En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6634

Le Forum de haut niveau sur le développement durable débat du processus d’examen à partir de 2016 des engagements pris et des objectifs adoptés

2/7/2014
Conseil économique et socialECOSOC/6634
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de 2014

Forum politique de haut niveau

sur le développement durable

matin et après-midi


LE FORUM DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DÉBAT DU PROCESSUS D’EXAMEN À PARTIR DE 2016

DES ENGAGEMENTS PRIS ET DES OBJECTIFS ADOPTÉS


Le Forum de haut niveau sur le développement durable s’est notamment penché, aujourd’hui, sur le processus d’examen qu’il a prévu de mettre en œuvre à compter de 2016 en vue d’évaluer la réalisation des engagements pris et des objectifs adoptés dans le domaine du développement durable.


Le Forum de haut niveau, dans le cadre d’un « dialogue pondéré »,sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), s’est ainsi attaché à examiner les progrès accomplis en ce sens.


Dans sa résolution 67/290 sur la structure et les modalités de fonctionnement du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, l’Assemblé générale avait en effet stipulé que celui-ci procéderait, sous les auspices de l’ECOSOC et à compter de 2016, à des « bilans réguliers de la réalisation des engagements pris et objectifs adoptés dans le domaine du développement durable et de leur mise en œuvre, y compris ceux ayant trait aux moyens de concrétisation, dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015 ».


Ces examens s’effectueront sur une base volontaire, seront menés par les États, ouvriront la voie à des partenariats, notamment grâce à la participation des grands groupes* et des autres parties prenantes.


En 2016, ils remplaceront les exposés nationaux volontaires présentés dans le cadre des réunions du Conseil organisées chaque année au niveau ministériel afin d’examiner sur le fond les progrès accomplis.


Au cours de la matinée, lors d’un premier dialogue intitulé « Des silos vers l’intégration de la prise de décisions », le Forum avait été convié à débattre sur la façon dont les arrangements institutionnels traditionnels peuvent être réorganisés afin de permettre une approche plus collaborative de la prise de décisions.


Les participants ont ainsi cité des succès dans les domaines de l’agriculture, des changements climatiques, de l’énergie, de l’eau et de la sécurité alimentaire. 


Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la sécurité alimentaire et la nutrition et Coordonnateur de l’initiative « Renforcer la nutrition », M. David Nabarro, qui animait la discussion, a estimé qu’aux trois piliers du développement durable, il convenait d’en intégrer trois autres, à savoir l’information, la politique et les droits de l’homme.


Avant ces deux discussions, le Forum avait entendu une présentation de la Directrice du secteur des Services agriculture et environnement de la Banque mondiale, Mme Valerie Hickey, sur la « comptabilisation du capital naturel au service du développement durable ».


Celle-ci a pris l’initiative d’un partenariat destiné à aider les pays à comptabiliser les richesses naturelles que sont par exemple les forêts, les zones humides, les ressources minérales ou les terres agricoles et à valoriser les services écosystémiques afin d’aller au-delà de la mesure traditionnelle du produit intérieur brut (PIB) et de commencer à intégrer à leur comptabilité nationale leur capital naturel.


Le PIB ne tient compte en effet que d’une partie des résultats économiques d’un pays: le revenu, et ne fournit aucune indication sur la richesse et les ressources qui le fondent. 


Le Forum politique de haut niveau pour le développement durable remplace la Commission du développement durable et a pour rôle central de coordonner les processus d’élaboration et de mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.


Établi par le Document final de la Conférence Rio+20 « L’Avenir que nous voulons », le Forum est chargé de maintenir un « dialogue régulier » entre les États Membres et d’« élaborer un programme pour le développement durable » renforçant l’intégration de ses trois dimensions: économique, sociale et environnementale.


La création du Forum a marqué une étape significative dans le suivi de Rio+20, Conférence au cours de laquelle les États Membres ont admis l’insuffisance des avancées réalisées dans la mise en œuvre d’un développement durable synonyme de progrès social, de prospérité et de protection de l’environnement.  


*Les huit grands groupes ont été identifiés au Sommet de la Terre de Rio en 1992.  Il s’agit des agriculteurs, des autochtones, des autorités locales, du commerce et de l’industrie, de la communauté scientifique et technologique, des jeunes et des enfants, des ONG, et des travailleurs et syndicats.



FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE


Présentation sur le thème « La comptabilisation du capital naturel au service du développement durable 


Sur son site Internet, la Banque mondiale, qui était représentée au Forum par sa Directrice du secteur des Services agriculture et environnement,Mme VALERIE HICKEY, définit le « capital naturel » comme la somme des richesses naturelles d’un pays (forêts, zones humides, terres agricoles etc…).  Elle explique qu’elle a pris l’initiative d’un partenariat destiné à aider les pays à comptabiliser ces richesses et à valoriser les services écosystémiques afin d’aller au-delà de la mesure traditionnelle du produit intérieur brut (PIB) et de commencer à intégrer à leur comptabilité nationale leur capital naturel.


En effet, le PIB ne prend en compte qu’une partie des résultats économiques d’un pays: le revenu.  Il ne fournit aucune indication sur la richesse et les ressources qui fondent ce revenu.  Par exemple, lorsqu’un pays exploite ses ressources minérales, cela contribue en réalité à la réduction de ses richesses.  Il en va de même pour la surpêche et la dégradation des ressources en eau.  Cet appauvrissement des ressources n’apparaît pas dans le PIB et n’est donc pas mesuré.


Pour maintenir une croissance durable, il est primordial de comptabiliser la richesse réelle des pays, notamment leur capital naturel.  Le développement à long terme consiste à accumuler et à bien gérer un portefeuille de ressources qui comprend le capital physique (ou produit), le capital naturel et le capital humain et social.  Pour souligner l’importance du capital naturel, on peut prendre l’exemple de la foresterie: les ressources ligneuses sont recensées dans les comptes nationaux, mais les autres services que rendent les forêts, tels que le stockage du carbone et le filtrage de l’air, sont totalement ignorés.  Le PIB peut ainsi donner des indications trompeuses quant aux résultats économiques et au bien-être d’un pays.


Cette lacune est loin d’être sans conséquence: les écosystèmes se dégradent partout dans le monde, et avec eux la capacité d’améliorer le bien-être de l’homme et de contribuer à une croissance économique durable.  Après 30 ans de réflexion sur la question, on constate toujours l’absence de méthodes d’évaluation des services écosystémiques reconnues au niveau international; la lenteur des dirigeants politiques à se saisir de la question; le manque de moyens de nombreux pays en développement; et le manque de pilotage pour aller « au-delà du PIB ».


La comptabilisation de la richesse (y compris celle du capital naturel) peut en effet fournir des statistiques détaillées permettant de mieux gérer l’économie.  Afin d’élaborer des plans de croissance verte, il faut par exemple disposer d’une analyse des « entrées » en eau et en énergie et des « sorties » en pollution.  La création de comptes pour les ressources en eau et pour les terres peut aider les pays qui souhaitent augmenter leur production d’énergie hydraulique à évaluer la rentabilité de l’utilisation concurrente du sol et la meilleure façon d’atteindre leur objectif.  La comptabilisation du capital naturel peut aussi aider les pays riches en biodiversité à développer une stratégie de gestion qui favorise une contribution optimale à la croissance économique, tout en maintenant un équilibre entre l’écotourisme, l’agriculture, les moyens de subsistance et d’autres services écosystémiques, tels que la protection contre les inondations et la reconstitution des nappes souterraines.


La comptabilisation du capital naturel embrasse donc les trois piliers du développement durable —économique, social et écologique— et son enjeu est de faire évoluer le monde au-delà du cadre du PIB pour au contraire s’attacher à tous les biens dont un pays a besoin pour sa croissance et son bien-être à long terme.


Une étape majeure a récemment été franchie avec l’adoption du Système de comptabilité environnementale et économique (SCEE) par la Commission de statistique des Nations Unies.  Ce système fournit une méthode reconnue au niveau international pour prendre en compte les ressources naturelles « matérielles », telles que les ressources minérales, ligneuses et halieutiques.


Mais cela n’est pas suffisant et de nombreux pays souhaitent aller au-delà pour intégrer aussi à leur capital naturel les services écosystémiques et les ressources naturelles qui ne font l’objet ni d’échanges ni de commercialisation, et dont la valeur est donc plus difficile à mesurer.  Cela inclut les services de « régulation » fournis par les écosystèmes, comme par exemple la pollinisation dans le cas des forêts ou la réduction de l’impact des inondations par les marécages.


