En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/6630

Le segment humanitaire de l’ECOSOC s’achève avec des appels à une meilleure coordination des actions humanitaires et à une responsabilisation de tous les intervenants

25/6/2014
Conseil économique et socialECOSOC/6630
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de 2014

28e & 29e séances – matin & après-midi


LE SEGMENT HUMANITAIRE DE L’ECOSOC S’ACHÈVE AVEC DES APPELS À UNE MEILLEURE COORDINATION DES ACTIONS HUMANITAIRES

ET À UNE RESPONSABILISATION DE TOUS LES INTERVENANTS


Le Conseil économique et social (ECOSOC) a clôturé, aujourd’hui, son débat annuel consacré aux questions humanitaires, qu’il a entamé le 23 juin, en priant « le système des Nations Unies et les autres acteurs concernés de continuer à améliorer et renforcer les mécanismes de coordination de l’action humanitaire, en particulier sur le terrain ».  Il a d’abord tenu une table ronde sur les crises humanitaires complexes, avant de poursuivre son débat général.


En adoptant sans vote une résolution* sur le « renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies », l’ECOSOC s’est aussi félicité que le Secrétaire général ait pris l’initiative de tenir le premier Sommet mondial sur l’aide humanitaire à Istanbul, en 2016, « en vue de partager les connaissances et les bonnes pratiques dans le domaine humanitaire de manière à renforcer la coordination ». 


Au système des Nations Unies, l’ECOSOC demande notamment, par la présente résolution, « de continuer à développer ses compétences techniques et sa capacité de combler les lacunes en matière de programmation dans les situations de crise humanitaire ».  Pour ce qui est des États Membres, l’ECOSOC les encourage « à améliorer la collecte et l’analyse des données et à faciliter les échanges d’informations avec les organismes humanitaires des Nations Unies ».


« Plus de 80% des besoins humanitaires sont dus à des situations d’urgence complexes », a indiqué le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Ibrahim O. Dabbashi, pour expliquer l’importance du débat de la table ronde, qui a eu lieu ce matin, sur le thème « Répondre aux besoins des personnes en situations d’urgence complexes ».  « La plupart des situations d’urgence complexes entraînent d’autres situations d’urgence », a renchéri la Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, Mme Valerie Amos.


« Responsabilisation », « protection » et « accès sans entrave » pour les intervenants humanitaires, ainsi que la « coordination des actions humanitaires », ont été les maîtres mots du débat entre hauts responsables des Nations Unies, représentants de gouvernements et de la société civile, et dirigeants religieux.


Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS), M. José Ramos-Horta, qui est aussi l’ancien Président du Timor-Leste, a recommandé de responsabiliser davantage les acteurs humanitaires émergeants, notamment pour les encourager à respecter le droit international humanitaire.


À cet égard, l’ECOSOC, par la résolution qu’il a adoptée aujourd’hui, demande à tous les États et à toutes les parties de respecter pleinement les dispositions du droit international humanitaire.  Cependant, malgré l’adhésion universelle à ce droit et son caractère contraignant, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) reçoit, chaque jour, des allégations concernant de graves violations du droit international humanitaire, a déploré son représentant.


M. Ramos-Horta a aussi réclamé des investissements plus grands dans la consolidation de la paix, y compris la prévention des conflits.  Il a demandé, en outre, de travailler davantage avec les États pour leur faire comprendre leur responsabilité de protéger les civils, en exerçant au besoin des pressions sur ceux qui échouent dans cette mission. 


Un responsable gouvernemental du Yémen a donné l’exemple de ce qui est fait dans son pays en faveur des personnes déplacées, au nombre d’un demi-million, grâce à une instance gouvernementale qui fait le lien entre le Gouvernement et les organisations humanitaires. 


Trois dirigeants religieux de la République centrafricaine (RCA), qui ont pu participer au débat par vidéoconférence jusqu’au début du couvre-feu à Bangui, ont attiré l’attention sur les besoins à combler dans ce pays où, ont-ils constaté, l’action humanitaire est plutôt limitée.  Cela est dû essentiellement à l’insécurité sur le terrain qui entrave gravement l’accès de l’aide humanitaire, a remarqué le Président de l’Alliance évangélique en RCA.


Le Président du Conseil islamique dans ce pays a invité les agents humanitaires à associer les chefs de villages aux efforts déployés pour venir en aide aux personnes déplacées car, a-t-il dit, ils sont mieux à même de prendre le relais pour secourir les personnes déplacées même au fin fond de la brousse.  « Les volontaires se limitent à des régions accessibles, tandis que les responsables religieux sont représentés sur tout le territoire », a confirmé l’évêque de Bossangoa, en proposant une collaboration étroite entre les Nations Unies, les acteurs humanitaires et les organisations religieuses pour mieux atteindre les personnes dans le besoin.


Au cours du débat général, les délégations d’une trentaine de pays et de quatre organisations observatrices ont réaffirmé l’importance des principes régissant l’aide humanitaire internationale, à commencer par la neutralité, l’indépendance et l’impartialité.  Beaucoup ont aussi exigé le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États bénéficiant de l’aide humanitaire.  En outre, ils ont tous mis l’accent sur la protection des travailleurs humanitaires.


La session s’est achevée par la projection d’un film qui présentait un résumé des préoccupations et des mesures à prendre pour optimiser l’aide humanitaire.


* E/2014/L.18


DÉBAT CONSACRÉ AUX AFFAIRES HUMANITAIRES


Table ronde sur le thème: « Répondre aux besoins des personnes en situations d'urgence complexes »


Rappelant que plus de 80% des besoins humanitaires sont dus à des situations d’urgence complexes, M. IBRAHIM DABBASHI (Libye), Vice-Présidentdu Conseil économique et social (ECOSOC), a demandé aux panélistes et États Membres d’expliquer les moyens qui permettraient de mieux répondre aux besoins humanitaires dans de telles situations.


Mme VALERIE AMOS, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence, qui animait cette discussion, a indiqué que 75% des crises, le plus souvent dans le cadre de conflits ou de formes de violence complexes, créaient des besoins humanitaires.  La plupart des situations d’urgence complexes génèrent d’autres situations d’urgence, a-t-elle ajouté.  C’est pourquoi il est important, a-t-elle recommandé, de réaffirmer la responsabilité de protéger les populations, en garantissant leur dignité et leur intégrité au cours des opérations humanitaires.  Elle a aussi appelé les États Membres à se mobiliser pour qu’un accès sans entrave soit assuré aux acteurs humanitaires.


M. JOSÉ RAMOS-HORTA, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS), qui est aussi l’ancien Président du Timor-Leste, a rappelé que, dans de nombreux pays, les civils continuent de supporter le fardeau de conflits et souffrent de violence intracommunautaire.  On ne peut pas universaliser les causes des conflits, a-t-il estimé, en proposant plutôt de mieux discerner les tendances actuelles.  Alors que les conflits entre États depuis la Deuxième Guerre mondiale ont diminué, les conflits internes ont, au contraire, augmenté, a-t-il noté.  Les violences contre les civils, a-t-il fait remarquer, ne causent pas seulement des pertes en vies humaines et des blessés, mais aussi des déplacements massifs, la perte des moyens de subsistance, des restrictions aux libertés de mouvement, la violence sexuelle et autres violations des droits de l’homme.  En outre, les conflits armés peuvent inciter à des atrocités de masse, comme le génocide.  Trop souvent, nous avons tendance à supposer que ce genre de conflit n’arrive que dans les pays pauvres, alors que ce n’est pas toujours le cas, comme on le constate aujourd’hui en Syrie et dans d’autres pays à revenu moyen, a fait observer M. Ramos-Horta.  Il a aussi constaté une autre tendance: les frontières sont souvent floues entre les civils et les non-civils, comme nous l’avons vu au cours de la guerre du Viet Nam et dans le cas du Timor-Leste.


