Deuxième Commission: le commerce international peut être un moteur du développement s’il est régi par un système juste et équitable n’excluant pas les pays pauvres
Le système commercial multilatéral devrait être « universel, basé sur des règles, ouvert, non discriminatoire, inclusif et équitable », ont déclaré aujourd’hui les représentants des pays en développement. Ces caractéristiques, qu’était censé promouvoir et respecter le Cycle de négociations commerciales de l’OMC de Doha, dit « Cycle du développement », ont été rappelées ce matin par des délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) à leurs homologues représentant des pays industrialisés, alors que la Commission débattait des liens existant entre le commerce international et le développement.
Dans l’après-midi, la Deuxième Commission a achevé le débat qu’elle avait entamé lundi sur l’éradication de la pauvreté, ce qui a donné à une majorité d’intervenants l’occasion de réitérer que cette question doit être placée au cœur du programme de développement pour l’après-2015.
Les intervenants de la matinée se sont accordés pour dire que, de par sa capacité à générer des ressources qui peuvent être mises au service de la promotion du développement, le commerce contribue pour beaucoup au développement des pays, et ils ont insisté pour qu’il figure en bonne place dans le programme de développement pour l’après-2015. Mais, comme l’explique le Secrétaire général dans son rapport sur la question, il est impératif que les conditions et le cadre dans lesquels s’effectuent les activités commerciales soient équitables et ouverts. C’est la cohérence de la politique commerciale avec d’autres politiques qui permettra véritablement d’en tirer des retombées positives.
De nombreuses délégations ont souligné qu’il faut poursuivre les efforts visant à accroître la participation des pays en développement aux échanges commerciaux internationaux, notamment en créant les conditions qui leur donneraient un meilleur accès aux marchés mondiaux. À cet égard, le représentant du Bénin, parlant au nom des 48 pays les moins avancés (PMA), a en effet relevé que les exportations de ces pays se chiffraient à seulement à 1,11% du volume mondial des échanges en 2011 alors que les PMA représentent 12% de la population mondiale. Il a demandé que les promesses faites à ces pays soient tenues, et que la totalité des exportations des PMA vers les pays développés bénéficient d’un accès exempt de droits douaniers et de quota d’importation aux marchés des pays industrialisés, comme le recommande le Programme de Doha pour le développement.
Une nouvelle fois, les pays développés ont été invités à éliminer toutes les barrières protectionnistes qui entravent l’accès à leurs marchés des produits des pays en développement, notamment en ce qui concerne les produits agricoles qui proviennent d’un secteur qui reste le premier employeur dans la majorité des pays en développement. Dans cet esprit, des délégations, dont celle de l’Australie, parlant au nom du Groupe de Cairns, ont de nouveau demandé l’élimination des subventions à la production et aux exportations agricoles que versent à leurs producteurs les pays développés. Ces subventions faussent les règles du marché des produits agricoles et créent des distorsions tout en pénalisant fortement les petits producteurs agricoles des pays du Sud et de certains pays émergents dont les produits deviennent moins compétitifs, malgré les avantages comparatifs dont ils bénéficieraient si les règles du jeu étaient respectées par tous.
La question de la facilitation de l’accès aux marchés revêt aussi une importance particulière pour les pays en développement sans littoral comme le Kazakhstan, a signalé le représentant de ce pays. Il a rappelé que la Déclaration d’Almaty de 2012 proposait de garantir à ces pays des préférences commerciales et de faciliter leur accession à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
De nombreux appels ont été lancés pour que soit conclu de manière positive le Cycle de négociations de Doha pour le développement, 14 ans après son démarrage. Les intervenants se sont toutefois félicités que ce processus ait été marqué par la conclusion d’un accord à Bali, l’an dernier, lors de la neuvième Conférence ministérielle de l’OMC. Le « paquet de Bali » ainsi adopté vise notamment à simplifier le commerce et à stimuler les échanges des pays les moins avancés.
« Les arrangements commerciaux régionaux et bilatéraux doivent aller de pair avec des efforts en vue de perfectionner le système multilatéral », a souligné le représentant de la Chine en exprimant le soutien au mandat de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Le Ministre de la culture, des arts et du patrimoine du Qatar, qui avait assuré, à Doha en 2012, la présidence de la treizième CNUCED (CNUCED XIII), a regretté les manœuvres et autres blocages qui tentent d’empêcher la CNUCED d’accomplir pleinement son mandat, et il s’est engagé à promouvoir une nouvelle culture de coopération au sein de la Conférence.
Au-delà de l’accès aux marchés, plusieurs délégations ont insisté sur l’importance de l’aide pour le commerce, qui permet de favoriser la concurrence et le développement du commerce, comme l’a exprimé le représentant de la Jamaïque, au nom de la Communauté des Caraïbes, une région qui s’est dotée en 2013 d’une stratégie régionale d’aide pour le commerce.
Dans l’après-midi, une trentaine de délégations ont pris la parole sur le point de l’ordre du jour de la Commission relatif à l’éradication de la pauvreté. Lundi les intervenants avaient mis l’accent sur plusieurs conditions qui sont incontournables pour réaliser cet objectif, dont notamment la promotion du secteur agricole, l’autonomisation des femmes et l’accès aux services financiers. Parmi les secteurs cruciaux sur lesquels doivent porter les efforts, les délégations ont mentionné celui de l’industrialisation.
Le représentant de l’Iraq a fait remarquer le retard à combler par son pays à cet égard, tandis que celui de Trinité-et-Tobago, indiquant que son pays est l’un des plus industrialisés des Caraïbes, a expliqué qu’il devait veiller à mettre en œuvre une économie respectueuse de l’environnement.
La Deuxième Commission se réunira à nouveau demain, jeudi 23 octobre, à partir de 10 heures, pour achever le débat sur l’éradication de la pauvreté et examiner les questions relatives aux « groupes de pays en situations particulières ».
QUESTIONS DE POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE
Commerce international et développement
Rapport du Secrétaire général (A/69/179)
Le Secrétaire général explique dans ce rapport que le commerce international, qui est essentiel au développement durable, a vu son volume, sa structure et ses modalités évoluer depuis 20 ans. Aujourd’hui, alors que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est en train de préparer les négociations du Cycle de Doha en y incorporant les questions liées au développement, le système commercial international est menacé de fragmentation face au nombre croissant d’initiatives régionales et « plurilatérales ». Le Secrétaire général recommande de tenir compte de ces initiatives et de renforcer la cohérence entre les politiques aux niveaux national, régional et international, notamment pour favoriser les capacités productives et une plus grande participation aux processus de production si l’on veut assurer une croissance durable.
En 2013, le commerce international des biens et services a connu une croissance modeste de 2,2% en volume, l’un des plus faibles depuis 2002. Les exportations des pays en développement ont augmenté plus rapidement (3,2%) que celles des pays développés (1,6%). Selon les prévisions actuelles, le commerce connaîtra une croissance accélérée en 2014, qui se poursuivra en 2015.
Si le commerce mondial a généralement augmenté à peu près 2 fois plus vite que le produit intérieur brut (PIB) depuis les années 90, au cours des deux dernières années il a augmenté au même rythme que le PIB. Pour autant, le commerce continue de contribuer pour beaucoup au développement et devrait figurer en bonne place dans le programme de développement pour l’après-2015, comme moteur important d’un développement durable pour tous. Mais, explique le Secrétaire général, ce sont les conditions dans lesquelles le commerce s’effectue et la cohérence de la politique commerciale avec d’autres politiques complémentaires qui permettront véritablement d’en tirer des effets positifs.
C’est pourquoi il recommande d’élaborer des politiques qui favorisent la mise en place de relations positives entre les politiques commerciales d’une part et, d’autre part, les politiques sociales, financières, technologiques, sanitaires, énergétiques, éducatives et environnementales, d’emploi et de migration. Cela passera par un environnement international porteur, un cadre commercial équitable et ouvert, et une certaine marge de manœuvre laissée aux pays.
À l’échelle internationale, il convient de favoriser et de renforcer la coopération multilatérale, qui a besoin d’un regain de dynamisme et de crédibilité face à la multiplication d’accords régionaux à la complexité croissante. Il est important d’assurer la convergence des processus multilatéraux et régionaux afin de parvenir à un équilibre optimal entre ces deux types d’accords, ainsi que la convergence des processus régionaux eux-mêmes.
