Soixante-neuvième session
15e séance – après-midi
CPSD/567

Quatrième Commission: les 117 000 personnes déployées dans les 16 missions de maintien de la paix doivent pouvoir compter sur des moyens nécessaires au succès de leur mandat

« Au final le maintien de la paix est un instrument politique dont le succès dépend du soutien politique de la communauté internationale », a affirmé ce matin M. Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix. 

Ainsi, il a insisté pour que les États Membres donnent les moyens nécessaires aux quelque 117 000 hommes et femmes déployés dans les 16 missions de maintien de la paix des Nations Unies qui sont confrontés à la nature changeante des conflits et aux menaces non conventionnelles.  Il a déploré la tendance confirmée de prendre pour cible le personnel de maintien de la paix par des groupes armés et terroristes.  « Seize Casques bleus ont déjà perdu la vie depuis début octobre » a indiqué le Secrétaire général adjoint pour donner une idée de la gravité du problème de la sécurité du personnel en uniforme de l’Organisation. 

Dans le même ordre d’idées, la Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, Mme Ameera Haq, a signalé qu’à l’heure actuelle, 40% des zones d’intervention des OMP étaient catégorisées comme moyennement, fortement ou extrêmement dangereuses, soit une augmentation importante par rapport à il y a trois ans, lorsque ce chiffre était de 25%. 

Les deux hauts responsables onusiens ont tenu ces propos devant la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, qui commençait ce matin l’étude des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. 

À cet égard, le représentant du Mouvement des pays non alignés a exhorté le Secrétariat à fournir des détails supplémentaires sur la portée et les modalités de l’examen des OMP des Nations Unies.  Il a réaffirmé la nécessité d’un contrôle intergouvernemental sur toute question ayant trait au développement de concepts, politiques et stratégies en matière de maintien de la paix et a demandé qu’aucune décision ne soit prise sans avoir fait préalablement l’objet d’un accord intergouvernemental. 

Les trois défis majeurs inhérents aux OMP que M. Ladsous a relevés dans son intervention sont: la sécurité du personnel en uniforme, la question de la protection des civils en situation de conflit et l’importance de l’établissement de conditions propices à la réconciliation pour toute paix durable. 

Soulignant également la place centrale que la protection des civils doit occuper dans les missions de maintien de la paix, le représentant de l’Union européenne, il a rappelé l’importance d’empêcher l’impunité en poursuivant les auteurs de tels crimes. 

La Secrétaire générale adjointe a également appelé à une utilisation plus adaptée de la technologie, citant à ce titre la création d’un Groupe d'experts sur la technologie et l’innovation qui sera chargé de formuler des recommandations en décembre prochain. 

M. Ladsous a également souligné l’importance d’un engagement plus profond avec les organisations régionales telles que l’Union africaine, l’Union européenne, la CEDEAO, l’ECCAS et l’OTAN.  Ces organisations sont des partenaires vitaux pour les aménagements politiques et autres aspects du règlement de crises, a-t-il indiqué, précisant que le Bureau pour les partenariats stratégiques du maintien de la paix était désormais opérationnel. 

Pour sa part, le représentant du CANZ a encouragé le renforcement de la coopération entre ce bureau, les missions de maintien de la paix et les pays contributeurs de troupes. 

De son côté, Mme Haq est revenue sur le succès des réformes entreprises par le Département d’appui aux missions sous l’impulsion de la stratégie globale d'appui aux missions, sur la période 2013-2014.  Les coûts opérationnels pour l’ensemble des OMP ont avoisiné 500 millions de dollars, soit 20% de moins que sur la période 2009-2010, a-t-elle indiqué, affirmant qu’un tel résultat n’a pu être obtenu que par la réalisation d’économies d’échelle en matière financière, de ressources humaines et de transports.  Plus de 3 000 postes d’appui aux OMP ont été supprimés depuis 2008-2009 et les dépenses moyennes par soldat de la paix ont diminué de 16% en 5 ans, a-t-elle précisé. 

Avec son collègue des opérations de maintien de la paix, elle n’a pas manqué de rendre hommage aux 104 hommes et femmes qui sont morts, cette année, dans l’exercice de leurs fonctions. 

La Quatrième Commission se réunira demain, mercredi 29 octobre, à 10 heures, pour poursuivre son débat général sur l’étude d’ensemble de la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects. 

