En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6644

États Membres et panélistes soulignent l’importance des cultures de substitution pour mieux répondre au problème mondial de la drogue

15/7/2014
Conseil économique et socialECOSOC/6644
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de 2014

43e & 44e séances

matin & après-midi


ÉTATS MEMBRES ET PANÉLISTES SOULIGNENT L’IMPORTANCE DES CULTURES DE SUBSTITUTION

POUR MIEUX RÉPONDRE AU PROBLÈME MONDIAL DE LA DROGUE


Le nombre de toxicomanes dans le monde pourrait augmenter d’un quart d’ici à 2050, la majorité d’entre eux vivant dans les pays en développement, a prévenu le Président de la cinquante-septième session de la Commission sur les drogues, M. Khaled Abdel-Rahman Shamaa, au cours d’une table ronde organisée, ce matin, par le Conseil économique et social, sur le développement durable et le problème mondial de la drogue.


Pour le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon, le trafic de drogues et les autres formes de la criminalité organisée engendrent des « conséquences dévastatrices » pour le développement des pays touchés. 


« Si nous voulons extirper des millions de personnes de leurs conditions de vie difficiles et leur assurer un avenir meilleur, nous devons éliminer les obstacles qui se dressent devant nous », a-t-il déclaré.  Dans les pays vulnérables, a expliqué M. Oh, le trafic de drogues contribue à maintenir le niveau de pauvreté et à aggraver les « inégalités criantes ».


Renchérissant, la Commissaire de la Commission ouest-africaine sur le trafic de drogues, Mme Mary Chinery-Hesse, a signalé que les risques liés à la drogue sont bien plus importants dans les pays d’Afrique de l’Ouest que dans les développés.  Les pays de l’Afrique de l’Ouest, a-t-elle précisé, n’ont ni les capacités ni les moyens pour faire face, seuls, à ce phénomène.


La valeur d’une tonne de cocaïne envoyée d’Amérique du Sud vers l’Europe, transitant par notre région, représente un montant supérieur au budget de la sécurité d’un pays de l’Afrique de l’Ouest, a-t-elle souligné, pour illustrer le risque de corruption de ce commerce illicite pour les pays vulnérables.


Faisant observer que les jeunes seront plus nombreux parmi les toxicomanes dans les années à venir, M. Shamaa a recommandé aux gouvernements d’investir davantage en faveur des jeunes car, a-t-il averti, ce fléau peut détruire des sociétés.


Face à l’ampleur du fléau que représentent la culture et le trafic de drogues, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, et le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Yury Fedotov, ont chacun insisté, dans des messages vidéo distincts, sur la nécessité d’aider les agriculteurs à opter pour des cultures alternatives.


« Il faut offrir aux agriculteurs d’autres options pour qu’ils puissent vivre de manière juste et prospère en abandonnant la culture de drogues », a notamment insisté le Chef de l’ONUDC.


Les mérites des cultures de substitution ont été mis en avant par la représentante de la Colombie, ainsi que par le Directeur exécutif de la Commission nationale pour le développement et pour un mode de vie exempt de drogues (DEVIDA) du Pérou, M. Alberto Otarola Peñaranda.  Ce dernier s’est réjoui de ce que le Pérou ait réussi à réduire de 17% en un an la surface de culture de coca.


Le représentant de la Thaïlande a toutefois souligné qu’il faudrait veiller à ce que les cultures de substitution aient une valeur commerciale et assurer leur compétitivité sur les marchés.  « Les marchands ne vont pas acheter ces produits par simple acte de charité », a-t-il fait remarquer.


À cet égard, le Directeur exécutif adjoint de l’ONUDC, M. Aldo Lale-Demoz, a indiqué que la valeur de produits issus des cultures de substitution en Colombie et vendus dans les marchés d’exportation est, aujourd’hui, de 200 millions de dollars.


L’ECOSOC poursuivra ses travaux demain, mercredi 16 juillet à partir de 10 heures.  Il devrait prendre note des rapports de la Commission des stupéfiants sur les travaux de sa cinquante-septième session (E/2014/28), de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (E/INCB/2013/1), du Conseil de direction sur les principales activités de l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la criminalité et la justice (E/2014/85) et duRapport annuel d’ensemble 2013 du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination (CCS)(E/2014/69).


