En cours au Siège de l'ONU

7347e séance – matin
CS/11712

Afghanistan: le Conseil de sécurité salue les progrès vers la démocratie

« La solution au conflit afghan est politique et non militaire », déclare le Représentant spécial

Le Conseil de sécurité, que présidait aujourd’hui, le Ministre des affaires étrangères du Tchad, M. Moussa Faki Mahamat, s’est penché sur l’évolution de la situation en Afghanistan.  S’appuyant sur les exposés du Représentant spécial et Chef de la Mission d’assistance de l’ONU en Afghanistan (MANUA), M. Nicholas Haysom, et du Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Yury Fedotov, une trentaine de délégations ont réaffirmé leur soutien à l’émergence d’un Afghanistan indépendant et souverain.

Présentant le rapport du Secrétaire général sur la question, M. Haysom a souligné qu’il serait impossible d’atteindre la stabilité et la prospérité en Afghanistan en l’absence d’une paix durable.  « La solution au conflit afghan, a-t-il insisté, est politique et non pas militaire. »  Les participants au débat ont salué la tenue, dans le calme, du transfert de pouvoir entre le Président sortant, M. Hamid Karzai, et son successeur, M. Ashraf Ghani, qui a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle début septembre. 

M. Haysom s’est en outre réjoui de la signature de l’accord du 21 septembre pour l’établissement d’un gouvernement d’union nationale avec pour chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah, l’autre finaliste du scrutin présidentiel.  « Du point de vue de la MANUA, la formation d’un gouvernement d’unité nationale était la meilleure solution. »  « L’accord politique a mis fin à une crise profonde qui risquait de réactiver les cycles de violence », s’est félicité le Chef de la Mission.  Toutefois, les délégations se sont dites préoccupées par la gravité de la situation en matière de sécurité, marquée à la fois par une hausse des victimes civiles d’attaques menées par des insurgés et par l’instabilité alimentée par l’intensification de la production d’opiacés. 

« Au 30 novembre, la Mission avait enregistré le nombre le plus élevé de morts et de blessés parmi la population civile depuis 2008 », a déploré M. Haysom, qui a rendu hommage à l’action des Forces nationales de sécurité dans ce contexte difficile.  Convaincu qu’une présence internationale était toujours nécessaire, il s’est félicité du déploiement de la mission non militaire Soutien résolu de l’OTAN, qui prendra l’année prochaine le relais de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), dont le mandat expire le 31 décembre 2014.    

Le Directeur exécutif de l’ONUDC a, quant à lui, attiré l’attention sur l’impact de la production d’opium sur le développement et la stabilité de l’Afghanistan.  Notant que le volume de la culture du pavot a augmenté de 7% au cours de l’année écoulée, M. Fedotov a constaté que l’économie illégale issue de cette production menaçait sérieusement la sécurité, le développement, la bonne gouvernance et la santé publique non seulement en Afghanistan, « mais aussi dans la région ».  M. Fedotov a recommandé d’intégrer la lutte contre le trafic de stupéfiants aux stratégies de développement et de sécurité et de veiller à ce qu’elle fasse partie d’une « assistance unifiée », comme le demande justement la résolution 2145 (2014) du Conseil. 

Réagissant à ces deux exposés, le représentant afghan, M. Zahir Tanin, a affirmé que le Gouvernement d’union nationale était conscient de la nécessité de trouver une solution politique pour éradiquer les violences.  « La conduite du processus de réconciliation avec l’opposition armée est l’une de ses priorités », a-t-il ainsi assuré, en insistant sur la nécessité de mettre en œuvre les réformes de fond pour instaurer la paix en Afghanistan.  « La communauté internationale doit aider les autorités afghanes à résoudre la crise fiscale, qui empêche le Gouvernement afghan de mettre rapidement en œuvre les réformes annoncées le 4 décembre dernier lors de la Conférence de Londres », a-t-il lancé.  Lutte contre la corruption, bonne gouvernance, promotion économique et stabilité fiscale, renforcement de la coopération régionale, du développement et des droits de l’homme font partie du paquet de mesures que les autorités afghanes se sont engagées à appliquer au titre du Cadre de responsabilité mutuelle, établi à la Conférence de Tokyo en 2012.

Les délégations étaient nombreuses à souligner la nécessité d’améliorer la coopération régionale au cours du débat.  Le représentant de l’Inde, M. Bhagwant Bishnoi, a rappelé que le processus « Au cœur de l’Asie » plaidait l’inclusion de l’Afghanistan, qui est un « marché potentiel ».  « Pour devenir un marché accessible, l’Afghanistan doit renforcer de façon drastique sa connectivité aux villes portuaires de la région », a-t-il insisté.  « Le Pakistan a pris des mesures visant à renforcer ses relations économiques avec son voisin », a assuré de son côté le représentant de ce pays, M. Sahebzada Ahmed Khan, tandis que le représentant de la Chine, M. Liu Jieyi, a annoncé que son pays, « ami sincère de l’Afghanistan », contribuerait, en 2015, à hauteur de 500 millions de yuan à l’essor de l’Afghanistan. 

« Les pays voisins de l’Afghanistan doivent développer des sources de revenus alternatives à la culture du pavot », a par ailleurs recommandé le représentant russe, M. Vitaly Churkin.  Revenant sur la situation sécuritaire, il a fait observer que la FIAS n’avait fourni aucun bilan de ses 13 années d’activité avant son retrait.  « Par exemple, aucune analyse sérieuse n’a été proposée sur le soutien de la FIAS aux policiers afghans en matière de lutte contre la drogue », a-t-il déploré.  « Que dire également du fait que les Taliban et Al-Qaida sont toujours en position de force en Afghanistan? » a encore demandé l’Ambassadeur Churkin.

Après avoir rendu hommage aux 2 200 Américains qui avaient perdu la vie pour défendre et autonomiser le peuple afghan, Mme Samantha Power a regretté que le pays continue d’être confronté à des violences meurtrières commises par des forces antigouvernementales.  Les États-Unis, a-t-elle assuré, continueront à apporter leur soutien à l’Afghanistan.

