climatique des PEID.  Il a aussi souhaité que d’autres critères, autres que le produit intérieur brut (PIB) par habitant, soient considérés pour déterminer les opportunités financières auxquelles les PEID pourraient prétendre.  Il a, dans ce contexte, plaidé afin que ce groupe de pays ait voie au chapitre au sein des institutions financières internationales.

M. Sareer a ensuite plaidé pour la pleine application des Orientations de Samoa sur le développement durable des PEID.  La conservation durable des océans et des mers, a-t-il rappelé, est l’un des sujets de préoccupation majeure des PEID.  Il a appelé la communauté internationale à soutenir davantage les efforts visant à renforcer les capacités de ces pays afin qu’ils puissent gérer durablement leurs ressources marines.

Mme MWABA KASESE-BOTA (Zambie), parlant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, a rappelé l’adoption, en novembre 2014, du Programme d’action de Vienne sur les pays en développement sans littoral, qui va au-delà des questions traditionnelles des accords commerciaux, de la logistique du commerce et du transit ou transport, pour inclure des questions d’intégration régionale et de transformation économique structurelle.  Elle s’est aussi félicitée de la réunion de haut niveau de suivi qui s’est tenue dans son pays, à Livingstone, en juin dernier, qui a souligné les mesures clefs à prendre pour assurer la mise en œuvre ce Programme.  Après la Conférence sur le financement du développement d’Addis-Abeba en juillet dernier et l’adoption du Programme de développement pour l’après-2015, il y a quelques jours, nous attendons beaucoup de la présente session qui, a-t-elle dit, doit offrir des directives stratégiques.

Mme Kasese-Bota a ensuite énuméré les mesures qu’elle juge cruciales pour accélérer la réalisation du développement durable, comme l’aide publique au développement (APD), la mobilisation des ressources internes, le renforcement de l’aide au commerce et l’augmentation des investissements directs étrangers.  Elle a aussi cité l’assistance technique et le renforcement des capacités productives, le renouvellement des partenariats avec les pays de transit, ainsi que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire.  Elle a exhorté les institutions financières multilatérales et régionales, ainsi que les banques régionales de développement, à donner aux pays sans littoral un accès à des financements à long terme, tout en offrant des taux abordables.

La représentante a également abordé la question des changements climatiques auxquels ces pays sont particulièrement vulnérables, en espérant que l’accord qui devrait être conclu en décembre prochain à la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) tienne compte des difficultés de ces pays.  En ce qui concerne les échanges commerciaux des pays enclavés, elle a appelé à ratifier l’Accord sur la facilitation des échanges qui a la possibilité de résoudre quelques questions de politiques de transit qui affectent le commerce.  Elle a aussi invité les membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à lancer un programme de travail pour les pays enclavés qui se concentre en priorité sur la facilitation des échanges, la diversification commerciale, les services, l’aide au commerce, le commerce électronique et l’accession à l’OMC.

M. IOANNIS VRAILAS, de l’Union européenne, soulignant que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 présentait d’importantes opportunités, a assuré que l’Union européenne était pleinement engagée à remplir sa tâche en matière de mise en œuvre de ce Programme, que ce soit en Europe ou dans le reste du monde.  Il a souhaité que le programme de travail de la Deuxième Commission, à sa soixante et onzième session, soit modifié afin de l’adapter aux exigences de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a ainsi souhaité que des discussions soient engagées entre la Commission et le Conseil économique et social (ECOSOC) afin d’éviter notamment des doubles emplois sur les sujets débattus au sein des deux organes.

La mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sera extrêmement importante, a assuré l’observateur de l’Union européenne, avant d’ajouter que, dans ce cadre, le Forum politique de haut niveau sur le développement durable devrait jouer un rôle de premier plan.  Il a aussi dit soutenir le travail que mène la Commission des statistiques des Nations Unies qui prévoit de présenter des propositions d’indicateurs en mars 2016.  Il a indiqué qu’au cours des prochains mois, il y aura des avancées en matière de mise en œuvre en souhaitant que ce mécanisme permette d’aider à promouvoir les partenariats technologiques en vue du développement durable, et afin d’éviter des doubles emplois avec d’autres instruments internationaux.

M. Vrailas a, par ailleurs, souligné que l’autonomisation des femmes et la fin de toutes les formes de discriminations et de violences à l’encontre des femmes et des filles étaient essentielles pour faire progresser la lutte en faveur de l’éradication de la pauvreté et pour le développement durable, y compris en situation post-conflit.  Il a également plaidé en faveur d’un accord sur le climat à la Conférence des Parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques à Paris, en décembre prochain, et qui serait à la fois ambitieux et juridiquement contraignant, tout en limitant l’augmentation de la température terrestre à 2 ou 1,5 degré Celsius.  Il a aussi plaidé pour une attention soutenue en faveur de la situation particulière des PEID qui sont très vulnérables aux effets des changements climatiques.  Il a également appelé au soutien des pays les moins avancés (PMA), en rappelant que la revue à mi-parcours du Programme d’action d’Istanbul, en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020, aura lieu à Istanbul en juin prochain.  Il a, en outre, souhaité que le prochain examen quadriennal complet des activités opérationnelles des Nations Unies contribue à ce que l’Organisation soit plus adaptée à jouer son rôle.  Il a également plaidé pour la réforme du système des Nations Unies, afin, a—t-il expliqué, qu’il puisse mieux répondre aux nombreux défis complexes que couvre le nouveau Programme de développement international.

