En cours au Siège de l'ONU

CS/11475

Le Conseil de sécurité examine les voies et moyens par lesquels la consolidation de la paix dans les pays sortant de conflit pourrait être renforcée

15/7/2014
Conseil de sécuritéCS/11475
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

7217e séance – matin                                       


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ EXAMINE LES VOIES ET MOYENS PAR LESQUELS LA CONSOLIDATION

DE LA PAIX DANS LES PAYS SORTANT DE CONFLIT POURRAIT ÊTRE RENFORCÉE


Le Conseil de sécurité a examiné ce matin le rapport* de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies, qui était présenté par l’ancien Président de la Commission qui est aussi le Représentant permanent de la Croatie auprès des Nations Unies, M. Vladimir Drobnjak, et par le Président actuel de la Commission et Représentant permanent du Brésil, M. Antonio de Aguiar Patriota.  Le rapport est organisé autour des trois principales fonctions de la Commission qui sont: la sensibilisation, l’accompagnement et le suivi actif des programmes mis en place dans les pays sortant de conflit; la mobilisation des ressources pour la reconstruction postconflit et la création de partenariats avec les institutions financières internationales et les banques régionales; et le renforcement de la cohérence pour éviter que certains programmes se fassent concurrence.   


L’ancien Président de la Commission a, après avoir rappelé que la consolidation de la paix est un processus semé d’embûches avec des défis liés au contexte, souligné que l’engagement de la Commission dépend du niveau d’engagement dont font preuve les interlocuteurs nationaux envers la consolidation de la paix et de la qualité de la réponse internationale.  Le Président de la Commission, M. de Aguiar Patriota, a quant à lui ajouté que les engagements de la Commission ont mis en lumière les domaines où une politique de développement plus large, favorisée par les processus intergouvernementaux pertinents, est nécessaire.


Pour ce qui est de la mobilisation des ressources, l’ancien Président, M. Drobnjak, a indiqué que la Commission continuera de privilégier cette fonction.  Mais, a-t-il averti, le mécanisme de financement actuellement en place n’est pas viable.  Il a mis en évidence la nécessité de déployer rapidement des ressources mieux ciblées, en particulier dans les situations de crise.  Son successeur du Brésil a préconisé qu’il faut examiner les cadres internationaux de développement qui pourraient aider les pays à mobiliser des ressources domestiques pour financer leur développement et créer les institutions clefs dont ils ont besoin.


En ce qui concerne le renforcement de la cohérence, l’ancien Président de la Commission a reconnu que la mise en œuvre de programmes concurrents et la fragmentation des activités de consolidation de la paix constituent un défi pour la Commission qui s’efforce de promouvoir plus de cohérence en mettant l’accent sur les opportunités stratégiques et en s’attaquant aux lacunes existantes en termes de réponse aux priorités existant dans les pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission.  M. de Aguiar Patriota a pour sa part souligné la nécessité de créer le cadre d’une meilleure interaction entre la Commission et le Conseil de sécurité.


Intervenant au cours du débat, le représentant de la France a souligné qu’il est nécessaire de promouvoir la coordination dans les travaux menés par tous les acteurs, et notamment au sein des travaux de la Commission et du Fonds pour la consolidation de la paix, qui doivent agir en synergie avec les acteurs internationaux impliqués dans ces efforts.  Son homologue du Rwanda a invité le Conseil à tirer davantage parti du rôle consultatif de la Commission, qui a une perspective large des conflits et de leurs causes.  Le représentant de la Croatie a dit que la complémentarité entre les rôles de la Commission et celui de leadership des responsables des Nations Unies sur le terrain est un facteur clef pour renforcer la cohérence des messages et des actions.  Ceci a été prouvé l’année dernière, dans l’engagement de la Commission au Burundi, en Guinée-Bissau et en Sierra Leone, s’est-il félicité.


Plusieurs intervenants ont salué le travail de la Commission de consolidation de la paix en Côte d’Ivoire, en Sierra Leone et au Libéria, tandis que d’autres ont regretté que des rechutes dans des situations de crises aigües se soient produites au Soudan du Sud et en République centrafricaine.  D’autres encore ont attiré l’attention sur la situation au Burundi, pays qui se trouve à la veille de sa prochaine élection présidentielle, prévue en 2015, une année qui sera également celle de la tenue du prochain examen de l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies. 


