Soixante-neuvième session,
28e séance – après-midi
AG/EF/3409

« Quel serait le partenariat mondial idéal pour soutenir la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015? », se demandent l’ECOSOC et la Deuxième Commission

Les préparatifs du Symposium de haut niveau du Forum pour la coopération en matière de développement, qui se tiendra en République de Corée en avril 2015, sont lancés

Au cours de la réunion organisée conjointement, ce matin, par la Deuxième Commission et le Conseil économique et social (ECOSOC) sur le thème « Un nouveau partenariat mondial pour le développement et arrangements futurs concernant l’Objectif 8 du Millénaire pour le développement », les délégations ont réfléchi aux moyens de mise en œuvre du futur programme de développement pour l’après-2015, dès que celui-ci sera adopté en septembre 2015 par l’Assemblée générale de l’ONU.

Alors que la communauté internationale envisage de mettre en place un programme de développement pour l’après-2015 à la fois « transformateur » et « universel », la question qui se pose désormais est de savoir « comment y parvenir », a déclaré M. Thomas Gass, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interinstitutions du Département des affaires économiques et sociales.

On attend donc des États Membres qu’ils conçoivent un cadre de mobilisation des ressources, des connaissances et des compétences, publiques et privées, nationales et internationales, a rappelé le Président de la Deuxième Commission, M. Sebastiano Cardi (Italie) qui coprésidait cette séance de travail aux côtés de M. Oh Joon (République de Corée), Vice-Président de l’ECOSOC.

Dans ce processus, deux rendez-vous sont fixés en 2015 avant le Sommet sur le développement durable, l’un en République de Corée, où se tiendra dans la ville d’Incheon, les 9 et 10 avril 2015, le Symposium de haut niveau du Forum pour la coopération en matière de développement (DCF), et l’autre, à Addis-Abeba en Éthiopie, où aura lieu la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, prévue du 13 au 16 juillet 2015.

Sur la question travaillent aussi le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, ainsi que le Comité d’experts sur le financement du développement durable, a indiqué le Président de la Deuxième Commission.

Le Vice-Ministre des affaires multilatérales et mondiales de la République de Corée, M. Shin Dong-ik, a expliqué qu’à Incheon, le Symposium de haut niveau préparera la réunion du Forum pour la coopération en matière de développement de 2016.  Le Forum, qui a lieu tous les deux ans, est une réunion multipartite d’examen des progrès de la coopération internationale au développement.  M. Shin a expliqué que ce cadre de suivi pouvait en outre suggérer des approches pratiques pour renouveler le partenariat mondial et associer toutes les parties prenantes dans ce processus.

De l’avis du Vice-Ministre sud-coréen, le programme de développement pour l’après-2015 devra se baser sur deux éléments essentiels: un partenariat mondial renouvelé, renforcé et inclusif, d’une part, et un cadre de suivi et de responsabilité participatif, de l’autre.  Un tel partenariat doit pouvoir évoluer et tenir compte des nouveaux partenaires au développement, a-t-il ajouté. 

M. Shin a rappelé la contribution importante de la République de Corée dans ce domaine, citant notamment le quatrième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide, tenu à Busan en 2011, ainsi que le lancement, à l’initiative de la République de Corée en 2012, du Partenariat mondial pour l’efficacité de la coopération pour le développement (GPEDC).  Un atelier du GPEDC aura d’ailleurs lieu la semaine prochaine à Séoul, a-t-il indiqué.

Avant d’ouvrir le débat, le Président de la Deuxième Commission a demandé aux participants de « se départir des anciennes dichotomies » pour se baser plutôt sur les principes clefs de l’appropriation, de la responsabilité partagée, des capacités respectives, de la confiance mutuelle, de la transparence et de la reddition de comptes.  Il leur a conseillé de tirer les leçons apprises au cours des efforts menés, ces 15 dernières années, pour réaliser le huitième Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) intitulé « Mettre en place un partenariat pour le développement ».

Si l’animatrice de la discussion, Mme Barbara Adams, Présidente du Conseil d’administration du « Global Policy Forum », a relevé l’insuffisance de ces efforts, les experts et autres intervenants ont lancé des idées qui pourraient servir à renforcer et rendre plus efficace la coopération.  Il a ainsi par exemple été recommandé de mieux cibler l’aide publique au développement (APD), afin notamment qu’elle contribue davantage à la lutte contre les changements climatiques.

