Le Comité de la décolonisation entame sa reprise de session de juin 2015 consacrée à la Nouvelle-Calédonie, à Porto Rico, à Gibraltar et au Sahara occidental
Le Comité spécial chargé d’étudier la situation en ce qui concerne l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (ou Comité spécial des 24), a ouvert, ce matin au Siège des Nations Unies à New York, sa reprise de session de l’année 2015 en adoptant trois projets de résolution, dont l’ordre du jour des travaux* stipulant que le Comité se penchera cette année sur la situation de 4 des 17 territoires non autonomes inscrits sur sa liste, à savoir: la Nouvelle-Calédonie, Porto-Rico, Gibraltar, et le Sahara occidental.
Le Comité a entendu au cours de cette séance de travail de francs échanges entre la représentante de l’Algérie et le représentant du Maroc, ce dernier estimant que la délégation de l’Algérie, en tant que délégation observatrice, n’aurait pas dû être autorisée à parler de la situation du Sahara occidental, qui n’était pas inscrite à l’ordre du jour des travaux aujourd’hui. Il a invité la déléguée de l’Algérie à se référer aux décisions du Conseil de sécurité datant de l’année 2004 et de l’année 2007 sur la question du Sahara « qui touchaient à l’intégrité territoriale du Maroc ».
Comme lors de la reprise de session des travaux du Comité spécial l’an dernier, le Ministre principal de Gibraltar a, de son côté, regretté la persistance d’un « silence assourdissant du Comité » en ce qui concerne l’adoption, en 2006 à Gibraltar, d’une « constitution » conférant un statut d’autonomie à ce territoire. Il a regretté ce qu’il a estimé être un « parti pris du Comité en faveur du Royaume d’Espagne », tout en insistant que les représentants de Gibraltar « refusaient la création d’un processus quadripartite et souhaitaient s’en tenir à la tenue d’un dialogue tripartite sur la situation du territoire. Réagissant à ce propos, le Président du Comité, M. Xavier Lasso Mendoza, de l’Équateur, a indiqué qu’il était ouvert à tout dialogue avec toutes les parties.
En adoptant un projet de résolution relatif aux territoires non autonomes**, communiqué en application de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies, le Comité a notamment prié les puissances administrantes de continuer de communiquer régulièrement au Secrétaire général des renseignements statistiques et autres de nature technique relatifs à la situation économique et sociale et à l’éducation dans les territoires dont elles sont respectivement responsables.
Par le projet de résolution relatif à la diffusion d’informations sur la décolonisation*** adopté sans vote, le Comité prie notamment le Département des affaires politiques et le Département de l’information (DPI) de continuer d’utiliser tous les moyens d’information disponibles –publications, radio, télévision et Internet- pour faire connaître l’action de l’Organisation des Nations Unies dans le domaine de la décolonisation.
Dans le cadre de ce projet de ce point, le Comité a entendu des interventions de M. Janos Tisovszky, Chef du Service des centres d’information au Département de l’information des Nations Unies (DPI), sur la place de la décolonisation dans les activités du Département entre avril 2014 et mars 2015. Mme Josiane Ambiehl, Chef de l’Unité de la décolonisation au Département des affaires politiques, a informé les délégations de la contribution de son Unité, qui a été active en termes de dissémination de l’information sur la décolonisation entre juin 2014 et mai 2015, conformément à la résolution 69/106 du 5 décembre 2014 de l’Assemblée générale. Illustrant son propos et les efforts de l’Unité de décolonisation, elle a présenté un diaporama des pages du site Internet couvrant les différents événements du Séminaire régional des Caraïbes qui s’est tenu cette année au Nicaragua, du 19 au 21 mai 2015.
Au nom de la transparence, le représentant de Cuba a jugé fondamental que les réunions du Comité soient retransmises en direct dans les six langues officielles de l’ONU. Rappelant l’adage « la connaissance c’est le pouvoir », le représentant de la Sierra Leone a, pour sa part, jugé important qu’au niveau national les différents médias puissent travailler avec le DPI dans le souci de mieux relayer les activités du Comité spécial au niveau national.
Le Comité n’a pas été par contre en mesure d’adopter un projet de résolution relatif à la « Question de l’envoi de missions dans les territoires**** », dans l’attente de précisions sollicitées par les délégations de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et de l’Iran.
