En cours au Siège de l'ONU

Soixante-neuvième session,
20e & 21e séances – matin & après-midi
AG/EF/3405

Deuxième Commission: il faut lever les obstacles majeurs auxquels se heurtent les PMA, les pays enclavés et les petits États insulaires en développement, plaident les délégations

Les délégations qui se sont exprimées aujourd’hui devant la Commission économique et financière (Deuxième Commission) au cours du débat consacré aux groupes de pays en situation particulière ont souligné qu’il est indispensable que la communauté internationale accorde plus d’attention aux difficultés économiques, financières et commerciales que rencontrent les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays en développement sans littoral.  Malgré l’adoption de nombreux plans et programmes d’action en faveur de ces pays, très peu a été fait pour en traduire les projets et recommandations en réalités palpables, ont constaté les intervenants en demandant par conséquent que les besoins de ces groupes de pays soient pris en compte dans le programme de développement pour l’après-2015.   

Quatre décennies après la création de la catégorie des pays les moins avancés, de nombreux États dont les économies relèvent de ce statut sont toujours confrontés à d’énormes difficultés de développement.  La quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA (Conférence PMA IV), tenue à Istanbul, en Turquie, en 2011, s’est achevée par l’adoption du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020.  Mais les recommandations de ce programme, dit « Programme d’action d’Istanbul » sont en grande partie restées lettre morte.  Ceci a fait dire au représentant de la Chine que « les PMA font toujours face à une tâche herculéenne pour pouvoir réaliser leur développement » du fait des promesses non tenues et de nombreuses impasses au niveau multilatéral concernant notamment le financement. 

Le représentant de Haïti, s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a fait part de la préoccupation qu’éprouve la CARICOM du fait qu’au cours des 10 dernières années, le poids et l’état de divers secteurs de l’économie des PMA n’ont guère changé, ce qui donne à penser qu’il n’y a pas eu de transformation structurelle de leur économie. 

La délégation du Bénin, porte-parole des PMA, a relevé que les PMA doivent construire leurs capacités nationales pour se protéger contre les chocs que connait l’économie mondiale, précisant que le Programme d’action d’Istanbul est le guide idoine à cet effet.  Il a rappelé que ce Programme d’action avait mis l’accent sur la nécessité d’assurer des transferts de technologies au profit des PMA, notamment par la création d’une banque des technologies et de la science.

À cet égard, le représentant de la Turquie a indiqué une fois de plus que son pays est prêt à accueillir cette banque, et que la Turquie serait également disposée à servir de lieu d’accueil à une conférence d’examen de la mise en œuvre à mi-parcours des recommandations de la Conférence PMA IV. 

Face aux nombreux appels des PMA réclamant un accès aux marchés des pays développés en franchise de droits et hors quotas, le délégué de l’Union européenne a rappelé que l’Union européenne avait déjà accordé un accès préférentiel aux produits des PMA dans le cadre de l’Initiative Tout sauf les armes.   

Pour sa part, la représentante des États-Unis a indiqué qu’en 2013, son pays était le premier pourvoyeur d’aide publique au développement (APD) au monde.  Mais il ne faut pas que l’on se focalise sur l’APD comme première source de financement du développement, a-t-elle souligné.  À cet égard, elle a fait remarquer que les pays en développement qui ont mis en place un environnement propice aux affaires ont bénéficié d’une augmentation substantielle de flux d’investissements directs étrangers, et que dans ces mêmes pays, on constate une plus grande mobilisation de fonds nationaux pour le financement de projets promouvant un développement durable.   

Parlant des petits États insulaires, la délégation des Maldives a indiqué que son pays avait quitté la catégorie des PMA en 2011.  Cependant, a dit le représentant des Maldives, le pays fait face à un certain nombre de défis dus au fait que la transition entre le statut de PMA et celui de pays à revenu intermédiaire n’a pas fait l’objet d’études et de mesures sérieuses de la part de la communauté internationale.  Bien que n’étant plus un PMA, la République des Maldives et tous les autres pays sortis de cette catégorie auraient dû bénéficier de mesures transitoires, notamment en matière d’avantages commerciaux et en ce qui concerne les prêts financiers concessionnels.  Dans son cas particulier de petit État insulaire, la République des Maldives devrait voir sa vulnérabilité aux changements climatiques prise aussi en compte, a dit le représentant.

La situation difficile que vivent les pays en développement sans littoral a aussi été évoquée par plusieurs délégations.  Présentant les rapports* du Secrétaire général sur les points de l’ordre du jour examinés, Le Secrétaire général adjoint et Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, M. Gyan Chandra Acharya a souligné que ces pays au nombre de 32, dont la population totale est d’environ 450 millions de personnes, sont confrontés à des difficultés particulières liées au manque d’accès direct à la mer, à l’éloignement, et à l’isolement dont ils souffrent par rapport aux marchés mondiaux.

S’exprimant au nom des pays en développement sans littoral, la représentante de la Zambie a demandé que le système multilatéral mette en place des règles plus favorables aux pays enclavés.  Ce vœu a été plusieurs fois formulé, et sera au centre des travaux de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral qui aura lieu à Vienne, en Autriche, du 3 au 5 novembre 2014.  Cette rencontre qui intervient 11 ans après celle d’Almaty, au Kazakhstan, offrira aux États Membres l’occasion de faire le bilan de la mise en œuvre du Programme d’action et de la Déclaration ministérielle d’Almaty.

Ce matin, la Deuxième Commission avait achevé le débat qu’elle avait entamé lundi sur l’éradication de la pauvreté.   

Demain, vendredi 24 octobre, à 11 heures, la Commission organisera une manifestation parallèle sur le thème: « régime de promotion de l’investissement en vue des investissements étrangers directs dans les pays les moins avancés ».

* A/69/270, A/69/95–E/2014/81 et A/69/170

ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT

Suite et fin du débat général

M. MAYTHONG THAMMAVONGSA (République démocratique populaire lao) a indiqué que l’élimination de la pauvreté et le développement rural constituaient des priorités du septième plan national quinquennal de développement socioéconomique (2010-2015) de son pays.  En dépit des progrès réalisés, les défis à relever pour éliminer la pauvreté restent considérables, a-t-il reconnu.  La République démocratique populaire lao espère toutefois être retirée de la liste des pays les moins avancés en 2020.  À cet égard, le Gouvernement et ses partenaires de développement ont entrepris un dialogue en vue de suivre la progression des OMD qui n’ont pas encore été réalisés.

Sur une note positive, a expliqué M. Thammavongsa, l’économie lao a connu une croissance de 8,2% par an au cours des trois dernières années.  Le taux de pauvreté national a continué de diminuer pour se situer actuellement à 20,5%.  Le Gouvernement est en train de préparer son plan de développement pour la période 2016-2020.  Enfin, le représentant a souhaité que les prochains objectifs de développement durable fassent de l’élimination de la pauvreté une grande priorité.

Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a mis l’accent sur le caractère multidimensionnel de la pauvreté et conseillé de s’attaquer aux racines des problèmes qui la sous-tendent.  Outre la promotion de la croissance économique, elle a recommandé de faire plus d’efforts pour renforcer les politiques individuelles et collectives, améliorer l’accès aux services, à l’éducation et à un travail décent, tout en améliorant aussi l’accès aux technologies de l’information et des communications.  Pour y arriver, elle a conseillé de renforcer les politiques nationales d’emploi et en matière d’éducation.  Pour ce qui est du financement international destiné aux projets d’éradication de la pauvreté, elle a prévenu que son insuffisance aurait un effet négatif.

Le Rwanda a obtenu de bons résultats ces dernières années, a ensuite fait valoir Mme Byaje, expliquant que, depuis le génocide, le pays avait réussi à maintenir sa croissance économique à un taux appréciable et à réduire les inégalités de revenus.  Les citoyens bénéficient aussi d’une meilleure protection sociale.  Le Rwanda a donné la priorité à la réduction du taux de pauvreté qui doit passer de 44,9% à moins de 30% d’ici à 2018.

Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a invité les pays à mettre en place des politiques concrètes de promotion du bien-être de leurs populations en vue d’éliminer la pauvreté, au lieu de viser une solution universelle qui serait applicable à tous les cas de figure.  Il a souhaité qu’on n’impose pas des solutions de l’extérieur et qu’on privilégie des solutions pragmatiques au lieu de vouloir imposer aux pays des recettes et solutions guidées par l’idéologie.  Il a invité à réfléchir sur les modèles économiques qui creusent les inégalités entre personnes et entre groupes sociaux et excluent des masses de personnes qui se retrouvent sans emploi.

