En cours au Siège de l'ONU

Soixante-neuvième session
14e séance – après-midi
CPSD/566

Quatrième Commission: des délégations balayent les craintes liées à l’élargissement du Comité sur les rayonnements ionisants dont les travaux ont été salués

Avant d’adopter, sans vote, un projet de résolution saluant les travaux du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants, la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation a entendu, cet après-midi, plusieurs délégations balayer les craintes liées à l’élargissement du Comité.

Par son projet de résolution, la Commission recommande à l'Assemblée générale de féliciter le Comité scientifique de sa précieuse contribution à l’action menée pour faire mieux connaître et comprendre les niveaux, les effets et les dangers des rayonnements ionisants, ainsi que pour la compétence scientifique et l’indépendance de jugement avec lesquelles il s’acquitte du mandat qui lui a été confié à l’origine. 

Si elle suit sa Commission, l’Assemblée générale se féliciterait de la publication, en 2014, du rapport complet sur les niveaux d’exposition aux rayonnements et les effets connexes résultant de l’accident nucléaire survenu à la suite du violent séisme et tsunami qui ont frappé l’est du Japon en 2011.  Elle encouragerait le Secrétariat à continuer d’informer le public des conclusions qu’il contient.

Créé en 1955, le Comité scientifique a pour mandat d’évaluer de manière générale les sources de rayonnements ionisants et leurs effets sur la santé humaine et l’environnement.  Il étudie et évalue de manière approfondie les expositions à ces rayonnements aux niveaux mondial et régional, leurs effets sur la santé des groupes exposés et les progrès réalisés dans la compréhension des mécanismes biologiques pouvant conduire à des effets radio-induits sur la santé humaine ou encore sur la faune ou la flore. 

En 2014, le Comité a rendu public son rapport final sur la catastrophe de Fukushima et le Japon, dont le représentant avait dénoncé, l’an dernier, les conclusions préliminaires et souhaité un rééquilibrage des propos.  Cette année, il s’est dit particulièrement satisfait devant un rapport final qui indique, entre autres, que les taux de cancer resteraient stables après l’accident.  Son homologue de la Chine a invité le Comité à finaliser sa tâche « avec le niveau de professionnalisme habituel », en particulier pour ce qui est de l’évaluation des niveaux d’exposition et de radiation après l’accident de Fukushima et de leur impact sur les enfants. 

Dans sa déclaration liminaire, le Président du Comité, M. Carl-Magnus Larson, a insisté sur le fait que le Comité ne s’occupe pas de politique et qu’il était respecté du fait de son objectivité et de son indépendance.  « Le Comité a fait preuve de souplesse dans ses rapports sur les conséquences de l’accident de Fukushima », a-t-il indiqué.

Abordant les deux annexes scientifiques sur l’exposition aux radiations provoquées par la production électrique et sur la méthodologie utilisée pour évaluer les conséquences sur l’homme d’une exposition aux radiations provoquée par les rejets radioactifs, le représentant de l’Inde s’est dit préoccupé par « le manque d’information et les méthodes erronées » basées sur « des hypothèses génériques ».  Il a précisé que les préoccupations et les suggestions de son pays ont été envoyées pour être intégrées aux annexes révisées.

Lors de sa création, le Comité comptait 15 membres.  Sa composition a été ensuite élargie à plusieurs reprises par l’Assemblée générale, la dernière fois en 2011, lorsqu’elle a porté le nombre des membres de 21 à 27.  Aujourd’hui le représentant de l’Iran a contesté la conclusion du Secrétaire général selon laquelle « l’élargissement de la composition du Comité n’est pas le meilleur moyen de renforcer l’efficacité et la qualité de ses travaux ».  Pour l’Iran, rien ne devrait empêcher un État qui a les experts et les scientifiques de haut niveau de devenir membre du Comité.  Son représentant a également regretté que le principe de la représentation géographique équitable ne soit pas appliqué à la composition du Comité. En attendant d’y parvenir, il n’a pas été le seul à  proposer le principe de la rotation des sièges.

