La Deuxième Commission doit apporter sa contribution à la formulation d’un programme transformateur pour le développement après 2015
La présente session de travaux de la Commission économique et financière (Deuxième Commission), dont le débat général a démarré hier, a été présentée par une grande partie des 50 délégations qui ont pris la parole aujourd’hui comme l’une des plus importantes de l’histoire de l’ONU, « car elle va contribuer de façon significative à la formulation du programme de développement pour l’après-2015 », qui doit être adopté à l’échéance de la date butoir de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), fixée à 2015.
L’année 2015 marquera d’autres étapes décisives avec un premier rendez-vous prévu à Sendai, localité japonaise qui avait été particulièrement affectée par le tremblement de terre et le tsunami de 2011, et où devra être adopté un nouveau cadre de réduction des risques de catastrophes. Les États Membres se réuniront ensuite à Paris, en France, pour la conclusion espérée d’un accord juridiquement contraignant sur les changements climatiques. Autant de questions à la résolution desquelles la Deuxième Commission doit apporter une contribution importante.
Comme hier, les délégations ont été nombreuses à demander que la communauté internationale se base sur le rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable pour élaborer le programme de développement pour l’après-2015. Elles ont été nombreuses à soutenir que cette proposition étant le fruit de négociations intergouvernementales, elle ne devait pas être renégociée ou rouverte à discussions.
Dans ce processus, il est impérieux de respecter des principes tels que la prise en compte de la spécificité de chaque pays et la responsabilité commune mais différenciée, a précisé le représentant de la Chine, dont l’avis a été partagé par la majorité des intervenants aujourd’hui. Son homologue du Pakistan, à l’instar d’autres délégations, a plaidé en faveur d’un programme « transformateur », qui tienne compte, de manière équilibrée, des exigences du progrès économique et social, ainsi que de la protection de l’environnement.
Alors que se tiendra le mois prochain en Autriche, à Vienne, la deuxième Conférence internationale des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, la représentante de la Zambie, qui parlait au nom de ces pays enclavés, ainsi que d’autres délégations de cette catégorie, comme la Mongolie et le Népal, ont espéré que cette Conférence aboutirait à des engagements de la communauté internationale pour les aider à résoudre les difficultés particulières auxquelles ils font face. L’aide à apporter aux pays enclavés doit permettre notamment d’améliorer leurs moyens de transport et de communications, afin de faciliter leur intégration dans les échanges commerciaux internationaux.
Les pays enclavés ont en outre en commun avec les petits États insulaires en développement (PEID) une grande vulnérabilité face aux changements climatiques. La représentante de Samoa s’est faite la voix de ces pays, après que son pays ait accueilli la troisième Conférence sur les PEID le mois dernier. Elle a invité les États Membres à ne pas oublier les défis et les réalités que doivent affronter les petites îles en développement. Le Document final de la Conférence, appelé « Samoa, la Voie à suivre », doit constituer la feuille de route du développement durable des PEID pour maintenant et à plus long terme, a-t-elle souhaité, avant de souligner l’importance d’un suivi efficace des engagements pris à cette occasion.
Sur le plan du financement, plusieurs pays d’Amérique du Sud, comme le Chili qui préside le Groupe pilote sur les financements innovants, ont mis l’accent sur la nécessité de réformer l’architecture et le fonctionnement des institutions financières internationales afin d’y garantir une plus grande participation et représentation des pays en développement et rendre ainsi plus démocratiques leurs processus de prise de décisions.
Les représentants de l’Argentine et du Venezuela ont aussi dénoncé les « fonds vautours» qui font peser un risque à la fois sur les pays en développement et sur les pays développés, surtout en ce qui concerne la restructuration des dettes souveraines.
À cet égard, les délégations sud-américaines, parmi d’autres, ont réitéré leur soutien à la création d’un cadre juridique international pour gérer la restructuration de la dette souveraine, conformément à la résolution adoptée par l’Assemblée générale le mois dernier.
La délégation des États-Unis a indiqué que son pays était disposé à considérer les dettes des pays en développement comme des « crédits de développement » afin que ces derniers puissent investir ces fonds dans la cause du développement.
Ces questions qui intéressent la Deuxième Commission seront abordées lors de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra en juillet 2015 dans la capitale de l’Éthiopie, Addis-Abeba.
La Deuxième Commission achèvera son débat général demain, jeudi 9 octobre, à partir de 15 heures, avant de discuter de ses méthodes de travail.
Suite du débat général
M. HENRY ALFREDO SUÁREZ MORENO (Venezuela) a dénoncé le modèle économique basé sur la production, l’accumulation des richesses et la consommation effrénée qui, au fils des ans, a eu des effets négatifs sur la population et l’environnement mondial. Dans un monde menacé par la guerre et les effets des crises économique et financière, il semble, a-t-il remarqué, qu’il n’y ait que le commerce basé sur la spéculation financière et les déséquilibres résultant du système économique international actuel qui tire son épingle du jeu. Ce système est un catalyseur des processus de désertification et de perte en biodiversité, a-t-il ajouté. Le représentant a rappelé que, avant la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui aura lieu au Pérou, une première conférence préparatoire aura lieu à Caracas pour jeter les bases de l’alliance nécessaire pour faire face à la menace des changements climatiques.
Le développement durable reste une priorité pour la communauté internationale, a-t-il dit. Il a souhaité que les nouvelles propositions de développement minimisent les risques pour éviter une répétition des crises économiques, énergétiques, alimentaires et environnementales qui ont eu lieu ces dernières années. M. Suarez a aussi dénoncé les fonds vautours et soutenu l’initiative du G77 en faveur de la mise en place d’un cadre juridique règlementaire dans ce domaine. Il a également appelé de ses vœux une réforme de l’architecture financière internationale afin de rendre les processus de prise de décisions existant dans ce domaine plus démocratiques, et y garantir ainsi la participation significative des pays en développement.
M. MATEO ESTREME (Argentine) a évoqué le problème de la dette, demandant que soit mis fin à la « spéculation sans scrupule à laquelle se livrent les fonds vautours qui recherchent des gains exorbitants aux dépens des pays les plus nécessiteux ». Les fonds vautours font peser un risque à la fois sur les pays en développement et sur les pays développés, surtout pour ce qui est de la restructuration des dettes souveraines, a estimé le représentant. Il a indiqué que l’Argentine avait l’intention de contribuer, dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations Unies, à la formation d’un cadre légal pour la régulation du système financier, et que ce cadre devra permettre aux pays de sortir de crise de façon viable.
M. Estreme a également indiqué que son pays a la conviction qu’il n’existe pas un modèle unique de développement, mais que les États seuls ont la légitimité pour concevoir et mettre en œuvre les politiques de développement qu’ils considèrent les mieux adaptées à leurs particularités politiques, historiques et culturelles. « Le programme de développement pour l’après-2015 ne peut réussir que dans la mesure où il reconnaîtra la latitude de chaque État pour incorporer ce nouveau programme à sa stratégie propre. »
Enfin, évoquant les questions de sécurité alimentaire, le représentant a fait valoir que seules « la réduction substantielle des subventions, l’amélioration notable de l’accès aux marchés, et l’élimination des subventions à l’exportation que versent les pays développés à leurs opérateurs économiques, auxquelles il faut ajouter un nécessaire traitement spécial et différencié pour tous les pays en développement », conformément au volet agricole du mandat de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), permettraient de résoudre les principaux problèmes de sécurité alimentaire liés au commerce.
M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal) a noté que son pays, qui fait à la fois partie des PMA et des pays sans littoral, était confronté à de nombreuses barrières structurelles alors qu’il s’est fixé pour objectif de sortir de la liste des PMA d’ici à 2022. « En raison de l’éloignement des marchés, de la marginalisation et du manque d’intégration dans les chaînes de valeur ajoutée régionales et mondiales, nos avantages comparatifs sont limités, ce qui a des conséquences négatives pour le commerce international et les investissements étrangers », a dit M. Bhattarai. Cet obstacle systémique et structurel propre aux pays en développement sans littoral doit être inscrit à l’ordre du jour de la deuxième Conférence des Nations Unies qui leur sera consacrée le mois prochain à Vienne, a fait valoir M. Bhattarai.
Le représentant du Népal a également évoqué l’urgence d’arriver à un accord juridiquement contraignant sur les changements climatiques en 2015. Pour les petits États insulaires en développement et les pays en développement sans littoral, les changements climatiques sont un obstacle à tous les efforts d’éradication de la pauvreté, a-t-il souligné. « La fonte des glaciers du massif de l’Himalaya a un impact grave sur la stabilité hydrologique du système fluvial de la région, et provoque des événements météorologiques erratiques et extrêmes, comme par exemple des inondations soudaines et des glissements de terrain, une perte de biodiversité, un déclin de la productivité agricole, et le tarissement des réserves d’eau douce », a déploré le représentant du Népal.