Pour empêcher cette « économie illicite de prospérer au détriment du développement de l’Afghanistan, a déclaré le représentant de la France, M. Alexis Lamek, la MANUA doit jouer un rôle majeur pour animer et coordonner le dialogue avec les autorités afghanes sur ce sujet capital pour l’avenir du pays. 

« La MANUA réexamine ses propres mesures sécuritaires sans pour autant envisager de mettre fin à ses activités dans ce domaine », a assuré M. Haysom. 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2014/876)

Déclarations

M. NICHOLAS HAYSOM, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, a assuré que depuis l’annonce des résultats de élection présidentielles en septembre dernier, le processus politique avait enregistré des avancées significatives, un accord avait été trouvé entre les différents partis et le Gouvernement afghan s’était engagé à mettre en œuvre d’importantes réformes de gouvernance.  Il a ajouté que pour la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), qu’il dirige, la formation d’un gouvernement d’unité nationale était sans nul doute la meilleure solution.  L’accord entre les deux finalistes à l’élection présidentielle a mis fin à une crise profonde qui risquait de réactiver les cycles de violence, a-t-il affirmé. 

Le Président Ashraf Ghani et l’Administrateur en chef, M. Abdullah Abdullah, ont reconnu que le moment était venu de surmonter les divisions dans l’intérêt de tous les Afghans, a-t-il souligné avant d’inviter instamment les dirigeants politiques à nommer sans délai un corps de hauts fonctionnaires gouvernementaux.  Cela montrera que l’équipe gouvernementale entre effectivement en fonctions et qu’elle est prête à s’atteler au rôle qui lui revient.

Le Représentant spécial a ensuite attiré l’attention sur la situation financière de l’Afghanistan.  Le Gouvernement doit, a-t-il dit, trouver rapidement une solution à la crise budgétaire à laquelle il fait face.  En raison d’une baisse de ses revenus, la situation fiscale du pays est préoccupante, a-t-il fait remarquer, en précisant que le Gouvernement afghan dépendait pour une large part des contributions de ses partenaires visant à couvrir ses dépenses, a-t-il encore expliqué. 

Pour M. Haysom, la communauté internationale doit travailler en étroite coopération avec les autorités afghanes pour prendre des mesures concrètes destinées à permettre au Gouvernement afghan de mettre en œuvre les réformes de la justice, institutionnelles et politiques prévues.  Il a indiqué que, dans ce cadre, la Mission continuera de mettre l’accent sur la nécessité de promouvoir les droits des femmes qui, a-t-il insisté, représentent un objectif essentiel à réaliser sur la voie de la paix et du développement.  À cet égard, il a salué l’intention du Président Ghani de nommer un nombre significatif de femmes à des postes à responsabilités au sein de l’équipe gouvernementale. 

Pour ce qui est des relations du pays avec ses voisins, le Représentant spécial a considéré que l’Afghanistan pourrait être un pont entre l’Asie centrale et l’Asie du Sud.  Avec la Mission, nous continuerons de promouvoir le renforcement des liens de l’Afghanistan avec ses voisins du nord, en particulier dans le domaine de la sécurité, du commerce et de l’énergie, a-t-il déclaré, en se félicitant de la signature récente d’accords avec l’Azerbaïdjan, la Chine, le Pakistan et la Turquie.  Le renforcement des échanges et de la coopération économique au plan régional, a souligné M. Haysom, est essentiel pour assurer la stabilité politique et le développement des pays concernés.

Il sera toutefois impossible d’atteindre la stabilité et la prospérité en Afghanistan en l’absence d’une paix durable, a prévenu le Représentant spécial, qui a insisté sur le fait que la solution au conflit afghan était politique et non militaire.  C’est pourquoi il s’est dit encouragé par la volonté du Président Ghani de relancer le dialogue avec l’opposition armée, à travers un processus de paix dirigé par les Afghans eux-mêmes.  La MANUA se tient prête à appuyer un tel processus et les efforts de réconciliation nationale en cours, a-t-il assuré. 

Au 30 novembre, la Mission avait enregistré le nombre le plus élevé de morts et de blessés parmi la population civile depuis 2008, a-t-il par ailleurs indiqué en abordant la situation sécuritaire dans le pays.  L’utilisation, par les parties au conflit, d’explosifs improvisés et la conduite d’attaques-suicide et d’opérations militaires sont la cause de ces importantes pertes en vies humaines, a-t-il dit, avant de se féliciter du rôle des Forces nationales de sécurité afghanes pour s’acquitter de la difficile tâche de protéger les civils.  Les forces internationales, a-t-il estimé, demeurent néanmoins indispensables pour les appuyer dans l’effort de réduction des effets catastrophiques de la violence armée au sein de la population.  Dans ce cadre, la MANUA a des échanges avec des Taliban sur la question cruciale de la responsabilité de protéger, a-t-il indiqué.

Le Représentant spécial a conclu son intervention en attirant l’attention sur le lancement, le 1er janvier prochain, de la mission Soutien résolu, qui prendra l’année prochaine le relais de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), dont le mandat expirera le 31 décembre 2014.  Le Conseil de sécurité devra appuyer cette mission afin d’assurer la fourniture d’une assistance internationale à la sécurité prévisible et durable, a-t-il souligné.  La MANUA réexamine ses propres mesures sécuritaires sans pour autant envisager de mettre fin à ses activités dans ce domaine, a précisé M. Haysom. 

M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a déclaré que cette période de transition avait un impact très clair sur les efforts déployés en Afghanistan pour juguler le trafic illicite de stupéfiants par les nouveaux dirigeants du pays et la communauté internationale.  Toutefois, cette transition présente aussi une opportunité, celle de passer en revue les stratégies contre le commerce illicite des stupéfiants et de veiller à définir une réponse vigoureuse et efficace.  Dans son rapport 2014 sur la culture de pavot à opium en Afghanistan, qui confirme une tendance négative, l’ONUDC note que cette culture a augmenté de 7% au cours de l’année écoulée, passant de 209 000 hectares en 2013 à 224 000 hectares en 2014, a indiqué M. Fedotov.  Le rapport indique également que les campagnes d’éradication des cultures de pavot menées à travers le pays ont diminué de 63%, passant de 7 348 hectares à 2 692 hectares.  Par conséquent, la production d’opium pourrait augmenter de 17%, soit 6 400 tonnes en 2014 contre un total de 5 500 tonnes l’année précédente, a fait remarquer le haut fonctionnaire.  « D’une manière générale, l’économie illégale issue de la production d’opium et les activités criminelles qui lui sont liées, comme le blanchiment d’argent et la corruption, continuent de menacer la sécurité, le développement, la bonne gouvernance et la santé publique non seulement en Afghanistan, mais aussi dans la région et au-delà », a expliqué le Directeur exécutif.