Le nonce apostolique a estimé que le développement durable exigeait la participation de tous à la vie des familles, des communautés, des organisations et des sociétés.  Il a relevé les inégalités économiques croissantes qui excluent de larges pans de la population dans les divers pays, les riches devenant plus riches en accaparant les retombées du développement.  L’exclusion des femmes est un autre obstacle au développement durable, a-t-il aussi noté, dénonçant en particulier l’exclusion des filles de l’éducation.  Enfin, il a souligné que la pauvreté n’est pas seulement l’exclusion de la croissance économique, mais un problème multidimensionnel qui a des liens avec l’éducation et les aspects sociaux, politiques culturels et spirituels de la vie sociale.   

Mme AMBER BARTH, déléguée de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a souligné que la force de travail mondiale augmente de 42,6 millions de personnes par an environ, ceci essentiellement dans le monde en développement.  Mais seulement 40 millions d’individus trouvent des emplois, dont la moitié représente un emploi salarié.  D’ici à 2030, le monde devra créer près de 600 millions d’emplois décents, a-t-elle averti, soulignant que des politiques salariales solides permettraient d’empêcher la pauvreté des travailleurs.

Des salaires minima offraient une protection sociale aux travailleurs les plus vulnérables dans de nombreuses économies en développement au début de la crise, a expliqué Mme Barth.  Le Brésil, par exemple, a augmenté régulièrement son salaire minimum depuis 2005.  « Mais le fait est que des centaines de millions de salariés continuent de gagner moins de 2 dollars par jour », a-t-elle constaté.  La pauvreté de gens qui pourtant ont un emploi ne se limite pas aux économies en développement, a noté Mme Barth.  Les travailleurs vivant en état de pauvreté représentent plus de 7% de la force de travail totale aux États-Unis et 8% en Europe, a-t-elle précisé.  L’OIT souhaite donc que le programme de développement pour l’après-2015 reconnaisse que la création d’emplois décents va de pair avec la croissance, et qu’elle est par conséquent indispensable.

Mme MICHELE KLEIN SOLOMON, déléguée de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a relevé que l’éradication de la pauvreté passe par des politiques économiques et sociales inclusives qui promeuvent l’autonomisation des groupes marginalisés et des populations en situation vulnérable comme les migrants.  Elle a plaidé pour que le programme de développement pour l’après-2015 intègre des mesures qui promeuvent le développement du potentiel des migrations en matière de contribution à la réduction de la pauvreté.  Ceci peut se faire, par exemple, en protégeant les droits des migrants et en réduisant les coûts des transferts de fonds qu’effectuent ces derniers vers leur pays d’origine.

M. AJAY MADIWALE, délégué de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a estimé que le renforcement de la résilience des personnes vulnérables en cas de catastrophe et autres urgences constituait un aspect essentiel du travail de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.  Plus de 325 millions de personnes extrêmement pauvres vivent dans les pays les plus menacés par des catastrophes naturelles.  Par exemple, le tremblement de terre survenu en 2010 en Haïti et la sécheresse qui a affecté Djibouti en 2011, ont fait reculer ces deux pays à leurs niveaux de pauvreté d’avant 2001.

La Fédération se réjouit de voir la réduction des risques de catastrophe et la résilience figurer dans le rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, a ajouté M. Madiwale.  L’objectif de réduction de la pauvreté étant absolument indispensable à atteindre, le délégué s’est également félicité que la question de « l’exposition » aux risques soit mentionnée.  Il a souligné que les risques sont un thème multidimensionnel qui requiert une action sur plusieurs fronts: santé, agriculture, eau et assainissement, infrastructure et planification urbaine.  La pauvreté transitoire causée par une catastrophe peut affecter la prospérité à long terme d’un foyer, a-t-il indiqué.    

M. BERTRAND DE LOOZ KARAGEORGIADES, délégué de l’Ordre souverain militaire et hospitalier de Malte, a souligné que, pour l’Ordre de Malte, l’élimination de la pauvreté est un objectif essentiel à atteindre.  « Elle est la clef de l’élimination de bien d’autre maux, qui, à l’aube de notre neuf centième anniversaire, reste la raison d’être de notre tâche », a-t-il dit.  La mission de l’Ordre souverain de Malte est de « venir en aide à toute détresse », sans distinction de race, d’origine ou de religion, a rappelé M. de Looz Karageorgiades.

L’Ordre de Malte intervient dans plus de 120 pays et son action est facilitée par ses relations diplomatiques avec 104 États, a précisé le représentant.  L’Ordre souverain militaire et hospitalier de Malte repose sur le dévouement de quelque 13 000 chevaliers et dames, tous volontaires; 80 000 bénévoles permanents et un personnel médical très qualifié, et dispose aussi de 59 associations nationales, a indiqué M. de Looz Karageorgiades.

GROUPES DE PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE

Renforcement des régimes de promotion de l’investissement en vue des investissements étrangers directs dans les pays les moins avancés (A/69/270)

Rapport du Secrétaire général

Ce rapport met l’accent sur les politiques menées par les pays les moins avancés, les pays d’origine de l’investissement étranger direct et d’autres partenaires.  Dans le Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2021, les participants ont souligné́ que « les politiques propres à attirer et retenir les investissements étrangers directs sont un élément important des stratégies nationales de développement ».

Le Secrétaire général rappelle dans ce rapport que le cadre plus général de politiques macroéconomiques, commerciales, industrielles, sociales et environnementales des pays hôtes constitue un facteur important pour déterminer le résultat des efforts déployés en vue de stimuler l’investissement étranger direct et en bénéficier.  De même, des mesures d’incitation et de facilitation bien conçues par les pays d’origine et autres parties prenantes peuvent contribuer de façon cruciale à augmenter les flux d’investissements étrangers directs vers les pays les moins avancés et maximiser leurs effets sur le développement du pays d’accueil.

Selon les données de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les flux d’investissements étrangers directs à destination des pays les moins avancés, en tant que catégorie, augmentent régulièrement depuis le début du siècle.  En moyenne, ils se sont chiffrés à 25 milliards de dollars par an de 2011 à 2013, soit plus du triple des flux moyens de 8 milliards de dollars enregistrés pendant la période 2001-2003.

Ce taux d’accroissement est légèrement inférieur à celui des flux d’investissements étrangers directs à destination de l’ensemble des pays en développement, qui est passé d’une moyenne de 196 milliards de dollars par an à̀ 744 milliards par an, mais est supérieur à la moyenne des flux annuels d’investissements étrangers dans le monde, qui est passée à un peu plus du double de leur valeur entre les deux périodes.  Résultat de cette croissance des flux, le stock d’investissements étrangers directs dans les pays les moins avancés est passé de 42 milliards de dollars en 2001 à 211 milliards en 2012.

Bien que les pays les moins avancés aient reçu à peine 1,7% de l’ensemble des flux mondiaux d’investissements étrangers directs au cours de la période 2010-2013, et 3,3% des flux d’investissements étrangers directs à destination des pays en développement, les investissements étrangers directs sont plus importants que les investissements intérieurs dans ces pays que dans les pays en développement pris en tant que groupe, relève le Secrétaire général.

De 2010 à 2013, les 34 pays africains faisant partie du groupe des pays les moins avancés ont reçu environ 79% des flux d’investissements étrangers directs à destination de l’ensemble du groupe, les 14 pays de l’Asie et du Pacifique 20% et Haïti, dans les Caraïbes, 1%.  Entre 2011 et 2013, plus de quatre cinquièmes des flux sont allés, par ordre décroissant, aux 10 principaux bénéficiaires: Mozambique, Soudan, République démocratique du Congo, Myanmar, Guinée équatoriale, République-Unie de Tanzanie, Zambie, Bangladesh, Cambodge et Ouganda.

Le Secrétaire général propose que les pays les moins avancés, les pays d’origine, la communauté́ internationale et les autres parties prenantes s’emploient davantage à promouvoir les flux d’IED qui contribuent au renforcement de la capacité productive de ces pays.  Il ajoute qu’une bonne coordination de ces initiatives pourrait être réalisée par le truchement d’un dispositif unique, tel qu’un centre d’appui aux investissements internationaux consacré aux pays les moins avancés, un dispositif d’ailleurs recommandé par l’Agenda de Cotonou pour le renforcement des capacités productives dans les pays les moins avancés.