Le Comité a décidé de fixer à mercredi, le 17 juin à midi, la date butoir à laquelle il pourra recevoir et traiter les demandes des pétitionnaires portant sur cette question.
La prochaine réunion du « Comité de la décolonisation » se tiendra lundi, le 22 juin 2015, à 10 heures, et sera consacrée à l’examen de la décision du Comité en date du 23 juin 2014, qui concerne l’audience à accorder aux pétitionnaires de Porto Rico. Le Comité tiendra des consultations officieuses, de 15 heures à 16 h 30, le mardi 16 et le mercredi 17 juin 2015, en salle de conférence 6.
* A/AC.109/2015/L.2
** A/AC.109/2015/L.3
*** A/AC.109/2015/L.4
**** A/AC.109/2015/L.5
Renseignements relatifs aux territoires non autonomes communiqués en application de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte des Nations Unies A/AC.109/2015/L.3 et A/70/67)
À l’instar des années précédentes, le Comité a décidé de réaffirmer qu’en l’absence d’une décision de l’Assemblée générale elle-même établissant qu’un territoire non autonome s’administre complètement lui-même au sens du Chapitre XI de la Charte des Nations Unies, la puissance administrante concernée doit continuer de communiquer des renseignements au sujet de ce territoire en vertu de l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte;
Par le texte publié sous la cote A/AC.109/2015/L.3, adopté sans vote, le Comité prie les puissances administrantes concernées de continuer de communiquer régulièrement au Secrétaire général des renseignements statistiques et autres de nature technique relatifs à la situation économique et sociale et à l’éducation dans les territoires dont elles sont respectivement responsables, ainsi que des renseignements aussi complets que possible sur l’évolution politique et constitutionnelle des territoires en question, notamment sur la constitution, la loi ou le décret régissant le gouvernement du territoire et les relations constitutionnelles entre celui-ci et la puissance administrante, dans les six mois suivant l’expiration de l’exercice administratif dans ces territoires.
Par ce texte, le Comité prie aussi le Secrétaire général de continuer à veiller à ce que les renseignements voulus soient tirés de toutes les publications disponibles au moment où sont rédigés les documents de travail sur les territoires concernés.
Question de la diffusion d’informations sur la décolonisation (A/AC.109/2015/18 et A/AC.109/2015/L.4)
M. JANOS TISOVSZKY, Chef du Service des centres d’information au Département de l’information des Nations Unies (DPI), a fait le point sur la place de la décolonisation dans les activités du Département. « Entre avril 2014 et mars 2015, le Département a publié 35 communiqués de presse en anglais et en français sur la décolonisation », a-t-il dit, avant d’ajouter que les histoires publiées par le Centre des nouvelles relatives à la décolonisation avaient été reprises par plusieurs médias sur Internet, ainsi que par des ONG à travers le monde. Il a dit que le DPI continuait de mettre à jour et d’alimenter le site Nations Unies et Décolonisation dans les six langues officielles, précisant que plus de 290 000 pages de ce site avaient été consultées par le public au cours de période considérée. M. Tisovszky a indiqué que 32 vidéos de réunions et de conférences de presse relatives à la décolonisation avaient été mises en ligne sur le site Webcast de l’ONU. « La Bibliothèque Dag Hammarskjöld continue de mettre en ligne un nombre important de documents de l’ONU ayant trait à cette question », a-t-il ajouté, précisant que la Bibliothèque se penchait en ce moment sur les rapports de la Quatrième Commission datant du début des années 1950. En conclusion, il a dit que le DPI continuait de souligner dans ses activités la nécessité d’une pleine et immédiate mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur la décolonisation.
Au nom de la transparence, le représentant de Cuba a jugé fondamental que les réunions du Comité soient retransmises en direct dans les six langues officielles de l’ONU. Rappelant l’adage « la connaissance c’est le pouvoir », le représentant de la Sierra Leone a jugé important qu’au niveau national les différents médias puissent travailler avec le DPI dans le souci de mieux relayer les activités du Comité spécial au niveau national.
Réagissant à cette intervention, M. Tisovszky, Chef du Service des centres d’informations des Nations Unies, a précisé que le Département de l’Information comprenait 63 centres d’informations qui couvrent plus de 140 pays. Il a estimé que le soixante-dixième anniversaire de la création de l’ONU est une occasion à saisir pour promouvoir encore plus le travail du Comité spécial.