Rapport du Conseil du commerce et du développement sur sa cinquante-huitième réunion directive (A/69/15 (Part I))
Au cours de sa session de décembre 2013, le Conseil du commerce et du développement a examiné le Rapport 2013 sur les pays les moins avancés: une croissance créatrice d’emplois pour un développement équitable et durable de la CNUCED. Ce rapport recommande de donner à la création d’emplois une place centrale dans les politiques de développement. On constate que la forte croissance économique des PMA ne s’est pas traduite par une création d’emplois de même ampleur, note le Conseil du commerce et du développement. Bien qu’ils aient enregistré une croissance annuelle moyenne de 7% entre 2000 et 2008 et de 5% entre 2009 et 2013, la plupart des PMA ne parviendront sans doute à atteindre qu’une petite partie des Objectifs du Millénaire.
Le Conseil du commerce et du développement a aussi organisé, dans le cadre de sa réunion directive, une réunion-débat, portant sur le thème « Une croissance créatrice d’emplois pour un développement équitable et durable », qui a notamment fait ressortir que, pour créer des emplois productifs, les pays africains devaient stimuler la croissance grâce à l’industrialisation. Cela a été l’occasion d’examiner le potentiel du secteur agricole dans plusieurs PMA africains en termes de croissance, en soulignant la nécessité de passer d’une agriculture de subsistance à une production agro-industrielle moderne.
Rapport du Conseil du commerce et du développement sur sa vingt-huitième session extraordinaire (A/69/15 (Part II))
Au cours de cette session extraordinaire, tenue le 17 juin 2014, le Conseil du commerce et du développement a célébré le cinquantième anniversaire de la création de la CNUCED. À cette occasion, le Secrétaire général de la CNUCED a donné un bref aperçu du rôle que cette instance avait joué depuis sa création. Il a indiqué qu’il convenait de renforcer la coopération multilatérale et le partenariat à la CNUCED au service de la prospérité pour tous.
Rapport du Conseil du commerce et du développement sur sa cinquante-neuvième réunion directive (A/69/15 Part II))
Pour cette session, qui a eu lieu du 23 au 25 juin 2014, le Conseil a examiné les activités de la CNUCED en faveur de l’Afrique. Le secrétariat de la CNUCED a souligné qu’il importait de coordonner ses interventions en Afrique avec celles d’autres grands partenaires du développement, en particulier le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et la Commission économique Pour l’Afrique (CEA). Un domaine où la CNUCED s’impliquait de plus en plus concerne la formulation et la mise en œuvre d’une approche intégrée des politiques commerciales, dans le cadre notamment de l’actualisation des études diagnostiques sur l’intégration du commerce dans les pays africains.
Le Conseil a aussi organisé une réunion-débat sur le thème « Unions monétaires et commerce régional en Afrique ». Il a été noté qu’il existait divers programmes d’harmonisation pour la création d’unions monétaires et qu’ils étaient bien avancés, notamment la zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest et l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Les experts ont souligné qu’une union monétaire pouvait avoir une incidence positive sur l’intégration commerciale, et d’autres effets sur toute l’économie si un ensemble de préalables était satisfait. Les experts ont aussi souligné que l’Afrique ne devait pas se détourner des unions monétaires étant donné que l’Union économique et monétaire européenne n’était pas à l’origine de la crise récente de l’euro. Au contraire, l’Union économique monétaire pouvait être une source d’enseignements utiles à prendre en considération.
Débat général
Mme SHORNA-KAY MARIE RICHARDS (Jamaïque), parlant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que la région des Caraïbes avait renforcé ses échanges commerciaux par le biais du cadre du « Marché et économie uniques » de la CARICOM. Cela permet un libre-échange de biens et de services, ainsi qu’un libre flux de capitaux et de personnes au sein de la Communauté. L’ouverture de ce marché a rendu la région vulnérable à la crise économique mondiale, a-t-elle cependant indiqué. C’est pourquoi, a-t-elle expliqué, plusieurs pays de la CARICOM ont jugé nécessaire de conclure des accords de confirmation avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue de réduire leurs dettes et de stimuler la croissance économique. Au vu de la précarité de la situation économique de son pays, elle a expliqué l’importance d’intégrer une composante « développement » aux accords commerciaux.
La représentante a plaidé en faveur de l’aide pour le commerce qui, a-t-elle souligné, permet de favoriser la concurrence et le développement du commerce, au-delà de l’accès aux marchés. Elle a mentionné l’adoption par la CARICOM, en juin 2013, d’une stratégie régionale d’aide pour le commerce. Elle a insisté sur le fait que l’accès aux marchés n’était pas suffisant pour les pays de la région car, a-t-il expliqué, il faut aussi renforcer leurs capacités et développer leurs infrastructures. Il faut un système commercial multilatéral ouvert, inclusif, transparent, non discriminatoire et basé sur des règles, a-t-elle prôné. Un tel système permettrait de mettre pleinement en œuvre le Document final de la Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement (PEID).
En ce qui concerne le programme de développement pour l’après-2015, Mme Richards a dit que la CARICOM appréciait l’inclusion de cibles relatives au commerce dans les propositions d’objectifs de développement durable. Elle a dit attendre avec intérêt la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra à Addis-Abeba l’an prochain. Elle a aussi souhaité voir conclure le Cycle de négociations commerciales de Doha, qui a été lancé il y a 14 ans mais n’a toujours pas été achevé. Elle a toutefois salué la conclusion d’un accord à Bali, l’an dernier, lors de la neuvième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), même s’il reste encore beaucoup à faire pour mettre en œuvre cet accord. Enfin, Mme Richards s’est félicitée de ce qui est accompli par le biais d’autres fora, comme la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui est un organe qui renforce les capacités des pays en développement à plaider leur cause sur ces questions.
M. ALAN GRIFFIN, Membre du Parlement de l’Australie, s’exprimant au nom du Groupe de Cairns, a indiqué que lors de la dernière réunion ministérielle du Groupe de Cairns, qui s’est tenue en marge de la neuvième réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à Bali, en Indonésie, en décembre 2013, les ministres ont examiné le Cycle de négociations de Doha en ce qui concerne l’agriculture, la poursuite des efforts de réforme de la politique commerciale agricole et la question de la sécurité alimentaire. Le Groupe de Cairns, a expliqué le représentant, « souhaite se pencher sur les déséquilibres et les distorsions existant dans le commerce agricole mondial, que ce soit en matière d’accès au marché, d’appui au niveau national ou de concurrence à l’exportation ».
M. Griffin a noté que l’Organisation mondiale pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) prévoit que la population mondiale sera composée de neuf milliards d’individus en 2050 et que, par conséquent, la production agricole devra augmenter de 70%. Cette augmentation devra se faire de façon durable, dans le contexte de pressions économiques, environnementales et sociales croissantes, a-t-il averti. La communauté internationale et les membres du Groupe de Cairns souhaitent que l’OMC permette à la réforme du commerce agricole de progresser, tout en prenant en compte les objectifs de développement de tous les membres, en particulier les plus vulnérables. Le Groupe de Cairns continuera de concentrer ses efforts sur l’élimination des subventions à l’exportation des produits agricoles qui pénalisent les pays en développement, a conclu le représentant.
M. HUSSEIN HANIFF (Malaisie) a pris la parole au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et a signalé que la croissance de 5,1% qu’a connue la région en 2013 devrait ralentir en 2014 et atteindre seulement 4,7%. L’ASEAN, a-t-il ajouté, a connu un niveau d’investissements directs plus élevé en 2013 (122,4 milliards de dollars) qu’en 2012 (114,3 milliards). Mais il a prévenu que la région restait vigilante face au risque de fléchissement, à cause par exemple de l’augmentation du prix du pétrole et de la volatilité des flux de capitaux mondiaux. Il a expliqué la nécessité de renforcer la surveillance économique multilatérale, en particulier celle des secteurs bancaire et financier.
M. Haniff a ensuite insisté sur l’importance de la pérennité fiscale des pays en développement, ce qui exige des réformes économiques structurelles, la promotion de l’emploi et la lutte contre le protectionnisme. Il a mentionné l’utilité de la coopération, notamment régionale, en ce qui concerne les petites et moyennes entreprises, une question qui a été discutée lors de la quarante-sixième réunion ministérielle économique de l’ASEAN tenue à Nay Pyi Taw, au Myanmar, le 28 août 2014.
Le représentant a ensuite fait valoir que le projet de communauté économique de l’ASEAN avait déjà été mis en œuvre à 82,1% et qu’il devrait être pleinement réalisé à fin 2015. Il a ensuite parlé de la « Vision de la Communauté économique de l’ASEAN » pour l’après-2015 qui vise à poursuivre l’intégration économique. Un accord de libre-échange a été conclu avec la Chine, a-t-il également indiqué, signalant que c’était l’accord commercial régional le plus important du monde, car il concerne un tiers de la population mondiale.