Son homologue de l’Ukraine a invité le Comité à profiter des commémorations en 2016 du Cinquième anniversaire de la catastrophe de Fukushima Daiichi et du trentième anniversaire de celle de Tchernobyl, pour mener des activités de plaidoyer et de sensibilisation.  Le représentant de l’Iraq a souhaité que les États qui ont utilisé des armes et munitions radioactives sur son territoire l’aident à identifier et confiner les espaces pollués.  Celle des iles Salomon a demandé aux Nations Unies de diligenter une étude indépendante sur les conséquences environnementales et sanitaires des 30 années d’essais nucléaires dans le Pacifique pour que des mesures concrètes soient prises et pour réparer l’injustice faite aux peuples de la région en les exposant aux radiations nucléaires.

La Quatrième Commission tiendra sa prochaine réunion mardi 28 octobre, à 10 heures, pour commencer l’examen de « l’étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects ».  

EFFETS DES RAYONNEMENTS IONISANTS (A/69/46) ET (A/69/350)

Rapport du Secrétaire général sur les incidences de l’augmentation du nombre des membres du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants et les possibilités envisageables pour un élargissement ultérieur

Le Secrétaire général rappelle qu’à l’origine, en 1955, le Comité comptait 15 membres, puis a été élargi en 1973, en 1986 et en 2011, pour une dernière augmentation du nombre des membres à  27.  Dans ses conclusions, le Secrétaire général avoue que la période considérée, soit 2012-2014, est trop courte pour tirer suffisamment d’enseignements et formuler des conclusions bien tranchées concernant l’incidence de la décision de porter à 27 le nombre d’États membres sur l’efficacité et la qualité des travaux du Comité à long terme.  En outre, sur près de 60 ans d’existence, le Comité a vu le nombre de ses États membres presque doubler, alors que la répartition géographique est restée à peu près stable.

Le Comité ayant un caractère scientifique, il lui faut s’assurer le concours d’experts de renommée internationale dans les domaines pertinents.  L’élargissement de sa composition n’est donc pas le meilleur moyen de renforcer l’efficacité et la qualité de ses travaux.  Ce qui importe surtout, c’est de savoir si le Comité a accès aux données et aux connaissances spécialisées que les organismes compétents des États Membres de l’ONU dans leur ensemble peuvent fournir.  La prise en compte de cette question devrait offrir davantage de possibilités d’améliorer les travaux du Comité et d’affermir sa réputation.  Le secrétariat peut envisager d’apporter des changements dans la gestion et l’organisation du Comité, qui pourraient dans la pratique prévoir la participation d’un plus grand nombre de scientifiques et d’organismes plus spécialisés de nombreux États Membres, ce qui pourrait sensiblement contribuer aux travaux du Comité.

Une telle approche exigerait une plus grande souplesse que ce n’est le cas actuellement, étant donné que l’adhésion doit être négociée officiellement dans le cadre de l’Assemblée générale.  Le Comité a décidé de formuler, à sa soixante-deuxième session, des orientations stratégiques à long terme allant au-delà de la période couverte par son plan stratégique actuel 2014-2019, de façon à éclairer les futures délibérations de l’Assemblée générale sur le nombre d’États membres du Comité.

Pour l’examen de cette question, la Commission était en effet saisie du Rapport du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants sur sa soixante et unième session, du 21 au 25 juillet 2014 (A/69/46)

Présentations par le Président et le Secrétaire du Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants

M. CARL-MAGNUS LARSSON (Australie), Président du Comité scientifique, qui s’exprimait par visioconférence depuis Sydney, a présenté les activités menées par le Comité depuis l’année dernière.  Il a surtout prévenu que nous sommes tous exposés à des rayonnements ionisants.  En temps normal, les expositions proviennent pour l’essentiel de sources naturelles, que ce soit de l’espace, du sol ou encore des aliments que nous consommons.  La dose de rayonnements ionisants d’origine naturelle reçue par un être humain est en moyenne de 2,4 milli-Sieverts.  Avec des variations de de 1 à 10 milli-Sievert selon les lieux où la personne se trouve.  S’y ajoute une exposition due aux activités humaines, qui est en moyenne de 0,6 milli-Sievert par an au niveau mondial, mais qui pourrait augmenter, notamment dans les pays où les soins de santé, dont les plus modernes font souvent appel aux rayonnements ionisants, sont encore limités.  En outre certaines catégories de travailleurs sont davantage exposées, en particulier les agents des services d’urgence ou de radiologie et les agents de l’industrie nucléaire.  Selon les études scientifiques, l’exposition aux rayonnements ionisants peut avoir un impact sur l’appareil reproductif, mais M. Larsson a fait observer qu’aucune étude épidémiologique n’a pu mettre cet impact en évidence, lequel n’est donc pas perçu. 

Le Comité, a poursuivi son Président, a eu beaucoup de travail ces dernières années du fait de l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi, qui a quelque peu retardé les autres activités.  Il a rappelé qu’un rapport préliminaire avait été présenté en 2013 et le rapport final en mai de cette année.  La traduction intégrale en japonais est en cours.  Les conclusions du rapport ont également été présentées à la population de la région de Fukushima en plus de la communauté scientifique et de la presse.  Le Président a affirmé que l’évaluation du Comité, malgré des critiques, avait été accueillie favorablement.

Il a souligné que les études du Comité sur l’exposition aux rayonnements ionisants due à la production d’électricité et leur méthodologie avaient beaucoup avancés et devraient être rendues publiques en 2015 ou en 2016.  De même, l’évaluation de l’épidémiologie des cancers causés par l’exposition à faible débit au rayonnement ambiant progresse. 

Le Comité ne s’occupe pas de questions politiques, a insisté, à plusieurs reprises, M. Larsson, qui a rappelé que c’est du fait de son objectivité et de son indépendance que le Comité est respecté.  Le Comité, a-t-il conclu, a fait preuve de souplesse dans ses rapports sur les conséquences de l’accident de Fukushima Daiichi.

Échange interactif

L’incidence de l’augmentation du nombre des membres du Comité et les possibilités envisageables pour un élargissement ultérieur a été présentée par M. MALCOM CRICK, Secrétaire du Comité qui a jugé nécessaire de modifier les mécanismes de financement pour réduire les coûts de la participation des membres dont le nombre ne cesse d’augmenter.  Le représentant de l’Iran a estimé que le financement ne devrait pas être un obstacle.  Le budget du Comité est de toute façon dérisoire par rapport à celui d’autres organismes aux fonctions similaires. Rejetant un rapport qui s’oppose de fait à l’augmentation des membres, il a proposé un système de rotation.  

Ses homologues du Lesotho et de Cuba ont en effet demandé quels facteurs faut-il prendre en compte pour renforcer l’efficacité si l’augmentation du nombre des membres n’est pas une garantie?  Le Secrétaire du Comité a reconnu qu’il appartient aux États Membres d’arrêter les critères face à une situation où des États ont les connaissances que d’autres cherchent à acquérir.  En conséquence, les nouveaux arrivants n’ont pas forcément les compétences pour faire des analyses scientifiques aux normes les plus élevées.

Débat général

M. MATEO ESTREME (Argentine) au nom du MERCOSUR, a rendu hommage aux travaux réalisés depuis 1955 par le Comité.  La résolution par laquelle l’Assemblée générale a créé ce Comité a été l’une des plus grandes contributions à la science, a-t-il estimé.  Le MERCOSUR se félicite du rapport du Comité dont les activités témoignent de l’importance de l’impact des rayonnements ionisants sur les êtres humains, a déclaré le représentant, qui s’est dit satisfait des différentes études réalisées, y compris celles qui concernent l’impact de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi et ses effets sur les enfants.  Le MERCOSUR appuie le programme de travail du Comité, notamment les études sur l’exposition aux rayonnements ionisants due à la production d’électricité et à la méthodologie actualisée d’estimation de l’exposition humaine aux rejets radioactifs.  Les tragédies de Tchernobyl et de Fukushima Daiichi nous rappellent qu’il existe un devoir de précaution dans l’utilisation de ces technologies, a encore déclaré le représentant. 