La première mesure à prendre, c’est d’intégrer la lutte contre le trafic de stupéfiants aux stratégies de développement et de sécurité et de veiller à ce qu’elle fasse pleinement partie d’une « assistance unifiée », a préconisé M. Fedotov, en rappelant que le Conseil de sécurité avait réaffirmé cette priorité dans la résolution 2145 (2014).  « Elle figure également au cœur des discussions autour du programme de développement pour l’après-2015, ainsi que dans les préparatifs de la session spéciale de l’Assemblée générale des Nations Unies de 2016 consacrée au problème mondial des drogues. 

Le Directeur exécutif a également souligné les trois éléments d’une réponse holistique au problème des stupéfiants en Afghanistan que ses dirigeants ont identifié conjointement avec l’ONUDC.  Tout d’abord, il faut inscrire le « développement alternatif » dans un effort plus large pour moderniser et diversifier le secteur agricole en introduisant des cultures de substitution.  Cela suppose aussi un accès à l’irrigation et aux marchés locaux, ainsi qu’à l’éducation et aux services de santé, afin de réduire la vulnérabilité des exploitants et de leur permettre de mettre en place des moyens de subsistance viables sur le long terme.

Ensuite, a poursuivi le Chef de l’ONUDC, il faut améliorer les services de prévention et de désintoxication, ainsi que les traitements et les soins de santé, alors que l’opium a un impact dévastateur sur les populations et les communautés locales.  L’Afghanistan, qui assure 80% de la production mondiale d’opium, n’est pas seulement le plus important producteur et exportateur d’opium, mais compte aussi le nombre le plus élevé de toxicomanes, a-t-il fait remarquer.  « Il possède l’un des plus hauts taux de prévalence enregistré pour la consommation de produits opiacés », a-t-il déploré.

M. Fedotov a insisté sur la nécessité de s’attaquer à la criminalité organisée et au trafic de stupéfiants grâce à une coopération régionale et interrégionale renforcée.  Il a rappelé que la responsabilité partagée était un principe fondamental du soutien de la communauté internationale à l’Afghanistan.  C’est pourquoi, il l’a encouragée à se mobiliser davantage encore contre les réseaux de trafiquants de drogues.  L’ONUDC est prêt, pour sa part, à assister les autorités afghanes dans le renforcement de l’application des lois aux frontières, a précisé le Directeur exécutif, qui a également mentionné l’initiative « Networking the Networks » lancée par son organisation.  Le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement en Afghanistan pour la période 2015-2019 offre une plateforme solide pour une réponse commune du système des Nations Unies au problème des stupéfiants.

M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a déclaré que, dans moins de deux semaines, le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), qui avait été déployée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies il y a 13 ans, prendra fin.  Pour le représentant, le lancement de la mission Soutien résolu, dont l’objectif sera de former et conseiller les Forces nationales de défense et de sécurité afghanes, constitue une étape historique vers un nouveau départ de l’Afghanistan.  Les accords conclus entre l’Afghanistan, l’OTAN et les États-Unis, et qui forment la base de cette mission, marquent un nouveau chapitre dans les relations du pays avec la communauté internationale.  La mission Soutien résolu doit contribuer à accélérer la transition politique, qui est en bonne voie depuis la tenue de la dernière élection présidentielle, a-t-il assuré.  Saluant le transfert pacifique du pouvoir entre M. Hamid Karzai et M. Ashraf Ghani et l’adoption d’un accord politique global en faveur de l’unité nationale, M. Tanin a assuré que le contexte actuel redonnait confiance aux Afghans.  Le pays prend la bonne direction et les défis à relever le seront avec d’autant plus d’enthousiasme, a encore déclaré le représentant. 

Concernant la situation sécuritaire dans le pays, M. Tanin a indiqué que le Gouvernement afghan était conscient de la nécessité de trouver une solution politique pour mettre définitivement fin à la violence et au terrorisme.  À cette fin, a-t-il dit, la conduite du processus de réconciliation avec l’opposition armée est l’une des premières priorités du Gouvernement.  Il a ensuite lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle aide les autorités afghanes à résoudre la crise fiscale, qui empêche le Gouvernement afghan de mettre rapidement en œuvre ses réformes.  Poursuivant, il a réaffirmé l’engagement que son pays avait pris lors de la dernière Conférence de Londres au début de ce mois pour mettre en œuvre les mesures arrêtées dans les domaines de la lutte anticorruption, de la bonne gouvernance, de la promotion économique et de la stabilité fiscale, du renforcement de la coopération régionale, du développement et des droits de l’homme.  Comme l’a dit à Londres le Président Ghani, l’Afghanistan peut réussir.  Le Gouvernement d’unité nationale est plus déterminé que jamais à traduire en actes l’optimisme du peuple afghan et à construire un avenir radieux, a-t-il souligné avant de conclure.

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Tchad, a déclaré que la situation postélectorale en Afghanistan ne devrait pas éclipser les défis auxquels fait face ce pays dans les domaines de la sécurité et de la lutte contre le trafic de stupéfiants, la criminalité organisée et le terrorisme.  Il a encouragé tous les groupes dissidents actifs dans le pays devant se joindre au processus de paix et de réconciliation en cours, avant de rendre hommage à la Force internationale d’assistance à la sécurité pour le rôle qu’elle a joué, « au prix d’énormes sacrifices », ainsi qu’aux efforts déployés aux niveaux national et international pour stabiliser l’Afghanistan. 