De plus, si l’APD doit bénéficier aux plus pauvres, plusieurs délégations, comme celles du Guyana et de la Colombie, ont demandé de ne pas oublier les pays à revenu intermédiaire, qui abritent 70% des pauvres du monde.

La mobilisation des ressources nationales, publiques et privées, doit en outre être renforcée, ont reconnu plusieurs intervenants.  Un membre du Parlement de la Zambie, M. Felix Mutati, a recommandé d’assortir cette mobilisation de systèmes de reddition de comptes fiables et solides, et même de mesures de sanctions dans les cas où il est évident que les ressources et fonds publics ont été mal utilisés ou détournés.  Il faut, a préconisé M. Mutati, améliorer la gouvernance dans les pays récipiendaires de l’aide.

RÉUNION CONJOINTE SUR LE THÈME « UN NOUVEAU PARTENARIAT MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT ET ARRANGEMENTS FUTURS CONCERNANT L’OBJECTIF 8 DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT »

Première partie de la discussion

La réalisation incomplète de l’OMD 8 a été relevée, de prime abord, par Mme BARBARA ADAMS, Présidente du Conseil d’administration de Global Policy Forum (GPF), qui animait la première partie de la discussion.  L’OMD 8, qui a trait à la mise en place d’un partenariat mondial pour le développement, avait été ajouté après coup, lors de l’élaboration des sept autres Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-elle rappelé, en soulignant le rôle important joué par la société civile dans la sensibilisation de l’opinion publique et des gouvernements sur la nécessité de ce partenariat.

« Les objectifs de développement durable proposés pour l’après-2015 semblent plus ambitieux », a quant à lui constaté M. DANIEL COPPARD, Directeur de la recherche, des analyses et des preuves à l’organisation Development Initiatives, en rappelant que l’on visait l’éradication de la pauvreté d’ici à 2030, alors que l’OMD 1 visait à la réduire de moitié entre 2000 et 2015.  Il a expliqué le rôle très important que joue l’aide publique au développement (APD), même si cette forme d’aide ne se présente pas comme un ensemble homogène de dons ou de projets.  « L’APD reste la meilleure source de financement du développement », a-t-il affirmé tout en remarquant qu’elle ne répondait pas suffisamment aux besoins des pays les plus pauvres.  Ces pays sont ceux qui reçoivent le moins d’APD, a-t-il regretté en précisant que le niveau d’APD par personne est le plus faible là où la pauvreté est la plus marquée.  M. Coppard a conclu qu’il faut mieux cibler l’allocation de cette aide, afin qu’elle donne des résultats qui bénéficient aux plus pauvres parmi les pauvres.

M. Coppard a ensuite recommandé de passer d’un programme de développement concentré sur l’aide à un programme qui intègre toutes les ressources.  Il a remarqué que c’est dans les pays où les dépenses gouvernementales par personne sont les plus faibles que le montant de l’APD par tête d’habitant est le plus faible.  En outre, « c’est là où les ressources nationales sont les plus faibles que l’on constate un rythme de croissance plus lent pour ces ressources, a-t-il ajouté.  L’expert a donc encouragé à diversifier les ressources consacrées au développement, ce qui exige de travailler en lien avec tous les partenaires.  M. Coppard a aussi soulevé la nécessité de mener une lutte en faveur de la promotion d’un développement durable, notamment en améliorant l’accès à l’eau.

« Nous sommes à un moment critique de l’histoire, qui fait appel à la mise en place d’une coopération structurante », a déclaré le Représentant permanent de l’Éthiopie auprès des Nations Unies, M. TEKEDA ALEMU.  Il a invité la communauté internationale à mettre en place les conditions qui permettraient de renforcer la coopération tout en l’élargissant et en la rendant plus efficace.  Il a assuré que le monde avait les moyens de relever les défis potentiels que posera la réalisation des objectifs de développement pour l’après-2015.  Il faut déjà combler les écarts existant entre les objectifs définis dans le passé et le niveau de ce qui a pu être réalisé pour les atteindre, a-t-il noté.  M. Alemu a souligné que le Comité intergouvernemental d’experts sur le financement du développement durable avait montré la voie à suivre en ce qui concerne les secteurs de coopération qui permettront d’appuyer la réalisation des objectifs de développement durable.

