Deux tables rondes explorent les moyens d’améliorer le développement au niveau régional et de mieux définir le rôle du Forum politique pour l’après-2015
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Conseil économique et social
Session de 2014
Forum politique de haut niveau
sur le développement durable
matin et après-midi
DEUX TABLES RONDES EXPLORENT LES MOYENS D’AMÉLIORER LE DÉVELOPPEMENT AU NIVEAU RÉGIONAL
ET DE MIEUX DÉFINIR LE RÔLE DU FORUM POLITIQUE POUR L’APRÈS-2015
Au cours de cette quatrième journée de débats, le Forum politique de haut niveau sur le développement durable a entendu les Secrétaires exécutifs des commissions régionales de l’ONU et autres acteurs régionaux qui ont souligné les priorités devant être définies par le programme de développement pour l’après-2015.
Animé par la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement après 2015, Mme Amina Mohammed, le débat du matin a entendu les représentants des cinq commissions régionales de l’ONU, à savoir la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), la Commission économique pour l’Asie occidentale (CESAO), la Commission économique pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et la Commission économique pour l’Europe (CEE).
« Pour éliminer la pauvreté et réduire les inégalités d’ici à 2030, il faudrait que l’industrialisation, qui est l’épine dorsale du développement des pays, soit respectueuse de l’environnement. Il faudrait également améliorer la production agricole et garantir une protection sociale universelle », ont déclaré de manière unanime les intervenants. L’intégration régionale et la mise en place d’infrastructures sont essentielles, ont-ils dit, pour établir des liens entre les régions et saisir toutes les opportunités en faveur du commerce intrarégional.
« Il n’y aura pas de croissance sans politiques macroéconomiques et fiscales appropriées », a prévenu la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), Mme Shamshad Akhtar. Tout en modernisant leur secteur de l’industrie, les pays doivent étendre le secteur des services. Toujours sur la question de l’industrialisation, le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), M. Carlos Lopes, a dit qu’il était temps que le continent africain soit capable de produire. Tout en se félicitant que l’Afrique tire chaque année 200 millions de dollars de revenus de l’exploitation du coltan indispensable au fonctionnement des téléphones portables, il a fait observer qu’elle ne produisait aucun téléphone portable.
« Nous entendons la même chose depuis 25 ans », s’est exclamé le Secrétaire exécutif de la CEE, M. Andrey Vasilyev. Pour lui, la bonne gouvernance doit être à la base d’une gestion transfrontalière des ressources.
De nombreux intervenants ont ainsi reconnu que la bonne gouvernance était nécessaire pour que les richesses soient mieux réparties aux niveaux national et régional. La Secrétaire exécutive de la CEPALC, Mme Alicia Bárcena, a estimé qu’un pacte fiscal, fondé sur l’imposition progressive des revenus et la redistribution des ressources, était nécessaire.
L’après-midi, le Coordonnateur pour l’après-2015 au Ministère des affaires extérieures de la Norvège, l’ancienne Coordonnatrice principale de la Conférence Rio+20, l’Administrateur adjoint du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Directeur exécutif par intérim du Fonds mondial pour la nature ont débattu des moyens permettant au Forum politique de haut niveau de façonner le développement pour l’après-2015.
Dans ses remarques de clôture, le Président de l’ECOSOC, M. Martin Sajdik de (Autriche), a fait une synthèse de la dizaine de tables rondes qui se sont tenues depuis le lundi, 30 juin. Il est important, a-t-il souligné, d’établir un dialogue entre les dirigeants d’entreprises, les scientifiques et les décideurs politiques pour définir et réaliser les objectifs de développement durable. Il a également souligné l’importance, dans ce cadre, de la coopération Sud-Sud et de financements innovants.
Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable doit travailler avec la société civile pour donner un élan aux discussions sur le futur programme de développement pour l’après-2015, en s’appuyant sur les trois dimensions du développement durable, économique, sociale et environnementale. Au cours de cette semaine, les intervenants ont notamment débattu des nouveaux modes de production et de consommation permettant de sortir de l’extrême pauvreté les 1,3 milliard d’hommes et de femmes qui continuent de vivre avec moins de 1,25 dollar par jour, et d’offrir une vie digne à 9 milliards d’êtres humains dans les limites physiques de notre planète d’ici à 2030.
Comme l’avait déclaré M. Sajdik lundi dernier, un « Forum politique fort signifie des progrès plus rapides vers la réalisation des objectifs de développement durable ». Il contribuera ainsi, a-t-il dit, à créer des sociétés inclusives, équitables et prospères.
FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Dialogue interrégional pondéré sur le thème « Débloquer et remodeler le développement et améliorer la mise en œuvre: le contexte régional » (E/2014/CRP.1, E/2014/CRP.2, E/2014/CRP.3 et E/2014/CRP.4)
Animé par la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement après 2015, Mme AMINA J. MOHAMMED, ce dialogue a permis d’entendre la voix des représentants des organisations régionales de l’ONU et d’autres acteurs régionaux sur les objectifs de développement durable pour l’après-2015. Leurs priorités, ont-ils dit, portent sur l’élimination de la pauvreté et la réduction des inégalités d’ici à 2030.
« Pour éliminer la pauvreté, il faudrait réaliser une industrialisation verte, améliorer la productivité agricole et garantir une protection sociale universelle », se sont accordés les intervenants qui ont aussi mis l’accent sur l’importance de l’intégration régionale et de la création d’infrastructures permettant d’établir des liens entre toutes les régions et de saisir toutes les opportunités pour encourager le commerce infrarégional. « Il faudrait « décoloniser » l’agenda pour le développement et assurer une plus grande responsabilisation en matière de financements », a insisté la Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), et coordonnatrice actuelle des commissions régionales, Mme ALICIA BÁRCENA.
« Le constat est le même depuis 25 ans », a fait remarquer le Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique pour l’Europe (CEE), M. ANDREY VASILYEV, avant de souligner qu’il était important de renforcer la coopération intersectorielle et intergouvernementale.
« Notre priorité est d’éliminer la pauvreté extrême qui touche 67 millions de personnes, soit 11,2% de la population d’ici à 2030 », a rappelé la Chef de la CEPALC. La Commission régionale a pour objectif de combler les lacunes structurelles entre riches et pauvres et de promouvoir la gouvernance en matière d’exploitation des ressources naturelles. « Nous devons veiller à ce que tout le monde bénéficie d’une protection sociale », a-t-elle dit, en notant que 38% de la population du continent en étaient encore privés. Les États doivent s’entendre sur un pacte fiscal afin d’assurer, au niveau national, une distribution équitable de leurs ressources, a-t-elle insisté.
« Nous devons œuvrer pour parvenir à une justice sociale », a déclaré la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), Mme RIMA KHALAF, en notant qu’un Arabe sur 4 est pauvre. « Notre région est la seule qui continue de subir une occupation étrangère », a-t-elle fait remarquer, en appelant à mettre fin à l’occupation israélienne qui constitue un frein au développement économique et social. « Nous devons relancer l’industrialisation et travailler sur la gouvernance, a-t-elle ajouté, avant de préciser que la CESAO se penchait sur les inégalités verticales, entre riches et pauvres, mais aussi horizontales, entre tous les groupes de la société. Elle a estimé qu’une protection sociale permettrait de répondre aux objectifs d’éducation pour tous. Les pays arabes, a-t-elle regretté, ont réalisé très peu de choses en matière d’intégration régionale.