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Déclarations liminaires du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix et du Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions

M. HERVE LADSOUS, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a fait le point sur les efforts entrepris pour améliorer la capacité de maintien de la paix des Nations Unies et pour gérer les opérations de maintien de la paix (OMP).  À ce titre il a cité l’introduction de nouvelles technologies, les revues régulières des missions, l’élargissement de la base des contributeurs et la mise en place d’un nouveau bureau des partenariats stratégiques pour le maintien de la paix.  Il n’a pas manqué de souligner les besoins croissants de son Département.

« Nous avons atteint une échelle remarquable à la fois en termes de volume et en termes de missions, ce qui va de pair avec la complexité de nos missions » a rappelé M. Ladsous.  Les conflits actuels, quoique moins nombreux, sont plus profondément enracinés par rapport à il y a 20 ans, a-t-il précisé, citant les cas de la RDC, du Darfour et du Soudan du Sud qui en sont à leur deuxième ou troisième vague de conflit.  Ces conflits sont parfois compliqués d’une dimension régionale qui empêche leur règlement, a encore expliqué le Secrétaire général adjoint, qui a cité à l’appui de son propos le fait que près des deux tiers du personnel de maintien de la paix sont déployés dans des contextes conflictuels où les accords de paix sont fragiles, voire inexistants.  Les conflits actuels sont également de plus en plus intenses et impliquent souvent des groupes armés qui ont accès à des armes sophistiquées et qui sont à cheval entre groupes armés classiques et réseaux de criminalité transnationale voire, dans le cas du Mali, organisations terroristes.

Dans ce contexte global, le Conseil de sécurité a continué de faire appel aux missions de maintien de la paix avec des mandats larges et parfois robustes, a déclaré M. Ladsous.  Il n’en reste pas moins que les 117 000 personnes déployées dans 16 missions des Nations Unies sont confrontées à des défis en mutation constante et qu’il est essentiel que les États Membres qui contribuent, autorisent et financement les OMP puissent trouver ensemble des solutions innovantes pour répondre à cette nouvelle donne du maintien de la paix, a poursuivi le Secrétaire général adjoint.   

Dans ce sens, M. Ladsous estime que le moment est opportun pour lancer une revue des OMP, à l’initiative du Secrétaire général.  Ce dernier doit nommer un panel sous peu qui sera chargé de travailler étroitement avec les pays contributeurs de troupes et d’autres parties prenantes au maintien de la paix.  Il faudra également faire en sorte qu’il y ait des synergies entre l’examen de l’architecture du maintien de la paix et l’examen prévu de la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.  M. Ladsous a indiqué que le Secrétaire général présenterait son propre rapport sur ces questions avant la session de fond de l’Assemblée générale de 2015.  Ce rapport portera à la fois sur les missions de maintien de la paix et sur les missions politiques spéciales.

Dans le contexte actuel, le Secrétaire général adjoint voit la nécessité de traiter trois défis qui se relient entre eux pour le maintien de la paix de l’ONU.  Le premier est celui de la sécurité et de la sûreté des casques bleus.  « Nous sommes clairement la cible des groupes terroristes », avec toute la panoplie des techniques comme les embuscades, les prises d’otage et autres.  Ne serait-ce que pendant les deux premières semaines d’octobre, quinze casques bleus ont perdu la vie dans des attaques hostiles, s’est indigné M. Ladsous, qui a estimé que l’on ignorait délibérément que ces personnes étaient là pour servir la cause de la paix.  Il a fermement condamné toutes ces attaques et a appelé les pays hôtes des missions à faire la lumière sur ces agressions et à traduire en justice leurs responsables.  Dans le cas de la Force des Nations Unies chargée d'observer le désengagement (FNUOD, installée sur le plateau du Golan), le Département des opérations de maintien de la paix a réussi à trouver des solutions pour faire libérer tous les casques bleus pris en otage, a-t-il rappelé en insistant que la sécurité et la sûreté de ce personnel sont une responsabilité partagée entre le pays hôte, les Nations Unies et les États Membres. 

Pour M. Ladsous, il faut que les Nations Unies mettent à jour leurs politiques, tactiques et procédures pour faire face aux nouveaux défis, y compris par exemple pour trouver comment répondre aux engins explosifs improvisés dans ces environnements de conflits asymétriques.  Le Secrétaire général adjoint a également préconisé le renforcement des camps et bases de l’ONU et le durcissement des véhicules, ce qui n’est pas sans conséquence sur les ressources. Mais, « en 16 mois 33 morts, c’est énorme » a encore dénoncé M. Ladsous.