La communauté internationale a cherché à répondre à la nature changeante du conflit de plusieurs manières, a-t-il dit, en saluant les directives, les divers codes de conduite et les mécanismes de surveillance de la fourniture de l’aide.  Pour aller de l’avant, il a recommandé de responsabiliser davantage les acteurs humanitaires émergeants dans le cadre des changements qui s’opèrent en termes de puissances économique et géopolitique mondiales, en soulignant leur responsabilité de respecter le droit international humanitaire.  Il a aussi demandé d’accompagner les efforts humanitaires par des investissements plus grands dans la consolidation de la paix, y compris la prévention des conflits.  Il a demandé, en outre, de travailler davantage avec les États pour leur faire comprendre leur responsabilité de protéger les civils, quelle que soit leur religion, leur ethnicité, leur race ou leur sexe.  À cet égard, il a recommandé à la communauté internationale de faire pression plus efficacement sur ceux qui échouent dans leur mission de protection des civils.  En concluant son intervention, il a demandé de faire des Nations Unies un mécanisme de prévention de conflits plus efficace.  « Si la communauté internationale était intervenue bien plus tôt en République centrafricaine, on aurait pu éviter le conflit actuel », a-t-il estimé.


M. AHMED AL-KOHLANI, Directeur du Groupe des personnes déplacées et de la gestion des camps au Yémen, a indiqué qu’un véritable partenariat en matière humanitaire était en train d’être mis en place au Yémen entre les organisations non gouvernementales et le Gouvernement.  Il a rappelé que ce pays compte un demi-million de personnes déplacées et que plusieurs programmes ont été mis en œuvre pour soulager leurs souffrances.  Il a parlé de l’instance gouvernementale créée en 2009 chargée de faire le lien entre le Gouvernement du Yémen et les organisations humanitaires, qui a plusieurs branches sur le terrain.  Cette instance dispose d’un centre d’information centralisé et d’une base de données sur les personnes déplacées et leurs familles.  Cela permet de fournir des statistiques aux organisations internationales, a fait remarquer M. Al-Kohlani.  Elle fournit également des moyens de transport aux personnes qui veulent rentrer dans leurs foyers.  Le représentant a assuré de l’impartialité de cette instance.  Il a aussi parlé du Haut Comité créé par le Gouvernement pour gérer les questions de déplacement au niveau des différents ministères.  En outre, le Yémen s’est doté d’une politique humanitaire, mise en œuvre depuis 2009 avec la coopération du PNUD et d’OCHA.  Le Gouvernement du Yémen s’efforce aussi de mettre en œuvre un plan annuel sur les besoins humanitaires, qui rassemble tous les organismes concernés, afin de fixer les ressources nécessaires, a ajouté M. Al-Kohlani. 


M. PHILIP SPOERRI, Directeur du droit international et de la coopération du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a traité du régime juridique du droit international humanitaire qui s’applique dans les situations de conflit armé, qu’ils soient internationaux ou non, et qui vise à assurer la protection des civils ou des personnes qui ne sont pas ou ne sont plus directement impliquées dans les hostilités, et à restreindre les armes déployées par les belligérants et la manière dont ils s’en servent.  Ce régime impose également des obligations à toutes les parties au conflit armé, étatiques ou groupes armés non étatiques.  


Malgré l’adhésion universelle à ce droit et son caractère contraignant pour toutes les parties au conflit, le CICR reçoit, chaque jour, des allégations troublantes concernant de graves violations du droit international humanitaire dans un certain nombre de conflits, a affirmé M. Spoerri.


Dans de nombreux contextes, a-t-il dit, les attaques ciblent directement les civils, le personnel de santé et les infrastructures, ce qui prive les civils de moyens vitaux de survie.  Ces violations s’expriment en outre par les violences sexuelles et les mauvais traitements infligés aux personnes privées de liberté dans le contexte du conflit, et sont dévastatrices pour la population civile mais aussi pour l’ensemble des sociétés affectées.  M. Spoerri a estimé que le problème majeur réside surtout dans le non-respect des principes fondamentaux du droit international humanitaire. 


M. Spoerri a ensuite évoqué l’aspect critique du manque d’accès aux victimes des conflits et à l’importance de la prise de décisions politiques dans ce contexte, décisions qui prennent en considération le respect des valeurs humanitaires fondamentales.  Dans leur travail quotidien, les travailleurs du CICR agissent sur le terrain afin de remédier aux problèmes concrets identifiés.  Les mécanismes spécifiques prévus par les Conventions de Genève de 1949 ont rarement été mis en pratique, en particulier en raison de la nature de la plupart des conflits actuels qui, a-t-il précisé, ne sont pas internationaux.  


Le révérend NICOLAS GUÉRÉKOYAME-GBANGOU, Président de l’Alliance évangélique, intervenant parliaison vidéo, a indiqué que la population s’était plainte des lacunes de l’action humanitaire dans le pays et qu’il avait eu à intervenir auprès d’OCHA pour attirer l’attention sur la situation difficile à laquelle sont confrontés les civils en raison de l’insécurité qui prévaut dans le pays.  Cette situation, a-t-il reconnu, entrave également l’accès de l’assistance humanitaire.  Le panéliste a indiqué qu’un cadre juridique avait été défini pour faciliter, par exemple, le désarmement sur la base des textes des Nations Unies.  Au niveau local, ces documents ont été interprétés comme un appel à l’inertie ou à « ne rien faire et à compter les morts », a-t-il dit.


S’exprimant également par vidéoconférence, l’imam OUMAR KOBINE LAYAMA, Président du Conseil islamique en République centrafricaine, a constaté, pour sa part, que l’action humanitaire était plutôt limitée dans le pays.  Il a également interprété ce manquement par la difficulté d’accès, compte tenu du fait que la République centrafricaine était une « véritable poudrière ».  Il a demandé aux Nations Unies d’aider au renforcement des capacités nationales de sécurité et de soutenir le personnel humanitaire en particulier.  Il a expliqué que beaucoup de familles avaient vu leurs maisons incendiées et que de nombreux civils souffraient de maladies diverses et ne pouvaient obtenir de soins.  Il a invité les agents humanitaires à associer les chefs de villages aux personnes déplacées car, a-t-il dit, ils connaissent la population et peuvent prendre le relais pour secourir les personnes déplacées même au fin fond de la brousse.  Il a signalé que la nourriture et l’aide vestimentaire ne parvenaient pas aux personnes déplacées dans la brousse et s’est dit préoccupé par le fait que l’assistance humanitaire n’a reçu à ce jour que 25% des contributions annoncées.  Il a notamment appelé à une transparence dans la distribution de l’aide et à vérifier comment fonctionnent les organisations non gouvernementales sur place, notamment pour s’assurer que la majeure partie des fonds ne soit pas utilisée pour le fonctionnement administratif des ONG.


