La Deuxième Commission conclut l’examen du point de son ordre du jour relatif au développement durable, jugé comme objectif principal à atteindre après 2015
Après avoir examiné durant deux jours le point de son ordre du jour relatif au développement durable, les délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) ont conclu leurs débats en réitérant que le développement durable est l’objectif central vers où la communauté internationale doit orienter ses efforts de développement après 2015. Mais, ont estimé un grand nombre d’intervenants, le chemin idéal pour parvenir à cet objectif doit encore être débattu, les propositions actuelles faisant encore l’objet de réserves diverses selon les vues et intérêts parfois divergents des différents groupes de pays.
Au cours des débats de la journée, la plupart des délégations ont exprimé leur soutien aux travaux menés dans les différents processus en cours travaillant sur la question du développement et du programme de développement pour l’après-2015. Elles ont, à cet égard, cité le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, le Comité intergouvernemental d’experts sur le financement du développement durable, et les recommandations issues des dialogues structurés qui ont lieu sur la mise en place d’un mécanisme de facilitation en matière de technologies.
Le représentant du Niger a déclaré qu’aux yeux de sa délégation, le Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable était la « pierre angulaire du programme de développement pour l’après-2015 ». Il a souligné que les 17 objectifs de développement durable proposés, et les 169 cibles qui les sous-tendent, constituent, avec les moyens de mise en œuvre identifiés par le Groupe de travail sur le financement du développement, une base sérieuse sur laquelle on peut s’appuyer pour la suite du processus intergouvernemental engagé. D’autres délégations, comme celles d’El Salvador et de l’Algérie, ont quant à elles indiqué qu’elles étaient opposées à toute éventuelle renégociation du contenu du rapport du Groupe de travail.
Tout en marquant leur soutien aux propositions du Groupe de travail ouvert sur les objectifs du développement durable, d’autres intervenants, dont les représentants du Guatemala et du Cameroun, ont regretté que la mise en place d’un « mécanisme ayant vocation à favoriser la mise au point, le transfert et la diffusion de technologies propres et respectueuses de l’environnement, conformément au paragraphe 273 du document intitulé ‘l’Avenir que nous voulons’, n’ait pas évolué avec la même célérité » que les travaux du Groupe de travail ouvert. En la matière, l’espoir, ont estimé ces intervenants, semble dès lors résider dans le déroulement des consultations prévues par la résolution 68/130 de l’Assemblée générale, si on veut parvenir à mettre en place ce « mécanisme sans lequel l’édifice de l’Agenda de développement pour l’après-2015 resterait inachevé ».
À ce propos, la délégation de la Turquie a indiqué que son pays est favorable à la création d’une banque des technologies et soutient le mécanisme destiné à combler les besoins des pays les moins avancés en termes de technologies. La délégation a tenu à cet égard à rappeler que la Turquie avait accueilli, à Istanbul, la Conférence sur les pays les moins avancés (PMA), au cours de laquelle a été adopté le Plan d’action en faveur des PMA.
De nombreuses voix se sont élevées pour souligner la place centrale du Forum politique de haut niveau, sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), qui devrait définir un cadre approprié pour un meilleur suivi des progrès réalisés dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable. Certaines délégations ont tenu à mettre en garde d’autres acteurs importants contre toute tentative de créer des blocages ou poser des obstacles au mandat qui a été confié au Forum politique de haut niveau, qui, ont-elles estimé, « est le seul organe idoine de suivi et d’évaluation du programme de développement pour l’après-2015 ».
L’examen de la question du développement durable a aussi permis aux délégations de rappeler que les changements climatiques sapent les efforts de développement de la plupart des États à travers le monde. Face à cette situation, la représentante des États-Unis a promis que son pays allait réduire le niveau de ses émissions de gaz à effet de serre et que les États-Unis invitaient les autres États responsables de niveaux de pollution importants à faire des efforts allant dans la même direction. Concernant la lutte contre le réchauffement de la planète et ses conséquences néfastes, la plupart des délégations de pays en développement ont invité les pays industrialisés à tenir leurs promesses de financement et à respecter les engagements pris à cet égard. Il est indispensable que les ressources nécessaires à la mise en place des mesures d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation de ses effets soient disponibles, ont dit ces délégations en demandant notamment que la promesse qu’ont faite les pays industrialisés de verser, d’ici à 2020, 100 milliards de dollars par an à la capitalisation du Fonds vert pour le climat soit respectée.
Des délégations ont évoqué la question de la promotion des sources d’énergie renouvelables, qui pourraient remplacer les hydrocarbures à fort potentiel de pollution. Le représentant des Émirats arabes unis a, à cet égard, parlé des investissements que son pays a consentis dans le domaine de l’énergie solaire, tandis que la représentante de l’Islande s’est félicitée du fait que son pays soit aujourd’hui, en termes de consommation d’énergie, presqu’entièrement autosuffisant grâce à la mise en valeur de l’énergie géothermale et hydrique. Elle a de ce fait invité les pays d’Afrique de l’Est, à fort potentiel géothermique, à profiter de cette manne de la nature pour fournir de l’énergie aux 150 millions de personnes qui les peuplent.
La Deuxième Commission tiendra sa prochaine réunion plénière lundi, 20 octobre, à 15 heures. Elle entamera, à cette occasion, l’examen du point de son ordre du jour relatif à l’élimination de la pauvreté et aux autres questions liées au développement.
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Suite du débat général
M. WILFRIED I. EMVULA (Namibie) a salué la création du Forum politique de haut niveau, qui a remplacé la Commission du développement durable, espérant qu’il ferait preuve de leadership et complèterait les rôles joués par des instances onusiennes comme l’Assemblée générale et l’ECOSOC dans le domaine du développement durable. L’éradication de la pauvreté d’ici à 2030 devra être l’objectif central du programme de développement pour l’après-2015, a déclaré M. Emvula, avant de parler du partenariat mondial renforcé dont la mise en place est nécessaire pour y arriver. Il a ajouté que la mobilisation et l’utilisation efficace des ressources seront vitales. La Namibie attend avec intérêt la troisième Conférence internationale sur le financement du développement qui aura lieu en Éthiopie en 2015, a dit le représentant.
M. Emvula a également appelé les États Membres à négocier et adopter un nouvel instrument juridiquement contraignant sur le climat en 2015 à Paris. Cet accord devrait être efficace, durable et complet, a-t-il souhaité. Il a ensuite expliqué que son pays avait des besoins particuliers dans le contexte du développement durable, du fait de sa vulnérabilité aux sécheresses, avant d’inviter la communauté internationale à l’aider à mettre en œuvre le Plan d’action et la Déclaration de la Namibie sur la lutte contre la désertification. La Namibie est activement engagée dans le Groupe des amis sur la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse, a indiqué M. Emvula
Mme CLAIRE CHOW (Singapour) a annoncé que « Singapour va continuer à contribuer aux efforts mondiaux en traçant une voie de développement durable pour le monde, particulièrement dans les domaines de l’urbanisation, de l’eau et de l’assainissement, vu sa propre expérience en la matière ». Singapour approuve notamment l’instauration de la Journée mondiale des toilettes le 19 novembre, dans le cadre de l’objectif d’hygiène publique pour tous. D’autre part, souffrant des mêmes vulnérabilités que les autres petits États insulaires en développement (PEID), Singapour se félicite de l’adoption du plan d’action « Samoa: la Voie à suivre » adopté le mois dernier à l’issue de la Conférence de Samoa, et a élaboré un programme de coopération sur trois ans destiné à fournir une assistance technique aux petits États insulaires en développement dans les domaines correspondant à leurs besoins.
Mme Chow a ensuite évoqué les succès remportés par son pays pour intégrer la dimension d’environnement et de qualité de vie à son développement économique, et elle a noté que Singapour avait lancé cette année une évaluation de son programme de développement durable pour vérifier la pertinence de ses stratégies dans le contexte actuel, marqué par une densité urbaine croissante et par les changements climatiques. « Nous continuerons aussi à faire partager notre expérience et à apprendre des autres », a-t-elle indiqué, car « si Singapour est petit par la taille, son impact n’a pour autant pas besoin d’être insignifiant ».