Le deuxième défi identifié par M. Ladsous est la protection des civils en situation de conflit.  Il faut pour cela disposer des ressources nécessaires car il n’est pas possible de protéger simplement par une présence.  Il a cité le cas du Soudan et de la RDC, où le Département a répondu fermement aux menaces à l’encontre des civils. En outre, il a cité comme  arrangement innovant la Task Force de Bangui en République centrafricaine, qui permet aux forces militaires et de police de collaborer étroitement pour sécuriser la capitale.  Malgré tous les efforts déployés, il n’est pas possible que les casques bleus protègent tout le monde, a toutefois rappelé M. Ladsous, pour qui et ce qui est vital c’est que les composantes militaires et de police sur le terrain fassent leur possible et que, parallèlement, le pays hôte réponde à la responsabilité qui lui incombe en termes de protection des civils.

Le troisième défi pour M. Ladsous est de tout faire pour créer les conditions favorables à la réconciliation.  Il s’agit d’un défi à la fois politique et de maintien de la paix. Le Secrétaire général adjoint a notamment soulevé la difficulté soulevée par les cas où il n’y a pas de « feuille de route » viable, comme par exemple au Darfour, où la communauté internationale n’a pas pu trouver les conditions politiques qui permettraient une véritable réconciliation nationale.  Pour lui, il ne fait pas de doute que la réconciliation est la seule voie durable pour la protection des civils et la sécurité du personnel de maintien de la paix sur le terrain.  À ce titre il a estimé qu’il fallait soutenir partout les efforts de bons offices des représentants spéciaux  du Secrétaire général et veiller à l’impartialité des missions.  De plus, il faut savoir saisir toute ouverture politique dès qu’elle se présente, ce qui suppose que l’on soit prêt et qu’on dispose de plans et d’expertise pour appuyer l’état de droit, les opérations de désarmement, démobilisation et réintégration, l’action anti-mines et le processus de démocratisation ainsi que les fonctions clefs du gouvernement pour consolider la paix, en étroite coopération avec les partenaires nationaux et de développement, a encore déclaré M. Ladsous.

À la lumière de ces défis, le Secrétaire général adjoint estime que plusieurs priorités s’imposent pour renforcer le maintien de la paix.  La première est la nécessité de renforcer les capacités du personnel en uniforme pour qu’il puisse s’acquitter de ses mandats tout en assurant sa propre sécurité.  Dans ce contexte, le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions ont mis au point un ordre du jour stratégique à moyen terme pour le personnel en uniforme.  Parmi les priorités de cette initiative, M. Ladsous a cité le déploiement rapide, les capacités existantes, la mobilité croissante des unités y compris de l’aviation, le soutien médical et l’amélioration des informations et de leur analyse.  Ce programme vient compléter les travaux actuels sur les normes pour le personnel militaire, a précisé M. Ladsous.  Une fois approuvé, son plan de mise en œuvre devrait être lancé début 2015.

Le Bureau pour les partenariats stratégiques dans le maintien de la paix est maintenant opérationnel, a annoncé M. Ladsous.  Il travaille en étroite coopération avec les pays contributeurs de troupes et fait des recommandations sur les moyens d’améliorer la sécurité et le bien-être du personnel en uniforme tout en tenant compte des enseignements tirés des meilleures pratiques de toutes les OMP.

M. Ladsous a mis l’accent sur le fait que les forces devaient être dotées des capacités dont elles ont besoin, rappelant que Département avait toujours besoins de 20 hélicoptères militaires.  Il a annoncé que de nouvelles dispositions pour le remplacement du matériel de contingents plus anciens étaient en cours et qu’une nouvelle prime serait accordée pour une performance exceptionnelle en situation de haut risque.

S’agissant de l’intérêt des nouvelles technologies quand elles sont utilisées de manière appropriée, M. Ladsous a rappelé que l’année dernière le Département des opérations de maintien de la paix avait lancé l’utilisation de drones en RDC pour suivre les mouvements des groupes armés et protéger les populations vulnérables.  À cet égard, le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’appui aux missions ont créé un groupe de haut niveau sur les technologies et l’innovation qui devrait pouvoir bientôt partager les résultats de ses études. 