M. IOANNIS VRAILAS, Union européenne, s’est félicité des résultats de la soixante et unième session du Comité scientifique et a estimé que les travaux ont joué un rôle important dans la compréhension scientifique de l’exposition aux rayons ionisants et de ses conséquences sur l’environnement.  « Le Comité est essentiel pour fournir de l’information à la communauté internationale dans différents domaine », a-t-il déclaré, avant de salué le rapport du Comité sur les effets de l’exposition aux radiations atomiques due à l’accident de Fukushima.  « Nous reconnaissons le travail étendu des délégations, des experts et du Secrétariat, et la qualité du rapport », a-t-il encore ajouté.  Le représentant a également salué la décision du Comité de mettre au rang de ses priorités les questions liées à l’exposition médicale aux rayons ionisants, ainsi que la proposition visant à consacrer une partie de sa prochaine session aux conséquences de l’exposition du public à des sources naturelles ou industrielles de radiations.  En conclusion, il a salué la volonté du Comité de consacrer un examen élargi des conséquences des rayons ionisants sur les enfants.

M. DAVID FORÉS RODRÍGUEZ (Cuba) a dit que Hiroshima et Nagasaki sont des exemples toujours vivaces de l’impact dévastateur de l’arme nucléaire et de l’exposition aux rayonnements ionisants.  Il a mis l’accent sur le programme humanitaire « Tararà » par le biais duquel Cuba a traité des milliers d’enfants touchés par l’accident de Tchernobyl.  Le travail des services de santé cubains a permis à la communauté internationale d’acquérir des données intéressantes sur la contamination interne des nouveaux nés dans les zones touchées par l’accident de Tchernobyl.  Ces informations sont utilisées par l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et le Comité scientifique lui-même, s’est enorgueilli le représentant, avant de mettre l’accent sur l’importance de la coopération internationale pour garantir une utilisation exclusivement pacifique de l’énergie nucléaire.

M. RICARDO ALDAY (Mexique) a déclaré que les informations rassemblées depuis six décennies par le Comité scientifique avaient été des plus utiles pour les Nations Unies, les gouvernements et les autres organisations.  Elles ont non seulement contribué à la formulation des normes internationales pour la protection de la population en général contre les rayonnements ionisants mais aussi à leur transcription dans les législations nationales.  Les résultats des travaux du Comité ont également permis de renforcer les délibérations des deux Conférences sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires tenues à Oslo en 2013 puis à Nayarit, au Mexique, en 2014.  Ces deux Conférences ont réaffirmé que l’impact humanitaire des armes nucléaires constitue une préoccupation majeure qui doit être à l’ordre du jour des enceintes de désarmement nucléaire, a ajouté le représentant.  Le Mexique considère que la sensibilisation à ces questions à laquelle ont contribué ces Conférences est de la plus haute importance.  Le représentant a appelé tous les États à assister à la troisième Conférence qui aura lieu en décembre prochain à Vienne.

M. CARLOS MARÍA VALLARINO (Argentine) a souligné à nouveau l’importance des études effectuées par le Comité scientifique sur l’accident de Fukushima et les effets de l’exposition des enfants aux rayonnements ionisants.  Il a dit l’urgence pour le Comité de parachever ses études afin de parvenir à une compréhension exhaustive de ces questions.  Il a souhaité que le rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur les conséquences de Fukushima soit achevé en 2015.  Les conclusions du Comité scientifique et celles de l’AIEA doivent être cohérentes, a-t-il aussi souhaité.  Il a demandé une étude plus approfondie des effets de certains radionucléides tels que l’iode et le césium ainsi que la poursuite des études épidémiologiques sur les cancers dus aux faibles doses de rayonnement.