M. NASREDDINE RIMOUCHE (Algérie) a salué la proposition faite par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, qui recommande de consacrer un objectif spécifique aux moyens de mise en œuvre, et d’assortir chaque objectif de moyens de mise en œuvre - le but étant d’éviter que des échecs ne se produisent du fait du manque de financement ou de capacités.
Le représentant a regretté que des objectifs de la Stratégie décennale (2010-2020) de lutte contre la désertification, adoptée en 2007, n’aient pas été atteints, faute de soutien et de financement de la communauté internationale. L’Algérie, en ce qui la concerne, a déjà pris des mesures concrètes, avec notamment la mise en place d’un programme de reboisement, et l’extension du Barrage vert contre le Sahara, qui doit passer de 300 000 à 400 000 hectares en 2015. Concernant la biodiversité, M. Rimouche a souligné qu’il fallait aider financièrement les pays en développement pour les aider à en faire une utilisation durable. Il a aussi demandé que des éclaircissements soient fournis aux États Membres concernant les marchés et les mécanismes financiers novateurs, notamment pour ce qui est du partage des avantages découlant de l’exploitation des ressources génétiques.
M. MOHAMED ALSAHLAWI (Émirats arabes unis) a demandé que la coopération internationale soit renforcée afin de favoriser un meilleur financement du développement. Il a salué le travail du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable. Il a en outre déclaré que dans la perspective du développement durable, la question de l’énergie est cruciale, et que forts de ce constat, les Émirats arabes unis ont mis en place un vaste programme d’utilisation des sources d’énergie renouvelables, notamment l’énergie éolienne et le solaire. Il s’est de ce fait félicité que son pays ait construit le plus grand centre de traitement de l’énergie solaire au monde, une initiative qui permettra, a-t-il expliqué, de promouvoir le développement en respectant l’environnement. Il a enfin relevé que cette implication des Émirats arabes unis dans les énergies renouvelables a été reconnu par la communauté internationale qui a agréé à la demande du pays d’accueillir le siège de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA).
M. IBRAHIMA SORY SYLLA (Sénégal) a salué les « conclusions globalement satisfaisantes du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable (ODD) », et il s’est félicité de la décision de l’Assemblée générale de les intégrer dans le programme de développement pour l’après-2015. Il s’est ensuite félicité de la tenue de la première session de fond du Forum politique de haut niveau, sous l’égide de l’ECOSOC, en juillet dernier. Il a noté que cette réunion aura permis de faire le constat de la nécessité de réviser le mode de fonctionnement du Forum politique, notamment en améliorant ses mécanismes de prise de décisions, et en précisant davantage le rôle des divers acteurs qui la composent, tout en définissant un cadre approprié pour un meilleur suivi des progrès réalisés dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015. Le représentant a en outre fait le constat de la « dégradation irréversible des écosystèmes forestiers », entraînant ainsi une perte continuelle de la biodiversité. Il a de ce fait appelé à l’institution d’un fonds international consacré au financement des forêts.
Mme HAZEERAH ARIFFIN (Brunei Darussalam) a relevé que l’éradication de la pauvreté est le point central de tout processus devant mener au développement durable. Elle a ajouté que la préservation de l’environnement et les ressources de la biodiversité contribuent également à l’amélioration de la vie des populations, notamment dans les pays en développement. Mme Ariffin a, de ce fait, souligné que la Convention sur la diversité biologique participe grandement au développement durable, notamment dans des domaines tels que la sécurité alimentaire, la préservation de l’air et de l’eau et la santé des populations. Elle a aussi indiqué que 75% de la superficie de Brunei Darussalam est couvert de forêts tropicales, et que des programmes nationaux de préservation de ces richesses naturelles ont été adoptés par le pays.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a déclaré que tous les gouvernements et acteurs impliqués dans l’usage des ressources biologiques et de leurs composantes devaient respecter la Convention sur la diversité biologique (CDB). Le Pérou est inquiet des cas de « biopiraterie », en particulier de l’utilisation et de l’exploitation illégales de ressources génétiques et de connaissances traditionnelles, particulièrement dommageables pour les communautés locales et autochtones. M. Meza-Cuadra a également souligné que pour le Pérou, couvert à 60% de forêts, le développement durable ne pouvait pas être réalisé aux dépens de ce milieu naturel, et il a indiqué que son pays entendait lutter contre la déforestation et agir pour la défense de son patrimoine forestier.
Le représentant a également appelé à ce que le thème de la réduction des risques de catastrophes naturelles, amplifiés par les changements climatiques, tienne une bonne place dans le programme de développement durable pour l’après-2015.
Mme MAUREEN FRANCELLA STRICKLAND-SIMONET (Samoa) a regretté l’inadéquation des mesures prises à l’échelle internationale pour remédier au problème mondial posé par les changements climatiques. « La compassion et la pitié ne nous mettront pas à l’abri de l’impact dévastateur des changements climatiques », a-t-elle dit en parlant des petits États insulaires en développement (PEID). Elle a espéré que le récent Sommet sur le climat donnerait un nouvel élan pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La hausse du niveau des mers est un autre grand problème pour Samoa, a-t-elle indiqué, car 70% de la population vit dans des zones côtières de faible élévation. Elle a également jugé importants les travaux menés sur la réduction des risques de catastrophes et a appelé de ses vœux le succès de la Conférence qui se tiendra sur ce sujet à Sendai, au Japon, en mars prochain. Mme Strickland-Simonet a en outre souligné le rôle essentiel que joue l’énergie durable, indiquant que Samoa entendait atteindre 20% de neutralité carbone d’ici à 2030.
La représentante de Samoa a réaffirmé l’attachement de son pays au processus de suivi de la Conférence Rio+20, une conférence qui a réaffirmé les spécificités des PEID en matière de développement durable à cause de leurs vulnérabilités particulières. Elle a enfin parlé des résultats de la Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement (PEID) qui s’est tenue à Samoa le mois dernier, en espérant la pleine mise en œuvre de son Document final. Il faut notamment, a-t-elle précisé, élaborer un cadre garantissant des partenariats en faveur des PIED. Elle a espéré que le cadre ébauché à Samoa permettrait la pleine mise en œuvre de tous les documents adoptés lors des conférences sur les PEID à Maurice, à la Barbade et à Samoa. Il faut aussi, a-t-elle ajouté, que les orientations et les moyens de mise en œuvre du Document final de Samoa soient intégrés dans le programme de développement pour l’après-2015 et les objectifs de développement durable.
Mme RUEANNA HAYNES (Trinité-et-Tobago) a déclaré que sa délégation apprécie que les objectifs de développement durable intègrent les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) tout en incluant les questions émergeantes, et ce, en vue d’atteindre le développement durable. Elle a rappelé que les maladies non transmissibles et la résurgence de maladies comme celles à virus Ebola et le Chikungunya sapaient les capacités des systèmes de santé déjà fragiles des pays en développement. En ce qui concerne les objectifs de développement durable, elle a appelé la communauté internationale à travailler de manière ouverte et inclusive afin de parvenir à un objectif commun.
Mme Haynes a souligné que le manque de lien entre les processus concernant les petits États insulaires en développement (PEID) et les OMD avait entraîné un manque de coordination et une mauvaise allocation des ressources. Nous ne voulons pas voir cette situation se répéter, a-t-elle dit. Mme Haynes a ensuite expliqué comment son pays œuvrait à la réalisation des objectifs de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), grâce à des politiques visant à réduire l’empreinte carbone de Trinité-et-Tobago. Elle a aussi réitéré l’engagement de son pays en faveur de la création d’un mécanisme de facilitation en matière de technologies.
M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a déclaré que la stratégie nationale mise en place par son pays pour s’adapter au changement climatique et réduire l’impact des catastrophes naturelles avait amélioré la coordination de l’action publique à la fois dans le pays, et avec les pays traversés par les mêmes cours d’eau que le Mozambique.
Il a ajouté que le Mozambique ambitionnait de tirer 55% de sa production d’énergie de sources renouvelables d’ici à 2030. Actuellement, environ 14% de la population, soit 3,6 millions de personnes, contre 51 000 en 2004, ont accès aux énergies renouvelables, a précisé M. Gumende. La Stratégie pour le développement d’énergies nouvelles et renouvelables, adoptée par le Mozambique en 2011, prévoit l’établissement d’une base de données, la construction d’infrastructures telles que des usines de panneaux solaires, le développement d’un tarif de rachat d’énergies renouvelables pour encourager les investissements, et l’adoption d’une loi sur la préservation et l’utilisation durable de l’énergie issue de la biomasse.