M. WANG MING (Chine) a déclaré que le développement commun de toute l’humanité doit passer par la prise en compte de tous les aspects du développement. Il a souhaité que la présente session de travaux de la Deuxième Commission soit focalisée sur la mobilisation de la communauté internationale pour soutenir la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avant la date butoir de 2015. Le représentant a aussi appelé à la préservation du cadre de développement international qui prévaut en ce moment, ajoutant qu’il est impérieux de respecter des principes tels que la prise en compte de la spécificité de chaque pays ou État et celui de la responsabilité commune mais différenciée. Il a également plaidé en faveur du respect de l’environnement et pour l’amélioration de la gouvernance économique mondiale, notamment en vue de s’assurer que les pays émergents et les pays en développement soient « plus audibles sur la scène internationale ». Il a en outre souligné que la Chine contribuait de manière significative à la croissance mondiale grâce à une croissance nationale forte. Le représentant a ensuite promis que la Chine allait continuer à assumer ses engagements internationaux, et a rappelé que son pays a toujours joué un grand rôle en matière de coopération internationale, notamment dans le cadre de la coopération Sud-Sud.
M. CARLOS OLGUÍN CIGARROA (Chili) a indiqué que son pays, qui préside le Groupe pilote sur les financements innovants pour le développement, espérait pouvoir compter sur la coopération et la contribution de divers acteurs gouvernementaux, de la société civile, du secteur privé et des milieux universitaires, pour assurer la réussite du processus préparatoire de la Conférence internationale sur le financement du développement, prévue en juillet prochain à Addis-Abeba en Éthiopie.
Le Chili considère la récente adoption par l’Assemblée générale d’une résolution sur la question de la dette souveraine comme un pas accompli dans la bonne direction. « Mon pays a confiance que l’on pourra rallier à cette démarche ceux qui ne se sont pas encore associés à cette initiative », a déclaré le représentant en soulignant que ce problème concerne aussi bien les débiteurs que les créditeurs, et qu’elle a un impact direct sur le niveau de développement que peuvent atteindre les pays. « Nous réitérons notre appel en faveur de la conduite des réformes qui s’imposent dans le fonctionnement des institutions financières internationales afin de mettre en place un ordre financier mondial stable et qui promeuve véritablement le développement », a-t-il ajouté.
Il a enfin évoqué les mesures déjà prises par le Chili vis-à-vis de pays en développement, par le biais de la coopération Sud-Sud et triangulaire. Il a rappelé que dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, le Chili s’était engagé à ouvrir totalement son marché aux importations de 48 PMA, sans quotas ni droits de douane.
M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a rappelé que les politiques sur lesquelles étaient basés les anciens modèles économiques s’étaient révélées erronées et que les nouveaux modèles n’étaient toujours pas au point. L’ONU, a-t-il relevé, est au centre d’un dialogue indispensable sur des questions comme le financement du développement et le développement durable. Il a salué la proposition du Groupe de travail ouvert sur le développement durable et a émis l’espoir que les objectifs de développement durable, quels qu’ils soient, seraient réalisés. Si nous faisons des promesses, il nous faut les tenir, a-t-il ensuite souligné. Il a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit réaliste, et qu’il tienne compte notamment des jeunes, des femmes et des personnes âgées. Chacun doit pouvoir tirer profit des avantages que peut offrir l’avenir, a-t-il conclu.
M. MASOOD KHAN (Pakistan) a déclaré que cette session de travaux de la Deuxième Commission et de l’Assemblée générale est l’une des plus importantes de l’histoire de l’ONU, car elle va permettre de formuler le programme de développement pour l’après-2015. Il a appelé la communauté internationale à se servir des expériences du passé dans le processus d’élaboration de ce nouveau programme. Il a ainsi énuméré des succès glanés par la mise en place des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), invitant la communauté internationale à s’en servir comme repères. Le représentant a plaidé afin que les Nations Unies et d’autres acteurs mobilisent des ressources suffisantes pour permettre aux pays de mener à bien ce nouveau programme, et il a aussi estimé que des partenariats globaux et ambitieux permettraient d’en réaliser les objectifs. Il a, dans ce contexte, rappelé que le Consensus de Monterrey avait défini les actions nationales et internationales nécessaires pour la réalisation du développement au niveau international. Le représentant a d’autre part souligné que la paix et la stabilité sont des conditions indispensables à la promotion de tout développement durable. Le représentant a précisé que les plans à appliquer pour parvenir au développement au niveau mondial doivent tenir compte des disparités entre pays, et il a estimé que la création d’un mécanisme international de restructuration de la dette souveraine des États est de la plus grande importance dans l’optique du développement.
M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande) a souhaité qu’un nouvel accord sur les changements climatiques ainsi qu’un nouveau cadre de réduction des risques de catastrophes soient agréés et mis en place en 2015 en plus du programme de développement pour l’après-2015, qui doit être adopté. Pour les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), 2015 sera aussi l’année de l’intégration puisque l’ASEAN constituera une communauté. La Thaïlande estime que les objectifs de développement durable proposés par le Groupe de travail devraient constituer la principale base de négociation pour le programme de développement pour l’après-2015, a dit M. Sinhaseni. La Thaïlande a joué un rôle actif sur le plan régional, a-t-il fait remarquer, le pays ayant accueilli le Forum Asie-Pacifique sur le développement durable et une réunion ministérielle asiatique sur la réduction des risques de catastrophe.
Pour l’après-2015, le représentant thaïlandais a souhaité que les populations soient au cœur du programme de développement à mettre en œuvre après les OMD. Pour parvenir à une croissance équitable et durable, la démarche doit se fonder sur les droits de l’homme, a-t-il ajouté. Il a donné l’exemple de son pays, qui met actuellement en œuvre son onzième plan de développement qui couvrira la période 2012-2016. Le programme de l’après-2015 devra aussi être assorti de moyens de mise en œuvre solides et prévisibles, a poursuivi M. Sinhaseni. Il s’est réjoui à cet égard du démarrage des négociations sur un mécanisme de facilitation pour la promotion du développement ainsi que le transfert et la diffusion de technologies propres et respectueuses de l’environnement. Nous sommes prêts, a-t-il assuré, à partager nos meilleures pratiques dans les domaines de l’agriculture et de la santé. Sur la question des changements climatiques, le représentant a appelé de ses vœux la conclusion, à Paris l’an prochain, d’un accord juridiquement contraignant. La Thaïlande, qui a beaucoup souffert de ce phénomène, commémorera cette année le dixième anniversaire du tsunami qui a frappé l’océan Indien et la Thaïlande en 2004, en mettant l’accent sur la sensibilisation aux systèmes d’alerte précoce.
M. GANBOLD GONCHIG (Mongolie) a souhaité que le rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable constitue la base du programme de développement pour l’après-2015, et il a précisé que le contenu de ce rapport ne devait pas être renégocié. Il a cependant estimé que le rapport aurait mieux pu refléter les besoins particuliers des pays les moins avancés (PMA) tels que soulignés par la Conférence Rio+20. En tant que pays touché par les effets des changements climatiques, la Mongolie, a-t-il poursuivi, a adopté une politique de développement vert qui incite à développer une économie résiliente et faible en émissions de carbone. Cette politique a été assortie d’un projet de budget transparent, a-t-il ajouté.
M. Gonchig a ensuite parlé des pays en développement sans littoral, dont fait partie la Mongolie, et qui ont besoin d’adopter des politiques cohérentes pour créer des emplois et améliorer leurs infrastructures. Il a mentionné les échanges que son pays développe avec la Chine et la Fédération de Russie en matière d’infrastructures de transport comme les routes et les voies ferrées. La Mongolie a aussi accueilli un atelier international de haut niveau sur les accords de l’Organisation mondiale du commerce relatifs à la facilitation du commerce, a dit le représentant. Enfin, il a espéré que la deuxième Conférence internationale des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui va avoir lieu à Vienne le mois prochain, aboutirait sur des engagements en vue de résoudre les difficultés particulières de ces pays.
M. PALITHA T. B. KOHONA (Sri Lanka) a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit conforme aux recommandations de la Conférence des Nations Unies pour le développement durable, appelée Conférence Rio+20. Il a noté que des siècles de croissance effrénée des pays industrialisés n’ont laissé que peu de place à d’éventuelles émissions de carbone des pays en développement qui aspirent eux aussi au développement. Il a ainsi appelé les pays développés à réparer le tort qu’ils ont causé à l’environnement mondial, conformément aux obligations qui leur incombent dans le cadre du principe de la responsabilité commune mais différenciée. M. Kohona a ensuite salué les travaux du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, et a dit que les résultats des travaux du Groupe ne devraient ni être modifiés et encore moins renégociés, et qu’ils devraient servir de base à l’élaboration des objectifs devant figurer dans le programme de développement pour l’après-2015.
