La Première Commission entend les responsables des mécanismes de désarmement et lance son débat thématique sur les armes nucléaires
La Première Commission, chargée du désarmement et de la sécurité internationale, a consacré l’essentiel de sa séance de cet après-midi aux principaux mécanismes de désarmement en entendant leurs responsables dresser le bilan de leurs activités, avant d’ouvrir son débat thématique consacré aux armes nucléaires.
Rappelant les paroles du deuxième Secrétaire général des Nations Unies, Dag Hammarskjöld, qui imaginait deux avenirs possibles pour les Nations Unies, l’un avec un « rôle limité et un mécanisme de conférence statique », l’autre « dynamique au service de l’intérêt général », la Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Angela Kane, a souligné que les capacités du Bureau des affaires de désarmement dépendaient des États Membres. « Ce sont leurs politiques, leurs législations, leurs budgets, leurs institutions et leurs votes qui déterminent ce qui est possible de réaliser », a-t-elle déclaré, avant de souligner les succès obtenus avec le démantèlement de l’arsenal chimique de la Syrie, confirmés ensuite dans son intervention par la Directrice adjointe de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), Mme Grace Asirwatham.
Pour Mme Kane toutefois, si les Nations Unies et les organisations internationales ont su renforcer leurs capacités dans le domaine des armes de destruction massive, « un manque criant » persiste en ce qui concerne le nucléaire. Rappelant qu’aucun État n’est en mesure de faire face à une explosion nucléaire volontaire ou accidentelle, elle a salué la tenue des premières conférences internationales sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires et rappelé que dans ce domaine, « la prévention constitue la seule réponse politique possible ». Ce point de vue a été partagé par le Directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), M. Geoffrey Shaw, qui a regretté que 12 États n’aient toujours pas souscrit aux accords de garanties négatives actuellement en vigueur dans 181 États.
Revenant cependant sur les efforts déployés dans le domaine de la non-prolifération, il a souligné l’augmentation continue du nombre d’installations nucléaires placées sous le régime de garanties de l’AIEA et l’accroissement de la demande en formation qui a représenté une hausse de 37% par rapport à 2013.
Invitant également les États Membres à plus d’efforts dans le domaine du désarmement nucléaire, le Secrétaire exécutif du Comité préparatoire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, M. Randy Bell, a estimé que même si le Traité n’était pas encore entré en vigueur, le moratoire et la surveillance internationale avaient déjà permis d’éviter de nombreux essais nucléaires. « Il faut reconnaître que le régime de vérification fonctionne », a-t-il déclaré, en plaidant néanmoins pour la mise en œuvre de nouveaux mécanismes et l’entrée en vigueur définitive du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.
Au cours de cette séance, les délégations ont également entendu le Président de la Commission du désarmement, M. Drobnjak, qui a déploré que la règle du consensus qui est en principe « une force » soit devenue « sa faiblesse », « faute de souplesse de la part des États » qui empêchent de parvenir à des résultats significatifs depuis les recommandations adressées par la Commission en 2000. Même constat pour le Président de la Conférence du désarmement (CD), M. Dato Muhamed, qui a regretté l’incapacité des États à s’entendre sur un programme de travail. Rappelant que la CD était le seul organe multilatéral du désarmement, il a salué toutefois le rétablissement du Groupe de travail informel chargé de faciliter l’adoption de ce programme.
Après avoir débattu de manière informelle avec ces responsables onusiens, la Première Commission a ouvert son débat thématique en entendant les représentants de l’Union européenne, du Pakistan et de l’Angola.
Réaffirmant son soutien au multilatéralisme et qualifiant les mécanismes du désarmement de « cruciaux et irremplaçables », le représentant de l’Union européenne a réclamé une amélioration des méthodes de travail de la Première Commission pour éviter la pratique répétitive des projets de résolution généraux actualisés d’année en année. Déplorant l’impasse au sein de la Conférence du désarmement, il a aussi salué le rétablissement du Groupe de travail informel sur le programme de travail, se prononçant aussi pour l’élargissement de la composition de cet organe et appuyant la nomination d’un rapporteur spécial à cet effet. Pour l’Union européenne, la priorité est « le lancement immédiat de négociations » pour l’élaboration d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles », a-t-il indiqué.
De son côté, le représentant du Pakistan a dénoncé le manque de volonté politique de certains États « qui défendent le désarmement nucléaire, mais ne font rien en ce sens ». Pour le représentant, ce sont les mêmes États qui n’ont pas ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, alors qu’ils en ont « effectué des milliers », et qui réclament un Traité d’interdiction de la production de matières fissiles qui ne concernerait pas leurs anciens stocks.