Reconnaissant que l’APD reste fondamentale pour les pays à faible revenu, M. Alemu a cependant conseillé à ces pays de ne pas négliger les autres sources de mobilisation de ressources au niveau international.  La coopération Sud-Sud, par exemple, a été essentielle pour la transformation économique et sociale de l’Éthiopie, a-t-il indiqué.  Cette forme de coopération est venue compléter utilement la coopération Nord-Sud, a-t-il expliqué, en précisant que de grands progrès ont pu être accomplis dans le domaine social, en particulier dans le secteur de la santé, grâce à cette forme de coopération.  La troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra dans la capitale de l’Éthiopie, Addis-Abeba, sera une bonne occasion pour examiner les différents moyens de financement du développement, a observé M. Alemu.  Il a aussi jugé vital de mettre en place un cadre de responsabilité et de reddition de comptes pour le suivi de la réalisation des futurs objectifs de développement durable, dont celui qui concerne le partenariat en faveur du développement, que ce soit pour les pays développés ou les pays en développement.

Dans l’échange qui a suivi, le responsable de Development Initiatives a expliqué que l’APD consacrée au développement du secteur privé des pays en développement ne représentait que 3,7% du montant total de l’APD.  Le représentant de l’Éthiopie a, pour sa part, mis l’accent sur les investissements accomplis par les pays récipiendaires.  Il faut éviter les investissements à court terme, a-t-il conseillé, surtout dans des pays les moins avancés (PMA) comme l’Éthiopie.  De son côté, le représentant du Mexique a souligné le rôle important des bailleurs de fonds traditionnels.

« Les fonds du secteur privé ne viennent jamais en appui au secteur public », a remarqué pour sa part le représentant de l’Union interparlementaire (UIP), d’où la nécessité d’investir plus de fonds publics internationaux dans le développement.  Il a fait une différence entre un développement « brut » et un développement qui améliore les conditions de vie des populations.  La démarche qui sera suivie aura un impact déterminant sur les résultats futurs, a-t-il prévenu.  Faut-il, par exemple, attirer davantage d’investissements étrangers directs (IED) ou plutôt soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) des pays en développement?

« Les secteurs privé et public ont chacun leur rôle à jouer », a commenté l’expert de Development Initiatives.  « On ne peut pas dire lequel est le meilleur », a-t-il ajouté.  Le représentant de l’Éthiopie a indiqué que sa délégation partageait l’avis selon lequel la qualité de l’aide est essentielle. 

Le représentant du Guyana a appelé la communauté internationale à définir ce qu’est un programme universel, en évitant de se concentrer sur les extrêmes.  Il a en effet noté la tendance actuelle, qui consiste à aider en priorité les pays les plus vulnérables, notamment ceux qui sortent de conflit.  « Il ne faut pas oublier les autres », a-t-il demandé.  Sur 193 pays, 30 sont extrêmement vulnérables et 30 autres ont quant à eux la capacité de fournir à d’autres une aide publique au développement (APD), a-t-il relevé, en constatant qu’il restait donc 130 pays qui ont besoin qu’on les aide dans la lutte qu’ils mènent contre la pauvreté.  Les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), par exemple, ont connu une baisse de l’aide, et notamment une réduction des ressources d’aide octroyées à des taux préférentiels. 

« Nous devrions cibler les populations plutôt que les pays », a estimé pour sa part M. Coppard, le responsable de Development Initiatives.  « Où se trouvent les pauvres? », a-t-il demandé.  La réponse à cette question devrait constituer le principal critère d’allocation des ressources d’aide, a-t-il estimé.  M. Coppard a aussi déclaré que placer le seuil de pauvreté d’une personne à la possibilité qu’elle a de gagner ou recevoir 1,25 dollar par jour n’était pas juste et manquait d’ambition en ce qui concerne la lutte contre l’extrême pauvreté.