S’exprimant lui aussi par liaison vidéo depuis la République centrafricaine, Mgr. NESTOR-DÉSIRÉ NONGO-AZIAGBIA, évêque de l’église catholique romaine de Bangui (République centrafricaine), a souhaité que l’on fasse un diagnostic sincère et objectif de la situation dans ce pays pour évaluer la situation sur le terrain.  Plus de 90% de la population centrafricaine sont des croyants, a-t-il rappelé, en estimant, dès lors, que les responsables religieux sont les premiers concernés par ce conflit.  Il a, en conséquence, demandé d’être associé aux solutions prévues, afin d’apporter toute l’assistance matérielle, morale et financière possible.  Les résultats du travail humanitaire sur le terrain ne sont pas trop visibles, a-t-il par ailleurs regretté, en expliquant cela par le fait que les volontaires se limitent à des régions accessibles, alors que les religieux sont représentés sur tout le territoire.  « Pourquoi ne pas utiliser ces religieux présents sur le terrain pour atteindre les populations cibles dans ce conflit armé? »  Il a ainsi proposé une collaboration étroite entre les Nations Unies, les acteurs humanitaires et les organisations religieuses, grâce à un partenariat efficace entre ces différents acteurs.  Évitons la dispersion des efforts, a-t-il dit, en demandant aussi la protection des religieux qui interviennent sur le terrain.


Échange entre les panélistes


L’évêque de Bossangoa a rappelé que la guerre était un moyen de subsistance pour beaucoup de personnes engagées dans le conflit, comme pour les hommes politiques corrompus qui manipulent la population et même les enfants pour rester au pouvoir.  Il a souhaité que l’on retire les armes à ces enfants et que des perspectives d’avenir leur soient offertes.  En ce qui concerne les femmes, il a parlé des centres d’écoute où les femmes violées peuvent être accompagnées dans leur malheur.


En Guinée-Bissau, presque toute la population est croyante, a souligné le Chef du BINUGBIS, en remarquant cependant qu’il n’y a jamais eu de violence ethnique ou religieuse.  Il s’est donc dit surpris de ce qui s’est passé en République centrafricaine et au Rwanda.  « Où étaient les églises et les dirigeants religieux au moment du conflit? »  Il s’est félicité de la bonne atmosphère qui règne désormais en Guinée-Bissau, ce qui est une façon d’évaluer le succès des efforts entrepris.  Il ne peut y avoir de paix durable que si l’on modernise l’État, a-t-il cependant averti, en précisant que cela exigeait un engagement à long terme de la part du gouvernement concerné et de la communauté internationale. 


Le panéliste du Yémen a rappelé, à cet égard, le consensus national et le consensus international qui avaient permis de répondre efficacement à la crise qu’a connue ce pays.  L’Initiative du Golfe a été adoptée et sa mise en œuvre a été supervisée par la communauté internationale, a-t-il dit, en ajoutant que ce processus de transition était en cours.  Compte tenu des obstacles qui subsistent, il a demandé à la communauté internationale de faire pression sur les parties pour achever le processus de transition et organiser des élections nationales. 


Le représentant du CICR a reconnu la difficulté de protéger les acteurs humanitaires sur le terrain.  Le travail des volontaires du Croissant-Rouge syrien a été entravé, a-t-il regretté, avant de recommander d’encourager le dialogue avec les parties et de tirer profit des réseaux sur le terrain, comme les sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.


Discussion interactive avec les États Membres


Les dirigeants religieux participant au débat par vidéoconférence depuis Bangui, juste avant le couvre-feu, ont catégoriquement rejeté les critiques dont ils ont fait l’objet pour leur incapacité à prévenir la flambée de la violence dans leur pays. 


Répondant à la proposition du délégué du Nigéria sur le renforcement des mécanismes d’alerte précoce pour la prévention des conflits, M. Nzapalainga a déclaré que les appels des leaders religieux n’avaient pas été entendus aux niveaux national et international.


« Dès la crise de décembre 2012, les dirigeants religieux ont été les premiers à sensibiliser l’opinion publique sur la situation dans le pays.  Certains acteurs locaux, dont les leaders religieux, ont parcouru des milliers de kilomètres à pied pour tenter de dissuader les combattants et de leur faire prendre conscience que la violence ne peut rien résoudre et que la guerre ne profite à personne et qu’il faudrait, au contraire, chercher à résoudre les problèmes par le dialogue », a renchéri pour sa part le Vice-Président du Conseil islamique en RCA, l’imam Kobine Layama. 


Pour lui, le plus urgent aujourd’hui est de remettre en état des installations du système éducatif, « quasiment inexistant », afin de préparer une nouvelle génération et « une jeunesse qui ne soit plus instrumentalisée ».  À cet égard, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a indiqué qu’en RCA, deux écoles sur trois étaient encore fermées et une sur trois avait été attaquée, tandis que seulement 8% des demandes d’aide financière pour la protection des enfants avaient été honorées.


L’évêque Nestor-Désiré Nongo-Aziagbia a rappelé que les responsables religieux, toutes confessions confondues, avaient « sans cesse expliqué avec force, à travers tous les médias, que le problème n’était pas d’ordre religieux mais bien politico-militaire ».


Il a dénoncé le fait que tant les propositions que les décisions des chefs des communautés religieuses ne soient pas encore prises en compte.  L’évêque a fustigé l’hypocrisie de la communauté internationale à ce propos.  Pourquoi ne pas réellement mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies, s’est-il exclamé, en critiquant la façon dont les mesures de mise en confiance sont mises en œuvre dans son pays.  « Il faut que la communauté internationale et les autorités nationales assument leurs responsabilités respectives et œuvrent de concert avec les dirigeants religieux », a-t-il voulu.


Même son de cloche chez le représentant du Nigéria concernant la réaction internationale à l’insurrection de 2009 dans le nord de son pays, qui a eu, a-t-il rappelé, un impact dévastateur sur plus de 3 millions de personnes.  L’assistance humanitaire n’est fournie que par les autorités nationales et non par la communauté internationale, a-t-il fait remarquer.  Dans ce contexte, la Coordonnatrice des secours d’urgence de l’ONU, Mme Valerie Amos, a reconnu « l’échec de la diplomatie de prévention dans certaines situations ».


« Les dirigeants religieux doivent rester impartiaux et s’abstenir de monter une partie contre une autre.  Ils peuvent d’abord exercer leur influence sociale », a prôné l’un des panélistes, M. Kohlani, du Yémen, tandis que pour M. Spoerri, du CICR: « la confiance est essentielle sur le terrain, qui peut être acquise un jour et disparaître le lendemain, ce qui explique, a-t-il dit, l’importance de la présence des acteurs humanitaires ».


« Il est trop facile de blâmer la communauté internationale en cas d’échec », a réagi M.  Jorge Ramos-Horta, qui, fort de l’expérience récente en Guinée-Bissau, a encouragé à fournir plus de ressources aux acteurs locaux, dont les dirigeants religieux, pour qu’ils soient en mesure d’agir sur le terrain. 


Évoquant la démission de MM. Kofi Annan et Lakhdar Brahimi «  deux grands diplomates de notre temps qui n’ont pas été en mesure de convaincre pour parvenir à régler la crise syrienne, M. Ramos-Horta a prôné une politique du pas à pas. 


Il a notamment appelé à reconnaître le fardeau financier qui pèse sur l’Union européenne et d’autres pays, tels les donateurs émergents dans les crises humanitaires, le Qatar et le Koweït.