Pour M. NAOKI TAKAHASHI (Japon), le Comité scientifique, dont son pays est un membre fondateur depuis 1955, joue un rôle essentiel.  En tant que pays soucieux de la sécurité des technologies nucléaires, en particulier après l’accident de 2011 à Fukushima, le Japon est particulièrement satisfait des contributions du Comité.  En septembre, le pays a reçu la visite du Président du Comité dont la délégation a pu dialoguer à Fukushima sur le dernier rapport qui indiquait, entre autres, que les taux de cancer resteraient stables après l’accident.  Cet échange a été très bien accueilli par le public japonais.  Cette année, le Japon a fait une contribution volontaire supplémentaire de 863 000 dollars au Comité, a encore indiqué le représentant.

M. IGOR MISHKORUDNY (Bélarus) a dit avoir accueilli avec satisfaction l’annexe du Comité sur les conséquences de la catastrophe de Fukushima Daiichi.  Il a ensuite présenté les activités de son pays et notamment le lancement de la première centrale électronucléaire respectant des normes de sécurité rigoureuses.  Il a jugé nécessaire d’élaborer un plan d’action afin de remettre en état les territoires qui ont souffert de la catastrophe de Tchernobyl.  Il a dit accorder une grande importance à la coopération post-Fukushima avec le Japon.  Dans ce cadre, le Belarus a établi un dialogue avec le Japon pour évaluer les conséquences des catastrophes radiologiques majeures.  Les priorités du Comité scientifique coïncident avec celles du Bélarus, a affirmé le représentant, qui a salué le processus visant au partage des informations sur les rayonnements ionisants.

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a rappelé qu’il est toujours nécessaire de rassembler et compiler les informations relatives à la connaissance des niveaux, des effets et des risques liés aux rayonnements ionisants, afin d’analyser leurs effets, alors même que la quantité d’informations disponibles, mais aussi leur complexité et leur variété, ont considérablement augmenté ces dernières années.  L’Ukraine juge également important que le Comité assure la dissémination de son travail et des connaissances scientifiques sur les radiations nucléaires et leurs effets.

Le représentant s’est félicité de la volonté du Comité de faire une évaluation complète des niveaux d’expositions aux rayonnements ionisants et des risques résultant de l’accident de Fukushima Daiichi.  Il a noté l’annexe scientifique du Comité à son rapport de 2013 à l’Assemblée générale, ainsi que son annexe concernant les effets de l’exposition des enfants aux radiations.  Ce document sera utilisé par l’Ukraine pour venir en aide aux enfants exposés à des rayonnements ionisants lors de la catastrophe de Tchernobyl, a-t-il expliqué.

M. Tsymbaliuk s’est dit conscient des progrès des études du Comité et a pris note de ses rapports intermédiaires.  Tous ces textes sont très importants pour l’Ukraine, a précisé le représentant, qui a notamment cité l’utilisation de l’évaluation sur les cancers résultant d’exposition à faible niveau de dose. L’Ukraine soutient également les projets d’études futurs du Comité.  Rappelant qu’en 2016 seront commémorés à la fois le cinquième anniversaire de la catastrophe de Fukushima Daiichi et le trentième anniversaire de celle de Tchernobyl, le représentant de l’Ukraine a estimé que le Comité scientifique devrait utiliser ces commémorations pour des activités de plaidoyer et de sensibilisation. L’Ukraine est prête à participer à ces manifestations. 

En conclusion, le représentant a invité le Comité scientifique à continuer de collaborer avec les scientifiques et experts des États Membres intéressés et a demandé au Secrétariat de faciliter de telles consultations.