M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit basé sur les acquis des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), tout en veillant à prendre en compte les nouveaux défis auxquels la communauté internationale fait face. Il a notamment déclaré que ce nouveau programme devrait cibler en priorité l’éradication de la pauvreté et des inégalités, avec comme objectif global l’atteinte du développement durable. Le représentant a expliqué que la route vers le développement durable passe par l’adoption de modèles de production et de consommation durables, la protection et l’utilisation rationnelle des ressources naturelles, la promotion d’une croissance économique durable et l’emploi pour tous.
M. Mahmadaminov a ensuite souligné que le Tadjikistan soutient le rapport du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable. Il a par ailleurs indiqué que le développement durable passe par l’accès universel à des sources d’énergie sûres. Il a noté que la Décennie des Nations Unies relative à l’énergie durable pour tous, qui sera observée de 2014 à 2024, offre ainsi une opportunité unique aux États Membres pour mettre en œuvre l’exigence de créer les conditions d’un accès sûr et durable aux sources d’énergie renouvelables.
Mme MARÍA SOLEDAD URRUELA ARENALES (Guatemala) a souhaité que les négociations sur le programme de développement pour l’après-2015 prennent comme base toutes les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale portant sur ces questions. Elle a aussi exprimé le soutien du Guatemala à la création d’un mécanisme de facilitation en matière de transfert de technologies, considérant que celles-ci peuvent jouer un rôle crucial dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.
Mme Urruela Arenales a aussi plaidé en faveur de l’adoption d’une stratégie de réduction des risques de catastrophes. La région d’Amérique centrale et des Caraïbes est souvent confrontée à des catastrophes naturelles, a-t-elle rappelé, donnant l’exemple de son pays qui a été récemment touché par une sévère sécheresse qui lui a coûté 5% de son PNB. Elle a donc apprécié la tenue, l’an prochain au Japon, de la troisième Conférence sur la réduction des risques de catastrophes. La représentante du Guatemala a ensuite plaidé en faveur de la protection de la biodiversité et de la protection du climat pour les générations présentes et futures. Elle a assuré que son pays mobilisait et déployait de grands efforts pour lutter contre les changements climatiques.
M. HAJILARI (République islamique d’Iran) a déclaré que le développement durable et la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 passent par certains prérequis. Il a ainsi souligné l’importance du renforcement des capacités dans les pays en développement, ceci à travers des échanges d’expériences, et le transfert de technologies en faveur des pays en développement. Il a aussi relevé le besoin de réformer les institutions financières internationales avec notamment la promotion d’un système ouvert, non discriminatoire et équitable. Il faut aussi veiller à renforcer les partenariats internationaux par des actions menées sous l’égide de l’ONU, a dit le représentant de l’Iran.
Le représentant a par ailleurs déploré l’occupation étrangère et la domination coloniale dont sont victimes certains pays en développement, ainsi que l’imposition unilatérale de mesures économiques à certains desdits pays. Il a ensuite estimé que des questions telles que la désertification et la dégradation des terres, ou encore les catastrophes naturelles, sont des points importants à considérer dans la perspective du développement durable. Il a enfin mis en garde contre l’imposition de blocages et d’obstacles au mandat donné au Forum politique de haut niveau, qui est « le seul organe idoine de suivi et d’évaluation du programme de développement pour l’après-2015 ». Le représentant a appelé la communauté internationale à éviter la politisation du processus de travail du Forum.
M. ABDULLAH AHMED AlSHARRAH (Koweït) a salué les travaux du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable en ce qu’ils reflètent bien les trois piliers du développement durable. Il a aussi exprimé l’appréciation de sa délégation concernant les efforts qu’a faits le Groupe d’experts intergouvernementaux sur le développement durable dans l’accomplissement de son mandat. Le Koweït, a-t-il indiqué, a participé à tous les efforts internationaux visant à atteindre un consensus sur le programme de développement pour l’après-2015. Il a ajouté que son pays faisait tout son possible pour mettre en œuvre tous les projets visant à réaliser un nouveau cadre de développement qui prendra le relai des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), ceci avec tous les partenaires engagés sur ces questions, notamment le secteur privé, la société civile et les universités.
Il est nécessaire de mettre en œuvre les résultats de toutes les conférences tenues dans le domaine économique, social et environnemental, a poursuivi le représentant du Koweït. Il a proposé de développer des systèmes de statistiques, pour disposer d’indicateurs permettant de mesurer la réalisation des objectifs de développement. Il a aussi jugé nécessaire de prendre en compte les besoins des personnes handicapées et de les intégrer dans la société. Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays participait aux négociations visant à lutter contre les effets négatifs des changements climatiques. Il faut, à cet égard, prévoir un plan d’action ambitieux et complet sur la question, a-t-il recommandé. Il a aussi déclaré que le Koweït attendait avec intérêt la troisième Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra à Addis-Abeba, en Éthiopie, en 2015, ainsi que la COP20 qui se tiendra en décembre 2014 à Lima, au Pérou.
Mme NINO SHEKRILADZE (Géorgie) a déclaré que son pays était déjà victime des changements climatiques: la hausse du niveau de la mer a intensifié les tempêtes et l’érosion des côtes, avec des dommages causés aux infrastructures, tandis que des événements météorologiques extrêmes, y compris la sécheresse et des inondations, menacent l’agriculture.
La Géorgie travaille déjà à mettre en place plusieurs mesures d’atténuation des risques naturels, qui sont adaptées à son contexte national, a dit la représentante. Grâce à la coopération avec l’Autriche, des mesures sont en préparation pour le secteur forestier, qui s’appuient sur une nouvelle « Politique forestière nationale », adoptée l’an dernier par la Géorgie, a indiqué Mme Shekriladze. Avec l’Allemagne, la Géorgie travaille à mettre en place des mesures d’économie d’énergie, particulièrement dans les bâtiments publics. En outre une nouvelle stratégie a été lancée par le Gouvernement géorgien pour accélérer le développement des énergies durables dans le pays et réaliser son immense potentiel en favorisant l’exploitation des énergies éolienne, solaire, géothermique et particulièrement hydraulique. Grâce aux grandes capacités hydrauliques du pays, la production d’électricité en Géorgie repose déjà à plus de 80% sur les énergies renouvelables, et le pays entend devenir une plateforme pour la génération et l’exportation d’énergie propre. Toutes ces actions devraient permettre à la Géorgie de parvenir à la neutralité en carbone d’ici à 2050, a dit Mme Shekriladze.
M. YAROSLAV GOLITSYN (Ukraine) a salué la publication du rapport du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable. Il a relevé que l’Ukraine a signé un accord d’association avec l’Union européenne (UE), et que le pays s’engageait ainsi « à s’assurer que les programmes et politiques nationales seraient conçus et appliqués d’une manière qui soit conforme aux normes et standards de l’Union européenne. Il a indiqué que malgré la situation de conflit qui prévaut dans l’est du pays, le Gouvernement ukrainien est résolument tourné vers la promotion d’un développement durable. Il a dit que les technologies de l’information et des communications (TIC), notamment les médias sociaux, pourraient de ce fait être mis à contribution afin de sensibiliser le public sur les questions environnementales, sur l’éradication de la pauvreté et sur l’utilisation rationnelle des ressources, entre autres questions. Il a aussi relevé que les actions gouvernementales en faveur du développement durable devraient être accompagnées par la société civile, le secteur privé et la communauté scientifique.
Mme RITA DHITAL (Népal) a déclaré que les changements climatiques avaient déjà entraîné une perte de biodiversité, une diminution des ressources et une dégradation de l’environnement au Népal. En conséquence, le développement durable des montagnes est indispensable et s’impose non seulement pour réagir à ces problèmes, mais aussi pour protéger les sources d’eau potable et un héritage culturel unique, ce qui doit passer par le développement de l’agriculture, l’écotourisme et le secteur privé. La représentante a également indiqué que le Népal entendait porter la couverture forestière de son territoire à 40% de sa superficie durant la Décennie des forêts, décrétée pour la période 2014-2024.