M. OSAMA ABDELKHALEK (Égypte) a prôné une approche collective fondée sur la transparence pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il faut tenir compte des politiques de développement des pays en développement en respectant leur souveraineté nationale, a-t-il ajouté.  Le représentant a demandé de ne pas perdre de vue qu’il est important d’assurer des moyens à la mesure des efforts entrepris pour mettre en œuvre ce programme de développement ambitieux.  Les pays développés, a-t-il insisté, doivent honorer leurs engagements en matière de financement et de transfert des technologies.  Le représentant a aussi alerté contre la baisse de l’aide au développement accordée aux pays africains.  Il a ensuite mis l’accent sur la nécessité de répondre efficacement aux problèmes d’insécurité alimentaire, en particulier en essayant de contenir la hausse des prix des denrées.  Il a suggéré, par exemple, d’accorder des subventions aux pays importateurs des ressources alimentaires.  Il faudrait accorder une attention particulière aux pays à revenu moyen, a-t-il souligné.  Avant de conclure, le représentant a mis l’accent sur le rôle clef que doit jouer le Forum politique de haut niveau sous les auspices de l’Assemblée générale pour assurer l’orientation politique nécessaire à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Mme PATRICIA BAJANA (Nicaragua) a appelé à une véritable alliance mondiale pour favoriser l’accès aux ressources financières et aux technologies propres en faveur des pays en développement.  Il est important que les pays développés respectent leur engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD), a-t-elle rappelé.  La représentante a aussi souhaité que l’éradication de la pauvreté soit véritablement au cœur de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le processus de restructuration de la dette souveraine des États, a-t-elle souligné, doit désormais se faire dans le respect des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale des Nations Unies.  La déléguée du Nicaragua a en outre appelé au renforcement de la coopération Sud-Sud, en précisant que cette forme de coopération ne devrait en aucun cas se substituer à la coopération Nord-Sud.

M. VITALY MACKAY (Bélarus) a apprécié l’effort collectif entrepris pour parvenir au Programme de développement durable d’ici à 2030, tout en prévenant que l’accord atteint ne garantissait pas le succès du processus.  La Deuxième Commission ne doit pas se contenter de discuter de questions traditionnelles, mais elle doit, en revanche, lancer un processus de réflexion facilitant la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il souhaité.  C’est pourquoi il a recommandé à la Deuxième Commission d’engager  un dialogue avec les organisations d’intégration à l’échelle nationale.  Le représentant a ensuite plaidé en faveur de la coopération avec les pays intermédiaires qui, s’ils ont besoin d’aide, peuvent aussi apporter une assistance à d’autres pays.  Le représentant a aussi averti que la mise en œuvre du nouveau Programme exigerait une plus grande efficacité dans les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.  Il s’est aussi félicité du lancement du Mécanisme de facilitation des technologies.  Enfin, il a  rappelé que les mesures coercitives et les sanctions n’avaient pas leur place dans le Programme de développement durable. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est félicité des efforts des pays d’Amérique latine, dont le Pérou, qui ont permis, au cours de cette dernière décennie, de réduire la pauvreté.  Il a aussi salué les progrès que le Pérou a réalisés dans ce domaine.  Il a plaidé ensuite pour la mise en place du mécanisme de facilitation technologique afin de préserver les progrès économiques qu’ont connus les pays en développement ces dernières années.  Le représentant a aussi appelé au renforcement de la légitimité de l’ONU et des institutions financières internationales.  Il a suggéré que le suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable soit fait aux niveaux national, régional et international.  Par ailleurs, le délégué du Pérou a estimé que la Deuxième Commission, à travers les questions dont elle débat, devrait également jouer un rôle de premier plan pour la réussite de cette mise en œuvre.  Il a, en outre, averti que le nouveau Programme développement durable ne sera pas complet si la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris en décembre prochain, ne parvient pas à adopter un accord ambitieux sur le climat.

