La Deuxième Commission débat de ses méthodes de travail, voulant éviter des chevauchements avec le processus intergouvernemental sur le futur programme de développement
La Commission achève son débat général en réaffirmant la place centrale de l’éradication de la pauvreté dans le programme de l’après-2015
La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a débattu, cet après-midi, de ses méthodes de travail, dans un contexte marqué par l’élaboration à venir du programme de développement pour l’après-2015. Certaines délégations ont évoqué le risque qu’il y aurait de voir l’ordre du jour de la Commission faire doublon avec les questions examinées par d’autres fora, notamment le processus intergouvernemental travaillant sur l’élaboration et l’adoption, souhaitée en septembre 2015, du futur programme de développement durable de l’après-2015.
Des délégations ont invité cet après-midi la Commission à revoir ses méthodes de travail pour apporter un soutien optimal au programme de développement pour l’après-2015. Elles ont également estimé qu’il y a un risque de duplication des thèmes débattus par la Commission et de ceux qui seront traités dans d’autres instances qui ont été chargées de travailler sur la définition du programme appelé à prendre la relève des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à la fin de l’année 2015.
Le représentant des États-Unis a, entre autres, souhaité que les discussions engagées au sein de la Commission, portant sur la fréquence d’examen des points de l’ordre du jour de chaque session, soient suspendues en attendant que l’on sache ce que seront les grandes lignes du futur programme de développement.
La délégation de la Barbade qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a estimé qu’il faut laisser à la Deuxième Commission toutes les prérogatives de son mandat, dont celle d’aborder toutes les questions qui en relèvent et l’intéressent. Elle a précisé que la nature des travaux de la Deuxième Commission exige d’assurer un équilibre entre la pertinence et la souplesse, et a indiqué que toute proposition visant à ce que l’examen et l’adoption de certaines résolutions aient lieu de manière biennale devrait être soigneusement examinée et, si adoptée, ne devrait être appliquée qu’après consultation avec les principaux auteurs desdits projets de résolution.
La question de la réforme des méthodes de travail et son lien avec les négociations sur le futur programme de développement a suscité des échanges francs entre délégations, certaines, comme celle du Canada indiquant qu’il est primordial « que les discussions au sein de la Commission ne troublent pas ces négociations » et « qu’elles aideraient le Bureau à insister auprès des délégations pour qu’elles évitent d’utiliser les résolutions et décisions de la Deuxième Commission pour influencer les débats concernant le programme de développement pour l’après-2015 ».
La Commission a, en début de séance, achevé son débat général après avoir entendu 94 orateurs, dont 80 États Membres qui ont pour la plupart insisté que l’élaboration du programme de développement devait avoir comme objectif central l’éradication de la pauvreté.
Les délégations ont estimé que cette session de travaux est l’une des plus importantes de l’histoire de l’ONU, « car elle va contribuer de façon significative à la formulation du programme de développement pour l’après-2015 ».
Le débat général, dont certaines délégations, comme celle de Singapour, ont, en fin d’après-midi, demandé la suppression pure et simple dans l’avenir, a également permis à plusieurs intervenants, majoritairement du monde en développement, d’exiger que la communauté internationale se base sur le rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable pour élaborer le futur programme de développement pour l’après-2015. Ces intervenants ont précisé que la proposition du Groupe de travail ouvert étant le fruit de négociations intergouvernementales, elle ne devait pas être renégociée ou rouverte à discussions.
La fin du débat général a été marquée par l’intervention du représentant du Libéria qui a parlé au nom des États membres de l’Union du fleuve Mano. Il a notamment salué l’engagement et le soutien dont ont fait preuve les partenaires de ces pays, affectés par l’épidémie à virus Ebola. Il a décrit les ravages du virus et les conséquences néfastes de l’épidémie sur les économies de la région, et il a salué la création de la Mission des Nations-Unies pour l’action d’urgence contre Ebola (MINUAUCE) par l’Assemblée générale.
La Commission a en outre amendé son programme de travail. Ainsi, la manifestation parallèle sur « la cyberadministration au service du développement durable dans les petits États insulaires en développement » qui était prévue le 17 octobre prochain a été renvoyée au 14 novembre prochain.
