En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
29e & 30e séances - matin & après-midi
AG/11703

Face aux défis du monde contemporain, l’Assemblée générale appuie une réforme des opérations de paix urgente et transparente

L’Assemblée générale a débattu aujourd’hui des réformes et améliorations à apporter aux opérations de paix, « au cœur » même de l’action des Nations Unies, en souhaitant, à l’instar du Secrétaire général, renforcer leur efficacité et leur capacité d’adaptation rapide au terrain.  « Urgence et transparence », tels ont été les mots d’ordre de la part des délégations.

Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, est revenu sur ses trois priorités pour la mise en œuvre des recommandations « sages et audacieuses » du Groupe indépendant de haut niveau dont le rapport s’intitule « Unissons nos forces pour la paix: privilégions la politique, les partenariats et l’action en faveur des populations ».  Le Groupe indépendant, présidé par l’ancien Président du Timor Leste, M. José Ramos-Horta, dit par exemple que l’ONU dispose d’une grande panoplie d’opérations de paix et pourtant, elle a souvent du mal à déployer rapidement des missions bien adaptées au contexte. 

Les distinctions nettes qui sont faites entre les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales devraient céder le pas à une échelle continue d’interventions et à une transition plus souple entre les différentes phases des missions.  L’ONU, suggère le Groupe indépendant, devrait adopter les termes « opérations de paix des Nations Unies » pour désigner toute la panoplie de moyens nécessaires.

Ces recommandations, a commenté aujourd’hui le Secrétaire général, sont un investissement dans les opérations de maintien de la paix « urgent et clair » en ces temps « de turbulences mondiales ».  Depuis 2008, a-t-il rappelé, le nombre de conflits de grande ampleur a triplé, plus de 60 millions de personnes sont déplacées de force et l’extrémisme violent est en hausse.  Aujourd’hui l’ONU a déployé 128 000 personnels sur le terrain dans 39 missions. 

Les opérations de maintien de la paix sont « un instrument politique, dont l’objectif est d’arriver à des solutions politiques négociées », a-t-il rappelé.  Si elles ne peuvent se substituer « à une stratégie politique claire pour mettre fin à un conflit », elles ne peuvent pas non plus donner seulement l’apparence de l’action ou manquer de moyens pour accomplir leur mandat.  Aussi, suggère-t-il une réforme autour de « trois piliers »: insister sur la prévention des conflits et la médiation, encourager des « partenariats plus solides » autour des acteurs régionaux et favoriser « la rapidité et la flexibilité ».  « Que nos actes parlent plus fort que nos mots au nom des peuples du monde », a plaidé le Secrétaire général.

Les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau ont reçu un accueil globalement favorable de la part des pays qui se sont exprimés aujourd’hui, lesquels ont tous appelé « l’urgence et à la transparence » s’agissant des discussions sur les moyens de mise en œuvre.  Le représentant de l’Inde, premier pays contributeur de contingents avec 185 000 soldats déployés depuis la première mission de l’ONU, s’est en effet dit « consterné » par la manière dont les mandats étaient formulés par le Conseil de sécurité: « opacité » et manque de « responsabilité », a-t-il dénoncé en déplorant « le coût humain de ces échecs ».  « Les Casques bleus ne sont pas que les bottes de l’ONU, ils en sont aussi les yeux et les oreilles », a insisté le représentant, soulignant que le Conseil ne pourra que bénéficier des évaluations faites sur le terrain par les personnels déployés, d’autant que 90% des pays qui envoient des Casques bleus sont des pays en développement, a rappelé le représentant du Maroc, au nom du Mouvement des non-alignés.

Le représentant du Pakistan, un autre grand pays contributeur aux opérations de maintien de la paix, a également souhaité une meilleure consultation des pays contributeurs.  « Les mandats doivent être définis avec attention pour maintenir la distinction entre maintien de la paix et imposition de la paix, et le concept de défense proactive a besoin d’être plus élaboré », a insisté le représentant.

Son homologue des États-Unis a, quant à elle, insisté sur la possibilité de recourir à tous les moyens possibles « jusqu’à l’usage de la force » pour protéger les civils.  Le responsable d’une mission devrait jouir d’une certaine autorité, comme celle de recruter et de déployer rapidement les personnels compétents là où la situation l’exige, a-t-elle estimé.

« Le principe de responsabilité doit devenir cardinal » dans les missions, a appuyé la France: il devra guider les décisions du Conseil de sécurité dans l’élaboration de mandats « ciblés, cohérents et séquencés », a insisté son représentant, arguant que le « souci principal » est de rendre les Nations Unies « plus efficaces et plus réactives sur le terrain ».

Le Japon a justement fait remarquer qu’en 10 ans, le nombre de Casques bleus déployés a presque doublé, tout comme le budget des opérations qui a atteint « le record de 8,5 milliards de dollars » pour 2014-2015.  Son représentant s’est interrogé sur la longévité de certaines missions de maintien de la paix -6 sur 16 sont en cours depuis 30 ans– et sur leur « efficacité » à contribuer au retour de la stabilité politique.  Des mandats « clairs, cohérents et réalisables », a également réclamé le représentant de l’Espagne, au nom de l’Union européenne.

Son homologue de la Tanzanie a argué que les acteurs régionaux, comme l’Union africaine peuvent offrir la réponse la mieux adaptée.  Celui du Nigéria ne l’a pas contredit mais a voulu que les Nations Unies assument la responsabilité première des opérations menées par l’Union africaine car les conflits actuels exigent des réponses complexes s’appuyant sur une technologie sophistiquée que l’Union africaine ne peut tout simplement pas s’offrir.  Le représentant de la Chine a réitéré son engagement à soutenir les opérations de l’Union africaine et annoncé une somme de 100 millions de dollars pour les opérations de maintien de la paix sur le continent.

L’Assemblée générale a, par ailleurs, approuvé sans vote la nomination de Mme Heidi Mendoza comme Secrétaire générale adjointe au Bureau des services de contrôle interne, pour un mandat de 5 ans à compter du 15 novembre 2015.  La Suède, les Philippines et les États-Unis se sont félicités de cette nomination.

Sur recommandation de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, l’Assemblée a aussi décidé que les Comores, la Guinée-Bissau, Sao Tomé-et-Principe, la Somalie et le Yémen seront autorisés à participer à ses votes jusqu’à la fin de sa soixante-dixième session**.

*A/70/388; **A/70/416

 

RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES (A/70/357) ET (A/70/95)

Déclarations

Dans ses remarques préliminaires, le Président de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale, M. MOGENS LYKKETOFT, a souligné à quel point les opérations de maintien de la paix sont au cœur de l’engagement de l’ONU et doivent, par conséquent, être constamment affinées et peaufinées.  Pour faire face aux défis et aux menaces à la paix internationale, il est « essentiel de renforcer leur rôle, leur efficacité et leur capacité », a-t-il insisté citant la crise des réfugiés et leurs dimensions tant sécuritaire qu’humanitaire.