Enfin, le Népal entend réduire sa dépendance envers les énergies fossiles et réagir aux difficultés d’approvisionnement énergétique auxquelles font face le pays et la région en développant l’accès à l’énergie hydraulique et à la biomasse. Le Népal fait de son mieux pour créer un climat propice aux investissements étrangers dans ce domaine, a assuré Mme Dhital, tout en insistant sur la nécessité de réaliser des transferts de technologies et de fournir des ressources supplémentaires aux pays les moins avancés (PMA), aux pays en développement sans littoral, aux petits États insulaires en développement, aux pays montagneux, et à ceux sortant de conflits récents.
M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a recommandé de doter le futur programme de développement pour l’après-2015 de moyens suffisants pour sa mise en œuvre. En tant que membre du groupe des petits États insulaires en développement (PEID), il a dit que la Jamaïque appréciait les résultats de la Conférence des Nations Unies sur les PEID, qui s’est tenue à Samoa au mois de septembre. Il faudra veiller à la pleine mise en œuvre des orientations de Samoa, a-t-il exigé. Parlant ensuite de la mer des Caraïbes, qui fait l’objet d’un nouveau projet de résolution à la Deuxième Commission, M. Rattray a expliqué qu’il s’agissait d’une zone à forte biodiversité. Il a souhaité qu’elle soit reconnue comme zone spéciale dans le contexte du développement durable.
Le représentant a ensuite indiqué que la Jamaïque avait adopté une politique nationale sur l’énergie pour la période 2009-2030, ce qui a permis au pays de diversifier ses sources d’énergie et de mettre en valeur les énergies renouvelables. M. Rattray a espéré que le programme de développement pour l’après-2015 continuerait à mettre l’accent sur cette question. La réduction des risques de catastrophes est une autre priorité pour la Jamaïque, a-t-il ajouté, espérant que la Conférence de Sendai porterait des fruits dans ce domaine et plaidant en faveur d’un cadre d’action renforcé. M. Rattray a aussi indiqué attendre avec impatience la COP20, qui aura lieu à Lima, au Pérou, et a appelé de ses vœux la conclusion d’un accord juridiquement contraignant sur le climat à Paris en 2015. Il a rappelé l’importance de cette question pour les PEID, qui sont particulièrement vulnérables face aux changements climatiques.
M. ALEXIS LEKI MUNUNGI (République démocratique du Congo) a souhaité que la lutte pour la réduction des risques de catastrophes soit intégrée de manière systématique dans les politiques, plans et programmes de développement durable et de lutte contre la pauvreté. Elle doit aussi, a-t-il ajouté, pouvoir s’appuyer sur une coopération bilatérale, régionale et internationale. Au plan sous-régional, M. Munungi a parlé des décisions prises en 2012 pour doter l’Afrique centrale d’un plan d’action opérationnel sur la préparation et la réponse aux catastrophes naturelles et autres situations d’urgence. Une stratégie a été conçue dans ce domaine, et un plan d’action, dénommé « Plan d’action de Yaoundé » a été élaboré. Ces deux documents ont ainsi été adoptés par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), a indiqué le représentant en appelant la communauté internationale à apporter son aide aux États membres de la CEEAC pour les mettre en pratique.
M. Munungi a exposé les différentes catastrophes auxquelles est exposée la République démocratique, comme les éruptions volcaniques et les tremblements de terre, ainsi que les épidémies et les trop nombreux accidents aériens, fluviaux et ferroviaires. Ces facteurs, a-t-il expliqué, ont entraîné le déplacement de 2,9 millions de personnes. Il a énuméré les mesures prises par le Gouvernement de la RDC pour faire face à cette situation, comme l’adoption d’un Programme national de prévention, de lutte et d’assistance humanitaire aux victimes des catastrophes naturelles. Cependant, a-t-il regretté, certains mécanismes inclus dans le programme n’ont jamais pu être mis en œuvre du fait de l’insuffisance des ressources financières et des capacités. Il a dès lors dit attendre des partenaires internationaux qu’ils fassent bénéficier la RDC de leurs connaissances scientifiques et technologiques, ainsi que d’une assistance financière, pour lui donner accès à des technologies de pointe sur le pan écologique qui soient faciles à utiliser.
Mme MARGARIDA ROSA DA SILVA IZATA (Angola) a regretté que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) n’aient pas été réalisés à un niveau qui permettrait de satisfaire les attentes de la communauté internationale. « Maintenant nous devons nous assurer que le programme de développement pour l’après-2015 comprendra ce qui est nécessaire pour parvenir à un monde plus durable ».
Mme Izata a insisté sur le rôle que doit jouer l’éducation dans le développement, bien que l’Angola soit en retard dans la réalisation des objectifs visant à réduire l’analphabétisme et à atteindre l’éducation universelle d’ici à 2015. Cependant, depuis 2010 un programme est en cours dans notre pays pour faciliter l’accès à l’éducation dans les zones rurales et au-delà, a-t-elle dit.
Elle a aussi mis en avant les programmes de soutien à la création d’entreprises mis en place en Angola. « Vu le problème flagrant du chômage et la nécessité de réduire le phénomène d’exclusion sociale touchant une partie de la jeunesse angolaise, qui constitue la majorité de la population, ainsi que pour réduire les flux financiers dans l’économie informelle, plusieurs programmes ont été lancés dans le cadre du Plan de développement national 2013-2017 », a indiqué la représentante. Elle a parlé du soutien à l’entrepreneuriat, d’un programme d’aide à l’accès au crédit, et d’un autre permettant aux gens exerçant leurs activités dans le secteur informel de le faire de manière plus formelle, ce qui leur donne accès à certains avantages. « Les résultats obtenus jusqu’à présent sont de bon niveau et acceptables », a-t-elle dit, puisque qu’on a vu des créations d’emplois, des revenus fiscaux en hausse, de la croissance économique et une baisse des problèmes sociaux de la jeunesse.
Par ailleurs, l’Angola est en bonne voie d’atteindre l’objectif de recourir beaucoup plus à des sources d’énergie renouvelables, a dit la représentante. En effet, le programme national de développement comprend un programme de diversification des modes de production d’électricité basé sur la promotion de l’énergie solaire. Ce programme a été lancé en 2011.
Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a déclaré que les pays en développement sont ceux qui souffrent le plus des changements climatiques et des phénomènes météorologiques extrêmes qu’ils provoquent. « Malgré nos limitations économiques et nos priorités dans l’éradication de la pauvreté et le développement durable, et sans avoir d’obligations aux termes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, nous assumons les coûts de notre adaptation aux effets du réchauffement de la planète et ceux liés à l’atténuation des risques de catastrophes », a dit Mme Rubiales de Chamorro. Vu ce contexte, le Nicaragua souhaite que l’on parvienne d’urgence à un accord contraignant sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre en 2015, lors de la Conférence de Paris sur le climat.
Mme Rubiales de Chamorro a souligné que l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), à laquelle appartient le Nicaragua, a été un facteur d’unité, de complémentarité et d’intégration économique dans la région et a permis le lancement d’autres fora comme Petrocaribe, auquel appartiennent 20 pays de la région, et dont l’action a eu des retombées immédiates sur le bien-être des populations concernées. « Nous devons renforcer nos actions collectives en faveur du développement durable », a-t-elle conclu.
M. PURNOMO A. CHANDRA (Indonésie) a déclaré que, même si l’extrême pauvreté reste une inquiétude pour la décennie à venir, il ne fallait pas négliger le « milliard inférieur », c’est à dire les 72% des pauvres du monde qui vivent dans des pays à revenu intermédiaire. Cela signifie que l’inégalité et l’injustice sociales peuvent persister même après qu’un pays est sorti de la pauvreté, a souligné M. Chandra. Pour adapter les actions lancées au plan mondial et au niveau national, il va falloir établir ou renforcer des structures inclusives et démocratiques de gouvernance économique mondiale, a estimé M. Chandra, qui a souhaité une réelle représentation et responsabilisation de toutes les régions et groupes de pays sur une base d’égalité.
Évoquant le suivi de la Conférence Rio+20, il a espéré que des actions soient menées dès cette année pour mettre en œuvre les recommandations issues des quatre dialogues structurés qui se sont tenus sur un mécanisme de facilitation de la technologie. À l’approche de la vingtième réunion des Parties à la Convention-cadre de l’ONU sur les changements climatiques qui doit se tenir à Lima au Pérou à la fin de l’année, il a souligné que les pays développés avaient une « responsabilité historique de mener par l’exemple », et il a appelé les pays en développement à être également ambitieux, et d’apporter au règlement de la question des contributions qui soient à la mesure de leurs capacités.
