« Mandats robustes » ou « mandats offensifs » pour les opérations de paix: le débat se poursuit à la Quatrième Commission
Face aux attaques ciblées qui ont déjà coûté la vie à 33 de ses Casques bleus, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) devrait être autorisée à mener des opérations offensives, a estimé ce matin devant la Quatrième Commission le représentant du Mali. Cette demande est en contradiction avec la position exprimée aujourd’hui par l’Argentine qui consiste à approuver des mandats « robustes et efficaces » pour les opérations de maintien de la paix, mais à refuser des mandats offensifs.
Les attaques ciblées sur les contingents de la MINUSMA sont devenues monnaie courante et cherchent à saper le moral des troupes et à compromettre le processus de dialogue inclusif inter-malien, a déploré le représentant du Mali. Celui-ci juge donc nécessaire d’autoriser la Mission à mener des opérations offensives sur le terrain et de prévoir pour ses troupes des règles d’engagement définies en fonction du caractère asymétrique des attaques, afin qu’elles puissent se protéger et mener à bien leur mandat de protection des civils. Dans le même sens, le Tchad estime qu’il faudrait doter les opérations de maintien de la paix d’un mandat d’imposition de la paix, orienté vers l’aide à apporter au Gouvernement hôte pour lui permettre d’assoir son autorité sur l’ensemble de son territoire.
Le système actuel de maintien de la paix n’a pas été conçu au départ pour autoriser le recours à la force offensive dans le cadre de mandats d’imposition de la paix, a affirmé à l’opposé le représentant de l’Argentine, pour qui le recours à la force par les missions de paix est la question la plus importante qui devra être débattue lors de l’examen des opérations de maintien de la paix demandé par le Secrétaire général. L’Argentine reconnaît la nécessité croissante de doter les missions de mandats « robustes » ou « efficaces » afin de leur permettre de faire leur travail dans des conditions risquées et d’user de la force de manière tactique et limitée pour défendre le personnel ou les biens et équipements des missions. En revanche, et tout en jugeant positive la manière dont l’ONU entend assumer le commandement et le financement des missions susceptibles, dans certains cas exceptionnels, de recourir à la force de manière offensive, ce pays réclame sur la question des mandats offensifs un débat entre tous les États Membres, afin de ne pas mettre en péril le personnel des opérations de maintien de la paix déployé sur le terrain.
Pour sa part, la République islamique d’Iran a estimé que le recours à la force ne devait pas venir compromettre les efforts de paix et la relation entre pays d’accueil et les missions sur le terrain. Pour son représentant, la protection des civils, qui relève en premier lieu de la responsabilité des États, ne doit pas non plus servir de prétexte à une intervention militaire des Nations Unies dans les pays en conflit. Le représentant de la Norvège a, pour sa part, noté qu’il faudrait parvenir à une interprétation acceptée de la notion de « protection des civils ».
Le représentant de la République-Unie de Tanzanie a fait observer que les mandats des opérations de maintien de la paix correspondaient de moins en moins souvent aux exigences du Chapitre VI de la Charte sur le règlement pacifique des différends, et de plus en plus à celles du Chapitre VII, autorisant des actions en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression. Sans contester cette évolution, la Tanzanie, mais aussi la Chine, Singapour, le Viet Nam et le Kirghizistan ont insisté sur la nécessité « impérative » de respecter les principes fondamentaux de consentement de l’État hôte, de respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale, d’impartialité et d’usage de la force uniquement en cas de légitime défense ou pour l’exécution du mandat.
De son côté, le Tchad a constaté que, face à cette évolution des mandats mais aussi les nouveaux défis auxquels sont confrontés les Casques bleus, notamment les acteurs non étatiques, l’éventail des solutions avait aussi changé, « parfois en contradiction avec les principes fondamentaux » du maintien de la paix, principes qui, aux yeux du représentant du Sénégal, sont « devenus de plus en plus inopérants ».
Dans un tel contexte, plusieurs délégations ont rappelé la nécessité de consulter les pays fournisseurs de contingents sur les mandats des missions, qui doivent être clairs et réalistes. Les délégations africaines ont en outre mis l’accent sur l’importance de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, en premier lieu l’Union africaine.
C’est toute l’architecture de la paix qui doit être étudiée, a plaidé le représentant de la Suisse, qui s’est félicité que les missions politiques spéciales, dont le rôle va croissant, soient également examinées, et qui a souhaité, en outre, y inclure la consolidation de la paix. La Suisse se prononce pour une vision plus large et axée sur le long terme qui permettrait à l’ONU de répondre de manière plus efficace aux défis actuels, garantissant la planification des transitions et réduisant, en fin de compte, le risque de déclenchement d’un conflit. L’Argentine et le Sénégal ont, eux aussi, estimé que les opérations de maintien de la paix pouvaient contribuer au développement durable.
L’efficacité des opérations de maintien de la paix est aussi une question de moyens, ont toutefois rappelé plusieurs délégations. L’Argentine a dénoncé un écart croissant entre des exigences en hausse et des ressources stagnantes, et l’Ukraine a déploré le manque dans les missions de ces multiplicateurs d’efficacité que sont les hélicoptères militaires. Quant à l’utilisation de nouvelles technologies, elle continue de faire débat. Si la Norvège ou la Chine s’y montrent favorables, l’Argentine a demandé au Département des opérations de maintien de la paix davantage d’information sur l’utilisation par les missions d’engins sans pilotes.