Deuxième partie de la discussion

En ouvrant la seconde phase des discussions, la modératrice, Mme Barbara Adams du Global Policy Forum (GPF) a invité les deux intervenants à indiquer comment les financements du développement pourraient être plus efficaces si on les orientait vers les populations les plus vulnérables.

M. MANISH BAPNA, Vice-Président exécutif et Directeur général de l’Institut mondial des ressources (WRI), a déclaré que la question est de savoir si l’on peut « rassembler les prescriptions issues de la Conférence internationale sur le financement du développement de Monterrey et les recommandations de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, ou Conférence Rio+20 ».  Il a noté que le débat sur le choix à faire entre orienter les financements vers l’éradication de la pauvreté ou le faire au profit de la lutte contre les changements climatiques, est un faux débat, car les changements climatiques vont créer de nouveaux pauvres.  Il a indiqué que si les questions climatiques ne sont pas prises en compte, il sera difficile d’avoir un programme d’éradication de la pauvreté efficace.  Il a relevé que toutes les actions de préservation de l’environnement n’ont pas le même impact sur la lutte contre la pauvreté, mais qu’elles y participent à des degrés divers.  Il a suggéré que la communauté internationale travaille sur les deux fronts, rappelant aussi qu’il était prévu de verser au Fonds vert pour le climat 100 milliards de dollars par an, mais que seulement 2,8 milliards ont été décaissés à ce jour.

M. Bapna a ensuite proposé à la Commission et à l’ECOSOC un ensemble de mesures qui permettraient de lutter contre la pauvreté.  Il a ainsi préconisé l’annulation de subventions agricoles dans les pays développés afin de promouvoir les produits agricoles des pays en développement en leur donnant un juste accès aux marchés mondiaux.  Il a également plaidé pour la taxation du carbone, se disant surpris de voir que le travail est taxé alors que le carbone, qui est de nature nocive, ne l’est pas.  Il a aussi appelé à capitaliser le potentiel de financement du Fonds vert pour le climat, ajoutant que la séparation des questions environnementales d’autres objectifs dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avait été une erreur.  Il a enfin préconisé de mettre en place des indicateurs clairs dans le programme de développement pour l’après-2015, ceci afin de tenir compte à la fois des considérations sociales et des défis environnementaux dans les analyses économiques.

Le membre du Parlement de la Zambie, M. FELIX MUTATI, a ensuite pris la parole pour partager l’expérience acquise par son pays en matière de lutte contre la pauvreté.  Il a de prime abord rendu hommage au Président zambien Michael Chilufya Sata, décédé il y a trois jours.  Il a ensuite affirmé que le développement est d’abord une initiative nationale qui doit s’accompagner de la rigueur budgétaire et de l’harmonisation des programmes de développement nationaux en établissant des priorités.  Il a par exemple déploré le fait que certains pays ont un budget d’investissement quasi insignifiant, d’où la difficulté qu’ils ont à produire des biens et à lutter contre la pauvreté, parce que les fonds disponibles ne servent pas à la mise en place d’infrastructures susceptibles de promouvoir le développement économique.  Il a pris l’exemple d’un projet d’irrigation des champs dans les zones rurales de la Zambie, financé à hauteur de 120 millions de dollars par la Banque mondiale, et qui était toujours bloqué au niveau de l’analyse des données, deux ans après les décaissements de fonds idoines.

Pour rendre efficace la gestion des fonds publics, M. Mutati a prôné la mise en place de systèmes de reddition de comptes fiables et solides.  Il a aussi regretté l’absence de sanctions quand on découvre des cas de mauvais usage des fonds publics, appelant à une modification de la législation existant dans ce domaine.  Il a par ailleurs souligné qu’au vu de l’insuffisance des ressources financières nationales, la Zambie, comme de nombreux autres pays en développement, est obligée de recourir à des prêts, d’où l’importance de mettre en place des mécanismes de suivi de l’utilisation des fonds ainsi empruntés et que le pays devra rembourser.  Il a enfin rappelé que son rôle de parlementaire lui impose de veiller au contrôle des actions du Gouvernement, et il a déploré le fait que les bailleurs de fonds ferment les yeux sur certaines pratiques de gestion peu orthodoxes, alors même que la stagnation de la pauvreté démontre à souhait que les ressources financières allouées par des organismes internationaux ou par des États riches à des pays en développement sont très mal utilisées.