Par ailleurs, la réunion conjointe de la Deuxième Commission et du Conseil économique et social sur « un nouveau partenariat mondial pour le développement », préalablement prévue le 28 octobre prochain aura plutôt lieu le 30 octobre. Enfin, le point de l’ordre du jour intitulé « Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition », dont l’examen était initialement prévu le 30 octobre, sera débattu le 28 octobre.
La prochaine réunion de la Deuxième Commission aura lieu lundi, le 13 octobre, à 10 heures, et elle portera sur la soutenabilité de la dette extérieure et le développement.
Suite et fin du débat général
RADINA KOLEVA et ANI KOLEVA (Bulgarie), qui parlaient au nom de la jeunesse bulgare, ont invité la Deuxième Commission et les États Membres à prêter davantage attention à la voix de cette catégorie de la population, qui représente un quart de la population mondiale et constitue une ressource humaine importante pour le développement.Les représentantes ont rappelé que les jeunes souffrent particulièrement du chômage, de la mauvaise qualité de l’éducation qui leur est donnée et des services de santé, ainsi que de discriminations fondées sur l’âge, les qualifications, le genre et le handicap.Or, ont-elles estimé, quand les jeunes ne peuvent pas réaliser pleinement leur potentiel, le développement prend du retard.
Elles ont donc appelé les gouvernements à réduire le pourcentage de jeunes sans emploi ou sans formation en soutenant et en investissant dans l’éducation formelle et informelle de la jeunesse.Les représentantes ont aussi plaidé en faveur de l’intégration des jeunes dans le développement en tant qu’acteurs du changement.Elles ont souhaité en particulier que les jeunes puissent participer au processus de prise de décisions concernant l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015, qui devra être un programme basé sur les droits de l’homme et accordant une attention spéciale aux personnes handicapées.
M. PENI B. (Fidji) a demandé à la Deuxième Commission et à la communauté internationale de reconnaître la situation particulière et les problèmes qui se posent aux petits États insulaires en développement (PEID), qui sont des pays qui font face à des défis existentiels, dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.Ce faisant, a-t-il précisé, il faut adopter une approche équilibrée pour tenir compte des trois piliers du développement durable – économique, social et environnemental.Il a demandé que soient créées des synergies entre ce processus et celui qui a été décidé à Samoa le mois dernier, lors de la troisième Conférence internationale des Nations Unies sur les PEID.Il a aussi plaidé en faveur de la protection de la biodiversité des océans, appelant à inverser les tendances actuelles.Il faut, a-t-il recommandé, trouver des solutions dans ce domaine en adoptant une approche globale.Il a donc recommandé de consacrer un des objectifs de développement durable aux mers et aux océans, et un autre à la question des changements climatiques.Le représentant a conclu son intervention en demandant aux agences de l’ONU de mettre en œuvre les programmes agréés en veillant particulièrement au respect des intérêts des pays en développement.
Mme KHAULA ALI KHAMIS OBAID ALSHAMSI (Émirats arabes unis) a estimé que le rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable devrait servir de base à l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.Elle a rappelé à la Commission l’importance que revêt le respect des engagements internationaux qui ont été pris dans le cadre du financement du développement, et elle a aussi relevé que le développement ne peut être durable si les femmes ne sont pas impliquées dans l’accomplissement des différentes tâches servant à sa promotion et à la vie sociale et publique en général.
La représentante a d’autre part souligné que les changements climatiques sont un des principaux défis qui se posent aux pays en développement, et elle a appelé les pays industrialisés à soutenir les mesures d’adaptation que doivent prendre les pays en développement contre les effets et conséquences du réchauffement de la planète.Elle a par ailleurs fait part de la solidarité des Émirats arabes unis avec le peuple palestinien, et a plaidé pour que la communauté internationale apporte son soutien aux Palestiniens dans la reconstruction de leurs institutions.
Mme NOUR MAMDOUH KASEB ALJAZI (Jordanie) a apporté le soutien de la Jordanie au rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, précisant que ce document devrait servir de base aux futures discussions relatives à l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.Mme Aljazi a souhaité que le nouveau programme de développement soit bâti à partir des leçons apprises de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).Elle a en outre indiqué que l’éradication de la pauvreté devra être au cœur du futur programme de développement, et elle a noté que le financement de ce programme est une question cruciale.