Le représentant sri-lankais a rappelé que l’Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) nº8, relatif aux partenariats, n’a pas été véritablement mis en œuvre, et il a de ce fait estimé que le succès du futur programme de développement passera par sa mise en œuvre scrupuleuse. Il a par ailleurs indiqué que ce programme devrait prendre en compte les ressources marines, qui représentent globalement l’équivalent de 3 000 milliards de dollars en termes de valeur. De ce fait, ces ressources pourraient jouer un rôle majeur dans l’éradication de la pauvreté, dans le renforcement de la sécurité alimentaire et dans la croissance économique durable. M. Kohona a ensuite relevé que le Sri Lanka a réalisé la plupart des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et que le pays était en tête du classement des pays d’Asie du Sud en 2013, selon l’indice du développement humain (IDH) publié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a déclaré que les pays en développement ont besoin d’investissements et d’échanges commerciaux justes, regrettant à cet égard l’immobilisme et l’impasse dans laquelle se trouve le processus de négociations commerciales de Doha. En tant que membre du Groupe des 77 et la Chine, nous sommes très attachés à l’instauration d’un système commercial équitable, multilatéral, ouvert et exempt de discrimination, a-t-elle ajouté. Elle a espéré que les résultats de la dernière Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui s’est tenue en 2012 au Qatar, seraient mis en œuvre, ainsi que ceux de la Conférence Rio+20, tenue la même année au Brésil.
La représentante a ensuite parlé de « Qatar 2030 », le plan national qui vise à faire du Qatar un pays développé et avancé d’ici à cette date. Nous renforçons nos institutions ainsi que la participation des ONG et du secteur civil dans la vie publique, a-t-elle indiqué. Le Qatar est aussi attaché à la coopération Sud-Sud, a-t-elle ajouté, se disant convaincue que le renforcement de cette forme de coopération pouvait bénéficier à l’ensemble des pays. Elle a jugé important d’apporter de l’aide aux pays en développement dans les domaines de la désertification des terres et de la sécurité alimentaire, en donnant l’exemple de l’Alliance internationale contre les terres arides, lancée par le Qatar. Elle a enfin dénoncé l’occupation, par Israël, des territoires palestiniens et du Golan syrien, qui nuit à leur développement.
M. ABDY (Yémen) a salué le rapport du Groupe de travail sur les objectifs de développement durable qui doit, pour le Yémen, être la base des négociations du futur programme de développement pour l'après 2015. L’élimination de la pauvreté doit être la première priorité de ce programme, a-t-il aussi demandé. Le représentant a recommandé de mener en parallèle les négociations sur le financement du développement, afin de développer les moyens de la mise en œuvre du programme de développement. Pour ce qui est de son pays, le représentant a expliqué que le manque de sécurité et de stabilité politique avaient entravé les efforts de développement du Yémen.
Le représentant yéménite a exhorté la communauté internationale à assurer la stabilité au niveau mondial et à fournir les moyens adéquats aux pays qui en ont besoin, notamment les pays les moins avancés (PMA). Il a demandé à cet égard que soit réactivée la mise en œuvre du programme d’action d’Istanbul adopté en faveur des PMA. Nous espérons que la communauté internationale aidera les PMA à atteindre les objectifs de développement durable de l’après 2015, a-t-il lancé. En ce qui concerne les changements climatiques, il a plaidé en faveur du respect du principe de la responsabilité commune mais différenciée, avant de demander que le Fonds vert pour le climat soit proprement pourvu en ressources et rendu opérationnel.
M. EMMANUEL OLUWADARE OGUNTUYI (Nigéria) a salué les succès réalisés grâce à la mise en place des programmes qui ont permis à certains pays d’atteindre les OMD et a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit bâti sur ces succès. Il a aussi rappelé que la priorité des pays en développement, et plus particulièrement des pays africains, est l’éradication de la pauvreté. Pour ce faire, le représentant a plaidé en faveur de la mise en place d’un mécanisme international de facilitation des transferts de technologies propres au bénéfice des pays en développement qui en ont besoin. Il a ensuite lancé un appel aux pays développés pour qu’ils respectent les promesses qu’ils ont faites en matière d’aide publique au développement (APD), notamment en ce qui concerne l’APD destinée aux pays les moins avancés (PMA).
M. Oguntuyi a également plaidé pour la mobilisation des ressources internes et la mobilisation de financements innovants en faveur de la cause du développement. Il a par ailleurs indiqué que les pays d’Afrique sont les plus affectés par les changements climatiques et d’autres phénomènes extrêmes dont ils ne sont pas responsables. Il a aussi rappelé que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est le principal cadre devant servir de base à toute discussion relative aux changements climatiques, et il a souhaité que les vingtième et vingt et unième Conférences des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, (COP20 et COP21), respectivement prévues à Lima au Pérou, et à Paris en France, seront couronnées de succès.
Mme ELIZABETH COUSENS (États-Unis) a invité la Deuxième Commission à faire preuve de prudence et de discipline afin d’éviter que les thèmes dont elle débat ne fassent doublon avec les délibérations d’autres instances qui ont en charge la préparation du programme de développement pour l’après-2015. Elle a invité la communauté internationale à poursuivre les efforts visant à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avant la date butoir de la fin de l’année 2015. La représentante a en outre souhaité que ce futur programme intègre des thèmes tels que la lutte contre la pauvreté, l’égalité des genres, la croissance inclusive et les questions en rapport avec la viabilité des écosystèmes marins, sans bien sûr oublier les changements climatiques. Les États-Unis estiment que le succès de ce programme en cours d’élaboration passera par la mise en place d’une stratégie solide de mise en œuvre.
La représentante a rappelé que les États-Unis sont le principal contributeur à l’APD, et elle a recommandé que la communauté internationale établisse d’autres sources de financement du développement autres que l’APD. Elle a ainsi cité notamment la « possibilité de prendre en compte les transferts des migrants vers leur pays d’origine », et elle a suggéré que les financements viennent à la fois des secteurs public et privé et que leur utilisation fasse l’objet d’un suivi méticuleux. La représentante a suggéré que la troisième Conférence internationale sur le financement du développement qui aura lieu à Addis-Abeba, en Éthiopie, l’an prochain soit l’occasion d’établir de nouvelles approches de financement du développement. Elle a par ailleurs affirmé que les États-Unis sont disposés à considérer les dettes des pays en développement comme des « crédits de développement » afin que ces derniers puissent investir ces fonds dans la cause du développement.
La représentante a invité la communauté internationale, dans le contexte de l’élaboration du futur programme de développement pour l’après-2015, à tenir compte de la situation particulière des pays vulnérables, comme les petits États insulaires en développement (PEID), les PMA, les pays en développement sans littoral et un certain nombre de pays africains. Parlant de ces derniers, elle a relevé que l’Afrique vit un moment de mutations et de transformations de son économie qui laisse augurer des avancées probables pour certains pays du continent. Elle a invité la Deuxième Commission à tenir compte de cette réalité au cours de ses délibérations.
M. HASSAN HUSSAIN SHIHAB (Maldives) a espéré qu’un accord juridiquement contraignant sur la question climatique, notamment les émissions de gaz à effet de serre, serait conclu en 2015 à Paris. La Conférence sur les petits États insulaires en développement (PEID) qui s’est tenue à Samoa le mois dernier a permis d’adopter des orientations qui englobent les aspirations de ces pays en matière de développement durable, a-t-il noté. Il a souhaité à cet égard que les travaux de la Deuxième Commission aboutissent à l’adoption d’un plan de mise en œuvre de ces orientations, en reconnaissant les vulnérabilités et besoins particuliers des PEID. Il faut créer une catégorie spéciale pour ces pays afin d’institutionnaliser l’aide à leur apporter, a-t-il prôné. Après avoir rappelé que la République des Maldives avait été le troisième pays à sortir de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), ayant gradué de la liste des PMA en janvier 2011, il a fait remarquer les obstacles qui subsistent sur la voie du développement pour son pays, comme le coût élevé des transport et le manque d’accès aux marchés.