S’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. SERGIO SHCHERBAKOV (Équateur) a indiqué que la mise en œuvre des documents issus des Conférence de Monterey, Doha, Addis-Abeba et Rio+20 devrait être centrée sur les droits de l’homme et promouvoir les changements structurels globaux qu’exige l’éradication de la pauvreté.  Tout en poursuivant ces objectifs, la communauté internationale doit placer le développement durable au centre de toutes ses actions et maintenir « l’harmonie avec la nature », a souligné le représentant.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il expliqué, la CELAC est vigoureusement engagée dans le processus préparatoire de la prochaine Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris à partir de fin novembre.  Le groupe sous-régional a également appelé la communauté internationale à établir des mesures transparentes des progrès en matière de développement durable qui ne se basent pas uniquement sur le revenu par habitant mais s’appuient sur les capacités statistiques nationales.  Les pays développés doivent s’acquitter de leurs engagements au titre de l’aide au développement, a estimé le délégué de l’Équateur, qui s’est dit convaincu du rôle complémentaire de la coopération Sud-Sud dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Dans un contexte où l’élargissement des partenariats devient plus que jamais nécessaire, l’implication du secteur privé pourrait également jouer un rôle significatif et complémentaire de celui des pays développés.   La CELAC souhaite qu’une solution durable à la dette soit trouvée, et qu’il soit mis fin aux activités spéculatrices et déstabilisatrices des « fonds vautour », a-t-il indiqué en conclusion.

M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné que les objectifs de développement durable ne doivent être « ni changés, ni altérés » lors du processus d’établissement des cibles.  Il a espéré que l’on pourrait arriver à une croissance durable dans les pays en développement, notamment par le biais d’une industrialisation « inclusive et partagée ».  Il a plaidé pour la mise en place d’un système commercial international qui soit favorable au développement durable.  La mise en œuvre du nouveau Programme de développement doit prendre en considération le niveau de développement des pays, a-t-il rappelé.  Le délégué a en effet jugé irréaliste de demander à tous les États de parvenir au même niveau de réalisation des objectifs de développement durable.  Il a ainsi proposé un ajustement, en tenant compte des prérogatives et des intérêts exprimés par les pays en développement.  L’APD demeure toujours indispensable, notamment pour les PMA dont la plupart sont situés en Afrique, a-t-il aussi fait remarquer.  Le représentant du Maroc a, par ailleurs, souhaité la conclusion du cycle de négociations commerciales de Doha, afin que le commerce international puisse jouer son rôle moteur dans le développement.  Avant de conclure, il a appelé de ses vœux la conclusion d’un accord à la COP21 à Paris, en décembre prochain, avec un engagement significatif de la part des pays développés et en fondant l’accord sur la responsabilité commune mais différenciée.

M. CARLOS ARTURO MORALES LOPEZ (Colombie) a estimé que le véritable succès du nouveau Programme de développement sera sa mise en œuvre.  Il a notamment plaidé pour l’opérationnalisation du mécanisme de facilitation des technologies dans les pays en développement.  Près de la moitié des États Membres de l’ONU sont des pays à revenu intermédiaire, a-t-il noté, avant de préconiser l’adoption d’un plan international de développement en faveur de ces pays.  Le représentant a, par ailleurs, appelé à créer des moyens qui permettent d’appuyer les efforts nationaux et régionaux visant la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en assurant que l’établissement des indicateurs adéquats était de la plus grande importance.

Mme SARA LUNA CAMACHO (Mexique) a déclaré que les travaux de la Deuxième Commission devraient désormais s’adapter à la nouvelle donne internationale marquée par l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a souhaité que ce Programme permette d’éradiquer la pauvreté et de lutter contre les inégalités sociales qui sont très ancrées en Amérique latine et centrale.  La représentante a prévenu que le succès de la  mise en œuvre des objectifs de développement durable dépendra de l’implication de tous les acteurs, qu’ils soient étatiques ou non.  Elle a aussi souligné que les jeunes devraient être placés au centre de la mise en œuvre et du suivi du nouveau Programme de développement.  Elle a assuré que le Mexique avait toujours veillé à impliquer les jeunes à tous les niveaux de prises de décisions.

M. MOHAMAD A. SHABOOT (Iraq) a prôné des changements structurels pour favoriser la croissance économique des pays en développement, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté.  Il s’est plaint que les engagements précédents n’aient pas été complètement respectés et que les changements climatiques continuent de faire obstacle aux efforts entrepris dans la voie de la justice sociale.  En ce qui concerne les ressources consacrées à la réalisation des objectifs de développement durable, il a conseillé de prévoir une assiette fiscale qui prenne en compte les intérêts des plus pauvres, comme le fait son pays.  Cela exige de renforcer le système fiscal à tous les échelons pour lutter contre l’évasion fiscale, a-t-il précisé.  Quant à la question des changements climatiques, le représentant a demandé de prendre en compte les besoins des générations à venir, tout en privilégiant l’équité entre les générations.  Il a rejeté toute tentative de prendre des mesures unilatérales, comme des taxes douanières sur les produits provenant des pays en développement, en invoquant le prétexte des changements climatiques.  Il a aussi demandé de faciliter l’accès à l’OMC des États qui ont actuellement le statut d’observateur, afin de stimuler leurs efforts en faveur d’une croissance économique.