Il clôturera ainsi sa session de trois jours consacrée à la coordination et l’organisation.



QUESTIONS SOCIALES ET QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME


Drogues (A/69/87–E/2014/80, E/2013/28/Add.1, E/2014/28 et E/INCB/2013/1)


Table ronde de haut niveau sur le thème « Développement durable et le problème mondial de la drogue: défis et opportunités »


Remarques d’introduction


M. OH JOON (République de Corée), Vice-Président du Conseil économique et social, a fait observer que le problème mondial de la drogue se fait ressentir sur la capacité des États Membres à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Si nous voulons extirper des millions de personnes de leurs conditions de vie difficiles et leur assurer un avenir meilleur, a-t-il indiqué, nous devons éliminer les obstacles qui se dressent devant nous.  Le trafic de drogues et les autres formes de la criminalité organisée engendrent des conséquences dévastatrices sur le développement.  M. Oh a expliqué que dans les pays faibles et vulnérables, les drogues illicites contribuaient à maintenir le niveau de pauvreté et à aggraver les « inégalités criantes ».  Il a aussi souligné que l’appui accordé au développement alternatif était un élément important de l’approche intégrée en matière de développement et de lutte contre les drogues illicites.  M. Oh a indiqué que la lutte contre le problème de la drogue nécessitait un ferme engagement politique pour réduire l’offre et la demande, dans le plein respect des trois conventions internationales existantes dans ce domaine.


Déclarations liminaires


M. MARTIN SAJDIK (Autriche), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que la Commission des stupéfiants, commission technique de l’ECOSOC siégeant à Vienne, est la seule instance de l’ONU qui examine la question des drogues de manière holistique.  En 2009, la Commission avait adopté une Déclaration politique et le Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue, a-t-il rappelé.  Cette Déclaration politique, a-t-il dit, souligne l’importance des questions de développement dans la lutte contre la drogue.  M. Sajdik a précisé que le paragraphe 40 de la Déclaration politique invite l’ECOSOC à consacrer une réunion annuelle à cette question.  Il a émis l’espoir que le débat d’aujourd’hui contribuera au succès de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur les drogues qui se tiendra en 2016.  L’addiction à la drogue, a-t-il fait remarquer, est d’abord un problème de santé.  C’est pourquoi, il est important d’en assurer la prévention, notamment par un traitement et un suivi et la réintégration sociale des personnes concernées.


Le Président de l’ECOSOC a appelé à répondre aux besoins particuliers des groupes vulnérables.  Il a encouragé à renforcer davantage ces mesures, en se fondant sur les données scientifiques afin d’en assurer une application effective.  Il a souligné l’urgence de réagir aux sérieux problèmes que posent les liens de plus en plus forts entre le trafic de drogues, la corruption et d’autres formes de criminalité organisée, dont la traite des personnes, le trafic d’armes à feu, la cybercriminalité et, dans certains cas, le terrorisme et le blanchiment d’argent.  La lutte contre les stupéfiants devrait se faire dans le respect de tous les droits de l’homme et libertés fondamentales, la dignité inhérente à tous les individus et les principes de l’égalité de droits et du respect mutuel des États. 


Par message vidéo, M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que la drogue détruisait la vie des gens et engendrait des conséquences dévastatrices pour des sociétés entières, affaiblissant ainsi les institutions nationales.  Le trafic de la drogue détruit les communautés et les activités de développement.  Il est donc important d’aider les agriculteurs à opter pour des cultures alternatives et les individus à trouver d’autres emplois.  Il a espéré que la session extraordinaire de l’Assemblée générale de 2016 sur le problème mondial de la drogue offrira une excellente occasion pour les États Membres d’échanger leurs expérience et expertise sur ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas en matière de lutte contre la drogue.