Parlant du processus de négociation sur le programme de développement pour l’après-2015, M. Shihab a appelé les États Membres à conserver l’esprit d’ouverture qui a présidé à la tenue des pourparlers qui ont eu lieu au sein du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable. Il faut tenir compte des lacunes observées dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il ajouté, avant de mettre l’accent sur l’OMD 8, relatif aux partenariats. Les partenariats à former doivent être à l’écoute des PEID, a préconisé le représentant. Il a demandé la mise en place d’un cadre qui permettrait de suivre le respect des engagements pris en faveur de ces pays. Le développement durable des Maldives est étroitement lié aux océans, a aussi fait remarquer M. Shihab avant de parler des perspectives sombres que font planer les changements climatiques sur des pays comme le sien. Il a plaidé en faveur de mesures d’adaptation et d’atténuation, en relevant le coût que cela représente pour les petites îles. Enfin, le représentant a exprimé la solidarité des Maldives avec le peuple palestinien, en particulier celui de Gaza, en espérant qu’il pourrait vivre en paix et en bénéficiant des droits fondamentaux.
Mme KHANIM IBRAHIMOVA (Azerbaïdjan) a plaidé en faveur de la coopération Sud-Sud et triangulaire, tout en demandant la mise en place de partenariats fondés sur la solidarité. Elle a salué les efforts menés en vue d’élaborer le programme de développement pour l’après-2015, en précisant qu’il fallait définir des cibles pour chaque futur objectif de développement durable. L’application des résultats des conférences qui ont été tenues dans les domaines économique et social, comme le Consensus de Monterrey, est essentielle pour la réalisation du développement durable, a-t-elle ajouté. La représentante a plaidé en faveur d’un meilleur accès à des sources d’énergie durables et abordables, parlant à ce propos de la nouvelle centrale électrique basée sur l’énergie solaire qui vient d’être inaugurée dans son pays. L’Azerbaïdjan prévoit d’atteindre en 2020 une part d’énergie durable représentant 9,7% de sa consommation énergétique, a-t-elle ajouté. Elle a aussi mentionné que son pays avait mis en place des partenariats internationaux dans le domaine de l’énergie, notamment pour pouvoir construire des oléoducs qui permettront d’approvisionner l’Europe en hydrocarbures et en gaz naturel. L’Azerbaïdjan s’engage à apporter une aide humanitaire aux pays dans le besoin et figure déjà dans la catégorie des donateurs fiables, a aussi indiqué la représentante.
M. DER KOGDA (Burkina Faso) a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts dans la mobilisation des ressources et le renforcement de la solidarité, afin de trouver des solutions justes et durables en faveur de l’élimination de la pauvreté, notamment à travers des engagements fermes et des réformes des systèmes économique, commercial et financier international actuels. Il faudrait dans le même temps prendre en compte les besoins des pays les plus vulnérables, a préconisé M. Kogda. Il a ensuite souligné que pour promouvoir une dynamisation des potentialités des pays en développement, une attention particulière doit être accordée à la coopération Sud-Sud et à la coopération triangulaire, et ceci à travers les échanges commerciaux et financiers interrégionaux. Le représentant a en outre appelé la communauté internationale à renforcer les moyens d’adaptation des populations aux divers risques environnementaux, y compris aux effets des changements climatiques. Sur ce dernier point, il a prôné la prise de mesures qui faciliteraient les transferts de technologies novatrices en faveur des pays en développement, et il a plaidé pour le respect des engagements pris au niveau international en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a souligné que la proposition avancée par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable devait être préservée et ne devait pas être renégociée, et qu’elle devait servir de base à l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.
« El Salvador est très attaché à la solidarité et à la coopération internationales, outils clefs pour la reprise et la croissance économique. Il est important de construire un cadre commun pour le commerce et les transferts de technologie afin de faire face à la crise économique, d’aider à accélérer la reprise, et construire des sociétés plus inclusives », a dit M. Zamora Rivas.
Il a également souhaité une redéfinition du concept de pays à revenu intermédiaire, un groupe auquel appartient El Salvador. Le concept actuellement repose sur l’utilisation du critère du revenu par habitant. Il faudrait plutôt prendre en compte les « failles structurelles » que ne reflètent pas les indicateurs de revenu par habitant, a estimé M. Zamora Rivas. « Il faut prendre en compte d’autres éléments comme les inégalités, la pauvreté, les investissements, l’épargne, la productivité, l’innovation, l’éducation, le genre et le milieu naturel, entre autres », a fait valoir le représentant permanent salvadorien.
Enfin il a exprimé le soutien d’El Salvador à la résolution intitulée « vers l’établissement d’un cadre juridique multilatéral pour les processus de restructuration des dettes souveraines », adoptée récemment par l’Assemblée générale grâce au soutien d’un grand nombre d’États Membres. L’effort des pays en développement pour soutenir ce texte est favorisé par la prise de conscience, à la fois par une bonne partie du monde financier et par les pays débiteurs et les institutions financières internationales, que ce problème est largement dû au manque actuel de règles au niveau mondial et à l’absence d’un cadre international qui pourrait régir les processus de restructuration de dette, a relevé M. Zamora Rivas.
M. BHAGWANT SINGH BISHNOI (Inde) a relevé que les propositions du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable avaient réuni un « large consensus », même si l’Inde n’est pas forcément d’accord avec chacun des éléments du paquet final. L’Inde estime que l’ambition du programme de développement pour l’après-2015 doit correspondre au niveau des moyens de mise en œuvre de ce programme dont pourront disposer les pays en développement, et que son aspect doit être substantiellement renforcé dans les propositions par rapport à ce qu’a préconisé le Groupe de travail ouvert.
« Ce qu’il faut c’est adopter une approche holistique de la finance, afin de s’attaquer à des problèmes comme ceux causés par l’instabilité et le manque de prévisibilité constatés dans les flux d’aide publique au développement, dans la volatilité des flux de capitaux. Il en est de même concernant les problèmes d’endettement, les subventions agricoles qui perturbent le commerce mondial en y créant des asymétries, les barrières non tarifaires, les cadres de fixation de norme internationale non inclusifs et autres mesures non équitables, qui, conjuguées, conduisent à l’exacerbation des difficultés que connaissent les pays dans la promotion de leur développement », a souligné M. Bishnoi.
Globalement, il faut que les discussions portant sur les transferts de technologies et la coopération passent des longs débats stériles à des résultats concrets, significatifs et centrés sur l’action, a conclu M. Bishnoi.
M. JUAN MANUEL GONZÁLEZ DE LINARES PALOU (Espagne) a indiqué que le rapport final du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable est une base solide pour l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015. Il a invité les pays développés à tenir leurs engagements internationaux en matière de financement du développement, rappelant par la même occasion que l’Espagne a toujours respecté les siens. Il a ainsi noté qu’en 2007, l’Espagne avait créé, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un Fonds doté de 900 millions de dollars afin de promouvoir la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il s’est félicité de cet accomplissement dans un contexte marqué par une crise économique qui a durement frappé l’Espagne. Le représentant a ensuite annoncé la création d’un fonds chargé d’assurer une transition harmonieuse entre les Objectifs du Millénaire pour le développement et la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), et il a ajouté qu’une part des ressources de ce fonds sera consacrée aux PEID.
M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a déclaré que le jour où la liste des pays ayant un statut de PMA n’existerait serait un marqueur indiquant que les efforts visant à éradiquer la pauvreté ont été un succès. L’éradication de la pauvreté au niveau mondial est en effet le but ultime des objectifs de développement de l’ONU, a estimé le représentant.
« Si le programme de développement pour l’après-2015 ne parvient pas à éradiquer la pauvreté de cette Terre, alors tous nos efforts seront considérés comme des échecs par les prochaines générations », a prévenu M. Momen.
Il a noté qu’au sein des PMA, dont le Bangladesh fait partie, près des trois quarts de la population vivent sous le seuil de pauvreté. « La part des PMA dans le commerce mondial est d’environ 1%, et ce chiffre n’a pas changé depuis 40 ans. Les pays développés ont promis de fournir de 0,15% à 0,20% de leur revenu national brut aux PMA via l’aide publique au développement (APD), et bien que certains partenaires du développement aient tenu leurs engagements, nous n’avons pas encore vu la mise en œuvre complète de ces promesse par tous les pays développés », a regretté M. Momen.
Or, a-t-il noté, quels que soient les objectifs ou les programmes de travail dont nous parlons, « la priorité absolue, la première et principale cible de toutes nos délibérations doit être l’éradication complète de la pauvreté ». « Tant qu’il y aura des PMA, avec leur pauvreté extrême, leurs contraintes de capacités, leur position marginale sur la scène mondiale, nous devrons travailler encore plus. Nous ne pourrons nous féliciter que quand tous les pays actuellement classés comme PMA sortiront de ce statut », a-t-il conclu.