Si le représentant des États-Unis a demandé à ce que l’on tire un profit maximum de la conduite de cet examen, son homologue de l’Australie a dit que cet exercice devrait fournir des recommandations au système de développement de l’ONU, lesquelles pourront à leur tour inspirer l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement en 2016 pour permettre au système de l’ONU de se montrer efficace dans la réalisation du programme de développement pour l’après-2015.


*   S/2014/67


CONSOLIDATION DE LA PAIX APRÈS LES CONFLITS


Rapport de la Commission de consolidation de la paix sur les travaux de sa septième session (S/2014/67)


Déclarations


M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), ancien Président de la Commission de la consolidation de la paix, qui a présenté le rapport de la Commission à sa septième session, a dit que le rapport rend compte de la suite donnée aux recommandations formulées à l’issue de l’examen de 2010 et qui sont organisées autour de trois principales fonctions de la Commission à savoir le plaidoyer et l’appui durable, la mobilisation de ressources et le renforcement de la cohérence.  La Commission continue de souligner l’importance de capitaliser sur la richesse de l’expérience et sur les capacités diverses que les États Membres peuvent apporter tout en s’appuyant sur les objectifs de maintien de la paix pour les pays qui figurent à son ordre du jour.  L’accent a été aussi mis sur l’engagement des États Membres issus de la région et de la sous-région en appui au processus de consolidation de la paix au Burundi, en République centrafricaine et en Guinée-Bissau.


La Commission continue de reconnaître que sa composition devrait contribuer à la définition de la nature et de l’étendue du rôle de conseil qu’elle a auprès des principaux organes des Nations Unies.  La pratique d’aligner le calendrier des visites de la Commission sur le terrain avec l’examen périodique que conduit le Conseil de sécurité sur les mandats des missions de maintien de la paix s’est particulièrement révélée utile.


Grâce à son engagement au Burundi, en République centrafricaine, en Guinée, en Guinée-Bissau, au Libéria et en Sierra Leone, la Commission garde constamment à l’esprit que la paix est un processus semé d’embûches qui sont généralement spécifiques au contexte environnant.  De ce fait, notre engagement prend des formes diverses à différents stades des efforts de consolidation de la paix.


M. Drobnjak a souligné trois points relatifs aux trois fonctions de la Commission, à savoir que l’engagement de la Commission dans un pays dépend en premier et dernier ressort du niveau d’engagement des interlocuteurs nationaux et de la qualité de la réponse internationale à cet engagement.  Ensuite, en matière de mobilisation de ressources, alors qu’elle continuera de privilégier la fonction qu’elle remplit à cet égard, la Commission a confirmé à plusieurs reprises que le mécanisme de financement actuellement en place n’est pas viable.  En tant qu’organe intergouvernemental, la Commission fournit une plateforme pour mettre en évidence la nécessité d’un déploiement rapide de ressources ciblées, en particulier dans les situations de crise, comme en République centrafricaine et en Guinée-Bissau. 


M. Drobnjak a rappelé que relever le défi posé par la mise en œuvre de programmes concurrents et la fragmentation des activités de consolidation de la paix reste un objectif central de la Commission.  Elle s’efforce de promouvoir plus de cohérence en mettant davantage l’accent sur les opportunités stratégiques qui doivent être saisies et en s’attaquant aux lacunes existant en termes de réponse aux priorités de consolidation de la paix dans les pays inscrits à son ordre du jour.  La complémentarité entre les rôles de la Commission et le leadership des responsables des Nations Unies sur le terrain est un facteur clef pour renforcer la cohérence des messages et des actions.  Ceci a été prouvé l’année dernière dans l’engagement de la Commission au Burundi, en Guinée-Bissau et en Sierra Leone. 


M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil), Président de la Commission de consolidation de la paix, a estimé que les exposés annuels et les dialogues interactifs permettent à la Commission et au Conseil de sécurité d’examiner les nombreuses difficultés auxquelles continue de faire face l’ONU dans la consolidation de la paix.  Les dernières crises en République centrafricaine et au Soudan du Sud montrent, de manière douloureuse, que les efforts pour empêcher un pays de replonger dans le conflit dont il sort demeurent insuffisants et que les outils à ce jour employés ne sont pas complètement adaptés.  Après avoir passé en revue les activités de la Commission dans les pays inscrits à son ordre du jour, le Président a déclaré que les engagements de la Commission de consolidation de la paix ont mis en lumière les domaines où une politique de développement plus large est nécessaire de la part des processus intergouvernementaux.  Il faut, par exemple, examiner les cadres internationaux de développement qui pourraient aider les pays à mobiliser des ressources domestiques pour financer leur développement et créer les institutions clefs dont ils ont besoin.  Or, l’appui politique, technique et financier nécessaire aux institutions critiques tarde souvent à arriver.  La Commission, par son expérience, peut aujourd’hui mettre en lumière trois éléments qui doivent sous-tendre une nouvelle génération de stratégie politique pour renforcer les efforts collectifs visant à prévenir la réémergence d’un conflit. 