S’adressant par vidéoconférence depuis Vienne, M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a prévenu que le trafic des stupéfiants risquait de saper les efforts de paix et de développement partout dans le monde.  Il fait obstacle à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et remet en question le programme de développement pour l’après-2015.  La drogue génère corruption et blanchiment d’argent et sape les activités légitimes.  Pour faire face à ces défis, il faudrait établir des programmes bien ciblés.  L’importance de cultures alternatives, a-t-il rappelé, avait été soulignée dans la déclaration ministérielle conjointe de Vienne de mars 2014.  M. Fedotov a fait remarquer que la Colombie était un excellent exemple de ce qui peut être fait en ce sens pour lutter efficacement contre les activités illicites liées à la drogue.  Il a indiqué que l’ONUDC a aidé, en Colombie, 146 000 familles et plusieurs communautés rurales, et renforcé 614 organisations par le biais de formations et activités d’autonomisation des femmes.  M. Fedotov a aussi mis l’accent sur la question de la propriété des terres par les agriculteurs pour favoriser des environnements stables.  Il faudrait offrir aux agriculteurs d’autres options pour qu’ils puissent vivre de manière juste et prospère en abandonnant la culture de drogues, a insisté le Chef de l’ONUDC.


Intervenants


M. KHALED ABDEL-RAHMAN SHAMAA, Représentant permanent de l’Égypte auprès de l’Organisation des Nations Unies à Vienne et Président de la cinquante-septième session de la Commission sur les drogues, a indiqué que la Commission avait toujours encouragé les cultures alternatives afin de contribuer à la réduction de la pauvreté et à la promotion du développement.  Le développement alternatif, a-t-il rappelé, est aussi un élément important de la Déclaration politique de la Commission concernant la lutte contre la drogue.  M. Shamaa s’est félicité de l’adoption, par la Commission, d’une Déclaration ministérielle conjointe sur l’application par les États Membres de la Déclaration politique et du Plan d’action sur la coopération internationale en vue d’élaborer une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue.  Il a ensuite passé en revue les effets négatifs de la culture et du trafic de drogues sur le développement.


Pour M. Shamaa, il est nécessaire d’accorder plus d’attention aux efforts déployés sur le terrain pour faire face au problème de la drogue.  Comme le font observer les démographes, s’est-il alarmé, le nombre de toxicomanes pourrait augmenter d’un quart d’ici à 2050, et la majorité d’entre eux se trouveront dans les pays en développement et, plus particulièrement, parmi les jeunes.  La consommation de drogues se stabiliserait en revanche dans les pays développés.  C’est pourquoi, il est essentiel d’investir en faveur des jeunes, a souligné le panéliste qui a fait remarquer que, selon des statistiques, on note un abus de drogues dès l’âge de 12 ans.  En outre, de nombreux jeunes ne peuvent pas se rendre à l’école à cause de leur propre addiction ou de celle de leurs parents.  Le Président a ensuite fait savoir que la Commission avait l’intention d’impliquer encore davantage les jeunes dans ses travaux.


M. Shamaa a par ailleurs regretté que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ne soient pas inclues dans le processus préparatif de la session extraordinaire de l’Assemblée générale de 2016 consacrée au problème mondial de la drogue car, a-t-il souligné, leurs contributions sont très importantes.  Un site Internet a été créé pour faciliter les préparatifs de cette session extraordinaire, a-t-il indiqué, avant d’attirer l’attention sur le problème de la drogue en Afrique.


M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande) a indiqué que si la culture de la feuille de coca a décru récemment, la culture du pavot a en revanche augmenté.  Les terrains servant à la culture du pavot pour l’opium ont atteint un niveau record depuis 1978 et des mesures d’urgence sont nécessaires pour inverser cette tendance alarmante, a-t-il souligné.