M. MARCOS MONTILLA (République dominicaine) s’est félicité de l’action lancée par son gouvernement pour consolider le secteur agroalimentaire dominicain, sur lequel repose l’économie de 133 des 155 communes du pays. « Une politique novatrice, menée par le Président de la République dominicaine est celle des « visites surprises » effectuées dans différentes communautés organisées en coopératives autour d’un projet commun », a-t-il dit. Cette politique permet d’établir et d’entretenir un dialogue direct sur les besoins et les priorités de chaque collectivité. Quand les propositions avancées sont jugées viables, des crédits de développement sont débloqués, un appui technique est fourni, et la construction d’infrastructures routières et autres sont encouragés, a indiqué M. Montilla.
« Notre pays a mis en pratique cette vision et nous avons réussi à réduire le taux de pauvreté de 6 points de pourcentage, faisant ainsi sortir de la pauvreté 528 061 Dominicains. Une grande partie de ce succès s’explique par la modernisation rapide de l’économie de notre pays ces 10 dernières années et par l’engagement de notre gouvernement », a souligné M. Montilla.
Pour autant, il a indiqué que le financement du développement était un élément clef de la lutte contre la pauvreté, tout comme la consolidation du commerce international et la coopération, et il a évoqué l’urgence d’agir contre les changements climatiques, particulièrement pour venir en aide aux petits États insulaires en développement comme la République dominicaine, qui sont menacés.
M. AMAN HASSEN BAME (Éthiopie) a relevé que certains objectifs, incontournables pour l’éradication de la pauvreté, devraient être intégrés dans le programme de développement pour l’après-2015. Il a ainsi cité entre autres l’agriculture durable, l’éducation, l’emploi, la santé, l’eau et l’assainissement, l’industrialisation durable et inclusive et le développement des infrastructures. Il a précisé que ces objectifs, bien qu’universels, devraient pouvoir tenir compte des particularités de chaque pays et devraient s’inscrire dans le sillage des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le représentant a ensuite indiqué que les changements climatiques affectent particulièrement l’Afrique, et il a appelé les pays développés à respecter l’engagement qu’ils ont pris de verser 100 milliards de dollars par an, d’ici à 2020, au Fonds vert pour le climat. M. Bame a par ailleurs souligné que le succès des Objectifs du Millénaire pour le développement et du programme de développement qui va le remplacer après 2015 dépend des financements qui seront alloués à la cause du développement. Il a ensuite rappelé que son pays va abriter en juillet prochain la troisième Conférence internationale sur le financement du développement. Il a souhaité que cet évènement permette d’envisager les voies et moyens de financer le programme de développement pour l’après-2015. Il a terminé son propos en indiquant que les pays en développement sans littoral méritent de voir leurs préoccupations figurer dans le futur programme de développement.
M. RICHARD NDUHUURA (Ouganda) a déclaré que le rapport du Groupe de travail sur les objectifs de développement durable devrait servir de base à l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015. Ce processus devrait déboucher sur un programme transformateur pour l’après-2015, a-t-il espéré. Recensant les progrès accomplis par son pays sur la voie du développement, il a indiqué que moins d’un Ougandais sur 4 vit désormais en deçà du seuil de pauvreté et que le pays a atteint l’objectif de l’éducation primaire et secondaire universelle. Il a toutefois regretté l’insuffisance des partenariats qui empêche certains pays, notamment en Afrique, d’atteindre la totalité des OMD.
Expliquant qu’il incombe aux gouvernements de prendre les devants du développement de leurs pays, M. Nduhuura a souhaité qu’ils intègrent les futurs objectifs de développement durable dans leurs plans de développement nationaux. Il a aussi demandé que soit revitalisé le partenariat mondial en faveur du développement durable, comme le prévoit le projet d’objectif de développement durable nº17. Le représentant a préconisé de renforcer les efforts qui pourraient permettre aux pays en développement, notamment, d’acquérir les technologies nécessaires au renforcement de leurs capacités productives, de maintenir la paix et la sécurité, et d’accéder sans restrictions aux marchés régionaux et internationaux.
M. RAMADHAN M. MWINYI (République-Unie de Tanzanie) a souhaité que la vingt et unième Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), prévue en décembre 2015 à Paris en France, soit l’occasion pour la communauté internationale de trouver un accord juridiquement contraignant sur les réductions à apporter aux émissions de gaz à effet de serre après 2020, date de la fin de validité du Protocole de Kyoto. Il s’est ensuite félicité du fait que le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable ait identifié un objectif spécifique relatif à la lutte contre la faim et l’insécurité alimentaire et la promotion d’une agriculture durable. M. Mwinyi a aussi relevé que le Gouvernement tanzanien a pris des mesures afin de promouvoir une agriculture durable dans le pays. Ces mesures ont déjà produit des résultats, a-t-il souligné, citant entre autres des investissements privés dans le secteur agricole, la modernisation et la mécanisation des pratiques agraires, la création d’emplois dans le secteur agricole, et l’accès des acteurs de ce secteur aux services financiers. Il a en outre déclaré que les partenariats ont une place de premier ordre dans le développement des pays les moins avancés (PMA), et il a appelé à l’émergence de nouveaux partenariats, tout en précisant que la coopération Sud-Sud ne devrait en aucun cas être considérée comme une substitution à la coopération Nord-Sud.
M. HAU DO SUAN (Myanmar) a appelé de ses vœux l’élaboration d’un programme de développement pour l’après-2015 qui soit « transformateur », et qui tienne compte de manière équilibrée des exigences du progrès économique et social et de la protection de l’environnement. Saluant l’adoption des objectifs de développement durable par l’Assemblée générale, sur la base des recommandations du Groupe de travail ouvert chargé de cette question, il a souhaité que ces objectifs soient pris pour base pour élaborer le programme de développement pour l’après-2015. Il a aussi demandé de mobiliser l’aide financière et technologique nécessaire au succès de ce programme. Soucieux également de travailler à l’adoption d’un accord juridiquement contraignant sur le climat, il a réitéré l’importance qu’il y a de respecter le principe de responsabilité commune mais différenciée.
M. Do Suan a ensuite soulevé le problème qui se pose aux pays les moins avancés (PMA) qui ont besoin de renforcer leurs capacités productives, ce qui nécessite de la part des pays développés qu’ils tiennent leurs promesses en termes d’aide publique au développement (APD). Il a ensuite parlé des différents succès enregistrés par son pays sur la voie du développement, comme la réorganisation du secteur du tourisme et la mise en place de mesures de protection de l’environnement. Le Myanmar a aussi amélioré son infrastructure institutionnelle et son cadre règlementaire pour faciliter les échanges commerciaux et les investissements, a indiqué le représentant. Il a mentionné à cet égard la libéralisation du secteur des télécommunications, qui a permis à deux entreprises étrangères de fournir des services de téléphonie mobile au Myanmar.
Mme SHARMAN STONE, membre du Parlement de l’Australie, a souligné que son pays, qui assume la présidence du G20, était engagé pour relever la croissance économique collective, améliorer la coopération fiscale, faciliter l’investissement dans les infrastructures et mobiliser des ressources financières. « Ensemble, ces mesures auront un impact positif sur l’économie mondiale, et non pas seulement sur les membres du G20. Nous considérons que le travail du G20 est complémentaire de celui des Nations Unies, et poursuivrons les échanges positifs entre le G20 et les Nations Unies », a ajouté Mme Stone.
Elle a aussi souligné que les objectifs de développement dépassaient le cadre strictement économique: « la prospérité et la paix vont main dans la main. Les femmes et les enfants doivent être libres de la violence. Créer des sociétés pacifiques et inclusives, avec un État de droit solide et des institutions compétentes, contribue à une croissance durable et inclusive », a-t-elle souligné.
M. OH JOON (République de Corée) a salué le rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, estimant que les 17 objectifs qui y sont énumérés devaient fournir les lignes directrices du développement durable. M. Oh a insisté sur la nécessité d’une approche holistique et intégrée pour procéder à l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015. « Nous ne pouvons pas parvenir au développement économique sans prêter attention à la durabilité de notre planète. Les changements climatiques et l’augmentation du nombre de catastrophes naturelles sont devenus de nouveaux défis à surmonter dans la poursuite du développement économique et social », a-t-il souligné.
Le représentant permanent de la République de Corée a également recommandé de recourir à des partenariats « plus concrets et reposant sur l’action », estimant que la société civile et le secteur privé devaient jouer des rôles de plus en plus actifs. Quant au cadre indispensable dont la mise en place doit permettre de surveiller et évaluer la mise en œuvre des objectifs fixés, M. Oh a souligné qu’il faudrait veiller à utiliser toutes les ressources disponibles pour éviter les doublons: « le nouveau mécanisme de surveillance doit être mis en synergie avec les cadres existants de surveillance partout où cela est possible », a-t-il relevé.