La représentante a exprimé le vœu de la Jordanie, qui souhaite voir la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, prévue l’an prochain à Addis-Abeba en Éthiopie, aboutir à des résultats probants sur cette question.Mme Aljazi a enfin souhaité que les vingtième et vingt et unième Conférences des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, COP20 et COP21, prévues à Lima au Pérou et à Paris en France, permettent aux États Membres de trouver un accord concret sur la réponse à apporter aux menaces posées par les changements climatiques.
M. REMONGAR T. DENNIS (Libéria), qui s’exprimait au nom des États membres de l’Union du fleuve Mano, a salué l’engagement et le soutien dont ont fait preuve les partenaires de ces pays, qui en majorité sortent de conflit, tout en faisant remarquer que des mesures transformatrices avaient été adoptées par les pays riverains du fleuve Mano en vue de créer des trajectoires pouvant les mener au développement.Le représentant a aussi fait remarquer que les économies des pays en situation postconflit ont été sérieusement mises à l’épreuve par la flambée de la pandémie à virus Ebola, qui affecte le bassin du fleuve Mano.Le nombre de victimes déjà enregistrées porte atteinte à la capacité de ces pays à faire face à d’autres maladies, telles que la rougeole, la diarrhée et d’autres maladies tropicales.Ebola a aussi entraîné la désorganisation des activités agricoles, des restrictions ont dû être imposées aux déplacements des personnes et des biens, et la maladie a généré des troubles socioéconomiques.Les populations et les individus ont dû mettre de côté certaines traditions. On ne peut plus par exemple se serrer la main ou organiser des cérémonies religieuses.
Se félicitant du soutien de la communauté internationale, il a salué notamment la création de la - l’action contre (MINUAUCE) par l’Assemblée générale.Il a espéré que le soutien international se poursuivrait jusqu’à ce que le virus soit détruit.Nous ne sommes pas à l’origine de la maladie, a-t-il tenu à préciser.Il nous faut parvenir à créer une économie mondiale à croissance stable, a-t-il ensuite souhaité, espérant que la Deuxième Commission contribuerait à cette entreprise.L’élaboration du programme de développement pour l'après-2015 met en évidence les besoins particuliers de certains pays, comme les petits États insulaires en développement (PEID), a-t-il aussi remarqué.Enfin, il a demandé à tous les acteurs mondiaux et aux États Membres de faire les efforts nécessaires et changer la donne pour que soit assuré un financement adéquat de la mise en œuvre des programmes de développement pour l’après-2015.Il nous faut éviter d’adopter une approche qui prétendrait être universelle, unique et applicable à tous les pays, a-t-il recommandé.
Mme SHARON BRENNEN-HAYLOCK, Chargée de la liaison avec les Nations Unies à l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a noté que l’Objectif du Millénaire pour le développement dont la réalisation avait pour but de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées à travers le monde en 2015 est en passe d’être atteint: on estime à environ 805 millions de personnes le nombre de gens souffrant de sous-alimentation chronique durant la période 2012-2014, ce qui marque une baisse de plus de 100 millions de personnes en 10 ans, et de 209 millions par rapport à 1990-1992.Le taux de malnutrition est tombé de 18,7% à 11,3% à travers le monde, et de 23,4% à 13,5% dans les pays en développement.
Pour autant le rapport sur l’état de l’insécurité alimentaire dans le monde de 2014 montre clairement que la croissance et la hausse des revenus ne s’accompagnent pas forcément d’une amélioration proportionnelle du taux de gens ayant atteint un niveau satisfaisant de sécurité alimentaire et de nutrition.Entre 1990 et 2010 le nombre de gens vivant dans l’extrême pauvreté a diminué de plus de moitié, mais le nombre des victimes d’insuffisance alimentaire n’a reculé quant à lui que de 20%.