Le Président a appelé les États à transformer les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau en initiatives concrètes « pour que les opérations de paix permettent de répondre aux défis d’un monde en constante mutation ».  Les menaces, les épidémies, l’extrémisme violent et la prolifération des armes sont la preuve qu’une approche plus globale et plus intégrée est urgente, a insisté le Président qui a annoncé l’organisation les 10 et 11 mai 2016 d’un débat de haut niveau sur cette question.

Les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau ont été saluées par le Secrétaire général de l’ONU, M. BAN KI-MOON, comme « sages et audacieuses ».  Rappelant qu’il a déjà présenté un rapport de mise en œuvre, le Secrétaire général a souligné que les opérations de maintien de la paix sont « un instrument international ».  L’adoption « historique » des objectifs de développement durable en septembre dernier a clairement montré, a-t-il dit, qu’il n’y a « pas de paix sans développement, ni de développement sans paix et sans respect des droits de l’homme ».

Un investissement renouvelé dans les opérations de maintien de la paix est « urgent et clair », a-t-il poursuivi, « en ces temps de turbulences mondiales ».  Depuis 2008, le nombre de conflits de grande ampleur a triplé.  Plus de 60 millions de personnes sont déplacées de force, « le chiffre le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale », et l’extrémisme violent est en hausse. 

Les opérations de maintien de la paix sont « un instrument politique, dont l’objectif est d’arriver à des solutions politiques négociées ».  Elles ne peuvent se substituer « à une stratégie politique claire pour mettre fin à un conflit ».  Elles ne peuvent pas non plus, a insisté le Secrétaire général, servir à donner l’apparence de l’action ou être dotées de mandats sans moyens.  « Les opérations de maintien de la paix doivent être utilisées de manière responsable. »  Elles doivent être jugées, a estimé le Secrétaire général, sur leur impact sur les populations, la manière dont elles protègent les civils et dont elles défendent leurs droits dans les situations de conflit.  Elles ne doivent, a prévenu le Secrétaire général, trahir cette confiance.

Nous devons d’abord, a dit le Secrétaire général, mettre la prévention et la médiation au centre de la paix et de la sécurité internationales.  Il a donc appelé à un agenda concerté sur la prévention qui encourage le recours à tout l’éventail des outils disponibles dont ses bons offices.  Nous devons ensuite, a-t-il poursuivi, changer la manière dont nous planifions et menons les opérations de paix de l’ONU.  Il a appelé à plus de « rapidité et d’agilité ».  Nous devons nous écarter des modèles figés au profit d’actions « plus ciblées » et de mandats taillés sur les exigences spécifiques du terrain.  Le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes doivent avoir une compréhension commune des tâches à accomplir et nous devons travailler main dans la main avec les communautés et les acteurs nationaux. 

Le Secrétaire général a aussi insisté sur les capacités qu’il s’agisse des hommes en uniforme ou des civils.  Nous devons, a-t-il préconisé, adapter systématiquement les procédures administratives à la dynamique du terrain.  M. Ban n’a pas oublié de revenir sur la nécessité de lutter contre « le fléau des abus ou violences sexuelles » qui « ternit la réputation » de tout le système des Nations Unies.  

Troisièmement, a poursuivi le Secrétaire général, nous avons besoin de plus de partenariats, et de partenariats « plus solides ».  Les opérations de paix les plus efficaces sont celles, a-t-il dit avoir constaté, qui réunissent plusieurs acteurs: les organismes de l’ONU, les pays contributeurs de troupes, les organisations régionales, les pays hôtes et autres.  Dans nos partenariats avec les organisations régionales, nous devons avoir comme objectif de mettre en place des arrangements permanents permettant des consultations en amont et des réponses rapides », a-t-il précisé.  Il est temps, a par exemple estimé le Secrétaire général, que le partenariat entre l’ONU et l’Union africaine monte d’un cran, y compris grâce à un financement prévisible et durable des opérations de paix africaines.

Les opérations de maintien de la paix sont « des outils essentiels, mais pas les seuls outils dont dispose la communauté internationale ».  Le Secrétaire général a, dans ce contexte, salué le processus intergouvernemental qui examine l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU et la mise en œuvre de la résolution 1235 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  Le Somment humanitaire mondial prévu en mai 2016 est une autre pièce du puzzle et prises ensemble, toutes ces initiatives nous permettront de renouveler les outils dont dispose l’ONU, a estimé le Secrétaire général. 

Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. YASSER HALFAOUI (Maroc) a rappelé que son Mouvement regroupe 90% des pays contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix.  Forts de cette expérience, ils espèrent que le rapport du Groupe sera dûment examiné par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix et la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation, sans oublier la Commission des questions administratives et budgétaires qui doit se pencher sur ses incidences financières.  

M. THOMAS MAYR-HARTING, Union européenne (UE), s’est réjoui que les principaux points soulevés par l’UE aient été pris en compte dans le rapport du Groupe indépendant de haut niveau, dont le lien entre développement et sécurité, la priorité à donner à la protection des civils, les questions de parité et la nécessité de définir clairement les mandats.  À ce titre, les opérations de paix ne doivent être entendues que dans le cadre d’une réponse globale des Nations Unies.  Même les plus réussies ne sauraient se substituer à un processus politique, a insisté le représentant.  Parallèlement au déploiement des forces, les efforts bilatéraux et la diplomatie doivent être conduits de façon prioritaire car l’objectif ultime d’une mission doit toujours être « le retour à la paix ».  La protection de civils et la prévention des atrocités doivent constituer le cœur des mandats, a insisté le représentant, soutenant l’idée d’une « évaluation régulière » des missions.  Ceux qui sont chargés de protéger les civils ne sauraient se retourner contre eux: il est décisif de renforcer les capacités de traiter des abus et des exploitations sexuelles dans le cadre des missions, a tancé le représentant.  Il s’est félicité des suggestions et des orientations pour se rapprocher de la population locale.  Il s’est aussi réjoui que la corruption soit considérée comme une menace à la paix et une source de conflits.  Nous sommes aussi attachés, a-t-il poursuivi, à faire avancer le programme « Femme paix et sécurité ».

Mais avant tout, a dit le représentant, les mandats des opérations de maintien de la paix doivent être « clairs, cohérents et réalisables », avec une forte composante « droits de l’homme », dotées clairement des ressources « suffisantes ».  Rien ne doit réduire les capacités des missions à protéger les femmes et les enfants dans les environnements dangereux dans lesquels elles évoluent.  Nous insistons, a ajouté le représentant, sur l’importance de l’information et du renseignement et nous appuyons les efforts de l’ONU pour les développer.  Enfin, il a encouragé les partenariats régionaux, comme l’Union européenne ou l’Union africaine qui ont pu en conclure avec l’ONU, ce qui permet un partage des tâches et offre un soutien appréciable à l’ONU.  On l’a vu au Mali, en Somalie, en République démocratique du Congo ou dans les Balkans, a rappelé le représentant qui a salué les efforts de l’Afrique pour gérer sa propre sécurité.  L’UE apporte à la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique une somme de 750 à 900 millions d’euros couvrant la période 2014-2016.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. AMADU KOROMA (Sierra Leone) a insisté sur l’importance d’une approche politique, des partenariats pour tirer parti des avantages comparatifs des organisations régionales et d’une démarche axée sur le terrain et les populations.  Les principes clefs des opérations de maintien de la paix doivent être interprétés avec souplesse pour relever les nouveaux défis.  Le partenariat actuel entre l’ONU et l’Union africaine doit servir de modèle de coopération entre l’Organisation et les autres organisations régionales. 