Dans l’échange qui a suivi, la représentante du Guatemala a appelé à un changement de mentalités, y compris au sein du système des Nations Unies, afin de rendre le programme de développement pour l’après-2015 plus efficient que les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Elle a aussi demandé s’il était opportun et réaliste de cibler les populations pauvres sans passer par les structures des États, qui sont indépendants et dont la souveraineté devrait être respectée.

La représentante de la Colombie a souhaité que l’APD soit orientée vers les PMA, mais également vers les pays à revenu intermédiaire, qui abritent 70% des pauvres du monde.  La représentante de la Suisse a pour sa part plaidé pour une coordination entre les efforts internationaux et les plans nationaux d’éradication de la pauvreté.

Le représentant de l’Institut mondial des ressources (WRI) a répondu à la délégation du Guatemala en disant que les efforts de la communauté internationale doivent avoir des cibles précises.  Il a ainsi souligné l’importance de porter les efforts sur les populations et non sur les pays, précisant qu’il faut se demander comment répartir les ressources de l’aide à l’intérieur des pays pour y obtenir le maximum de résultats.  

Le Directeur de la recherche, des analyses et des preuves, de « Development Initiatives » a noté que des données plus fiables sur la pauvreté sont essentielles pour que l’on puisse mieux établir les allocations de ressources afin d’en rendre les investissements et l’usage plus efficaces.  Il a aussi plaidé pour que l’investissement qui est fait puisse véritablement profiter aux personnes les plus nécessiteuses. 

Le membre du Parlement de la Zambie a quant à lui appelé les dirigeants à écouter davantage les populations, et il leur a ensuite demandé d’améliorer la gouvernance, notamment dans les pays récipiendaires de l’aide. 

Le Représentant permanent de l’Éthiopie, a prévenu que si l’aide est directement allouée aux autorités locales en ignorant l’État central, l’autorité de l’État en serait sapée et cela entraînerait des dysfonctionnements au sein des institutions nationales de pays qui sont encore fragiles.  

La modératrice, Mme Barbara Adams, a conclu le dialogue en faisant remarquer que le modèle actuel d’aide au développement mérite une évaluation minutieuse avant d’être éventuellement modifié.

Points clefs des discussions

M. Thomas Gass, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interinstitutions du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a indiqué que les échanges de ce matin sont un prélude au Forum pour la coopération en matière de développement qui aura lieu en République de Corée en avril 2015.  Il a relevé que la communauté internationale envisage de mettre en place un programme de développement pour l’après-2015 à la fois transformatif et universel, afin de mettre fin à la pauvreté sous toutes ses dimensions.  Mais la question qui se pose maintenant est de savoir « comment y parvenir », a dit M. Gass.  Il a ensuite noté que les échanges ont permis de souligner le besoin de réorienter l’APD vers les plus démunis.

M. Gass a en outre indiqué que la distinction entre la coopération au développement et le financement de la lutte contre les changements climatiques s’avère artificielle dans le cadre d’un programme de développement pour l’après-2015 consensuel.  Il a par ailleurs rappelé la préoccupation éprouvée par certains intervenants face à l’éventualité d’une réorientation de l’APD, traditionnellement dévolue à la résolution des questions sociales, vers des investissements de lutte contre les changements climatiques.  Sur ce point, il a souhaité que le Forum pour la coopération en matière de développement, prévu en République de Corée en avril prochain, permette de trouver un terrain d’entente entre les préceptes du Consensus de Monterrey sur le financement du développement et les recommandations de Rio+20 sur le financement du développement durable.

M. Gass a enfin noté que les gouvernements seuls ne peuvent agir dans la perspective du développement durable, et que tous les acteurs sociaux devraient y apporter leur contribution.  Il a enfin souligné le besoin de créer un mécanisme de suivi et de reddition de comptes solide dans le cadre de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  C’est aujourd’hui une exigence qui n’était pas prioritaire au cours de la période de mise en œuvre des projets relevant de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a noté M. Gass.

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