M. de Aguiar Patriota a d’abord cité l’appropriation nationale, le leadership national et l’engagement politique national, qui sont les ingrédients indispensables à une paix durable, sans oublier le renforcement des capacités nationales.  Le Président de la Commission a ensuite cité l’engagement régional.  À cet égard, il a souligné la dynamique positive que l’on voit aujourd’hui entre et parmi les pays de l’Afrique de l’Ouest inscrits à l’agenda de la Commission, à savoir la Guinée, la Guinée-Bissau, la Sierra Leone et le Libéra.  Il a aussi souligné la dynamique existant entre la CEDEAO et l’Union du fleuve Mano, auxquels ces pays appartiennent.  Enfin, M. de Aguiar Patriota a cité le fait qu’une stratégie politique doit renforcer les interventions programmatiques menées en faveur de la consolidation de la paix en mettant l’accent sur l’appui à la création des institutions, sur les partenariats bilatéraux, et sur le rôle des banques régionales de développement et celui des institutions financières internationales.  Il faut hiérarchiser l’appui à ces institutions et aux mécanismes qui renforcent la capacité des sociétés de gérer les tensions et celle des gouvernements à fournir les services sociaux de base aux populations, à protéger les droits de l’homme, et à faciliter l’accès à la justice.  Le Président de la Commission n’a pas manqué de souligner la nécessité d’une meilleure interaction entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité et a exprimé la disposition de la Commission à échanger davantage avec les membres du Conseil.


Mme JOY OGWU (Nigéria) a dit que l’examen d’aujourd’hui constitue une occasion d’accompagner les pays qui figurent à l’ordre du jour de la Commission de consolidation de la paix dans leurs efforts de reconstruction.  Elle a insisté sur le fait que 90% des conflits qui sont apparus ces derniers temps, ont émergé dans les pays qui ont connu une guerre civile.  Le problème est ainsi de savoir comment extirper les maux qui sont à l’origine des conflits.  Pour ce faire, elle a salué les efforts menés par la Commission afin d’améliorer la participation des États Membres à ses travaux.  Elle a pris note des résultats des différentes consultations de la Commission, ainsi que la décision de convoquer une réunion annuelle d’examen des progrès réalisés sur le terrain.  Le représentant a demandé l’amélioration des méthodes de travail de la Commission de consolidation de la paix, et notamment une révision de son règlement intérieur pour l’aider à atteindre les objectifs qui lui sont fixés. 


Cette question devra figurer à l’ordre du jour de la prochaine réunion de la Commission de consolidation de la paix en 2015.  L’un des facteurs de succès est la coopération avec les organes des Nations Unies, et notamment avec le Conseil de sécurité, a estimé la représentante.  Le rôle consultatif de la Commission de consolidation de la paix devrait être renforcé notamment auprès du Conseil et des pays sortants de conflit.  La Commission de consolidation de la paix, qui a besoin d’une clarification des actions à mener en matière de consolidation de la paix, a besoin d’un financement prévisible et durable, ce qui requiert des ressources supplémentaires pour venir en aide aux pays figurant à son ordre du jour, a dit la représentante.  Elle a insisté sur la nécessité de promouvoir la coopération Sud-Sud afin de renforcer la capacité des pays inscrits à l’ordre du jour de la Commission.  Le Nigéria peut apporter son appui dans ce sens, a-t-elle dit.


Mme PHILIPPA JANE KING (Australie) a, après avoir brossé le tableau des succès et des difficultés de la Commission, particulièrement face aux crises en République centrafricaine et au Soudan du Sud, estimé que l’examen de l’architecture de la consolidation de la paix, qui aura lieu en 2015, devra tenir compte de tous ces faits.  Cet examen devra aussi tenir compte de l’objectif originel de cette architecture, qui est de combler les lacunes « car Dieu sait s’il y a des lacunes énormes à combler », a dit la représentante.  Nous devons, a-t-elle préconisé, examiner tout l’éventail des acteurs impliqués dans la consolidation de la paix, dont les Nations Unies, ainsi que leurs fonds et programmes, afin de renforcer la cohérence et la coordination dans tout le système de l’ONU.  Nous devons éviter, a conseillé la représentante, des divisions artificielles entre l’architecture de la consolidation de la paix et celle dévolue au développement à l’ONU.  L’examen de 2015 doit fournir des recommandations au système de développement de l’ONU, lesquelles pourront inspirer l’examen quadriennal des activités opérationnelles de développement en 2016 pour permettre au système de l’ONU de se montrer efficace dans la réalisation du programme de développement pour l’après-2015.