M. GEORGE WILFRED TALBOT (Guyana) a voulu que la Deuxième Commission conserve les importantes fonctions et prérogatives relevant de son mandat, notamment pour pouvoir débattre des questions de développement et trouver des solutions axées sur l’action aux grands défis de notre temps. Des petits États comme le Guyana sont confrontés à des difficultés croissantes dans leur poursuite des objectifs de développement, a-t-il noté, avant d’appeler à adopter, pour l’après-2015, un programme de développement ambitieux, universel et inclusif. Ce programme doit être plus large que ne l’a été celui des OMD et applicable aux situations dans lesquelles sont toutes les catégories de pays, a-t-il ajouté, ce qui exige qu’on lui donne suffisamment de souplesse pour lui permettre de répondre aux besoins particuliers de pays comme les petits États insulaires en développement (PEID).
M. Talbot a aussi mentionné le cas des pays fortement endettés dont il faut renforcer la résilience en appliquant avec vigueur l’initiative prévue pour l’allégement de leurs dettes. M. Talbot s’est aussi inquiété du manque de transfert de ressources financières et de compétences vers les pays en développement. Il a appelé la communauté internationale à revitaliser le partenariat mondial en faveur du développement, en particulier au moment où se prépare la troisième Conférence internationale sur le financement du développement prévue à Addis-Abeba en juillet 2015.
M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a estimé que « le rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable ne devrait être ni rouvert, ni renégocié ». Il a néanmoins suggéré que les objectifs contenus dans ce rapport soient complétés par des indicateurs, un cadre de surveillance et de responsabilité pour le programme de développement pour l’après-2015, et des moyens de mise en œuvre. Le représentant a en outre relevé que les négociations intergouvernementales portant sur le futur programme de développement ne sauraient connaître une issue heureuse sans la mise en place d’un mécanisme de transfert de technologies.
Le représentant du Cameroun a ensuite souligné que la finalité de ce programme doit demeurer l’éradication de la pauvreté, et que le développement qu’il est censé promouvoir, en particulier en ce qui concerne l’Afrique, ne saurait se faire sans la prise en compte des questions d’emploi, d’industrialisation et de diversification de l’économie des pays. M. Tommo Monthé a ainsi souhaité que le cas des pays africains soit examiné avec une attention renouvelée pour les aider à améliorer leurs capacités de production et faciliter l’accès de leurs produits aux marchés mondiaux à des conditions plus favorables. Il a par ailleurs indiqué que le Cameroun est déterminé à accéder au rang de pays émergent à l’horizon 2035, notamment grâce à la mise en place d’un certain nombre de mesures, comme celles relatives à l’implantation en cours de grands projets structurants autour des secteurs productifs et à la construction d’infrastructures modernes et efficaces.
M. CHARLES THEMBANI NTWAAGAE (Botswana) a déclaré que la question relative aux difficultés qui se posent aux pays en développement sans littoral devrait occuper une place de choix au cours de cette session de la Deuxième Commission. Il a expliqué que ces pays ont des coûts de transports de marchandises plus élevés que ceux des pays ayant une ouverture sur la mer, ce qui affecte le niveau des échanges commerciaux des pays enclavés, qui est plus faible que celui des autres nations. Il a relevé que les pays enclavés ont une économie basée sur l’agriculture et les mines, et qu’ils sont parmi les plus vulnérables face aux effets négatifs des changements climatiques.
M. Ntwaagae a par ailleurs indiqué que les changements climatiques ont un impact négatif sur l’économie du Botswana, et il a plaidé pour qu’un accord soit trouvé, au cours des prochaines COP20 et COP21, sur les limites à imposer aux émissions de gaz à effet de serre. Le représentant a en outre souhaité que la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, prévue à Vienne, en Autriche, le mois prochain, donne lieu à l’adoption d’un programme d’action qui devra être intégré dans le programme de développement pour l’après-2105.
M. EUGENE NG (Singapour) a noté que le fardeau de la Deuxième Commission n’allait pas être allégé avec les travaux qu’elle doit mener sur le programme de développement pour l’après-2015. Il a conseillé à cet égard d’adopter une approche pragmatique, axée sur les résultats, en prévoyant des objectifs quantifiables. Il a souhaité, dans ce cadre, partager l’expérience acquise par Singapour en matière d’urbanisation, d’adduction d’eau et d’assainissement. M. Ng a ensuite demandé que beaucoup d’attention soit accordée aux partenariats, et il a souligné leur importance, notamment pour les petits États insulaires en développement (PEID). La Conférence internationale sur les PEID, qui vient de se tenir à Samoa, a entraîné la création de nombreux partenariats, a-t-il relevé avec satisfaction. Il a invité la Deuxième Commission à examiner la question de la mise sur pied d’une « facilité de partenariats », en faisant remarquer qu’il s’agissait d’une question transversale intéressant les travaux tant de la Deuxième Commission que de la Cinquième Commission.
M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) a parlé du paradoxe qui veut que pendant que le nombre de milliardaires dans le monde a atteint un record cette année et devrait doubler en 2020, la pauvreté et les inégalités économiques ont dans le même temps augmenté, que ce soit au sein des pays ou d’un pays à l’autre. Il a estimé que l’une des approches pour lutter contre l’augmentation des inégalités serait que les États, les Nations Unies et les institutions internationales de développement promeuvent des politiques qui placent les populations et les personnes au centre des programmes de développement, tout en permettant à tous d’avoir des opportunités de développement économique. Il a souligné que l’éradication de la pauvreté et le développement durable doivent être au cœur du programme de développement pour l’après-2015. M. Shava a également prôné la réforme de l’architecture financière internationale et la restructuration de la dette souveraine des États, afin, a-t-il expliqué, de rendre le régime des dettes plus transparent et équitable pour toutes les parties, c’est-à-dire pour les débiteurs et les créanciers.
Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a exprimé l’intention de son pays de rapidement mener à bien le travail nécessaire pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, avant de pouvoir promptement fixer ses nouvelles priorités dans le cadre des objectifs de développement de l’après-2015.
« Nos efforts devraient redoubler pour relever les nouveaux défis en train d’émerger, comme ceux posés par le virus Ebola, les pénuries alimentaires, les changements climatiques et le terrorisme. Ils peuvent annuler les progrès accomplis », a fait valoir Mme Byaje.
Évoquant les changements climatiques et la dégradation de l’environnement, « qui représentent des menaces sans précédent pour l’humanité », Mme Byaje a appelé les pays développés à respecter le principe de la responsabilité commune mais partagée et à jouer un rôle spécial dans le développement de nouvelles technologies, la réduction d’un modèle de consommation qui ne peut pas continuer à ses niveaux actuels, et la fourniture d’une aide technique et financière aux pays en développement pour les aider à lutter également contre le réchauffement climatique.
Enfin Mme Byaje a souligné la nécessité de s’efforcer à garantir la paix et la sécurité nécessaires pour assurer un développement durable, et celle de solliciter la participation des acteurs régionaux afin de mieux lutter contre les causes profondes des conflits.
Mme JIMENA LEIVA ROESCH (Guatemala) a invité la Deuxième Commission à éviter tout doublons entre les thèmes dont elle va débattre au cours de ses travaux et les questions qui seront traitées par d’autres organes en charge de préparer la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à la mise en œuvre des programmes destinés à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). Elle a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit axé sur l’élimination de la pauvreté et de la faim. La représentante a estimé que le rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable n’est pas parfait, mais qu’il peut constituer une base sur laquelle le futur programme de développement sera bâti. Elle a noté qu’il est aussi important que la communauté internationale envisage des mesures destinées à garantir la mise en place des objectifs de développement identifiés. Elle a en outre souhaité que les droits de l’homme soient au centre de ce programme en cours d’élaboration. La représentante a d’autre part invité la communauté internationale à trouver une solution durable à la question des migrations en Amérique centrale, précisant en outre que les droits des migrants doivent être respectés, et ajoutant que les migrants apportent une grande contribution à la croissance économique mondiale.
M. AUGUSTO THORNBERRY (Pérou) a souligné que l’Amérique latine, région à laquelle appartient le Pérou, n’était pas la plus pauvre mais la plus inégalitaire au monde. Concernant son propre pays, M. Thornberry a relevé que, « en une seule génération, la proportion de la population péruvienne en situation de pauvreté était passée de plus de la moitié à moins du cinquième, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ayant été atteints plus tôt que prévu. Il a souligné qu’il était indispensable d’assurer un plus large accès des populations aux développements de la science et à la technologie pour consolider cette réussite.