S’exprimant aussi au nom du Canada et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), Mme GILLIAN BIRD (Australie) a adhéré à l’idée du Secrétaire général selon laquelle les solutions politiques doivent être la priorité dans la création d’une opération de maintien de la paix.  Des approches globales utilisant toute la panoplie des outils de prévention et de règlement des conflits dont dispose l’ONU sont nécessaires pour rendre pérennes les solutions politiques et la paix.  Apportant son « plein soutien » aux initiatives qu’a déjà lancées le Secrétaire général, la représentante a estimé que les examens parallèles des opérations de maintien de la paix, de l’architecture de consolidation de la paix et de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur « les femmes, la paix, la sécurité » fournissent l’occasion d’un changement profond et transformateur de l’engagement de l’ONU dans les États fragiles et en conflit.  Le Groupe CANZ appelle à une approche cohérente et holistique car, a dit la représentante, il est important que les États Membres de l’ONU parviennent rapidement à une compréhension claire de ce qu’il faut faire.  Plus que jamais, a-t-elle conclu, nous devons faire en sorte que nos efforts reflètent une idée réaliste et contemporaine » des opérations de maintien de la paix de l’ONU et des défis en constante mutation sur le terrain, le but étant d’aider ceux qui ont en besoin.

M. SEIF A. Y. KANDEEL (Égypte) a rappelé les principes des opérations de maintien de la paix que sont l’impartialité et le consentement des parties.  Il a aussi mis en garde contre toute idée « d’imposer » des accords paix, insistant plutôt sur la médiation et les solutions à apporter aux causes sous-jacentes des conflits.  Il faut faire, a-t-il également suggéré, une distinction claire entre intervention militaire et opération de maintien de la paix, la première pouvant aggraver la situation.  Le représentant s’est dit favorable à la création d’un mécanisme concret de coopération entre les opérations de maintien de la paix et les organisations régionales. 

Pour la représentante des (États-Unis), Mme ISOBEL COLEMAN, les opérations de maintien de la paix restent un outil indispensable pour répondre aux conflits, d’où la nécessité de conduire ce travail d’amélioration face aux terribles défis liés à des environnements dangereux, comme en atteste le nombre des pertes sur le terrain, au Mali par exemple.  La représentante a dégagé trois priorités du rapport du Groupe indépendant de haut niveau.  En premier lieu, elle a cité la protection des civils « une des responsabilités essentielles des dirigeants d’une mission ».  Ici, il faut adopter des stratégies permettant d’évaluer la vulnérabilité des civils et recourir à tous les moyens possibles pour leur protection « jusqu’à l’usage de la force ».  L’élaboration des mandats et des stratégies doivent toujours comprendre un volet « protection » et « prévention des atrocités ».

Deuxièmement, les procédures financières et administratives doivent être conçues pour appuyer des situations changeantes sur le terrain.  Le responsable d’une mission doit aussi jouir d’une certaine autorité, celle par exemple de recruter et de déployer rapidement les personnels compétents là où la situation l’exige.  Enfin, il faut empêcher et prévenir l’exploitation et les abus sexuels et il s’agit là d’une « responsabilité collective de l’ONU et de tous les États membres », a-t-elle insisté, en exhortant le Secrétaire général à poursuivre ses efforts pour mettre en œuvre sa politique de « tolérance zéro » et des mesures de réparation.

« Ce rapport contient des recommandations qui peuvent être mises en œuvre dans les 12 mois », a-t-elle estimé, en appelant l’Assemblée générale à les appuyer.  Surtout « que ce rapport ne se perde pas », a-t-elle plaidé.  Car si les opérations de paix ne sont pas la panacée, elles restent « un des principaux outils du monde pour régler les conflits », a-t-elle dit citant le Président Obama pendant le débat général de l’Assemblée générale.

M. ASOKE K. MUKERJ (Inde) a rappelé que son pays était le premier pays contributeur de troupes, avec 185 000 soldats ayant servi dans 48 des 69 missions et opérations déployées à ce jour.  Le problème le plus important, a-t-il estimé, est la manière dont les mandats des opérations de maintien sont formulés par le Conseil de sécurité.  « Nous sommes consternés par l’opacité avec laquelle le Conseil de sécurité proroge les mandats, sans la moindre redevabilité et transparence », a-t-il déclaré, voyant pour conséquent « le coût humain » parmi les Casques bleus et le nombre alarmant de civils en détresse, dont les 60 millions de déplacés que l’on compte aujourd’hui dans le monde.  Dans ce contexte, le représentant a appelé le Président de l’Assemblée générale à prendre l’initiative d’accorder la priorité à une réforme rapide du Conseil de sécurité au cours de cette soixante-dixième session.

Prenant note des trois piliers définis par le Secrétaire général, le représentant a insisté sur la primauté du règlement pacifique des conflits.  Il a fermement appuyé les appels à un dialogue régulier entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes, même avant la création d’une mission.  Il a aussi adhéré à l’idée que les opérations de maintien de la paix ne sont pas un outil d’opérations militaires contre le terrorisme.  N’abandonnons jamais les principes cardinaux des opérations de maintien la paix que sont le consentement des parties, l’impartialité, le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense et la défense des mandats.

En tant que représentant d’un pays contributeur de troupes, M. Mukerji a salué l’engagement réaffirmé du Secrétaire général d’informer le Conseil de sécurité des risques d’escalade mettant en danger les civils ou des graves lacunes dans la capacité d’une mission de protéger les civils.  Nous attendons avec intérêt de participer à ces « dialogues », a dit le représentant.  « Les Casques bleus ne sont pas que les bottes de l’ONU, ils en sont aussi les yeux et les oreilles » et le Conseil de sécurité ne peut que bénéficier des évaluations faites sur le terrain par les Casques bleus.  L’interaction directe entre ces derniers et les États Membres peut contribuer à une mise en œuvre plus efficace du mandat « protection des civils ».  C’est la raison pour laquelle l’Inde appelle au respect de la lettre et l’esprit de l’Article 44 de la Charte des Nations Unies.  Avant de conclure, le représentant a confirmé l’engagement de son pays à accroître de 10% le nombre de ses troupes dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU. 

M. WANG MIN (Chine) a, à son tour, insisté sur le respect des principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de consentement des parties dans toutes les opérations de maintien de la paix.  Il a appelé le Conseil de sécurité à la prudence s’agissant du recours à la force.  Il a aussi insisté sur l’importance de disposer d’une bonne stratégie de sortie.  Le représentant a dit privilégier la diplomatie préventive, la réconciliation nationale et la gestion de l’après-conflit.  Il a tout de même convenu qu’il faut augmenter les capacités de réaction rapide, améliorer le temps de déploiement d’une opération et l’appui logistique, éviter les gaspillages et renforcer la discipline des Casques bleus.   