En ce qui concerne le Conseil de sécurité, a estimé la représentante, la question fondamentale est la nature de ses relations avec l’architecture de consolidation de la paix.  L’examen de 2015 offre l’occasion d’articuler clairement comment la Commission peut mieux compléter le travail du Conseil.  L’Australie défend l’idée de renforcer cette relation, avec la tenue de dialogues officieux et officiels plus fréquents, car la Commission peut être un mécanisme d’alerte précoce et très utile.  Le cas du Burundi offre un bon cas d’école sur la valeur ajoutée de la Commission, a insisté la représentante.


M. BANTE MANGARAL (Tchad) a rappelé le rôle important de la Commission de consolidation de la paix et s’est félicité de l’appui reçu à cet égard par les bureaux d’appui de la Commission en Afrique.  Il a salué les efforts de stabilisation en Sierra Leone, au Burundi et au Libéria.  Il s’est dit préoccupé par les difficultés en Guinée-Bissau, et a dit qu’il fallait les surmonter.  Le représentant a tenu à encourager la mobilisation de fonds en faveur de la paix auprès du secteur privé et s’est félicité de la cohérence dont a fait preuve la Commission dans la conduite de diverses activités.  Il a en outre souligné l’importance des efforts de réconciliation, qui devraient prendre en compte la participation des femmes.  Le représentant a aussi exprimé l’inquiétude qu’éprouve sa délégation devant les défis qui se posent dans des pays comme la République centrafricaine et a déclaré que le Tchad attend avec impatience l’examen de l’architecture de la consolidation de la paix en 2015, qui devrait contribuer à renforcer les efforts de consolidation de la paix des Nations Unies. 


M. DAINIUS BAUBLYS (Lituanie) a mis l’accent sur trois éléments, dont le premier est le renforcement des institutions qui, a-t-il estimé, sont la clef pour prévenir toute réémergence d’un conflit.  Un autre élément crucial, a-t-il poursuivi, est l’appropriation nationale, dont l’implication des communautés locales dans le processus, afin d’éviter que la consolidation de la paix ne soit vue comme une intervention totalement étrangère et extérieure.  Le renforcement des sociétés et l’amélioration de leur résilience face aux crises sont les facteurs clefs dans toute évaluation du succès d’un effort de consolidation de la paix, a déclaré le représentant.  Il a aussi cité le rôle important des femmes, qui sont encore marginalisées dans la consolidation de la paix, alors qu’elles devraient être mises en position d’envisager la voie de leur autonomisation par une participation active dans les structures sociales, économiques, politiques et de sécurité.  Quant à la relation de la Commission avec le Conseil, le représentant a estimé que la première devrait pouvoir attirer l’attention du second sur les menaces émergentes.  La Commission devrait jouer un rôle quand le Conseil examine la prorogation d’un mandat et la transition du mandat d’une mission de l’ONU à un autre.  La Lituanie, a dit le représentant, voudrait voir la Commission tenir un dialogue plus actif avec les organisations régionales et sous-régionales.  Le partenariat entre la Commission et les institutions financières internationales, le secteur privé et les fondations philanthropiques est tout aussi important, s’agissant en particulier de la mobilisation des ressources et de la lutte contre les chevauchements et les doubles emplois.  Le représentant a enfin indiqué que la Lituanie appuie les échanges Sud-Sud dans les efforts de consolidation de la paix.


M. HAHN CHOONG-HEE (République de Corée) a dit que la dernière réunion de la Commission de consolidation de la paix, tenue le mois dernier, fut un jalon dans la mission de la Commission.  Celle-ci doit s’adapter aux contextes existants, même s’ils sont parfois difficiles.  Le succès des missions confiées à la Commission de consolidation de la paix repose notamment sur la participation de tous ses membres à ses travaux.  S’il est essentiel que le Conseil de sécurité revoit les modalités de partenariat avec ses partenaires, et entre autres avec la Commission de consolidation de la paix, une coopération accrue entre les deux organes peut aider à détecter les risques qu’il y a de voir des pays sortant de crise rechuter dans un conflit, et ainsi d’éviter ces risques. 