Mme Brennen-Haylock a évoqué le projet d’agriculture climatiquement rationnelle, lancé à l’ONU durant le récent Sommet sur le climat, précisant que c’est une approche intégrée destinée à résoudre les problèmes liés de la sécurité alimentaire et des changements climatiques.Elle a salué le thème retenu cette année pour la Journée mondiale de l’alimentation, qui sera observée le 20 octobre et qui est: « Agriculture familiale: nourrir le monde, préserver la planète ».Les petites exploitations agricoles doivent être perçues non pas comme des victimes inévitables des changements climatiques, mais aussi comme « d’excellentes clientes potentielles pour les investissements liés au climat », a-t-elle noté. « Si nous investissons plus et mieux dans les populations agricoles, nous pourrons leur donner accès à des informations météorologiques, des réseaux institutionnels, des financements et des technologies d’adaptation », a précisé Mme Brennen-Haylock tout en soulignant que ceci, à terme, peut les aider à nourrir la planète tout en restaurant des écosystèmes dégradés et en réduisant l’empreinte carbone de l’agriculture.Globalement, investir dans l’agriculture, notamment familiale, peut contribuer de façon importante à la sécurité alimentaire et par conséquent au bien-être des gens et en particulier à celui des pauvres, a-t-elle conclu.
M. AHMED, Programme des Nations Unies pour l’environnement, a noté que durant la transition actuelle vers un programme de développement durable, qui reconnaît que des solutions pour harmoniser la protection environnementale et le bien-être socioéconomique sont à portée de main, le passage à des modes de consommation et de production plus durables est reconnu comme un facteur essentiel.
M. Ahmed a fait valoir que le PNUE était déjà engagé dans diverses activités communes à plusieurs agences des Nations Unies et qui visent à intégrer les diverses dimensions du développement durable.Il est également très engagé dans les efforts de tout le système des Nations Unies en faveur des petits État insulaires en développement, qui sont particulièrement vulnérables aux conséquences des changements climatiques.
Le représentant du PNUE a offert à la Commission économique et financière de l’Assemblée générale l’entière collaboration du PNUE, qui est prêt à prendre toute sa part dans les efforts à déployer pour arriver à la mise en œuvre du développement durable après 2015.
Mme ANNE BANG , Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a indiqué qu’alors que le monde a fait des progrès vers le développement durable, les besoins et vulnérabilités qui affectent des pays et des individus restent importants, notamment avec 1,2 milliard de personnes qui vivent toujours dans l’extrême pauvreté, 2,4 milliards d’autres qui n’ont pas accès à des infrastructures sanitaires de base, et plus de 800 millions de personnes qui se couchent chaque soir le ventre vide.Mme Christensen a ensuite relevé le lien existant entre la réduction des risques de catastrophes et l’éradication de la pauvreté, expliquant que certaines catastrophes, naturelles ou causées par l’action humaine, peuvent détruire des années de progrès, notamment dans les pays les plus vulnérables.Elle a ainsi souligné que si les risques liés aux catastrophes ne sont pas intégrés dans le programme de développement pour l’après-2015, les progrès vers le développement durable seront plus difficiles à accomplir ou à être maintenus.
MÉTHODES DE TRAVAIL
M. JAN PIROUZ POULSEN, Union européenne, a exprimé le souhait d’éviter que les travaux de la Deuxième Commission fassent double emploi avec le processus de négociation du programme de développement pour l’après-2015, qui se fait de manière parallèle aux travaux de la Commission, mais dans d’autres cadres. Il a dit que l’Union européenne préférait que la Commission fasse des propositions en vue de mettre à jour les procédures concernant les résolutions relatives aux questions couvertes par ces processus intergouvernementaux parallèles. C’est ainsi que l’on pourra améliorer les méthodes de travail de la Commission en consolidant les meilleures pratiques qui ont été adoptées depuis la décision 65/530 portant sur cette question.
Lorsqu’il sera adopté, le programme de développement pour l’après-2015 deviendra le programme de travail de la Deuxième Commission, ce qui aidera celle-ci à rationaliser ses travaux, a dit le représentant. Il a suggéré, en conséquence, d’examiner, si possible avec le Conseil économique et social (ECOSOC), comment la Commission, l’ECOSOC et le Forum politique de haut niveau pourraient assurer un suivi efficace des résultats de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra en juillet 2015, et celles du Sommet de septembre 2015.