Le Tchad, a poursuivi le Ministre, considère que le terrorisme sous toutes ses formes est inacceptable et estime que les responsables d’actes meurtriers, notamment les Taliban, doivent être traduits en justice.  M. Mahamat, qui s’est ensuite dit préoccupé par les conclusions du dernier rapport en date de l’ONUDC sur la culture de pavot à opium, a demandé à la communauté internationale de coordonner ses efforts afin de renforcer la lutte contre la criminalité organisée, y compris en déployant des « patrouilles mixtes » pour sécuriser les frontières.

M. GARY FRANCIS QUINLAN (Australie) a indiqué que son pays apporterait une contribution annuelle de 100 millions de dollars au financement de la mission de l’OTAN Soutien résolu pendant la période 2015-2017.  Il a ensuite insisté sur les progrès sociaux impressionnants enregistrés en Afghanistan, en citant notamment la scolarisation de huit millions d’enfants, y compris trois millions de fillettes.  « Quarante femmes siègent au sein du Parlement afghan », s’est-il également félicité.  M. Quinlan s’est dit rassuré par l’engagement du Gouvernement afghan pour la réalisation de l’ambitieux programme de réformes qu’il s’est fixé.  Le délégué a, en outre, tenu à féliciter le Gouvernement pour sa détermination à promouvoir le rôle des femmes dans la société afghane.  « Un processus de paix et de réconciliation inclusif, reconnaissant pleinement le rôle des femmes, aura plus de chance de réussir », a-t-il dit.  M. Quinlan a ensuite affirmé que le solide partenariat entre la MANUA et le Gouvernement afghan était vital pour le pays.  L’Australie, a indiqué son représentant, est déterminée à soutenir l’Afghanistan, dont le destin est désormais entre les mains de son peuple et de son gouvernement.

Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a indiqué qu’il était absolument nécessaire que la classe politique afghane se mette pleinement au service de sa population et qu’elle s’accorde rapidement sur la formation d’un gouvernement d’union nationale reflétant la diversité du pays.  À défaut, a-t-elle estimé, l’effet déstabilisateur de l’incertitude politique renforcera le pouvoir de ceux-là mêmes qui cherchent à ramener l’Afghanistan à ces vieux démons.  La représentante a rappelé que la communauté internationale était disposée à fournir son appui à ce gouvernement à travers notamment la Mission de l’OTAN Soutien résolu qui fournira conseil, formation et assistance aux Forces de sécurité afghanes. 

Cet appui se traduira aussi par le soutien à l’action de terrain de la MANUA, a expliqué Mme Lucas, qui a évoqué les efforts décisifs pour améliorer le développement humain pour la stabilisation à long terme de l’Afghanistan.  Elle a souligné la nécessité de respecter les droits de l’homme, d’améliorer la condition de la femme, de lutter contre la pauvreté et le trafic de drogues.  La protection de l’enfance constitue un autre domaine clef, a indiqué la représentante.  Elle a salué l’adoption par l’Assemblée nationale afghane d’une loi criminalisant le recrutement d’enfants par les Forces nationales de sécurité afghanes mais s’est dite préoccupée par la persistance de rapports faisant état de garçons arrêtés et détenus pour association présumée avec des groupes armés ou pour des charges liées à la sécurité nationale.  

Mme PAIK JI-AH (République de Corée) a salué la ferme détermination du nouveau Gouvernement afghan à lutter contre le trafic de stupéfiants.  Elle a néanmoins demandé à ce qu’il redouble d’efforts pour mettre en œuvre le programme qu’il a annoncé en ce domaine.  S’agissant de la situation sécuritaire, la représentante s’est dite préoccupée par le regain d’activités terroristes dans le pays, notamment les attentats aveugles commis contre des civils.  Avec l’appropriation de sa propre sécurité à compter du 1er janvier 2015, l’Afghanistan n’en a pas moins besoin d’un soutien international continu, a estimé la représentante de la République de Corée, qui s’est félicitée de la création de la mission Soutien résolu, que le Conseil de sécurité avait approuvée la semaine dernière pour assurer la formation des Forces armées afghanes.  En conclusion, la déléguée a rappelé que l’assistance financière de son pays en faveur de l’Afghanistan atteignait maintenant 500 millions de dollars.  Mme Paik a annoncé une contribution de 100 000 dollars au fonds multidonateurs entre 2014 et 2016, en rappelant que la stabilité de l’Afghanistan était dans l’intérêt de la communauté internationale tout entière. 

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a estimé que l’Afghanistan avait connu la première véritable transition démocratique de son histoire moderne à l’issue de l’élection présidentielle et la conclusion de l’accord politique entre les partis.  Cette avancée signale l’attachement du peuple et du Gouvernement afghans à la démocratie et à la paix.  Il faut maintenant achever la formation d’un gouvernement capable de relever les défis économiques et sécuritaires et en matière de promotion des droits de l’homme, a souligné la représentante.  Ces efforts, a-t-elle ajouté, doivent être soutenus par un appui international.  La Jordanie condamne fermement les attaques contre les civils, l’armée et le personnel humanitaire.  Dans un tel contexte, nous saluons le lancement en janvier prochain de la mission Soutien résolu, qui comblera l’absence provoquée par le retrait à la fin de l’année de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS).  La représentante de la Jordanie a en outre estimé que la stabilité pourrait être rétablie par une meilleure coopération sécuritaire et économique.  Les pays de la région doivent accroître les opportunités économiques afin d’offrir à l’Afghanistan une alternative à la production d’opium, qui alimente le terrorisme et l’extrémisme, a-t-elle insisté.  Avant de conclure, elle a rendu hommage aux efforts menés par le Gouvernement d’unité nationale pour éradiquer, aux côtés de l’ONUDC, le fléau du trafic des stupéfiants. 