M. Ladsous s’est dit conscient que, pour disposer des capacités requises, il fallait impérativement élargir la base actuelle des contributeurs au maintien de la paix.  Lors du Sommet sur le renforcement des opérations de maintien de la paix internationales, qui s’est tenu en marge du débat général de la 69ème session de l’Assemblée générale, 30 pays ont réaffirmé leurs engagements et ont annoncé de nouvelles contributions militaires et de police, a rappelé M. Ladsous ,qui s’en est félicité.  Des réunions de suivi sont prévues tout au long de 2015.

Une troisième priorité pour le Département des opérations de maintien de la paix consiste à renforcer sa coopération et les partenariats avec les organisations régionales qui jouent un rôle de pont. Les acteurs régionaux sont, pour M. Ladsous, des partenaires vitaux pour les arrangements politiques et d’autres aspects du règlement de crises.  À ce titre le Secrétaire général adjoint dédie une partie importante de son temps à renforcer les relations avec l’Union africaine, l’Union européenne, la CEDEAO, la CEEAC, et l’OTAN, entre autres.

La quatrième priorité porte sur l’amélioration de la collecte et de  l’analyse des informations afin de pouvoir prendre des décisions éclairées. A cet égard la technologie est un atout puissant.   

La cinquième priorité porte sur la performance du personnel de maintien de la paix. La communauté internationale et la population des pays-hôte attendent une performance et des standards de plus en plus élevés de la part du personnel de maintien de la paix, a noté le Secrétaire général  adjoint. Il a assuré qu’il veillait à ce que la politique de tolérance zéro, ainsi que les nouvelles directives du Département pour la conduite personnelle de ceux qui travaillent dans la famille onusienne soient respectées. 

Enfin, la sixième priorité vise à étendre l’autorité de l’État sous forme de présence de la police, des tribunaux, des prisons et des autorités locales pour que les pays puissent construire et maintenir la paix eux-mêmes.  Cela implique une planification intégrée et des arrangements financiers correspondants, a souligné M. Ladsous, pour qui toute paix durable passe par des institutions locales légitimes qui fonctionnent. 

En termes d’innovation, le Département des opérations de maintien de la paix  s’efforce de faire preuve d’une bonne gestion de ses ressources et capacités civiles, à travers un exercice de revue périodique de toutes ses missions pour assurer une allocation optimale des moyens techniques et humains, a indiqué M. Ladsous.

« Au final le maintien de la paix est un instrument politique qui dépend du soutien politique de la communauté internationale » a estimé le Secrétaire général adjoint.  Avec une panoplie d’intervenants aussi large, les changements systématiques représentent un défi.  Parallèlement, les besoins sur le terrain ne suivent pas le rythme des organisations internationales.  Chaque année depuis six ans, plus de 100 casques bleus ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions, a rappelé M. Ladsous, qui leur a rendu hommage. 

« L’énormité de la souffrance humaine dans les pays où nous opérons est immense et exige une réponse collective de nous tous », a rappelé M. Ladsous, qui a répété en conclusion que l’examen des OMP lancé par le Secrétaire général représentait une occasion opportune pour agir en ce sens.

Mme AMEERA HAQ, Secrétaire générale adjointe à l’appui aux missions, a salué le personnel militaire et civil déployé dans le cadre des opérations de maintien de la paix (OMP), dont les efforts concourent, souvent dans des circonstances extrêmes, au renforcement de processus de paix fragiles et à la protection des populations civiles aux prises avec des adversaires armés toujours plus nombreux. 

La Secrétaire générale adjointe a également rendu hommage aux 104 hommes et femmes ayant trouvé la mort, cette année, dans l’exercice de leurs fonctions, souhaitant que ce bilan tragique « nous rappelle la solennité de notre quête collective ». 

Mme Haq a consacré son intervention, d’une part, au cadre stratégique au sein duquel opère le Département de l’appui aux missions (DAM) et aux difficultés qu’il rencontre dans l’accomplissement de sa tâche et, d’autre part, aux principales priorités opérationnelles du DAM et les avancées enregistrées par ce dernier. 

Soulignant les progrès accomplis par le DAM, la Secrétaire générale adjointe a notamment cité la mise en œuvre de la stratégie globale d’appui aux missions, dont l’objectif est de renforcer l’efficacité et la réactivité de l’appui aux missions.  Alors que cette stratégie prendra fin le 1er juillet prochain, conformément au calendrier prévu, Mme Haq a exhorté les États Membres à tirer les leçons de cette expérience, et en particulier du déroulement de missions aussi uniques que la Mission conjointe de l’Organisation des Nations Unies chargée du démantèlement du programme d’armes chimiques de la République arabe syrienne et de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre l’Ebola. 