Notant que la croissance économique dans les pays d’Asie et du Pacifique avait été stimulée surtout par le commerce intrarégional, la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), Mme SHAMSHAD AKHTAR, a souligné qu’il était urgent pour les pays de la région d’œuvrer davantage à l’intégration régionale pour établir des liens plus étroits entre les différentes sous-régions. Elle a estimé qu’une croissance économique durable et forte et une bonne gestion des ressources naturelles, qui respecte l’environnement, étaient essentielles pour éliminer la pauvreté et réduire les inégalités. « Il n’y aura pas de croissance sans politiques macroéconomiques et fiscales appropriées, a-t-elle prévenu, avant d’appeler les pays à une industrialisation plus active, tout en élargissant le secteur des services. Des progrès doivent être faits pour étendre la protection sociale à tous, a-t-elle recommandé, en notant que la région de l’Asie et du Pacifique ne consacrait que 2% de son produit intérieur brut (PIB) à la protection sociale.
« Il faudrait trouver les moyens d’industrialiser l’Afrique et de produire de la valeur ajoutée », a déclaré le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), M. CARLOS LOPES. L’Afrique produit 80% du coltan essentiel aux téléphones portables, mais ne produit aucun téléphone portable, a-t-il fait observer. Bien que l’Afrique tire 200 millions de dollars par an de l’exploitation du coltan, elle ne produit rien, a-t-il regretté, en assurant cependant que les choses allaient changer. Il a aussi souligné qu’il était nécessaire d’améliorer la productivité agricole de l’Afrique qui reste, a-t-il dit, la plus faible du monde. « Le continent africain dispose du plus grand potentiel d’énergie renouvelable », a-t-il indiqué. C’est pourquoi, il faudrait engager une industrialisation qui s’appuierait sur l’économie verte afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Les intervenants ont également débattu du financement de la réalisation de ces objectifs. Notant que l’aide publique au développement (APD) et les investissements étrangers directs (IED) restaient insuffisants, la Secrétaire exécutive de la CEPALC a préconisé d’explorer des moyens novateurs pour combler cette lacune. Elle a cité, à cet égard, le projet visant à consacrer des revenus de l’exploitation des hydrocarbures à l’éducation. Elle a ensuite regretté qu’il n’y ait pas d’institution traitant de la gouvernance financière mondiale. Les pays de la région doivent réexaminer leurs politiques d’investissement pour contrer les flux illicites, a estimé la Secrétaire exécutive de la CESAO, qui a aussi mis l’accent sur le potentiel de la coopération Sud-Sud et des partenariats transrégionaux.
Pour son homologue de la CEA, l’aide publique au développement devrait être mieux ciblée car, aujourd’hui, elle ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins des pays récipiendaires. Soulignant l’importance du transfert de technologies, il a indiqué que si l’Afrique disposait du logiciel des douanes européennes pour déterminer la différence entre les prix des produits et les sommes effectivement payées, elle pourrait ainsi économiser 60 milliards de dollars par an, soit plus que l’APD destinée aux pays du continent. La région d’Asie et du Pacifique, qui compte de 7 000 milliards d’épargnes privées, a besoin d’une fiscalité cohérente, a estimé la Secrétaire exécutive de la CESAP.
Au nom du grand groupe des organisations non gouvernementales (ONG), M. DANIEL TYGEL, Chef des opérations du Réseau intercontinental de promotion de l’économie sociale solidaire (RIPESS), a mis l’accent sur le transfert de technologies qui, selon lui, devraient être considérées comme un bien commun. Les accords commerciaux doivent, a-t-il ajouté, prendre en compte les droits de l’homme. Il a également souhaité que les accords régionaux et internationaux prévoient des dérogations pour les petites et moyennes entreprises solidaires.
Réagissant aux propos tenus par la Secrétaire exécutive de la CESAO qui avait qualifié l’occupation israélienne de « frein au développement de la région », la représentante d’Israël a invité cette dernière à s’attaquer au radicalisme, à l’extrémisme et au terrorisme plutôt que de blâmer Israël. Elle a jugé inadmissible qu’un récent rapport de la CESAO appelle à cesser la coopération régionale avec Israël. « L’occupation est une source d’extrémisme », a répondu le représentant de l’Égypte, en insistant que la situation dans les territoires occupés causait l’instabilité de toute la région. Reprenant la parole, la représentante de la CESAO a invité Israël à s’acquitter de ses obligations en ce qui concerne les discriminations dont elle est responsable dans les territoires occupés.