La Quatrième Commission se réunira de nouveau demain, vendredi 31 octobre, à partir de 10 heures, pour achever son débat sur les opérations de maintien de la paix.
ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS
Suite du débat général
Mme MAY-ELIN STENER (Norvège) a regretté les difficultés d’ordre sécuritaire dans les pays où sont déployées les opérations de maintien de la paix (OMP), notamment les risques accrus qui guettent les soldats de la paix. Constatant que l’ONU continue à se heurter à des difficultés en matière de mobilisation des ressources pour le maintien de la paix, alors même que les mandats sont toujours plus exigeants, la représentante a néanmoins salué le vaste consensus sur l’importance d’assurer la plus grande efficacité des opérations de maintien de la paix. À cet égard, la Norvège salue l’examen stratégique du maintien de la paix, annoncé par le Secrétaire général en juin dernier, a-t-elle indiqué, souhaitant que le groupe chargé de cette mission présente des propositions visionnaires et innovantes à cette occasion. Ces propositions devront avoir pour but de rendre les mandats plus stratégiques et plus réalistes et adaptés aux ressources disponibles, parce que le déploiement d’une mission onusienne suscite des attentes, a-t-elle déclaré.
Il faudra également parvenir à une interprétation acceptée de la notion de protection des civils, ainsi que les modalités d’utilisation plus efficaces des compétences de l’ONU, comme la constitution d’une Équipe d’experts de réserve en médiation créée, en 2008, par le Département des affaires politiques (DAP) et le Conseil norvégien pour les réfugiés, a précisé la représentante, saluant également le fait que cet examen couvrira également les missions politiques.
La représentante a souligné la nécessité d’assurer des formations à l’intention du personnel de maintien de la paix. Elle s’est également déclarée favorable à l’utilisation des nouvelles technologies comme les drones et a apporté son appui à l’équipe d’experts sur les technologies et innovations. Mme Stener a également considéré comme « nécessaire » la constitution de partenariats avec les organisations régionales, notamment l’Union africaine.
M. PAUL SEGER (Suisse) a souhaité que l’approche adoptée dans le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix de l’ONU puisse faire école. Pour la Suisse, la sûreté et la sécurité sur le terrain restent une priorité absolue face au nombre croissant d’attaques directes ou indirectes contre le personnel des opérations de maintien de la paix, y compris des attaques terroristes, a-t-il déclaré, estimant qu’il fallait relever un certain nombre de défis liés au déploiement de technologies modernes, domaine qui recèle un potentiel considérable.
Le représentant a indiqué que son pays soutenait, par ailleurs, l’examen de l’architecture de consolidation de la paix prévu en 2015 et s’est réjoui que l’examen en cours concerne non seulement les opérations de maintien de la paix, mais aussi les missions politiques spéciales, qui ont considérablement pris de l’ampleur ces dernières années, a-t-il noté, ajoutant que le processus d’examen concernait également la consolidation de la paix, étroitement liée, également, aux efforts de l’ONU en matière de maintien de la paix.
M. Seger a par ailleurs invité le groupe de haut niveau à examiner les aspects qui vont au-delà des différentes formes d’engagement de l’ONU dans le domaine de la paix et de la sécurité, en étudiant des exemples de missions intégrées qui appliquent le principe d’unité d’action. Une vision plus large et axée sur le long terme de l’ensemble des activités allant du maintien de la paix à la consolidation de la paix en passant par l’aide humanitaire permettrait à l’ONU de répondre de manière plus efficace aux défis actuels, garantissant la planification des transitions et réduisant, en fin de compte, le risque de déclenchement d’un conflit.
M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a rappelé que son pays participe depuis 40 ans aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Il a estimé qu’au vue de la nature complexe des conflits sur le continent africain, les modèles de maintien de la paix étaient appelé à changer pour tenir compte des défis de tout genre. La présence d’organisations terroristes est une menace majeure à la doctrine du maintien de la paix et il faudra répondre à ce type de guerre asymétrique, dans les années à venir, dans la formulation des mandats des missions, a-t-il indiqué. Il faudra également, à son avis, que ce nouveau modèle de maintien de la paix tienne compte de l’émergence d’entreprises de sécurité militaire privées et de leur impact sur les différents aspects de ces missions. Du fait de la nature changeante des conflits, ce nouveau modèle devrait aussi se concentrer sur la protection des civils, a précisé le représentant, ajoutant que le mandat des Nations Unies devait être proactif pour répondre aux nouvelles sources de menace pour les civils. M. Kamau a également mis l’accent sur l’importance de la formation du personnel de maintien de la paix, notamment dans le contexte de la protection des civils.
Il a réclamé que de nouveaux efforts soient consentis pour mettre en œuvre la résolution 1325 sur la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, précisant que l’absence de participation des pays occidentaux aux opérations de consolidation et de maintien de la paix était une autre question que le Kenya souhaiterait voir abordée.