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) s’est dite préoccupée par la situation économique en Afghanistan, ainsi que par la hausse continue de la production d’opium et le niveau de la corruption.  « Des actions immédiates du Gouvernement afghan sont nécessaires pour renforcer les fondations sociale, économique et politique du pays », a-t-elle affirmé, en suggérant notamment l’adoption d’un budget crédible.  Elle a ensuite condamné dans les termes les plus énergiques les attaques perpétrées contre le peuple afghan et félicité les Forces de sécurité afghanes pour leur riposte face aux éléments antigouvernementaux.  Ces forces ont besoin d’un soutien international continu, a-t-elle poursuivi, en se félicitant, à cet égard, de l’adoption de la résolution 2189 (2014).

La déléguée de la Lituanie a ensuite indiqué que son pays apporterait un soutien financier à la mission de l’OTAN Soutien résolu. Elle a également invité la MANUA à prendre dûment en compte des évolutions du contexte sécuritaire qui découleront du retrait des forces de la Force internationale d’assistance à la sécurité.  Constatant certains progrès dans la promotion d’une plus grande participation des femmes au sein de la sphère publique afghane, Mme Murmokaitė s’est dite très préoccupée par la persistance des violences perpétrées contre les femmes.  « Il reste un long chemin à parcourir avant que les femmes puissent être véritablement libres et exercer pleinement leurs droits », a-t-elle rappelé en conclusion.

M. ALEXIS LAMEK (France) a émis l’espoir que le Président Ashraf Ghani et le Chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah, parviendront très vite à un accord pour la formation d’un gouvernement d’unité nationale.  Il a ensuite insisté sur les nombreux défis qui demeurent en Afghanistan, en rappelant que le principal de ces défis était la sécurité.  « Les terribles attentats perpétrés ces dernières semaines constituent une tentative abjecte de déstabiliser le processus en cours », a regretté M. Lamek, citant en particulier l’attaque ayant visé le 11 décembre le Centre culturel français à Kaboul.

Dans ce contexte sécuritaire marqué par une insurrection qu’il a qualifiée de « résiliente », M. Lamek a souligné qu’il était essentiel que les partenaires régionaux poursuivent leur soutien à l’Afghanistan.  Il a salué, à ce titre, la récente Conférence ministérielle du processus d’Istanbul, « cœur de l’Asie », qui s’est tenue à « Pékin », et « qui a constitué un tremplin pour favoriser une coopération régionale plus approfondie autour de l’Afghanistan ».  « Le soutien des partenaires de l’Alliance évolue avec l’Afghanistan », a noté M. Lamek, qui a précisé que la mission de conseil, de formation et d’assistance de l’OTAN « Resolute support/Soutien résolu » sera présente pour continuer à former les forces afghanes au début de l’année 2015.

Enfin, le délégué de la France s’est dit particulièrement préoccupé par la hausse continue de la production d’opium.  « Cette tendance doit être impérativement inversée », a-t-il dit, en soulignant le rôle majeur de la MANUA dans la coordination du dialogue avec les autorités afghanes à ce sujet.  Avant de conclure, il a estimé que toutes les entités des Nations Unies engagées en Afghanistan devraient prendre en compte la lutte contre la drogue dans la conception et la conduite de leurs activités respectives. 

M. LIU JIEYI (Chine) s’est félicité que l’Afghanistan avait su constituer un gouvernement inclusif et promouvoir, ces dernières années, un développement économique et social qui porte ses fruits.  Ces efforts doivent être accompagnés par l’appui de la communauté internationale, a-t-il ajouté.  Le représentant a souligné que la paix passe tout d’abord par la réconciliation nationale, par le biais d’un processus élargi qui doit être piloté par les Afghans eux-mêmes.  Concernant la situation sécuritaire, il a prôné le renforcement des capacités militaires et de sécurité nationales pour répondre à toutes les menaces qui pèsent sur le bien-être de la population.

La Chine est un ami sincère de l’Afghanistan et un partenaire potentiel économique important, a assuré le représentant.  À cet égard, il a rappelé qu’en octobre dernier, les présidents chinois et afghan avaient, à Beijing, fait une déclaration conjointe indiquant que la Chine contribuera en 2015 à hauteur de 500 millions de yuan au développement de l’Afghanistan.  « Nous allons également former quelque 3 000 spécialistes dans les domaines de la lutte contre le terrorisme et le trafic de stupéfiants », a-t-il aussi déclaré.  Enfin, il a souligné qu’il était nécessaire pour la MANUA de jouer un rôle accru de coordination et de communication auprès du Gouvernement afghan, en particulier pour l’aider à améliorer sa coopération avec les autres pays de la région.

M. MABONEZA SANA (Rwanda) s’est félicité de l’issue heureuse du processus électoral en Afghanistan et des réformes entreprises par le Président Ashraf Ghani, qui a invité l’opposition et les groupes armés à se joindre au processus politique.  Il s’est déclaré toutefois préoccupé par le rejet de cette offre par les Taliban.  Dans moins de 13 jours, a-t-il noté, les forces afghanes assumeront la responsabilité de la sécurité dans le pays, sur fond de recrudescence des actes de violence, « qui ont fait de 2014 l’année la plus meurtrière depuis 2001 ».  Le représentant a ensuite salué l’annonce faite par les dirigeants du pays pour relancer l’économie afghane, en plaidant pour un soutien accru des donateurs qui doivent honorer leur engagement en faveur de Kaboul.  Les enjeux que rencontre le pays supposent un soutien de la part des pays de la région et du reste de la communauté internationale, a ajouté le délégué.

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) s’est félicité, lui aussi, des efforts de réforme déployés par le Président de l’Afghanistan dans les domaines prioritaires identifiés lors de la Conférence de Londres.  À cette occasion, la communauté internationale avait réaffirmé sa volonté de continuer de soutenir ce pays à l’heure où il s’apprête à assumer pleinement ses responsabilités en assurant la sécurité sur l’ensemble de son territoire, a rappelé le représentant.  M. Grant a également salué la création, la semaine dernière, de la mission Soutien résolu, destinée à former les Forces armées afghanes.  Il s’est dit cependant convaincu qu’un règlement politique restait le meilleur moyen de régler les problèmes auxquels est confronté l’Afghanistan.  La Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), qui joue un rôle plus « vital » que jamais, devra aider à la formation du gouvernement et préparer les élections à venir.  C’est la raison pour laquelle elle a plaidé pour que soient mises à sa disposition les ressources suffisantes. 