Le représentant a estimé qu’il faut apporter un appui accru à l’Afrique et à ses opérations.  L’ONU, a-t-il dit, doit contribuer au renforcement des capacités de l’Union africaine.  Le représentant a réitéré l’engagement de la Chine à appuyer l’Union africaine par une contribution accrue en hommes et en formation.  La Chine contribuera aussi à la lutte antimines et débloquera une somme de 100 millions de dollars pour les opérations de maintien de la paix africaines.

M. TUVAKO MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a perçu le rapport du Groupe indépendant de haut niveau comme le signal d’une urgence qui appelle une réponse des États Membres.  Il a, à son tour, insisté sur l’importance d’investir dans la prévention, ce qui exige que le Conseil de sécurité soit saisi le plus rapidement possible du moindre problème et que les capacités du Secrétariat en matière de prévention et de médiation soient renforcées.

Les trois piliers proposés par le Secrétaire général supposent de nouvelles façons de planifier et d’organiser les missions.  Pour nous, a dit le représentant, ces trois piliers permettraient de répondre à l’évolution du paysage africain dans lequel les opérations de maintien de la paix sont confrontées à des  changements « considérables » de formes et d’acteurs.  Depuis la fin de la guerre froide, l’Afrique a souvent servi de laboratoire aux opérations, a dit le représentant.  L’accent que l’on met aujourd’hui sur les élections démocratiques sans s’attaquer aux causes profondes des conflits reste « le maillon faible » des opérations chargées de consolider la paix.  Il a appelé à l’innovation, d’autant plus que le manque de ressources et de volonté politique sur le long terme a souvent sapé les efforts de consolidation de la paix.

Il faut être « assez modeste » et reconnaître les limites des interventions étrangères et des institutions internationales, « quelles que soient les bonnes intentions ».  Le représentant a défendu l’Union africaine qui veut devenir un acteur plus présent dans le règlement des crises continentales, car dans certaines situations, les acteurs régionaux et sous-régionaux peuvent offrir la réponse la mieux adaptée.  Le représentant a également appuyé la proposition du Secrétaire général d’évaluer, en concertation avec d’autres partenaires, les mécanismes de financement des missions de l’Union africaine qui ont reçu l’aval du Conseil de sécurité.

M. GEIR O. PEDERSEN (Norvège) a rappelé, à son tour, qu’en plus des Casques bleus, les Nations Unies avaient développé une palette d’outils pour prévenir les conflits, dont les missions politiques spéciales et la médiation.  Ces outils, a-t-il estimé ne sont pas suffisants pour répondre « aux besoins grandissants et à des situations de plus en plus complexes sur le terrain ».  Dans ce contexte, il a apporté son plein soutien aux efforts déployés pour améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix, soulignant le consensus qui se dégageait autour des quatre priorités qui doivent guider cette réforme: des stratégies politiques claires pour chaque opération, des opérations adaptées aux mandats qui leurs sont confiés, des partenariats plus forts, notamment avec les organisations régionales, et la nécessité de centrer les opérations de maintien de la paix sur la réalité de chaque terrain et les attentes des populations.  L’Assemblée générale a « un rôle crucial à jouer », a conclu le représentant, en soutenant la mise en place d’une procédure claire et d’une feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau.

Il est en effet temps de passer de la stratégie à l’action, a encouragé M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) qui a jugé nécessaire de déterminer comment la lutte contre le terrorisme doit être contextualisée dans la réforme des opérations de maintien de la paix.  En termes de règlement des conflits, le représentant a insisté sur le développement économique et social.  Il a invoqué l’expérience haïtienne pour dire combien les réponses aux causes sociales des conflits sont importantes.

La tonalité générale du rapport est à juste titre optimiste et prospective, a commenté Mme MALEEHA LODHI (Pakistan).  Elle s’est dit heureuse de voir plusieurs des idées qu’a avancées son pays figurées dans le rapport dont l’importance des consultations avec les pays contributeurs de troupes, une meilleure dotation en ressources des opérations de maintien de la paix, un processus de création des mandats en deux étapes et le non-déploiement des Casques bleus pour des opérations anti-terroristes.  La représentante a insisté sur la primauté des processus politiques dans la prévention des conflits, rappelant que le maintien de la paix doit s’accompagner d’objectifs politiques clairs.  Il faut appuyer, a-t-elle ajouté, toute initiative tendant à renforcer les capacités du Secrétariat en matière de médiation et de prévention.    

La représentante a appelé à la prudence quand il s’agit de créer des mandats de recours à la force.  De tels mandats devraient être « l’exception » et bien limités dans le temps.  Les mandats doivent être définis avec attention pour maintenir la distinction entre maintien de la paix et imposition de la paix: le concept de « défense proactive » doit être étudié plus avant, a-t-elle insisté.

L’indemnisation et le remboursement des pays contributeurs de troupes devraient rester au centre des préoccupations.  Un mécanisme périodique devrait être créé.  La représentante s’est opposée à l’idée de parler d’« opérations de paix » au lieu d’« opérations de maintien de la paix », voyant dans la proposition un visa pour la confusion et l’ambiguïté.   

Le représentant a conclu que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C34) est l’organe le plus adapté pour parler de ces questions et l’idée de convoquer une session spéciale devrait être étudiée.

Pour M. SEBASTIANO CARDI (Italie), il faut davantage insister sur la prévention et la médiation.  Il a aussi insisté sur la formation des personnels, avant même leur déploiement, comme l’Italie a appris à le faire.  Le représentant a fermement appuyé la politique de tolérance zéro sur les abus sexuels.  La protection de civils est « un défi crucial », a-t-il estimé, laquelle exige que les États coopèrent avec l’ONU.  Le représentant s’est demandé comment protéger le patrimoine culturel dans les crises, estimant que celui-ci pourrait être pris en compte dans les opérations comme ce fut le cas au Mali.  « L’opinion publique et les populations concernées attendent beaucoup de nous », a-t-il prévenu, ce qui exige que la communauté internationale déploie des contingents avec les ressources adéquates.

Mme ANA C. RODRÍGUEZ PIÑEDA (Guatemala) a déclaré que le maintien de la paix n’était pas une fin en soi, mais la partie d’un processus.  La fin d’un conflit ne veut pas dire rétablissement de la paix.  La représentante a dit attendre avec intérêt les discussions au sein du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, de la Commission des questions politiques spéciales et de la Commission des questions administratives et budgétaires.

M. FRANCOIS DELATTRE (France) a partagé le constat du Secrétaire général sur la priorité à accorder à la recherche d’accords politiques comme solutions durables aux crises.  De même, il s’est félicité de la reconnaissance de la protection des civils et de la protection des droits de l’homme comme objectifs fondamentaux, ce qui plaide, a-t-il insisté, « pour un maintien de la paix dynamique, engagé et parfois robuste ».

La ligne tracée par le Secrétaire général est « la bonne », a poursuivi le représentant: une opération de paix de l’ONU « n’a pas vocation à imposer une solution par la force mais doit pouvoir y recourir » en cas d’impératif de protection des civils.  La France, a-t-il poursuivi, soutient aussi le principe d’exemplarité car les « Casques bleus incarnent les valeurs de la Charte et notre conscience commune ».  Les récents cas d’abus sexuels sont « inqualifiables », a-t-il tancé, en appelant le Secrétaire général à renforcer encore la politique de tolérance zéro.  La France s’assurera de son côté qu’il en aille de même pour ses troupes engagées à l’étranger, a-t-il assuré.