Les conditions de maintien de la paix sont de plus en plus complexes, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe, ajoutant que les tâches toujours plus difficiles dont doit s’acquitter le personnel onusien dans le cadre des OMP, comme le fait d’accueillir des populations civiles dans les bases de l’ONU ou d’opérer en situation de guerre civile, reflétaient cette complexité. 

Dans ces conditions, les soldats de la paix sont désormais à la pointe des efforts pour mettre un terme aux violations des droits de l’homme, s’est félicitée Mme Haq, précisant que le DAM apportait un appui à plus de 127 000 personnels déployés dans plus de 30 pays, dont la Mission de l’Union africaine en Somalie et les missions politiques spéciales. 

À l’heure actuelle, a-t-elle précisé, 40% des zones d’intervention des OMP sont catégorisées comme relativement, fortement ou extrêmement dangereuses, soit une augmentation importante par rapport à il y a trois ans, lorsque ce chiffre était de 25%. 

Dans le cadre des réformes entreprises par le DAM sous l’impulsion de la stratégie globale d’appui aux missions, sur la période 2013-2014, les coûts opérationnels pour l’ensemble des OMP ont avoisiné 500 millions de dollars, soit 20% de moins que sur la période 2009-2010, s’est-elle félicitée, affirmant qu’un tel résultat a pu être obtenu grâce à la réalisation d’économies d’échelle en matière financière, de ressources humaines et de transports.  Plus de 3000 postes d’appui aux OMP ont ainsi été supprimés depuis 2008-2009 et les dépenses moyennes par soldat de la paix ont diminué de 16% en cinq ans.  Un programme de réforme aussi ambitieux n’est pas sans présenter certaines difficultés, a reconnu Mme Haq, précisant que le DAM se doit d’être encore plus réactif, rentable et transparent. 

Concernant la responsabilité du personnel, le DAM reste pleinement engagé à prévenir et lutter contre les inconduites commises par le personnel déployé, en particulier l’exploitation et les atteintes sexuelles, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe.  Sur ce point, Mme Haq a appuyé fermement la politique de tolérance zéro définie par le Secrétaire général, soulignant à ce sujet que le nombre de signalements de soupçon de fautes reçus a continué de décliner au cours des deux dernières années. 

Pour Mme Haq, les priorités immédiates concernant le maintien de la paix sont le renforcement de la sûreté et de la sécurité, l’amélioration de la rapidité des déploiements, l’encouragement de l’usage approprié de la technologie et des innovations et le renforcement des procédures internes clefs. 

Les soldats de la paix doivent disposer de ressources adaptées aux défis qu’ils rencontrent sur le terrain, a-t-elle précisé, citant notamment une bonne connaissance de la situation, des manuels à jour et un équipement efficace.  Ils doivent également être préparés, formés et équipés afin de se prémunir contre toutes les menaces, y compris le terrorisme et des épidémies comme Ebola, a-t-elle ajouté. 

Trop souvent, l’absence d’adéquation entre le déploiement des troupes et la mobilisation de l’appui sur le terrain met le personnel dans des situations difficiles, a constaté  Mme Haq, comme l’ont montré les exemples du Mali et de la République centrafricaine. 

Par ailleurs, la Secrétaire générale adjointe s’est prononcée pour une utilisation plus adaptée de la technologie afin d’aider les soldats de la paix à accomplir leur mission de façon plus efficace.  A ce titre, elle a salué la création d’un Groupe d’experts sur la technologie et l’innovation qui sera chargé de formuler des recommandations en décembre prochain.  La Secrétaire générale adjointe a également salué l’utilisation d’engins sans pilote dans le cadre de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo. 

La Secrétaire générale adjointe s’est par ailleurs félicitée des récentes avancées concernant le remboursement des pays fournisseurs de contingents.  Les États membres se sont notamment mis d’accord sur un nouveau taux de remboursement pour le personnel déployé, qui était resté inchangé depuis de nombreuses années, a-t-elle expliqué, précisant qu’en plus de l’élévation de ce taux, l’Assemblée générale a autorisé le paiement de deux primes pour les risques opérationnels et le déploiement rapide de capacités habilitantes. 