Application du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 (A/69/95–E/2014/81)

Rapport du Secrétaire général

Le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul) constitue un partenariat renouvelé et renforcé en faveur du développement, relève le Secrétaire général dans ce rapport.  Il est structuré autour de huit domaines d’action prioritaires visant à surmonter les difficultés structurelles que connaissent ces pays, éliminer la pauvreté, atteindre les objectifs de développement arrêtés au niveau international et aider la moitié de ces pays à remplir les critères fixés pour sortir de cette catégorie.

Le Secrétaire général note que trois ans après l’adoption du Programme d’action d’Istanbul, les pays les moins avancés ont continué d’obtenir des résultats par rapport aux buts et objectifs adoptés à Istanbul.  Les PMA et leurs partenaires de développement ont redoublé d’efforts pour intégrer les dispositions du Programme d’action dans leurs stratégies nationales de développement et de coopération au développement. 

Cependant, déplore le Secrétaire général, il est probable que beaucoup de PMA ne réaliseront pas les Objectifs du Millénaire pour le développement et les buts du Programme d’action.  Pour atteindre en temps utile les buts et objectifs du Programme d’action, les pays les moins avancés et leurs partenaires de développement doivent prendre des mesures renforcées et cohérentes dans les huit domaines d’action prioritaires.  Les intérêts et les préoccupations de ces pays doivent être aussi au centre de l’action menée durant le temps qui reste avant l’échéance fixée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.

Le rapport indique par ailleurs qu’il importe que le Programme d’action d’Istanbul soit résolument intégré dans le programme de développement pour l’après-2015 et les objectifs de développement durable, étant donné que par ses huit domaines d’action prioritaires, il recouvre les aspects importants des trois dimensions du développement durable, un accent particulier étant mis sur les groupes les plus marginalisés dans le monde.

Le Secrétaire général souligne également que les décisions en faveur des pays les moins avancés adoptées à la neuvième Conférence ministérielle de l’OMC, tenue à Bali en 2013, peuvent faire avancer la cause de ces pays dans le système commercial multilatéral, en particulier pour ce qui est de l’accès aux marchés en franchise de droits et sans contingentement, en énonçant des lignes directrices concernant des règles d’origine préférentielles simplifiées et souples, et la possibilité de bénéficier d’un traitement préférentiel en matière d’échanges dans le secteur des services grâce à un mécanisme de dérogation et à l’amélioration de la transparence et du suivi des aspects de la question du coton liés au commerce.

Il est encourageant, note M. Ban, de constater que les pays les moins avancés sont de plus en plus nombreux à annoncer leur intention de tout faire pour pouvoir être sortis de cette catégorie vers 2020.  Ces pays devraient commencer à élaborer leur stratégie de transition sans heurt dès que possible et solliciter de l’aide à cet effet, et les partenaires de développement devraient renforcer, de manière souple, les mesures propres à assurer une transition sans heurt des pays admis à un retrait de la liste.

Rapport du Secrétaire général sur l’examen décennal complet de l’application du Programme d’action d’Almaty: répondre aux besoins particuliers des pays en développement sans littoral et créer un nouveau cadre mondial pour la coopération en matière de transport en transit entre les pays en développement sans littoral et de transit (A/69/170)

Le rapport souligne que 32 pays en développement sans littoral, avec une population totale d’environ 450 millions de personnes, sont confrontés à des difficultés particulières qui sont associées à l’absence d’accès territorial direct à la mer, à l’éloignement et à l’isolement par rapport aux marchés internationaux.

Les échanges internationaux de marchandises de ces pays dépendent du transit par d’autres pays.  Cette dépendance vis-à-vis du transit, qui va souvent de pair avec les formalités à régler au moment du passage des frontières et avec l’insuffisance des infrastructures de transport en transit, augmente fortement les coûts de transport et d’exécution des transactions commerciales, érode leur compétitivité, décourage les investisseurs, réduit leur croissance économique et finit tôt ou tard par limiter leur capacité de promouvoir un développement durable.  L’enclavement constitue de ce fait l’un des principaux facteurs responsables de la forte incidence de l’extrême pauvreté et du sous-développement généralisé dont souffrent un grand nombre de pays se trouvant dans cette situation, souligne M. Ban Ki-moon dans ce rapport.

Le Programme d’action d’Almaty a été́ adopté en août 2003 à Almaty (Kazakhstan) à l’occasion de la Conférence ministérielle internationale des pays en développement sans littoral et de transit et des pays donateurs et des organismes internationaux de financement et de développement sur la coopération en matière de transport en transit, rappelle le Secrétaire général.  Le rapport rappelle que, par sa résolution 68/270, l’Assemblée générale a décidé de tenir une conférence consacrée à l’examen décennal complet de l’application du Programme d’action d’Almaty, du 3 au 5 novembre 2014 à Vienne en Autriche.  

Le rapport stipule que les pays en développement sans littoral et de transit sont invités à ratifier et appliquer effectivement les instruments internationaux ainsi que les accords régionaux et sous-régionaux relatifs aux transports et à la facilitation du commerce.  La communauté́ internationale doit accroître l’appui financier et technique qu’elle fournit aux pays en développement sans littoral et à leurs voisins de transit pour qu’ils appliquent les conventions internationales liées à la facilitation du transit, soutenir les initiatives favorisant la coopération et réduisant les coûts et mettre en place des modalités logistiques harmonisées.   

Le Secrétaire général note dans ce rapport que si le Programme d’action d’Almaty a été́ quelque peu intégré dans les stratégies nationales de développement des pays en développement sans littoral, il convient d’intégrer davantage le programme qui lui succédera dans les stratégies de développement aux niveaux national, régional et mondial.  Enfin, le Secrétaire général note qu’il est crucial que les intérêts des pays en développement sans littoral soient clairement pris en compte dans le programme de développement pour l’après-2015 afin de pouvoir être défendus avec succès et de manière cohérente, dans le cadre d’un processus mondial.

Débat général

Mme PAMELA GRACE LUNA TUDELA (Bolivie), parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné que la crise financière et économique sape le développement des pays les moins avancés (PMA) qui sont toujours à la traîne en ce qui concerne la réalisation de nombreux objectifs de développement, y compris les OMD.  Mme Luna Tudela a estimé nécessaire de réaliser d’urgence un nouveau partenariat mondial renforcé pour les PMA, afin de les aider à surmonter les défis structurels et à sortir de cette catégorie d’ici à 2020.  L’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul sera nécessaire pour faire le point de la situation dans laquelle sont les PMA, a-t-elle espéré.

En ce qui concerne les pays en développement sans littoral, elle s’est félicitée de la tenue prochaine, à Vienne en Autriche, de la Conférence relative à ces pays, prévue le mois prochain.  Ces pays, a-t-elle expliqué, souffrent du manque d’accès territorial à la mer et de leur éloignement des marchés.  Elle a appelé la communauté internationale à tenir compte des besoins particuliers des pays sans littoral, soulignant que ces États restent très vulnérables aux chocs externes.  Il faut donc les aider à renforcer leur résilience et à avancer sur la voie d’un développement social et économique durable, a dit la représentante.  Elle a invité les pays partenaires à s’engager de manière fiable et prévisible envers les pays enclavés, et à leur fournir une assistance technique.

M. DENIS RÉGIS (Haïti), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a fait part de la préoccupation qu’éprouve la CARICOM au sujet de l’affaiblissement de la croissance dans certains PMA.  Il a aussi déploré la baisse de l’aide publique au développement (APD), ainsi que celle de l’aide au commerce.  Il a en outre souligné que l’épidémie à virus Ebola qui affecte l’Afrique de l’Ouest est une situation qui met en péril les faibles acquis des pays touchés en matière de développement.  Il a ensuite regretté qu’au cours des 10 dernières années, l’importance des divers secteurs de l’économie des PMA n’a guère changé, ce qui donne à penser qu’il n’y pas eu de transformation structurelle de leur économie.  Notant par ailleurs que moins du tiers de la population des PMA a accès à l’électricité, il a déclaré que la CARICOM partage l’idée que le secteur énergétique de ces pays doit pouvoir s’appuyer sur des politiques énergétiques nationales à long terme.  Il a aussi indiqué que la CARICOM soutenait la recommandation faite par le Secrétaire général, dans son rapport, de créer une banque des technologies pour les PMA.  L’entrée en fonctionnement de cette banque devrait constituer une étape importante en matière d’appui au transfert de technologies et à l’innovation.