Pour le représentant, « le principe de responsabilité doit devenir cardinal » dans les missions et la responsabilité des chefs de missions doit être renforcée.  « Ce principe devra guider les prises de décisions au Conseil de sécurité, notamment dans l’élaboration de mandats « ciblés cohérents et séquencés », a-t-il insisté.

Les principes de partenariat et de coordination avec les organisations régionales sont aussi des « boussoles » de l’action des Nations Unies et ceux-ci doivent être renforcés sur la base du Chapitre VIII de la Charte.  La coordination avec les principales agences de l’ONU doit aussi être renforcée sous l’autorité accrue du représentant principal de l’ONU sur le terrain.

« Notre souci principal » est que les Nations Unies soient plus efficaces et plus réactives sur le terrain, a insisté le représentant, et cet impératif peut être rapidement mis en œuvre au moyen de réformes simples et peu coûteuses.  Il a ainsi estimé que la création d’une cellule de planification et d’analyse des conflits « va dans le bon sens » mais que chacun doit faire mieux pour appliquer les mandats sur le terrain.  Tout manquement doit être sanctionné.  Les procédures internes au Secrétariat, qui doivent faire aussi l’objet d’un examen approfondi, sont souvent « trop lourdes et trop lentes », a-t-il jugé, en insistant sur l’impératif d’être « plus réactif ».

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a réitéré la nécessité pour les mandats des opérations de maintien de la paix d’être clairs, précis, réalistes et élaborés, conformément aux circonstances spécifiques sur le terrain.  Les mandats doivent être sans ambigüité sur le travail qui doit être mené et avoir pour objectif de protéger les civils les plus vulnérables.  Le représentant a souligné la nécessité d’une participation plus active des femmes dans la prévention et la résolution des conflits.  Il a aussi insisté sur la promotion des droits de l’homme et la prévention des violences sexuelles.  Le personnel des Nations Unies est là pour protéger et aider et le lien entre sécurité et développement doit rester dans nos esprits. 

Dans ce contexte, le représentant a vu un lien clair entre les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ainsi que d’autres processus d’examen.  Les processus parallèles d’examen des opérations de maintien de la paix, de l’architecture de consolidation et de la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur « les femmes, la paix et la sécurité » doivent nous donner des recommandations stratégiques et opérationnelles, a souhaité le représentant. 

M. MENELAOS MENELAOU (Chypre) a rappelé que son pays est l’hôte d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies depuis plus de 50 ans et a donc une expérience de première main sur le sujet.  Chypre partage la conviction que le rôle des Nations Unie est d’aider les parties à arriver à des accords politiques durables.  À ce titre, l’Organisation doit être « neutre mais pas neutralisée », a-t-il estimé, car impartialité ne veut pas dire « à mi-chemin entre la Charte et la réalité du terrain ».  Le représentant a appuyé la suggestion de « mandats séquencés, une idée innovante qui consoliderait les opérations sans s’attaquer à leur nature » selon lui.  Il a plaidé pour que les efforts de dotation en équipement et en ressources des opérations soient « redoublés » mais aussi pour que les erreurs du passé soient reconnues et expliquées.

Au cours de la décennie écoulée, a remarqué M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon), le nombre des Casques bleus a presque doublé passant de 65 000 à près de 123 000 tandis que le budget du maintien de la paix d’environ 4 milliards de dollars en 2004-2005 a atteint le record de 8,5 milliards en 2014-2015.  Tout ceci pose la question de savoir comment rendre les opérations efficaces avec des ressources humaines et financières limitées.  La question est posée 15 ans après le Rapport Brahimi qui proposait déjà une révision des opérations de maintien de la paix.

Rappelant que l’objectif des opérations militaires est de « créer l’espace nécessaire à un processus politique », le représentant s’est interrogé sur celles qui sont en cours « depuis longtemps ».  Six des 16 missions actuelles sont déployées depuis plus de 30 ans, a-t-il rappelé, se demandant pourquoi toutes ces années de présence militaire n’ont pas suffi aux responsables politiques pour bâtir un espace nécessaire à la paix.  Pour le représentant, cela conduit à s’interroger sur « l’efficacité » des missions actuelles.

Le rapport Brahimi et celui du Groupe indépendant de haut niveau appellent à des missions mieux adaptées à la situation et aux besoins sur le terrain.  Pour ce faire, a jugé le représentant, le Secrétaire général doit « suivre de près » les développements et faire, en temps voulu, des recommandations précises au Conseil de sécurité.  Mais il a aussi réclamé un renforcement des ressources en personnel « qualifié » qui, selon lui, font souvent défaut.  Le Département de l’appui aux missions et le Japon ont d’ailleurs lancé ensemble un projet expérimental de formation auquel le Japon a contribué à hauteur de 40 millions de dollars environ, a-t-il signalé.

Le représentant a « regretté » les allégations répréhensibles d’exploitation sexuelle et d’abus de la part de Casques bleus, en particulier en République centrafricaine, qui « ruinent » l’œuvre des plus de 100 000 Casques bleus déployés actuellement dans le monde.  Il a appelé le Secrétariat à travailler dans les limites des ressources actuelles sans augmenter la contribution des États, dans la mesure « où chaque dollar est payé par les contribuables » des États.

Le représentant de la Suède, M. OLOF SKOOG, a souhaité mettre l’accent sur les efforts de consolidation de la paix, souhaitant qu’ils soient dûment pris en compte.  Il a aussi souhaité que l’égalité homme-femme soit intégrée dans tous les aspects et à chaque étape de l’élaboration et de l’exécution des mandats, jugeant qu’à ce titre « il y a encore beaucoup à faire ».  Il a félicité le Secrétaire général pour sa volonté de lutter contre l’exploitation et les abus sexuels commis par les Casques bleus.

Le partenariat avec les organisations régionales est « essentiel pour assurer la paix et la sécurité », a reconnu le représentant, car ces organisations ont souvent davantage la faculté de se déployer plus rapidement sur le terrain, comme le montre l’Union africaine.  Le représentant a appelé ses pairs à « se montrer ambitieux »: « nous avons tous la responsabilité de faire en sorte que ce processus se concrétise ».  Il a demandé « à tous les États Membres de saisir l’occasion pour réformer le maintien de la paix » et pour que les opérations puissent relever les défis de l’heure.

M. ALFREDO TORO-CARNEVALI (Venezuela) a pointé du doigt certaines contradictions dans le rapport du Groupe indépendant de haut niveau: le rapport propose d’accorder de l’importance aux solutions politiques et met en même temps en exergue les difficultés de lancer un dialogue entre les parties au conflit.  Le représentant a aussi relevé la proposition de déployer les opérations avant l’éclatement du conflit mais aussi les mises en garde sur les risques énormes qu’encourrait le personnel dans une telle situation.  Le représentant s’est aussi attardé sur les parties du rapport relatives à la diplomatie préventive.  Son importance y est soulignée mais on y constate l’indifférence des donateurs.  