M. APOLLINAIRE DINGHA (République du Congo) a déclaré que le Congo avait fait de la mise en œuvre de l’Agenda 21, un programme d’action issu du Sommet de la Terre de Rio, une priorité. Pour cela, sa stratégie repose notamment sur une gestion participative de l’environnement associant les administrations publiques, le secteur privé, la société civile et les populations locales et autochtones, tout en visant à l’harmonisation des politiques aux niveaux national, sous-régional et international. Par ailleurs, très sensible à la problématique de la Convention sur la biodiversité, la République du Congo est en train d’élaborer une nouvelle stratégie nationale sur la conservation et la gestion durables des ressources naturelles. C’est dans cette optique que le Congo entretient des parcs et réserves naturelles qui couvrent 13% de son territoire national, a précisé M. Dingha.
Mme CÉLINE VAN KLAVEREN-IMPAGLIAZZO (Monaco) a déclaré que Monaco soutient la création d’un objectif de développement durable consacré aux océans et aux mers, « car nous avons la conviction que notre existence même est liée aux océans et que d’eux dépendent aussi la sécurité alimentaire, la santé, le climat et les moyens de subsistance de nombreux États ». Or, les océans et les mers, qui sont des régulateurs thermiques, sont victimes des émissions de gaz à effet de serre qui provoquent leur acidification, a regretté la délégation monégasque. En Méditerranée, Monaco tient ses engagements en soutenant notamment le renforcement d’aires marines protégées, a-t-elle précisé.
Pour ce qui est du financement du développement, la représentante a souligné qu’il faudrait mettre au cœur du nouveau cadre de développement des partenariats renouvelés et renforcés, dans lesquels s’impliquent de nouveaux acteurs tels que le secteur privé et la philanthropie. Monaco pense que la feuille de route de Samoa, élaborée le mois dernier à la troisième Conférence internationale des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement, est un exemple à suivre en la matière. Le secteur privé devra être pleinement associé au développement, à la diffusion de technologies propres, à la promotion de modes de production et de consommation durables et d’énergies renouvelables, a préconisé la délégation monégasque.
M. ABDULMONEM A.H. ESHANTA (Libye) a salué le contenu du rapport du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable. Il a souhaité que ce rapport serve de base aux discussions qui vont avoir lieu en rapport avec l’élaboration du programme de développement pour l'après-2015. Le représentant a estimé que ce futur programme devrait être focalisé sur l’éradication de la pauvreté. Il a également relevé que la question des changements climatiques est de la plus grande importance, et il a appelé la communauté internationale à apporter son appui à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et au Fonds vert pour le climat. Il a rappelé en outre que la Libye est un pays semi-désertique faisant face à un manque crucial d’eau, et il a déploré, dans ce contexte, le gaspillage de ressources, tout en appelant au respect de la Convention sur la diversité biologique.
M. ACHARGUI (Maroc) s’est félicité de la création du Forum politique de haut niveau et de la mise en place du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, du Comité intergouvernemental d’experts sur le financement du développement durable, ainsi que des recommandations visant la facilitation d’accès aux technologies propres. Il a toutefois souligné que, « sans une volonté politique ferme et une solidarité internationale effective s’exprimant sur la base du principe de responsabilité commune mais différenciée, le développement durable dans ses trois dimensions économique, sociale et environnementale, restera un vœu pieux pour de nombreux pays aspirant au progrès et au bien-être de leurs populations et des générations futures ».
Le Maroc, a-t-il poursuivi, a pris part activement à la Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement (PEID) qui s’est tenue à Samoa en septembre. Le Maroc a réaffirmé sa solidarité avec ces pays et mentionné les projets concrets mis en place dans le cadre de la coopération Sud-Sud, a indiqué le représentant. Il a par ailleurs souligné les graves conséquences qu’ont les changements climatiques sur les efforts de développement durable, avant d’expliquer que le Maroc avait mis en œuvre des programmes plurisectoriels axés sur le développement socioéconomique et humain durable. Le représentant a mentionné, à cet égard, la consécration, dans la nouvelle Constitution marocaine, du « droit à un environnement sain », ainsi que l’adoption en 2010 de la Charte nationale de l’environnement et du développement durable. Le Maroc œuvre en outre à promouvoir l’énergie propre, avec pour objectif d’atteindre une part de 12% d’énergie propre dans sa consommation d’ici à 2020.
M. TLHALEFO BATSILE MADISA (Botswana) a déclaré que le Botswana était engagé dans la protection de son environnement naturel, comme en atteste le fait que 17% de la superficie de son territoire est constitué de parcs nationaux, de réserves de vie sauvage et de réserves de gibier. En tant que partie à la Convention de Ramsar sur les zones humides, il a aussi désigné le delta d’Okavango comme son premier site Ramsar.
M. Madisa a déclaré que la crise financière généralisée et les asymétries du système commercial mondial constituaient des obstacles à la mise en œuvre de l’Agenda 21 par les pays en développement. « Il est donc impératif que, pendant que nous négocions le prochain cadre du développement dans les mois qui viennent, on prenne en compte ces inégalités pour essayer d’arriver à un programme complet, inclusif et transformatif au-delà de 2015 », a-t-il dit.
Mme DILYARA RAVILOVA-BOROVIK (Fédération de Russie) a déclaré que sa délégation se félicitait du contenu du rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, qui doit servir de base aux négociations sur le programme de développement pour l’après-2015. Elle a cependant refusé toute interprétation élargie de la notion de développement durable. La représentante a aussi salué les résultats de la Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement (PEID) qui s’est tenue le mois dernier à Samoa. La Fédération de Russie a déjà apporté une aide à cette catégorie de pays à hauteur de 20 millions de dollars, a-t-elle indiqué. Elle a également dit accorder une grande importance à la troisième Conférence sur la réduction des risques de catastrophe qui se tiendra à Sendai, au Japon, en 2015, insistant pour que les capacités des États soient renforcées dans ce domaine.
La représentante de la Fédération de Russie a salué les préparatifs qui se tiennent en vue de la tenue de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, prévue à Vienne en novembre prochain. Elle a aussi exprimé l’attachement de son pays à la lutte contre la désertification, en particulier dans les pays d’Afrique, et a salué ce qui est fait dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique. Enfin, la représentante a appelé de ses vœux l’élaboration d’un nouvel accord sur le climat, en demandant qu’il s’appuie sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée. Il faudra prévoir une reddition de comptes pour les obligations qui seront souscrites dans cet accord, a-t-elle recommandé. La Russie, a-t-elle ajouté, espère aussi participer davantage aux travaux du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).
M. KELEBONE A. MAOPE (Lesotho) a appelé la communauté internationale à adopter des objectifs de développement durable clairs, concis et faciles à mettre en œuvre, et a souhaité que chaque État puisse se les approprier dans le cadre du respect de ses priorités et réalités nationales. Il a indiqué que les changements climatiques représentent l’un des problèmes majeurs de développement auxquels le Lesotho fait face, et a dit qu’ils ont des conséquences néfastes sur l’économie du pays. Il a souhaité que le Lesotho puisse bénéficier des financements prévus par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, précisant que les mécanismes d’octroi de ces fonds sont si compliqués qu’il n’est pas aisé pour un pays d’en bénéficier. M. Maope a rappelé que le Lesotho est un pays enclavé et constitué de zones montagneuses qui couvrent 80% de sa superficie. Cette situation, a-t-il noté, rend le pays encore plus vulnérable aux phénomènes météorologiques qui sont notamment responsables de la dégradation des terres. Il a plaidé pour que la communauté internationale soutienne les efforts engagés par le Lesotho pour faire face à ces questions de développement.
M. LIBRAN NUEVAS CABACTULAN (Philippines) a déclaré que de nombreux pays en développement étaient encore loin d’avoir atteint les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Pour ce qui est des Philippines, « la croissance de notre PIB n’a pas généré d’emplois nouveaux et décents à la vitesse que nous espérions, ce qui a limité notre capacité à réaliser les OMD », a dit M. Cabactulan. « Deuxièmement », a-t-il ajouté, nous devons mettre en réserve des ressources pour pouvoir nous constituer des bases de données de bonne qualité, ceci même au détriment des programmes de réalisation des OMD eux-mêmes. Enfin, cela fait longtemps que nous reconnaissons la menace que représentent les changements climatiques pour la durabilité de nos efforts vers les OMD.