Dialogue pondéré sur le thème « Modeler le forum en vue de l’après-2015 »
Présidée par M. MARTIN SAJDIK, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), la table ronde était animée par Mme AMINA MOHAMMED, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement après 2015, qui a demandé aux participants ce qu’ils proposaient au Forum politique de faire pour promouvoir les trois dimensions du développement durable et pour mieux répondre aux nouveaux défis?
M. PAUL GULLEIK LARSEN, Coordonnateur pour l’après-2015 au Ministère des affaires extérieures de la Norvège, a estimé que le Forum politique était l’instance appropriée pour engager des travaux permettant de définir les objectifs de développement durable. Il devrait pouvoir se fonder sur les rapports des fonds et programmes des Nations Unies, a-t-il ajouté. Pour que l’ordre du jour soit réalisable, M. Larsen a proposé de hiérarchiser les priorités, même si cela n’est pas toujours facile. La première mouture du programme de développement pour l’après-2015 présente des objectifs ambitieux, s’est-il félicité. Les objectifs de développement durable doivent être à la fois réalistes et ambitieux et leur nombre raisonnable. Il est important également de tenir compte des difficultés que posent les changements climatiques.
Mme ELIZABETH THOMPSON, ancienne Coordonnatrice principale de la Conférence Rio+20, a souhaité que le Forum politique de haut niveau devienne l’entité qui lance les messages importants. Le Forum politique devrait initier la réflexion, sur la base de rapports. Aux Nations Unies, nous sommes plus habitués à présenter nos positions nationales dans des discours préparés à l’avance plutôt qu’à dialoguer de manière dynamique, a-t-elle remarqué, en souhaitant que le Forum politique serve à établir un dialogue franc. Par ailleurs, elle a estimé qu’un des éléments cruciaux de l’intégration des trois piliers du développement durable concernait le fossé qui sépare les discours politiques de la mise en œuvre au niveau national des engagements pris. Les structures nationales doivent être cohérentes avec les décisions internationales, a-t-elle recommandé. En évaluant les travaux de l’ancienne Commission du développement durable, on se rend compte que l’examen par les pairs n’était pas approprié, a-t-elle dit. Mme Thompson a également invité le Forum politique de haut niveau à faire participer des représentants nationaux autres que des représentants des ministères de l’environnement, arguant que la question du développement durable ne doit pas être isolée des autres.
M. MICHAEL O’NEILL, Administrateur adjoint et Directeur du Bureau des relations extérieures et de la sensibilisation du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a expliqué que le Groupe sur les objectifs de développement durable avait travaillé à mettre en valeur les trois dimensions du développement durable. Le processus doit être fondé sur des données factuelles, a-t-il expliqué, en souhaitant que le Forum politique puisse évaluer les résultats atteints dans les pays. Il a aussi recommandé de souligner le rôle des organisations non gouvernementales. Après Rio+20, toutes les recommandations n’ont pas été mises en œuvre, a-t-il rappelé, invitant les États Membres à se pencher sur ce qui leur reste à faire à cet égard.
Entamant la discussion, M. JANOS PASZTOR, Directeur exécutif par intérim de la conservation au Fonds mondial pour la nature, a souhaité que soit élaboré un rapport collectif, en plus des objectifs et des cibles de développement durable. Le Coordonnateur pour l’après-2015 au Ministère des affaires extérieures de la Norvège a noté le caractère vaste et parfois utopiste de certaines propositions, sans pour autant se décourager devant la tâche à accomplir. Le travail que nous allons commencer va se poursuivre à l’Assemblée générale, a-t-il rappelé.