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI, (République islamique d’Iran), a fait part de la détermination de son pays à s’engager de manière constructive en faveur de la mise en œuvre aux niveaux national, régional et international du Programme de développement à l’horizon 2030.  Le comité iranien multisectoriel sur le développement durable, établi en 1992, joue un rôle clef dans l’avancement de notre programme national de développement en cohérence avec ce nouveau programme de développement, a-t-il assuré.

Soulignant les défis climatiques, en particulier une sécheresse prolongée, auxquels la région de l’Asie occidentale est confrontée, il a indiqué que le récent accord relatif au programme nucléaire iranien ouvrait la voie à une coopération régionale et internationale, y compris dans le domaine de la préservation de l’environnement. « Nous sommes désireux de coopérer avec nos voisins en vue de promouvoir un développement régional soutenable par le biais d’une diplomatie  robuste en matière d’environnement», a-t-il dit.  Enfin, le représentant iranien a plaidé en faveur de mesures ambitieuses pour la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030, en ce qui concerne notamment le financement et les transferts de technologie.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a mis l’accent sur le rôle important de la Deuxième Commission dans les discussions sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a rappelé la nécessité, dans le cadre de cette mise en œuvre, de respecter la souveraineté de tous les pays.  Les indicateurs de développement de la région démontrent un retour en arrière, a-t-il regretté, en imputant cette situation à l’extrémisme violent et au terrorisme.  Il a dénoncé les mesures politiques unilatérales et coercitives, prises notamment par les États-Unis et l’Union européenne, pour faire pression sur la Syrie, en précisant que ces mesures entravaient gravement la réalisation des objectifs de développement dans son pays.  Le représentant a ensuite invoqué les résolutions de l’Assemblée générale qui garantissent les droits des peuples sous occupation, en attirant l’attention sur le sort des peuples vivant dans le Territoire palestinien occupé et dans le Golan syrien occupé.  Ces peuples sont contraints, a-t-il dit, de quitter leurs terres.  L’occupation israélienne, s’est-il également plaint, fournit un soutien à plusieurs groupes terroristes de la région.

Mme MADINA KARABAEVA (Kirghizstan) a insisté sur la nécessité pour les bailleurs de fonds de s’acquitter de leur part de responsabilité en matière de financement du développement, y compris par le biais d’un transfert de technologies répondant aux besoins des pays récipiendaires.  Elle a fait remarquer que les pays en développement sans littoral comme le sien étaient confrontés à de nombreux obstacles à la réalisation d’objectifs de développement durable en raison de leur situation géographique.  Elle a appelé la communauté internationale à adopter un accord contraignant sur les changements climatiques à la COP21 à Paris en décembre prochain.  La représentante a noté que le Fonds monétaire international a retiré le Kirghizstan de la liste des PMA, tout en redoutant que des chocs externes et la baisse des prix des hydrocarbures constituent un obstacle de taille pour l’essor économique du pays.

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a estimé qu’avec l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, les Nations Unies devraient procéder à des modifications qui seront entérinées au cours de l’examen quadriennal complet l’année prochaine.  Il a ensuite déclaré qu’en envisageant les moyens de mise en œuvre du nouveau Programme, la communauté internationale devrait mettre en œuvre les recommandations issues de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement d’Addis-Abeba.  Il a notamment prôné la libéralisation du commerce, la promotion des technologies de l’information et des  communications (TIC) et la restructuration de la dette souveraine des États, tout comme la levée des sanctions commerciales unilatérales frappant certains États.  Le représentant a, en outre, déclaré que ce nouveau Programme de développement offrait une chance unique d’allier les aspects économiques et sociaux.  En ce qui concerne les changements climatiques, il a émis le vœu que la Conférence de Paris sur le climat, en décembre prochain, parviendra à adopter un accord universel.  Il a aussi déclaré que le programme de travail de la Deuxième Commission était surchargé, invitant ainsi à un regroupement des thématiques connexes afin de rendre les débats mieux structurés et plus efficaces.

Mme TURK (Liban) a souligné le rôle central des gouvernements dans la mise en œuvre du Programme de développement pour les 15 prochaines années.  L’une des tâches principales de la Deuxième Commission, a-t-elle expliqué, est de trouver les moyens d’intégrer ce nouveau Programme de développement, ainsi que le Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, à l’ordre du jour de la Commission et des projets de résolution qui seront soumis à l’Assemblée générale.  En ce qui concerne les changements climatiques, elle a affirmé que son pays entendait s’engager à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 15% d’ici à 2030 et de 30% si le Liban bénéficie d’un soutien international.  Le Liban a donné la priorité à l’adaptation aux changements climatiques, a-t-elle dit avant de parler des risques d’insécurité hydrique qui menacent son pays.  Invoquant ensuite les conséquences de la crise en Syrie, la représentante a attiré l’attention sur le fardeau que subit le Liban du fait de la forte présence de réfugiés sur le territoire national.  Elle s’est félicitée que le Programme de développement à l’horizon 2030 reconnaisse le problème que posent les personnes déplacées dans le développement d’un pays.  Avant de conclure, elle a indiqué que la marée noire causée par Israël en 2006 continuait à avoir un impact sur la santé humaine et les capacités de développement économique de son pays.