Sur la question de l’accès aux populations affectées par un conflit, qui a été au centre des discussions ce matin, la représentante de la Syrie a soutenu que la négociation de l’accès relevait du mandat du Bureau de coordination des affaires humanitaires, et ce, avec « toutes les parties au conflit ».  Mettant un bémol, elle a ajouté que ces parties pouvaient aussi être des groupes terroristes, et s’est interrogée, ainsi, sur les moyens de négocier avec ces groupes et de garantir, par la même, la protection des négociateurs humanitaires sans l’appui du gouvernement.  Elle a suggéré que cette question soit examinée.


Dans ce contexte, la Suisse s’est, quant à elle, interrogée sur les meilleurs moyens de résoudre le dilemme entre la nécessité de mise en confiance sur le terrain et le recours à la « gestion éloignée des crises souvent à cause du manque d’accès ».  Pour la Norvège, c’est précisément là que la consolidation de la paix devient l’élément clef et que la responsabilité locale doit être réellement prise au sérieux.


L’Union européenne a invité à concentrer les efforts de sensibilisation sur tous les acteurs sur le terrain, en particulier les autorités locales et religieuses, sur la base du principe d’impartialité.  Elle a renvoyé, cependant, à l’interprétation très stricte par certains États du principe de souveraineté, et appelé de ses vœux une meilleure définition de la notion de « protection des civils », alors que la Suède a préconisé une nouvelle définition de la protection des acteurs humanitaires, dont la présence aide notamment à empêcher toute violence ultérieure.


Le Brésil a évoqué l’amorce de débat, à l’ONU, sur la question des drones armés, utilisés par un petit nombre de pays, qui posent le problème de l’extraterritorialité.  La technologie ne fera que s’améliorer et ces appareils deviendront plus « effrayants et plus précis », a-t-elle averti, en exhortant à une analyse plus approfondie et à un débat responsable sur leur utilisation.  Comment traiter de la protection des civils avec l’utilisation de ces armes?


M. Kohlani a affirmé que cette question suscitait un débat houleux au sein de la société yéménite.  Cependant, certains groupes armés continuent de s’en prendre au personnel médical et aux hôpitaux.  Il faudrait les dénoncer vigoureusement, a-t-il déclaré, en signalant que les familles des victimes collatérales de la lutte contre ces groupes n’étaient pas indemnisées.  Les terroristes se cachent dans des zones difficiles d’accès, et certains d’entre eux viennent d’autres pays, a-t-il expliqué.


Le CICR a analysé la question des drones qui comporte, selon lui, plusieurs facettes.  La réponse à cette question est très complexe, a estimé M. Spoerri, tout en affirmant que les principes généraux du droit international humanitaire s’appliquaient à ce type d’armes.


ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE, AIDE HUMANITAIRE ET SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE


Débat général


M. BHAGWANT BISHNOI (Inde) a fait observer que la moitié des catastrophes dans le monde se produisaient en Asie.  Au Soudan du Sud, les grands problèmes de sécurité se posent dans le cadre des déplacements de populations à la suite de catastrophes naturelles.  Des Casques bleus indiens ont perdu la vie dans ce pays en accomplissant leur tâche de protection des civils, a-t-il rappelé.  Il s’est aussi alarmé du nombre impressionnant de personnes déplacées en République démocratique du Congo.  Le représentant a tenu à souligner l’importance du principe d’impartialité dans la conduite des opérations humanitaires, ainsi que celui de respect de la souveraineté des États.  En Afghanistan, 631 000 personnes ont été déplacées au cours du conflit qui vient de prendre fin.  L’Inde, a-t-il assuré, est prête à contribuer aux efforts humanitaires.  Le représentant a ajouté que, de manière générale, son pays s’était engagé à contribuer de son mieux à l’aide humanitaire internationale.


M. SALVADOR DE LARA RANGEL (Mexique) a rappelé qu’un sommet sur les questions humanitaires aura lieu à Istanbul en 2016.  Il a estimé que l’ONU devrait continuer à jouer le rôle de chef de file pour coordonner les efforts humanitaires.  Reconnaissant que la tâche étant toujours plus complexe, il a demandé de saisir l’occasion des préparatifs de ce sommet pour définir des modèles de coordination.  La prévention doit faire partie intégrante de l’aide humanitaire, a-t-il estimé, en invitant à trouver un équilibre entre la prévention et la réponse.  Pour sa délégation, le modèle d’assistance doit être plus inclusif pour que les communautés locales participent pleinement à la réponse humanitaire en cas de catastrophe naturelle ou de crise résultant d’un conflit.  Concernant la situation humanitaire en Syrie, il a insisté sur la nécessité de rechercher une solution durable.  Des efforts doivent être déployés pour prévenir que ces crises se répètent, grâce à une meilleure coordination des efforts à l’avenir, a-t-il ajouté. 


M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a appuyé les initiatives visant à promouvoir le renforcement des capacités pour mieux répondre aux crises.  Il a prôné une approche intégrée qui rassemble les acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux.  Il a aussi conseillé de partager les meilleures pratiques dans le domaine de l’action humanitaire.  L’Italie exige le respect du droit international humanitaire par toutes les parties, a-t-il dit.  Au niveau européen, l’Italie sera à la tête de l’action humanitaire de l’Union européenne à partir du 1er  juillet, a-t-il annoncé.  Le représentant a par ailleurs jugé utile que les technologies nouvelles soient utilisées pour réduire les risques de catastrophes.  L’Italie, a-t-il assuré, attache un intérêt particulier pour les préparatifs du sommet sur les questions humanitaires.


Mme TINE MØRCH SMITH(Norvège) a assuré que son pays continuera d’être un donateur important dans le domaine humanitaire.  Elle a plaidé pour que soient assurés un accès humanitaire rapide et la sécurité des travailleurs humanitaires, qui sont des principes du droit international humanitaire.  Des centaines de milliers de civils se voient refuser l’accès à des services de santé, s’est-elle inquiétée, en citant le cas de la Syrie.  Elle a demandé que les écoles ne soient pas utilisées ou prises pour cibles par les parties à un conflit.  La représentante a aussi demandé de mieux protéger les filles et les femmes, notamment en leur donnant accès aux services de santé reproductive.  En matière d’aide humanitaire, il faudrait établir des partenariats plus solides et prendre des engagements à plus long terme, a-t-elle suggéré.


M. BASHAR JAAFARI (République arabe syrienne) a d’emblée critiqué la position de certains fonctionnaires de l’ONU et pays concernant la crise humanitaire en Syrie et ses causes.  Il a regretté que certains gouvernements continuent de refuser le rôle que joue le terrorisme, à travers la présence de combattants étrangers, dans le conflit en Syrie.  Sa délégation attend à ce sujet les conclusions de la réunion qui a eu lieu avec la participation de huit États.  Les bailleurs de fonds n’ont fourni que 27% des fonds promis au titre de l’aide humanitaire en Syrie, ce qui est loin de répondre aux besoins immenses dans le pays.  Le représentant syrien, s’adressant au Canada, lui a demandé de respecter les relations qu’il entretient avec d’autres États Membres.