M. Régis a en outre dit que la CARICOM regrette que le rythme auquel les pays développés élargissent l’accès de leurs marchés aux produits des PMA se soit ralenti en 2011.  Il a exhorté la communauté internationale à considérer comme une priorité la mise en œuvre complète des mesures d’accès aux marchés des produits des PMA en franchise de droits et sans contingentement comme cela est prévu par le Programme de Doha pour le développement.  Soulignant l’importance pour la CARICOM d’améliorer l’accès de ses populations à l’eau et à l’assainissement, le représentant a félicité le Secrétaire général qui a « personnellement engagé la responsabilité morale de l’ONU et de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) pour combattre et éradiquer le choléra en Haïti ».  Il a ensuite indiqué qu’Haïti, comme la plupart des pays de la CARICOM, ambitionne de quitter la liste des PMA dans un horizon défini et réaliste.  Il a expliqué que cette ambition devrait s’appuyer sur les investissements directs étrangers, qui peuvent apporter des bénéfices transversaux considérables dans les trois dimensions du développement durable

Mme PAULA COTO-RAMÍREZ, s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a souhaité que la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, prévue à Vienne le mois prochain, adopte « un nouveau programme d’action assorti de délais qui fasse clairement la différence entre les responsabilités des partenaires au développement et celles des pays en développement de transit ».  Un tel programme devra en outre aborder les questions suivantes: accès élargi et liberté de mouvement des échanges commerciaux des pays en développement sans littoral depuis et vers les côtes; développement et entretien des infrastructures nécessaires pour améliorer le transit, le commerce, et l’intégration régionale dans ces pays; facilitation du commerce; renforcement des capacités pour l’adaptation, l’atténuation et la résilience face aux changements climatiques.

La représentante a indiqué que la CELAC appelait la communauté internationale à aider les pays en développement sans littoral à concevoir des politiques en vue de promouvoir la diversification et la transformation structurelle de leurs économies et de leurs exportations, d’augmenter la productivité agricole et le secteur des services, de renforcer le rôle du secteur privé et de promouvoir la science, la technologie et l’innovation.    

Mme MWABA PATRICIA KASESE-BOTA (Zambie), qui s’exprimait au nom des pays en développement sans littoral, a pris acte des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty, qui ont conduit à une certaine amélioration du transit dans ces pays.  Elle s’est félicitée en particulier de la construction de routes et de l’élimination des goulets d’étranglement grâce à des procédures simplifiées pour le commerce avec l’étranger.  La représentante a cependant recensé les défis qui persistent sur la voie du développement durable des pays sans littoral.  Elle a ainsi mentionné les procédures douanières, la forte dépendance des économies de ces pays à quelques produits d’exportation et l’impact des changements climatiques.  S’agissant du commerce international, elle a souhaité que le système multilatéral mette en place des règles plus favorables aux pays enclavés.  Elle a aussi suggéré de prendre des mesures ambitieuses pour augmenter la participation de ces pays dans le commerce international.

Mme Kasese-Bota a espéré que des mesures de traitement préférentiel serait prévu dans les objectifs en faveur des pays en développement sans littoral.  Il faut renforcer notre compétitivité, a-t-elle souligné, en plaidant pour qu’une aide soit apportée aux pays sans littoral pour les soutenir dans la conduite d’une transformation structurelle de leurs économies.  Elle s’est réjouie de la prochaine conférence qui examinera les résultats de la mise en œuvre du Programme d’Almaty, et qui aura lieu du 3 au 5 novembre à Vienne.  Elle a proposé d’y traiter les priorités clefs et les moyens visant à surmonter les défis propres à ces pays du fait de leur situation géographique, notamment les questions de transit et d’amélioration des infrastructures de transport, ainsi que celle des TIC comme outils du développement, et celle de la diversification des exportations.  Elle a espéré que la rencontre de Vienne serait l’occasion de définir un programme d’action véritablement transformateur. 

M. U KYAW TIN (Myanmar), s’exprimant au nom des pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué que l’ASEAN avait toujours appuyé les actions stratégiques formulées par les Nations Unies pour répondre aux défis posés aux pays en situation particulière en matière de développement.  Il a cité le Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés (PMA), le Programme d’action d’Almaty pour les pays en développement sans littoral et la stratégie de Maurice pour les petits États insulaires en développement.  L’ASEAN soutient la création d’un groupe d’experts de haut niveau pour définir les fonctions, la structure organisationnelle et les sources de financement de la Banque des technologies pour les PMA, a indiqué M. U Kyaw Tin.

Évoquant la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra en 2015 à Addis-Abeba, en Éthiopie, le représentant a dit que les sources de financement du développement ne devront pas se substituer à l’aide publique au développement (APD), mais que les deux éléments devront se renforcer mutuellement.  Par ailleurs, il a salué le Document final de la Conférence ministérielle sur les nouveaux partenariats pour le renforcement des capacités de production des PMA, qui s’est déroulée en juillet dernier à Cotonou, au Bénin.

Ensuite, M. U Kyaw Tin a accueilli avec satisfaction le « Programme de Bali » adopté à l’issue de la neuvième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui a eu lieu à Bali en décembre 2013.  « L’ASEAN est un groupe de pays unis dans la diversité », a précisé le représentant.  Les trois PMA de l’ASEAN ayant annoncé leur intention de quitter cette catégorie vers 2020 comptent sur l’appui de la communauté internationale pour mener à bien ce projet.  Enfin, l’ASEAN va bientôt devenir la « Communauté économique de l’ASEAN », ceci étant prévu pour l’année prochaine.

M. CHARLES P. MSOSA (Malawi), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a salué les résultats encourageants que l’Afrique a obtenus dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a néanmoins relevé que la structure des économies africaines doit être améliorée, afin de permettre à ces pays de faire face aux défis qui les interpellent.  Il a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 prenne en compte les objectifs inachevés des OMD.  Il a dans ce contexte rappelé que l’éradication de la pauvreté est le plus important défi auquel la communauté internationale est confrontée, ajoutant que l’Afrique envisage d’y parvenir et de s’engager sur la voie de la prospérité d’ici à l’année 2063.  Il a en outre souligné que l’Afrique est déterminée à éradiquer la famine et à parvenir à la sécurité alimentaire à travers la promotion d’une agriculture durable.  Il a déploré que 227 millions d’Africains souffrent de la faim alors que le continent a le potentiel de se nourrir, et même de nourrir le reste du monde.  Il a également regretté que l’Afrique dépense 35 milliards de dollars par an en importations de produits alimentaires, alors que ces fonds auraient pu servir à financer ses programmes de développement.

M. Msosa a ensuite indiqué que les infrastructures sont une priorité majeure pour l’Afrique, et que le Programme de développement des infrastructures en Afrique du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) avait été établi à cette fin.  Il a aussi plaidé afin que l’Afrique renforce sa participation au commerce mondial, sa part n’y atteignant actuellement que 3%, et il a déploré certaines mesures, comme les subventions agricoles versées aux producteurs et exportateurs des pays développés qui posent des obstacles artificiels aux exportations africaines et faussent les règles du marché.  Il a par ailleurs appelé la communauté internationale à mettre en œuvre le Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA sous tous aspects.  Il a ensuite souligné que l’APD est la principale source de financement du développement, et que les pays développés devraient de ce fait respecter leur promesse de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à cette forme d’aide.  Le représentant a aussi appelé la communauté internationale à prendre en compte la situation spécifique des pays en développement sans littoral, conformément aux recommandations du Programme d’action d’Almaty.  Il a aussi émis le vœu que la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, prévue à Vienne en Autriche, le mois prochain, soit l’occasion de réaffirmer cette option.  M. Msosa a également souhaité que la vulnérabilité des petits États insulaires en développement (PEID) soit prise en considération, et que leurs préoccupations soient intégrées dans le programme de développement pour l’après-2015.  Il a enfin souligné que 200 millions d’Africains vivent dans des zones affectées par des conflits armés, et a plaidé afin que ces pays reçoivent une attention et un soutien particuliers dans le cadre de leurs efforts de développement.