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a salué les avancées enregistrées dans la conduite du processus démocratique de l’Afghanistan.  La réconciliation nationale, a-t-il estimé, doit s’appuyer sur la participation active des femmes, qui est un facteur essentiel pour construire un pays indépendant, respectueux de l’état de droit.  Le représentant a en outre souligné qu’il était nécessaire de renforcer par tous les moyens la protection des civils, une tâche dont les nouvelles autorités ont la responsabilité première.  Il a salué le lancement de la mission de l’OTAN Soutien résolu visant à augmenter les capacités et les compétences des Forces nationales de sécurité et de défense afghanes « dans la perspective du retrait de la FIAS ».  Le représentant a conclu en prônant un examen approfondi des propositions de l’ONUDC en matière de lutte contre la production effrénée d’opium.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a salué « la fin du marathon de l’élection présidentielle dans un climat pacifique ».  « Nous souhaitons au gouvernement d’unité nationale un plein succès », a-t-il dit.  M. Churkin a ensuite souligné que le Gouvernement afghan devrait créer les conditions du développement dans un pays marqué par la destruction depuis de nombreuses années.  Il a estimé que la MANUA aurait un rôle considérable à jouer à cette fin.  Le représentant russe s’est attardé sur le problème de la production et du trafic de drogues en Afghanistan, rappelant que la superficie cultivée de pavot avait augmenté de 7% en un an, et que les rendements avaient également augmenté de manière exponentielle. 

Cette activité alimente le terrorisme et menace la paix et la stabilité du pays et de la région.  Il est indispensable de prendre des mesures pratiques visant à éliminer ce problème.  Le thème des opiacés afghans doit être examiné de manière approfondie et sous tous ses aspects.  Les pays de la région doivent développer des sources de revenus alternatives pour les agricultures, a encore déclaré M. Churkin, en soulignant le nombre considérable d’accords bilatéraux conclus entre son pays et l’Afghanistan dans le secteur de la lutte antidrogues.  Sur le retrait de la mission de la FIAS, il s’est dit déçu qu’aucun bilan de ses activités n’ait été élaboré et publié. 

Par exemple, aucune analyse sérieuse n’a été proposée sur le soutien de la FIAS aux policiers afghans en matière de lutte antidrogues.  Que dire également du fait que les Taliban et Al-Qaida sont toujours en position de force en Afghanistan? a-t-il demandé.  Le processus d’élaboration du mandat de la mission Soutien résolu, a-t-il déploré, n’a tenu compte d’aucune des recommandations des organisations régionales.  Avant de conclure, il a rappelé les exigences devant guider la réconciliation nationale: déposer les armes, reconnaître la Constitution afghane et rompre avec toutes les organisations terroristes.  La Fédération de Russie soutiendra toutes les parties qui contribueront à la réconciliation interne en respectant ces exigences, a-t-il assuré.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a estimé que la situation dans laquelle se trouve l’Afghanistan aujourd’hui est bien meilleure qu’il y a quelques mois.  Elle a salué les efforts déployés par le Président Ashraf Ghani pour former un gouvernement de technocrates compétents et pour se rendre dans différents pays de la région, notamment au Pakistan, afin d’améliorer les relations bilatérales.  Mme Power s’est ensuite félicitée de la hausse spectaculaire du taux de scolarisation, qui atteint désormais 70%, et du déclin de la mortalité maternelle, qui est passée de 16 à 3%.  Les femmes occupent, aujourd’hui, 28 sièges au Parlement et sont libres de se promener dans les rues de Kaboul, a-t-elle noté.  Il reste cependant encore beaucoup à faire, notamment dans le domaine de la sécurité et du respect des droits de l’homme, a déclaré la représentante des États-Unis, qui s’est appuyée sur les conclusions de la visite en Afghanistan en novembre de la Rapporteure spéciale, Mme Rashida Manjoo. 

Concernant le retrait de la FIAS, elle a rappelé qu’à ce jour, 2 200 Américains avaient perdu leur vie pour défendre et autonomiser le peuple afghan.  L’Afghanistan, a-t-elle regretté, continue d’être confronté à des violences meurtrières commises par des forces antigouvernementales.  Il faut que les responsables de ce type d’attaques soient traduits en justice, a-t-elle plaidé, en assurant le Gouvernement afghan de la continuité du soutien des États-Unis.

Mme JOY OGWU (Nigéria) s’est félicitée de la réduction considérable des tensions en Afghanistan, en exhortant les deux dirigeants à former un cabinet capable de mettre en œuvre les réformes annoncées, notamment dans le domaine de la lutte contre la corruption.  La représentante a attiré l’attention sur l’importance de la réconciliation nationale, notamment avec les responsables religieux, pour entamer un dialogue inter-afghan.  La situation sécuritaire dans le pays reste instable, a noté Mme Ogwu, qui a condamné les actes de violence ciblant des civils.  Elle a ensuite réitéré qu’il était important de maintenir une assistance internationale en Afghanistan.  Dans ce contexte, la coopération régionale revêt une dimension cruciale, en particulier pour aider l’Afghanistan à régler les problèmes politiques.  À l’instar du Directeur de l’ONUDC, la représentante du Nigéria a estimé qu’il faudrait mettre en place une stratégie intégrée pour développer des cultures de substitution.

M. MARIO OYARZÁBAL (Argentine) a appelé de ses vœux le renforcement des capacités des Forces nationales de sécurité et de défense dans le cadre de la mission Soutien résolu de l’OTAN.  Le conflit ne peut pas être réglé uniquement par la voie militaire, a-t-il rappelé.  Il faudrait examiner les causes profondes des violences, qui ont connu une intensification préoccupante, a-t-il déclaré.  Le représentant a souligné l’importance de la coopération régionale pour parvenir à la prospérité et instaurer une sécurité durable en Afghanistan et dans les autres pays de la région.  Dans ce contexte, les opérations aériennes doivent être exécutées dans le plein respect des obligations internationales en matière de droit international humanitaire, a-t-il insisté.  Concernant la lutte contre la drogue, il a souligné l’importance de réduire la demande de l’opium et d’appuyer activement les efforts de l’ONUDC et de la MANUA. 