M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a déclaré soutenir l’initiative du Secrétaire général pour un réexamen stratégique des opérations de maintien de la paix. Il a estimé que le futur groupe chargé de cette tâche accorde toute l’attention requise à l’insuffisance des capacités, qu’il a attribuée à un manque chronique des multiplicateurs des forces que sont les hélicoptères militaires. Pour l’Ukraine, les solutions à long terme sont à trouver dans des incitations plus robustes pour les pays qui fournissent des hélicoptères militaires.
Le représentant a affirmé que son pays accordait une grande importance à la sécurité et à la sûreté des opérations de maintien de la paix, notamment en ce qui concerne la fourniture d’hélicoptères commerciaux. M. Vitrenko a prié le Secrétaire général de faire le meilleur usage du rapport du Comité des 34, notamment en ce qui concerne les poursuites contre les auteurs de crimes contre le personnel des Nations Unies déployé dans le cadre des opérations de maintien de la paix. Pays fournisseur de contingents de police, l’Ukraine suit de près le renforcement des capacités des Nations Unies dans ce domaine et soutient les efforts de la Division de la police de l’Organisation, a–t-il poursuivi.
Le représentant a, par ailleurs, estimé que le succès des opérations de maintien de la paix était largement subordonné à la constitution d’un véritable partenariat entre les pays fournisseurs de contingents ou de police, le Conseil de sécurité et le Secrétariat, saluant l’opérationnalisation du Bureau du partenariat stratégique pour pour le maintien de la paix.
Mme LIM MING JING (Singapour) a souligné la participation de son pays à 15 opérations de maintien de la paix des Nations Unies, depuis 1989, avant d’estimer que les opérations étaient devenues « plus complexes en raison de plusieurs facteurs: l’évolution des mandats et l’implication croissante d’acteurs non étatiques, dont les groupes terroristes, qui compliquent encore plus la situation sur le terrain ».
Elle a, par ailleurs, désigné deux défis majeurs que devront relever les opérations de maintien de la paix: le premier concerne la protection et la sécurité des Casques bleus, a-t-elle indiqué, estimant indispensable d’offrir aux soldats de la paix des équipements et des formations adéquats. « Nous devons nous assurer qu’ils ont la possibilité de se protéger et de protéger les civils, ce qui veut dire un meilleur entraînement, de meilleurs équipements et de meilleures informations », a-t-elle précisé; le second défi a trait à l’établissement d’une paix durable car « les opérations de maintien de la paix ne sont pas faites pour devenir permanentes ». La représentante a, par conséquent, plaidé pour un renforcement de la coopération avec les pays hôtes, les organisations régionales et sous-régionales et la Commission des opérations de maintien de la paix pour favoriser l’élaboration de stratégies de sortie de crise et de reconstruction.
En conclusion, elle a salué l’initiative du Secrétaire général de procéder à une évaluation des opérations de maintien de la paix, insistant sur la nécessité d’y impliquer toutes les parties prenantes, dont les pays fournisseurs de contingents.
M. ELHAFIZ EISA ABDALLA ADAM (Soudan) s’est félicité de la coopération, à son avis, exemplaire avec l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), affirmant que, en ce qui concerne le Darfour, les progrès réalisés grâce à la présence et au travail de la Mission conjointe sur place avaient permis de voir un retour sans précédent de personnes déplacées et de réfugiés. Il a déploré les actions de groupes rebelles, qui, d’après lui, continuaient de faire obstacle à la paix dans cette région, de terroriser les populations et de compliquer la tâche de la Mission de maintien de la paix de l’ONU. Toutefois, a-t-il ajouté, le Gouvernement soudanais restait convaincu que toute solution doit passer par un dialogue inclusif en vue d’une paix globale.
S’agissant du conflit au Soudan du Sud, le représentant a affirmé que le Président de son pays avait adopté toutes les mesures nécessaires pour accueillir les réfugiés et signé un accord avec le Soudan du Sud pour autoriser le transfert de l’aide humanitaire par son territoire. Il a, par ailleurs, réaffirmé l’obligation des OMP de respecter la Charte des Nations Unies et les règles de procédures des missions, de même que la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays hôte, et le principe de la non-ingérence dans les affaires internes des États.
M. WANG MIN (Chine) a estimé que les opérations de maintien de la paix étaient confrontées à des tâches et des contextes de plus en plus complexes et devaient s’y adapter, précisant que son pays soutenait les initiatives du Secrétaire général pour un réexamen stratégique des opérations de maintien de la paix, qui marqueront l’année prochaine leur soixante-dixième anniversaire.
Pour la Chine, les opérations de maintien de la paix doivent s’inscrire dans un certain nombre de principes, en particulier la souveraineté et les préoccupations de l’État d’accueil. Les mandats des opérations de maintien de la paix doivent, en outre, être clairement définis et bénéficier du soutien du pays hôte, a-t-il ajouté. Affirmant qu’à l’heure actuelle la moitié des opérations de maintien de la paix comptait plus de 10 000 personnes, M. Wang a souhaité un renforcement de la coordination entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents pour une utilisation plus rentable et plus performante des ressources. Il faut en outre renforcer la sûreté et la sécurité du personnel des opérations de maintien de la paix et étudier le recours à des nouvelles technologies en tenant compte, une nouvelle fois, de l’avis du pays hôte, a-t-il indiqué, invitant l’ONU à renforcer sa coopération avec les organisations régionales, notamment l’Union africaine.