L’ASEAN est engagée en faveur d’un système commercial multilatéral universel, basé sur des règles, ouvert et non discriminatoire, et d’un système commercial multilatéral équitable, a souligné M. Haniff. Il a donc demandé à l’OMC et aux autres instances compétentes, comme la CNUCED, de surveiller les politiques protectionnistes et leur impact sur les pays en développement. Enfin, il s’est félicité des résultats obtenus par la Conférence ministérielle de Bali, tenue l’an dernier dans le cadre de l’OMC, avant de demander la pleine mise en œuvre de ses conclusions.
M. JEAN-FRANCIS RÉGIS ZINSOU (Bénin), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a déploré le fait que les PMA ne bénéficient pas pleinement de l’essor que connait le commerce international, notant par exemple que les exportations des 48 PMA, représentant 12% de la population mondiale, se chiffraient à seulement 1,11% du volume mondial des échanges en 2011. Il a rappelé que les exportations des PMA représentaient pourtant 2% du volume global des échanges en 1960, et ce chiffre n’a cessé de baisser depuis lors. Le représentant a noté qu’en 2011, 83% des exportations des PMA vers les pays développés ont été faites selon le principe d’accès aux marchés en franchise de droits et hors quota. Il a néanmoins rappelé que cette proportion devrait être portée à 100% comme le recommande le Programme de Doha pour le développement. Il a appelé les pays développés qui ne l’ont pas encore fait à accorder aux produits des PMA un accès aux marchés de leur pays en franchise de droits et hors quota, ceci, avant la conclusion du Cycle des négociations commerciales de Doha. Il a demandé qu’un calendrier clair soit établi pour la mise en œuvre de cette exigence des PMA.
M. Zinsou a par ailleurs plaidé en faveur de la réforme de l’Accord sur les règles d’origine qui avaient été formulées dans les années 1970 et n’ont plus été modifiées depuis lors. Il a aussi relevé que le secteur des services revêt un fort potentiel pour les PMA. Il a notamment déclaré que les exportations de services commerciaux des PMA ont plus que doublé, passant de 9 milliards de dollars à 22 milliards de dollars pour la période allant de 2005 à 2011, même si en termes de proportion, ces exportations ne représentant que 0,5% du volume mondial des exportations de services commerciaux. Il a ainsi plaidé afin que les barrières commerciales soient éliminées, y compris les réglementations nationales et les barrières administratives et d’autres mesures constituant un obstacle aux exportations de services des PMA. Le représentant a aussi appelé les pays développés à augmenter leur contribution à l’aide au commerce en faveur des PMA notamment. Il les a aussi invités à éliminer les distorsions qui empêchent les produits agricoles des PMA d’entrer sur leurs marchés. Il a enfin invité l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à assouplir ses règles d’adhésion, afin de tenir compte des réalités propres aux PMA.
M. HAMAD BIN ABDULAZIZ AL-KUWARI, Ministre de la culture, des arts et du patrimoine du Qatar, et Président la treizième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED XIII), a rappelé que la CNUCED XIII, qui a eu lieu à Doha au Qatar en avril 2012, avait permis d’adopter le mandat de Doha qui sert aujourd’hui de document de travail de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Il a relevé que son mandat de Président de la CNUCED XIII l’interpelle à s’impliquer dans la préparation de la CNUCED XIV, qui aura lieu à Lima au Pérou, en 2016. Il a ensuite indiqué que la trente-huitième session du Comité du patrimoine mondial qui s’est tenue au Qatar en juin dernier démontre l’importance des liens entre la culture et le développement durable.
M. Al-Kuwari a rappelé qu’à cette occasion, le Qatar a fait un don de 10 millions de dollars au fonds d’urgence du Comité du patrimoine mondial. Il a en outre déploré les blocages qui empêchent à la CNUCED d’accomplir pleinement son mandat, appelant en outre la communauté internationale à explorer une nouvelle culture du multilatéralisme dans le secteur économique notamment. M. Al-Kuwari a par ailleurs souligné que le développement économique est intimement lié au développement culturel, expliquant ainsi que la sauvegarde du patrimoine culturel représente une contribution directe au développement économique. Il s’est ensuite félicité du fait que « l’art de la fauconnerie du Qatar fasse désormais partie du patrimoine immatériel de l’humanité ». Le Ministre a en outre indiqué que le Qatar s’engageait à faire la promotion d’une nouvelle culture au sein de la CNUCED, notamment une culture qui favorise la coopération au détriment de la confrontation.
M. OTTO RIADI (Indonésie) a dit que les défis posés depuis la crise financière de 2008 avaient mis « une pression considérable » sur l’économie de son pays, notamment dans les domaines commercial et financier. De ce fait, l’Indonésie a dû revoir les prévisions de croissance de son produit intérieur brut (PIB) pour l’année prochaine et procéder à des ajustements en fonction d’un déficit financier plus élevé.
En dépit de certains indicateurs économiques positifs pour l’Asie et le Pacifique, des facteurs peuvent freiner la croissance et le commerce régionaux, a ajouté le représentant. Tout d’abord, la consommation d’énergie de l’Asie-Pacifique représente aujourd’hui les deux-cinquièmes de l’approvisionnement mondial en énergie et devrait continuer de croître. Il va falloir trouver une solution durable, a-t-il averti. Ensuite, le problème de la corruption entrave le commerce. Comme l’a souligné la Banque asiatique de développement (BAD), 40% des économies en développement de la région ont été classées au bas de la liste établie par l’organisation Transparency international. Pour l’Indonésie, a assuré M. Riadi, la lutte contre la corruption est une priorité. En conclusion, il a proposé que la question du financement du commerce Sud-Sud soit examinée lors de la Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra à Addis-Abeba, en Éthiopie, en 2015.
M. TENGKU MOHD DZARAIF KADIR (Malaisie) a souligné que le commerce international avait connu une croissance de seulement 2,2% en 2013, ce qui est en dessous du taux de croissance moyen entre 2000 et 2013. Cela étant, il a noté que les exportations de certains pays en développement s’étaient accélérées en 2014, à un rythme plus rapide que ce qu’ont pu faire celles des pays développés. Il faut maintenant s’assurer que les pays en développement puissent véritablement s’engager dans le commerce international, a-t-il demandé, invitant à cet égard l’OMC à jouer un rôle important pour favoriser un environnement commercial mondial libéralisé, transparent et prévisible.
À la date de septembre 2013, les échanges commerciaux de la Malaisie avaient augmenté de 4,2%, a poursuivi le représentant en présentant les progrès de son pays dans ce domaine. Il a dit que la Malaisie attendait la conclusion rapide du Cycle de négociations commerciales de l’OMC, notant que cela permettrait une croissance plus équitable et inclusive. La réunion ministérielle de Bali a ouvert la voie, a-t-il souligné, avant de demander à l’OMC de renforcer ses contacts avec tous les États Membres. Le système commercial et financier devrait être une des plus grandes priorités dans le programme de développement pour l’après-2015, a ajouté M. Kadir.
M. AMIT NARANG (Inde) a dit qu’un système commercial plus équitable, plus ouvert et non discriminatoire pourrait jouer un rôle majeur dans la croissance économique mondiale et celle des pays. Il a ensuite appelé à la conclusion du Cycle de négociations de Doha pour le développement, précisant que ce Cycle ne devrait pas perpétuer les imperfections du système commercial international, ni devenir un instrument de négociation de la survie des centaines de millions de petits agriculteurs qui gagnent péniblement leur vie dans le monde en développement. Il devrait plutôt permettre de créer de nouvelles opportunités et favoriser la croissance économique des pays en développement, a souligné M. Narang.
Le représentant a en outre noté que la sécurité alimentaire est centrale pour l’éradication de la pauvreté et le développement durable dans les pays en développement. Cette question devrait donc être traitée avec la plus grande urgence. Il a dit qu’il est paradoxal qu’alors que la sécurité alimentaire est l’un des objectifs retenus par le rapport du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable, cette préoccupation n’est pas prise en compte dans le cadre des négociations commerciales à l’échelle mondiale. Il a de ce fait déclaré qu’une solution permanente sur cette question nécessite des changements dans les règles de l’OMC.
M. ABDELLAH BEN MELLOUK (Maroc) s’est félicité de l’accord historique conclu à Bali, en décembre 2013, à l’issue de la neuvième Conférence ministérielle de l’OMC, et qui est « le premier depuis la création de l’Organisation mondiale du commerce lors de la Conférence de Marrakech en 1994 ». Il a demandé de trouver une solution au blocage actuel, s’agissant de la mise en œuvre du « paquet de Bali », tout en soulignant la nécessité d’avancer aussi sur les autres questions relevant du Programme de Doha pour le développement et d’élaborer un programme de travail post-Bali. Le représentant a ensuite demandé que l’accent soit mis sur l’aide au commerce, pour permettre aux pays en développement d’exploiter leur potentiel de commerce et de promouvoir un développement durable et inclusif.