Les deux organes doivent en outre consolider les efforts qu’ils déploient, afin de pouvoir procéder à des examens périodiques et faire le bilan de ce qui a été fait.  Maintenir la cohérence est essentiel, et la Commission de consolidation de la paix peut informer les parties prenantes aux programmes mis en œuvre des lacunes stratégiques qui existent.  Ceci permet d’établir un ordre de priorités dans les tâches à accomplir.  La répartition du travail entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité peut aussi offrir une occasion de rendre le travail accompli plus efficace.  La Commission devrait jouer un rôle consultatif accru, dans la mesure où elle peut aider à comprendre les origines des conflits, a estimé le représentant. 


M. EIHAB OMAISH (Jordanie) a estimé que la notion de consolidation de la paix est une vision qui met en perspective un contexte particulier, et parfois, compte tenu de la nature d’un conflit, la résurgence de ce conflit que l’on croyait éteint devient plus que probable.  Il est donc primordial de parvenir à une cohérence entre la consolidation de la paix et le maintien de la paix, a argué le représentant.  Permettre à un État de retrouver ses capacités passe par le traitement de plusieurs aspects de la crise.  À cet égard, il convient de venir en aide aux catégories les plus vulnérables de la population, dont les femmes et les enfants, et de jeter les bases d’un processus de développement durable.  La consolidation de la paix requiert donc des efforts qui aillent au-delà de ses aspects purement diplomatiques, et c’est ici qu’il faut souligner le rôle que peuvent jouer les femmes.  Le représentant a fermement appuyé le dialogue entre la Commission et le Conseil de sécurité.  Il a aussi salué les partenariats novateurs, comme celui existant entre la Commission avec la Fondation Dag Hammarskjöld.  Il faut, a-t-il dit, reconnaître l’importance de la Commission pour ce qui est de l’identification des menaces et des lacunes à combler, et à cet égard, il faut promouvoir une plus grande cohérence entre les politiques, les activités et les objectifs de l’ONU, en particulier lorsque les activités de consolidation de la paix sont menées dans un pays où est déployée une mission de l’ONU.  


M. MARTIN SHEARMAN (Royaume-Uni) a dit que les Nations Unies doivent être fières de ce qui a été fait en Sierra Leone, au Libéria, en Côte d’Ivoire en matière de consolidation de la paix.  Mais les rechutes observées en République centrafricaine (RCA) et ailleurs doivent inciter la Commission à améliorer notamment les méthodes de travail, en particulier concernant la collecte d’informations, afin de pouvoir agir dans l’immédiat.  Le représentant a reconnu qu’en RCA, la communauté internationale a été lente à réagir.  Il a insisté sur le fait que le monde vit une époque où, quand des crises marquées par des horreurs se produisent, nul ne peut plus prétendre qu’il ne savait pas ce qui se passait.  Il faut trouver une réponse immédiate à ce genre de situations lorsque nous avons des informations. 


Cela permet d’éviter les coûts immenses qu’entraine la rechute de certaines régions et de pays dans des conflits d’où on les croyait sortis.  Les bons offices, les sanctions, la reconfiguration de certaines missions peuvent améliorer la situation, a dit le représentant.  Il a pris l’exemple du Burundi, où il faut agir vite en cette veille d’élection afin d’éviter la déstabilisation du pays.  « Comment éviter les conflits pourrait, en soi, constituer un thème intéressant des prochaines réunions de la Commission de consolidation de la paix », a suggéré le représentant qui a indiqué que le « trou béant » qui existait dans les relations institutionnelles, il y a une décennie, a été comblé aujourd’hui grâce à la Commission de consolidation de la paix.  Il a ajouté qu’il faut mener un examen ambitieux  des programmes de la Commission pour voir comment on pourra mieux aider dans l’avenir les pays sur la voie de la paix. 


M. MARIO OYARZÁBAL (Argentine) a déclaré que la Commission de consolidation de la paix a bénéficié du rôle qu’a joué le Rwanda en faveur de cette question pour renforcer son interaction avec le Conseil de sécurité afin de mieux identifier et repérer les risques et les insuffisances qui se posent en matière de maintien et de consolidation de la paix, ainsi que pour maintenir l’engagement des acteurs et promouvoir la cohérence à tous les niveaux.  La cohérence entre consolidation et maintien de la paix est fondamentale, a insisté le représentant argentin en jugeant nécessaire de veiller à cette complémentarité et d’accorder plus d’importance à la dimension socioéconomique de la consolidation de la paix, qui va au-delà de la simple lutte contre la pauvreté.  Il ne faut pas oublier, dans ce contexte, la promotion des droits de l’homme et le renforcement de l’état de droit, a ajouté le représentant. 