La représentante de l’Algérie a salué l’objectif qui a été arrêté de parvenir à la pleine décolonisation de tous les territoires autonomes tout en se disant inquiète du manque de progrès que l’on observe dans la conduite du processus de décolonisation. Vivement préoccupée de la manière dont est gérée la question du Sahara occidental, qui est à l’ordre du jour de ce Comité de longue date, la représentante de l’Algérie a notamment déploré que le rapport portant sur la visite effectuée par le Comité dans ce territoire non autonome en 1975 ne figure pas sur le site du Comité.
Dans une motion d’ordre, le représentant du Maroc a estimé que la délégation de l’Algérie, en sa qualité de pays observateur du Comité spécial n’aurait pas dû être autorisée à parler de la question du Sahara occidental qui n’est pas à l’ordre du jour des travaux aujourd’hui. Le délégué du Maroc a regretté les « gesticulations » de la déléguée de l’Algérie en ajoutant que l’Algérie était la partie principale derrière le différend relatif au Sahara occidental. Il a indiqué que le Sahara était pour le peuple marocain une question de souveraineté et d’intégrité territoriale. Il a ensuite vivement critiqué l’attitude hostile et les desseins hégémoniques de l’Algérie en Afrique du Nord, lesquels vont, selon lui, à l’encontre des aspirations des populations de cette région. « À moins que l’Algérie n’assume ses responsabilités, il ne peut y voir de solution », a-t-il dit. Il a ensuite rappelé que le 2 novembre 2001 à Houston, l’Algérie avait proposé à l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. James Baker, la partition du Sahara. « Une proposition rejetée par le Maroc », a-t-il déclaré, avant de souligner que la proposition du Maroc relative à l’autonomie du Sahara était une base satisfaisante afin de régler cette question.
Le délégué du Chili a fait remarquer que la mention du terme « Sahara occidental » dans le libellé des résolutions emportait un sens différent que celui de « Sahara marocain ».
Mme Josiane AMBIEHL, Chef de l’Unité de la décolonisation au Département des affaires politiques, a informé les délégations de la contribution de son Unité, qui a été active en termes de dissémination de l’information sur la décolonisation entre juin 2014 et mai 2015, conformément à la résolution 69/106 du 5 décembre 2014 de l’Assemblée générale. Elle a précisé qu’au cours de la période examinée, l’Unité de la décolonisation du Département des affaires politiques a continué de travailler avec le DPI pour que le site Internet consacré à cette question soit mis à jour régulièrement. Elle a souligné que tous les documents de travail publiés en 2015 ont été mis en ligne immédiatement après leur publication. Elle a précisé que l’Unité de la décolonisation doit appuyer l’organisation et la tenue des séminaires régionaux organisés alternativement dans les Caraïbes et le Pacifique.
Mme Ambiehl a indiqué qu’en 2015 le séminaire régional tenu à Managua, au Nicaragua, du 19 au 21 mai, a permis un échange de vues entre les membres du Comité spécial, les représentants des territoires non autonomes, des puissances administrantes, les États intéressés, la société civile et des experts et représentants des fonds et programmes de l’ONU. Comme cela a été le cas en 2014, lors du séminaire régional tenu à Fidji, un attaché de presse du DPI envoyé depuis New York a couvert la réunion et produit des communiqués de presse qui ont été diffusés à l’attention d’une audience mondiale via le site Internet de l’ONU, a précisé le Chef de l’Unité de la décolonisation. Elle a précisé que le Département des affaires politiques a veillé à ce que toutes les déclarations des intervenants et les communiqués de presse soient disponibles sur le site Internet.
Mme Ambiehl a aussi cité les efforts visant à maintenir une liste de contacts comprenant des experts, des professeurs d’université et des représentants d’ONG afin d’élargir le réseau et de faciliter les échanges formels et formels sur la question. Elle a renouvelé l’engagement pris par son Unité de travailler en collaboration avec toutes les parties concernées pour faire connaître le travail de l’ONU dans le domaine de la décolonisation. Elle a conclu son intervention en montrant un diaporama illustrant les efforts d’information déployés par le Département de l’information (DPI) sur les activités de décolonisation et notamment le récent séminaire régional tenu au Nicaragua. Elle a indiqué que le site Internet de la décolonisation était actuellement suivi non seulement par 119 000 internautes, mais aussi par le public sur Tumbler et Tweeter.