M. OMAR HILALE (Maroc) a dressé une liste des maux de notre époque en termes humanitaires, et rappelé les chiffres alarmants.  À ce jour, on compte dans le monde 52 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire et plus de 33 millions de personnes déplacées.  Parmi ces populations, les femmes et les enfants qui sont dépourvus de documents d’enregistrement se voient refuser l’accès aux services de santé et d’éducation.  Selon lui, la recherche de solutions durables nécessite de garantir la sécurité des populations déplacées, de déterminer leurs besoins, à travers leur identification et leur enregistrement en vue de leur assurer un accès équitable aux services sociaux de base, en attendant leur retour librement consenti dans leur pays d’origine.  Il a regretté par ailleurs que les États ignorent souvent, de manière flagrante et systématique, qu’il leur incombe en premier lieu de garantir la sécurité et le bien-être des populations établies sur leur territoire.  Avant de conclure, il a dénoncé les obstacles auxquels se heurte l’action humanitaire, et l’instrumentalisation politique des souffrances des populations vulnérables, particulièrement les femmes et les enfants.


M. DMITRY I. MARKSIMYCHEV (Fédération de Russie) s’est prononcé en faveur du strict respect des principes de l’aide humanitaire et a apprécié les progrès enregistrés grâce à la Coordonnatrice des secours d’urgence et appuyé le Sommet sur les questions humanitaires qui se tiendra à Istanbul en 2016, dont les décisions contribueront à l’amélioration des potentiels et capacités humanitaires nationales et internationales pour mieux répondre aux catastrophes ou crises.  Il a noté une tendance inquiétante vers une politisation de l’aide humanitaire, ainsi qu’une partialité dans le rapport même du Secrétaire général.  Le représentant a fait état de certains phénomènes négatifs comme l’utilisation des drones contre des populations pacifiques, ou le fait de contourner les sanctions imposées par le Conseil de sécurité.  Il a rappelé que, cette année, son pays avait fourni une aide bilatérale d’un montant de 50 millions de dollars au titre de l’aide humanitaire à divers pays.  


Mme ANNA GEBREMEDHIN (Finlande) a attiré l’attention sur la violence à l’égard des femmes et des filles dans les conflits, ainsi qu’à l’égard des personnes handicapées.  Il faudrait aussi, a-t-elle conseillé, prendre en compte l’environnement pour améliorer l’efficacité et la qualité de l’aide.  La représentante a émis l’espoir que les recommandations résultant de l’étude sur « l’environnement et l’aide humanitaire » qui avait été publiée au début de la semaine, dans le cadre d’une manifestation parallèle organisée par son pays, seraient prises en compte.  Elle a aussi rappelé que son pays était un donateur important en matière d’aide humanitaire.  Les Nations Unies, a-t-elle estimé, doivent rester au cœur du système de réaction et de secours d’urgence.  Elle a invité à mettre l’accent sur la transparence et la responsabilité dans ce domaine.  La Hongrie a invité la Finlande à organiser conjointement des consultations, qui auront lieu à Budapest en février 2015, en vue de préparer le Sommet humanitaire de 2016, a-t-elle indiqué.


M. TSHAMANO COMBRICK MILUBI (Afrique du Sud) a reconnu que le secteur privé et les institutions financières avaient un rôle important à jouer pour aider les gouvernements à faire face aux besoins humanitaires.  Elle a plaidé en faveur de la coordination entre les différents acteurs humanitaires, avant d’insister sur la réduction des causes des catastrophes naturelles.  Il faudrait mieux comprendre les causes profondes de ces crises environnementales afin d’y répondre efficacement, a-t-elle dit.  Elle s’est par ailleurs inquiétée de la mauvaise qualité de l’aide fournie aux populations vulnérables, comme les femmes et les enfants, dans les crises humanitaires.  Il est important de répondre aux défis auxquels sont confrontées les femmes et les filles, notamment la violence sexuelle et sexiste, a-t-elle ajouté.  Avant de conclure, elle a assuré que l’Afrique du Sud était fermement engagée à réduire les risques de catastrophes.


M. TALAVERA (Espagne) a plaidé en faveur d’une bonne préparation aux catastrophes naturelles.  Les réponses aux crises doivent inclure des mesures visant à permettre aux populations d’être plus résilientes.  Il a notamment demandé de renforcer les centres de santé en période de crise.  Les politiques publiques, a-t-il ajouté, doivent viser à assurer une meilleure gestion des catastrophes naturelles, avec l’appui de la communauté internationale.  Le représentant a ensuite parlé de la reddition de comptes, en se disant favorable à l’idée de développer un indicateur de résultats.  Il a aussi demandé de financer l’aide humanitaire de manière prévisible.  Les partenariats, a-t-il également estimé, doivent être établis en tenant compte des particularités des différents acteurs humanitaires.  Il a en outre recommandé d’utiliser des moyens novateurs dans ce domaine.


M. DER KOGDA (Burkina Faso) a rappelé que, selon le rapport du Secrétaire général, publié en 2013, le nombre de personnes déplacées en raison de conflits armés et de la violence généralisée avait considérablement augmenté, atteignant le chiffre le plus élevé jamais enregistré dans plusieurs régions du monde, comme le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie et les territoires palestiniens occupés.  Dans les cas de catastrophes, plusieurs pays ont été touchés par des phénomènes naturels tels que les typhons, les cyclones, les inondations, les glissements de terrain, l’insécurité alimentaire, cette dernière était principalement causée par la sécheresse.  Avec cette toile de fond, il a salué tous les efforts déployés par les Nations Unies à travers le Bureau de la coordination des affaires humanitaires et tous les organismes humanitaires internationaux partenaires.  Le plan d’action quinquennal mis en place par le Secrétaire général et le programme pour la transformation dirigé par le Comité permanent interorganisations, sont, pour le Burkina Faso, des initiatives louables permettant aux organismes humanitaires de prendre les mesures visant au renforcement de l’efficacité et la transparence de leurs actions.


Le Burkina Faso alloue chaque année des ressources financières destinées à constituer des stocks de vivres et de matériels de survie afin de répondre aux crises alimentaires et à la présence massive de réfugiés maliens.  Ainsi, au titre de l’année 2014, il a alloué 3 000 000 dollars en vue de l’acquisition de matériels divers pour assurer des abris et les moyens de survie aux réfugiés maliens dont le nombre s’élève aujourd’hui à environ 40 000 sur le territoire du Burkina Faso.  Il a estimé en outre que l’amélioration du système humanitaire international passait par une adaptation aux différentes évolutions du monde et une prise en compte de la multiplicité des intervenants et des cadres d’action.


M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a noté que le Soudan, la RCA et la Syrie étaient toutes des crises de niveau 3 et que la réponse aux appels humanitaires était concentrée entre quelques donateurs, ce qui exerce une forte pression sur eux.  Il a pleinement soutenu l’initiative du Secrétaire général de convoquer le premier Sommet humanitaire mondial à Istanbul en 2016.  Les quatre thèmes de ce Sommet ont été abordés dans le rapport du Secrétaire général.  Le Japon et l’Indonésie accueilleront, du 23 au 24 juillet, les consultations régionales pour apporter une contribution substantielle à ce Sommet.  Le Japon entend en outre défendre son point de vue et mettre l’éclairage sur les questions transversales, a-t-il annoncé, en signalant la projection, ce soir à l’auditorium Dag Hammarskjöld, d’un film montrant les déplacements de population, peu après le tremblement de terre du 11 mars 2011, en utilisant la téléphonie mobile et les GPS.  Il a encouragé à tirer profit des avantages multiples offerts par les nouvelles technologies.