M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin), s’exprimant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a relevé que les PMA ont connu quelques résultats positifs en matière de développement, mais que la pauvreté et la malnutrition y sont toujours présentes.  Il a ajouté que ces pays sont vulnérables à divers chocs, parmi lesquels les changements climatiques ou encore des problèmes de santé publique comme la présente épidémie à virus Ebola qui affecte certains pays d’Afrique de l’Ouest.  Il a souligné que les PMA doivent construire leurs capacités nationales pour se protéger contre ces chocs, et il a indiqué que le Programme d’action d’Istanbul est le guide idoine à cet effet.  Le représentant a ensuite précisé que la priorité majeure des PMA est de bâtir une agriculture productive, et de renforcer leurs secteurs industriels et des services.  Le représentant a en outre appelé à la mise en place, par l’Assemblée générale, d’un programme pour le renforcement des capacités nationales de production en faveur des PMA.  Il a rappelé que le Programme d’action d’Istanbul avait mis l’accent sur le transfert de technologies en faveur des PMA, notamment grâce à la création d’une banque des technologies et de la science.  Il a appelé la communauté internationale à mettre en couvre cette recommandation au plus tôt, et il a salué la Turquie qui a fait part de sa disponibilité à accueillir cette banque.

M. Zinsou a par ailleurs plaidé afin que tous les produits en provenance des PMA puissent accéder aux marchés des pays développés en franchise de droits et hors quota.  Il a aussi appelé les pays développés à respecter leur promesse de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’APD, dont 0,15% à 0,20% en faveur des PMA, ce qui permettrait de faire en sorte que le montant de cette APD en faveur des PMA, actuellement de 38 milliards de dollars, puisse être doublé.  Le représentant a en outre invité les partenaires au développement à mettre en place les mesures d’allègement de la dette agréées.  Il a aussi regretté que les PMA reçoivent seulement 1,7% des investissements directs étrangers.  C’est une proportion négligeable au vu de leurs besoins, a-t-il déploré.  Il a enfin invité l’Assemblée générale à prendre des mesures adéquates pour s’assurer que l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul puisse se tenir en 2016.

M. AMERICO BEVIGLIA ZAMPETTI, délégué de l’Union européenne, a parlé de la coopération au développement de l’Union européenne (UE) qui se concentre sur les pays qui en ont le plus besoin.  Nous continuerons, a-t-il assuré, à accompagner les pays les moins avancés (PMA) qui entreprennent des réformes structurelles pour renforcer leur capacité productive et pouvoir attirer plus d’investissements étrangers.  Il a indiqué que l’UE voulait promouvoir la coopération triangulaire avec les partenaires du Sud et continuer à fournir une aide au commerce.  Les PMA bénéficient toujours d’un accès en franchise de droits et hors quotas au marché de l’UE pour tous leurs produits à l’exception des armes et des munitions, grâce au système de préférences commerciales mis en place.  L’Union européenne est déterminée à accompagner les PMA de manière transparente et prévisible dans leurs stratégies nationales de transition visant à sortir de cette catégorie.  Le représentant a assuré que l’Union européenne s’engagerait de manière constructive dans l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en 2016.

En ce qui concerne les pays en développement sans littoral, le représentant a dit que l’Union européenne attendait avec intérêt la conférence qui se tiendra à Vienne le mois prochain pour examiner la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty.  Cette conférence, a-t-il recommandé, devra se concentrer sur les domaines qui sont cruciaux pour ces pays, comme le transit, le coût du transport et des transactions commerciales, la facilitation du commerce, et l’intégration régionale.

M. FERNANDO SARDENBERG ZELNER GONÇALVES (Brésil) a déclaré qu’il fallait tenir compte des initiatives bilatérales et régionales qui jouent un rôle critique dans l’intégration des pays les moins avancés (PMA) et des pays en développement sans littoral.  Il a donné l’exemple d’un projet mené par l’Institut brésilien de recherche agricole pour le développement de l’industrie du coton, projet dont la mise en œuvre bénéficie au Burkina Faso, au Mali, au Tchad, au Bénin et au Togo.  Les biologistes brésiliens et africains travaillent ensemble pour développer des variétés de plantes améliorées, a-t-il expliqué, en vue d’augmenter la productivité agricole et de renforcer la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest.  Ce projet, dans sa deuxième phase, se concentre maintenant sur le renforcement des capacités, le transfert de technologies, le partage des meilleures pratiques et autres progrès possibles pour améliorer la chaîne de valeur du coton.  Il a été financé en majorité par des fonds versés par les États-Unis au Brésil dans le cadre du règlement d’un différend remporté par le Brésil, qui avait porté plainte devant l’OMC contre les subventions versées aux exploitants de coton américains.

En ce qui concerne les pays en développement sans littoral, M. Gonçalves a indiqué que le Brésil servait de pays de transit pour le Paraguay en lui facilitant l’accès à la mer.  Il a aussi parlé du réseau de routes, construites dans le cadre de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), qui relie le Paraguay et la Bolivie à des ports d’autres pays voisins.  Ce projet a reçu 400 millions de dollars par le biais d’un fonds du Marché commun du Sud (MERCOSUR).  Le représentant a aussi mentionné un projet de gazoduc qui doit alimenter la capitale du Paraguay au port brésilien de Paranaguá, ce qui devrait réduire la dépendance du Paraguay envers le transport fluvial effectué sur le fleuve Paraná.

Mme VANITHA GOPALAKRISHNAN (Malaisie) s’est félicitée des résultats de la Conférence ministérielle sur le nouveau partenariat pour améliorer la capacité productive des PMA, qui s’est tenue au Bénin en juillet 2014 et s’est conclue par l’adoption du Programme de Cotonou.  Elle a également dit que la Malaisie attendait beaucoup de la Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral prévue à Vienne le mois prochain.  La Malaisie a aussi participé à la Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement (PEID) qui s’est tenue à Samoa le mois dernier, a indiqué Mme Gopalakrishnan. 

Pour aider les PMA à progresser davantage sur la voie du développement, Mme Gopalakrishnan a suggéré à leurs partenaires des pays développés de redoubler d’efforts dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul.  Elle a en même temps souligné l’importance de l’appropriation et du leadership des PMA dans la formulation de leurs propres politiques.  La Malaisie, a-t-elle indiqué, s’est engagée à aider les PMA, par le biais notamment de son programme de coopération technique qui, depuis 1981, a bénéficié à 141 pays.  Elle a aussi assuré que son pays était prêt à apporter une expertise technique spécifique aux petits États insulaires en développement, dans des domaines comme le tourisme ou l’environnement.

Mme JILL DERDERIAN (États-Unis) a indiqué que les États-Unis étaient le premier contributeur à l’APD en 2013, et elle a invité la communauté internationale à ne pas se focaliser sur l’APD comme source de financement du développement.  Elle a ensuite noté que les pays en conflit sont plus vulnérables à la pauvreté que d’autres et que leurs besoins devraient être pris en charge spécifiquement.  La représentante a invité les pays en développement à mettre en place des mesures incitatives pour promouvoir le développement durable, notamment en améliorant la participation des femmes et des jeunes aux efforts de développement, et en appliquant des mesures de transparence et de bonne gouvernance.  Elle a par exemple expliqué que les pays qui ont mis en place un environnement des affaires propice et porteur ont connu une augmentation significative des investissements directs étrangers, ainsi qu’une plus grande mobilisation des fonds nationaux pour le développement durable.  La représentante a par ailleurs souligné que les États-Unis sont prêts à apporter leur appui aux PMA dans l’optique du développement, par exemple en renforçant la coopération scientifique en vue de promouvoir l’innovation dans ces pays.  Elle a en outre salué la graduation de l’Angola et de Kiribati de la liste des PMA, tout en ajoutant que ce changement de statut doit se faire de manière souple.  Elle a enfin souhaité que la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui aura lieu à Vienne le mois prochain, soit l’occasion de renforcer le Programme d’action d’Almaty.