Les représentants du Nicaragua, de la Sierra Leone, de Cuba, de l’Iran et de la Syrie ont remercié la responsable de l’Unité de la décolonisation pour l’exposé et le travail réalisés et ont exprimé leur appréciation envers le nouveau site Web intitulé « Les Nations Unies et la décolonisation », dont ils ont aussi souligné l’importance. Le représentant du Chili a tenu à saluer le « travail formidable » accompli par le Département des affaires politiques et le Gouvernement du Nicaragua qui ont permis la tenue d’un séminaire exemplaire.
Tout en saluant le travail de l’Unité de la décolonisation du Département des affaires politiques, la représentante de l’Algérie a regretté que le site de l’Unité ne comprenne pas un lien avec la résolution 1514 du Conseil de sécurité. Elle a aussi suggéré la mise en place d’une page spécifique pour chacun des 17 territoires non autonomes.
Réagissant à cette intervention, le représentant du Maroc a regretté une nouvelle fois que la délégation de l’Algérie ait à nouveau fait référence à la question du Sahara occidental, alors qu’elle s’était engagée à ne pas le faire. Il a indiqué que le Conseil de sécurité appelait depuis 2004 à un règlement négocié et depuis 2007 à « privilégier une solution d’autonomie marocaine ».
Adoption de la résolution A/AC.109/2015/L.4
Le Comité a aussi prié, ce matin, le Département de l’information (DPI) de continuer de mettre à jour les informations affichées sur le site Web concernant les programmes d’aide destinés aux territoires non autonomes.
Par ce texte, adopté sans vote, le Comité spécial prie également le Département des affaires politiques et le DPI de mettre en œuvre ses recommandations.
Il prie aussi ces deux départements de continuer à prendre les mesures voulues en utilisant tous les moyens d’information disponibles –publications, radio, télévision et Internet– pour faire connaître l’action de l’Organisation dans le domaine de la décolonisation et, notamment: a) D’élaborer des procédures pour rassembler, préparer et diffuser, en particulier à destination des territoires non autonomes, de la documentation de base sur les questions relatives à l’autodétermination des peuples de ces territoires; b) De chercher à s’assurer le plein concours des puissances administrantes pour les tâches mentionnées ci-dessus; D’étudier plus avant l’idée de créer un programme de collaboration avec les points de contact des gouvernements des territoires pour les questions de décolonisation, notamment dans le Pacifique et les Caraïbes, de façon à améliorer l’échange d’informations; d) D’encourager les organisations non gouvernementales à participer à la diffusion d’informations sur la décolonisation; e) D’encourager les territoires non autonomes à participer à la diffusion d’informations sur la décolonisation; f) De rendre compte au Comité spécial des mesures prises en application de la présente résolution.
Enfin, le comité spécial par ce texte prie aussi tous les États, y compris les puissances administrantes, d’accélérer la diffusion des informations visées au paragraphe 2 de la présente résolution.
Question de l’envoi de missions dans les territoires (A/AC.109/2015/L.5)
Le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a demandé des précisions sur le projet de résolution en discussion. « Pourquoi n’est-il pas fait mention de ce qui a été dit lors du séminaire de Managua au Nicaragua à propos des visites du Comité? » a-t-il demandé. Après une réponse du Secrétariat, jugée « insatisfaisante » par le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, et une demande de précisions de la part du représentant de la République islamique d’Iran, le Président du Comité des 24 a indiqué que le Comité allait reporter à une date ultérieure l’examen du projet de résolution L.5.
La représentante de l’Algérie a souhaité exprimer la position de son pays sur les missions de visites du Comité dans les territoires non autonomes. Notre Comité devrait redoubler d’efforts pour parachever le processus de décolonisation, a-t-elle dit, avant de souligner l’utilité que présentent les visites du Comité dans les territoires non autonomes. « Quarante ans se sont écoulés depuis la dernière visite au Sahara occidental », a-t-elle rappelé, avant de demander qu’une visite soit organisée dans ce territoire non autonome, ce qui permettrait de répondre à un besoin pressant, au vu de la situation qui y règne.