M. JIM MCLAY (Nouvelle-Zélande) a salué le travail du Comité interorganisations et rappelé la responsabilité des États dans la réponse aux crises d’urgence.  La Nouvelle-Zélande a rapidement apporté son aide après les inondations aux Samoa et dans d’autres pays de la région.  Il a souligné que les civils continuaient de souffrir dans les conflits armés et que la communauté internationale devrait redoubler d’efforts afin de les aider efficacement, dans le respect des principes de la neutralité, de l’impartialité et de l’indépendance.  D’un autre côté, les acteurs humanitaires doivent être également protégés.  Il a relevé que l’entrave à l’accès humanitaire dans la crise syrienne montrait à quel point il importe d’agir dans ce domaine.  Le Sommet humanitaire d’Istanbul offrira l’occasion unique, au niveau international, d’améliorer la réaction comme première réponse internationale.


M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a appelé au plein respect de la souveraineté des États bénéficiant de l’aide humanitaire et réclamé que tous les partenariats et actions de la coopération internationale soient conformes aux principes fondamentaux définis dans la résolution 46/182 de l’Assemblée générale.  Il a invité les pays en développement à renforcer leurs capacités d’alerte précoce et de réponse humanitaire, et appuyé l’appel du Secrétaire général en faveur d’un financement adéquat de l’assistance humanitaire, ainsi que du renforcement de la coordination entre les différents acteurs humanitaires pour améliorer l’efficacité de la réponse.  Alors que l’Assemblée générale discute du nouveau programme du développement durable pour l’après-2015, a souligné M. Boukadoum, il est important d’assurer une bonne coordination entre les acteurs humanitaires et les acteurs du développement.  À cet égard, il a appuyé les recommandations du Secrétaire général sur l’intégration de la gestion des risques dans les plans de développement national, l’augmentation des financements pour la prévention des crises et le redressement, ainsi que le renforcement de la résilience.  L’Algérie, a-t-il assuré, est prête à participer aux consultations en cours en vue de la tenue du Sommet humanitaire mondial d’Istanbul. 


M. PETER LLOYD VERSEGI (Australie) a souligné que les responsabilités devraient être partagées dans le domaine de l’aide humanitaire.  Pour améliorer le système de cette aide, a-t-il recommandé, il faudrait établir des partenariats solides qui tiennent compte des nouvelles réalités, en citant notamment les partenariats avec le secteur privé.  Il a ensuite salué l’organisation du Sommet mondial humanitaire prévu à Istanbul en 2016.  Il est important de renforcer les capacités de résilience afin de réduire l’impact des catastrophes sur les pays et les peuples, a-t-il souligné.  Il a aussi conseillé de placer la protection des civils au cœur des actions humanitaires.  Le représentant a aussi mis l’accent sur le respect des principes de neutralité, d’impartialité et d’indépendance des acteurs humanitaires, avant de se dire très préoccupé par les attaques contre les civils, le personnel médical et humanitaire.  Il a aussi dénoncé le refus arbitraire du Gouvernement de la Syrie d’assurer l’accès au personnel humanitaire.


Mme YONESEX ALVAREZ VALLE (Cuba) a rejeté toute aide humanitaire qui n’aurait pas reçu, au préalable, l’accord du pays concerné, en arguant que cela constituait une violation du principe de souveraineté des États.  Les Nations Unies et la communauté internationale doivent aider les pays en développement pour qu’ils améliorent leurs capacités nationales de réponse aux crises et mieux répondre aux besoins de la population, a-t-elle souligné.  À cet égard, elle a recommandé de privilégier l’accès aux nouvelles technologies et aux ressources financières.  Cuba, qui a fait des progrès sur les plans normatif et institutionnel, a aussi mené des études sur l’environnement, a-t-elle indiqué.  La représentante a ajouté que son pays essayait de mieux préparer la population à toute catastrophe naturelle.  Elle a enfin assuré que son pays était prêt à partager ses compétences avec d’autres, en vue du Sommet mondial humanitaire de 2016.


Mme ELIZABETH COUSENS (États-Unis) s’est dite préoccupée par les crises humanitaires qui sont de plus en plus nombreuses et complexes.  Elle a souligné qu’il était crucial de coordonner les actions des différents acteurs pour mieux répondre aux besoins de la population civile en cas de catastrophe naturelle ou de conflit.  À cet égard, le Sommet humanitaire d’Istanbul en 2016 sera une occasion de renforcer les partenariats, a-t-elle estimé.  La représentante a par ailleurs souligné qu’il était essentiel de collecter les données permettant de mieux se préparer à répondre aux crises.  Les États-Unis appuient les efforts visant à engager les partenaires locaux et les personnes touchées par les crises à contribuer aux efforts humanitaires, a-t-elle ajouté.  Le rôle des Nations Unies doit être renforcé pour protéger les personnes contre les violations du droit international humanitaire, a souligné la représentante américaine.  En ce qui concerne les violences basées sur le sexe en temps de crise, elle a suggéré de prévoir des services de santé génésique dans les secours d’urgence.  Elle a recommandé d’explorer des moyens novateurs pour améliorer les modèles d’aide humanitaire.  Avant de conclure, elle a aussi demandé à toutes les parties d’autoriser un accès sans entrave aux populations qui ont besoin d’assistance, notamment en Syrie. 


M. HAHN CHOONG HEE (République de Corée) a exprimé le soutien de sa délégation à tous les travailleurs humanitaires de par le monde et à Mme Amos.  Dans le souci d’une efficacité accrue de l’aide humanitaire, il a appelé à accorder davantage d’attention aux premières réponses dès le début d’une crise.  L’appropriation et la participation nationales sont tout aussi vitales pour s’assurer que la réponse prend compte des besoins des personnes affectées.  Les efforts de transition des Nations Unies ne sauraient être laissés à un seul groupe mais devraient, au contraire, être le fruit d’une action conjointe, avec l’appui du coordonnateur.  Il ne suffit pas de répondre aux crises, il faudrait changer de paradigme d’une approche axée sur la réponse vers une approche centrée sur la prévention, a estimé M. Choong Hee, qui a déclaré que les efforts de lutte contre les catastrophes devraient être inclus dans le programme de développement durable pour l’après-2015.  En l’absence de progrès sur le plan politique, il faudrait déployer des efforts pour déterminer le moyen le plus efficace et le plus sûr pour acheminer rapidement l’aide aux personnes affectées par la crise syrienne.  Il a conclu en émettant l’espoir que les voix qui ne sont pas très écoutées dans le domaine humanitaire soient enfin entendues. 


M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a réaffirmé le rôle fondamental de chaque gouvernement pour répondre aux besoins sur le terrain en cas de situation d’urgence, avant d’appeler au renforcement des capacités.  Compte tenu de la complexité des situations et, de ce fait, des secours d’urgence, le représentant indonésien a recommandé aux institutions humanitaires de l’ONU d’améliorer leurs connaissances et de renforcer leur partenariat sur le terrain, y compris avec tous les acteurs sur place et avec le gouvernement concerné afin de favoriser les efforts de reconstruction et de soutenir ensuite les efforts de développement.  Il faudrait également renforcer la résilience à tous les niveaux et changer le paradigme humanitaire pour passer de la réaction à l’action.  Le Conseil économique et social doit aussi être le forum de débat et de présentation de rapports pour une action humanitaire coordonnée et responsable.