Le Groupe de la Banque mondiale a pris l’initiative d’un partenariat destiné à faire progresser la comptabilisation de la richesse naturelle et la valorisation des systèmes écosystémiques dans le monde entier.  Ce partenariat baptisé « WAVES » (Wealth Accounting and Valuation of Ecosystem Services) vise à promouvoir le développement durable en garantissant l’intégration de la valeur des ressources naturelles dans les comptabilités nationales utilisées pour mesurer et planifier la croissance économique.  Ses objectifs sont plus précisément les suivants: encourager les pays à adopter et à mettre en application une comptabilité cohérente, ainsi qu’à établir un corpus des expériences; développer des méthodes de comptabilisation des écosystèmes; créer une plateforme mondiale pour la formation et le partage des connaissances; et faire reconnaître au niveau international l’importance de la comptabilisation du capital naturel.


Depuis son lancement en 2010 lors de la Conférence de Nagoya sur la biodiversité, on a pu relever un certain nombre d’avancées, avec notamment le renforcement du partenariat et la réalisation d’études de faisabilité de la comptabilisation du capital naturel dans cinq pays.  Chaque pays travaille sur une feuille de route détaillée précédant la mise en œuvre de la comptabilité.  Au cours des quatre prochaines années, le partenariat WAVES accompagnera les pays dans l’exécution de leur programme.  Il s’adresse aussi bien aux pays développés qu’aux pays en développement.


D’ores et déjà, les pays participants réalisent d’importantes avancées dans le développement de la comptabilisation du capital naturel.  Le Botswana, la Colombie, le Costa Rica, Madagascar et les Philippines ont entamé des plans de travail approuvés au plus haut niveau de leurs gouvernements respectifs.


Une première étape essentielle dans le développement de ces plans consiste à identifier les enjeux prioritaires en matière de politique économique et à construire une comptabilité sectorielle adaptée.  Par exemple, la comptabilité des terres permet à Madagascar, pays riche en biodiversité, de comprendre comment financer une zone protégée de plus de 60 000 km2.  Au Costa Rica, la comptabilité des ressources en eau et des terres vise à évaluer la rentabilité des usages concurrents du sol et à déterminer la façon optimale d’investir à long terme dans les infrastructures d’énergies renouvelables.  Pour le Botswana, qui cherche à diversifier son économie, la comptabilité de l’eau permettra de mieux gérer les faibles ressources hydriques dont il dispose.


Un autre objectif du partenariat WAVES est de parvenir à créer des méthodes de comptabilisation des écosystèmes reconnues au niveau international.  Un comité d’experts sur les questions techniques et politiques a été nommé pour travailler en étroite collaboration avec la Commission de statistique des Nations Unies.  Ceci favorise une nouvelle dynamique dans le processus de comptabilisation du capital naturel.  Les ministères des finances et de la planification économique de plusieurs pays demandent désormais des indicateurs macroéconomiques de développement durable.  Les ministères de l’environnement veulent démontrer l’importance du capital naturel dans le revenu national pour faire valoir leurs demandes de financement et d’attribution de budget.


Le Groupe de la Banque mondiale appelle les pays à appliquer le principe de comptabilisation du capital naturel lorsqu’il existe des normes statistiques reconnues au niveau international et prévues par le SCEE — à savoir pour les ressources naturelles matérielles telles que l’énergie et les forêts.  La prochaine étape dans ce processus?  Que les pays travaillent dans le cadre du partenariat WAVES afin de développer des méthodes de comptabilisation pour les services écosystémiques plus difficiles à évaluer, dit encore le site de la Banque mondiale.


Aujourd’hui, Mme Hickey a indiqué qu’après la Conférence Rio+20 de 2012 sur le développement durable, un partenariat mondial de la comptabilisation du capital naturel a été établi.  Il implique les gouvernements, les universités et la société civile et d’autres parties prenantes et, depuis, le concept de comptabilisation du capital naturel a été approuvé par 70 pays.  Ce qu’il faut, a-t-elle dit, c’est un leadership fort et la sensibilisation des ministères concernés et du secteur privé.  Il faut renforcer les capacités des pays en développement en la matière pour briser leur dépendance à la Banque mondiale et aux institutions de l’ONU. 


Dialogue pondéré « Des silos vers l’intégration de la prise de décisions »


Au cours de ce dialogue, les intervenants ont été appelés à dire comment les arrangements institutionnels traditionnels peuvent être réorganisés pour permettre une approche plus collaborative de la prise de décisions.  Ils ont cité des succès dans les domaines de l’agriculture, des changements climatiques, de l’énergie, de l’eau et de la sécurité alimentaire. 