Par ailleurs le représentant du Pérou s’est prononcé en faveur d’un renforcement du système des Nations Unies et des institutions financières internationales, qu’il faut adapter aux nouvelles réalités mondiales. Il s’agit, tout en sauvegardant leur caractère intergouvernemental, d’y favoriser une participation coordonnée des acteurs publics et privés, nationaux et internationaux, afin de rénover une alliance mondiale en faveur du développement durable, a-t-il préconisé. Il a enfin encouragé les délégations à participer de façon constructive à la vingtième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 20) prévue à Lima en décembre 2014, et les a invités à profiter de l’hospitalité et de la gastronomie péruviennes.
M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a demandé que le programme de développement pour l’après-2015 soit universel et tienne compte des conditions locales et des différents niveaux de développement de chaque pays. « Les principes de base du développement durable ont été intégrés dans les politiques nationales de notre pays », a-t-il assuré. Il a expliqué que la présence majoritaire de montagnes sur son territoire et le manque d’accès à la mer entravent le développement du Kirghizistan. Indiquant que la fonte des glaciers et les glissements de terrains sont parmi les effets des changements climatiques que subit son pays, M. Kydyrov a demandé d’intégrer les problèmes des pays vulnérables dans les programmes à mener lorsque l’on envisage des actions mondiales pour faire face ou remédier aux changements climatiques.
M. Kydyrov a indiqué que sa délégation soutient l’adoption d’un accord juridiquement contraignant sur le climat à Paris en 2015, accord qui devra prendre en compte et respecter le principe de responsabilité commune mais différenciée. L’eau étant la ressource la plus importante pour une économie verte au Kirghizistan, il a plaidé en faveur du développement de l’énergie hydraulique en rappelant que la période allant de l’année 2014 à 2024 doit être la « Décennie des Nations Unies relative à l’énergie durable pour tous » selon l’initiative lancée par le Secrétaire général. Le représentant a d’autre part évoqué la question de la sécurité des dépôts d’uranium présents au Kirghizistan, qui constituent un problème transfrontalier en Asie centrale. Il a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts en faveur de la réhabilitation des territoires contaminés.
M. NGUYEN TRAC BA (Viet Nam) a déclaré que son pays, qui est en passe d’atteindre les OMD, avait appris à cette occasion qu’une forte prise de responsabilité nationale, une large participation de la population et des partenariats mondiaux sont indispensables pour réussir. « Nous pensons fermement que cela sera également vrai pour le programme de développement pour l’après-2015 », a dit M. Nguyen.
Le représentant a également salué les résultats obtenus par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable, et notamment l’accent mis sur le développement économique. « Nous pensons qu’il n’est pas désirable de rouvrir ou de renégocier les résultats obtenus sur des questions qui ont déjà été largement débattues dans le cadre du Groupe de travail ouvert », a-t-il dit.
Mme DR. MWABA PATRICIA KASESE-BOTA (Zambie), qui s’exprimait au nom des pays en développement sans littoral, a expliqué que ces pays sont toujours confrontés à des obstacles qui entravent leur accès aux marchés commerciaux mondiaux. Grâce à la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty, nous avons vu se réaliser des progrès en ce qui concerne le soutien de la communauté internationale à notre développement, a-t-elle cependant reconnu. En même temps, a-t-elle expliqué, les crises mondiales et les changements climatiques ont eu des effets négatifs sur le développement des pays enclavés. Elle a parlé de la Conférence sur les pays sans littoral qui se tiendra le mois prochain à Vienne en Autriche, espérant que les délégations parviendront à un document final qui fera l’objet d’un consensus et d’une adoption et qui permette dans l’avenir aux pays enclavés de mieux faire face aux défis auxquels ils sont confrontés. Un programme réaliste et transformateur est nécessaire pour ces pays, a-t-elle précisé. Enfin, la représentante a expliqué combien les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont importantes pour les pays enclavés.
M. ALASSANE CONTE (Guinée) a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 prenne en compte les réalités nationales de chaque pays en vue d’y assurer l’éradication de la pauvreté et la promotion de la croissance, et donc de garantir le développement durable. Il a indiqué que la Guinée a enregistré des progrès considérables dans les domaines de l’éradication de la pauvreté, de la réduction de la mortalité infantile, de la lutte contre le paludisme et la tuberculose, mais tout cela s’est fait avant le début de l’épidémie à virus Ebola, a-t-il précisé.
Le représentant a expliqué que l’épidémie à virus Ebola a causé un ralentissement des activités économiques de la Guinée, notamment de ses échanges commerciaux, ainsi que la baisse de la productivité et le recul des activités dans les secteurs des transports, dans les investissements et dans le tourisme. Il a souligné que la Guinée a connu une perte de 1,5% de son produit intérieur brut (PIB) du fait du virus Ebola. Il a ensuite salué la mobilisation de la communauté internationale et des Nations Unies en faveur des pays affectés par le virus Ebola, notamment à travers la mise en place de la Mission des Nations Unies pour l’action d’urgence contre Ebola (MINUAUCE)
M. ZAHIR TANIN (Afghanistan) a rappelé qu’aux défis qui se posent en matière de développement, s’ajoute aujourd’hui celui de l’épidémie d’Ebola. Il a appelé à accélérer les efforts mondiaux pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a conseillé de se concentrer sur les OMD dont la réalisation a pris du retard, en renforçant le partenariat au niveau international. En tant que pays en développement sans littoral, il a souligné l’importance de l’aide publique au développement (APD) pour que l’Afghanistan arrive à une croissance durable. Il a reconnu que la technologie était un outil crucial pour réaliser le développement, ainsi que le financement du développement. Il a appelé de ses vœux le succès de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.
M. Tanin a ensuite exprimé sa gratitude au Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable pour sa proposition qui a été adoptée par l’Assemblée générale en vue de la définition du programme de développement pour l’après-2015. Le nouveau programme devrait être ambitieux et transformateur en protégeant l’avenir de la planète tout en répondant aux besoins des pays, a-t-il préconisé. Il a aussi demandé qu’il se base sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée. Enfin, M. Tanin a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud. En tant que représentant d’un pays de la catégorie des moins avancés (PMA) vulnérable aux changements climatiques, il a souhaité le succès des vingtième et vingt et unième Conférences des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), qui auront lieu à Lima fin 2014 et à Paris fin 2015.
M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a déclaré que les leçons apprises de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) devraient servir dans le cadre de la formulation du programme de développement pour l’après-2015. Il a souhaité que ce programme prenne en compte des questions majeures telles que l’éradication de la pauvreté, la lutte contre les inégalités et la préservation de l’environnement. Il a aussi plaidé afin que ce programme donne l’opportunité aux pays en développement de bénéficier des transferts de technologies, et il a précisé que le programme de développement pour l’après-2015 devrait être à la fois robuste, multifacettes et transformatif. Le représentant a par ailleurs demandé que les recommandations de la troisième Conférence internationale des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement soient intégrées dans ce programme en cours d’élaboration, ainsi que la question de la durabilité de la dette. Il a aussi déclaré que la Jamaïque, ainsi que les autres pays des Caraïbes, est durement touchée par les effets des changements climatiques, notamment par des ouragans de plus en plus dévastateurs qui affectent la vie des populations. M. Rattray a, de ce fait, émis le vœu de voir un accord international trouvé sur la question du climat au cours des prochaines COP prévues à Lima et à Paris.
M. XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a regretté que la résolution adoptée par l’Assemblée générale en septembre sur la création d’un cadre juridique sur la restructuration de la dette souveraine n’ait pas été adoptée par consensus. Pourtant, a-t-il relevé, la majorité s’est dégagée pour souligner la nécessité de poursuivre la réflexion dans ce domaine. Il a espéré que la troisième Conférence internationale sur le financement du développement aboutirait à une révision du processus de mise en œuvre du Consensus de Monterrey et de la Déclaration de Doha, afin de revitaliser le processus de suivi du financement du développement. Le programme de développement pour l’après-2015 doit reconnaître les différents défis auxquels sont confrontés les pays en développement, a-t-il demandé. Il faut que les objectifs prévoient l’inclusion économique et sociale, au-delà de l’élimination de la pauvreté.