La bonne conclusion des négociations commerciales de Doha est très importante, a-t-il également souligné, prévoyant des « retombées considérables sur l’ouverture des marchés et sur le renforcement des disciplines dans différents domaines ». Le commerce doit constituer un pilier fondamental du Cadre de coopération post-2015, a aussi recommandé le représentant. Il a rappelé que le Consensus de Monterrey avait fait appel à l’amélioration de l’accès des exportations des pays en développement aux marchés des pays industrialisés. Il a remarqué que l’Afrique ne tirait pas entièrement profit du commerce mondial et du commerce Sud-Sud, étant donné ses capacités de production et d’exportations limitées, mais aussi la présence d’obstacles dressés devant ses exportations potentielles par ses partenaires traditionnels. Il a donc suggéré que la priorité soit accordée à l’Afrique dans le cadre de coopération de l’après-2015.
M. YOSEPH KASSAYE YOSEPH (Éthiopie) a plaidé en faveur de l’avènement d’un système commercial multilatéral transparent, non discriminatoire, ouvert, inclusif, qui permette au commerce de contribuer au développement. Il a de ce fait appelé à la conclusion du Cycle de négociations de Doha pour le développement, afin de permettre aux pays en développement de réaliser leurs objectifs de développement. Il a relevé que la Conférence ministérielle de l’OMC, qui a eu lieu en décembre dernier à Bali, en Indonésie, était la première de l’ère du Cycle des négociations commerciales de Doha ayant permis d’atteindre certains résultats positifs, notamment l’Accord sur les facilitations commerciales. M. Kassaye Yoseph a déclaré que le commerce doit être un catalyseur de la réalisation du programme de développement pour l’après-2015, notamment par son potentiel à contribuer à la réduction de la pauvreté et à promouvoir la croissance économique. Il a en outre souhaité une plus grande participation des PMA aux échanges commerciaux à l’échelle mondiale. Il a aussi rappelé que l’Éthiopie a entamé le processus d’adhésion à l’OMC depuis 2003, et que ce processus n’est toujours pas conclu.
Mme KHAULA ALI KHAMIS OBAID ALSHAMSI (Émirats arabes unis) a appelé à réformer le système commercial international en vue de mettre l’accent sur le multilatéralisme. Elle a aussi soutenu l’inclusion du commerce dans le programme de développement pour l’après-2015. Plaidant en faveur du renforcement des capacités des pays en développement, elle a souligné que cela leur permettrait de mettre en œuvre des politiques favorables au commerce. Elle a aussi demandé d’augmenter le volume de l’aide publique au développement (APD) accordée à ces pays, notamment en ce qui concerne les pays les moins avancés (PMA). Elle a salué les résultats de la neuvième Conférence ministérielle de l’OMC, tenue à Bali en 2013, et a appelé les États Membres à reprendre les négociations commerciales du Cycle de Doha.
Les Émirats arabes unis appellent le G20 à donner une importance majeure à la promotion du commerce international en prenant des mesures qui permettront d’augmenter les investissements, a lancé la représentante. Après avoir assuré que les Émirats luttaient contre le protectionnisme, elle a précisé que son pays était membre de l’OMC et partie contractante à l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Elle a aussi indiqué que les Émirats arabes unis organiseront l’EXPO 2020, la première exposition universelle à se tenir au Moyen-Orient, ce qui confirme le rôle important que joue le pays dans l’économie internationale. La représentante a expliqué que, pour promouvoir l’investissement étranger, les Émirats arabes unis avaient mis en place des « zones franches » qui permettent aux entrepreneurs et investisseurs d’éviter les tracasseries et les obstacles bureaucratiques.
M. WALUBITA IMAKANDO (Zambie) a regretté que la Zambie, comme de nombreux autres PMA, rencontre des obstacles majeurs sur la voie de sa participation au commerce mondial. Il a ainsi relevé que la Zambie souffre d’un déficit d’infrastructures, d’un déficit de production de produits manufacturés, ainsi que d’un déficit de maîtrise technologique pour produire des biens et marchandises qui respectent les normes et standards internationaux. M. Imakando a indiqué que la Zambie a mis en place des mesures pour améliorer son secteur commercial, qui sont notamment des mesures d’amélioration de l’environnement des affaires et de renforcement des capacités productives nationales, tout en améliorant également la compétitivité des produits zambiens.
Mme YAOWALUK SUTHIMANUS (Thaïlande) a déclaré que la promotion du libre-échange restait au cœur de la politique commerciale et de développement de son pays. Elle a apprécié le fait que les objectifs de développement durable proposés aujourd’hui se réfèrent explicitement aux négociations entreprises dans le cadre de la CNUCED ou de l’OMC. Pour la Thaïlande, « le système commercial ne peut pas être traité isolément », a précisé la représentante. Elle s’est dite convaincue que des efforts collectifs soutenus pouvaient aboutir à un système commercial multilatéral « universel, juste, fondé sur des règles, ouvert, prodéveloppement, non discriminatoire, inclusif et équitable ».
Évoquant le rôle du commerce dans le programme de développement pour l’après-2015, Mme Suthimanus a prôné un équilibre entre les intérêts commerciaux et les efforts multilatéraux afin de soutenir au mieux les pays en développement et les moins avancés. Elle a souhaité qu’un traitement différencié leur soit offert pour permettre leur développement socioéconomique.
M. WANG HONGBO (Chine) a fait valoir que le développement sain de l’économie mondiale passait par un système commercial multilatéral solide. « La Chine adopte une approche ouverte et inclusive vis-à-vis du développement rapide de diverses formes de coopération économique et commerciale régionale et bilatérale et elle y prend activement part », a assuré le représentant. Toutefois, la Chine continue de penser que la coopération multilatérale est la voie principale pour promouvoir la croissance du commerce, réduire la pauvreté dans le monde et réaliser le développement économique au profit de tous les participants. Par conséquent, la coopération multilatérale ne peut pas être remplacée par des accords commerciaux régionaux ou bilatéraux, a-t-il poursuivi.
« Nous sommes convaincus que l’intégration de l’économie mondiale est la tendance actuelle », a insisté M. Wang. C’est pour cette raison que les arrangements commerciaux régionaux et bilatéraux doivent aller de pair avec des efforts en vue de perfectionner le système multilatéral. Saluant ensuite le rôle joué par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) au cours des 50 dernières années, il a souhaité qu’elle renforce ses fonctions permanentes essentielles dans le domaine du commerce et du développement, se penche sur le développement novateur, identifie rapidement les risques pouvant exister dans l’économie mondiale, explore de nouvelles idées et de nouveaux modèles de croissance et de développement et aide les pays en développement, notamment les pays africains et les pays les moins avancés (PMA), à relever les défis.
M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a estimé que l’impact du commerce ne pouvait pas être réduit à l’augmentation des flux d’importation et d’exportation. En plus d’être lié à l’infrastructure du développement, à l’émergence d’une main d’œuvre qualifiée et d’entrepreneurs, à la création de nouveaux emplois et à l’innovation, le commerce contribue à l’élimination de la pauvreté. Toutefois, a déploré le représentant, la participation des pays les moins avancés (PMA) au commerce mondial stagne autour de 1% des échanges. Défendant le sort des PMA, il a jugé important de donner à tous leurs produits un accès aux marchés des pays développés en franchise de droits et hors quota. Les règles d’origine préférentielles qui accompagnent un tel accès doivent être « simples, transparentes et prévisibles », a-t-il ajouté.
Il s’agit de comprendre pourquoi, malgré un accès accru aux marchés, le commerce des PMA n’augmente pas, a dit M. Momen. À ce sujet, il a reproché aux obstacles non tarifaires et aux obstacles techniques posés au commerce d’empêcher les PMA d’exploiter l’accès en franchise de droits que leur offrent leurs partenaires commerciaux. Sans la participation des PMA au discours mondial sur le développement durable, « Le futur que nous voulons », nom donné aux recommandations finales de la Conférence Rio+20 sur le développement durable, ne pourra pas être garanti, a prévenu M. Momen.