Pour M. RICARDO ALDAY GONZALEZ (Mexique), les demandes se multiplient auprès des Nations Unies mais les États Membres n’ont pas su parvenir à un accord pour doter l’Organisation de toutes les ressources nécessaires à l’accomplissement de son mandat.  Les opérations de maintien de la paix « ne devraient plus être assujetties à des ressources imprévisibles ».  Aussi, le représentant a-t-il suggéré la création d’un « compte indépendant » pour des missions spéciales et regretté que le Secrétaire général n’ait pas insisté sur ce point dans son rapport.

Il a souligné l’importance des organisations régionales et noté que le Groupe de haut niveau avait également relevé le prix de la prévention et de la médiation.  S’agissant d’innover, le représentant a prévenu qu’on ne pourrait à ce titre enfreindre les principes de la Charte de l’ONU.  Il a cependant partagé l’avis du Groupe indépendant selon lequel le mandat des opérations de maintien de la paix doit « laisser de côté la lutte contre le terrorisme ».  Il a appelé aux mesures nécessaires contre les atteintes sexuelles perpétrées par des personnels de l’ONU et à la traduction en justice des responsables.  « Il est essentiel que les personnels civil et militaire de l’ONU agissent conformément aux valeurs de la Charte », a-t-il insisté.

Mme SADIA FAIZUNNESA (Bangladesh) a dit attendre avec intérêt la mise en œuvre transparente des recommandations examinées aujourd’hui.  La mise en œuvre doit se faire avec la participation de tous les organes des Nations Unies et des pays contributeurs de troupes.  La représentante a insisté sur la formation des Casques bleus et a rappelé la création d’un Centre d’excellence dans son pays.  Le Bangladesh est le premier pays à avoir déployé des Casques bleus au Mali et en République centrafricaine, a-t-elle indiqué.  Elle a réitéré l’importance de la politique de « tolérance zéro » face aux cas de mauvaise conduite de la part des Casques bleus.

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a prévenu que son pays ne pourrait ignorer certains actes « abjects » perpétrés par certains Casques bleus.  Il faudra, selon lui, faire plus pour les contrer et prendre des initiatives pour relever les défis posés aux opérations de maintien de la paix.  Le rôle de l’Assemblée générale est essentiel car il est l’organe le plus démocratique des Nations Unies, a ajouté le représentant qui a souhaité souligner que seule la Commission des questions politiques spéciales est habilitée à améliorer les opérations de maintien de la paix.  Il est donc primordial de « respecter les objectifs et principes de la Charte de l’ONU », notamment l’« indispensable » consentement des parties et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense.  « Cela reste valide et mérite plein respect », a-t-il souligné.

Pour l’Iran, il est nécessaire d’adopter de nouveaux concepts pour répondre aux besoins, en prenant toutes les précautions d’usage.  Les concepts devront être formulés par « tous les États Membres des Nations Unies » et en la matière, il faut tenir compte de l’appropriation nationale et de l’identité culturelle des pays où on intervient.  La protection des civils relève en premier lieu des autorités nationales et elle ne saurait justifiée une intervention dans un pays en conflit ou qui sort d’un conflit.

Enfin, a-t-il conclu, l’ONU doit utiliser les capacités de « tous » les États Membres dans la création d’une mission.  Toute invitation du Secrétaire général aux États Membres à contribuer à une mission devra donc être « transparente et comprendre les différents aspects » de cette mission, à savoir la police, l’armée et la politique.

M. OLIVIER M. ZEHNDER (Suisse) a jugé essentiel que nous conservions la dynamique existante afin de renforcer les structures de l’ONU en matière de maintien de la paix et de prévention des conflits.  Le représentant a estimé que le Groupe indépendant de haut niveau a su présenter une analyse équilibrée et des recommandations qui méritent d’être examinées.  Il a salué les trois priorités du Secrétaire général qui ouvrent la voix aussi bien à des solutions politiques qu’à des améliorations en termes de gestion. 

Le représentant a estimé souhaitable d’élaborer une feuille de route définissant de manière appropriée les tâches des différents organes de l’ONU et du Secrétariat, et les domaines de responsabilité du Conseil de sécurité et des États Membres dans la mise en œuvre de ces recommandations.  Cette feuille de route définirait les diverses étapes de mise en œuvre des recommandations.  Dans ce contexte, la Suisse pense que seule une approche unie permettra une mise en œuvre efficace des recommandations.  Une entité seule ne serait pas en mesure de traiter de tous les défis actuels en matière de paix et de sécurité.  Une coopération étroite à l’échelle du système onusien et des partenariats solides entre les divers organismes et acteurs compétents sont « indispensables ».   

M. EFE CEYLAN (Turquie) a déclaré que le dernier attentat perpétré dans son pays rappelait que la menace terroriste constituait un défi majeur.  Nous sommes conscients qu’une part des difficultés rencontrées par les Nations Unies vient non seulement du caractère inadéquat des ressources inadéquates et des problèmes organisationnels mais aussi d’une absence de volonté politique de la part des États Membres pour entreprendre les réformes nécessaires.  Nous devons adopter des stratégies plus efficaces afin de renforcer la capacité de réponse collective sans préjudice des principes de la Charte.  Nous devons consacrer plus de ressources, a prévenu le représentant, si nous voulons vraiment tenir nos engagements, notamment en matière de protection des civils.  En tant que coprésident du Groupe des Amis de la médiation, la Turquie souhaite que les Nations Unies accordent plus d’attention à la nécessité accrue d’une médiation et d’une prévention des conflits efficaces.

Concernant les missions politiques spéciales, le représentant a estimé qu’elles doivent être vues comme des mécanismes clefs dans la résolution pacifique des conflits.  Un financement adéquat et une définition claire des mandats sont essentiels pour le succès de ces missions politiques spéciales.  Sinon, ce serait une occasion ratée prouvant que l’on n’a pas accordé l’attention voulue aux rapports du Groupe indépendant de haut niveau et à celui du Secrétaire général. 

M. KAI SAUER (Finlande) a estimé que l’aspect central du rapport du Groupe indépendant de haut niveau était « le changement de paradigme ».  Premièrement, la politique a la primauté et nous ne devons pas perdre de vue la recherche de solutions politiques.  Deuxièmement, la médiation et la prévention des conflits doivent redevenir l’objectif central des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.  Déplorant que les outils dont dispose l’ONU, y compris, les missions politiques spéciales, manquent de ressources financières et de soutien administratif, il a appelé à des « solutions consensuelles et pérennes ».  Le représentant a ensuite insisté sur l’importance de la participation des femmes aux processus de paix et aux opérations de maintien de la paix.  « Ce n’est pas une question d’égalité de genre, des preuves indiscutables existent qui montrent que la participation des femmes contribue à la pérennité de la paix. »

Estimant ensuite que la protection des civils est au cœur des opérations de maintien de la paix, le représentant a insisté sur l’apport de l’action préventive.  « Nous avons besoin d’une meilleure planification, de meilleures analyses, de soutien à la formation et de structures de commandements clairement établies », a-t-il insisté, avant de souhaiter que les futures opérations de maintien de la paix deviennent « plus souples, plus efficaces, plus diversifiées et limitées dans le temps ».

