L’Assemblée générale marque la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale commémorée le 21 mars
L’Assemblée générale des Nations Unies a marqué aujourd’hui la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale qui a pour thème en 2015 « Apprendre des tragédies historiques pour combattre la discrimination raciale aujourd’hui ». Décrétée en 1966, cette Journée est commémorée le 21 mars en mémoire des 69 manifestants pacifiques tués le 21 mars 1960 à Sharpeville, en Afrique du Sud, qui manifestaient contre l’apartheid. Elle encourage notamment la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éliminer toutes les formes de discrimination raciale.
Donnant lecture d’un message du Président de l’Assemblée générale, M. Mahmadamin Mahmadaminov (Tadjikistan) a affirmé que la lutte contre le racisme et la discrimination était aussi une lutte pour la stabilité et la paix dans le monde et que la lutte contre le racisme et la promotion de la réconciliation constituaient deux objectifs complémentaires.
Au nom du Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, sa Chef de Cabinet, Mme Susana Malcorra, a souligné l’importance de l’élaboration de programmes insistant sur l’exactitude historique et de législations visant à mettre fin à toute forme de discrimination. Tout en saluant les progrès de la lutte contre le racisme depuis 50 ans, la fin du colonialisme et l’abolition de l’apartheid, elle a noté que la discrimination raciale demeurait un danger manifeste à l’échelle individuelle et collective partout dans le monde.
Estimant que ceux qui souffrent le plus des discriminations raciales sont les personnes d’ascendance africaine, Mme Verene A. Shepherd, Professeure à l’Université des West Indies, en Jamaïque, et membre du Groupe de travail pour les personnes d’ascendance africaine, a souligné l’importance de la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine, lancée le 10 décembre 2014.
Elle a fustigé le racisme visible « dans les insultes racistes dont sont victimes les joueurs de football noirs, dans le racisme institutionnel, les arrestations policières arbitraires, dans les inégalités d’accès aux emplois et aux logements, dans le taux d’incarcération disproportionné de certains groupes ethniques ou bien encore dans les dessins, articles et autres représentations textuelles irrespectueux de la religion ou de l’appartenance ethnique des autres ».
Tous les intervenants ont formé le vœu d’une ratification universelle de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, adoptée il y a 50 ans, par la résolution 2106 A (XX) du 21 décembre 1965. Ils ont également salué le lancement, le 10 décembre 2014, de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, dont le programme d’activités viendra compléter la lutte contre le racisme.
« Se souvenir des tragédies du passé, c’est aussi tout mettre en œuvre pour qu’elles ne se reproduisent plus », a estimé le représentant de la Slovénie au nom du Groupe des États d’Europe orientale, avant de souligner l’importance d’examiner les causes profondes de la discrimination et examiner les leçons de l’histoire. Il a jugé essentiel de parvenir à une ratification de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, et à tout mettre en œuvre pour que le respect de la diversité devienne une réalité.
Au nom du Groupe des États d’Europe occidentale, la représentante de la Belgique s’est félicitée que la Convention compte désormais 177 États. Toutefois, elle a déploré que le racisme soit encore ancré dans toutes nos sociétés et souligné le besoin de rappeler que tous les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Au nom du Groupe des États de l’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), le représentant de la Jamaïque a souligné que l’objectif poursuivi par la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine était d’éliminer l’héritage, toujours vivace, de l’une des plus grandes formes de discrimination. Il a indiqué que cette Décennie viendrait compléter la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine d’Amérique latine et des Caraïbes lancée en septembre 2013 par la CELAC, avant de réaffirmer la détermination de son Groupe à promouvoir l’inclusion sociale de toutes les personnes, indépendamment de leurs origines ethniques et raciales.
Le Président de l’Assemblée générale a indiqué que le message du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme relatif à cette Journée était en ligne sur le site du Haut-Commissariat (HCDH).
Par la Résolution A/RES/60/162 adoptée le 18 décembre 2014, l’Assemblée générale invite les États qui ne l’ont pas encore fait d’envisager leur adhésion à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale qu’elle a adoptée dans sa résolution 2106 A (XX) du 21 décembre 1965, et aux États parties de souscrire sans délais à la déclaration visée à l’article 14 de la Convention. Le texte souligne la nécessité de mettre fin aux gesticulations stériles sur le racisme et invite tous les États à mettre résolument fin à l’impunité des auteurs d’actes de racisme et de discrimination.
ÉLIMINATION DU RACISME, DE LA DISCRIMINATION RACIALE, DE LA XÉNOPHOBIE ET DE L’INTOLÉRANCE QUI Y EST ASSOCIÉE
Séance commémorative à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale
Déclarations
Au nom de M. SAM KUTESA, Président de la soixante neuvième session de l’Assemblée générale, M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a rappelé que le 21 mars a été proclamé Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale en mémoire des 69 manifestants pacifiques tués à Sharpeville, en Afrique du Sud, le 21 mars 1960, précisant que cette année de commémoration avait pour thème « Apprendre des tragédies historiques pour combattre la discrimination raciale aujourd’hui ». Il a estimé que les préjugés ne devaient pas s’ancrer dans nos sociétés, avant de rappeler que chaque être humain est né égal dans la dignité et les droits. Il a affirmé que la lutte contre le racisme et la discrimination était aussi une lutte pour la stabilité et la paix dans le monde, précisant que lutter contre le racisme et promouvoir la réconciliation étaient deux objectifs complémentaires.