L’ancienne coordonnatrice principale de la Conférence Rio+20 a souligné le pouvoir rassembleur des Nations Unies, celles-ci devant encourager la participation de tous les acteurs, notamment de la société civile. Une fois que nous aurons des indices de développement durable, a-t-elle ajouté, nous aurons des critères pour évaluer le développement durable dans tous les pays. Elle s’est cependant inquiétée du manque de capacités des petits États insulaires en développement (PEID) et des pays en situation particulière, car ils n’ont pas toujours les moyens d’établir des rapports et de mettre en œuvre les objectifs.
Pour Mme LEENA SRIVASTAVA, Directrice exécutive honoraire des opérations de l’Institut de l’énergie et des ressources (Inde), le Forum devrait déléguer l’examen des progrès réalisés pour chaque objectif aux entités compétentes dans le cadre existant. Elle a aussi suggéré que le Forum se cantonne à la synthèse des examens et à la création de synergies entre les objectifs. Il pourrait ainsi identifier les éventuels doubles emplois. Elle a souhaité, en outre, que le Forum permette de mobiliser des ressources plus facilement. Au plan régional, le Forum politique devrait encourager la création de Comités qui assureraient le suivi de la mise en œuvre des objectifs, dont la composition serait aussi large que possible, a-t-elle également suggéré.
Pour Mme SHANTAL MUNRO, Coordonnatrice principale au Centre des Caraïbes pour la formulation des politiques, il faudrait intégrer toutes les parties prenantes au niveau des gouvernements. Elle a aussi invité à concilier les différences qui existent entre un vaste programme et l’exigence de résultats concrets. « Nous avons des objectifs extrêmement vastes pour les Caraïbes », a-t-elle indiqué, en reconnaissant qu’il était difficile d’établir des priorités. Elle a ensuite plaidé en faveur de l’efficacité, en précisant qu’il n’était pas utile de créer de nouvelles institutions mais de renforcer, au contraire, celles qui existent déjà. Se disant par ailleurs favorable à la participation de tous les acteurs du développement durable, elle a averti qu’il faudrait des ressources suffisantes pour permettre à chaque groupe de participer efficacement à ce processus.
Concernant la question de l’inclusion, le panéliste du PNUD a reconnu que le Forum politique avait la capacité de mobiliser des ministères des finances et d’autres acteurs au-delà des ministères de l’environnement. Il a vanté les mérites de l’initiative « My World » qui a permis à 2,5 millions de personnes d’exprimer leur avis sur les questions de développement durable. Il a par ailleurs invité le Forum politique à formuler des recommandations à l’intention des décideurs politiques, notamment en mettant l’accent sur les lacunes qui existent dans les politiques nationales.
Discussion interactive
La représentante du grand groupe des enfants et des jeunes, Mme PAULINA NYBRATT SANDIN, a présenté un résumé de la réunion des grands groupes qui s’est tenue ce matin. Elle a insisté sur l’importance de la participation de tous les acteurs, en particulier dans les négociations. La société civile est la seule à fournir certaines informations et elle doit avoir voix au chapitre, sans être cantonnée à des manifestations parallèles, a-t-elle expliqué, en assurant qu’elle était « déterminée à jouer un rôle actif dans la mise en œuvre du développement durable ». Elle a donc lancé un appel pour que le Forum politique favorise une participation accrue de la société civile.
La représentante des Philippines s’est jointe à cet appel en demandant la mise en place des processus pour garantir la participation de toutes les parties prenantes. Elle a également souhaité que le Forum politique tienne compte des compétences des différentes instances de l’ONU. En outre, elle a demandé de renforcer les liens entre les programmes pour les appliquer plus efficacement grâce à un financement adéquat. Le Coordonnateur pour l’après-2015 au Ministère des affaires extérieures de la Norvège a reconnu que la mobilisation des ressources internes était une exigence incontournable.