Il a aussi proposé de donner au Bureau de la Commission un rôle plus fort, pour qu’il soit le garant de la cohérence des politiques de la Commission et permette d’éviter la fragmentation et la prolifération de résolutions qui, a-t-il estimé, sont souvent répétitives. Le représentant a soutenu à cet égard la proposition qui a été faite par certaines délégations de rendre biennale ou triennale l’adoption de certaines résolutions, et celle qui propose de fusionner ou combiner des résolutions dans d’autres résolutions « de type omnibus ». « Cela permettrait de traiter ces questions de façon plus complète et plus cohérente, sans compter que cela engendrerait des économies en ressources humaines et en logistique », a estimé le représentant. Cela serait possible pour regrouper les résolutions sur les questions macroéconomiques, ainsi que celles sur les trois conventions de Rio, a-t-il donné comme exemples.
Enfin, a-t-il ajouté, un Bureau fort permettrait d’aider la Commission à respecter les dates limites qu’elle s’est fixées et à prévoir des procédures claires pour la prorogation de délais. Il a aussi souhaité que la Deuxième Commission soit informée dans des délais utiles des incidences budgétaires de projets de résolutions qu’elle entend adopter, et ce, afin que les délégations prennent des décisions informées.
Mme KEREETA NICOLE WHYTE (Barbade) a pris la parole au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et, en réponse à certaines déclarations, a demandé que l’on laisse la Deuxième Commission exercer son mandat, dont la prérogative d’aborder et de discuter de toutes les questions qui l’intéressent. Elle a demandé aux États Membres de prendre la peine de bien examiner les incidences découlant de certaines propositions qui ont été avancées sur les méthodes de travail de la Commission et de veiller à ce que les changements proposés aillent réellement dans le sens d’une amélioration véritable du fonctionnement de la Commission. La nature des travaux de la Deuxième Commission exige d’assurer un équilibre judicieux entre la pertinence et la souplesse, a-t-elle fait remarquer. Pour la CARICOM, les travaux de la Commission pourraient être améliorés, a-t-elle dit, indiquant que les États de la CARICOM apportaient leur appui à la proposition de la note préparée par le Bureau, qui prévoit une « biennalisation » ou une « triennalisation » de l’examen ou de l’adoption de certaines résolutions.
Toute proposition visant une simplification de l’ordre du jour de la Commission devrait être étayée et justifiée par une amélioration patente des travaux, a exigé la représentante. La décision de rendre biennale certaines résolutions devrait être prise après consultation avec les principaux auteurs du projet de résolution concerné, a-t-elle conseillé. Elle a par ailleurs exprimé l’appui de la CARICOM à la proposition visant à présenter des lignes directrices claires aux facilitateurs et négociateurs de projets de texte sur les incidences budgétaires que peuvent entraîner certains projets de résolutions. La CARICOM pense cependant qu’il faut éviter d’entraver les négociations entre délégations en formulant des demandes d’informations à un stade où les parrains ou coparrains d’un projet de texte et le Secrétariat ne peuvent pas encore les donner, faute d’évaluations précises.
La question des méthodes de travail touche au fond et à la substance même de nos travaux, a rappelé la représentante de la CARICOM. Elle a estimé que le regroupement traditionnel des questions inscrites à l’ordre du jour de la Deuxième Commission pourrait être revu à une date ultérieure, et s’est demandée si les changements proposés ne devraient pas être adoptés après l’adoption du programme de développement pour l’après 2015.
Mme TATIANA VON STEIGER WEBER (Suisse) a appelé la Deuxième Commission à revoir ses méthodes de travail pour être en mesure d’apporter un soutien optimal au programme de développement pour l’après-2015. Elle a notamment proposé d’envisager de fusionner ou de regrouper les textes des résolutions actuelles afin d’améliorer la cohérence et l’intégration des trois dimensions du développement durable. Elle a expliqué que les précédentes sessions de travaux de la Commission avaient montré qu’il y a une multiplication de résolutions qui traitent pourtant de thèmes similaires ou qui ont un lien les unes avec les autres. La représentante a aussi rappelé qu’avant la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Conférence Rio+20), les résolutions adoptées par la Deuxième Commission et portant sur le thème global du développement durable avaient été traitées de manière procédurale. Elle a donc souhaité que cette même approche soit appliquée aux questions de développement durable et de financement du développement au cours de cette session de travaux, et cela en prélude aux négociations substantielles qui vont avoir lieu dans le cadre du processus intergouvernemental pour l’adoption d’un programme de développement durable pour l’après-2015.