Mme TATIANA ZVEREVA (Fédération de Russie) a dit que la Fédération de Russie en appelle à la mise en œuvre des recommandations de la Conférence ministérielle de l’OMC qui a eu lieu en décembre dernier à Bali, en Indonésie, notamment celles ayant trait à la simplification du commerce et au développement de l’agriculture. Elle s’est ensuite félicitée de l’essor de la Communauté économique eurasiatique, qui a permis d’éliminer les barrières entre les pays de la région, favorisant ainsi les échanges commerciaux, selon des règles transparentes qui respectent les normes de l’OMC.. La représentante a ainsi salué le fait que les échanges, dans le cadre de la Communauté économique eurasiatique, aient doublé en trois ans, passant ainsi à un total de 64 milliards de dollars. La représentante a indiqué que la Fédération de Russie s’efforce d’améliorer le climat des affaires dans toutes les régions du pays, et elle a noté que la Russie est classée parmi les pays les plus attractifs au monde, occupant la troisième position pour les investissements directs étrangers. Elle a enfin souhaité qu’en cette année du cinquantième anniversaire de la CNUCED, cet organisme onusien puisse jouer un rôle toujours plus important dans le commerce mondial et sur d’autres questions en rapport avec son mandat.
Mme YESHMAGAMBETOVA (Kazakhstan) a noté que, depuis son indépendance, son pays s’était « positionné comme un État qui propose des mesures pour reconstruire les scénarios existants du développement mondial ». En marge du dixième Sommet du Forum Asie-Europe, le Président du Kazakhstan a souligné la nécessité de changer le paradigme de la coopération internationale, ce qui implique d’éliminer les barrières protectionnistes, d’ouvrir les marchés et d’accroître le commerce. Cette question revêt une importance particulière pour le Kazakhstan qui est un pays en développement sans littoral, a souligné le représentant.
En outre, le Kazakhstan se prépare à devenir, dans un futur proche, membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), « afin de maximiser l’accès libéral des produits locaux au marchés mondiaux », a expliqué le représentant. Notant le rôle important des routes de transport maritime pour le progrès des économies en développement, il a fait remarquer que les pays sans littoral se trouvaient désavantagés à cet égard. Afin de diversifier son économie, le Kazakhstan a adopté récemment un programme de développement industriel novateur. Enfin, le représentant a rappelé que la Déclaration d’Almaty de 2012 proposait, entre autres, de faciliter l’accession des pays en développement sans littoral à l’OMC et de leur garantir des préférences commerciales.
M. FERNANDO SARDENBERG ZELNER GONÇALVES (Brésil) a indiqué que le Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable a relevé, dans son rapport, l’importance du commerce dans la réalisation du développement durable. Il a noté que depuis la crise financière et économique de 2008, certains pays ont privilégié davantage le respect des normes de commerce à l’échelle régionale. C’est une approche qui n’est pas compatible avec une économie mondiale intégrée, a-t-il déploré. Il a souligné que le commerce mondial regorge de clauses qui excluent implicitement les pays en développement des échanges. Il a en outre rappelé qu’en décembre dernier, à la Conférence ministérielle de l’OMC à Bali, les participants ont fait des avancées notables, et que cela devrait être concrétisé par l’élimination des barrières tarifaires et autres obstacles phytosanitaires qui n’obéissent ni aux exigences scientifiques, ni aux normes de l’OMC.
M. ALI HAJILARI (République islamique d’Iran) a fait remarquer que le commerce est un facteur puissant de croissance, en ce qu’il contribue à la création d’emplois et fait sortir de nombreuses personnes de la pauvreté. Il a plaidé en faveur d’un renforcement des capacités en vue d’une croissance durable, de l’inclusion sociale et d’un environnement durable. Cela exige des stratégies de développement équilibrées, a-t-il expliqué, et notamment un système commercial multilatéral « universel, juste, basé sur des règles, ouvert, prodéveloppement, non discriminatoire, inclusif et équitable ». Il a aussi conseillé de faciliter l’accès des pays en développement au système commercial existant, c’est-à-dire à l’OMC, d’où les obstacles politiques doivent être bannis. Il s’est élevé contre les barrières que placent les pays développés pour protéger leurs marchés et restreindre les échanges commerciaux des autres pays. Il a demandé un meilleur accès des pays en développement aux financements qui leur permettraient d’étendre leurs activités commerciales, avant de dénoncer les mesures économiques coercitives, comme les sanctions unilatérales, imposées par des États puissants à certains pays en développement.
M. RALF BREDEL, de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a relevé que pour les pays pourvus d’une économie de taille réduite, l’intégration aux marchés régionaux et mondiaux est la clef de développement de leur commerce, ainsi qu’un atout pour la création d’emplois et la réduction de la pauvreté et des inégalités. Il a toutefois précisé que pour ce faire, les pays en développement doivent d’abord améliorer la compétitivité de leur industrie afin qu’elle soit apte à produire des biens destinés à l’exportation dont la qualité respecte les normes des marchés internationaux. M. Bredel a souligné que ce processus a aussi besoin que les pays en développement adoptent les meilleures technologies et se dotent d’infrastructures adéquates tout en renforçant la transparence de leurs procédures commerciales.
ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT
Débat général
M. OSMAN (Soudan) a estimé que la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017) vise à consolider les efforts de la communauté internationale en vue d’éradiquer la pauvreté. Il a déclaré que le Soudan est engagé dans la lutte contre la pauvreté, notamment avec la mise en place de mesures idoines visant notamment l’amélioration du niveau de vie des couches les plus défavorisées de sa population. Il a déploré le fait que l’agriculture du Soudan, qui jouait un rôle majeur, soit aujourd’hui peu productive. Il a, de ce fait, appelé à la levée des sanctions économiques imposées à son pays, afin que l’essor économique du Soudan ne soit pas davantage compromis. Le représentant a aussi invité la communauté internationale à soutenir les pays en développement dans leurs efforts de promotion du développement durable.
M. AMIT NARANG (Inde), tout en indiquant que l’indice de pauvreté en Asie avait diminué de 30 points entre 1981 et 2010, a rappelé que la bataille contre la pauvreté était encore loin d’être gagnée. Nous en sommes encore à débattre de stratégies pour réduire la pauvreté, s’est-il inquiété, recommandant plutôt d’attaquer ce fléau de front. Le programme de développement pour l’après-2015 doit être axé sur l’éradication de la pauvreté, a-t-il dit, en plaidant en faveur de la croissance économique pour y arriver. Une période de lente croissance semble malheureusement devenir une nouvelle réalité, a-t-il craint. Il a dès lors conseillé de mettre l’accent sur les politiques créatrices d’emplois et de productivité. En ce qui concerne l’Inde, il a mentionné plusieurs mesures ciblées prises par le pays pour garantir une croissance économique durable et éradiquer la pauvreté. Le Gouvernement a, par exemple, offert à tous les individus un accès aux services financiers et à un compte en banque. L’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes, notamment la participation des femmes aux processus décisionnels, sont aussi des éléments cruciaux de la lutte contre la pauvreté, a-t-il ajouté.
M. WILFRIED INOTIRA EMVULA (Namibie) a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 permette de pérenniser les progrès accomplis en termes d’éradication de la pauvreté. Il a insisté sur le fait que l’éradication de la pauvreté était irrémédiablement liée au développement durable et qu’elle devait être maintenue au cœur des objectifs de développement durable. Une bonne architecture financière et économique internationale, de même qu’un partenariat mondial pour le développement durable, sont essentiels, a-t-il poursuivi, afin de compléter les efforts menés au plan international. Il s’est félicité de l’esprit d’ouverture et de la transparence qui ont caractérisé les consultations sur le programme de développement pour l’après-2015, ce qui permet aux pays en développement de s’approprier le nouvel agenda. Le représentant a ensuite rappelé la nécessité urgente de résoudre les déséquilibres du système financier mondial. Il a enfin plaidé en faveur de la promotion de la femme qui est, pour la Namibie, la clef du développement socioéconomique.
M. EDEN CHARLES (Trinité-et-Tobago) a indiqué que son pays a mis en place des mesures de lutte contre la pauvreté, notamment des prestations sociales en faveur des groupes sociaux les plus vulnérables, un appui financier aux plus démunis grâce à un programme de transfert de fonds à ces derniers qui se fait par le biais d’une carte de crédit, ainsi que des programmes de formation à l’entrepreneuriat pour soutenir les petites et moyennes entreprises (PME). Le représentant a souhaité que les pays en développement bénéficient de programmes de renforcement de leurs capacités nationales en matière de collecte des données pour établir des statistiques sûres en vue de la mise en œuvre efficiente du programme de développement pour l’après-2015. Il a en outre souligné que Trinité-et-Tobago est l’un des pays les plus industrialisés des Caraïbes, et que son statut de petit État insulaire en développement (PEID) lui imposait le devoir de tenir compte de la préservation de l’environnement dans ses programmes économiques. Il a par exemple indiqué, dans cette optique écologique, que le pays est engagé dans une politique de promotion des emplois verts.