M. GHIZA (Iraq) s’est particulièrement inquiété des effets ionisants des armes utilisées durant le conflit en Iraq.  Il s’est appuyé sur des études de l’AIEA mettant en évidence les conséquences environnementales et sanitaires du recours aux armes et munitions radioactives.  Il a souhaité que les États qui ont utilisé ces armes aident les pays concernés à identifier et confiner les espaces pollués.  Nous avons délimité des zones dangereuses en Iraq et nous essayons d’éviter aux gens d’être soumis aux rayonnements, a dit le représentant.  « 41 sites ont été délimités et placés en alerte rouge à cause des risques de contamination radiologiques », a-t-il précisé, avant de saluer une initiative du Ministère iraquien de l’environnement visant à sonder les eaux souterraines des zones adjacentes aux sites nucléaires détruits.  Il y a eu parfois une contamination des eaux, a-t-il noté, avant d’exhorter la communauté internationale à contribuer à l’élimination de tous les polluants et rayonnements auxquels l’Iraq a été exposé.  

Mme HELEN BECK (Iles Salomon) a salué le rôle essentiel du Comité scientifique et pris note des recommandations du Secrétaire général concernant une représentation géographique équitable au sein du Comité mais aussi sur la nécessité de faire appel aux meilleurs scientifiques afin de garantir l’indépendance et l’intégrité du Comité.  Mme Beck a  ensuite abordé les conséquences  sanitaires et environnementales des radiations résultant des essais et des accidents nucléaires, mais aussi du transport et des rejets de matériaux nucléaires ou dangereux, sur des populations qui n’ont pas la capacité de se protéger.  Elle a rappelé que quelque 315 explosions nucléaires avaient été réalisées dans la région du Pacifique entre 1946 et 1996.  Les communautés de la région, dont celles des îles Salomon souffrent encore de ces expérimentations, a déclaré la représentante, qui a fait état d’une forte prévalence des cancers de la thyroïde et des malformations chez les nouveaux-nés, sans compter la contamination de l’environnement ou des produits agricoles ou encore la réinstallation de populations entières privées de leur lieu de vie ancestral et de leur mode de vie autochtone.  Les effets à long terme de la contamination radiologique restent inconnus du fait de l’absence des données qui devraient d’ailleurs être collectées par les responsables de ces explosions eux-mêmes, a rappelé la représentante. 

Mme Beck s’est dite peu convaincue des conclusions de l’étude menée par l’AIEA sur la radioactivité résiduelle dans les atolls de la Polynésie française.  Mais, s’est-elle résignée, les États du Pacifique n’ont pas les capacités techniques de mesurer ces effets ni d’y faire face.  Elle s’est dite préoccupée par la responsabilisation, l’intégrité et la transparence des processus multilatéraux s’agissant des essais nucléaires dans le Pacifique, qu’elle a qualifiés de « violations graves des droits des populations ».  Elle a appelé les Nations Unies à diligenter une étude indépendante sur les conséquences des 30 années d’essais nucléaires dans la région du Pacifique pour faire en sorte que des mesures concrètes soient prises et que soit réparée l’injustice faite aux peuples exposés  aux radiations nucléaires.

M. S. SRINIVAS PRASAD (Inde) s’est félicité d’être coauteur de la résolution sur les effets des rayonnements ionisants.  Il a salué les deux rapports du Comité scientifique sur les effets de l’exposition aux radiations après l’accident nucléaire de Fukushima en 2011 et sur les effets de l’exposition aux radiations atomiques sur les enfants.  « C’est très rassurant de noter que selon les conclusions du Comité, il n’y a pas eu d’effets significatifs observés sur les populations exposées », a-t-il déclaré.

Abordant ensuite les deux annexes scientifiques portant d’une part sur l’exposition aux radiations provoquées par la production électrique et sur la méthodologie utilisée pour évaluer les conséquences sur l’homme d’une exposition aux radiations provoquées par les rejets radioactifs, le représentant a indiqué que l’Inde était préoccupé par « le manque d’information et les méthodes erronées utilisées », estimant qu’elles étaient basées sur « des hypothèses génériques ».  Il a précisé que ces préoccupations, ainsi que des suggestions, avaient été envoyées au Secrétariat pour être intégrées dans les annexes révisées.