M. GHANIM AL-HUDAIFI AL-KUWARI (Qatar) a souligné que le document final de la troisième Conférence sur le financement du développement constituait la base des efforts du partenariat mondial.  Cela s’ajoute au Consensus de Monterrey et à la Déclaration de Doha sur le financement du développement, a-t-il précisé.  Le Qatar travaille à la réalisation du développement durable, a-t-il assuré, en citant le document « Vision nationale 2030 » qui a pour objectif de réaliser cette transformation.  En ce qui concerne le Cycle de négociations commerciales de Doha, qui avait démarré en 2001, il a regretté la stagnation des négociations qui constitue, selon lui, une menace au système des échanges commerciaux unilatéraux.  Le représentant a, par ailleurs, souhaité que la coopération entre les pays du Sud soit basée sur le respect de la souveraineté nationale.  Il a aussi expliqué que la désertification, la sécheresse et la dégradation des sols exigent des efforts supplémentaires pour assurer la sécurité alimentaire.  À cet égard, il a mentionné une initiative nationale pour lutter contre les terres arides.  Avant d’achever son intervention, il a déploré les pratiques israéliennes qui donnent lieu à des destructions dans les territoires palestiniens occupés.

M. ROHAN PERERA (Sri Lanka) s’est, lui aussi, félicité des étapes significatives que les Nations Unies ont franchies, cette année, avec l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Pour sa délégation, la Deuxième Commission devra s’efforcer de donner suite à ces deux documents essentiels.  Le représentant s’est ensuite enorgueilli des succès obtenus par la Sri Lanka dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), notamment celui concernant l’éradication de la pauvreté.  Son pays a réussi, sept ans avant la date butoir, à réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans l’indigence, a-t-il assuré.  En outre, l’objectif relatif à l’éducation universelle a été quasiment atteint, tandis que les taux de mortalité infantile et maternelle ont décliné, de même que le nombre de cas de paludisme, s’est encore félicité le représentant.  Déterminé à réaliser les objectifs de développement durable, la Sri Lanka entend hiérarchiser ses priorités en fonction de ses objectifs nationaux de développement: lutte contre la pauvreté, sécurité alimentaire, énergie, éducation, inégalités de revenus et développement urbain, a déclaré le représentant.  M. Perera a, avant de conclure, attiré l’attention sur les difficultés rencontrées par les pays à revenu intermédiaire comme le sien, dont l’accès à des prêts à des conditions de faveur et à l’aide publique au développement est limité.

M. Y. HALIT CEVIK (Turquie) a déclaré que le terrorisme et la violence menaçaient le bien-être de la planète, en ajoutant que le fardeau de ces fléaux était le plus souvent subi par les plus démunis.  Il a appelé à une aide accrue de la communauté internationale envers les PMA et les autres groupes de pays en situation particulière.  Il a souligné l’importance de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur du développement des PMA, en rappelant que son pays va accueillir, en juin prochain, la conférence d’examen à mi-parcours dudit programme d’action.  Il a aussi rappelé que son pays est disposé à accueillir la banque de technologies qui est l’une des propositions phares du Programme d’action d’Istanbul.  Le représentant a ensuite réagi à la crise des migrants que connaît le monde en ce moment, en assurant que de meilleures conditions de vie dans les pays d’origine seraient la meilleure panacée pour empêcher aux gens d’aller chercher le bonheur ailleurs.  Il a enfin souligné que la question du développement est au cœur de la présidence turque du G-20.

M. RAFAEL DARIO RAMIREZ CARRENO (Venezuela) a déploré un système international économique injuste qui favorise les exigences des multinationales.  Il a estimé que les ressources naturelles devraient constituer des éléments de souveraineté nationale.  Il a également appelé à revoir les mécanismes d’arbitrages internationaux en cas de litige commercial, en regrettant que ceux qui sont en vigueur ne bénéficient pas aux plus pauvres et aux plus faibles.  C’est pourquoi, il a lancé un appel à l’ONU et à ses organismes spécialisés à agir pour revoir l’architecture du système financier international qui « a été mis en place pour spolier les plus pauvres ».  Il a également plaidé pour le contrôle des activités des « fonds vautours » qui pillent les ressources des pays en développement.  Il a par ailleurs déploré les sanctions économiques unilatérales dont sont victimes certains pays.