Mme AL FADALAH (Qatar) a souligné que pour éliminer la pauvreté, il faut passer par la création d’emplois décents en faveur des jeunes notamment. Elle a également plaidé pour l’élimination de toutes les discriminations à l’encontre des femmes, notant que la promotion de la participation de ces dernières à la vie sociale et politique est un pan essentiel des politiques économiques et sociales du Qatar. Elle a expliqué que « le Qatar a beaucoup progressé en matière de participation des femmes », et qu’elles sont engagées pleinement dans la vie sociale. Elle s’est félicitée du fait que le Qatar ait occupé le trente-sixième rang dans l’indice du développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en 2013, et que le pays soit classé premier au sein du monde arabe.
M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour garantir l’éradication de la pauvreté et de la faim dans le monde. Il a souligné le caractère complexe de la pauvreté qui exige une approche multidimensionnelle. Il a donné l’exemple de politiques adoptées dans ce domaine qui vont au-delà de la vision économique. Au Venezuela, par exemple, des efforts ont été menés pour offrir une protection sociale à des centaines de milliers de personnes. Il a aussi parlé des retombées positives, en termes de réduction de la pauvreté, des efforts menés sur le plan de l’éducation. L’accès universel à la protection sociale de base est un élément essentiel pour parvenir à réduire la pauvreté, a-t-il ajouté, avant de parler aussi de la nécessité de promouvoir la productivité agricole.
M. SALIH (Iraq) a indiqué que le secteur industriel de l’Iraq, qui datait des années 70, s’était heurté à des problèmes structurels dus à la désuétude de ses équipements et au manque de recours aux technologies modernes. Il a sollicité l’aide de la communauté internationale, notamment de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), pour stimuler le développement industriel des pays en développement comme l’Iraq. Le Gouvernement iraquien a soutenu les efforts accomplis par les industries en vue d’être plus compétitives sur le plan international. Nous avons aussi renforcé le rôle du secteur privé afin d’augmenter sa productivité, a indiqué le représentant en faisant part des bons résultats atteints grâce à toutes ces mesures. Le soutien aux entreprises publiques afin qu’elles soient le moteur de l’économie est un des grands axes de la politique de développement de l’Iraq, a-t-il indiqué, de même que l’accent mis sur le développement industriel et les exportations.
M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) a regretté que les grands groupes de médias internationaux n’abordent pas assez les questions de pauvreté touchant les pays en développement. Il a déclaré que dans l’optique de lutter contre la pauvreté, le Zimbabwe a engagé des réformes foncières et agraires qui ont permis de redistribuer des terres agricoles fertiles à plus de 300 000 foyers. Il s’est félicité de cette initiative qui aura permis, a-t-il affirmé, de dynamiser la production nationale de tabac tout en sortant des milliers d’agriculteurs de la pauvreté. Il a indiqué que le Gouvernement zimbabwéen considère que l’agriculture a une place centrale dans l’économie du pays, notamment parce que c’est de ce secteur que le pays tire 40% de ses recettes d’exportation. Ce secteur emploie 43% de la population active. Le représentant a néanmoins déploré que ces efforts de promotion de l’agriculture nationale soient minés par les sanctions économiques dont le pays est frappé, du fait des politiques menées contre lui par les États-Unis et l’Union européenne.
Mme ZAKIA EL MIDAOUI (Maroc) a déclaré que relever le défi du développement humain nécessite un développement économique soutenu, des politiques appropriées et des ressources financières conséquentes et une coopération régionale et internationale soutenue. Elle a estimé que le rapport du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable offre, à travers ses 17 objectifs, une vision claire qui pourrait servir de base à un consensus international au service du nouvel agenda de développement après 2015. Elle a ensuite évoqué plusieurs mesures mises en place par le Maroc afin d’être au rendez-vous de 2015.
M. TUVAKO NATHANIEL MANONGI (République-Unie de Tanzanie) a salué l’idée d’attaquer le problème de la pauvreté sous l’angle des privations multiples qu’elle induit, en matière de santé, d’éducation, de sécurité alimentaire et de nutrition, d’emploi, ou d’autonomisation, notamment des femmes, dans le programme de développement pour l’après-2015. M. Manongi a dit à la Commission que « la perte d’une vie dans un village éloigné d’Afrique est aussi regrettable et douloureuse que la mort d’un enfant dans un hôpital de la ville de New York ». La seule différence, a-t-il précisé, réside dans leur degré d’accès à des établissements de soins.
M. Manongi a ensuite porté son attention sur la pauvreté rurale. Trois personnes sur 4 en situation d’extrême pauvreté vivent dans des zones rurales. En Afrique subsaharienne, la migration de la campagne vers la ville crée une urbanisation rapide qui a beaucoup de ramifications, y compris l’augmentation des bidonvilles.
Le représentant a souligné que les habitants pauvres des campagnes ont de plus en plus recours au charbon de bois qu’ils vendent aussi en ville pour la cuisson des aliments, ce qui nuit à l’environnement. Les villes de Tanzanie consomment ainsi près d’un million de tonnes de charbon par an, dont 70% à Dar es-Salaam, soit l09 500 hectares de forêts perdus. Le Gouvernement œuvre de concert avec les communautés, la société civile, et ses partenaires locaux et internationaux pour décourager cette pratique.
Mme SARA LUNA CAMACHO (Mexique) a demandé de faire en sorte que le programme de développement pour l’après-2015 poursuive l’élan entamé par les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Les trois dimensions du développement durable doivent être prises en compte, a-t-elle ajouté, précisant que la seule croissance économique ne suffit pas pour mettre un terme à la pauvreté. « Elle doit être soutenue, équitable et inclusive », a déclaré Mme Camacho. , afin de générer du travail dans des conditions décentes pour la société tout entière.
La persistance d’un niveau d’inégalités de revenu et de bien-être social élevé réservé à une petite classe compromet l’effet de réduction de la pauvreté lié à la croissance économique, a affirmé la représentante, estimant que pour réduire ces inégalités, le programme de développement pour l’après-2015 devra garantir un accès équitable à une éducation de qualité, la santé, l’emploi et la protection sociale, mais aussi aux forces productives, au crédit, et au plein exercice des droits individuels et collectifs. Précisant que les politiques de protection sociale constituent une priorité pour son gouvernement dans sa lutte contre la pauvreté et les inégalités, elle s’est félicitée de l’existence d’un programme mexicain de protection des revenus des personnes pauvres et des groupes vulnérables, ainsi que de l’amélioration, au Mexique, de l’accès aux soins de santé, à l’éducation et à la nutrition.
M. YAROSLAV GOLITSYN (Ukraine) s’est félicité des initiatives nationales lancées par les États Membres dans le cadre du Plan d’action de l’ONU en faveur du plein emploi et d’un travail décent pour tous. L’Ukraine a inscrit l’éradication de la pauvreté au cœur de son programme d’action, a-t-il indiqué. En dépit d’un conflit dans deux régions de l’est du pays, le représentant a souligné les efforts menés par l’Ukraine pour créer des emplois et des moyens de subsistance pour les personnes marginalisées. Il a précisé que ces efforts avaient permis de réduire en valeur absolue le taux de pauvreté. Le représentant a aussi salué l’appui fourni à l’Ukraine par ses partenaires internationaux dans ce domaine. La réforme sociale entreprise en Ukraine a bénéficié de l’appui du PNUD, a-t-il indiqué. Le pays renforce également ses efforts en faveur de la jeunesse, pour que cette catégorie de la population soit préparée à entrer sur le marché du travail, a-t-il indiqué. Il a aussi parlé de ce qui est fait pour le développement et l’autonomisation des femmes, notamment pour renforcer leurs compétences et leur capacité de leadership.
Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI (Népal) a attaché une grande importance à l’accélération des efforts destinés à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et a souligné que l’élimination de la pauvreté devait rester au cœur du programme de développement pour l’après-2015. Pour sa part, le Népal a centré sa politique des 20 dernières années sur cette question. C’est grâce à cela que l’extrême pauvreté est passée de 42% en 1995 à 23,8% en 2013 dans le pays. Néanmoins, 7 millions de personnes vivent encore dans l’extrême pauvreté, et le fossé entre les riches et les pauvres, et entre la ville et la campagne s’élargit, a regretté la représentante.