M. Sinhaseni a rappelé que dans les années 1960, la culture du pavot dans sa région recouvrait 17 000 hectares -le célèbre Triangle d’or entre la République démocratique populaire lao, la Thaïlande et le Myanmar-, et que l’opium était considéré comme un produit de base pour les communautés ethniques.  La Thaïlande a ensuite adopté une politique en matière de culture de substitution pour inciter les communautés à cesser la culture du pavot.  L’intervenant a toutefois souligné que ces cultures de substitution devraient avoir une valeur commerciale et assurer leur compétitivité sur les marchés, car, a-t-il fait observer, les marchands ne vont pas acheter ces produits par simple acte de charité.  La production de café à partir de ces terres doit être encouragée, de même que celle de fruits et de légumes de qualité.  Depuis 2001, a-t-il poursuivi, la Thaïlande produit une quantité « insignifiante » de pavot.


M. Sinhaseni a ensuite indiqué que la Thaïlande partageait son expérience en matière de culture de substitution par le biais de la coopération Sud-Sud, notamment au Myanmar, en Afghanistan et en Indonésie.  Des accords de coopération doivent être mis en œuvre dans 58 communautés du Myanmar et d’autres initiatives verront le jour en Colombie et au Pérou.  La Thaïlande préconise par ailleurs l’intégration de stratégies de développement alternatives dans le programme de développement pour l’après-2015.


Mme MARY CHINERY-HESSE, Commissaire de la Commission ouest-africaine sur le trafic des drogues (WACD), a indiqué que le trafic des stupéfiants représentait un immense problème pour l’Afrique de l’Ouest qui a été identifiée comme une zone de transit importante.  Elle a assuré que les pays de l’Afrique de l’Ouest entendaient tout mettre en œuvre afin que le trafic des stupéfiants ne fasse pas obstacle au potentiel de développement de la région.  À cet égard, elle a cité la création, en janvier 2013, de la Commission ouest-africaine sur le trafic de drogues, qui est présidé par l’ancien Président nigérian, M. Olusegun Obasanjo.  Elle a précisé que la Commission était composée d’un groupe de personnalités ouest-africaines issues de la politique, de la société civile, de la santé, de la sécurité et de la justice.  Elle s’est inquiétée du fait que la sous-région était en train de passer d’une zone de transit à une zone de consommation et même de production de kétamine au Nigéria.  « Nous ne devons plus aborder cette problématique de manière régionale ou par thématique économique, mais de manière globale, a-t-elle insisté en espérant que cela donnera lieu à une pleine coopération internationale. » 


Mme Chinery-Hesse s’est dite persuadée que beaucoup des problèmes rencontrés par la Guinée-Bissau étaient liés au problème de la drogue et aux revenus du trafic de la drogue.  Attirant l’attention sur l’ingérence de barons de la drogue qui soutiennent certains candidats aux élections, elle a insisté pour que ces élections soient organisées avec des fonds publics.  La valeur d’une tonne de cocaïne envoyée d’Amérique du Sud vers l’Europe représente, a-t-elle noté, un montant supérieur au budget de la sécurité d’un pays de l’Afrique de l’Ouest.  Les risques liés à la drogue sont bien plus importants en Afrique de l’Ouest que dans une économie développée, a-t-elle fait remarquer.  « Nous n’avons ni les capacités ni les moyens pour faire face, seuls, à ce phénomène », a-t-elle dit en précisant que les pays d’Afrique de l’Ouest ne pouvaient qu’appréhender « les petits poissons ».


M. LOCHAN NAIDOO, Président de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), a appelé tous les acteurs à assumer leurs responsabilités partagées en matière de lutte contre l’offre et la demande de stupéfiants.  « Notre double objectif consiste à garantir la disponibilité des médicaments et lutter contre les drogues illicites », a précisé le Président de l’OICS.  Il a appelé à une lutte contre l’offre et la demande qui envisage des traitements, la prévention, le respect des droits de l’homme et la dignité de la personne.  M. Naidoo a attiré l’attention sur les avantages du développement durable qui prévoit des opportunités viables et des alternatives fortes.  Il a ainsi mis l’accent sur l’importance de programmes de développement alternatifs en souhaitant que ces programmes évoluent et soient élargis au-delà des communautés rurales qui cultivent.  Des investissements sont nécessaires pour assurer la cohésion sociale afin de contribuer à des initiatives de développement alternatif, a-t-il estimé.   