M. BHAGWANT SINGH BISHNOI (Inde) a constaté que le fléau du terrorisme et de l’extrémisme continuait de menacer la paix et la stabilité de l’Afghanistan.  Il a estimé que la résistance des organisations terroristes à l’immense pression militaire pendant plus d’une décennie démontre qu’elles bénéficient de soutiens internationaux et se procurent des ressources régulièrement à travers les réseaux de criminalité transnationale organisée.  Le représentant a ainsi demandé au Représentant spécial du Secrétaire général de se concentrer sur cette question sensible, en rappelant que la paix et la prospérité en Afghanistan ne pourront être assurées tant que le terrorisme ne sera pas éliminé.  S’agissant de la situation économique dans le pays, le représentant a rappelé que l’Inde était la locomotive du processus de coopération « Au cœur de l’Asie », qui promeut l’inclusion de l’Afghanistan en tant que marché porteur potentiel.  Il faudrait, pour devenir un marché accessible, que l’Afghanistan renforce de manière drastique sa connectivité aux villes portuaires de la région, a-t-il souligné.  Une fois que l’Afghanistan sera en mesure d’appliquer ses accords de transit avec les pays voisins, ses activités en direction des régions occidentales de l’Asie pourront se développer, a également déclaré le représentant de l’Inde.

M. SAHEBZADA AHMED KHAN (Pakistan) a estimé que l’Accord sur le statut des forces avec l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et l’accord bilatéral avec les États-Unis constituent les deux cadres de référence pour l’action de la communauté internationale en Afghanistan, notamment en matière de sécurité.  Il a également salué l’établissement, la semaine dernière, de la mission de formation Soutien résolu destinée à poursuivre, dès le 1er janvier, la réforme du secteur de la sécurité dans le pays.  Le Pakistan a pris des mesures pour renforcer ses relations économiques avec l’Afghanistan, pays voisin.  Après avoir salué le travail de la MANUA, le délégué a estimé que les priorités du Gouvernement afghan devraient viser à régler la crise budgétaire, à renforcer la lutte contre le trafic de stupéfiants et à créer les conditions propices au retour de cinq millions de réfugiés.  Affirmant que « le terrorisme est notre ennemi à tous », M. Khan a estimé qu’il doit être combattu dans le cadre d’efforts conjoints, « sans distinction ». 

M. LEVENT ELER (Turquie) a rappelé que son pays et l’Afghanistan avaient signé, en octobre 2014, un accord d’amitié et de partenariat stratégique, qui réaffirme ainsi leur accord de 1928.  Outre sa contribution au financement des forces de sécurité afghanes, la Turquie assumera le rôle de nation-cadre pour Kaboul au sein de la mission de l’OTAN Soutien résolu, a-t-il poursuivi.  Son pays aura également la responsabilité de superviser la sécurité de l’aéroport international de Kaboul.  Le délégué s’est dit convaincu que les attaques terroristes récemment perpétrées en Afghanistan ne réussiront pas à faire dérailler le processus de paix.  Le soutien de la communauté internationale est crucial pour préserver les gains enregistrés en Afghanistan au cours de ces 13 dernières années, en particulier dans les domaines de la sécurité, de la bonne gouvernance, des droits de l’homme et du développement économique, a-t-il souligné.  La Conférence ministérielle du processus d’Istanbul, qui s’est récemment tenue à Beijing, avait permis d’approfondir la coopération régionale autour de l’Afghanistan, a-t-il assuré.

Après s’être félicité des progrès accomplis par l’Afghanistan depuis 13 ans, M. PER THÖRESSON (Suède) a constaté qu’il restait encore beaucoup à faire pour consolider la gouvernance et la démocratie dans le pays, mais aussi pour y faire respecter les droits de l’homme.  Il s’est dit convaincu du rôle que peut jouer la coopération régionale pour créer un environnement propice à la paix et au développement, en se félicitant, à cet égard, des efforts du nouveau leadership afghan pour améliorer ses relations avec les pays voisins.  Rappelant que l’Afghanistan était l’un des plus importants destinataires de l’aide au développement suédoise, le représentant a précisé que son pays s’était engagé, lors de la Conférence de Londres, à porter à hauteur de 1,2 milliard de dollars son assistance au cours de la prochaine décennie.

« Le temps est venu pour que les relations entre l’Afghanistan et la communauté internationale prennent une tournure différente », a déclaré M. IOANNIS VRAILAS, délégué de l’Union européenne.  Il a indiqué que l’Union européenne avait d’ores et déjà fait part de son intention d’opérer différemment en Afghanistan.  « Notre nouvelle stratégie, a-t-il précisé, met l’accent sur le soutien au développement des institutions afghanes afin qu’elles puissent préserver l’héritage de la communauté internationale dans ce pays: un Afghanistan capable de se tenir debout par lui-même. »

Le délégué a ensuite identifié trois domaines clefs pour l’avenir de l’Afghanistan, en citant en premier lieu la justice et l’état de droit.  Il a ainsi appelé de ses vœux le développement d’un système judiciaire qui traiterait tous les Afghans et, en particulier, les femmes, sur un pied d’égalité.  Le Gouvernement afghan doit être responsable devant les Afghans, et ce, à tous les niveaux, a-t-il insisté, en plaidant pour une amélioration de la gouvernance à tous les échelons politiques et administratifs.  Il est important que la sécurité soit garantie en Afghanistan, a rappelé M. Vrailas, qui s’est félicité, à cet égard, de la mise en place de la mission de l’OTAN Soutien résolu.