Le représentant a rappelé que son pays avait déployé environ 200 Casques bleus dans neuf opérations. Par ailleurs, la Chine répond à l’épidémie d’Ebola et envisage de fournir davantage d’hélicoptères, de forces de police et de formateurs de police, tout en apportant un soutien accru à l’Union africaine, a conclu le représentant.
M. DIANGUINA DIT YAYA DOUCOURÉ (Mali) a affirmé que la sécurité du personnel de la paix sur le terrain était l’un des plus grands défis sur le théâtre des opérations. Dans le cas de la MINUSMA, les attaques ciblées sur ses contingents sont devenues monnaie courante dans le but de saper le moral des troupes et compromettre le processus de dialogue inclusif inter-malien enclenché à Alger, en juillet 2014, a déploré le représentant, précisant que ces attaques asymétriques avaient, depuis le 1er juillet 2013 - date du déploiement de la MINUSMA, coûté la vie à 33 Casques bleus et blessé 93 autres. Face à cette situation qui annihile les efforts et les acquis, le représentant a estimé nécessaire d’autoriser les forces de maintien de la paix de mener des opérations offensives sur le terrain afin de se protéger et de mener à bien leur mandat de protection des civils.
Pour ce faire, le représentant a estimé qu’il était impérieux que la MINUSMA soit dotée de moyens humains, financiers et des équipements conséquents à la hauteur de l’urgence et des défis sur le terrain; que le mandat fasse l’objet d’une interprétation; que les règles d’engagement des troupes soient définies en fonction du caractère asymétrique des attaques dirigées contre les populations civiles et les contingents de la mission; que le dispositif de la MINUSMA soit reconfiguré à travers un déploiement de Casques bleus à Kidal et dans les autres régions du nord pour combler le vide sécuritaire et empêcher la liberté de mouvement des groupes hostiles; que le cadre de planification et la conduite des opérations, la coordination entre la MINUSMA, les Forces françaises et les Forces maliennes soient effectifs.
À ce propos, la délégation malienne accueille favorablement la réunion prochaine du Conseil de sécurité consacrée à une réflexion sur la problématique de la mise en œuvre du mandat de la MINUSMA dans l’espoir qu’elle produira des recommandations pertinentes qui tiennent compte des recommandations faites au Conseil de sécurité par le Ministre des affaires étrangères sur l’intégration africaine et la coopération internationale du Mali, le 8 octobre dernier, a conclu le représentant.
M. RAMADHAN M.MWINYI (République-Unie de Tanzanie) a estimé que la complexité croissante des opérations de maintien de la paix nécessitait désormais des approches et des stratégies plus élaborées. Rappelant que 104 000 Casques bleus et 17 000 civils servaient aujourd’hui dans les 16 missions de maintien de la paix de l’ONU déployées autour du monde, dont neuf sur le continent africain, il a souligné que leurs mandats avaient évolué pour correspondre de moins en moins aux exigences du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies sur le règlement pacifique des différends, et de plus en plus au Chapitre VII, autorisant des actions en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’acte d’agression. Sans contester cette évolution, le représentant a insisté sur la nécessité « impérative » du respect des principes fondamentaux des opérations de maintien de la paix: consentement de l’État hôte, respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, impartialité et usage exclusif de la force en cas de légitime défense ou d’exécution de mandat. Soulignant l’aspect multidimensionnel des opérations de maintien de la paix, il a souligné le besoin de renforcer la coopération avec les pays limitrophes et les organisations régionales ou sous-régionales pour parvenir à des solutions durables aux conflits.
Rappelant que le conflit en République démocratique du Congo avait fait entre 3,8 et 5,4 millions de morts entre 1998 et 2008, et soulignant les difficultés de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) d’assurer la protection des civils, le représentant a salué la création d’une Brigade d’intervention rapide des forces en attente en son sein.
M. HAMADÉ BAMBARA (Burkina Faso) a estimé que les nouveaux défis qui se posent aux opérations de maintien de la paix devaient inciter la communauté internationale à prendre en compte un certain nombre de principes et de réalités permettant d’attribuer des mandats clairs et précis aux opérations de maintien de la paix. La question de la sécurité du personnel déployé sur le terrain est également un sujet de grande préoccupation, a-t-il ajouté, rappelant que les menaces asymétriques contre le personnel de l’ONU s’étaient multipliées depuis quelque temps.
Rappelant que le continent africain était le principal théâtre d’opération des missions de maintien de la paix des Nations Unies, M. Bambara a salué le « travail remarquable » de l’Union africaine et des organisations régionales africaines dans ce domaine. Il a néanmoins estimé qu’il fallait renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales en matière de maintien de la paix, précisant que la contribution du Burkina Faso aux opérations de maintien de la paix, qui consiste dans le déploiement d’environ 2 000 hommes, notamment un contingent de gardes de sécurité pénitentiaire, avait permis à son pays d’accueillir, en 2014, la cinquième Conférence pénitentiaire internationale.