Les efforts de financement qu’a faits le pays se sont concentrés sur le développement de partenariats public-privé, ainsi que sur une amélioration progressive de la collecte d’impôts, afin de mobiliser le plus de ressources possible. Pour autant, l’aide publique au développement (APD) reste une ressource vitale, particulièrement pour les pays les moins avancés, a relevé le représentant. Étant l’un des pays les plus vulnérables aux catastrophes, les Philippines attendent de la part des pays riches, la mobilisation de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, comme cela a été prévu depuis 2010 aux termes de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, tenue à Copenhague au Danemark. Pour ce qui est de l’après-2015, la délégation philippine a souhaité un renforcement des moyens des agences chargées des statistiques afin d’améliorer le suivi et donc la réalisation des objectifs fixés.
M. ADA MOUSSA (Niger) s’est réjoui de l’adoption de la résolution relative au rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, « pierre angulaire du programme de développement pour l’après-2015 », a-t-il estimé. Le Niger estime que le texte consacre « un tournant décisif dans la concrétisation du processus d’insertion des dynamiques environnementales dans les politiques de développement ». M. Moussa a estimé que les 17 objectifs de développement durable proposés, avec les 169 cibles qui les sous-tendent, constituent, avec les moyens de mise en œuvre identifiés par le Groupe de travail sur le financement du développement, « une base sérieuse » pour la suite du processus intergouvernemental engagé.
Le Niger, a indiqué M. Moussa, s’est doté dès 1984 d’une politique nationale de l’environnement. Il dispose maintenant d’un cadre institutionnel de développement durable avancé. M. Moussa a exposé les résultats positifs de cette politique notamment en termes de sécurité alimentaire. Il a expliqué que le « Programme de renaissance du Président de la République », mis en place en 2011 était venu consolider ces acquis. En dépit de ces progrès, il reste de grands défis posés par l’enclavement, la désertification, la forte croissance démographique, entre autres, et qui sont autant de facteurs qui entravent le développement accéléré de pays comme le Niger, a relevé M. Moussa. Il a donc lancé un appel en faveur du renforcement de la coopération internationale qui, a-t-il estimé, « aura plus que jamais un rôle de premier ordre à jouer dans ce processus ».
Mme MARÍA MJÖLL JÓNSDÓTTIR (Islande) a souhaité que les efforts en vue d’atteindre le développement durable prennent en compte la gestion des océans et des terres, ainsi que la question des sources d’énergie renouvelables et celle de l’égalité des genres. Elle a ensuite expliqué que la gestion durable des terres est non seulement vitale pour la sécurité alimentaire, mais qu’elle constitue également un moyen d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Elle a aussi noté que la gestion durable des océans permettrait de mieux gérer les stocks de poissons, en réduisant la surpêche, ceci à travers des mesures qui, a-t-elle souligné, permettraient d’augmenter de 50 milliards les revenus tirés de la pêche chaque année. Elle a plaidé afin qu’un objectif spécifique sur les océans soit intégré dans le programme de développement pour l’après-2015, précisant que l’Islande souhaitait apporter un amendement au rapport du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable, notamment sur cette question précise.
Mme Jónsdóttir a par ailleurs déclaré que la question des sources d’énergie renouvelables était l’une des plus importantes pour le progrès vers le développement durable. Elle a rappelé que l’Islande connait, tous les quatre ans, des activités volcaniques, mais que le pays bénéficie aussi de ces phénomènes naturels en exploitant les sources d’énergie géothermales, qui sont d’origine volcanique. Elle a affirmé qu’en terme d’énergie, l’Islande est aujourd’hui presqu’entièrement liée à l’énergie géothermale et hydrique pour ses besoins électriques et de chauffage, invitant de ce fait les pays d’Afrique de l’Est à profiter de cette manne de la nature pour fournir de l’énergie à 150 millions de personnes par an. Elle a enfin noté que l’égalité des genres devrait être intégrée de manière transversale dans tous les objectifs de développement durable.
Mme OCHIR ENKHTSETSEG (Mongolie) a déclaré que sa délégation était favorable à ce que le Forum politique de haut niveau sur le développement soit le principal organisme de surveillance et d’évaluation de la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans la période de l’après-2015. Le Forum devrait être en cette capacité chargé d’assurer la coordination et la cohérence de la mise en œuvre des programmes ayant trait à la réalisation de ces objectifs, afin de faire progresser l’éradication de la faim et de la pauvreté.
Mme Enkhtsetseg a estimé que le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable aurait pu mieux prendre en compte les besoins spécifiques des pays en développement sans littoral. Les changements climatiques ont un impact disproportionné sur la Mongolie, où les températures moyennes se sont déjà élevées de 2,1°C, soit 3 fois plus que la moyenne mondiale. Cela a un effet direct en termes de désertification, de dégradation des pâturages et de fonte du pergélisol (ou permafrost), et menace le pastoralisme nomade, qui concerne près de la moitié de la population mongole, a relevé Mme Enkhtsetseg. Pour autant, la Mongolie vient d’adopter une stratégie de développement vert, a-t-elle annoncé. La Mongolie met également en œuvre, avec l’assistance de diverses agences onusiennes, un projet au cours des années 2013-2016 visant à améliorer sa politique de réduction des risques de catastrophes.
M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ (Monténégro) a déclaré que le Monténégro était près d’achever la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a ajouté que les propositions du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, « bien qu’imparfaites, marquent un équilibre délicat entre de nombreuses positions divergentes, et représentent une excellente base pour les négociations sur le programme de développement pour l’après-2015 ». À ces propositions peuvent s’ajouter les contributions d’autres processus comme le Comité intergouvernemental d’experts sur le financement du développement, a estimé le représentant.
Il a noté que l’établissement cette année au Monténégro du Centre pour le développement durable manifestait l’engagement de son pays sur ce thème. Ce Centre doit conjuguer les ressources, les connaissances et l’expertise disponibles des institutions nationales et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour répondre efficacement aux défis du développement durable, a expliqué le représentant monténégrin. La mission centrale du Centre sera alignée sur les besoins du Monténégro et des pays des Balkans occidentaux dans le tourisme durable, l’énergie durable, la gestion des ressources et des écosystèmes et l’adaptation aux changements climatiques – avec l’espoir de voir le Centre jouer un rôle non seulement national mais régional. Ce rôle pourrait être reconnu dès les 7 et 8 novembre prochains, quand le Monténégro accueillera une conférence régionale de haut niveau sur le développement durable, a noté M. Šćepanović.
Mme HAMILTON (États-Unis) a rappelé la nécessité d’intégrer les trois piliers du développement durable et a reconnu le rôle exceptionnel que joue l’Assemblée générale pour articuler le programme de développement pour l’après-2015. Elle a salué la détermination de toutes les sociétés qui s’engagent sur la voie du développement durable. Cependant, a-t-elle averti, « les gains seront éphémères si on ne tient pas compte des risques de catastrophes, de l’élévation du niveau des mers et autres points inscrits à l’ordre du jour ».
Au moment où se prépare la vingtième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP20), la représentante a dit que les États-Unis étaient encouragés par les engagements déjà pris par les gouvernements, tout en espérant qu’ils s’engageraient résolument à réduire le niveau de leurs émissions de gaz à effet de serre. Elle a exprimé la détermination de son pays à tout faire pour que l’on parvienne à un accord ambitieux sur ce point. L’adaptation doit avoir une place de choix dans l’accord devant être conclu en 2015 à Paris, a-t-elle ajouté. Elle a ensuite salué les décisions du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) en matière, notamment de questions liées à la qualité de l’air et à l’usage et la fabrication de produits chimiques.
La représentante des États-Unis a également exprimé l’appui de sa délégation à la mise en œuvre de la Convention sur la biodiversité. Les États-Unis, a-t-elle ajouté, souhaitent en outre approfondir leur collaboration avec les petits États insulaires en développement (PEID). Elle a enfin rappelé la nécessité de suivre de près la mise en œuvre du Document final de la Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement tenue à Samoa.