Revenant sur les abus sexuels perpétrés par certaines troupes déployées sous la bannière des Nations Unies, le représentant les a qualifiées « d’inacceptables », insistant sur l’impact négatif qu’elles ont sur l’ensemble du système des Nations Unies et appelant à « une politique de tolérance zéro » pour parvenir à « une réalité zéro ».  Il a rappelé que l’ONU « avec ses structures, ses outils et sa légitimité, a une position unique pour jouer un rôle central dans la construction d’une paix pérenne et la prévention des souffrances humaines grâce à ses opérations de maintien de la paix ». 

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a salué les conclusions du Groupe indépendant de haut niveau, insistant sur les recommandations visant à renforcer les instruments politiques à la disposition des Nations Unies, comme les missions politiques et la médiation, ainsi que la coopération régionale et internationale.  Il a insisté sur la nécessité de tenir compte en priorité des besoins de la population en développant une approche centrée sur les gens et en développant le dialogue avec les autorités du pays d’accueil.

Il a insisté sur la nécessité d’intégrer plus encore la dimension régionale et de développer les liens avec les organisations régionales, soulignant que nombre de crise interne dans un pays se propageait à l’ensemble des régions.  Le représentant s’est félicité de ce que les grands principes des opérations de maintien de la paix soient rappelés.  Il a toutefois mis en garde contre « le risque d’interpréter ces principes en fonction de la situation sur le terrain », en particulier quand il s’agit de l’usage de la force par des Casques bleus.  Il a apporté son soutien à la recommandation du Secrétaire général de ne pas déployer d’opération de maintien de la paix pour lutter contre le terrorisme, insistant ensuite sur le principe de neutralité qui doit dicter les Nations Unies. 

Le représentant a également souhaité que les questions liées aux aspects financiers soient examinées par la Commission administrative et budgétaire.  À propos de la proposition de renforcer les pouvoirs du Secrétaire général et ses moyens, le représentant a estimé que cette recommandation devait faire l’objet d’analyse plus poussée.  Concernant la planification stratégique des opérations, il a proposé que les pouvoirs du Comité d’état-major soient renforcés.  « Ses analyses permettraient de renforcer l’aspect militaire des opérations », a-t-il indiqué.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a salué les conclusions du Groupe indépendant de haut niveau, insistant en particulier sur la nécessité « critique » de renforcer la coopération et les partenariats entre les Nations Unies et l’Union africaine.  « La mise en œuvre de ces recommandations est en effet la clef pour parvenir à l’objectif du renforcement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies », a-t-il insisté, avant de saluer le programme d’action proposé par le Secrétaire général dans son rapport pour mettre en œuvre ces recommandations.  Insistant sur la dynamique positive qui accompagne le soixante-dixième anniversaire des Nations Unies, il a souhaité qu’elle soit maintenue « au moment où l’Organisation se lance dans cette phase importante de transformation des opérations de maintien de la paix ».

M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) s’est félicité des travaux du Groupe indépendant de haut niveau, rappelant que « l’objectif ultime » est de créer des opérations de maintien de la paix en mesure de répondre efficacement aux défis qu’elles doivent relever et pour lesquels elles ont été créées.  Comme la majorité des opérations sont déployées en Afrique, le représentant n’a pu que saluer des recommandations visant à renforcer la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine, qualifiant ce partenariat de « pierre angulaire des efforts de l’Afrique » pour « stabiliser ses vastes régions » et « assumer sa part du fardeau du maintien de la paix et de la sécurité internationales ».

Le représentant a jugé important de s’attarder sur les problèmes financiers de l’Union africaine et sur l’importance de voir les Nations Unies assumer la responsabilité première des opérations menées par l’Union africaine qui servent en réalité de pont entre le Conseil de sécurité et le terrain.  Cette position ne traduit en rien un manque de volonté de l’Union africaine de gérer ses propres opérations.  Elle traduit plutôt le fait que les conflits armés actuels exigent des réponses complexes et nuancées s’appuyant sur une technologie sophistiquée et nécessitant une qualité particulière d’infrastructures que l’Union africaine ne peut tout simplement pas s’offrir.  Appui ne veut pas dire dépendance, a insisté le représentant qui a dit plutôt voir un partenariat « vital » dans la quête mondiale de la paix et de la sécurité.  Il a donc salué les recommandations visant à créer un processus de contributions au cas par cas ainsi que la volonté du Secrétaire général de mettre en place de solides partenariats entre les Nations Unies et les organisations régionales.  « Cela nécessitera d’améliorer la collaboration institutionnelle entre les Nations Unies et de l’Union africaine, en allant vers des mécanismes plus prévisibles de coopération », a-t-il insisté.

Abordant la question de la protection des civils, le représentant a estimé que les différents modus operandi des militaires, des policiers et des civils déployés dans une mission soulèvent un certain nombre de questions.  Leur autonomie à agir et à prendre des décisions diffère largement, compte tenu de leur mandat, de leurs procédures opérationnelles, de leur agenda et de leurs règles d’engagement.  Il est donc crucial d’assurer une coordination stratégique entre ces composantes, grâce notamment à une formation commune. 

M. RAFAEL HECTOR DALO (Argentine) a avoué ne pas être d’accord avec tous les aspects du rapport du Groupe indépendant de haut niveau et de celui du Secrétaire général même s’ils offrent « un point de vue équilibré » grâce à l’ampleur des consultations qui ont été menées.  S’il faut « effectivement » accorder une plus grande importance à la prévention et à la médiation, en continuant de développer les outils politiques dont dispose l’ONU, il faut augmenter les ressources financières.

Quant à l’usage de la force, le représentant s’est félicité que les trois principes fondamentaux ne soient pas remis en cause à savoir, le consentement, l’impartialité et le non-recours à la force sauf en cas de légitime défense.  Il a mis en garde contre la transformation des opérations de maintien de la paix en missions d’imposition de la paix et s’est, à son tour, opposé à toute idée de déployer des opérations pour lutter contre le terrorisme.

Le représentant a soutenu la recommandation du Secrétaire général visant à placer la protection des civils au sommet des priorités, « pour éviter des scénarios comme au Rwanda ou Srebrenica ».  Il a toutefois insisté sur la nécessité de coopérer étroitement avec les autorités locales et les organisations humanitaires.  Il a également apporté son soutien à la recommandation visant à intégrer la dimension « droits de l’homme » dans les missions politiques spéciales et les opérations de maintien de la paix, pour autant qu’il y ait les ressources adéquates.  Il a soutenu le renforcement du rôle des femmes dans la prévention et la résolution des conflits et défendu une fermeté absolue contre les abus sexuels commis par les Casques bleus.