M. GASTON KIMPOLO (République du Congo) a estimé que l’efficacité des opérations de maintien de la paix, eu égard à la complexité croissante des situations sur le terrain, n’était réalisable qu’avec la volonté politique des États, l’appui de tous les États Membres des Nations Unies et la collaboration des pays hôtes. Le représentant a dit soutenir toutes les initiatives tendant à renforcer le dialogue triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat afin de mieux répartir les responsabilités et les tâches au service d’un objectif commun. Il s’est félicité du rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix et a salué les efforts du Comité des 34 pour améliorer les relations avec les pays fournisseurs de contingents. Il est impératif de consulter et d’impliquer ces pays, au préalable, dans les processus de mise en place des opérations dès la phase de planification et d’élaboration de mandats clairs et réalistes, a indiqué le représentant.
M. Kimpolo a également rappelé que son pays participait en République centrafricaine à la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) et, depuis septembre, à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). Il a présenté cette participation comme un engagement constant de son pays, illustré par la tenue en juillet, à Brazzaville, du Forum sur la réconciliation nationale interafricaine, au cours duquel les parties au conflit en République centrafricaine ont signé un accord de cessation des hostilités en vue d’une paix durable, a ajouté le représentant.
Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) s’est félicitée de l’accès du Viet Nam au rang de pays fournisseur de contingents depuis le déploiement, en juin dernier, de deux soldats de la paix vietnamiens dans le cadre de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud. Au titre de l’engagement de son pays en faveur du maintien de la paix dans le monde, la représentante a également mentionné l’existence du Centre de maintien de la paix du Viet Nam, dont l’objectif est de coordonner la formation, la préparation et le déploiement des futurs soldats de la paix vietnamiens.
Les opérations de maintien de la paix (OMP) n’ont cessé de croître en taille, nombre de mandats et complexité pour faire face efficacement à la nature changeante des conflits, a constaté Mme Nga. Face à l’évolution multidimensionnelle des mandats, caractérisée notamment par la protection des populations civiles et l’aide à la consolidation de la paix, la représentante a insisté sur la nécessité de respecter les principes de la Charte de l’Organisation, à savoir le respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale des pays, et le principe de non-ingérence dans les affaires internes des États.
Mme Nga a également appelé les États Membres à s’attaquer aux causes profondes des conflits sur la base du dialogue, de la réconciliation et du règlement pacifique des différends. La représentante a salué les travaux du Comité spécial des opérations de maintien de la paix ainsi que l’élévation du taux de remboursement des pays fournisseurs de contingents.
Enfin, Mme Nga s’est prononcée en faveur d’un renforcement des ressources en équipement et du soutien logistique aux soldats de la paix sur le terrain, tout en insistant sur la priorité pour l’Organisation de garantir la sécurité et la sûreté du personnel déployé.
M. OLIVIER NDUHUNGIREHE (Rwanda) a rappelé que son pays siégeait au Conseil de sécurité depuis deux ans, période pendant laquelle il a également assumé la présidence du Groupe de travail sur les OMP, ce qui lui a permis de faire une contribution en tant que pays fournisseur de contingents. Le Rwanda estime qu’il faut repenser les approches actuelles pour répondre à la réalité nouvelle des conflits et aux défis à relever, a affirmé le représentant, saluant l’examen des OMP et des missions politiques spéciales annoncé par le Secrétaire général. Le Rwanda se félicite en outre des engagements pris dans ce domaine, le mois dernier, lors de la réunion sur le maintien de la paix, organisée en marge du débat général de l’Assemblée générale, qui était coprésidée par le Président Kagame, le Secrétaire général et les Premiers Ministres du Japon, du Bangladesh et du Pakistan, a-t-il précisé.
En tant que pays qui a vécu les conséquences tragiques d’une mission onusienne qui n’a pas su protéger les civils, le Rwanda partage l’opinion selon laquelle la « protection par une simple présence » ne suffit plus, a dit le représentant, soulignant qu’il fallait faire preuve de volonté politique, être proactif plutôt que réactif dans ce domaine. Il a également mis l’accent sur la responsabilité de l’ONU de fournir à ses troupes toutes les ressources nécessaires au succès des missions de maintien de la paix, y compris en termes de formation, ce qui est une responsabilité partagée avec les pays fournisseurs de contingents.
Le représentant a déploré les retards de remboursement des pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police, tout en saluant l’augmentation des taux de remboursement entrée en vigueur récemment. Pour ce qui est des capacités de déploiement rapide, le délégué a mis l’accent sur les avantages de coopération avec les organisations régionales. Le Rwanda a présenté un projet de résolution 2167 en ce sens au Conseil de sécurité, a précisé le représentant.
M. MATEO ESTREME (Argentine) a estimé que les Nations Unies s’étaient adaptées à la complexité croissante des situations sur le terrain, en mettant notamment en place des opérations de maintien de la paix dotées de mandats multidimensionnels dont les dispositions peuvent contribuer au développement durable, à la promotion et la protection des droits de l’homme, à la reconstruction des institutions et à la consolidation de la paix et de l’état de droit.
Aujourd’hui, il est nécessaire de réfléchir sur cette évolution et sur la manière de renforcer les opérations de maintien de la paix, a déclaré le représentant, prenant note de l’annonce de la mise en place d’un groupe de haut niveau chargé d’examiner les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales, en consultation avec les pays fournisseurs de contingents.