Le représentant de la Zambie a suggéré que le Forum politique recense tous les processus nationaux et régionaux mis en place en faveur du développement durable, en vue d’une utilisation plus efficace des ressources. Il est important également, a-t-il ajouté, de bien gérer les données dont nous disposons. Il a aussi recommandé de mieux coordonner les différentes entités chargées de la mise en œuvre des mesures de développement durable.
Au représentant de l’Éthiopie, qui avait rappelé les limites auxquelles était confrontée la Commission du développement durable (CDD) dans l’accomplissement de son mandat, l’ancienne coordonnatrice principale de la Conférence Rio+20 a répondu que le Forum politique pourrait ainsi tirer des leçons de cette expérience et éviter que certaines erreurs se reproduisent. « Nous pouvons mettre en place des mécanismes de reddition de comptes qui n’existaient pas dans le cas de la CDD », a-t-elle expliqué. Il faut absolument que le Forum politique soit pertinent, a ajouté le Directeur exécutif par intérim de la conservation au Fonds mondial pour la nature, en notant que la CDD était, selon l’avis de certains, trop centrée sur l’environnement. Le représentant du grand groupe des enfants et des jeunes a appuyé l’idée de suivi et de reddition de comptes concernant les travaux du Forum politique.
De son côté, la représentante du Bureau environnemental européen a estimé que le Forum politique devrait être plus solide et efficace dans la phase de transition. « Nous avons demandé la création d’un bureau et d’un secrétariat du Forum pour garantir la participation de la société civile », a-t-elle rappelé. Elle s’est aussi inquiétée que les ministres de l’environnement ne participent pas assez à ce processus, en émettant la crainte que les ministres du commerce prennent leur place.
Le programme de travail du Forum politique doit être suffisamment souple, a recommandé, pour sa part, la représentante de la Suisse, avant de demander également qu’il organise un échange entre les scientifiques et les décideurs. Elle a souhaité, à cet égard, que le Groupe consultatif scientifique joue un rôle important dans ce processus. Son homologue de l’Allemagne a plaidé en faveur de la mise en place d’un mécanisme d’examen adéquat en garantissant la participation de tous les États Membres et de la société civile, notamment des scientifiques.
Déclaration de clôture
Le Président de l’ECOSOC, M. MARTIN SAJDIK, a salué la participation des différents intervenants au Forum politique dont le programme de travail était chargé. « Nous avons parlé de la voie à suivre, des pays en situation particulière et de la préparation du Forum pour gérer l’après-2015 », a-t-il rappelé. Outre le lancement du rapport du Département des affaires économiques et sociales, il s’est félicité des riches discussions qui ont eu lieu dans le cadre du Forum politique. Résumant les principaux éléments de ce débat, il a noté que les États Membres s’étaient félicités des conclusions du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable. Ils ont aussi appelé à accélérer les efforts visant à réaliser les OMD, à régler les crises en cours et à avancer sur la voie d’un développement solide. En outre, ils ont souligné, a-t-il noté, que le futur programme de développement se fonde sur les engagements pris à Rio+20. Pour faire face aux défis actuels, ils ont souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit universel et mette l’accent sur le rôle de l’individu, en assurant la participation de tous. « Nous devons donc adopter une perspective à long terme », a déclaré M. Sajdik.
Le Président de l’ECOSOC a ensuite présenté une synthèse des différentes tables rondes. En ce qui concerne les changements climatiques, il a noté que le comportement des êtres humains est le plus grand défi car il ne facilite pas l’adoption de décisions politiques. Les tables rondes ont aussi souligné le rôle des entreprises et celui des scientifiques qui doivent nouer un dialogue avec les décideurs. S’agissant des pays en situation particulière et des petits États insulaires en développement (PEID), les débats ont notamment mis l’accent sur l’importance de la coopération Sud-Sud pour renforcer les capacités de ces pays. Le financement de la mise en œuvre des objectifs de développement durable avait été identifié comme étant un élément fondamental, a noté M. Sajdik, avant d’ajouter qu’une bonne gouvernance était également nécessaire pour assurer la réalisation de ce programme ambitieux.
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