M. RUSLAN BULTRIKOV (Kazakhstan) a rappelé qu’avec l’appui de la Banque mondiale, son pays avait réussi à rétablir la partie septentrionale de la mer d’Aral et, avec la coopération active des Nations Unies et la communauté internationale, à restaurer les terres autour du site d’essai nucléaire de Semipalatinsk.  Les pays d’Asie centrale ont aujourd’hui besoin d’une aide pour faire face aux défis environnementaux qui se posent à la région.  Le délégué a également indiqué qu’il partageait les préoccupations des pays qui sont confrontés à des situations particulièrement difficiles pour parvenir à réaliser les objectifs de développement durable, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID), les pays les moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral. 

Leurs efforts doivent être appuyés par des aides financières et l’assistance technique de la communauté internationale afin d’éliminer l’extrême pauvreté et réaliser un développement intégré, inclusif et durable, a-t-il estimé.  Particulièrement préoccupé par la situation des PEID, le Kazakhstan met en œuvre, au titre de la solidarité, conjointement avec la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), un projet pour l’installation de systèmes de biogaz dans neuf PEID de la région du Pacifique.  « Nous devons mettre en œuvre le Programme de Vienne et les Orientations de Samoa pour atteindre les objectifs à l’échelle mondiale au cours des 15 prochaines années », a souligné le représentant.  Concernant l’impact négatif des changements climatiques, le Kazakhstan essaie de réaliser sa transition vers un développement à faible carbone en adoptant des engagements volontaires des émissions de gaz à effet de serre, et en imposant une taxe sur le carbone.

La République de Corée, qui assure la présidence du Conseil économique et social (ECOSOC), va encourager les États  et les acteurs clefs à développer une coopération inclusive en vue de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a assuré son représentant,M. HAHN CHOONGHEE .  Il a aussi rappelé que son pays, qui accueille le Fonds vert pour le climat et l’Institut mondial sur la croissance verte, voulait continuer à soutenir les réponses aux changements climatiques.  La République de Corée entend aussi communiquer son expérience dans les domaines du développement rural et de l’éducation.  Le représentant a mentionné, à cet égard, un mouvement villageois, connu sous le nom de « Saemaul Undong » et fondé sur la coopération des communautés rurales, qui a contribué au développement de son pays et dont l’expérience a été partagée avec d’autres pays en développement.  Il a également mis l’accent sur l’éducation en tant que moteur de développement, avant d’annoncer l’initiative « Better Life for Girls » qui sera lancée l’an prochain par son pays pour améliorer l’éducation dans les pays en développement, et ce, grâce à une contribution de 200 millions de dollars sur les cinq prochaines années.  La République de Corée se concentrera aussi sur la réalisation de l’objectif 16 de développement durable qui vise l’établissement de sociétés justes et responsables, a ajouté M. Hahn.

M. CARLOS DUARTE (Brésil) a déclaré que ce serait utile d’examiner les implications du Programme de développement à l’horizon 2030 sur l’ordre du jour de l’Assemblée générale dans son ensemble. « Nous ne serions pas opposés à des initiatives sur cette question au sein de la Deuxième Commission, mais nous ne pouvons pas et ne devrions pas essayer de limiter l’examen du Programme de développement à l’horizon 2030 au seul ordre du jour de la Deuxième Commission », a averti le représentant. 

Le Brésil attend le rapport sur les étapes importantes pour un suivi cohérent, efficace et inclusif que devrait présenter le Secrétariat, ainsi qu’un examen du rôle que doit jouer le Forum politique de haut niveau.  Nous espérons voir des progrès dans l’élaboration des propositions pour des indicateurs sur les ODD et les cibles par le Groupe d’experts qui constitueront des outils importants pour le suivi et l’examen de la mise en œuvre.  Le Brésil attend également du Secrétariat et du Groupe de travail interinstitutions des Nations Unies sur la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des objectifs de développement durable que des mesures soient prises pour la mise en œuvre effective du Mécanisme de facilitation des technologies qui devraient commencer par la nomination des dix membres du Conseil d’orientation, par la première réunion du Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologue et l’innovation pour la réalisation des objectifs de développement durable, et la création d’une plateforme en ligne.

En outre, le délégué a estimé qu’il faudrait s’abstenir d’influencer ou de préjuger des résultats des négociations en cours dans la préparation de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques. Il a aussi dénoncé le manque de progrès dans les efforts pour la réforme de la gouvernance économique mondiale dont la mise en œuvre de la réforme de la gouvernance et des quotas du Fonds monétaire international.  Il a souligné l’échec de la recherche de consensus sur une décision pour transformer le Comité sur les questions fiscales en un organe intergouvernemental.  L’adoption du programme de développement durable sur la base d’un processus transparent, inclusif, et consultatif dans lequel la société civile a joué un rôle crucial, est une réalisation sans précédent qui devrait faire de l’ONU une organisation plus inclusive et démocratique, a déclaré le délégué avant de conclure.