De l’avis du représentant argentin, le débat le plus important concerne le recours à la force par les missions de paix. Mon pays reconnaît la nécessité croissante de doter les missions de mandats « robustes » ou « efficaces » afin de leur permettre de faire leur travail dans des conditions risquées et d’user de la force de manière tactique et limitée pour défendre le personnel ou les biens et équipements des missions, a-t-il indiqué, estimant toutefois que le système de maintien de la paix n’a pas été conçu au départ pour autoriser le recours à la force offensive dans le cadre de mandats d’imposition de la paix. Tout en jugeant positive la manière dont l’Organisation entend assumer le commandement et le financement des missions susceptibles, dans certains cas exceptionnels, de recourir à la force de manière offensive, le représentant a estimé que ce point devait faire l’objet d’un débat entre tous les États Membres.
Le représentant a, par ailleurs, indiqué que le recours à des engins sans pilotes était susceptible d’améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix, à condition qu’il s’agisse d’engins non armés et utilisés sous le contrôle des opérations de maintien de la paix. L’Argentine attend du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) davantage d’information sur ce point. Déplorant la tendance actuelle de multiplier et de rendre plus complexes les tâches des opérations de maintien de la paix tout en gelant leurs ressources, le représentant a souhaité que cette situation fasse l’objet d’un nouveau débat dans le cadre du Comité spécial des opérations de maintien de la paix.
Pour M. IBRAHIMA SORY SYLLA (Sénégal), les principes traditionnels du maintien de la paix sont devenus de plus en plus inopérants dans un contexte de mutations multiformes, tant en ce qui concerne les causes et la nature des conflits que la variété des acteurs impliqués. À ce titre, il a cité les conflits intra-étatiques, les acteurs non étatiques, les extrémismes de tous bords et la violence aveugle qui n’épargnent personne et visent de plus en plus délibérément les Casques bleus. S’ajoutent à cela, selon lui, la multiplication des missions politiques spéciales et le problème de leur financement. Le Sénégal est le neuvième pays fournisseur de contingents des OMP des Nations Unies avec 2 827 personnels déployés dans différentes missions, a rappelé le représentant.
Pour son pays, les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) devraient être l’une des priorités dans la phase de consolidation de la paix, de la sécurité et de la réconciliation nationale en vue d’une paix durable dans les pays sortant d’un conflit. Par ailleurs, il estime qu’il est primordial que les OMP aient un impact positif sur les conditions de vie des populations civiles par le biais de la mise en œuvre de projets générateurs d’emplois et en contribuant au fonctionnement adéquat des services sociaux de base en période postconflit, même si la responsabilité première incombe aux gouvernements des pays concernés.
S’agissant de la coopération avec les Programmes consultatifs techniques (PCT), le Sénégal estime nécessaire de mettre en œuvre les résolutions 1327, 1353 et 2086 du Conseil de sécurité. Le dialogue triangulaire entre Conseil de sécurité, Secrétariat et PCT est, selon lui, indispensable à la définition des mandats clairs et robustes des missions.
M. ISRAEL NITZAN (Israël) a déclaré que la violence en Syrie se répercutait dans tout le Moyen-Orient, affirmant que la situation s’était gravement détériorée depuis deux mois autour des zones d’opérations de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD). Il a accusé la Syrie de s’être volontairement retirée de certaines positions de manière à exposer des Casques bleus de la Force de l’ONU aux agissements de groupes affiliés au Front el-Nosra qui cherchent à prendre le contrôle de certaines zones de la région. Face à ce danger, Israël, guidé par son engagement en faveur des opérations de maintien de la paix, a fourni un havre de protection à la Force, a indiqué le représentant.
Israël salue les efforts de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) comme un élément stabilisateur le long de la ligne bleue, a ajouté M. Nitzan, faisant état de l’importance que son pays attachait aux réunions tripartites qui permettent de traiter des incidents de routine. Toutefois, à son avis, le calme relatif actuel qui règne dans le sud du Liban est trompeur, affirmant que, sept ans après l’adoption de la résolution 1701 (2006), le Hezbollah ne cessait de s’adapter aux nouvelles réalités et de semer les germes d’une future confrontation. Le représentant a accusé les autorités libanaises de fermer les yeux sur les activités du Hezbollah, qui contreviennent à la résolution 1701 (2006) et gênent le fonctionnement de la FINUL, comme la création de caches d’armes, y compris dans des zones civiles et dans la zone de présence de la FINUL. Pour éviter une nouvelle détérioration sur place, le représentant a prié les Nations Unies d’exiger du Gouvernement libanais le plein respect des résolutions 1559 (2004) et 1701 (2006), le déploiement de ses forces dans le sud du pays et la prévention de toute future attaque, prévenant qu’Israël rendra le Liban responsable de toute action menée à partir de son territoire.
M. A. A. BOSAH (Nigéria) a déclaré que nombre de conflits actuels dans le monde étaient exacerbés par le terrorisme et d’autres menaces à la paix et à la sécurité internationales, faisant porter un lourd fardeau aux opérations de maintien de la paix. Dans ce contexte, a-t-il noté, les missions onusiennes gagneraient beaucoup à recourir plus largement à des outils innovants, comme les drones de surveillance. Toutefois, des préoccupations ont été soulevées vis-à-vis de leur utilisation par les opérations de maintien de la paix, a rappelé le représentant, qui s’est ensuite félicité de l’initiative des Secrétaires généraux adjoints, MM. Ladsous et Haq, d’établir un groupe d’experts sur la technologie et l’innovation afin d’examiner les moyens d’en tirer le meilleur parti à l’avenir.