M. DOUGLAS CAREY (États-Unis) a évoqué le « danger » qu’il y a de voir une duplication de travail dans l’examen des thèmes inscrits à l’ordre du jour de la Deuxième Commission et dans celui de ceux qui seront traités dans d’autres contextes en 2015, dans le cadre de la formulation du programme de développement pour l’après-2015. Le représentant a proposé que le Bureau de la Commission fasse circuler le programme de travail de chaque session bien avant le début de celle-ci, et qu’il organise une réunion sur la question des méthodes de travail en tout début de session. Il a aussi proposé que certaines résolutions, qui couvrent des domaines connexes, soient regroupées, et que leur fréquence d’examen soit plus étendue afin de ne pas discuter des mêmes sujets chaque année. À ce propos, le représentant a suggéré que les discussions engagées au sein de la Commission, portant sur la fréquence d’examen des différents points de l’ordre du jour de chaque session, soient suspendues en attendant que l’on sache quelles grandes thématiques seront contenues dans le futur programme de développement.
M. MASATO USUI (Japon) a noté que l’essentiel des travaux de la Deuxième Commission semble concerner le programme de développement pour l’après-2015 et l’aide publique au développement (APD). Il a souhaité « que l’on évite les chevauchements, sans préjuger de l’issue des processus en cours ». Tout doit être fait pour simplifier les travaux de la Commission, a-t-il demandé.
Mme MARIA MJOLL JONSDOTTIR (Islande) a suggéré de mettre à la disposition des délégués de la Deuxième Commission, le plus tôt possible, la liste des hauts fonctionnaires et experts qui doivent s’exprimer pendant la session, « comme cela se fait à la Troisième Commission et à la Cinquième Commission »...
M. MICHAEL GRANT (Canada) a dit que sa délégation « voulait que la Deuxième Commission fasse un usage optimal du temps et des ressources qui lui sont alloués ». Il a rappelé que cette session serait la dernière avant le sommet de 2015, au cours duquel devrait être adopté le programme de développement pour l’après-2015. Au cours de la présente session, nous allons établir une feuille de route vers septembre 2015 et conviendrons des modalités du processus de négociation intergouvernemental, a-t-il estimé. Il a jugé « primordial » que les discussions à la Commission « ne troublent pas la tenue de ces négociations ». « Nous aiderons le Bureau à insister auprès de toutes les délégations pour qu’elles évitent d’utiliser les résolutions de la Deuxième Commission pour influencer les discussions sur le programme de développement pour l’après-2015 ou préjuger de leur dénouement », a dit M. Grant. « Ceci est aussi valable pour les conférences qui auront lieu en 2015, comme la troisième Conférence internationale sur le financement du développement et la vingtième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) », a lancé le représentant.
Le représentant du Canada a estimé que l’adoption, en septembre prochain, du programme de développement pour l’après-2015 « serait une occasion unique de réévaluer et de rationaliser le programme de la Deuxième Commission ». Il a appelé les délégations « à ne pas surcharger le programme de l’an prochain en évitant de proposer des mesures concernant l’avenir à l’intérieur des résolutions de la présente session ». M. Grant a ensuite fait plusieurs propositions qui à ses yeux pourraient améliorer l’efficacité des travaux de la Commission, comme le respect des échéanciers établis par le Bureau afin d’achever les travaux dans les délais prévus. Il a aussi recommandé l’usage de la page Internet QuickPlace « qui permet de réduire la consommation du papier ». Il faudrait aussi, a-t-il suggéré, « instaurer une plus grande communication entre le Bureau du budget des Nations Unies et la Deuxième Commission afin d’obtenir au plus tôt les informations nécessaires sur les incidences budgétaires des propositions examinées ».
Mme LIM MINJING (Singapour) a exhorté les membres de la Commission à gérer le temps de travail mis à leur disposition de manière judicieuse. Elle a notamment estimé que tenir un débat général qui précède des discussions spécifiques sur chaque point de l’ordre du jour, était une perte de temps inutile qui, en plus favorise les répétitions et les doublons. Elle a aussi souligné que certaines grandes commissions de l’Assemblée générale avaient déjà supprimé la phase du débat général au cours de leur session.
* *** *