En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session
5e séance – matin
AG/AB/4167

Cinquième Commission: Pour l’Administration de l’ONU, « devenir plus efficace et plus rentable n’est plus une option mais une nécessité », rappelle la délégation américaine

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a examiné aujourd’hui les rapports d’audit du Comité des commissaires aux comptes (CCC) sur les activités de 19 entités de l’ONU.  « Devenir plus efficace et plus rentable n’est plus une option mais une nécessité », a martelé le représentant des États-Unis, résumant le sentiment général.

Le CCC, dont les rapports ont été présentés par le Président de ses opérations d’audit*, M. Salhina Mkumba, a examiné notamment les opérations et activités financières du Siège, à New York, des bureaux et offices de Genève, Vienne et Nairobi, des bureaux de pays, des projets et d’autres entités, dont les opérations de maintien de la paix.  Dans ses conclusions générales, le CCC dit que l’« Administration » de l’ONU exécute simultanément de grands projets de transformation et de modernisation opérationnelles, mais que le rythme des améliorations a été lent et les progrès accomplis dans la modification de modes de fonctionnement ancrés dans les habitudes ont été modestes.

En dépit du fait qu’un dispositif de prestation de services centralisée doit être soumis à l’examen de l’Assemblée générale, le Secrétariat de l’ONU n’a pas encore clairement déterminé comment il entend s’organiser pour mieux exécuter les mandats qui lui seront confiés.  Les projets de transformation ont des objectifs extrêmement ambitieux et une portée très vaste et, si des progrès appréciables ont été faits dans quelques domaines, tels que l’application des Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS), certains signes indiquent que leur mise en oeuvre simultanée commence à peser lourdement sur la capacité de l’Organisation à réaliser des avancées notables dans d’autres domaines.  Par exemple, il reste beaucoup à faire pour intégrer pleinement la gestion du risque institutionnel à tous les niveaux et mettre en place un dispositif efficace de lutte contre la fraude pour tous ses rouages, tranche le CCC.

Aujourd’hui, le Président du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) **, M. Carlos Ruiz Massieu, a précisé que 16 entités se sont dotées de politiques de lutte contre la fraude, mais que 13 autres, parmi lesquelles l’UNRWA, ONU-Habitat et le Siège de l’ONU n’ont ni stratégie efficace ni mécanisme de suivi et de communication d’informations.  Elles n’ont affecté aucune ressource et n’ont pas non plus renforcé leurs capacités d’enquête.  Estimant que des entités mondiales comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) présentent de hauts risques de fraudes, il a exhorté les organismes à mettre en place des plans de réaction.  M. Massieu a attiré l’attention sur l’exemple du Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS). 

« Devenir plus efficace et plus rentable n’est plus une option mais une nécessité », a martelé le représentant des États-Unis qui a aussi regretté que l’ONU ne prenne pas les mesures nécessaires pour optimiser les avantages de l’IPSAS, du progiciel de gestion intégrée « Umoja » et d’autres systèmes pour en faire des services stratégiques et moderniser les méthodes de travail.  Avec ses homologues de l’Union européenne, du Groupe des 77 et la Chine et de la Fédération de Russie, il s’est tout de même félicité que toutes les entités aient reçu du CCC des opinions non assorties de réserves, à l’exception du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

« Umoja » donne accès à des informations améliorées sur les ressources humaines, explique le CCC, à une Organisation qui doit donner un caractère plus stratégique à ces ressources qui, d’ailleurs, dans l’état actuel, n’ont pas les compétences pour améliorer la gestion financière de l’Organisation.  Le CCC conseille, en effet, à l’ONU d’améliorer cette gestion pour pouvoir faire face aux défis conjugués des contraintes budgétaires et des exigences et attentes continuelles engendrées par des mandats de plus en plus vastes.  L’ONU doit abandonner l’approche axée sur la gestion des opérations au profit d’une démarche plus stratégique mettant l’accent sur l’analyse du coût intégral des activités et de leurs incidences financières.  Mais comme il est peu probable que les compétences disponibles soient adaptées aux nouveaux besoins, il faudra investir dans un programme de formation, tranche le CCC.

À ce jour, 261 des 526 recommandations formulées par le CCC jusqu’à 2013 ont été intégralement mises en œuvre, ce qui correspond à un taux d’application de 49,6%, soit un chiffre légèrement inférieur au pourcentage de l’exercice précédent qui était de 56%, a indiqué M. Chandramouli Ramanathan, Contrôleur adjoint du Bureau de la planification des programmes, du budget et de la comptabilité.***

Le CCC a été créé par la résolution 74 (I) du 7 décembre 1946, pour vérifier les comptes des 24 organismes de l’ONU dont les opérations de maintien de la paix, et transmettre ses constatations et recommandations à l’Assemblée.  Le Comité est composé de trois vérificateurs généraux des comptes de l’un ou l’autre État Membre de l’ONU.

La Cinquième Commission tiendra sa prochaine séance jeudi, 14 octobre, à partir de 10 heures.