Le représentant équatorien a aussi plaidé en faveur de la justice climatique, souhaitant que les maigres progrès obtenus avec le Protocole de Kyoto soient renforcés. Il a salué à cet égard les annonces faites lors du Sommet sur le climat, avant la COP20 qui se tiendra à Lima le mois prochain. Plusieurs pays développés, s’est-il plaint, refusent de reconnaître la responsabilité historique qu’ils ont concernant le réchauffement climatique et n’ont pas tenu les promesses qu’ils avaient faites concernant l’aide aux pays les plus touchés, afin que ces derniers puissent prendre des mesures d’adaptation et d’atténuation. Il a, par ailleurs, dénoncé les actions judiciaires intentées par des entreprises multinationales devant des tribunaux d’arbitrage international contre des États, comme le montre l’affaire Chevron-Texaco opposant le Gouvernement de l’Équateur à ces compagnies pétrolières. Les verdicts rendus par ces tribunaux menacent les ressources fiscales des pays et remettent en question la légitimité même des juridictions nationales qui ont condamné les multinationales coupables. Enfin, il a souhaité que soit conclu un accord juridiquement contraignant sur la question de la migration et du développement.
Le représentant du Koweït a salué le rapport du Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable. Il a affirmé que le Koweït soutient toutes les recommandations de ce rapport. Il a indiqué que le Koweït, qui est un pays à haut revenu, a toujours apporté une contribution non négligeable pour soutenir les pays en développement, notamment par le biais du Fonds koweitien pour le développement. Il a déclaré que les activités de développement devraient également bénéficier de la participation du secteur privé et de la société civile et a promis aussi que le Koweït allait respecter l’engagement de verser 0,7% de son PIB au financement du développement en 2015.
Mme STRICKLAND-SIMONET (Samoa) a parlé de la Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement (PEID) qui a eu lieu dans son pays le mois dernier, et dont l’objectif était de jeter un coup de projecteur sur les défis et les réalités que doivent affronter ces pays. Maintenant que les lumières sont éteintes, nous espérons que la meilleure connaissance des questions relatives aux PEID ne sera pas oubliée avec le temps et à cause d’autres questions prioritaires concurrentes. Le Document final de Samoa, appelé « Samoa, la Voie à suivre », est la feuille de route du développement durable de ces pays pour maintenant et à plus long terme, a dit la représentante qui a expliqué que de nombreux partenariats avaient été annoncés à Samoa qui se veulent des partenariats authentiques et durables. Elle a souligné l’importance d’un suivi efficace de ces engagements.
Se félicitant ensuite de la conclusion des travaux du Groupe de travail sur les objectifs de développement durable et du Groupe d’experts indépendants sur ces questions, la représentante a aussi placé beaucoup d’espoir dans la troisième Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra l’an prochain. Elle a estimé qu’il fallait éviter de créer un cadre à « taille unique » pour la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation du futur programme de développement pour l’après-2015. Ce programme, ainsi que les objectifs de développement durable, devront tenir compte des particularités des différents groupes de pays, comme les PEID, a-t-elle demandé. De même, elle a souhaité que le Forum politique de haut niveau, qui est également chargé de ces questions, s’intéresse de près aux problèmes des PEID. Sur la question des changements climatiques qui concerne de près ces pays, elle a salué les engagements pris lors du Sommet sur le climat et a appelé la communauté internationale à rester engagée dans les processus en cours pour trouver des accords sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et sur la réduction des risques de catastrophes.
M. FRED SARUFA (Papouasie-Nouvelle-Guinée), s’exprimant au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a demandé le soutien de la communauté internationale à ces pays pour faire face aux défis qui les interpellent. Il a souligné que la coopération Sud-Sud est importante dans ce cadre, mais qu’elle ne pourra pas se substituer à la coopération Nord-Sud. Il a ensuite invité la communauté internationale à garder à l’esprit le document final de la Conférence internationale des Nations Unies sur les PEID tenue à Samoa, encore appelé « Samoa, la voie à suivre » et qui cristallise les besoins et les exigences qui se posent aux PEID. Il a ensuite demandé que la communauté internationale soutienne les mesures d’adaptation aux changements climatiques qui les affectent particulièrement. Il a ensuite plaidé pour l’adoption d’un accord ambitieux et consensuel sur les changements climatiques au cours des deux prochaines COP de Lima et Paris. Il a souhaité que le Fonds vert pour le climat soit pourvu en ressources nécessaires, afin de permettre aux pays en développement de financer les mesures d’adaptation et d’atténuation. Il a en outre rappelé que les ressources marines sont essentielles pour l’économie et le développement des petits États insulaires en développement du Pacifique.
Mme HELEN BECK (Îles Salomon) s’est félicitée du rapport produit par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable. Elle a déclaré que le développement durable passe par l’assistance des pays développés aux pays en développement, et notamment par les transferts technologiques. La représentante a relevé que les changements climatiques sont un défi majeur de notre temps, et elle a salué le succès du Sommet sur le climat organisé par le Secrétaire général des Nations Unies en septembre. Elle a en outre émis le vœu qu’un accord sur la question soit trouvé d’ici à décembre 2015, date de tenue de la COP21 de Paris. Elle a souhaité que cet accord soit juridiquement contraignant et qu’il prévoie des transferts technologiques et le respect des engagements pris sur la question du financement des mesures d’adaptation et d’atténuation face aux changements climatiques.
M. KHALIL MOHAMAD (Liban) a mentionné trois défis à relever de manière prioritaire pour réaliser le développement durable. Il a ainsi parlé de la bonne gouvernance, qui entraîne une meilleure distribution des pouvoirs et des responsabilités. Il y a aussi, a-t-il ajouté, l’amélioration des capacités technologiques, ainsi que l’élargissement des campagnes de sensibilisation sur les enjeux du développement durable. Le Liban fait face au défi de l’inégalité, a-t-il rappelé, avant de mettre l’accent sur le rôle que doivent jouer les autorités locales pour le relever. De l’avis du représentant libanais, il faut placer les citoyens au centre du programme de développement pour l’après-2015. Il a parlé de la migration des jeunes vers les villes et du chômage très élevé qui touche les jeunes qui restent dans les campagnes. Il a demandé aux jeunes de faire entendre leurs voix, afin d’avoir un impact sur les programmes de développement.
Abordant la question des réfugiés syriens au Liban, qui sont au nombre de 1,3 million, soit l’équivalent de plus d’un quart de la population locale, il a souligné les défis que cela représente pour son pays en termes d’emploi et d’investissement. Il a aussi rappelé les conséquences économiques de la marée noire qui avait eu lieu à la suite de l’agression israélienne de 2006, et qui se font encore sentir aujourd’hui. Enfin, il a souligné que les pratiques israéliennes dans les territoires occupés, à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza, sapent le développement économique de la Palestine. Quatre-vingt pour cent de la population de Gaza continue de dépendre de l’aide humanitaire à cause du blocus, a-t-il indiqué pour illustrer ses propos.
Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a souligné qu’aucun objectif de développement n’était plus important pour le Saint-Siège que l’éradication de la pauvreté extrême, décrite comme un « impératif moral ». « Plus d’un milliard de personnes, soit 15% de la population mondiale, vivent avec moins de 1,25 dollar par jour. Pour combattre les causes structurelles de l’extrême pauvreté, toutes les activités économiques et politiques doivent viser à fournir à chacun les moyens minimaux de vivre dans la dignité et d’être libre de tout besoin fondamental. Sans cette vision, les activités économiques et politiques seraient égoïstes, se résumeraient au mercantilisme et ne contribueraient pas à la lutte contre les causes structurelles de l’extrême pauvreté », a souligné Mgr Auza.
L’Observateur permanent du Saint-Siège a fait valoir que les défis liés aux changements climatiques devaient peser bien plus lourdement qu’actuellement sur les futures politiques de développement. « L’Église catholique, avec son vaste réseau d’écoles et d’institutions sociales à travers le monde, s’engage à promouvoir l’enseignement de la responsabilité environnementale et à combattre à la fois les besoins extrêmes et la culture du gaspillage dans les sociétés riches ». « Pour autant, nous ne devons pas faire de reproches aux pays et individus pauvres qui coupent des arbres par nécessité, pour survivre, et qui sont les plus vulnérables aux effets négatifs des changements climatiques provoqués principalement par la consommation et les émissions de carbone élevées qui ont lieu dans d’autres pays. Il faut plutôt les aider à vaincre ou minimiser ces effets », a dit l’Observateur permanent.
Évoquant la hausse des inégalités, Mgr Auza a noté qu’elle résultait de « politiques qui font la promotion de l’autonomie absolue des marchés et de la spéculation financière en niant aux autorités gouvernementales le droit, ou plutôt le devoir, de réguler les forces aveugles du marché qui, laissées à elles-mêmes, ne feraient que renforcer le développement inégal et œuvrer contre le bien commun ».
Mgr Auza s’est prononcé en faveur d’une meilleure intégration des populations immigrées dans les pays riches « afin d’éviter les conséquences de l’aliénation sociale et de la radicalisation », avant de conclure sur un appel à la paix, car « les plus sérieux revers dans la réalisation des OMD ont aussi été les plus inquiétants, observés dans les pays ravagés par les conflits ».
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