M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal) a expliqué que son pays était à la fois montagneux, sortant s’un conflit, sans littoral, et vulnérable aux changements climatiques.  C’est donc un pays très vulnérable, mais qui a un potentiel très fort, a-t-il assuré.  Il a expliqué que le Népal espérait sortir de la catégorie des PMA d’ici à 2022.  Reconnaissant que la responsabilité première du développement incombe aux pays concernés, il s’est cependant adressé à la communauté internationale pour qu’elle aide le Népal à alléger son fardeau.  Il a notamment demandé que l’on donne aux pays enclavés, à leurs voisins et aux PMA les moyens de la mise en œuvre des projets qui leur permettraient d’appliquer les recommandations du Programme d’action d’Almaty et du Programme d’action d’Istanbul.

M. Bhattarai a souligné les contraintes structurelles que subissent les PMA, ainsi que la baisse de l’APD qui leur est destinée et des investissements directs étrangers.  Il a néanmoins remercié les partenaires de développement des efforts qu’ils mènent pour tenir leurs engagements en matière d’APD.  La communauté internationale devrait concentrer son attention sur les mesures pouvant faciliter la sortie de la catégorie des PMA, en garantissant aux pays qui le font un soutien continu et prévisible, a-t-il souhaité.  Il a annoncé que son pays accueillerait, en décembre prochain, la Conférence ministérielle des PMA, qui se tiendra à Katmandou.  En ce qui concerne la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, il a espéré qu’elle aboutirait sur un nouveau programme d’action qui serait intégré dans le cadre global de développement.

M. AHMED SAREER (Maldives) a rappelé que son pays était sorti de la catégorie des PMA en 2011, après avoir récolté les fruits des efforts entrepris au cours des décennies passées.  Il a toutefois indiqué que le processus de transition avait été difficile.  La communauté internationale n’a toujours pas trouvé de solution à ce problème, a-t-il remarqué, avant d’exhorter les États Membres à tirer parti des leçons apprises, en prenant pour exemple le cas des Maldives.  Il a remarqué, notamment, que le critère de PIB par habitant retenu dans ce processus ne reflétait pas les progrès holistiques de la société.  Parmi les conséquences adverses de la sortie de la catégorie, il a mentionné la réduction drastique des flux d’aide publique au développement (APD), l’érection de barrières tarifaires et non tarifaires devant l’accès des produits des Maldives aux marchés étrangers, ainsi que l’annulation de l’accès aux financements concessionnels de la part des institutions financières internationales.  Le résultat est que les Maldives risquent déjà de connaître un retour en arrière en termes de développement social, a-t-il prévenu.

M. Sareer a également souligné les défis que doit relever son pays en tant que petit État insulaire en développement.  L’éloignement et la dispersion des îles de l’archipel des Maldives, ainsi que sa faible base économique et les coûts élevés de transport, ne permettent pas de faire des économies d’échelle, a-t-il regretté.  En outre, 80% du territoire maldivien est situé juste un mètre au-dessus du niveau de la mer, a-t-il ajouté avant de passer en revue les incidences néfastes des changements climatiques sur son pays.  Il a aussi mentionné la dépendance des Maldives par rapport au secteur du tourisme, qui représente 30% du PIB du pays.  Les situations particulières appellent des solutions particulières, a-t-il argué en prenant pour exemple la catégorie des économies petites et vulnérables de pays pourtant membres de l’OMC.  C’est pourquoi il a exhorté les Nations Unies à créer une catégorie spécifique pour ces pays, afin de mieux traiter de leurs besoins particuliers.  À la Conférence de Samoa sur les PEID, a-t-il rappelé, la communauté internationale a reconnu que ces pays constituent une catégorie spéciale de pays affectés par des vulnérabilités particulières et ayant des besoins spécifiques.

Mme RWAYDA IZZELDIN HAMID ELHASSAN (Soudan) a indiqué que la situation des pays sortant de conflits doit être prise en compte par la communauté internationale.  Elle a souhaité que les produits des PMA aient un meilleur accès aux marchés internationaux et que leurs dettes soient purement et simplement annulées.  Elle a en outre appelé à plus d’investissements directs étrangers vers ces pays, et elle a souhaité que les causes profondes du retard des PMA soient analysées.  Pour le cas du Soudan, elle a expliqué que le pays est confronté à des conflits internes depuis des décennies, une situation qui lui a fait perdre près de 75% de ses ressources naturelles, du fait de l’accession à l’indépendance d’une partie de son territoire.  Elle a, de ce fait, appelé la communauté internationale à œuvrer pour la levée des sanctions économiques dont le Soudan est victime.

M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) a demandé aux Nations Unies et aux autres agences multilatérales de développement de fournir une assistance adéquate aux pays sans littoral pour les aider à s’orienter vers la production de biens à haute valeur ajoutée et de produits finis, via l’industrialisation, et à diversifier leurs économies.  Il a souhaité la mise en place de partenariats mondiaux renforcés pour soutenir la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty, qui répond aux besoins des pays enclavés en situation particulière.  Sans une transformation économique structurelle, ces pays n’auront pas de croissance inclusive et durable.  Les défis à relever ne se limitent pas à des questions de transport et de transit, a insisté M. Shava.

Le représentant a appelé les pays donateurs à honorer et à augmenter leurs engagements en matière d’assistance au développement, et à aligner leurs efforts sur les programmes nationaux de développement des pays en situation particulière.  Dans le même esprit, il a jugé essentielle la facilitation du commerce.

Mme HASSEN (Éthiopie) a relevé les progrès encourageant accomplis par les PMA au cours des trois années qui ont suivi la Conférence d’Istanbul.  Elle a en même temps noté les obstacles que ces pays doivent encore surmonter, comme la diminution de l’APD.  Il faut, a-t-elle recommandé, intégrer le Programme d’action d’Istanbul dans le futur programme de développement pour l’après-2015.  Ce Programme d’action est basé sur la responsabilité commune des PMA et des partenaires de développement, a-t-elle rappelé.  L’Éthiopie estime qu’il faudra aussi accorder une attention particulière aux PMA dans le cadre de la Décennie de l’énergie durable pour tous, a dit la représentante.  Elle a aussi demandé de rendre rapidement opérationnelle la Banque des technologies, ainsi que le mécanisme de soutien à la science, la technologie et l’innovation. 

L’Éthiopie connait une croissance économique qui est une des plus rapides au monde, a poursuivi la représentante.  Elle a ensuite énuméré les obstacles qui entravent les efforts de développement des pays en développement sans littoral, comme le coût élevé des transports.  Elle a souhaité que la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui se tiendra à Vienne le mois prochain, aborde les questions de manière holistique et cohérente.  Enfin, elle a apprécié l’offre de la Turquie d’accueillir la conférence d’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du prochain Programme d’action sur les pays en développement sans littoral.

M. KARMA CHOEDA (Bhoutan) a évoqué « avec fierté » la perspective de la graduation de son pays de la liste des pays les moins avancés (PMA).  Toutefois, conformément au Programme d’action d’Istanbul, les PMA doivent pouvoir sortir de cette catégorie de manière durable pour éviter d’y retomber, a-t-il souligné.  À cet égard, les questions relatives au calendrier et aux modalités de la transition à opérer doivent être examinées soigneusement, a insisté le représentant.  C’est la raison pour laquelle le Bhoutan compte sur l’appui du système des Nations Unies et de la communauté internationale.

S’agissant de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui se tiendra à Vienne du 3 au 5 novembre prochain, M. Choeda a estimé qu’il faudrait adopter un nouveau programme d’action pour compléter les priorités définies dans le Programme d’Almaty et répondre de façon « holistique » aux besoins spécifiques de ces pays.

M. HAU DO SUAN (Myanmar), s’exprimant en sa capacité de représentant du Myanmar, a regretté que malgré des efforts consentis par la communauté internationale, de nombreux PMA ne pourront réaliser les huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à la date butoir, fixée en fin d’année 2015.  Il a plaidé pour le renforcement des capacités nationales de production des PMA, précisant aussi que le soutien financier des partenaires du développement était crucial à cet effet.  Il a en outre salué la tenue en juillet dernier, à Cotonou, au Bénin, de la Conférence ministérielle sur la question des capacités productives des PMA.  M. Do Suan a ensuite souhaité que la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, prévue en juillet prochain à Addis-Abeba, en Éthiopie, soit l’occasion d’adopter des mesures de financement pour le développement durable des PMA.  Il a insisté que les ressources de l’APD doivent continuer de constituer la base du financement des projets de développement dans les PMA, tout en reconnaissant que d’autres sources de mobilisation de fonds devraient être identifiées.  Le représentant a par ailleurs noté que les réformes politiques et économiques engagées par le Gouvernement du Myanmar, ainsi que la levée progressive des sanctions économiques dont le pays a été victime auront permis une augmentation de l’APD en faveur du Myanmar.  Il a aussi salué l’annulation de près de la moitié de la dette du pays par ses créanciers en 2013.  Il s’est également félicité qu’avec 2 milliards de dollars d’investissements entre 2011 et 2013, le Myanmar soit parmi les 10 premiers pays au monde recevant le plus d’investissements directs étrangers pour la période allant de 2011 à 2013.