 *  A/70/5 du CCC 

 ** A/70/380 du CCQAB 

*** A/70/338

Rapports financiers et états financiers vérifiés et rapports du Comité des commissaires aux comptes A/70/5-Add 1 à Add 15, (A/70/322), (A/70/338), (A/70/380)

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme KAREN LINGENFELDER (Afrique du Sud) a constaté que c’est la première année que toutes les entités présentant un état financier annuel ont adopté les Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS).  Elle a salué la tendance à améliorer les préparatifs des états financiers et la bonne qualité des informations disponibles.  Pour ce qui est des questions transversales, la représentante s’est félicitée de la volonté de centraliser la gestion des opérations dispersées entre plusieurs entités et a insisté sur la nécessité de renforcer les activités de contrôle et de reddition de comptes ainsi que la gouvernance au sein du Secrétariat.

Elle s’est félicitée des progrès réalisés dans l’application des recommandations en 2013, notant toutefois que cette mise en œuvre est en baisse par rapport à l’année précédente, soit 49,6% contre 56% en 2012.  Elle a sommé l’Administration de s’attaquer en priorité aux recommandations en souffrance.

Concernant la Caisse commune des pensions du personnel des Nations Unies, la représentante a dit avoir pris bonne note des anomalies qui apparaissent dans le rapport du Comité des commissaires aux comptes (CCC) et a estimé que le moment est venu de s’y attaquer et de les faire figurer dans un rapport distinct à l’Assemblée générale.

M. JAN DE PRETER, Union européenne, a regretté la parution tardive du rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), en faisant remarquer l’importance d’une parution à temps dans les six langues officielles de tous les documents relatifs au budget-programme 2016-2017.  La parution des documents en temps voulu est la clef de la transparence et du succès des négociations, a-t-il insisté.  Le représentant a souligné l’importance des rapports du CCC et de la mise en œuvre de ses recommandations pour promouvoir un système des Nations Unies plus sain, plus rentable et plus transparente.  Il s’est félicité de ce que toutes les entités aient reçu du CCC des opinions sans réserve, estimant que les recommandations permettent aux États Membres de contribuer à une meilleure gouvernance et une gestion financière et opérationnelle plus efficace de l’ONU.  L’ONU, a-t-il dit, doit mieux comprendre les coûts de ses opérations financières afin de les gérer plus efficacement.

« Nous prenons note des recommandations du CCC au sujet de la gestion des missions politiques spéciales » a dit le représentant, avant de saluer les efforts du Comité pour développer aux Nations Unies une approche cohérente pour définir et faire rapport sur les cas de fraude.  Néanmoins, il s’est inquiété de l’absence de progrès dans la mise en œuvre des recommandations précédentes du CCC sur cette question, en appelant l’Organisation à prendre des mesures pour renforcer les mesures antifraude et développer une stratégie globale à cette fin. 

Le représentant de l’UE a aussi dénoncé l’absence d’une expertise et des structures financières propres à exploiter pleinement les bénéfices de transformation et de modernisation institutionnelles, tels que IPSAS, Umoja ou le Dispositif de prestation de services centralisée, qui devraient renforcer la transparence, l’efficacité et la rentabilité dans la gestion de l’ONU.  Il faut une approche plus harmonisée des initiatives de transformation du modus operandi et une stratégie pour gérer et améliorer les opérations de sorte que les réformes puissent se poursuivre dans les départements de l’ONU.  Il a jugé insuffisants les progrès en matière de  gestion globale des risques, en appuyant les recommandations du CCC sur la nécessité d’un plan global en la matière.

S’agissant de la gestion du personnel, qui est la ressource clef de l’ONU, le représentant a fait sienne la recommandation du CCC sur la nécessité pour l’ONU d’améliorer sa stratégie de gestion.  Il a pris note du taux de mise en œuvre des recommandations du CCC en 2013, avant d’encourager le Secrétaire général à mettre en œuvre toutes ces recommandations.   

M. BRIAN CONROY (États-Unis) a souligné que sans volonté d’agir pour mettre en œuvre les recommandations du CCC, l’ONU ne pourra pas remplir sa mission de manière effective et efficace.  Il s’est félicité que 62% des recommandations soient classées, appliquées ou en cours de mise en œuvre, et de la demande de changer en profondeur la culture de gestion des ressources financières de l’Organisation pour l’orienter vers une planification stratégique avec des priorités.  Il a donc souscrit à la formule: « Devenir plus efficace et plus rentable n’est plus une option mais une nécessité ».  Le représentant a regretté que l’ONU ne prenne pas les mesures nécessaires pour optimiser les avantages d’IPSAS, d’Umoja et des autres systèmes pour en faire des services stratégiques à valeur ajoutée et moderniser les méthodes de travail.  Il faut faire participer et former le personnel, a-t-il insisté.

M. DMITRY PODLESNYKH (Fédération de Russie) a réaffirmé son soutien au CCC, relevant que le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a fait l’objet d’une observation relative au calendrier et aux procédures prévus pour sa fermeture et le transfert et la cession de ses éléments d’actif et de passif au Mécanisme international chargé d’exercer les fonctions résiduelles des tribunaux pénaux.  Le CCC s’inquiète en effet que les retards dans le transfert des archives pourrait empêcher le Mécanisme d’assumer ses responsabilités dans les délais fixés.  Il a appelé à saisir toutes les opportunités offertes par IPSAS pour améliorer la mise en œuvre et garantir l’efficacité des programmes de l’ONU.

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