M. ALDO LALE-DEMOZ, Directeur exécutif adjoint de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a parlé des liens étroits qui existent entre le développement alternatif et la réalisation des OMD.  Il a également affirmé que la fiabilité des programmes agricoles se renforçait avec l’adoption de mesures fermes en matière de lutte contre les drogues, l’élaboration de programmes de développement rural et la pleine participation des communautés locales dans la mise en œuvre de programmes de survie durable.  Les stratégies de politique sociale préventive sont essentielles pour lutter efficacement contre les cultures et les marchés illicites, a-t-il ajouté.


La communauté internationale, a insisté M. Lale-Demoz, doit assurer un appui financier et politique durable au développement alternatif.  Les institutions financières internationales doivent, elles aussi, privilégier les programmes de développement alternatif.  L’intervenant a signalé que lorsque des agriculteurs prennent part à des cultures illicites, ce n’est que pour parvenir à couvrir leurs besoins fondamentaux.  Des programmes ruraux de développement durable doivent donc être établis pour garantir la pleine participation des communautés locales et leur offrir la perspective d’une vie digne.  En période d’austérité budgétaire, l’appui des petites communautés rurales ne doit pas être négligé.


M. Lale-Demoz a poursuivi son intervention en citant les succès enregistrés par la Thaïlande, à la suite du lancement de programme de culture de substitution.  Il a expliqué qu’au Lao, l’ONUDC a introduit de nouvelles techniques de culture agricole et organisé des formations à l’intention des agriculteurs.  Des initiatives similaires ont été lancées en Afghanistan, et les programmes de l’ONUDC ont connu un succès notable en Amérique latine.  La valeur de produits issus des cultures de substitution en Colombie et vendus dans les marchés d’exportation est de 200 millions de dollars, s’est-il félicité.  La valeur des exportations de café, de cacao et de cœurs de palmiers issus de l’agriculture alternative et à destination de l’Amérique du Nord et de certains pays d’Europe avait atteint 30 millions de dollars en 2013, a-t-il ajouté.


M. Lale-Demoz a aussi souligné que les cultures de substitution avaient un impact notable sur l’amélioration des conditions de vie et l’autonomisation des femmes et que ces dernières avaient un rôle important à jouer dans ce domaine.  Il a par ailleurs indiqué qu’en Colombie, des programmes de reboisement avaient été lancés et des titres de propriété donnés aux agriculteurs.  L’intervenant a toutefois regretté qu’il existe encore trop d’agriculteurs dans le monde qui ne peuvent pas bénéficier des fruits d’un développement à long terme.


M. ALBERTO OTÁROLA PEÑARANDA, Directeur exécutif de la Commission nationale pour le développement et pour un mode de vie exempt de drogues (DEVIDA), a déclaré que la lutte contre les stupéfiants portait ses fruits au Pérou qui est le pays andin le plus efficace en matière de lutte contre les cultures illégales.  Il a indiqué que le Pérou avait su réduire de 17% en un an la surface de culture de coca.  « Depuis 2012, le budget de la stratégie nationale de lutte contre la drogue a augmenté de 300% », s’est-il félicité.  Cette stratégie ne sera efficace sans un développement alternatif réduisant le trafic et la consommation, a-t-il prévenu, que si elle intègre les producteurs de culture illégale à l’économie légale.  Il a cité une démarche en trois phases du Gouvernement péruvien visant le rapprochement des populations enclavées, l’adoption de mesures immédiates pour répondre aux besoins immédiats de la population et l’élaboration de plans complets pour le développement d’activités licites.  Pour illustrer le succès des initiatives du Pérou, il a indiqué que la surface cultivée de coca avait diminué de 7 000 à 227 hectares entre 2011 et 2013 dans la province enclavée de Monzon.  Il a notamment souligné le succès de projet de développement alternatif comme l’agrosylviculture qui permet de cultiver à l’ombre des arbres, en réhabilitant les sols et en sensibilisant les populations aux bonnes pratiques environnementales. 