Le rôle que peut jouer la Commission est lié à la mobilisation des ressources dont elle a besoin et au renforcement de la confiance, a poursuivi le représentant.  L’ONU, a-t-il rappelé, occupe une position privilégiée pour mobiliser les ressources financières, techniques et politiques, conclure des accords et nouer des liens stratégiques favorables à la mise en œuvre des politiques et des programmes de consolidation de la paix.  La coopération avec les institutions financières internationales, a-t-il mis en garde, ne saurait être imposée aux pays sortant de conflit, d’autant que l’on sait que l’échec en la matière n’est pas à exclure.  Le représentant a préféré que l’accent soit mis sur les organisations régionales, qui doivent être renforcées, et sur la coopération Sud-Sud qui est fondée, a-t-il souligné, sur les principes de complémentarité et de solidarité.  La coopération Sud-Sud peut mieux cerner et mieux orienter la coopération dont a besoin un pays de manière générale, car l’instabilité d’un État entraîne souvent l’instabilité des pays voisins, mettant à mal la sécurité régionale.  Le représentant a aussi évoqué le rôle que doivent jouer les femmes et leur accès à la justice, dans un contexte de consolidation de la paix.  Il a défendu une coopération accrue entre la Commission et ONU-Femmes pour mieux faire comprendre le rôle transformateur que jouent les femmes dans les sociétés sortant d’un conflit.  En tant que membre du Conseil et de la Commission, il a dit que l’Argentine attend avec intérêt la poursuite de ce débat.


Mme SYLVIE LUCAS (Luxembourg) a dit que son pays a travaillé activement au cours de l’année écoulée pour renforcer l’interaction entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité.  S’il n’y a pas eu de progrès concernant la participation des Présidents des formations pays aux consultations du Conseil, des arrangements pragmatiques ont néanmoins été mis en place en vue de dépasser le stade de l’interaction formelle.  Il convient à présent d’approfondir ces échanges, de s’engager sur le fond, de discuter de sujets tels que les causes profondes des conflits, notamment leurs causes socioéconomiques, ou des risques de rechute dans un conflit, a indiqué Mme Lucas.


Négliger ces causes profondes, c’est risquer une résurgence du conflit et de la violence.  Nous avons pu faire ce constat douloureux en Guinée-Bissau en 2012, ainsi qu’en République centrafricaine et au Soudan du Sud en 2013 et en 2014, a-t-elle souligné.  Elle a rappelé que pour tirer les leçons du passé, le Secrétariat des Nations Unies a pris des initiatives importantes, comme l’initiative « Les droits avant tout ».  Une consolidation de la paix durable exige la mise en place de processus et de règlements politiques de crise sans exclusive, d’institutions nationales compétentes et redevables, afin de négocier et mettre en œuvre un nouveau contrat social: c’est une entreprise dont la mise en place peut durer plus d’une génération.  Le soutien et le partenariat de la communauté internationale sont donc nécessaires dans le long terme, a préconisé Mme Lucas. 


M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a estimé que le rapport de la Commission de consolidation de la paix montre ce qui a été accompli, mais aussi et surtout ce qui reste à accomplir.  La consolidation de la paix est un processus compliqué et délicat qui requiert une attention constante, a estimé le représentant.  Elle requiert un engagement national et international.  Tout processus de consolidation est un processus multidimensionnel spécifique où l’état de droit et les différents éléments de réconciliation nationale devraient occuper une place de choix.  En matière de consolidation de la paix, il faut promouvoir un dialogue entre la Commission et les responsables des Nations Unies, ainsi qu’avec les autorités locales et les différentes formations pays, si on veut obtenir des succès.  L’échange d’expériences devrait ainsi donner plus de logique et de cohérence aux politiques recherchées et à appliquer.  Il est donc important que les présidents des différentes formations pays de la Commission se réunissent avec les autorités pertinentes avant les visites à opérer sur le terrain, a recommandé le représentant.  Il faut aussi garder à l’esprit la nécessité d’impliquer les donateurs dans l’élaboration des politiques, a-t-il préconisé.  Le représentant a salué la coopération avec les institutions financières internationales et les banques régionales de développement.  Il a suggéré que l’on continue d’examiner les mécanismes qui permettraient de mobiliser le secteur privé en faveur des programmes de consolidation de la paix.  Et comme le stipule le rapport, le représentant a insisté sur la participation réelle des femmes dans les processus politiques et de planification au sortir des conflits.  Il a insisté sur le fait qu’il faut utiliser le Fonds pour la consolidation de la paix pour des projets visant à autonomiser davantage les femmes.