Donnant lecture d’une déclaration de M. Ban Ki-moon, Mme SUSANA MALCORRA, Chef de Cabinet du Secrétaire général des Nations Unies, a appelé à corriger et rectifier les dommages causés par la discrimination raciale, rappelant que cette année commémorait le cinquantième anniversaire de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et le début de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine. Depuis un demi-siècle, la lutte contre le racisme et la discrimination raciale a fait des avancées ayant abouti à la fin du colonialisme, à l’abolition de l’apartheid et à la naissance d’un mouvement mondial en faveur de l’égalité. L’histoire et l’actualité montrent cependant que, dans le monde entier, la discrimination raciale demeure un danger manifeste à l’échelle individuelle et collective, a-t-elle mis en garde.
Mme Malcorra a souligné l’importance de l’élaboration de programmes insistant sur l’exactitude historique et de lois visant à mettre fin à toute forme de discrimination. Elle a rappelé que l’ONU, après avoir commémoré la mémoire de l’Holocauste en janvier, dévoilera la semaine prochaine un mémorial en l’honneur des victimes de l’esclavage et commémorera en avril la mémoire du génocide rwandais. Elle a souligné la nécessité de se rappeler que tous ces évènements tragiques de l’histoire humaine sont liés au racisme.
Mme VERENE A. SHEPHERD, Professeure à l’Université des West Indies en Jamaïque et membre du Groupe de travail pour les personnes d’ascendance africaine, a fait part de son inquiétude du fait que, 50 ans après la proclamation de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale trop, d’individus, de communautés et de sociétés continuaient de souffrir du racisme. « Ceux qui souffrent le plus des discriminations raciales sont les personnes d’ascendance africaine », a-t-elle dit.
À ce titre, elle a indiqué que le programme d’activités pour la Décennie des personnes d’ascendance africaine, lancé l’année dernière, comprenait diverses stratégies pour corriger les injustices du passé. Le racisme, a-t-elle poursuivi, est visible dans les insultes racistes dont sont victimes les joueurs de football noirs, dans le racisme institutionnel, dans les arrestations policières arbitraires, dans les inégalités d’accès aux emplois et aux logements, dans le taux d’incarcération disproportionné de certains groupes ethniques ou bien encore dans les dessins, articles et autres représentations textuelles irrespectueux de la religion ou de l’appartenance ethnique des autres. « Je me joins aujourd’hui à l’appel de la communauté internationale pour l’adoption d’actions concrètes pour la totale élimination du racisme, des discriminations raciales, de l’afrophobie, de la xénophobie et pour la pleine mise en œuvre de la Déclaration de Durban et du Programme d’action », a-t-elle déclaré.
Mme Shepherd a également rappelé que cette année marquait le 51e anniversaire de l’adoption aux États-Unis du Civil Rights Act de 1964, le 150e anniversaire du massacre de Morant Bay, en Jamaïque, au cours duquel 400 Jamaïquains ont été assassinés par le Gouverneur britannique Edward Eyre parce qu’ils demandaient l’élimination de la discrimination raciale ou encore le 211e anniversaire de l’indépendance d’Haïti.
Elle a par ailleurs souligné les avancées enregistrées dans la lutte contre les discriminations, telles que le démantèlement de l’apartheid en Afrique du Sud, la fin du colonialisme ou bien l’abolition des lois et pratiques racistes dans de nombreux pays. « Nous pouvons construire nos propres ponts symboliques et métaphoriques –les ponts de la compréhension mutuelle– et les étendre à toute la famille humaine, de l’Alaska à l’Argentine, de la mer de Norvège à la Méditerranée, de l’Écosse à la Sibérie, d’Alger au Cap, de la Jordanie au Japon et de la Russie à la Nouvelle-Zélande. » Mme Shepherd a également rappelé les noms de certaines victimes tombées lors du massacre de 69 personnes à Sharpeville, en Afrique du Sud, le 21 mars 1960, à la suite d’une manifestation contre l’apartheid et cité les noms des victimes des luttes révolutionnaires pour mettre un terme à l’esclavage, au colonialisme et à l’apartheid dans les Amériques.
« Plus jamais, jamais, jamais notre si belle planète ne sera défigurée par la haine raciale et la hantise de la diversité et ne sombrera dans le chaos en raison de l’obscurantisme et de l’intolérance », a-t-elle conclu, reprenant les paroles que Nelson Mandela avait prononcées à l’occasion de la fin de l’apartheid.