Débat avec les délégations


Au cours de ce débat, les délégations ont notamment réfléchi à la meilleure approche qui pourrait être adoptée pour faire face au problème mondial de la drogue.  L’idée d’inclure un objectif précis dans le programme de développement pour l’après-2015 a ainsi été avancée par certains intervenants.  Délégations et panélistes ont aussi discuté de la situation qui prévaut dans les pays de transit.


Le représentant de la Fédération de Russie s’est inquiété de ce que l’Afghanistan soit devenu l’un des principaux pays producteurs de pavot au monde et il a estimé qu’il faudrait, pour contrer ce problème, adopter une stratégie en faveur du développement alternatif.  Son homologue de la Chine a appelé à renforcer la lutte contre la drogue dans les régions du « Triangle d’or » et du « Croissant d’or ».


Pour sa part, le représentant de la République islamique d’Iran a indiqué que son pays ne disposait pas de tous les éléments nécessaires pour répondre au mieux au problème de la drogue.  Tout en soulignant qu’il était fondamental d’établir une coopération avec les pays d’Europe pour y faire face, il a regretté qu’à ce stade, une telle coopération n’existait pas.


C’est une approche multidisciplinaire, établie sur la base du principe de responsabilité commune mais différenciée qu’il faudrait adopter pour enrayer ce problème, a préconisé la représentante de Cuba, qui a aussi appelé à l’élaboration de politiques de prévention qui prévoient le traitement et la réinsertion des toxicomanes, tout en veillant au respect de l’intégrité territoriale des pays.


Lui emboitant le pas, la représentante de la Colombie a indiqué que son pays avait réalisé des avancées significatives dans la lutte contre la drogue grâce au soutien de l’ONUDC.  La surface de culture de la coca est passée de 140 000 hectares en 2001 à 40 »000 en 2013, s’est-elle félicitée.  Un tel succès, a-t-elle tempéré, ne peut être remporté que si le pays dispose d’institutions solides et fait participer activement les agriculteurs à son programme de développement alternatif.  Les agriculteurs ne doivent pas simplement être des bénéficiaires, mais également des acteurs du développement, a-t-elle souligné.


La représentante de la Colombie s’est par ailleurs opposée à l’idée de créer un lien immédiat entre les objectifs de développement durable et la lutte contre la drogue et de définir un objectif précis au sein du programme de développement pour l’après-2015.  Elle a estimé que cela serait contreproductif dans la mesure où cela constituerait un obstacle aux efforts visant à couvrir tous les aspects de ce problème mondial.


À son tour, le représentant du Guatemala a voulu savoir si des programmes de développement alternatif avaient été établis dans les pays de transit du commerce illicite de drogues.  Dans ces pays, la participation au trafic de drogues est souvent une source importante de revenu pour les populations, a-t-il fait observer.


Le Directeur exécutif adjoint de l’ONUDC a expliqué que l’ONUDC avait effectivement essayé de mettre en place des systèmes alternatifs à l’intention des personnes qui participent au trafic de drogues, notamment au Mexique et au Brésil, mais que ces exemples demeuraient peu nombreux.


En la matière, la Commissaire de la Commission ouest-africaine sur le trafic de drogues a recommandé aux délégations de réfléchir aux besoins spécifiques des communautés qui prennent part à la culture et au trafic de drogues, ainsi qu’aux besoins de l’ensemble d’une région.


Notant que de nombreux trafiquants de drogues sont des mères célibataires, le Président de l’OICS a proposé d’élaborer des programmes de lutte qui prennent en compte leur situation.  Il a souligné également qu’il était nécessaire d’appuyer la structure familiale et d’accorder une attention au développement de l’enfant afin de prévenir une telle situation.


Le Président de la cinquante-septième session de la Commission sur les drogues a fait observer que de nombreux pays de transit comptaient également de nombreux consommateurs de drogues.  Pour que les mesures de prévention soient efficaces, il faudrait, au préalable, déterminer la cause véritable du problème.  Le trafic de drogues n’opère pas en vase clos et il est souvent lié à d’autres formes de criminalité.  C’est pourquoi, il est nécessaire d’impliquer pleinement le système judiciaire.  Il a aussi préconisé l’adoption d’une approche hybride qui prenne en compte les conditions spécifiques à plusieurs pays et au sein d’un même pays.