M. JEEM LIPPWE (États fédérés de Micronésie) a relevé que la question de l’élévation du niveau des mers est intimement liée au développement durable des petits États insulaires en développement, catégorie dont font partie les États fédérés de Micronésie. Il a ajouté qu’une élévation de la température terrestre de 3 à 5 degrés provoquerait l’élévation du niveau des mers, ce qui serait néfaste et poserait une menace existentielle aux petites îles. Pour éviter cette catastrophe, le représentant a proposé un amendement du Protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d’ozone, afin de réduire davantage les émissions d’hydrofluorocarbures dans l’atmosphère, et empêcher la température de la planète d’augmenter davantage.
M. YAVUZ SELIM ÇUBUKCU (Turquie) a indiqué que son pays entendait continuer à contribuer aux discussions sur le programme de développement pour l’après-2015, qui vont se poursuivre dans les mois qui viennent. Il a souligné que ce sont les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement et les pays en développement sans littoral qui sont le plus affectés par les grands problèmes économiques et environnementaux du monde, du fait de leurs vulnérabilités particulières. Il a donc demandé à la Deuxième Commission et aux autres fora pertinents de traiter le problème des vulnérabilités sans tarder, en particulier dans les négociations intergouvernementales portant sur le programme de développement pour l’après-2015.
Le représentant de la Turquie a indiqué que son pays était engagé à soutenir les efforts des pays en développement en faveur d’un développement et d’une croissance durables. C’est dans ce contexte, a-t-il rappelé, que la Turquie avait accueilli, en 2011, la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA. Nous sommes prêts à accueillir la Conférence d’examen à mi-parcours, a-t-il ajouté. Il a aussi souligné l’importance de la coopération en matière de science, technologie et innovation. À cet égard, la Turquie est favorable à la création d’une banque des technologies et soutient le mécanisme destiné à combler les besoins des PMA en termes de technologies, sous les auspices des Nations Unies.
Mme HELEN BECK (Îles Salomon) a indiqué que sa délégation appréciait les travaux menés par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable. « Les objectifs de développement durable, pour les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA), ce n’est pas seulement une question d’éradication de la pauvreté, mais aussi une question qui intéresse la santé de toute la planète », a-t-elle souligné. Se préoccupant de la lenteur des progrès dans les négociations sur les changements climatiques, elle a souhaité que la Deuxième Commission recommande à l’Assemblée générale d’inviter ces négociations à se poursuivre à New York, car c’est là où toutes les Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) travaillent toute l’année. Elle a souhaité que l’accord juridiquement contraignant auquel les États Membres devraient parvenir en 2015 englobe les questions d’adaptation, d’atténuation, de financement et de transfert de technologies.
Mme Beck a ensuite noté que l’ampleur et l’intensité des catastrophes naturelles ou causées par l’homme augmentent. Elle a parlé des inondations qui ont eu lieu dans son pays en avril 2014, ce qui a coûté aux Îles Salomon l’équivalent de 9,2% de leur PNB. Elle a lancé un appel à tous les partenaires pour qu’ils soutiennent les institutions nationales de réduction des risques de catastrophes au lieu de laisser cette tâche à des organisations non gouvernementales qui ne rendent pas de comptes à l’État. Enfin, elle a appelé la communauté internationale à mettre en œuvre le Document final de la Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement (PEID), adopté à Samoa le mois dernier, notamment par le biais de partenariats.
M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a déclaré que sa délégation s’opposait à toute renégociation du rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, et que El Salvador est favorable au rôle directeur que joue le Forum politique de haut niveau dans l’orientation et le suivi de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.
M. Zamora a appelé les pays qui, historiquement, sont les plus responsables des changements climatiques à assumer le premier rôle en matière de réduction de leur impact et de leurs effets négatifs. Ces pays doivent aider financièrement les pays en développement à tenir leurs objectifs dans ce domaine, a souligné le représentant. Il a parlé des mesures déjà prises par El Salvador, victime en 2011 d’une dépression tropicale dont les dégâts ont représenté 4% de son PIB, pour parvenir aux objectifs qu’il s’est fixés tant en termes de réduction des risques que d’adaptation. Environ 110 mégawatts d’énergie photovoltaïque viendront alimenter le réseau national salvadorien d’électricité d’ici à 2016, et d’ici à 2020 la capacité de production d’électricité issue d’énergies renouvelables devrait augmenter de 20%, a annoncé M. Zamora. D’autre part, un nouveau système de transports publics est en construction dans la capitale et devrait aider à réduire les émissions polluantes. El Salvador a également élaboré un Plan national de lutte contre les changements climatiques, a indiqué M. Zamora tout en prévenant qu’il ne pourrait être efficace qu’avec l’appui des pays développés et du Fonds vert pour le climat.
M. DAYEM (Arabie saoudite) a déclaré que le programme de développement pour l’après-2015 devait contenir des exigences qui n’entrent pas en contradiction avec les principes et les législations des États Membres.
Il a souligné que l’Arabie saoudite était un partenaire majeur du développement international, et que le niveau de son aide au développement, qui dépasse les objectifs fixés par les Nations Unies en termes de pourcentage de PIB, constituait un élément central de sa politique étrangère. L’Arabie saoudite a consacré environ 116 milliards de dollars à son APD depuis 40 ans, a indiqué la délégation. « Le Royaume d’Arabie saoudite va continuer à jouer son rôle dans les domaines humanitaire, politique et économique de façon responsable, modérée et juste », a-t-il ajouté.
Mme MWABA PATRICIA KASESE-BOTA (Zambie) a indiqué que l’éradication de la pauvreté est le principal objectif qui doit mobiliser la communauté internationale aujourd’hui. Elle a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit bâti sur la base des acquis des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Elle a également salué le rapport du Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable. La représentante a par ailleurs fait part de l’inquiétude qu’éprouve la Zambie face aux conséquences des changements climatiques qui viennent saper les efforts et les acquis de développement dans les pays les moins avancés (PMA). Mme Kasese-Bota a aussi souligné la nécessité, pour les pays développés, de financer les mesures d’adaptation aux changements climatiques dans les pays en développement, en droite ligne des prescriptions de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Mme LIDIJA BUBANJA (Serbie) a indiqué que son pays, qui est membre du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, continuerait à contribuer au processus intergouvernemental visant l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015. La Serbie, a-t-elle indiqué, envisage d’adopter, grâce à l’aide de l’Équipe de pays des Nations Unies, un cadre de développement pour la période 2016-2020. Le développement durable ne peut pas être atteint si les sociétés ne sont pas pacifiques et inclusives, a estimé Mme Bubanja. La représentante a ensuite indiqué que la Serbie, qui a été touchée par des inondations sans précédent au printemps dernier, était bien consciente des défis que posent les changements climatiques. Elle a souligné la nécessité d’adopter et de mettre en place des mesures d’atténuation et d’adaptation aux effets des changements climatiques, se félicitant que le projet d’objectif de développement durable numéro 13 adopte une approche transversale dans la lutte contre ce phénomène. Enfin, elle a indiqué que la Serbie entendait contribuer à la réflexion sur les liens qui existent entre le développement et la culture, dans la mesure où celle-ci constitue un moteur de développement.
M. MAMADOU COULIBALY (Burkina Faso) a déclaré que la désertification, la dégradation des sols, la sécheresse et les changements climatiques sont inextricablement liés. Il a déploré la situation alarmante qui prévaut dans certaines régions du monde, comme au Sahel, où les ressources naturelles et les richesses environnementales ne cessent de se dégrader du fait des effets conjugués des variations climatiques, de la diminution de la pluviométrie et de l’appauvrissement des sols. Il a rappelé ensuite que le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), rendu public en septembre 2013, indique que l’Afrique de l’Ouest sera dans l’avenir davantage exposée à des phénomènes climatiques extrêmes tels que les inondations et les sécheresses.
M. Coulibaly a ajouté que « la forte dépendance de sa population vis-à-vis des ressources naturelles, la fragilité de son écosystème, la précarité de ses infrastructures et ses capacités scientifiques et technologiques limitées rendent le Burkina Faso particulièrement vulnérable ». Il a précisé aussi que l’économie burkinabé est centrée sur le secteur agricole, qui occupe environ 80% de la population active, et qui représente 37% du produit intérieur brut (PIB) du pays. Il a en outre souligné que le Burkina Faso a adhéré à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et que le pays a élaboré, en 1999, un Programme d’action national de lutte contre la désertification. Il a appelé, par ailleurs, à une plus grande mobilisation de la communauté internationale autour de cette problématique écologique.