Évoquant les progrès réalisés dans l’évaluation des effets biologiques d’une exposition au tritium et à l’uranium présents dans les émetteurs, il a appuyé l’idée de mener des évaluations similaires sur le césium et l’iode, à la lumière des incidents de Fukushima.  Il a aussi estimé que des études approfondies sur les effets de l’exposition des enfants aux radiations après Fukushima devaient être la priorité des prochains programmes du Comité.

Mme SONIA ISHAQ AHMAD SUGHAYAR (Jordanie) s’est dite satisfaite des travaux du Comité scientifique qui travaille de manière indépendante et transparente.  Consciente de l’utilisation croissante des technologies et de l’énergie nucléaires, il faut, selon elle, investir dans la recherche, la prévention et la réponse aux risques liés à ces activités.  Chaque pays a la responsabilité de veiller à la sécurité dans l’utilisation de ces technologies qui représentent toujours une menace.  Par conséquent, la Jordanie appelle les États Membres à se soumettre à un instrument international juridiquement contraignant pour protéger les populations contre les déchets radioactifs dans l’environnement, qu’ils soient liés aux essais nucléaires, aux applications dans le domaine médical ou encore à l’énergie nucléaire.  Elle a aussi demandé aux pays développés de partager leur expertise pour permettre aux autres de relever leurs propres défis dans un souci de sécurité collective.

M. ZHAO XINLI (Chine) a salué le travail « solide et efficace » du Comité au cours de l’année passée.  Il a estimé que son Président avait fait des choix judicieux dans la définition de son programme de travail.  Il a invité le Comité à parachever sa tâche avec le niveau de professionnalisme habituel, en particulier pour ce qui est de l’évaluation des niveaux d’exposition et de radiation suite à l’accident de Fukushima Daiichi et de leur impact sur les enfants.  La Chine, a dit le représentant, souhaite que le travail programmé puisse se faire dans les délais impartis, y compris les évaluations sur la santé des expositions à faible dosage et des risques de deuxième cancer liés aux radiothérapies.

La pollution de l’environnement, les changements climatiques et la demande énergétique sont trois défis majeurs pour l’humanité, dont on n’a pas encore pris toute la mesure, a relevé le représentant.  Il estime qu’à l’avenir, l’énergie nucléaire restera une source d’énergie efficace, moins polluante et rentable avec les plus faibles émissions de gaz à effet de serre.  Il a également énuméré d’autres applications positives des technologies nucléaires, notamment pour la santé, les récoltes et autres.  Il a donc appelé la communauté internationale à se pencher davantage sur la question des effets des rayonnements ionisants et à assurer une protection effective contre les radiations néfastes pour pouvoir pleinement mettre la technologie des rayonnements ionisants au service de l’humanité.  Le représentant a toutefois voulu que l’on ne perde pas de vue les impératifs de sécurité.  Le développement de l’énergie nucléaire ne doit pas se faire au détriment de la sécurité, a-t-il averti, en souhaitant que des mesures concrètes de gestion des risques soient prises.

Le représentant a souhaité une représentation géographique plus équitable au sein du Comité scientifique et une ouverture plus large à d’autres pays.  Il a appelé la communauté internationale à renforcer la coopération et l’échange d’informations et des meilleures pratiques dans le domaine des normes de sécurité nucléaire et des capacités d’alerte et de réponse rapide.  Il a évoqué l’exemple du « Centre Chine-US » pour l’excellence en matière de sécurité nucléaire.  La Chine, a-t-il indiqué, a également contribué au Fonds de l’AIEA et a accueilli plusieurs ateliers de travail pour aider les pays de la région Asie-pacifique à améliorer leurs capacités nationales en matière de sécurité nucléaire.