À son tour, le Directeur exécutif de DEVIDA a insisté sur la nécessité de créer un cercle virtuel entre la lutte contre la drogue, le développement et l’autonomisation des populations.  Il a aussi jugé nécessaire de sensibiliser les agriculteurs et de lancer des programmes d’amélioration des sols et de formation technique.  Le cacao, le café et les produits issus de la culture biologique sont particulièrement rentables, a-t-il précisé.


Le Directeur exécutif adjoint de l’ONUDC a par ailleurs fait observer que les pays qui appliquent les Conventions des Nations Unies de lutte contre la drogue enregistrent les progrès bien plus significatifs que ceux qui ne le font pas.  Il a parlé du défi que représentera la coordination des efforts des pays, ainsi que de la nécessité d’impliquer la société civile et les institutions financières internationales au processus.  Les pays pauvres doivent également y jouer un rôle, a-t-il ajouté, en prévenant que les contributions ne pouvaient uniquement venir de l’étranger.


QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS SOCIAUX ET HUMAINS


La prévention du crime et la justice pénale (E/2013/30/Add.1, E/2014/30, et E/2014/85)


Drogues (A/69/87–E/2014/80, E/2013/28/Add.1, E/2014/28 et E/INCB/2013/1)


Débat général


Mme YANERIT MORGAN (Mexique) a souligné que la Déclaration ministérielle, adoptée par la Commission des stupéfiants, contribuera de manière importante aux préparatifs de la session extraordinaire de l’Assemblée générale en 2016.  Elle a estimé que cette session extraordinaire offrira une grande occasion pour la communauté internationale de réaffirmer son engagement à trouver une réponse efficace à ce fléau.  Elle a réclamé la tenue d’un débat de fond qui permette aux États Membres, aux ONG, aux fonds, programmes et institutions spécialisées du système des Nations Unies, ainsi qu’au monde universitaire de se faire entendre.  Elle a insisté sur la nécessité de maintenir le caractère inclusif des préparatifs.


M. ALEXEY ROGOV (Fédération de Russie) s’est inquiété de l’ampleur de la culture du pavot en Afghanistan.  Il a estimé que le retrait prochain des forces internationales qui se trouvent actuellement dans le pays appelle à redoubler d’efforts pour faire face au problème de la drogue en Afghanistan.  Ce problème, a-t-il affirmé, constitue une menace pour la paix et la stabilité dans le monde.  Le mécanisme du Pacte de Paris Il, a-t-il rappelé, souligne la nécessité de renforcer le système de contrôle dans la lutte contre les stupéfiants.  Le représentant a aussi appelé à l’adoption d’une démarche complète pour lutter contre la criminalité transnationale organisée.  Il est également important de lutter contre la corruption, a-t-il dit.  Le représentant a souhaité par ailleurs l’adoption d’un protocole à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée.


QUESTIONS DE COORDINATION, QUESTIONS RELATIVES AU PROGRAMME ET AUTRES QUESTIONS


Débat général


Mme ANA SILVIA RODRIGUEZ ABASCAL (Cuba) s’est félicitée des efforts d’harmonisation et de simplification des pratiques institutionnelles, ainsi que des efforts consentis par le Conseil des chefs de secrétariat (CCS) pour préparer et suivre les résultats des grandes conférences et tout ce qui est fait pour accélérer la réalisation des OMD avec un soutien proactif aux pays concernés.  Les mesures prises par le CCS doivent respecter strictement les mandats décidés par les États Membres, en prenant en compte les objectifs de transparence et de reddition de comptes et en renforçant également le dialogue avec les États Membres.  Elle a souhaité que le Secrétaire général, qui préside le CCS, s’assure que tous les fonds, programmes et institutions spécialisées du système des Nations Unies intègrent dans leurs travaux le soutien à la coopération Sud-Sud.  Elle a salué les efforts pour renforcer la participation des pays en développement dans la passation des marchés de l’ONU.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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