Grâce au Groupe de travail sur le matériel appartenant aux contingents, l’Assemblée générale a également permis d’enregistrer des avancées significatives ayant trait au renforcement du matériel médical sur le terrain et des capacités de maîtrise des foules des unités de police. 

En conclusion, Mme Haq s’est félicitée de la mise en œuvre du progiciel de gestion intégré Umoja, dont le fort potentiel pour aider à mieux planifier et gérer les OMP a déjà eu des effets positifs. 

Débat général

S’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCIA (Costa Rica) a réitéré le rôle central des opérations de maintien de la paix et souligné l’importance de renforcer leurs capacités opérationnelles et leurs structures d’organisation.  Il a rappelé que ces opérations étaient l’outil le plus efficace pour aider les pays à sortir des conflits et à bâtir la paix.  « En établissant des opérations de maintien de la paix ou en élargissant le mandat d’opérations existantes, les objectifs et principes de la Charte de l’ONU doivent être strictement respectés, en particulier pour ce qui a trait au respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale, de l’indépendance politique et du principe de non-ingérence dans les affaires internes », a affirmé le représentant, avant d’énumérer les principes sur lesquels reposent ces opérations: consentement des parties et usage de la force uniquement en cas de légitime défense ou de défense du mandat de la mission. 

Le représentant a estimé que pour être réellement efficaces, ces opérations doivent disposer dès le départ d’un soutien politique, de ressources humaines, logistiques et financières suffisantes et d’un mandat clairement défini et réalisable.  « Il est indispensable que chaque mission ait une stratégie de sortie avant même de démarrer », a-t-il ajouté, avant d’insister sur l’importance de l’évaluation de la situation avant tout retrait de Casques bleus pour assurer une transition viable, en prenant en compte l’état des capacités nationales réelles de l’État d’accueil.  « Cette évaluation doit se fonder sur des critères objectifs, être adaptable et se faire en fonction de la situation politique et sécuritaire du pays, avant une mise en œuvre du retrait de manière graduelle et progressive », a-t-il précisé. 

Dans ce contexte, la CELAC a souligné l’importance du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, le qualifiant « d’organisme intergouvernemental unique et irremplaçable, adapté pour passer en revue toutes les questions soulevées par les missions de maintien de la paix ».  Citant la création « sans précédent » d’une Brigade d’intervention au sein de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), le représentant a souligné la nécessité de renforcer la coordination entre le Comité spécial, le Conseil de sécurité, la Commission des opérations de maintien de la paix, la Cinquième Commission et les autres organes de l’ONU, tels que le Département des opérations de maintien de la paix, le Département de l’appui aux missions et le Département des affaires politiques. 

Le représentant a également appuyé la poursuite des réunions privées entre le Comité des pays fournissant des contingents et le Conseil de sécurité, précédant toute consultation ou décision concernant l’avenir d’une mission de maintien de la paix. 

« La CELAC reconnaît la complexité croissante des missions politiques spéciales et leurs relations avec les opérations de maintien de la paix et réaffirme son appui à des discussions visant à les rendre plus transparentes, efficaces et responsables », a poursuivi le représentant, avant d’exprimer son soutien aux efforts destinés à éliminer et à prévenir les actions répréhensibles de Casques bleus, en particulier la politique de tolérance zéro sur les abus sexuels. 

En conclusion, le représentant a rappelé qu’il ne pouvait « pas y avoir de paix durable, sans efforts pour lutter contre la pauvreté, la faim et les inégalités » avant de se prononcer pour le renforcement de la coordination entre les opérations de maintien de la paix et les institutions, les fonds et les programmes de l’ONU.  Il a souligné enfin que le système des opérations de maintien de la paix reposait sur les contributions des États « qui doivent être remboursés de manière efficace et rapide ». 

S’exprimant au nom du Canada, de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie, M. ALAN GRIFFIN (Australie) a apporté son soutien aux efforts en cours pour l’élaboration de manuels militaires des Nations Unies et au Bureau du partenariat stratégique pour le maintien de la paix.  Il a préconisé le renforcement de la coopération entre ce bureau, les missions de maintien de la paix et les pays contributeurs de troupes. 

Soulignant l’importance de la formation des Casques bleus pour l’efficacité de leurs missions, le représentant a plaidé pour l’intégration de l’apprentissage en ligne dans la formation des soldats de la paix.  « Dans certains domaines, cela permet de normaliser des formations facilement accessibles et à moindre coût », a-t-il estimé, avant de souligner les besoins croissants de policiers dans les missions et de saluer les efforts déployés par la Division de la police de l’ONU. 