Mme Adhikari a souligné les problèmes qui entravent les efforts du Népal: absence de littoral, terrains montagneux difficiles, exclusion, manque d’opportunités et de ressources, y compris l’accès à la terre, aux capitaux, à l’éducation, ou à la formation. Des pays moins avancés comme le Népal ont besoin de technologies modernes pour pouvoir s’industrialiser, a-t-elle plaidé. Le Népal s’est engagé à garantir aux hommes et aux femmes des droits égaux. Il s’est également engagé à faire participer les dalits (personne appartenant à une caste socialement exclue, car considérée comme « intouchable ») et les habitants vivant dans des régions reculées à ses efforts de développement. En conclusion, la représentante a appelé les pays donateurs à honorer leurs engagements en matière d’aide publique au développement.
M. PAVEL FONDUKOV (Fédération de Russie) a demandé d’intégrer l’objectif d’éradication de la pauvreté au cœur du programme de développement pour l’après-2015. Il a mentionné les projets menés par la Russie pour aider d’autres pays à réduire leurs niveaux de pauvreté, projets qui leur apportent une aide dans les domaines de l’agriculture, de l’accès à l’eau, et du développement des petites et moyennes entreprises, entre autres. Il a plaidé en faveur du développement industriel qui est l’un des facteurs principaux de la réduction de la pauvreté. Le représentant a espéré à cet égard que l’aide nécessaire serait fournie par l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) aux pays qui en ont besoin. La Russie participe aux projets de l’ONUDI en leur apportant une contribution financière, a-t-il indiqué avant de lancer un appel aux autres États Membres nantis afin qu’ils en fassent de même.
M. ELIPHAS CHINYONGA (Zambie) a relevé que la Zambie a élaboré des politiques visant la création d’emplois en vue de réduire la pauvreté et les inégalités de manière durable. Il a aussi indiqué que le Gouvernement zambien a mis en place un programme de transfert de fonds au profit des personnes les plus démunies, programme qui vise 140 000 individus depuis juin 2014, parmi lesquels 80% sont des femmes. Il a déclaré que ces dernières reçoivent une attention particulière du Gouvernement dans le but de promouvoir leur autonomisation économique, notamment par des facilités de prêts dont elles bénéficient. Il a aussi présenté un programme de lutte contre la pauvreté visant la création d’un million d’emplois en Zambie au cours des cinq prochaines années, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de la construction, de l’industrie et du tourisme.
Mme YIN PO MYAT (Myanmar) a plaidé afin que l’éradication de la pauvreté soit au centre du programme de développement pour l’après-2015. Elle a souligné que le Gouvernement du Myanmar a établi comme cible principale la diminution du taux de pauvreté à 16% d’ici à l’année 2015, en droite ligne des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Elle a déclaré qu’avec 70% de sa population vivant dans les zones rurales, lutter contre la pauvreté revient pour le Myanmar à promouvoir le développement rural. À ce propos, le Gouvernement a engagé des mesures visant notamment l’augmentation de la productivité agricole, le développement de la microfinance et des coopératives agricoles, ainsi que le renforcement de la préservation de l’environnement. Mme Po Myat a aussi souligné que le Gouvernement du Myanmar envisage de renforcer son secteur industriel, notamment celui travaillant dans la transformation des produits agricoles, afin de promouvoir l’essor du monde rural et partant de l’économie nationale.
M. AUNESE MAKOI SIMATI (Tuvalu) a lancé un appel pour que la mise en œuvre des programmes visant la réalisation des OMD soit plus effective, afin de permettre aux pays de s’adapter aux nouvelles circonstances. Rappelant que les 10% de personnes les plus riches possèdent 75% de la richesse mondiale, il a invité les États Membres et les autres acteurs mondiaux à adopter des mesures permettant de réduire les écarts entre les pays riches et les pays pauvres et entre les différentes couches de la population. L’ONU devrait tenir compte des contextes particuliers des pays, a-t-il recommandé, donnant le cas de Tuvalu qui est l’un des plus petits pays de la catégorie des petits États insulaires en développement. Nous devons être à l’écoute des pauvres, des communautés locales, des jeunes, a-t-il aussi demandé. M. Simati a notamment plaidé en faveur du partage des informations. Il ne faut pas ignorer les signaux d’alerte écologique lancés contre les politiques d’exploitation non durable des ressources de la planète, a-t-il averti, en conseillant de promouvoir la croissance verte et durable et les emplois verts.
M. ONG KOK WEE (Singapour) a prôné l’adoption d’une approche liant croissance économique inclusive, promotion des opportunités et partenariats internationaux pour mettre fin à la pauvreté endémique. Il a précisé que son pays appuyait la recommandation du Secrétaire général selon laquelle il faut promouvoir la création d’emplois décents afin de renforcer l’équité et la durabilité de la croissance économique, en particulier dans les pays en développement. Il a ajouté que, s’il est difficile d’anticiper les retombées économiques d’une croissance plus équitable et durable, « nous devons offrir à nos enfants les mêmes chances d’accès à l’éducation supérieure et au marché du travail » qu’ont eues les générations qui étaient là avant eux. S’agissant des partenariats internationaux, le représentant a mis l’accent sur les efforts de coopération régionale engagés par son pays, Singapour collaborant avec 44 autres pays et organisations internationales pour fournir une assistance technique à des États parties à l’initiative « Third Country Training Programme Framework ».
M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a parlé de l’approche adoptée par son pays pour promouvoir le développement, une approche qui donne la priorité à l’éradication de la pauvreté. Les mesures prises à cet effet assurent la promotion de la croissance économique, l’amélioration des filets de sécurité sociale et une bonne gouvernance. La croissance du PIB du Mozambique a ainsi été supérieure à 6% au cours des huit dernières années, a noté M. Gumende. Il a également mentionné les initiatives lancées en matière de formation professionnelle et de création d’entreprises pour les jeunes. Nous avons aussi réussi à augmenter le nombre de fonctionnaires qualifiés au sein des autorités locales, a-t-il indiqué en soulignant les intérêts de la décentralisation. M. Gumende s’est en outre félicité des progrès accomplis par son pays en termes de production agricole et dans l’industrie artisanale. Enfin, il a plaidé en faveur de l’autonomisation des femmes en tant qu’élément déterminant de l’éradication de la pauvreté. Il a détaillé les mesures prises dans ce but et les fruits qui en ont résulté.
M. RATHANAND VICHAIDIT (Thaïlande) a commencé par soutenir l’idée de faire de l’élimination de la pauvreté, « partout et sous toutes ses formes », le premier objectif de développement durable dans le programme pour l’après-2015. Pour sa part, la Thaïlande a décidé de ramener à moins de 4% le taux de l’extrême pauvreté. Le représentant a salué l’impact socioéconomique « considérable » de la couverture maladie universelle, qui a essentiellement bénéficié aux segments pauvres et vulnérables de la population et a été une source d’autonomisation pour un grand nombre d’habitants en Thaïlande.
Ensuite, M. Vichaidit a reconnu que la croissance urbaine, même si elle profite à l’économie, ne doit pas se faire aux dépens du développement rural. La politique de développement de la Thaïlande, a-t-il précisé, a toujours reconnu l’importance de la population rurale pauvre et mis l’accent sur l’agriculture durable. Cela implique un accès équitable aux ressources naturelles, des capacités de stockage renforcées, des progrès en matière de science, de technologie et d’innovation, une meilleure connectivité et un commerce juste et ouvert pour les produits agricoles. Par ailleurs, le représentant a souligné l’importance de la question de la réduction des risques de catastrophes aux fins du renforcement de la résilience, notamment pour faire face aux changements climatiques.
Mme KOUMÉALO ANATE BALLI (Togo) a indiqué que les femmes comptent pour 51,4% de la population togolaise et 53,7% de la population active. Elle a ainsi noté que cet important apport des femmes à l’économie togolaise s’explique par le fait qu’elles sont majoritaires dans le secteur informel et exercent des activités indépendantes en milieu rural. Face à la marginalisation des femmes dans l’économie formelle, la représentante a affirmé que le Gouvernement togolais a mis en place des mesures visant à renforcer l’autonomisation des femmes, notamment en milieu rural où elles bénéficient parfois de dons de motoculteurs, d’égreneuses de maïs, de moulins, de motopompes, entre autres. Les femmes au Togo, a-t-elle noté, bénéficient également de facilité d’accès à des fonds pour mener à bien leurs activités.