M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a souligné les besoins en infrastructures des PMA, ainsi que la nécessité pour ces pays de se doter de technologies de pointe et d’une main-d’œuvre plus qualifiée et plus productive.  Il faut en outre que ces pays reçoivent plus de ressources d’APD, a-t-il ajouté en mettant aussi l’accent sur l’importance des investissements étrangers directs (IED).  Seulement 25 milliards de dollars sur les 1 500 milliards de dollars de flux d’IED sont investis annuellement dans les PMA, a-t-il noté avec regret.  Reconnaissant que les PMA doivent faire leur part d’efforts, il a demandé aux partenaires de développement de prendre des mesures d’incitation pour susciter des investissements du secteur privé dans les PMA.  M. Momen a aussi souligné l’importance de la technologie et de l’innovation comme moteurs de la croissance et de la prospérité.  En outre, il a demandé aux États Membres de mettre pleinement en œuvre les décisions prises à la Conférence ministérielle de l’OMC, tenue à Bali, l’an dernier, notamment en ce qui concerne l’accès aux marchés des produits des PMA aux marchés des pays développés en franchise de droit et hors quotas.

M. WANG MIN (Chine) a appelé la communauté internationale à transformer ses promesses en actes concrets en ce qui concerne l’assistance aux PMA et aux PEID, précisant que l’APD est le soutien le plus direct et efficace en faveur du développement de ces groupes de pays.  Il a ainsi plaidé afin que les donateurs respectent leurs engagements, en veillant notamment à fournir une assistance équitable aux PMA et aux PEID.  Le représentant a par ailleurs demandé que ces pays soient soutenus dans certains domaines clefs, notamment la productivité, les infrastructures, le transport, l’agriculture, l’énergie et le commerce.

M. Wang a noté que la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul au cours des quatre dernières années n’aura pas été très encourageante, ajoutant que « les PMA font toujours face à une tâche herculéenne pour pouvoir réaliser leur développement ».  M. Wang a souligné que l’examen de la mise en œuvre, à mi-parcours, du Programme d’action d’Istanbul, devrait permettre d’envisager des voies et moyens d’atteindre les objectifs formulés dans le Programme.  Il a en outre émis le vœu que la deuxième Conférence internationale des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, prévue le mois prochain à Vienne, permette de faire le bilan des 10 ans de la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty, et de formuler des solutions pour améliorer la situation de ce groupe de pays.

Le représentant a ensuite appelé la communauté internationale à soutenir les pays d’Afrique affectés par l’épidémie à virus Ebola.  Il a rappelé que, très tôt, la Chine avait déjà commencé à apporter un soutien à ces pays à hauteur de 234 millions de yuan, tout en y déployant 200 experts médicaux.  Il a également déclaré qu’une nouvelle aide de 100 millions de yuan sera bientôt débloquée, et qu’elle sera notamment constituée d’ambulances, de motocyclettes, de matériels de prévention et de contrôle de l’expansion du virus, et que des formations seront également organisées en faveur des personnels médicaux des pays affectés.

Mme ANGELA HASSAN-SHARP (Nouvelle-Zélande) a cité en exemple la Conférence sur les petits États insulaires en développement qui s’est récemment tenue à Samoa.  « S’il est important de souligner et de parler des défis rencontrés par les États les plus vulnérables du monde, il est encore plus important de prendre des mesures concrètes pour répondre à ces défis », a-t-elle dit.  La création de partenariats véritables et durables, comme cela s’est fait à Samoa offre « un modèle » duquel on peut s’inspirer pour aider les pays en situation particulière, a-t-elle estimé.  Ces partenariats, qui doivent être chapeautés par les pays eux-mêmes, peuvent être très variés.  « Il n’y a pas de partenariat trop petit », a tenu à relever Mme Hassan-Sharp.  Toutefois, a précisé la représentante, il est essentiel de se fixer à chaque fois des objectifs précis et concrets, ainsi qu’un calendrier spécifique.

M. MAYTHONG THAMMAVONGSA (République démocratique populaire lao) a indiqué que son pays espérait être admis à graduer de la liste des pays les moins avancés (PMA) en 2020.  La République lao a intégré le Programme d’action d’Istanbul dans son programme national de développement annuel et dans le septième plan quinquennal de développement (2006-2015) et elle s’apprête à en faire de même concernant son prochain programme (2016-2020).  En tant que pays sans littoral, la République démocratique populaire lao a fait des progrès notables dans l’application du Programme d’Almaty, grâce notamment à l’appui des pays de transit et de ses partenaires de développement.  Le pays développe ainsi un réseau routier avec les pays voisins, et des corridors Est-Ouest et Nord-Sud qui relient les pays de la région et de la sous-région.  Enfin, a ajouté M. Thammavongsa, le Gouvernement lao intensifie ses efforts pour participer à la prochaine zone de libre-échange de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui sera bientôt une communauté économique régionale.  

Mme ZAKIA EL MIDAOUI (Maroc) a regretté que quatre décennies après la création de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), de nombreux pays qui ont ce statut soient toujours confrontés à de trop nombreuses difficultés.  Elle a déclaré que la prochaine décennie sera déterminante pour les PMA et leurs partenaires, ceci dans l’optique de la mise en œuvre de politiques de développement appropriées.  Elle a ajouté que ce qui est vrai pour les PMA l’est également pour les petits États insulaires en développement et les pays en développement sans littoral. 

Mme El Midaoui a par ailleurs relevé que le Maroc a tissé des partenariats solides avec les PMA dans le cadre de la coopération Sud-Sud, et que le pays accorde notamment un accès à son marché en franchise de droits et hors quotas aux produits des PMA africains.  Elle a conclu son intervention en estimant qu’un agenda de développement en faveur des PMA doit être basé sur une vision globale et à long terme, qui soit en mesure de définir des solutions appropriées aux problèmes et défis auxquels sont confrontés les PMA et les autres groupes de pays en situation particulière.

Mme TATIANA ZVEREVA (Fédération de Russie) a déclaré que son pays soutenait les efforts menés par les PMA pour mettre en œuvre leurs stratégies de développement conformément aux priorités du Programme d’action d’Istanbul.  Elle a aussi salué l’intention de plusieurs PMA de sortir de cette catégorie au cours de cette décennie.  La Fédération de Russie, a-t-elle poursuivi, est attachée à la coopération internationale destinée à combler les besoins des pays en développement.  Elle a précisé que son pays accorde une attention particulière au renforcement du potentiel commercial des PMA, la Russie ayant par exemple mis en place un régime préférentiel en faveur des produits des PMA.

En ce qui concerne les pays en développement sans littoral, elle a espéré que la Conférence qui aura lieu dans quelques jours à Vienne permettra de poursuivre les stratégies actuelles concernant ces pays.  Le nouveau programme d’action qui sera adopté à cette occasion et qui fera suite au Programme d’Almaty devra, a-t-elle suggéré, accorder une plus grande attention à l’intégration des pays en développement sans littoral dans l’économie mondiale.

Mme KOUMÉALO ANATE BALLI (Togo) a indiqué que son pays avait intégré dans sa politique nationale de développement la plupart des actions mentionnées dans le Programme d’action d’Istanbul.  Le Togo, a-t-elle précisé, a ainsi enregistré des avancées notables dans les domaines portuaire, aéroportuaire et routier.  Elle a donné l’exemple de la nouvelle plateforme portuaire inaugurée la semaine dernière dans la capitale du pays, Lomé, qui permettra d’accueillir des navires de nouvelle génération, « positionnant ainsi le Togo comme une destination de choix pour les grands armateurs internationaux ».  C’est aussi un projet d’intégration « qui sert plus que jamais les pays en développement sans littoral de la sous-région », a-t-elle fait remarquer.