Le représentant du Maroc s’est dit étonné que « la question du Sahara marocain » ait été une nouvelle fois mentionnée par son homologue de l’Algérie. Le Secrétaire général présente deux fois par an devant le Conseil de sécurité un rapport sur la situation au Sahara, a-t-il indiqué, rappelant que l’Assemblée générale, « également pleinement informée de la situation, adoptait une résolution annuelle sur le Sahara ». Il a indiqué que son pays n’était pas en faveur de la proposition faite pour que le Comité effectue une visite au Sahara, une visite qui serait « contreproductive » et dont il a indiqué qu’elle était instrumentalisée par l’Algérie. Ceux qui appuient une telle visite nuisent en réalité aux efforts de paix, a-t-il déclaré.
Question de Gibraltar (A/AC.109/2015/13)
M. FABIAN PICARDO, Ministre principal de Gibraltar, a indiqué que Gibraltar commémorait cette année le soixante-quinzième anniversaire de l’évacuation de la population de Gibraltar vers Londres, l’Irlande et Madeira en raison de la Seconde Guerre mondiale. Il a indiqué que cette expérience a renforcé la cohésion et la conscience identitaire des habitants de Gibraltar. Il s’est étonné du « silence assourdissant » du Comité à l’égard de l’adoption de la Constitution de 2006, « qui précise le niveau d’autonomie atteint par Gibraltar ». Il a exigé que les conclusions du Comité spécial soient amendées en ce qui concerne Gibraltar pour préciser que Gibraltar ne demande pas la création d’un processus quadrilatéral, mais que le territoire reste attaché aux formes trilatérales du dialogue. Il a estimé que le Comité spécial privilégiait la position de la partie que représente le Royaume d’Espagne dans la recherche d’une solution à la question de Gibraltar.
Il s’est dit étonné que le rapport de la Commission des affaires étrangères du Parlement espagnol évoque une réunion privée qui aurait eu lieu entre le Secrétaire espagnol aux affaires étrangères, M. Ignacio Ybanez, et le Comité spécial. « Pourquoi avez-vous tenu une réunion privée avec M. Ybanez au sujet de notre territoire? » a lancé le représentant de Gibraltar au Président du Comité spécial avant de s’inquiéter de ce qu’il a estimé être « une volonté de l’Espagne de recoloniser Gibraltar ». Il a rappelé que le paragraphe 4 de la résolution 69/107 de l’Assemblée générale réaffirme l’appui aux aspirations des peuples vivant sous occupation coloniale d’exercer leur droit à l’autodétermination. Il a invité le Comité spécial à organiser une visite de travail à Gibraltar afin de s’enquérir de la situation sur place. Le représentant de Gibraltar a dit qu’il offrait au Président du Comité spécial un billet « Première classe de la British Airways » pour qu’il puisse se rendre à Gibraltar dès le 8 septembre 2015 afin de participer, le 10 septembre, à la célébration de la Journée nationale de Gibraltar, qui marque l’anniversaire du référendum d’autodétermination.
Répondant à cette intervention, le Président du Comité spécial, M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur), a indiqué que la réunion mentionnée, que le Comité a eue avec M. Ybanez, a été organisée au vu et su de tous et que cette réunion n’avait rien de privé ou de secret. Il a insisté qu’il se tenait à la disposition de toutes les parties et était prêt à recevoir le représentant de Gibraltar à la Mission de l’Équateur, mais qu’il n’accepterait pas le billet d’avion qui venait de lui être offert de manière discutable.
Le représentant de l’Espagne s’est tout d’abord plaint énergiquement de la manière « irrespectueuse » dont l’intervenant précédent a parlé du représentant du Ministère des affaires étrangères de l’Espagne. Puis, il a affirmé que dans certains cas de « colonialisme par consentement », ce sont les habitants d’un territoire eux-mêmes, qui en accord avec la puissance coloniale et voyant leur stabilité économique garantie, abandonnent leur indépendance politique. « Cela est absolument inacceptable », a-t-il dit. Il a indiqué que cet état de fait est d’autant plus problématique que ces habitants essaient de maintenir le statu quo, aux dépens des droits légitimes d’un autre État et des premiers habitants de la colonie concernée.