M. PER ÖRNÉUS (Suède) a déclaré que ce débat se tenait à un moment où le monde a besoin de marquer un tournant dans l’action humanitaire en améliorant la coordination entre un grand nombre d’acteurs.  Il faudrait améliorer à la fois la mobilisation des ressources, la mise en œuvre et le suivi.  Différents bénéficiaires ont des besoins distincts et il convient d’en tenir compte à travers des approches novatrices pour mieux répondre aux nouvelles réalités, a-t-il souligné.  Le représentant de la Suède s’est dit très préoccupé par la tendance visant à faire obstacle à l’accès humanitaire et au non-respect de la neutralité et de la sécurité du personnel humanitaire.


M. YAŞAR HALIT ÇEVIK (Turquie) a souhaité que la question de la coopération dans le domaine de l’aide humanitaire soit discutée de manière globale.  Le Sommet d’Istanbul en 2016 marquera, dans ce cadre, une étape importante, a-t-il fait remarquer, en invitant toutes les parties prenantes à participer activement à ce Sommet.  La pire des crises humanitaires du XXIe siècle se déroule actuellement en Syrie, a-t-il regretté, en évoquant les 3 millions de réfugiés, dont un million qui se trouvent en Turquie.  Il a indiqué que le Gouvernement turc avait alloué près de 3 milliards de dollars pour répondre aux besoins de ces réfugiés.  Il a prévenu que la situation risquait de s’aggraver davantage.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale à mettre en œuvre la résolution du Conseil de sécurité concernant la crise humanitaire syrienne.  Attirant l’attention sur une autre situation d’urgence, celle qui touche actuellement l’Iraq, M. Çevik a assuré que son pays avait également commencé à fournir une aide humanitaire à la population iraquienne.  La Turquie a apporté son aide humanitaire dans d’autres pays comme la RCA et la Somalie, a-t-il ajouté, en citant aussi les ONG turques qui jouent également un rôle actif dans les efforts humanitaires internationaux.


M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a indiqué que, selon le centre de recherche sur l’épidémiologie des catastrophes, 334 catastrophes naturelles s’étaient produites en 2013, coûtant la vie à 22 600 personnes et touchant 97 millions de personnes.  Le coût financier de toutes ces catastrophes a atteint 118 milliards de dollars.  Le représentant iranien s’est par ailleurs félicité que les pays à revenus intermédiaires prennent des initiatives dans le domaine humanitaire.  « Humanité, neutralité, impartialité et indépendance », sont les principes qui doivent régir l’aide humanitaire, a-t-il rappelé.  Le délégué a aussi souligné le rôle principal de l’État concerné pour lancer, coordonner, organiser et mettre en œuvre l’assistance humanitaire.  L’ONU, a-t-il estimé, a un rôle unique à jouer pour coordonner l’action internationale.  Avant de conclure, il a appelé la communauté internationale à pleinement respecter les principes humanitaires et la souveraineté nationale des États.


Mme WANG HONGBO (Chine) a invité la communauté internationale à utiliser de nouvelles méthodes et technologies et à renforcer la coordination pour mieux répondre aux crises humanitaires.  Pour ce faire, elle doit respecter les principes de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale, ainsi que le droit international, a-t-elle insisté.  La Chine est opposée à la politisation et à la militarisation des questions humanitaires, a-t-elle réaffirmé.  La prévention des crises et les capacités de relèvement doivent être renforcées, a-t-elle ajouté.  La représentante de la Chine a aussi salué les efforts des institutions des Nations Unies pour encourager l’adoption d’approches novatrices afin de mieux répondre aux situations humanitaires.  Elle a par ailleurs appelé la communauté internationale à fournir une aide technique et financière aux pays en développement.  La Chine attache beaucoup d’importance à la coopération internationale dans le domaine humanitaire, a-t-elle assuré, en indiquant que son pays partageait son expérience avec d’autres États.


M. MAGZHAN TOBAYAKOV (Kazakhstan) a mis l’accent sur la contribution du Conseil économique et social et de l’OCHA à la réduction des effets des catastrophes sur les populations affectées.  Le Centre régional de l’OCHA pour le Caucase et l’Asie centrale (ROCCA), couvrant huit pays avec une population totale de 77,5 millions et une plus grande superficie que celle de l’Europe occidentale, est basé à Almaty, la capitale du Kazakhstan, a-t-il rappelé.  Cette région se distingue par sa grande vulnérabilité à certaines des catastrophes naturelles et humaines particulièrement dévastatrices, outre les risques résultant des changements climatiques, de la volatilité des prix des denrées alimentaires et des ressources énergétiques.  En dépit des difficultés, le Kazakhstan a constamment appuyé les efforts d’OCHA et est même devenu un bailleur de fonds actif en Asie centrale.  Il a ainsi contribué à hauteur de 500 000 dollars au Fonds spécial pour la Somalie de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et s’apprête à créer une agence kazakhe d’aide aux crises humanitaires.


Mme SADIA FAIZUNNESA (Bangladesh) a déclaré que son pays examinait le paradigme du changement de l’action humanitaire et invité la communauté internationale au respect des principes fondamentaux de la résolution pertinente de l’Assemblée générale.  Les panélistes ont montré à quel point la pauvreté et le sous- développement étaient les « détonateurs » de certaines crises humanitaires et c’est pourquoi la communauté internationale doit trouver les moyens de renforcer les capacités nationales et locales pour réduire les effets négatifs et à long terme de ces crises humanitaires.  Cette action doit se faire sur la base du respect total et dans toutes les étapes, du principe de l’appropriation nationale, a-t-elle insisté.  La représentante a réaffirmé l’engagement continu de son pays en faveur de la consolidation de la paix.  En tant que pays vulnérable aux catastrophes naturelles, le Bangladesh est conscient de la nécessité d’une action constante, cohérente et coordonnée.  Sa délégation, a-t-elle indiqué, attend des précisions sur les préparatifs du Sommet mondial humanitaire qui se tiendra à Istanbul en 2016.


M. MARIC (Serbie) a rappelé l’état d’urgence imposé dans son pays à la suite des inondations dévastatrices de mai dernier, où 32 000 personnes avaient été évacuées des zones sinistrées et de nombreuses routes ont été détruites par des glissements de terrain.  Le Gouvernement de la Serbie a publié un décret sur la création d’un bureau d’assistance à ces zones, qui s’occupera entre autres de l’aide et de la reconstruction, a-t-il indiqué.  Face à l’ampleur de la catastrophe, le Gouvernement serbe a lancé un appel à l’aide et reçu une assistance de nombreux pays, dont des pays européens, qui se sont engagés à coordonner les équipes internationales et l’acheminement des vivres et de l’eau.  


Mme DRAGANA ANDELIC (Bosnie-Herzégovine) a réaffirmé l’importance des principes d’humanité, de neutralité et d’indépendance de l’aide humanitaire.  Elle a aussi demandé d’intégrer une perspective d’égalité entre les sexes dans les réponses humanitaires et de tenir compte des besoins des personnes handicapées.  Elle s’est par ailleurs inquiétée du manque de sécurité qui affecte le personnel humanitaire.  Mme Andelic a espéré que le Sommet humanitaire d’Istanbul en 2016 permettrait à tous les intervenants d’examiner les moyens de mieux répondre aux crises humanitaires.  Après avoir remercié tous ceux qui ont aidé son pays à se redresser après les récentes inondations, elle les a invités à participer à la conférence des donateurs les 16 et 17 juillet prochain.  Les secours d’urgence ont pris fin et nous passons maintenant à la phase de reconstruction, a-t-elle indiqué.