Par ailleurs, pour le Nigéria, la complexité atteinte par les conflits d’aujourd’hui exige une coopération plus étroite entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales dans le contexte des opérations de maintien de la paix. « Nous sommes convaincus que le développement d’un cadre stratégique reflétant une vision commune pour une telle coopération serait bienvenue », a ajouté la délégation. Après avoir lui aussi appuyé l’idée d’augmenter la présence des femmes au sein des personnels des opérations de maintien de la paix, M. Bosah a salué l’adoption de la résolution 68/281 de l’Assemblée générale qui autorise l’augmentation des taux de remboursements pour les pays contributeurs de contingents.
M. HIROSHI ISHIKAWA (Japon) a souligné la nature changeante du processus de maintien de la paix depuis sa conception. Pour lui, le défi à relever aujourd’hui est de savoir comment rendre les OMP des Nations Unies durables en termes de ressources financières et humaines tout en assurant leur fonctionnalité. À ce titre, il a soulevé deux points qui sont l’optimisation des instruments du maintien de la paix et le renforcement des capacités des OMP.
Il existe plusieurs instruments pour défendre la paix et la sécurité internationales, a indiqué le représentant, citant notamment les OMP, les missions politiques spéciales, les équipes de pays et les fonctions de soutien bilatérales et régionales. En fonction de la situation, il faut faire appel à l’un ou à l’autre de ces instruments, ce qui suppose une meilleure collaboration entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et l’Assemblée générale, a-t-il estimé. Le Japon attend de l’examen global du maintien de la paix demandé par le Secrétaire général qu’il portera sur cette question, a-t-il précisé. Pour ce qui est du renforcement des capacités de maintien de la paix, le Japon appelle à davantage d’investissements pour pouvoir donner plus de marge de manœuvre en termes opérationnels et améliorer les normes de performance des missions. Le délégué a également mis l’accent sur l’importance de la formation du personnel de maintien de la paix, domaine où le Japon soutient différentes initiatives et encourage des arrangements bilatéraux, régionaux et triangulaires.
En tant que responsabilité collective, le maintien de la paix devrait pouvoir tirer le meilleur parti des avantages comparatifs des États Membres, a estimé le représentant, qui a annoncé un engagement supplémentaire de son pays dans le cadre de sa « contribution proactive pour la paix » et du déploiement rapide de « catalyseurs » des missions.
M. ALHUSINE MOHAMMED SESAY (Sierra Leone) a appelé à réformer l’architecture actuelle des opérations de maintien de la paix (OMP) afin de faire face à la nature changeante des conflits, auxquels s’ajoutent le terrorisme, le crime organisé, le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, la traite des êtres humains, le trafic de drogues et la piraterie maritime.
M. Sesay a, par conséquent, salué les efforts du Secrétaire général afin d’adapter les OMP à ces conditions changeantes, notamment via la nomination d’un Groupe de haut niveau chargé de la revue des OMP. Le représentant a encouragé le Groupe à étudier particulièrement la question du renforcement de la coopération entre les organisations régionales et les activités de maintien de la paix de l’Organisation. M. Sesay a également souhaité que les pays fournisseurs de contingents soient mieux associés aux prises de décisions concernant la mise en œuvre des OMP.
La participation des femmes aux contingents déployés sur le terrain doit être améliorée, a estimé M. Sesay, ajoutant que les mandats des OMP doivent également inclure la promotion de la parité entre les sexes dans les pays hôtes. Le représentant s’est félicité du déploiement rapide de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola (MINUAUCE) et des mesures prises pour sa mise en œuvre. En conclusion, M. Sesay a salué la contribution de son pays au maintien de la paix et a renouvelé son engagement en faveur d’une réforme des OMP.
M. AHMED ALI ADOUM (Tchad) a souligné l’évolution des opérations de maintien de la paix, qui sont passées « des missions traditionnelles axées sur la surveillance de cessez-le-feu, à des opérations multidimensionnelles avec des tâches de plus en plus complexes ». Il a mis en avant les nouveaux défis auxquels sont confrontés les Casques bleus, notamment les acteurs non-étatiques comme les groupes terroristes et les organisations criminelles transfrontalières. « L’éventail des solutions a aussi changé, parfois en contradiction avec les principes fondamentaux du maintien de la paix – consentement des parties, impartialité et recours à la force en cas de légitime défense ou pour défendre le mandat confié », a-t-il indiqué. Le représentant a toutefois salué la création d’une Brigade d’intervention rapide des forces en attente au sein de la MONUSCO, qui a, à son avis, renforcé la stabilité dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), permis à l’État congolais de recouvrer sa souveraineté sur certaines régions et incité d’autres groupes armés à déposer les armes. « Le Tchad estime qu’il faudrait doter les opérations de maintien de la paix d’un mandat d’imposition de la paix, orienté vers l’aide à apporter au Gouvernement pour lui permettre d’assoir son autorité sur l’ensemble de son territoire », a-t-il estimé.