Il a ensuite retracé l’histoire de Gibraltar et a déclaré que le Gouvernement de l’Espagne n’accepterait jamais que la situation actuelle, marquée par la violation des droits légitimes de l’Espagne découlant du Traité d’Utrecht et de la doctrine des Nations Unies, perdure. « L’Espagne insiste sur le fait que toute solution doit prévoir une restitution du territoire qui est le sien », a-t-il dit, ajoutant que le Royaume-Uni, en violation du droit international, occupait illégalement des zones placées sous souveraineté espagnole. Il a ensuite appelé de ses vœux la reprise d’un dialogue bilatéral entre son pays et le Royaume-Uni, se déclarant certain que les deux pays trouveront des solutions créatives afin de régler leurs différends.
Il a ensuite affirmé que l’attitude irresponsable des autorités locales de Gibraltar, avalisée par la Puissance administrante, avait conduit à plusieurs difficultés, en particulier dans le secteur de la pêche. Il a notamment critiqué le dépôt de 70 blocs de béton dans la baie d’Algésiras, dans des eaux placées sous souveraineté espagnole. Le représentant a également dénoncé le maintien d’un système fiscal opaque et discriminatoire dans la colonie de Gibraltar, ainsi que la contrebande de cigarettes. En conclusion, il a exhorté le Comité spécial à s’opposer à ce que des territoires qui n’ont pas été décolonisés conformément aux critères du Comité des 24, soient retirés de la liste des territoires non autonomes.
M. RICHARD BUTTIGIEG, pétitionnaire de Gibraltar, s’est dit révolté et incrédule devant le fait que Gibraltar doive encore demander son retrait de la liste des territoires non autonomes des Nations Unies. Notant que le Comité refuse d’accéder à cette demande, il a indiqué que Gibraltar n’avait qu’une « confiance très limitée » en ce Comité. « Ce qui reste de notre confiance, cependant, nous laisse espérer que votre silence ne vise pas à apaiser une tierce partie, aux velléités irrédentistes et anachroniques », a-t-il dit. Il a ensuite exhorté le Comité à se rendre à Gibraltar, en ajoutant que cette visite convaincrait ses membres que la situation du territoire ne saurait être réglée bilatéralement par l’Espagne et le Royaume-Uni. « Le fait qu’une telle visite ne se soit pas encore produite laisse croire au peuple de Gibraltar que les Nations Unies n’assument pas leurs responsabilités », a estimé le pétitionnaire. Il a ensuite critiqué « l’hypocrisie de l’Espagne » lorsque ce pays dénie aux habitants de Gibraltar « la qualité de peuple » ou quand il défend « la prévalence des principes d’intégrité territoriale sur les droits du peuple ». Il a qualifié cette position « d’archaïque et d’antidémocratique », avant d’indiquer que le moment était venu de retirer Gibraltar de la liste des territoires non autonomes. Il a en outre critiqué les délais d’attente injustifiés imposés aux voyageurs à la frontière entre Gibraltar et l’Espagne.
« Nous ne sommes pas sécessionnistes », a-t-il affirmé, avant d’indiquer que « tout ce que le peuple de Gibraltar demande c’est de pouvoir décider de son avenir par lui-même ». « Nous avons finalement noué un partenariat avec le Royaume-Uni basé sur le respect et la reconnaissance de notre droit à décider de notre avenir, qui est par nature non colonial », a dit le pétitionnaire.
Questions diverses
Au titre des questions diverses, le Président du Comité spécial a rendu compte de la tenue de réunions avec les représentants des États-Unis le 10 mars portant sur la décolonisation de trois territoires non autonomes placés sous la responsabilité de leur pays, à savoir Samoa, Guam et les Îles Vierges des États-Unis. Le Bureau a d’autre part soulevé la question de Porto Rico et a insisté qu’il est nécessaire que le Gouvernement des États-Unis libère Oscar López Rivera, considéré par les Portoricains comme un prisonnier politique détenu depuis plus de 30 ans. Le Président du Comité a aussi parlé de la mission du Comité qui s’est rendue en Nouvelle-Calédonie en mars 2014, et dont les conclusions ont été adoptées par l’Assemblée générale dans sa résolution 69/102. Il a indiqué que le Secrétaire général a encouragé le Comité à trouver de nouvelles solutions pour favoriser la décolonisation des 17 territoires non autonomes, avant de préciser qu’il espérait sous peu se faire l’écho de nouveaux progrès, s’agissant de la situation en Nouvelle-Calédonie.