Mme Anate Balli a rendu hommage au financement privé qui a permis ces réalisations, ainsi qu’aux partenaires bilatéraux et multilatéraux, qui sont venus compléter une allocation budgétaire du Gouvernement.  La représentante a aussi mentionné les progrès accomplis par le Togo dans le domaine de la téléphonie mobile, de l’éducation et de la santé.  Pour surmonter les obstacles qui subsistent, a-t-elle ajouté, le Gouvernement togolais s’est lancé dans un vaste programme d’amélioration de la gouvernance économique et d’assainissement des finances publiques, par la mise en place d’un guichet unique du commerce extérieur et la création de l’Office togolais des recettes.

M. TLHALEFO BATSILE MADISA (Botswana) a noté que les préoccupations des pays en développement sans littoral étaient nombreuses.  Dans l’ensemble, leurs économies ne sont pas suffisamment diversifiées et reposent sur l’exportation d’un seul produit de base.  De plus, la sécurité alimentaire et l’agriculture y sont menacées par la dégradation des terres, la désertification et les changements climatiques.  Un grand nombre de pays en situation particulière ne se sont pas encore remis de la crise financière et économique mondiale de 2008, a déploré le représentant.

Géographiquement isolés, les pays en développement sans littoral sont désavantagés vis-à-vis des flux d’investissements étrangers directs, a poursuivi M. Madisa.  Il a appelé la communauté internationale à accroître son assistance technique et financière à ces pays pour les aider à développer des réseaux routiers, ferroviaires et de télécommunication, ainsi que des pipelines pour le transport de l’eau et de l’énergie.   

Après avoir évoqué les progrès réalisés depuis l’adoption du Programme d’action d’Almaty en 2003, M. YESHMAGAMBETOVA (Kazakhstan) a indiqué les priorités qui devraient guider le nouveau programme d’action pour les pays en développement sans littoral.  Tout d’abord, il faut identifier des objectifs qui s’accordent avec les priorités et les stratégies nationales de chaque pays.  Deuxièmement, il faut établir des partenariats véritables entre les pays sans littoral et les pays de transit en développement.  Troisièmement, il faut tenir compte du fait que les besoins des pays en situation particulière varient d’un pays à l’autre, a dit le représentant.  Ensuite, le potentiel de l’intégration économique régionale doit être exploité, y compris le commerce et l’investissement étranger direct intrarégionaux, a-t-il ajouté.  Enfin, a-t-il conclu, le défi posé par les changements climatiques doit être pris en considération.

Étant le pays le plus éloigné de tout port maritime, le Kazakhstan a besoin de développer son infrastructure de transit et de transport, a ensuite indiqué le représentant.  Notre pays aspire à devenir « l’une des 30 économies les plus développées d’ici à 2050 », a-t-il souligné en indiquant que le Kazakhstan est en train de construire de nouvelles lignes ferroviaires, de reconstruire et de rénover plus de 20 000 kilomètres d’autoroutes, et de développer une flotte marchande.  De plus, le Kazakhstan se prépare à accueillir à Astana, dans trois ans, « Expo-2017 », un évènement international consacré à l’énergie du futur.

Mme MICHIKO MIYANO (Japon) s’est félicitée de la diversification des partenaires à la promotion du développement au niveau international.  Le Japon, a-t-elle indiqué, promeut la coopération triangulaire en étoffant l’appui qu’il fournit aux PMA.  Elle a aussi noté que la paix et la stabilité sont des conditions préalables au développement.  À cet égard, elle a indiqué que le Japon apportait son appui aux activités de la Commission de consolidation de la paix.  Elle a aussi relevé l’importance des IED pour le développement des PMA et a dit attendre avec intérêt le résultat des travaux du Groupe d’experts chargé de réfléchir à la création d’une banque des technologies en faveur des PMA.

S’agissant de la situation des pays en développement sans littoral, la représentante du Japon a dit que son pays voulait participer activement à la deuxième Conférence sur les pays sans littoral qui se tiendra à Vienne dans deux semaines.  Elle a souhaité que cette Conférence débouche sur un document politique concis.  Le Japon estime que la première priorité pour ces pays devrait être le développement des infrastructures de transit et de commerce.  Enfin, elle a rappelé que son pays serait l’hôte, en mars 2015, dans la ville de Sendai, de la Conférence sur la réduction des risques de catastrophe.

M. HAKAN KARAÇAY (Turquie) a demandé de ne ménager aucun effort pour faciliter la création d’un environnement propice au commerce et à l’emploi dans les PMA.  Toutefois, a-t-il remarqué, les flux de capitaux à destination des PMA n’ont pas encore atteint les niveaux souhaités.  Il a noté que les flux d’IED ne bénéficient qu’à un éventail réduit de secteurs.  Le représentant a demandé de mettre pleinement en œuvre le Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA, adopté en 2011, en rappelant qu’il avait été prévu de diminuer de moitié le nombre de PMA d’ici à 2020.  Il a prévenu qu’il faudrait redoubler d’efforts pour aider les PMA à atteindre les cibles fixées dans le Programme d’action d’Istanbul.  Il a aussi plaidé pour qu’une transition sans heurt soit garantie aux pays sortant de la catégorie des PMA. 

Le représentant de la Turquie a ensuite souligné l’importance du transfert de technologies vers les PMA, accordant une grande importance à la création d’une banque des technologies.  La Turquie est d’ailleurs prête à accueillir cette banque, a-t-il indiqué.  Il a donné un aperçu de l’APD qu’offre son pays aux PMA dans des divers secteurs, comme celui de l’agriculture et celui des technologies.  Enfin, il a émis l’espoir que la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui se tiendra à Vienne au mois de novembre, sera un moment historique pour ces pays.  Il a aussi rappelé que la Turquie était prête à accueillir la conférence d’examen à mi-parcours de la mise en œuvre des recommandations de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui a eu lieu à Istanbul en 2011.

Mme HELEN BECK (Îles Salomon) a préconisé un renforcement des capacités de production des PMA.  Elle a plaidé en faveur de la conduite de réformes structurelles en faveur de ces pays, afin d’y favoriser le développement de l’agriculture et de l’industrialisation.  Elle a regretté le manque de volonté politique en ce qui concerne la conclusion du Cycle de négociations de Doha pour le développement, appelant néanmoins les pays à accorder un accès sans franchise de droits aux produits des PMA, notamment aux marchés des pays développés.  Elle a demandé que la banque de technologies en faveur des PMA, dont la création a été recommandée par le Plan d’action d’Istanbul, devienne réalité et soit opérationnelle.

Mme ULLA HEHER, Observatrice de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a rappelé que les États membres de l’ONUDI avaient adopté, en 2013, la Déclaration de Lima intitulée « Vers un développement industriel inclusif et durable ».  Le rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable recommande lui aussi que l’industrialisation inclusive et durable soit « l’Objectif 9 » du programme de développement pour l’après-2015.

La représentante de l’ONUDI a indiqué que les taux de croissance de la valeur ajoutée manufacturière dans les économies industrielles en développement et émergentes avaient ralenti après 2007, atteignant seulement 2,2% en 2009.  Mais depuis lors, cette valeur ajoutée a augmenté partout dans le monde, représentant 12 000 milliards de dollars en 2013.  « La relative résilience des constructeurs dans les pays industriels en développement et émergents a jusqu’à présent protégé beaucoup de personnes des effets les plus graves des crises économiques », s’est-elle réjouie.

Parmi ces pays, ce sont la Chine et l’Inde qui ont connu les taux de croissance de la valeur ajoutée manufacturière les plus importants au cours des 20 dernières années.  La Chine, qui est passée de 15,7% en 1990 à 50,4% aujourd’hui, est aujourd’hui le deuxième plus grand pays industrialisé au monde après les États-Unis.

La délégation de l’ONUDI a par ailleurs souligné l’importance de la transformation structurelle des économies et des industries pour favoriser la croissance et créer des emplois.  De même, il faut investir dans des infrastructures résistantes et promouvoir l’innovation.  Dans ses programmes, l’ONUDI met l’accent sur trois thèmes: faire progresser la compétitivité économique; protéger l’environnement; et réaliser une prospérité partagée.    

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