Le représentant a, par ailleurs, souligné l’importance de renforcer la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, en particulier en Afrique. Il a également souligné la nécessité de doter les missions de « ressources suffisantes pour qu’elles s’acquittent efficacement de leurs mandats » et de renforcer leurs capacités à répondre « aux menaces asymétriques ». Citant notamment les attaques terroristes contre les Casques bleus de la MINUSMA, pour lesquelles son pays a « payé un lourd tribu », le représentant a réclamé la mise en place d’une meilleure stratégie de lutte contre cette menace, des ressources plus adaptées et un renforcement des moyens de renseignements.
M. GEORGE S. W. PATTEN (Libéria) a rappelé à quel point le maintien de la paix était complexe et périlleux à la fois, soulignant les dangers auxquels faisaient face les Casques bleus. Il s’est donc montré favorable à une formation et un entraînement préalables des troupes, ainsi qu’à la mise à disposition de capacités suffisantes pour leur permettre de s’acquitter de leurs tâches. Conscient aussi de l’importance de ressources suffisantes, le représentant s’est félicité des récents ajustements à la hausse opérés vis-à-vis des pays fournisseurs de contingents.
Partisan d’une coopération accrue entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine, ainsi qu’avec d’autres organisations régionales, dans le cadre des opérations de maintien de la paix, M. Patten a de nouveau plaidé pour que les « soldats de la paix » soient dotés des moyens nécessaires à l’accomplissement de leur mandat. Un sujet d’autant plus important pour sa délégation, a-t-il expliqué, est que le Libéria a largement bénéficié de leur présence pendant les années où le pays s’est efforcé de réformer son secteur de la sécurité et de reconstruire ses institutions.
M. NURAN NIYAZALIEV (Kirghizistan) a déclaré appuyer fermement toutes les OMP des Nations Unies qui sont, à son avis, un élément clef de la paix et de la sécurité internationales, indiquant que ces opérations contribuaient à réduire les menaces de résurgence des conflits et favorisaient le développement durable en situation postconflit. Toutefois, a-t-il ajouté, sa délégation insistait sur le respect de la Charte des Nations Unies et des principes traditionnels du maintien de la paix. « Nous sommes à la croisée des chemins pour le maintien de la paix, avec une demande croissante de missions et des mandats de plus en plus complexes », a-t-il relevé. Favorable à l’utilisation de nouvelles technologies dans le contexte du maintien de la paix, notamment les drones non armés, M. Niyazaliev a salué la proposition du Secrétaire général de charger un groupe d’experts de faire un examen stratégique du maintien de la paix des Nations Unies.
Le représentant a, par ailleurs, souligné la nécessité d’accorder la priorité à la sécurité du personnel de maintien de la paix des Nations Unies, rappelant que 104 d’entre eux ont perdu la vie l’année dernière dans l’exercice de leurs fonctions. Il a également rappelé que le Kirghizistan participe aux OMP, depuis 1998, en dépit de ses ressources limitées.
Mme AISHATH SHAHULA (Maldives) a déclaré que son pays, en signant cet été le Mémorandum d’accord sur le Système de forces et moyens en attente des Nations Unies, avait commencé à jouer un nouveau rôle pour maintenir la paix dans les pays touchés par des conflits armés. Ce geste témoigne de l’engagement mondial des Maldives en faveur de la paix et de la sécurité, mais aussi de la coopération internationale dans le cadre de Nations Unies, a affirmé la représentante.
Les Maldives estiment que tout État, quelle que soit sa taille, a l’obligation de contribuer aux buts et objectifs principaux des Nations Unies en fonction de ses capacités, a-t-elle poursuivi, affirmant que, durant les deux années à venir, des fantassins et des observateurs des Maldives porteront l’emblème des Nations Unies à travers le monde. Ainsi les Maldives contribueront à la demande constante pour des Casques bleus que le Secrétaire général a mentionnée dans son rapport, car elles considèrent que le maintien de la paix fait partie intégrante du mandat des Nations Unie, a encore déclaré Mme Shahula.
M. HOSSEIN MALEKI (République islamique d’Iran) s’est déclaré conscient de la nécessité de trouver des mécanismes, idées et concepts nouveaux pour répondre aux défis émergents en matière de maintien de la paix. Pour sa délégation, ces idées nouvelles doivent, en premier lieu, respecter les principes de la Charte des Nations Unies, à savoir le consentement des parties, le non-recours à la force et l’impartialité. C’est pour cette raison que la délégation iranienne soutient la demande des pays contributeurs contingents de prendre part au processus de décisions qui les engagent dans les opérations, a déclaré le représentant, estimant que la participation des pays fournisseurs de contingents aux prises de décisions représenterait un soutien additionnel aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
Le représentant a, par ailleurs, indiqué que le maintien de la paix devait également s’accompagner de la consolidation de la paix dans le but de favoriser la revitalisation, le développement et le renforcement des capacités. À son avis, l’usage de la force ne doit donc pas venir compromettre les efforts de paix et la relation entre pays d’accueil et les missions sur le terrain. Il a également estimé que la protection des civils, qui relève en premier lieu de la responsabilité des États, ne doit pas servir de prétexte à une intervention militaire des Nations Unies dans les pays en conflit. Par ailleurs, a conclu le représentant, les arrangements régionaux ne doivent, en aucune manière, se substituer ni désengager les Nations Unies de leurs responsabilités dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.