M. ALAIN WILFRIED BIYA (Cameroun) a exprimé le salut de la délégation du Cameroun aux travaux menés respectivement par le Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable et par le Comité intergouvernemental sur le financement du développement. Il a néanmoins regretté que la mise en place d’un « mécanisme ayant vocation à favoriser la mise au point, le transfert et la diffusion de technologies propres et respectueuses de l’environnement, conformément au paragraphe 273 du document intitulé « L’avenir que nous voulons », n’ait pas évolué avec la même célérité ». M. Biya a dit que la délégation du Cameroun espérait que les consultations prévues par la résolution 68/130 l’Assemblée générale permettront effectivement de mettre en place ce « mécanisme sans lequel l’édifice de l’Agenda de développement post-2015 serait inachevé ».
Concernant la question des changements climatiques, le représentant a souhaité que le futur accord qui va remplacer le Protocole de Kyoto après 2020, portant en particulier sur les réductions des émissions de gaz à effet de serre, puisse respecter le principe de responsabilité commune mais différenciée, afin de pouvoir tenir compte du degré de développement de chaque pays. Il a en outre salué les annonces de fonds, à hauteur de 2,3 milliards de dollars, faites en faveur du Fonds vert pour le climat. M. Biya a cependant rappelé que ce montant était bien loin des 100 milliards de dollars que le Fonds doit recevoir chaque année, aux termes des engagements pris par les pays industrialisés, pour pouvoir aider les pays en développement à s’adapter aux changements climatiques. Il a en outre souligné que le Cameroun, qui fait partie du bassin du Congo, est le deuxième plus grand pays forestier d’Afrique avec ses 22 millions d’hectares de forêts couvrant 42% de son territoire national. Fort de ce constat, M. Biya a indiqué que le Cameroun est engagé dans la préservation de sa biodiversité, non pas, a-t-il précisé, afin de se plier à des pressions internationales, mais plutôt par un élan endogène de responsabilité qui, malheureusement, « ne rencontre pas toujours un élan de solidarité internationale ». Le représentant a terminé son propos en appelant la communauté internationale à soutenir les efforts du Cameroun dans la lutte contre le braconnage et le trafic illicite de la faune sauvage.
M. JOSEPH GRECH, Observateur du Saint-Siège, s’est souvenu que, lors du Sommet sur le climat en septembre dernier et en d’autres occasions, on avait entendu le plaidoyer urgent des petits États insulaires en développement qui sont gravement menacés par le changement climatique. Ceci est paradoxal et injuste, a-t-il estimé, car ce sont les sociétés hautement industrialisées qui sont responsables des émissions de gaz à effet de serre. « Aider les pauvres qui ne sont pas responsables des causes de leurs souffrances, c’est une question de justice », a expliqué l’Observateur du Saint-Siège. Comme mesure concrète, il a recommandé de mettre à leur disposition les mesures d’adaptation et d’atténuation.
« Tous les yeux sont tournés vers la COP21 et vers la onzième réunion des parties au Protocole de Kyoto, qui se tiendront à Paris en décembre 2015 », a poursuivi M. Grech. « Riches et pauvres seront gagnants si nous parvenons à un accord sur le régime post 2020, dans lequel toutes les nations, y compris les grands émetteurs, s’engageront dans un accord universel sur le climat. » Comme le recommande le pape François, a indiqué M. Grech, nous lançons un appel à la protection de l’environnement, qui est trop souvent exploité avec avidité par certains au détriment des autres, au lieu d’être utilisé pour le bien commun. L’observateur du Saint-Siège a demandé que l’on accepte de conclure un pacte moral dans le respect duquel chacun pourra vivre en sûreté.
M. DINO CORELL, analyste de programmes à l’Organisation international du Travail (OIT), a expliqué les conséquences du modèle économique mondial actuel sur les coûts de production, l’emploi et le niveau de vie. Il a donné un exemple en expliquant que plus d’un million d’employés, vivant dans des pays asiatiques, avaient perdu leur emploi dans le domaine forestier à cause de pratiques d’abattage d’arbres non durables ou de catastrophes climatiques. Il a ainsi voulu souligner que la transition vers l’économie verte n’était pas seulement critique du point de vue environnemental, mais qu’elle était aussi une question importante en termes économiques et sociaux. M. Corell a indiqué que le Programme de travail décent offre un cadre cohérent de politique dans ce domaine, en intégrant les trois dimensions du développement durable.
L’OIT est satisfaite de l’inclusion du projet d’objectif 8 relatif à la croissance et au travail décent pour tous dans le programme de développement pour l’après-2015, tel que cela a été proposé par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable. Viser la protection sociale et des planchers de protection sociale offre un cadre solide à la promotion du développement, a estimé M. Corell. Il a aussi dit que l’OIT apprécie que le document final de la Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement contienne une section sur le travail décent pour tous.
M. AJAY MADIWALE, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a fait plusieurs propositions sur le thème de la réduction des risques de catastrophe. Dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015, les actions menées doivent avoir pour priorité d’améliorer la capacité de résistance des pauvres et de groupes marginalisés, a-t-il dit. Il faut d’autre part mettre l’accent sur l’action au niveau local, ce qui suppose d’impliquer les populations et les responsables locaux, de s’appuyer sur l’expertise et les capacités locales, et de faire la promotion d’initiatives susceptibles de changer la perception du risque, a préconisé M. Madiwale. « Des progrès sont également nécessaires dans le domaine de la préparation aux effets des changements climatiques, y compris pour gérer la coopération internationale à la suite d’une catastrophe », a dit M. Madiwale, afin d’éviter les goulots d’étranglement et les défauts de qualité dans les efforts de secours.
D’autre part, a dit le représentant, il va falloir veiller à la cohérence et à la complémentarité des objectifs fixés dans les différents processus internationaux appelés à traiter à partir de 2015 de la question posée par les risques de catastrophes et qui sont: le Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015, le programme de développement durable pour l’après-2015, et la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) souhaite que 1% de l’aide publique au développement soit dédiée à la prévention des risque de catastrophe, un objectif qui est encore loin d’être atteint, et que cette aide puisse atteindre le niveau des communautés locales, qui sont victimes de ces catastrophes, a dit M. Madiwale.
M. NARINDER KAKAR, Union internationale pour la conservation de la nature, a appelé toutes les parties à continuer d’intégrer les valeurs de la biodiversité dans le programme de développement pour l’après-2015. Il a déclaré qu’une plus grande coordination était nécessaire entre la mise en œuvre des objectifs de développement et celle des stratégies et plans d’action nationaux liés à la biodiversité. M. Kakar a enfin noté que les moyens de mise en œuvre des objectifs de développement durable devaient comprendre des niveaux d’investissement suffisants pour la préservation, la restauration et la gestion durable de la biodiversité et des écosystèmes. C’est une dimension essentielle à intégrer pour que l’on puisse répondre aux exigences d’adaptation au changement climatique et réduire ses effets, a-t-il relevé. L’UICN espère également une augmentation substantielle de la production d’énergies renouvelables et un doublement du rythme des économies d’énergie d’ici à 2030.
Mme MICHELE KLEIN SOLOMON, Organisation internationale pour les migrations, a apprécié que la question des migrations ait été abordée avec soin lors des débats du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, et de constater que les migrations figurent parmi les objectifs et les cibles du futur programme de développement. Elle a notamment salué l’objectif visant à collecter des données ayant trait au statut des migrants. Il est vital d’intégrer les questions relatives à la migration dans le programme de développement pour l’après-2015, a-t-elle ajouté, soulignant la contribution importante des migrants au développement. Les migrants et les revenus qu’ils transfèrent à leurs familles, soit aujourd’hui près d’un milliard de personnes, sont un vrai poumon de survie pour de nombreuses sociétés. La migration permet d’autre part à de nombreuses personnes de fuir des conflits ou la pauvreté, a-t-elle fait remarquer. Sur le plan national, elle a expliqué que les groupes de la diaspora jouent un rôle de premier plan en facilitant le commerce et les investissements, tout en jetant des passerelles culturelles entre les pays.