Citant les crises au Nigéria, en Syrie, en Iraq et au Soudan du Sud, le représentant a déploré que les violences sexuelles restent « une horrible réalité des conflits ».  Dans ce contexte, il a salué les positions récentes du Conseil de sécurité sur la violence sexuelle dans les conflits et le renforcement de la participation des femmes dans la résolution des conflits et la promotion d’une paix durable.  Se prononçant pour une augmentation du nombre de femmes dans les missions de maintien de la paix. 

Rappelant également que la protection des civils restait un élément central de la crédibilité et de l’efficacité des missions de maintien de la paix, le représentant a plaidé pour la conception de stratégies proactives et préventives, encourageant l’élaboration de guides de bonnes pratiques. 

Abordant enfin la question des moyens à la disposition des Casques bleus, le représentant a salué l’utilisation de drones non armés par la MONUSCO, ainsi que celle par d’autres missions comme la MINUSMA, l’UNMISS et la MINUSCA.  Il a en revanche déploré le manque d’hélicoptères à la disposition des missions de maintien de la paix, réitérant son appel au Secrétariat de l’ONU pour qu’il améliore les procédures d’engagements d’hélicoptères sur les terrains d’opération.  Il a également appelé à de nouveaux efforts pour renforcer la capacité des Casques bleus à localiser et à gérer le flux illicite des armes légères et de petit calibre. 

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. ORGROB AMARACHUL (Thaïlande) a souligné que les opérations de maintien de la paix ont « clairement montré la capacité des États Membres à œuvrer ensemble pour assurer ou maintenir la paix dans les régions les plus difficiles du monde ».  Il a également salué le rapport du Comité spécial des opérations de maintien de la paix qui fournit des orientations politiques importantes et répond aux nouveaux défis auxquels sont désormais confrontées les missions de maintien de la paix. 

Rappelant les risques auxquels sont désormais exposés les Casques bleus – virus Ebola, attaques de groupes extrémistes ou terroristes, le représentant a estimé que la question de la sécurité des soldats de la paix devait devenir une priorité.  « L’ASEAN condamne, dans les termes les plus forts, tous les actes de violence visant des Casques bleus et appelle à des efforts plus intenses pour régler ce problème en urgence », a-t-il déclaré, avant d’insister sur l’importance de fournir aux missions un soutien matériel, financier et politique adapté à la réalité du terrain.  Il s’est par ailleurs félicité de la décision de la Cinquième Commission d’augmenter le taux de remboursements des pays contributeurs de troupes. 

« L’ASEAN réaffirme que toute mission de maintien de la paix doit se conformer aux principes de la Charte de l’ONU, en particulier pour ce qui concerne le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, et que chaque mandat doit être clair, réaliste et réalisable, avec des ressources adéquates pour le remplir », a poursuivi le représentant, avant de souligner que le succès des missions « ne s’évalue pas uniquement avec la fin d’un conflit, mais aussi par leurs capacités à établir et à maintenir une paix durable ». 

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. OMAR HILALE (Maroc) a salué le rôle essentiel des pays fournisseurs de contingents, tout en précisant qu’il n’est plus acceptable que ces derniers subventionnent eux-mêmes les opérations de maintien de la paix (OMP). 

En raison d’un accroissement de la demande et de la complexité des tâches à accomplir, a déclaré M. Hilale, les responsabilités attribuées aujourd’hui aux différents mandats de maintien de la paix dépassent non seulement le cadre de leurs fonctions politique et militaire, mais aussi leur capacité de mise en œuvre opérationnelle. 

La multiplication des activités constatée dans le cadre des OMP rend nécessaire, entre autres, une capacité accrue d’évaluation des situations de conflit, une planification plus efficace sur la base d’informations précises et une plus grande réactivité face aux situations d’urgence, a estimé le représentant.  Les OMP ne doivent ni se substituer à un examen approfondi des causes des conflits, ni devenir un instrument de gestion des conflits, a-t-il ajouté. 

Exhortant le Secrétariat à fournir des détails supplémentaires concernant la portée et les modalités de l’examen des OMP des Nations Unies annoncé en juin dernier par le Secrétaire général, M. Hilale a réaffirmé la nécessité d’un contrôle intergouvernemental sur toute question ayant trait au développement de concepts, politiques et stratégies en matière de maintien de la paix. 