M. GEIR PEDERSEN (Norvège), rappelant le caractère universel des Objectifs de développement durable, a assuré que la Norvège jouerait son rôle pour les réaliser et pour appliquer le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  À cette fin, il faudrait assurer une croissance économique durable et renforcer les ressources nationales, ce qui implique une collecte efficace des impôts, a-t-il dit.  Le représentant a ensuite présenté les éléments qu’il juge essentiels pour la réalisation du développement durable: continuer à appuyer les PMA et les pays à faible revenu ; appuyer les pays politiquement fragiles et résoudre les tensions; apporter une aide de haute qualité aux pays à revenus moyens; et se concentrer sur les résultats, l’efficacité et sur l’harmonisation des pratiques des affaires et des partenariats.  L’ONU devrait aussi renforcer son soutien à la coopération Sud-Sud et à la coopération  triangulaire, a-t-il estimé.  Quelle est la valeur ajoutée de la Deuxième  Commission ? a-t-il enfin demandé, tout  en souhaitant qu’il faudrait prévenir des chevauchements avec les travaux des autres commissions.  Avant de conclure, il a appelé la Deuxième Commission à apporter une contribution constructive à la mise en œuvre de « ces évènements historiques ».

M. U HAU DO SUAN (Myanmar) a plaidé pour une approche intégrée pour la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable, « afin que personne ne soit laissée sur le bord de la route du développement durable ».  Il a souligné l’importance d’adopter, lors de la prochaine session de la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris en décembre prochain, un accord sur le climat qui tienne compte du principe de la responsabilité commune mais différenciée.  Il a ensuite invité les pays développés à respecter leurs engagements en matière d’assistance au développement, notamment à travers l’APD.  Il s’est en outre félicité des mutations structurelles de l’économie du Myanmar, en se disant convaincu que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui a été adopté il y a quelques jours par les dirigeants du monde, fera du Myanmar un pays à revenu intermédiaire à cette échéance.  Il a appelé par ailleurs au renforcement de la solidarité internationale vis-à-vis du Myanmar après les intempéries qui ont frappé le pays, ces derniers mois.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a affirmé que le Programme de développement à l’horizon 2030 devrait être ancré dans les principes de Rio, en particulier le principe de responsabilité commune mais différentiée qui, pour l’Algérie, constitue la clef de voûte des efforts de développement durable.  Il a déclaré que le Forum politique de haut niveau, sous les auspices du Conseil économique et social, jouerait un rôle déterminant dans la bonne mise en œuvre du Programme de développement et du Programme d’action d’Addis-Abeba.

« La résilience de l’Afrique peut et doit être renforcée », a-t-il dit, en estimant que la communauté internationale avait un rôle important à jouer à cette fin.  C’est pourquoi, il a appelé cette dernière à appuyer résolument l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Convaincu que des processus efficaces de restructuration de la dette étaient essentiels pour promouvoir le développement durable et éradiquer la pauvreté, M. Boukadoum a salué l’adoption par l’Assemblée générale, le mois dernier, de principes de base relatifs à de tels processus.  Enfin, le représentant de l’Algérie a estimé que la coopération Sud-Sud ne pouvait venir qu’en complément des coopérations Nord-Sud et triangulaire, qui restent la pierre de touche de partenariats solides pour le développement durable.

M. RICHARD NDUHUURA (Ouganda) a souligné le rôle que l’ECOSOC était appelé à jouer dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 à travers, notamment, le Forum pour la coopération en matière de développement dont l’Ouganda accueillera la réunion de haut niveau du 4 au 6 novembre à Kampala.  Il a espéré que les représentants des bailleurs de fonds, partenaires du Sud, société civile, secteur privé et organisations philanthropiques, organisations internationales, élus et gouvernements locaux devraient participer à ce symposium qui permettra de mettre « tous les sujets sur la table ».  Il est nécessaire, a-t-il souligné, de dégager un consensus sur plusieurs points essentiels, comme le calendrier de mise en œuvre des objectifs, la réforme du système financier international, l’élimination de la dette, les flux financiers illicites, la coopération fiscale, les changements climatiques et les questions de paix et de sécurité.  Faute de quoi, a-t-il prévenu, il sera « difficile » de réaliser les objectifs prévus « sans oublier personne ».

Mme NINO SHEKRILADZE (Géorgie) a estimé que la mondialisation galopante et l’interdépendance exigeaient plus que jamais une coopération interétatique.  Elle a rappelé qu’au cours du Sommet de l’ONU, qui s’est tenu en septembre dernier, le Premier Ministre géorgien avait réaffirmé que son pays était disposé à faire sa propre contribution aux niveaux national, régional et mondial.  Mme Shekriladze a ensuite parlé du « Forum de la route de la soie de Tbilissi », une initiative qui sera lancée ce mois-ci par son Premier Ministre.  Elle consistera à créer « une plateforme pour une réunion annuelle de haut niveau pour tous les États et les organisations internationales intéressées afin d’explorer les opportunités et d’aligner et de renforcer les partenariats dans les domaines des transports, de l’énergie, du commerce et des contacts entre entreprises », a expliqué le représentant.  Par ailleurs, la Géorgie est fermement engagée dans le processus préparatoire de la Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, a-t-elle indiqué.  La déléguée a estimé qu’il était nécessaire d’adopter à Paris un instrument international juridiquement contraignant les États à maintenir la hausse des températures en dessous de 2 degrés Celsius.