M. TAHEREH JALILI (Iran) a, à son tour, réaffirmé l’importance du Comité scientifique pour une meilleure compréhension des niveaux, effets et risques des rayonnements ionisants sur l’environnement et les êtres humains.  Selon lui, tous les États ont l’obligation de coopérer avec le Comité scientifique en lui fournissant les informations et connaissances pertinentes.  L’Iran, a-t-il dit, soutient toute mesure visant à renforcer et à améliorer les travaux du Comité scientifique.  L’augmentation du nombre de ses membres permettrait au Comité de bénéficier d’un apport provenant de divers horizons pour autant que les États soient représentés par des scientifiques qualifiés.

Rien ne devrait empêcher un États qui a des experts et des scientifiques de haut niveau de devenir membre du Comité scientifique, et certainement pas les considérations financières, logistiques ou politiques.  Le représentant a également regretté que le principe largement appliqué aux Nations Unies de la représentation géographique équitable ne le soit pas au Comité scientifique, qu’il s’agisse des pays développés ou en développement.  En attendant d’y parvenir, l’Iran propose le principe de la rotation des sièges et ne partage donc pas la conclusion du rapport du Secrétaire général selon laquelle « l’élargissement de la composition du Comité n’est pas le meilleur moyen de renforcer l’efficacité et la qualité de ses travaux ».

Présentation du projet de résolution sur les effets des rayonnements ionisants A/C.4/69/L.6

Mme PETA MCDOUGALL (Australie) a salué l’importance du travail du Comité scientifique.  Alors que nous commémorerons en 2016, le trentième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl et le Cinquième anniversaire de celle de Fukushima, la représentante a jugé nécessaire de mieux appréhender et de mieux gérer les risques liés aux rayonnements et leurs effets.  Elle a salué le rapport du Comité scientifique sur l’évaluation des niveaux et des effets de l’exposition aux rayonnements ionisants imputables à l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.  Elle a souhaité que les conclusions de cette évaluation et ses annexes soient diffusées largement, notamment aux populations touchées au Japon. 

La représentante a salué le programme de travail planifié au regard de l’étude mondiale en cours sur l’évaluation des expositions à des radiations de sources médicales ainsi que celles liées à l’exposition à des radiations provenant de la production d’énergie électrique.  Elle a appelé le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à continuer, dans les limites des ressources disponibles, à fournir un appui énergique au Comité afin de lui permettre de poursuivre efficacement ses travaux. 

Aux termes du projet de résolution, l’Assemblée générale devrait, selon la Commission, se féliciter de la de la publication, en 2014, du rapport complet sur les niveaux d’exposition aux rayonnements et les effets connexes résultant de l’accident nucléaire survenu à la suite des violents séisme et tsunami qui ont frappé l’est du Japon en 2011.  Elle devrait prier le Comité de poursuivre ses travaux, y compris les importantes activités qu’il mène pour faire mieux connaître les niveaux, les effets et les dangers des rayonnements ionisants de toute origine.

L’Assemblée approuverait les intentions et les projets du Comité, en particulier sa prochaine étude mondiale sur l’utilisation des rayonnements à des fins médicales et sur l’exposition à ces rayonnements, et ses évaluations de l’exposition à des niveaux de rayonnements ionisants imputables à la production d’énergie électrique.

L’Assemblée rappellerait la stratégie que le Comité a adoptée pour améliorer la collecte de données et engagerait les États Membres, les organismes des Nations Unies et les ONG intéressées à continuer de communiquer des données pertinentes sur les niveaux, les effets et les dangers de l’exposition aux rayonnements provenant de différentes sources.  Elle engagerait aussi l’AIEA, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les autres organismes concernés à collaborer plus avant avec le secrétariat pour établir et coordonner les modalités d’un échange périodique de données sur l’exposition aux rayonnements des travailleurs, du public en général et des patients en particulier.

L’Assemblée noterait enfin que certains États Membres ont exprimé leur souhait de devenir membres du Comité et prierait le Secrétaire général de lui présenter pour examen la liste des États qui auront, entre la soixante-sixième et la soixante-douzième session, expressément manifesté leur intérêt.

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