Mme JOSE DEL AQUILA (Guatemala) s’est alarmée du nombre dramatique de crises humanitaires, conflit ou catastrophes naturelles, en appelant la communauté internationale à y faire face rapidement.  Le Guatemala, a-t-elle assuré, participera activement, l’année prochaine, aux consultations régionales préparatoires du premier Sommet humanitaire mondial prévu à Istanbul en 2016.  La déléguée a souligné par ailleurs qu’il était nécessaire de recueillir des données ventilées par sexe, âge et sur les personnes handicapées, de sorte à prendre des décisions adéquates et efficaces dans le domaine humanitaire.  Elle a aussi encouragé à examiner les causes profondes des crises, qu’elles soient religieuses, sectaires ou résultant de la pauvreté endémique, le manque de résilience ou encore la négligence des institutions.  Elle a insisté, à son tour, sur le respect des principes d’humanité, d’impartialité et d’indépendance.  


Mme STROŸ (Pays-Bas) a estimé que la coordination des efforts entrepris par les institutions des Nations Unies et autres organisations était d’une importance vitale pour l’efficacité de l’aide humanitaire.  En 2013, notre attention portait sur la crise en Syrie, a-t-elle rappelé, avant de parler des crises qui prennent de l’importance aujourd’hui, au Soudan du Sud et en République centrafricaine, avec de nouvelles crises comme au Mali et en Iraq.  Elle a prié les parties à un conflit d’accorder un accès sans entrave aux humanitaires afin de respecter le droit international humanitaire.  Elle a aussi demandé de respecter les principes fondamentaux d’indépendance, de neutralité et d’impartialité. 


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a appelé à agir avec prudence et à ne pas commettre l’erreur de croire qu’en l’absence de solution politique, la crise en Syrie peut être résolue par la force.  Le Brésil a contribué à une initiative dans ce pays et les pays voisins, ainsi qu’à une initiative du Programme alimentaire mondial (PAM), a-t-elle dit.  En outre, le Brésil a conclu un accord avec le PAM et l’UNRWA pour apporter des denrées alimentaires au peuple palestinien.  Elle a aussi parlé d’Haïti où son pays est également impliqué.  La représentante a ensuite critiqué l’utilisation des drones dans le domaine humanitaire, avant de se féliciter de la prochaine tenue à Istanbul, en 2016, du Sommet mondial humanitaire.  Enfin, elle a expliqué que les programmes nationaux du Brésil, notamment le programme Bolsa Familia pour le transfert de fonds, avaient façonné ses initiatives de coopération humanitaire durable. 


M. ALSHARRAN (Koweit) a demandé de mettre un terme au conflit en Syrie qui cause tant de souffrances à la population civile et donne lieu à des déplacements massifs.  Son pays a accueilli deux conférences de donateurs pour aider la Syrie, a-t-il rappelé.  Le représentant a aussi appelé à trouver une solution durable au conflit israélo-palestinien.  Il a réaffirmé qu’il était nécessaire pour les pays touchés par des conflits et des catastrophes naturelles d’assurer un accès sans entrave aux travailleurs humanitaires et de prévoir le financement des mesures prises.


Organisations internationales


M. STÉPHANE BONAMY, Comité international de la Croix-Rouge, a déploré que l’aide humanitaire, dans de nombreux cas, n’atteigne pas, parfois, ceux qui en ont le plus besoin en raison du manque d’accès et exhorté les gouvernements à faire face aux nombre croissant des personnes déplacées.  Il a appelé à la protection des civils contre les opérations militaires car les acteurs humanitaires ne peuvent jouer qu’un rôle subsidiaire dans ce contexte.  Il a insisté sur le respect des Conventions de Genève de 1949.  Le CICR doit être en mesure d’établir un dialogue constructif avec toutes les parties concernées, a-t-il précisé.  Confronté à l’inacceptable, il faut donc être explicite sur toute les incapacités pour atteindre et assister les personnes dans le besoins, a conseillé le représentant.


M. MARWAN JILANI, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a souligné que le monde géopolitique, social et technologique a dramatiquement changé.  Parmi les défis majeurs actuels, il a pointé du doigt le nombre croissant de catastrophes naturelles et les urgences sanitaires, l’absence continue de respect du droit international humanitaire et les problèmes d’accès, dans nombre de pays, aux soins de santé, ainsi qu’aux difficultés rencontrées par les acteurs humanitaires pour atteindre les personnes dans le besoin dans certains contextes.  Il a cité le rapport publié récemment par l’OCHA « Saving Lives Today and Tomorrow: managing the risk of humanitarian crises » (sauvez des vies aujourd’hui et demain: gestion des risques dans les crises humanitaires) qui met l’accent sur la complexité des crises actuelles et sur la durée de la réponse humanitaire.  Face à cette complexité, il a préconisé de jeter des ponts entre l’humanitaire et le développement et l’intégration de la gestion des risques et de la résilience dans le programme de développement durable pour l’après-2015.     


Mme EVELIEN BORGMAN, Organisation internationale des migrations, a déclaré qu’il ne faudrait pas perdre de vue l’objectif commun qui consiste à venir en aide aux populations dans le besoin et que dans ce contexte, la coopération est fondamentale de sorte à contribuer aussi à des solutions de développement durable.


Mme YASMIN HAQUE, Fonds des Nations Unies pour l’enfance, a axé son intervention sur les préparatifs et la réflexion en vue de la tenue du Sommet mondial humanitaire d’Istanbul en 2016, qu’il importe d’orienter vers l’efficacité et la cohérence dans toutes les étapes de l’aide humanitaire.  Elle a lancé un appel à la protection des femmes et des enfants en toutes circonstances et à être sans cesse à l’écoute au niveau local.


Droit de réponse


Réagissant à la déclaration faite par la Serbie, la représentante de la Grèce a invité tous les États, conformément à la résolution 817 (1993) de l’Assemblée générale, à utiliser le nom « ex-République yougoslave de Macédoine ».


Remarques de clôture


Mme VALERIE AMOS, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d’urgence de l’ONU, a rappelé que ce débat et les 26 manifestations en marge de ce segment humanitaire, ont montré qu’il importait de modifier la manière d’appréhender l’aide humanitaire, mais d’abord et avant tout, de traiter de la question de l’accès de l’aide humanitaire aux populations concernées où qu’elles se trouvent.  L’importance des acteurs locaux a aussi été mise en exergue du fait de la complexité accrue des situations d’urgence.  Les partenariats, notamment avec la diaspora, ont aussi été évoqués, de même que l’importance d’inclure les plus vulnérables dans la réflexion en cours sur le programme de développement durable pour l’après-2015. 


En trois ans, le nombre de personnes dans le besoin en Syrie est passé de 1 à plus de 11 millions, a-t-elle fait remarquer pour mieux illustrer les enjeux actuels, auxquels est venue s’ajouter la nouvelle situation en Iraq.  De nombreux défis existent encore sur le continent africain et ailleurs.  Mme Amos a déploré que les moyens de persuasion pour faire cesser la violence soient limités, avant de rappeler que les besoins humanitaires découlent également de la pauvreté, des conditions climatiques et de causes évitables, surtout pour ce qui a trait à certaines maladies infantiles et à la malnutrition.  Après avoir mis l’accent sur la nécessité d’agir rapidement par des mesures de prévention, notamment par le biais de mécanismes d’alerte précoce, elle a souligné l’importance de trouver des solutions novatrices pour répondre efficacement aux besoins des populations concernées.  « Nous pouvons améliorer notre façon de travailler afin de maximiser notre action, a-t-elle soutenu en conclusion.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.