Mme Naeem (Maldives) a estimé que les PEID devraient être perçus comme étant dans une situation particulière de vulnérabilité.  Elle a expliqué, par exemple, que les Maldives sont constituées de près de 200 îles, et compte tenu du fait que ces îles sont éloignées les unes des autres, il serait nécessaire que chacune d’elles soit pourvue d’un centre hospitalier et de structures éducatives adéquates.  Elle a regretté que cette option de développement ne soit pour l’instant qu’un vœu pieu, étant donné les contraintes économiques auxquelles le pays fait face.  Comme son pays soit classé dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, il ne bénéficie pas de l’assistance financière internationale dont il a pourtant vraiment besoin pour combler son retard dans le domaine des infrastructures, a-t-elle regretté.  La représentante a aussi rappelé que la méthode de calcul qui établit le classement du niveau de développement des pays, à savoir le PIB par habitant, n’est pas adéquate, car elle ne tient pas compte d’autres facteurs de vulnérabilité comme ceux inhérents aux PEID.

Elle a, en outre, salué le fait que le nouveau Programme de développement tienne compte de la conservation durable des océans, un aspect qu’elle a considéré comme étant de première importance pour les « pays à l’économie bleue », qui est basée sur les ressources océaniques et marines, comme celles des Maldives.  Elle a aussi appelé à un accord ambitieux et juridiquement contraignant à la COP21, qui se tiendra à Paris en décembre prochain, afin de lutter efficacement contre les changements climatiques.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a estimé que la formulation du Programme de développement à l’horizon 2030 renforçait le rôle central des Nations Unies, sous réserve d’une mise en œuvre et d’un suivi rigoureux.  Un « partenariat mondial revitalisé » doté de moyens conséquents sera fondamental pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-elle prévenu.  Si elle a reconnu qu’un tel partenariat ne devait pas se limiter à l’aide publique au développement, la représentante n’en a pas moins demandé aux pays développés de s’acquitter de leurs engagements dans les délais impartis.  Mme Lodhi a regretté que Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement ait échoué à garantir une mobilisation des ressources suffisantes et à créer un environnement économique international propice à la mise en œuvre du nouveau Programme de développement.  « La marginalisation du rôle vital que joue le commerce dans le développement est une source de préoccupation », a-t-elle ajouté, en soulignant que les raisons de l’impasse dans les négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) devraient être surmontées.  Plaidant pour une hausse de l’investissement direct étranger, la déléguée a ensuite expliqué que les États devraient se doter de politiques et de programmes qui permettent au secteur privé de dépasser les « perspectives à court terme » et l’« aversion pour les risques » afin de s’engager dans un partenariat public-privé pour appuyer les efforts de développement.

M. RICHARD ERDMAN (États-Unis) a rappelé le scepticisme qui régnait encore il y a six mois concernant l’adoption d’un programme de développement pour l’après-2015, avant de souligner les efforts inlassables et l’esprit de compromis qui ont permis d’aboutir à de bons résultats.  Il a identifié deux défis pour la Deuxième Commission, le premier étant de préserver l’esprit positif qui a présidé à l’adoption du programme afin de surmonter les tensions qui avaient marqué la session de l’an dernier.  Le deuxième est de montrer que la Deuxième Commission est une instance dynamique, en évitant de réduire à néant les compromis que nous avons atteints, a-t-il dit.  La clef du succès, a-t-il prévenu, est de communiquer tôt et de manière régulière, plutôt que de laisser la méfiance s’installer.  Le représentant a aussi recommandé d’éviter les sujets polémiques.  Il ne reste pas assez de temps pour modifier les méthodes de travail de la Deuxième Commission cette année, mais nous attendons des discussions intéressantes sur cette question, a-t-il indiqué.  Il a aussi souligné l’importance de l’intégration de la réponse aux changements climatiques aux efforts de développement.  Le délégué des États-Unis a cité le mécanisme de facilitation des technologies comme exemple de ce qui peut être réalisé avec un bon esprit de coordination.  Les États-Unis, a-t-il assuré, restent fermement résolus  que les institutions qui ont passé des années à accumuler les compétences nécessaires pour parvenir à ces résultats ne seront pas affaiblies.  Avant de conclure, il a insisté sur la nécessité d’accorder une attention accrue aux pays particulièrement vulnérables.  

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