La Commission du désarmement conclut son cycle triennal de négociations 2012-2014 sans parvenir à une entente sur des objectifs de désarmement
La représentante de l’ONU pour le désarmement regrette que la Commission n’ait pas pu mettre fin à 15 ans d’impasse sur les armes nucléaires et sur les armes classiques
La Commission du désarmement a conclu sa session de 2014 sans que ses membres aient pu parvenir à une entente sur un document, ceci au terme de la dernière année de son cycle triennal de négociations (2012-2014). Après trois semaines de discussions, les membres de la Commission n’ont trouvé de consensus ni sur des objectifs de désarmement nucléaire, ni sur des mesures de confiance relatives aux armes classiques.
Sans que les travaux n’aient abouti à un quelconque résultat concret, la Commission a adopté les rapports de travail de ses deux groupes* et, tel qu’oralement révisé, son projet de rapport à l’Assemblée générale**.
Mme Angela Kane, Haut-Représentante de l’ONU pour les affaires de désarmement, a regretté que la Commission « ait raté une bonne occasion de construire sur les récents développements positifs » observés au cours de l’année écoulée et n’ait pu envoyer un signal clair que la période de doute qui a prévalu en matière de désarmement était révolue. Elle a rappelé qu’un succès de la Commission du désarmement aurait été de nature à stimuler des progrès dans d’autres forums de désarmement. Elle a aussi estimé que l’absence d’accord mettait en doute la crédibilité de la Commission du désarmement.
Faisant référence à la réunion préparatoire des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (NPT) qui s’ouvre la semaine prochaine, Mme Kane a noté qu’il y avait des intérêts et des idéaux partagés sur cette question. Elle a appelé à « Construire des ponts là où cela est possible et à éteindre des feux lorsque cela est nécessaire ».
Dans son discours de clôture, le Président de la Commission du désarmement, M. Vladimir Drobnjak, de la Croatie, a remercié les délégations pour les efforts qu’elles ont déployés afin d’essayer de mettre fin à 15 ans d’impasse. « Nous sommes allés loin, mais pas assez loin » a-t-il regretté, en se demandant si la Commission devait poursuivre ses travaux avec les mêmes procédures que celles dont elle a fait usage à ce jour. M. Drobnjak a estimé que la présente session a néanmoins été le témoin d’une prise de conscience sur la nécessité de relancer le mécanisme de désarmement des Nations Unies, et il s’est dit persuadé que les quelques avancées accomplies serviront les futures délibérations.
Indiquant qu’il partageait ce point de vue, le Rapporteur de la Commission, M. Peter Winkler, de l’Allemagne, qui en a présenté le projet de rapport des travaux, a dit que « les délibérations et négociations ont permis de rapprocher un peu plus les différentes positions », et que nous n’étions pas loin du consensus.
Si le Président du Groupe de travail I, M. Naif bin Bandar Al-Sudairy, de l’Arabie saoudite, a dit que huit réunions de travail n’ont pas permis de parvenir à un accord, celui du Groupe de travail II, M. Knut Langeland, de la Norvège, a quant à lui estimé que 10 séances de travail avaient permis aux membres de ce groupe de se rapprocher d’un accord.
Commentant la situation, plusieurs délégations ont mis en garde contre la propagation verticale des armes nucléaires. La Ministre de la défense nationale de l’Équateur, Mme María FernandaEspinosa Garcés, a à cet égard déclaré que malgré l’opposition de quelques puissances nucléaires à l’imposition de mesures concrètes de non-prolifération, le désarmement nucléaire complet ne doit pas être perçu comme une « chimère », mais comme un objectif commun à atteindre.
Plusieurs intervenants ont appelé à un engagement renouvelé en faveur de l’accomplissement de progrès dans la mise en œuvre du mécanisme de désarmement. Le représentant de l’Indonésie, s’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés (MNA), a appelé toutes les délégations à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour promouvoir des discussions à l’avenir.
D’autres intervenants ont mis l’accent sur l’existence de pierres d’achoppement, citant à cet égard les désaccords existant au sujet de la tenue d’une conférence visant à créer une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient. Sur cette question, le représentant du Nigéria, qui parlait au nom du Groupe des États d’Afrique, en a appelé au Secrétaire général pour qu’il facilite l’organisation d’une telle conférence en 2014.
De même, le représentant d’Oman, au nom du Groupe des États arabes, a dit que plusieurs délégations, dont l’attitude s’est révélée inflexible, avaient bloqué toute recherche de consensus. La racine du problème se trouve dans l’absence ou l’insuffisance de volonté politique, a-t-il dit, en appelant les pays concernés à revoir leurs positions.
Au nom de l’Union européenne, le représentant de la Grèce a déclaré qu’après une impasse de 15 ans, il est plus que temps pour la Commission du désarmement de revoir ses méthodes de travail, y compris de remettre en cause la tradition de mener des négociations sur un cycle de trois ans. La Commission pourrait aussi imaginer de débattre de sujets plus précis et concrets, a-t-il suggéré.
Sont intervenus ce matin les représentants de l’Algérie, du Pakistan, de l’Autriche, de l’Iran, de l’Égypte, de la République tchèque, de la Fédération de Russie, de la République populaire démocratique de Corée, de l’Iraq, du Brésil, de l’Arabie saoudite, de la Turquie, de l’Inde, de la Chine, de Cuba, et d’Israël.
* A/CN.10/2014/CRP.3 et A/CN.10/2014/CRP.4
** A/CN.10/2014/CRP.2