S’agissant du rôle du Conseil de sécurité, il a estimé que la Commission et le Conseil sont deux organes qui sont intimement liés.  Les mandats du Conseil devraient dès le départ inclure des tâches de consolidation de la paix en tenant compte des intérêts locaux et de l’appropriation nationale.  C’est la raison pour laquelle les présidents des formations pays de la Commission devraient pouvoir intervenir dans les débats du Conseil portant sur les mandats des missions.  Le Conseil, a insisté le représentant, pourrait ainsi tirer profit de l’expérience  de la Commission en tant qu’organe consultatif intergouvernemental.  Il faut comprendre cette complémentarité et encourager le dialogue entre le Conseil et la Commission, a-t-il conclu. 


M. DAVID DUNN (États-Unis) a dit que la consolidation de la paix est une tâche délicate à mener, mais cruciale.  La Commission de consolidation de la paix devra mettre l’accent sur ses trois fonctions essentielles.  Elle pourra ainsi aider à limiter les risques de rechute dans les conflits, et faciliter la mobilisation de ressources et la participation des femmes dans les efforts de réconciliation.  Le représentant a félicité la coopération entre la Commission de consolidation de la paix et le Conseil de sécurité, qui a permis aux membres du Conseil de comprendre la situation au Burundi, en République centrafricaine et au Soudan du Sud.  Le représentant a souligné le lien entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix, illustré par les missions multidimensionnelles en République centrafricaine et au Mali.  Le rôle de la Commission de consolidation de la paix au Burundi a permis de renforcer la responsabilité dans ce pays.  Ceci a eu pour conséquence d’améliorer la relation entre ce pays et les donateurs.  La Commission la consolidation de la paix devra continuer son travail dans ce pays au fur et à mesure que le Bureau des Nations Unies au Burundi s’en retire.  Le travail de la Commission de consolidation de la paix doit aller de pair avec la bonne volonté des pays en matière de mobilisation des ressources, a d’autre part souligné le représentant.  Il a souligné l’importance de la gestion transparente des ressources mobilisées.  Nous devons tirer profit de l’examen qui va être fait de l’architecture de la Commission de consolidation de la paix en 2015, a indiqué le représentant.   


M. PHILIPPE BERTOUX (France) a insisté sur la coordination de tous les acteurs, et notamment celle de la Commission et du Fonds pour la consolidation de la paix, qui doivent agir en synergie avec les acteurs internationaux présents sur place.  Il a cité la mise en place de pôles justice-police au Libéria, qui sont financés par le Fonds et soutenus par la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), et dont l’établissement est un exemple de coopération entre acteurs des Nations Unies.  Pour éviter les chevauchements, a-t-il poursuivi, il faut une bonne transition entre les interventions des différents acteurs, et dans ces processus complexes, il faut veiller à renforcer l’articulation entre le Représentant spécial du Secrétaire général et les équipes de pays des agences de l’ONU menées par le Coordonnateur résident.  Enfin, il est essentiel de procéder par étape et de faire en sorte que la mise en place des opérations de maintien de la paix réponde à une logique séquencée, sans prétendre accomplir en une année une multitude de tâches.  C’est dans cet esprit que le Conseil de sécurité a élaboré le mandat de la MINUSCA en République centrafricaine, a relevé le représentant.


Le succès de la consolidation de la paix dépend de la mise en place de processus inclusifs, en particulier d’un dialogue national, avec l’inclusion de tous les segments de la société, dont notamment une participation pleine et entière des femmes dans l’ensemble du processus de consolidation de la paix, a estimé le représentant.  Pour une stabilisation durable, il est important de travailler sur la justice et la lutte contre l’impunité, vecteurs de la réconciliation, a-t-il jugé.  Enfin, il est indispensable d’engager un travail de long terme pour reconstruire les institutions et permettre la mobilisation durable des ressources.  Concluant son intervention sur l’examen de 2015, le représentant a préconisé que l’on trouve les moyens d’améliorer l’impact de la Commission sur le terrain et son fonctionnement, en la rendant plus flexible et plus réactive.