M. JOEL KHATHUTSHELO NETSHITENZHE, Directeur exécutif de l’Institut Mapungubwe sur la réflexion stratégique, et Membre de la Commission nationale de planification de l’Afrique du Sud, a vu la planification intégrée comme un mode de gouvernance « par défaut » qui exige une agence centrale coordonnant toutes les activités et comptable de ses actes.  La coopération doit se faire entre tous les acteurs, du gouvernement bien sûr mais aussi du monde économique et scientifique, du secteur privé et du milieu universitaire.  La « mentalité du silo » qui reflète la tendance du monde moderne à « l’hyperspécialisation » doit laisser la place à l’intégration.  Le Directeur exécutif a cité l’exemple du Ministère sud-africain du commerce et de l’industrie qui a lancé des projets de 4 milliards de dollars sur la réduction des émissions de carbone, mettant ainsi un pied dans la protection de l’environnement.  L’orateur a aussi indiqué que le secteur privé et la communauté scientifique sud-africains ont travaillé ensemble pour voir comment utiliser les vastes ressources de platine du pays dans la production d’électricité, en particulier, dans les villages reculés. 


Il y a toujours des lacunes pour l’intégration des politiques, en particulier au niveau national, a regretté M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC).  L’adoption d’une stratégie nationale unique avec le développement durable en son centre est de nature à mobiliser autour d’un même objectif, a-t-il estimé.  L’engagement de toutes les communautés, permettant une approche du bas vers le haut, est fondamental pour une stratégie fondée sur l’être humain, a-t-il souligné.


Mme INDOOMATEE RAMMA, Chef de la Division de la gestion des ressources, de l’Institut de recherche et vulgarisation en matière d’alimentation et d’agriculture de Maurice, a rappelé que son pays est un importateur d’énergie et de produits alimentaires compte tenu du fait que l’eau vient uniquement des précipitations.  À Maurice, 1,1% du PIB est généré par la culture et l’industrie du sucre qui consomme quelque 40% des ressources en eau, d’où la nécessité de tirer des enseignements du passé et du présent.  Depuis lors, l’impact global des changements climatiques a été évalué et a conduit, par exemple, à des mesures d’adaptation comme les investissements dans la désalinisation de l’eau de mer. 


Mme Ramma a attribué les retards dans l’intégration de la prise de décisions à la mauvaise coordination, l’incapacité institutionnelle à se servir des modèles et aux problèmes d’accessibilité des données.  Elle a donc recommandé le renforcement de capacités nationales, la mobilisation de l’appui international, le soutien à la recherche au niveau national, une participation accrue du secteur privé dans le domaine de l’éducation et un appui financier pour des investissements dans la collecte et la diffusion des données. 


Il faut que les gouvernements et le système des Nations Unies étudient des arrangements institutionnels contre les cloisonnements et pour l’intégration des politiques, a commenté M. FERIT HOXHA (Albanie).  Nous avons besoin de nouvelles donnes, a renchéri M. OUSAINOU NGUM, Directeur exécutif de l’Association de coopération et de recherches pour le développement (ACORD).  Il s’est félicité de ce qu’en Afrique, les gouvernements soient de plus en plus audacieux, multipliant les dialogues avec le secteur privé et sachant dire « non » lorsque c’est nécessaire.  Les gouvernements doivent avoir une vision globale des stratégies de développement.


Il faut utiliser la capacité de la communauté scientifique à dire la vérité, en particulier les jeunes scientifiques qui souhaitent vraiment changer les choses, a préconisé Mme MARIA IVANOVA, Codirectrice du Centre pour la gouvernance et la durabilité, École supérieure McCormack d’études politiques et mondiales de l’Université du Massachusetts à Boston, au nom du grand groupe de la communauté scientifique et technique.  Dans le domaine du développement durable, il n’y a pas de mauvaise réponse mais il y a des réponses meilleures que d’autres.  Il faut changer la façon dont nous comprenons les problèmes et dont nous communiquons. 