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a appelé à la coopération de tous dans le domaine essentiel du maintien de la paix.  Mon pays est prêt à augmenter sa contribution aux opérations de maintien de la paix à condition que l’on évite les doublons et que l’on améliore les mandats.  La première priorité du Royaume-Uni est la rapidité d’action des opérations, notamment en matière de protection des civils, et la reddition de comptes là où les missions ont échoué à protéger les civils.  La deuxième priorité est l’élaboration de mandats plus ciblés et mieux planifiés qui tiennent compte de la situation sur le terrain.  « Nous devons être clairs sur ce que nous voulons », a dit le délégué.  La troisième priorité est d’adopter une approche stratégique, notamment le fait de prendre en considération des offres techniques et de coopération des autres États Membres.  Le Royaume-Uni déploiera des moyens supplémentaires en Somalie et au Soudan du Sud, a promis le représentant.  

M. OH JOON (République de Corée) a déclaré que le monde actuel a besoin de voies nouvelles et fortes pour affronter les défis de la paix et de la sécurité internationales.  Il a appuyé fortement l’idée que lorsqu’elles sont bien élaborées et bien menées et axées sur les besoins des populations, les opérations de maintien de la paix des Nations Unies peuvent faire une contribution « remarquable » au traitement des défis mêmes les plus complexes auxquels fait face la communauté internationale.  Mon pays, a dit le représentant, est l’un des plus fervents partisans des opérations de maintien de la paix.  Il y déploie des hommes et les dote de ressources financières.  La République de Corée est aussi membre de la Commission de consolidation de la paix.  Il y a deux semaines, a-t-il dit, nous avons promis de l’aide, y compris une nouvelle aide à l’Union africaine. 

Le représentant a jugé essentiel que les États Membres impriment un élan politique durable à la mise en œuvre des recommandations.  Il faut, a-t-il dit, une synergie avec les examens de l’architecture de consolidation de la paix et du suivi de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur « les femmes, la paix et la sécurité ».  Il a annoncé l’organisation d’une réunion d’experts à Séoul, le 22 octobre prochain, pour développer et affiner la compréhension des aspects clefs de la réforme des opérations de maintien de la paix et pour lancer une réflexion sur l’élan qu’il faudra imprimer à la mise en œuvre. 

M. IB PETERSEN (Danemark) a insisté sur la cohérence qu’il doit y avoir dans chaque opération de maintien de la paix.  L’appui à ces opérations est un pilier de notre politique étrangère, a-t-il souligné, passant en revue les actions entreprises par son gouvernement en faveur des opérations en cours ou pour soutenir le développement des pays pour ne pas qu’ils retombent dans un conflit.  « Nous appuyons l’appel du Secrétaire général pour que l’Assemblée générale réponde aux deux rapports dans les mois qui viennent, afin que les Nations Unies soient en mesure d’agir mieux, avec des moyens adéquats et en comblant les lacunes actuelles évidentes », a-t-il conclu

M. VAKHTANG MAKHAROBLISHVILI (Géorgie) a souhaité que le débat contribue à la simplification des mandats des opérations de maintien de la paix.  Aucune mission de maintien de la paix ne devrait plus être utilisée par un État Membre pour assouvir sa soif d’expansion.  Le représentant a dénoncé le fait que la Mission d’observation des Nations Unies en Géorgie n’ait pas été remplacée après un veto de la Fédération de Russie et malgré les efforts de l’Union européenne.  Il a aussi regretté qu’une analyse globale des raisons du démantèlement de cette Mission n’ait jamais été entreprise aux Nations Unies.  Le représentant a insisté sur le rôle de la Fédération de Russie dans le démantèlement de la Mission malgré les propositions de la Géorgie.  La force militaire a été utilisée par la Fédération de Russie laquelle est devenue une force d’occupation des territoires de l’Abkhazie. 

M. JOSÉ LUIS RIVAS (Uruguay) a réitéré l’appui de son gouvernement aux opérations de maintien de la paix notamment en matière de protection des civils.  Ce sont des actions qui rapprochent les Nations Unies des populations, a plaidé le représentant qui a aussi soutenu la politique de la « tolérance zéro » contre les violences et les abus sexuels commis par les Casques bleus.  Il a parlé du Protocole qui prévoit une aide aux victimes de ces abus dans son pays ainsi que de la désignation d’un point focal au Ministère des relations extérieures et d’un autre sur le terrain. 

M. PETER VAN DER VLIET (Pays-Bas) a estimé que les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau et du Secrétaire général établissaient « des priorités fermes et spécifiques pour renforcer la prévention des conflits, les partenariats, la planification et l’appui aux opérations de maintien de la paix ».  Avant de passer en revue les initiatives de son pays en faveur de ces opérations, le représentant a souhaité souligner quatre points essentiels des rapports du Groupe indépendant de haut niveau et du Secrétaire général.  Premièrement, la protection des civils doit être la priorité des priorités.  Le manque de protection des civils voire les abus commis contre eux mine la réputation de l’ONU, pas parce qu’il nuit à son image mais parce qu’il montre que l’ONU a échoué à remplir son mandat le plus essentiel.  Le représentant a prôné une approche globale et une coordination étroite avec tous les acteurs concernés dont le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme. 

En deuxième lieu, il a appuyé la recommandation du Secrétaire général visant à institutionnaliser plus avant les partenariats avec des organisations régionales, en particulier avec l’Union africaine.  Il a ensuite estimé particulièrement urgent que les Nations Unies fassent des progrès dans la planification et la mise en œuvre des mandats et des missions.  Il nous faut une approche globale, dont des consultations étroites avec les pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police.  S’impatientant devant les multiples conférences et examens de l’agenda « femmes, paix et sécurité », le représentant a jugé qu’il est grand temps de passer à l’action.

M. FIDEL COLOMA (Chili) a rappelé que le nombre d’opération de maintien de la paix dans le monde avait triplé depuis 2000.  Il a apporté son soutien aux rapports du Groupe indépendant de haut niveau et du Secrétaire général, en particulier pour les recommandations visant à renforcer les moyens de prévention des conflits par les missions politiques spéciales et la médiation.  Les opérations de maintien de paix ne peuvent se concentrer exclusivement sur l’aspect militaire.  Il faut aussi intégrer les aspects social, économique et de défense des droits de l’homme pour arriver à une paix pérenne, a-t-il insisté, avant de saluer les recommandations destinées à améliorer la formation des contingents et à renforcer la place des femmes, souhaitant qu’elles occupent des postes élevés.  Enfin, il a insisté sur la « transparence complète » et « la participation de tous les États Membres » dans ce processus de réforme des opérations de maintien de la paix afin de « pouvoir le mettre en œuvre plus facilement ».

M. KAMAPRADIPTA ISNOMO (Indonésie) a réitéré l’objectif de son gouvernement de déployer un total de 4 000 Casques bleus d’ici à 2019.  Le rapport du Secrétaire général et celui du Groupe indépendant de haut niveau doivent être mis en œuvre par tous les États Membres, a estimé le représentant qui a indiqué que les discussions intergouvernementales doivent se poursuivre au sein du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.  Les discussions sur les missions politiques spéciales devraient par contre se poursuivre au sein de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation tandis que les questions financières au sein de la Commission des questions administratives et budgétaires.  Le représentant a ajouté que chaque pays peut contribuer de manière différente, mais une petite contribution peut faire la différence.  Il est important de travailler pour améliorer la coopération et la confiance entre les pays, a-t-il estimé. 

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