En particulier, le représentant a insisté sur la nécessité de respecter les principes de la Charte de l’Organisation dans la mise en œuvre des OMP, à savoir le consentement des parties, le non-emploi de la force sauf en cas de légitime défense et l’impartialité, de même que le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les États Membres. 

Le représentant a également souligné l’importance du consensus et de la prise de décision collective dans la mise en œuvre des opérations de maintien de la paix, exhortant le Secrétariat à ne prendre aucune décision n’ayant préalablement fait l’objet d’un accord intergouvernemental. 

M. Hilale a demandé à ce que la mise en œuvre des OMP se fasse dans le plus grand respect du pays d’accueil et de ses lois nationales, tout en insistant sur la nécessité de ne pas changer le mandat des OMP sans consultation préalable des pays fournisseurs de contingents. 

Le représentant a exhorté le Conseil de sécurité à ne pas prendre d’initiatives hâtives en matière de maintien de la paix ou dénuées de mandats clairs, d’objectifs réalisables et de ressources suffisantes, soulignant la nécessité d’articuler les objectifs avec leur mise en œuvre sur le terrain. 

M. Hilale a également appelé à inclure systématiquement les pays fournisseurs de contingents dans les processus de décision et a exprimé son inquiétude face aux atteintes à la sûreté et la sécurité du personnel onusien sur le terrain.  Il a en outre souligné le besoin d’accorder plus d’importance aux stratégies de désengagement des OMP. 

Le représentant s’est prononcé en faveur d’une plus grande intégration des efforts de maintien de la paix, d’une part, et de consolidation de la paix, d’autre part.  Il a également exprimé le besoin de renforcer la protection des populations civiles sur le terrain, sans que cette dernière ne soit instrumentalisée pour justifier des interventions militaires. 

En outre, M. Hilale a appelé l’Organisation à appuyer d’avantage les activités de police dans le cadre des OMP et à intensifier son soutien, notamment financier, à la conclusion d’accords régionaux, s’agissant tout particulièrement des actions entreprises par l’Union africaine. 

Tout en saluant les récentes avancées concernant le remboursement des pays fournisseurs de contingents, le représentant a réaffirmé sa conviction en un processus de discussion inclusif quant à la mise en œuvre de la stratégie globale d’appui aux missions.  M. Hilale a en outre souhaité, en conclusion, que l’examen des OMP se fasse dans un cadre plus large que celui des 34 États Membres représentés au Comité spécial des opérations de maintien de la paix. 

M. IOANNIS VRAILAS, Union européenne, a rappelé que les missions de maintien de la paix étaient « un instrument vital pour la paix et la sécurité ».  Soulignant que les opérations de maintien de la paix avaient considérablement évolué suivant la transformation des conflits, notamment avec l’intervention d’acteurs non étatiques, le représentant a appelé les missions de maintien de la paix à s’adapter, en adoptant des stratégies proactives et multidimensionnelles, n’impliquant plus seulement les aspects militaires mais civils et politiques également.   

Le représentant a souligné la place centrale que la protection des civils doit occuper dans les missions de maintien de la paix, soulignant la nécessité de l’intégrer à « des mandats robustes ».  « La prévention des atrocités commence avec le plein respect des droits de l’homme », a-t-il poursuivi, avant de rappeler l’importance d’empêcher l’impunité en poursuivant les auteurs de tels crimes pour éviter qu’ils ne se reproduisent.  À cet égard, il a indiqué que l’Union européenne s’engageait à aider les États à renforcer leurs systèmes judiciaires nationaux afin de leur permettre d’enquêter et de poursuivre les auteurs.  « L’Union européenne soutient fermement la Cour internationale de Justice », a-t-il indiqué, rappelant que celle-ci pouvait se substituer aux juridictions nationales si ces dernières ne sont pas en mesure ou n’ont pas la volonté d’engager des poursuites. 

En conclusion, le représentant a appelé à de nouveaux efforts pour renforcer la parité au sein des missions de maintien de la paix, en augmentant le nombre de femmes Casques bleus et en intégrant une démarche sensible à la problématique hommes-femmes dans la formation et l’entraînement des Casques bleus, du personnel civil et des policiers travaillant dans les missions.  Enfin, il a encouragé l’utilisation de nouvelles technologies dans les missions et insisté sur la nécessité de renforcer la sécurité et les équipements des soldats de la paix. 

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