L’appel à la défragmentation et à la participation de tous y compris de la base, a été relayé par la représentante du Kenya qui a avoué que son gouvernement n’avait pas toutes les capacités nécessaires pour intégrer toutes les communautés locales dans la prise de décisions en matière de développement.  En Afrique du Sud, a dit son représentant, le plan national de développement qui vient d’être réexaminé fait des projections à long terme, ce qui est nécessaire pour abattre les cloisons.  Son homologue de la Norvège a parlé des différents plans intégrés dans son pays notamment pour l’eau et la mer, et la taxation verte et environnementale.  


Tous les plans doivent tenir compte de l’avis des populations locales, a tranché le représentant d’une ONG.  Les communautés doivent avoir la possibilité de définir leur politique de développement local car ce ne sont pas elles qui créent le cloisonnement mais la bureaucratie.  Une représentante du grand groupe de l’industrie a reconnu la nécessité d’un dialogue plus régulier avec la société civile, notamment en matière d’appui à la recherche.


Le membre de la Commission sud-africaine de planification et le Vice-Président de l’ECOSOC ont proposé la planification horizontale entre les différentes parties prenantes et la création d’un glossaire des termes utilisés et des pratiques exemplaires en matière d’intégration.  Le représentant de la Zambie a en effet souhaité l’harmonisation des termes utilisés en matière de développement, arguant que dans le domaine de l’agriculture « promouvoir » et « promotion » ont différentes significations.


Son homologue de la Côte d’Ivoire a attiré l’attention sur la grille d’analyse du développement durable proposée par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), et sur le Mécanisme d’examen par les pairs du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui permet d’avoir des points de vue extérieurs.  Il faut en effet plus de participation, de transparence et d’inclusion, a reconnu le représentant de l’Albanie.  L’intégration et l’inclusion ne devraient pas être prises en otage par les bureaucraties, a prévenu le Directeur exécutif de l’Association internationale de coopération et de recherches pour le développement (ACORD, tandis que la représentante du grand groupe de la communauté scientifique et technique a demandé un dialogue systématique et régulier entre les décideurs et les scientifiques. 


L’animateur du dialogue, Représentant spécial du Secrétaire général pour la sécurité alimentaire et la nutrition et Coordonnateur de l’initiative « Renforcer la nutrition », M. DAVID NABARRO, a estimé qu’aux trois piliers du développement durable, il faudra intégrer trois autres à savoir l’information, la politique et les droits de l’homme.  Nous devons renoncer au terme « multisectoriel » et parler du terme « transsectoriel » parce que nous travaillons avec différents groupes dirigés par des personnes ayant l’autorité nécessaire ou le leadership.


Dialogue pondéré « tirer le plus grand profit des examens du Forum politique de haut niveau pour le développement après 2015  »


La Présidente de la séance et Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme MARIA EMMA MEJIA VELEZ (Venezuela), a rappelé que dans sa résolution 67/290 sur la structure et les modalités de fonctionnement du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, l’Assemblée générale avait stipulé que celui-ci procèderait, sous les auspices de l’ECOSOC et à compter de 2016, à des bilans réguliers de la réalisation des engagements pris et objectifs adoptés dans le domaine du développement durable, y compris dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015.


Ces examens, a-t-elle souligné, s’effectueront sur une base volontaire, seront menés par les États et ouvriront la voie à des partenariats, notamment grâce à la participation des grands groupes et des autres parties prenantes.  En 2016, ils remplaceront les exposés nationaux volontaires.


M. MASOOD KHAN (Pakistan)a voulu que le cadre de développement pour l’après-2015 soit mis œuvre de manière adéquate, en se fondant sur les enseignements tirés du processus lié aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Tous les États doivent pouvoir participer au nouveau mécanisme d’examen.


Mme FATUMA NYIRAKOBWA NDANGIZA, Présidente du Groupe de personnalités éminentes du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, a précisément décrit le fonctionnement du Mécanisme africain d’examen par les pairs qui compte 34 « États membres » et qui s’est déjà s’attardé sur 17 d’entre eux.  Le Mécanisme a révélé des problèmes multisectoriels comme la corruption, les inégalités entre les sexes, le chômage des jeunes et la mauvaise gestion des ressources naturelles.  L’année prochaine, la Côte d’Ivoire devrait rejoindre le Mécanisme qui couvrira donc désormais 70% des États africains.