M. ALEXANDER A. PANKIN (Fédération de Russie) a dit que prévenir ou interrompre les conflits armés nécessite que l’on s’attaque aux causes de ces conflits, notamment en Afrique.  La coordination des efforts internationaux dans la consolidation de la paix, confiée à la Commission de consolidation de la paix, est essentielle à cet effet.  Le représentant a indiqué que le mandat actuel et la structure de la Commission contribueront à la consolidation de la paix notamment dans les pays inscrits à son ordre du jour.  Au Burundi, il faut poursuivre les efforts par la réconciliation, la création d’emplois et le renforcement de capacités, a préconisé le représentant. 


Il a ajouté que les échecs que le monde a connus dans la consolidation de la paix requièrent la mise en place d’actions prioritaires, entre autres celle portant sur le perfectionnement des mécanismes de sortie de crise, des méthodes de travail, ainsi que l’amélioration de la coopération de la Commission de consolidation de la paix avec d’autres organes et entités, par exemple le Fonds pour la consolidation de la paix.  Un dialogue ouvert sur toutes ces questions doit être engagé, a dit le représentant.  Il a demandé que l’on accorde une attention particulière à la coopération entre la Commission et le Fonds pour la consolidation de la paix, sans oublier les interactions entre la Commission de consolidation de la paix, l’Assemblée générale et l’ECOSOC.  Il faut prendre en compte les expériences du passé pour améliorer l’architecture de la Commission de consolidation de la paix, a suggéré le représentant. 


M. LIU JIEYI (Chine) a salué le succès qu’a été la fermeture du Bureau de la consolidation de la paix en Sierra Leone.  Pourtant, a-t-il reconnu, la Commission de consolidation de la paix a connu diverses difficultés, dont le manque de moyens dont elle a souffert en matière de prévention des conflits et de recherche de solutions aux lacunes existant en matière de coordination.  Offrant les clefs du succès, le représentant a d’abord insisté sur l’appropriation nationale, car ce sont les pays en conflit qui doivent eux-mêmes assumer en premier les responsabilités en matière de consolidation de la paix.  Dans ce contexte, la Commission doit appuyer les priorités déterminées par les pays eux-mêmes, et la communauté internationale doit aider les pays à parvenir à la reconstruction et au relèvement économique le plus rapidement possible pour y jeter les bases d’une paix solide et durable.  À cet égard, il faut renforcer les capacités et les compétences des pays car la priorité c’est le développement et la mobilisation des ressources domestiques.  Il faut aussi renforcer la coordination entre les différentes acteurs, dont le Conseil de sécurité, les institutions financières internationales et des organisations régionales, en vue d’’élaborer une stratégie globale pour le maintien de la paix, la consolidation de la paix et le développement socioéconomique, a préconisé le représentant.  Il faut en effet fournir une assistance adaptée aux pays concernés, a-t-il insisté avant de confier que la Chine pense que la Commission doit jouer un rôle plus important, et qu’elle contribuera à l’avenir à aider les pays sortant d’un conflit à réaliser une paix et un développement durables.


M. EUGÈNE-RICHARD GASANA (Rwanda) a dit que la Commission de consolidation de la paix pouvait être plus efficace si le Conseil de sécurité tire profit de son potentiel.  Le Conseil de sécurité peut tirer davantage du rôle consultatif de la Commission de consolidation de la paix parce qu’elle a une large perspectives des conflits, a indiqué le représentant.  Le Rwanda appuie les trois éléments présentés par le Président de la Commission de consolidation de la paix afin d’éviter toute rechute de pays dans un conflit dont il était déjà sorti.  Ces éléments sont liés entre eux.  La résurgence des conflits en Afrique est une conséquence directe d’un manque de leadership, de dialogue participatif, d’efforts de réconciliation, de l’absence de lutte contre l’impunité qui banalise la violence et encourage les atrocités de masse, a constaté le représentant. 


Cette lutte doit être adaptée aux réalités des pays.  Mais, a noté le représentant, la justice traditionnelle manque de mécanismes de réconciliation.  À la place, il a suggéré la justice transitionnelle, qui permet une véritable réconciliation.  La mobilisation de ressources est une autre question cruciale pour les pays sortants de conflit, a-t-il poursuivi.  Les pays d’Afrique peuvent consolider leurs processus nationaux par la mobilisation de ressources, mais il faut faire attention aux flux financiers illicites.  La Commission de consolidation de la paix doit jouer un rôle pour favoriser l’engagement régional par l’établissement de relations avec les organisations régionales comme le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, a conclu le représentant.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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