M. OMAR A. A. ANNAKOU (Libye) a indiqué qu’il faut accélérer la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avant la date butoir de la fin 2015, et il a souhaité que l’éradication de la pauvreté reste au cœur des activités de développement après 2015. Il a précisé que cela passe par la mise en œuvre des trois dimensions du développement durable, à savoir l’économique, le social et l’environnemental. Il a ensuite affirmé que les Libyennes ont connu une amélioration de leur condition de vie au cours des dernières années dans le cadre de la réalisation des OMD. Il s’est félicité du fait que les femmes participent de plus en plus aux activités politiques et sociales en Libye. Il a appelé enfin à l’intégration de la question de l’autonomisation des femmes et de l’égalité des sexes dans le programme de développement pour l’après-2015.
Mme MARIANNE ODETTE BIBALOU (Gabon) a prôné une approche multidimensionnelle pour parvenir à l’éradication de la pauvreté, en mettant l’accent sur l’action en faveur de l’emploi et en particulier, sur l’emploi des jeunes. Lutter contre la pauvreté, c’est offrir aux jeunes une perspective d’avenir, a-t-elle souligné.
Elle a expliqué que l’emploi et le travail décents nécessitaient une croissance économique durable et une diversification de l’économie. Elle a parlé à cet égard du programme entrepris par le Gouvernement du Gabon qui met l’accent sur la compétitivité et la formation du capital humain.
Mme Bibalou a ensuite demandé de tenir compte des besoins spécifiques des femmes, avant de souligner l’importance de la réforme des systèmes sociaux en faveur des plus démunis. Elle a aussi fait le lien entre éradication de la pauvreté et préservation de l’environnement, en appelant à adopter des modes de production et de croissance plus durables. Le Gabon a pour ambition de réduire d’ici à 2025 plus de la moitié de ses émissions de gaz à effet de serre, a-t-elle indiqué. Avant de conclure son intervention, Mme Bibalou a tenu à mentionner l’importance de l’écotourisme qui est « porteur de nouvelles possibilités d’emplois dans les zones rurales ».
M. NOBORU SEKIGUCHI (Japon) a déclaré que l’éradication de la pauvreté doit rester au centre du programme de développement pour l’après-2015, et que ce dernier doit d’abord cibler le bien-être des personnes et intégrer les trois dimensions du développement durable. Il a rappelé que le Japon a accueilli récemment l’Assemblée mondiale des femmes à Tokyo, en vue de promouvoir la pleine participation de celles-ci. M. Sekiguchi a ensuite émis le vœu de voir un monde exempt de toute violence à l’encontre des femmes au XXIe siècle. Il a aussi plaidé en faveur de l’éducation des femmes et de leur accès aux soins de santé, insistant par ailleurs sur l’importance, pour les femmes, d’être financièrement autonomes et de bénéficier des mêmes avantages et opportunités que les hommes. Le représentant a en outre rappelé l’engagement du Japon envers l’autonomisation des femmes à l’échelle internationale, notamment par le biais du versement d’une dotation financière de 3 milliards de dollars sur trois ans, ceci dans le cadre du financement des programmes d’ONU-Femmes. Il a salué l’ouverture prochaine d’un bureau d’ONU-Femmes à Tokyo en 2015, ajoutant que cela devrait permettre d’améliorer la coordination entre le Japon et l’agence onusienne en charge de l’autonomisation des femmes.
M. CHRISTOPHER GRIMA (Malte) a dit que son pays déployait des efforts importants pour garantir des opportunités égales pour les femmes et les hommes, notamment sur leur lieu de travail, et pour combattre la discrimination, les stéréotypes sexistes, et d’autres obstacles. Après avoir souligné le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible, il a réitéré la position de Malte sur la santé reproductive, qui ne doit pas être perçue comme légitimant l’avortement. Par ailleurs, Malte s’est engagée à renforcer la participation des femmes au processus politique de prise de décisions et sur le marché de l’emploi. Un certain nombre de mesures, notamment des congés de maternité rémunérés de 14 à 18 semaines et la présence de garderies d’enfants subventionnées, visent à encourager l’indépendance économique des femmes.
M. RUBEN I. ZAMORA (El Salvador) a fait remarquer que l’emploi était un moteur indéniable de l’éradication de la pauvreté. Il a aussi reconnu l’importance de l’accès aux services sociaux et de l’instauration de systèmes universels de protection sociale. En El Salvador, a-t-il indiqué, les efforts ont porté sur la réduction des inégalités et contre l’exclusion sociale et la promotion de l’égalité de sexes. Il a mentionné notamment la loi de développement et de protection sociale, qui a été récemment adoptée, et qui est une loi qui met l’accent sur les individus des groupes les plus vulnérables. Le représentant a aussi indiqué combien il était important d’aborder le problème de la pauvreté en prenant en compte son caractère multidimensionnel.
M. YUHUI LU (Chine) a souligné que la pauvreté est l’un des problèmes les plus importants du monde, et que son éradication est de la responsabilité de la communauté internationale tout entière. Il a souhaité qu’un cadre international propice pour son élimination soit mis en place, notamment en la mettant au cœur du programme de développement pour l’après-2015. Il a appelé au renforcement de l’assistance aux pays en développement, notamment dans le cadre de la coopération pour le développement industriel, précisant que cela servirait de catalyseur pour la création d’emplois. Il a par ailleurs indiqué que, malgré la crise économique internationale, la Chine a travaillé d’arrache-pied à éliminer la pauvreté au niveau national, tout en fournissant une assistance aux pays en développement dans le cadre de la coopération Sud-Sud.
M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a appelé la communauté internationale à soutenir les gouvernements dans leurs efforts nationaux de lutte contre la pauvreté. L’éradication de la pauvreté doit rester le but prioritaire des objectifs de développement durable, a-t-il aussi demandé. Le représentant a ensuite souligné l’importance de renforcer ou créer une base industrielle dans les pays, notamment les PMA, pour leur permettre de surmonter le fléau de la pauvreté. Cela a été reconnu dans le projet d’objectifs de développement durable numéro 9, a-t-il noté. Il a dit attendre avec intérêt que la Banque de transfert de technologies soit rapidement opérationnelle.
M. Momen a aussi parlé du rôle des femmes dans le développement, plaidant en faveur de leur autonomisation dans tous les secteurs, en rappelant que ce sont des femmes, dans son pays, qui occupent les postes de premier ministre, de président du Parlement, de leader de l’opposition et de président de la chambre des représentants. Depuis 2009, le nombre de femmes entrepreneurs a quadruplé au Bangladesh, a-t-il aussi indiqué.
Mme NANZEGUELA KONE-FOFANA (Côte d’Ivoire) a noté que 400 jours avant la date butoir de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, il est évident que de nombreux pays en développement ne vont probablement pas les réaliser. Elle a ainsi expliqué que cet état de fait signifie que l’éradication de la pauvreté demeure la préoccupation majeure de la communauté internationale, comme l’a du reste indiqué le rapport du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable.
La représentante a indiqué que la Côte d’Ivoire a mis en place un Plan national de développement en 2012, avec l’objectif de créer 200 000 emplois par an. Elle a en outre annoncé qu’à partir de l’année 2015, l’école sera rendue obligatoire pour les jeunes Ivoiriens de 6 à 16 ans. De même, a souligné Mme Kone-Fofana, certains soins de santé sont gratuits en Côte d’Ivoire. Elle a aussi relevé que l’intégration régionale et sous-régionale peut également jouer un rôle important dans l’élimination de la pauvreté, notamment à travers l’amélioration du commerce intrarégionale et la stimulation de l’industrialisation au sein d’une même région.
M. TEVITA SUKA MANGISI (Tonga) a préféré utiliser le terme « difficultés », plutôt que « pauvreté », pour présenter la situation à Tonga, car la population a généralement accès à l’alimentation et au logement. En tant que petit État insulaire en développement, Tonga est plus vulnérable aux chocs extérieurs, exacerbés par les catastrophes naturelles. Le cadre de développement stratégique de Tonga vise à inclure les communautés, à renforcer les partenariats entre les secteurs public et privé, à planifier et entretenir les infrastructures, et à gérer l’environnement de manière durable, ainsi que les risques liés aux catastrophes naturelles.
Tonga se félicite de l’adoption du Document « Samoa: la Voie à suivre », adopté récemment lors de la troisième Conférence internationale des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement, et attend avec impatience la tenue de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, en 2015. Évoquant les effets négatifs des changements climatiques sur les efforts de réduction de la pauvreté, M. Mangisi a plaidé en faveur d’une action rapide contre les effets de ce phénomène. Pour Tonga, dont la survie dépend des ressources des océans, des pertes au niveau des écosystèmes peuvent se traduire directement par des pertes économiques.
Mme MCKENZIE (Canada) a déclaré que sa délégation aligne sa déclaration sur celle qu’a faite la délégation du Pérou, qui a parlé au nom du Groupe des amis sur l’inclusion financière.
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