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein)a estimé que l’un des problèmes des OMD était l’absence de reddition de comptes et d’un mécanisme d’examen.  Le mécanisme d’examen du Forum de haut niveau devrait encourager les États à présenter leur expérience nationale et les défis auxquels ils sont confrontés.  L’examen n’est pas un acte d’accusation mais l’occasion de voir ce qui a été fait et ce qui n’a pas été fait.  Les États sont comptables de leurs actes devant leurs citoyens et pourtant des questions subsistent quant à l’ampleur de l’examen, a dit le représentant. 


Doit-il couvrir tous les 17 objectifs et leurs cibles?  Doit-il se limiter à certains domaines?  Sur quelle doit-il reposer?  Le Forum a-t-il la capacité de conduire l’examen des 193 Membres de l’ONU?  Le Forum, a suggéré le représentant, doit s’inspirer de tous les mécanismes existants, y compris les mécanismes d’examen par les pairs.  Le Liechtenstein, a-t-il rappelé, fait partie des sept pays qui ont lancé une initiative visant à définir les paramètres et le format du mécanisme d’examen du Forum.


M. CHRISTIAN AVÉROUS, Chef de la Division de la performance environnementale et de l’information de la Direction de l’environnement de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), a indiqué que depuis 2001, l’OCDE a probablement procédé à plus de 80 examens couvrant 41 pays, consciente que ces examens peuvent renforcer les capacités et les performances.  L’impact de ces examens sur les politiques gouvernementales s’agissant des changements climatiques et du développement a été crucial, a-t-il affirmé.


Les gouvernements doivent rester comptables de leurs actes, a ajouté Mme MARIANNE BEISHEIM, Chargée de recherche principale de l’Institut allemand de la sécurité et des affaires internationales.  Elle a proposé que le Forum de haut niveau examine les écueils et la valeur ajoutée des politiques mises en œuvre.


M. BABA DRAMÉE, Conseiller technique sur le développent durable de la Direction de l’environnement du Ministère de l’environnement et du développement durable du Sénégal, a indiqué que son pays avait eu à conduire trois examens de la mise en œuvre du développement durable, le premier ayant eu lieu en 2002 en vue de préparer le Sommet de Johannesburg, lequel fut centré sur Action 21.  Ce travail, a-t-il dit, fut fastidieux car il ne s’appuyait pas sur des outils appropriés.  Deux autres examens ont pu être menés à bien grâce à l’appui technique de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).


M. Dramée a recommandé au Forum de haut niveau d’améliorer ce qui a été réalisé jusque-là.  Il convient, selon lui, d’étudier l’expérience très riche de l’OIF.  De même, il a souligné l’importance du rôle du secteur privé dans la réflexion menée sur le développement durable.


M. DANIEL ANGELIM, Coordonnateur du travail et de l’environnement de travail de la Confédération syndicale des Amériques, a estimé que le Mécanisme de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a été un excellent exemple qui pourrait être utilisé comme référence du processus d’examen du Forum de haut niveau.


Le dialogue social constitue également un excellent exemple visant à garantir la qualité du processus au niveau national, a-t-il dit.  Les objectifs de développement durable (ODD) doivent reposer sur les normes universelles permettant la reddition de comptes dans tous les domaines.  À cet égard, les normes de l’OIT et les droits de l’homme sont essentiels.


L’approche fondée sur les droits de l’homme a été vue par un représentant du grand groupe de la jeunesse comme un moyen de renforcer la crédibilité des structures de suivi, dont les travaux essentiels du Forum de haut niveau.  Il a mis l’accent sur l’accès à des données ventilées.


Plusieurs délégations ont mis l’accent sur l’importance de procéder à des bilans réguliers de la réalisation des engagements pris et objectifs adoptés dans le domaine du développement durable.  Pour le représentant de la Fédération de Russie, le Forum devrait créer une valeur ajoutée sans mettre en péril les mécanismes existants dans les autres processus, comme les examens quadriennaux des activités opérationnelles du développement menées par le système de l’ONU.  De même, le représentant russe a jugé que le Forum devait conserver son caractère intergouvernemental, en respectant la souveraineté nationale des pays et en évitant de devenir un instrument de pression politique.


Son homologue du Libéria a demandé des précisions sur le caractère volontaire du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs.  La Présidente du Groupe de personnalités éminentes dudit Mécanisme a souligné que s’il avait été obligatoire, peu de pays auraient accepté de s’y soumettre.  Elle a tout de même affirmé aujourd’hui les Africains n’attendent plus de contrôle externe.  Ils sont en mesure de se contrôler eux-mêmes, sur une base volontaire.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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