M. YOSHIFUMI OKAMURA (Japon) a détaillé le soutien de son pays à l’Afghanistan, en particulier dans le domaine de la sécurité.  En apportant une contribution totale d’un milliard de dollars, le Japon a contribué à doubler le nombre de policiers entre 2008 et 2011, a-t-il ainsi expliqué.  « Mon pays a fourni une assistance financière et technique au programme d’entraînement de près de 200 femmes policières afghanes », a-t-il assuré, en précisant que ce programme avait débuté le mois dernier à Istanbul.  M. Okamura a ensuite souligné l’importance de l’agriculture, en particulier de la production de riz, pour l’économie afghane.  Le Japon, a-t-il indiqué, est engagé dans des projets visant à améliorer la culture du riz et les capacités d’irrigation en Afghanistan.  Avant de conclure, le délégué a émis l’espoir que les efforts entrepris par son pays dans la reconstruction des aéroports de Kaboul et de Bamyan contribueront à renforcer l’intégration de l’Afghanistan dans les économies régionale et internationale.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a qualifié de fondamentale la participation des femmes au processus politique de démocratisation et appuyé le programme de réformes présenté par le Gouvernement afghan lors de la dernière Conférence de Londres sur l’Afghanistan.  Ce programme est un instrument de travail entre le Gouvernement afghan et la communauté internationale auquel nous prendrons part, en apportant en particulier un appui au développement de l’état de droit et au renforcement des droits de l’homme, a-t-il annoncé, après avoir assuré que l’Espagne allait accroître sa participation au processus d’Istanbul sur l’Afghanistan en faveur de l’essor économique du pays.  Les attentats contre des civils innocents sont le visage le plus effroyable de l’humanité, a-t-il par ailleurs déclaré. 

M. GUILLERMO E. RISHCHYNSKI (Canada) a indiqué que son pays fournirait une aide de 330 millions de dollars en trois ans à partir de 2015 « à l’appui des Forces nationales de sécurité et accompagner la progression du pays vers la stabilité ».  Entre 2014 et 2017, nous aurons investi en tout 230 millions de dollars dans l’avenir de la jeunesse afghane, a-t-il ajouté, en soulignant l’importance pour la communauté internationale d’encourager la participation des femmes à la vie civile et politique.  Le représentant a par ailleurs salué la création de la mission de l’OTAN Soutien résolu qui, à partir de 2015, fournira formation, conseil et appui au Gouvernement afghan.  Il a conclu en soulignant la nécessité que le territoire afghan et celui des pays voisins ne serve de base arrière aux groupes terroristes, « dont le seul et unique objectif est de semer partout le chaos ».

À 13 jours du retrait de la FIAS, M. HEIKO THOMS (Allemagne) s’est déclaré convaincu que les forces armées afghanes peuvent assumer pleinement leurs responsabilités en matière de sécurité.  Néanmoins, dans un contexte particulièrement fragile, la mission de l’OTAN Soutien résolu jouera un rôle important, auquel contribuera l’Allemagne, qui s’est engagée à lui fournir un contingent de 850 personnes.  Garantir un avenir plus prospère en Afghanistan exigera aussi une assistance civile internationale continue, a rappelé M. Thoms, qui a rappelé l’engagement de son pays à maintenir une aide financière à hauteur de 430 millions d’euros jusqu’en 2016.  Le représentant s’est par ailleurs félicité de l’ambitieux agenda de réformes annoncées par le Président Ashraf Ghani et le Chef de l’exécutif afghan, M. Abdullah Abdullah, et a placé beaucoup d’espoirs dans la formation prochaine d’un nouveau cabinet ministériel.  Il a salué, en conclusion, la société civile vibrante dont s’est doté l’Afghanistan au fil des années.

M. FRANTIŠEK RUŽIČKA (Slovaquie) a indiqué que son pays continuera à apporter son soutien à la MANUA, dont les réalisations ont été, a-t-il dit, « extraordinaires » au cours de la décennie écoulée.  Il a ensuite invité les dirigeants afghans à continuer de tendre la main à tous les acteurs politiques du pays, au moment où ils s’apprêtent à former un nouveau cabinet ministériel.  M. Ružička a, enfin, salué la création de la mission Soutien résolu, à laquelle contribuera le Gouvernement slovaque, a-t-il assuré.

M. KAI JÜRGEN MIKAEL SAUER (Finlande) a déclaré que l’objectif commun restait de contribuer à l’émergence d’une Afghanistan autonome et souveraine, capable de décider de son propre avenir à l’issue de la transition politique en cours.  Il a assuré que la Finlande participerait activement, l’an prochain, aux divers examens de suivi de la Conférence de Londres et aux initiatives européennes en faveur du développement de l’Afghanistan.  Au cours de ces 13 dernières années, la Finlande a contribué à la reconstruction du pays à travers sa participation aux activités de la FIAS et d’autres actions de gestion de crise.  « Notre contribution à l’assistance économique et humanitaire dépasse les 220 millions d’euros », a-t-il indiqué.  La Finlande, a-t-il ajouté, enverra 80 hommes en uniforme dans le cadre du déploiement de la mission de l’OTAN Soutien résolu. 

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a déclaré que son pays contribuerait activement aux activités de la mission de l’OTAN Soutien résolu, afin de maintenir son appui à la consolidation de la paix et de la sécurité en Afghanistan.  Il a également assuré que l’Italie appuyait le programme de réformes, présenté le 4 décembre à Londres, par le Gouvernement afghan.  C’est en renforçant l’état de droit et en améliorant l’environnement économique pour attirer les investisseurs que le pays sera en mesure de construire les capacités nécessaires à son développement et à son indépendance, a-t-il assuré avant de conclure. 

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) s’est déclaré profondément préoccupé par la poursuite de la violence en Afghanistan.  Il a condamné les attaques commises par les Taliban, Al-Qaida et autres groupes armés et extrémistes.  Toute activité visant à réformer le secteur de la sécurité ou à former les forces nationales de sécurité afghanes, comme la mission Soutien résolu, a-t-il estimé, devrait se faire en consultation avec le Gouvernement afghan et avec son consentement.  Le représentant a affirmé que son pays avait joué un rôle important dans la reconstruction de l’Afghanistan, pays avec lequel l’Iran, a-t-il assuré, cultive des liens historiques.  « Nous sommes prêts à renforcer nos relations bilatérales, en particulier dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, et à développer des projets conjoints, notamment dans le secteur des infrastructures et de l’agriculture.  La conclusion d’un accord tripartite entre l’Inde, l’Iran et l’Afghanistan serait constructive pour ce pays sans littoral, a-t-il dit. 

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