La Première Commission poursuivra son débat thématique sur les mécanismes du désarmement le vendredi 17 octobre, à 15 heures, en salle de conférence 4.
DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE (POINTS 87 À 104)
Suite du débat général
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déclaré que la feuille de route de la communauté internationale en matière de désarmement nucléaire devrait être la mise en œuvre de la résolution issue du segment de haut-niveau de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire. Cette feuille de route doit conduire à la destruction totale de ces armes, a-t-il ajouté. Il a également observé que peu de progrès ont été réalisés sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. L’Égypte qui n’a épargné aucun effort pour que cette zone voie le jour appelle à la tenue de la conférence consacrée à cette question, a-t-il dit.
Compte tenu des conséquences du commerce illicite des armes légères et de petit calibre, le représentant a appelé les États à prendre conscience de la surproduction des armes classiques et des énormes stocks accumulés. Il faut que les États producteurs proposent des mesures de confiance pour répondre aux préoccupations concernant ces armes, a indiqué le représentant.
M. Aboulatta a également affirmé que le développement et l’usage d’armes autonomes létales posaient des problèmes à la paix et à la sécurité internationales. Pour la délégation égyptienne, il faudra établir des cadres internationaux régissant ce domaine.
M. LUIZ FELIPE DE MACEDO SOARES, de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL), a rappelé qu’il s’agissait de la seule organisation internationale régionale chargée du désarmement nucléaire et de la non-prolifération, précisant que cette région était l’une des zones exemptes d’armes nucléaires sur 20 millions de km2. « L’Amérique latine n’est pas la Shangri-la, mais il est intéressant de noter qu’aucune crise affectant la paix et la sécurité internationales n’a émané de là depuis de nombreuses années » et aucune nouvelle mission de maintien de la paix n’y a été déployée depuis 2004, a-t-il remarqué. À son avis, ces atouts permettent à l’Amérique latine et aux Caraïbes d’être de plus en plus présents dans les débats et initiatives en faveur d’un monde sans armes nucléaires, rappelant que dans sa dernière déclaration du 26 septembre, l’OPANAL avait clairement invité ses membres à faire pression pour que s’ouvrent des négociations sérieuses en la matière, y compris sur une convention pour l’interdiction des armes nucléaires.
L’OPANAL, en collaboration avec les autres zones exemptes d’armes nucléaires, souhaite lancer un mouvement pour sortir de l’impasse dans les négociations sur le désarmement nucléaire et dépasser les priorités « paralysantes » des puissances nucléaires, a-t-il déclaré, précisant que la troisième Conférence sur les zones exemptes d’armes nucléaires, qui doit avoir lieu en Mongolie l’année prochaine, était particulièrement importante à cet égard. En effet, a-t-il poursuivi, elle devrait permettre de réaffirmer unanimement la position des 115 pays participants, et d’adopter de nouvelles modalités de coordination pour que ceux-ci exercent plus d’influence, y compris dans la mise en place de nouvelles zones de ce type, en particulier au Moyen-Orient.
M. Macedo Soares a exprimé l’espoir qu’à l’avenir la Première Commission ajouterait un débat sur les zones exemptes d’armes nucléaires à son ordre du jour. Cela lui semble d’autant plus urgent à la lumière de la tendance actuelle à la modernisation et à la mise à niveau des arsenaux nucléaires des États dotés de l’armes nucléaires, le représentant craignant une nouvelle course aux armements, « une page de l’histoire que l’on pensait avoir définitivement tournée ».
M. JUAN MARCELO ZAMBRANA TORRELIO (Bolivie) a déploré que 40 ans après l’entrée en vigueur du Traité sur la non-prolifération, les objectifs qu’il s’est fixés n’étaient toujours pas atteints. La communauté internationale doit faire en sorte de parvenir à la destruction totale des armes nucléaires, car il n’est pas acceptable qu’un petit groupe de pays, membres par ailleurs du Conseil de sécurité, puissent soutenir que ces armes constituent une garantie de sécurité pour eux et leurs alliés, alors que d’autres pays n’ont pas le droit d’en posséder, a-t-il déclaré, dénonçant la tendance de certains États de vouloir s’ériger en gendarmes du monde.
EXAMEN THÉMATIQUE DES QUESTIONS À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR (POINTS 87 À 104)
Débat général
Mme ANGELA KANE, Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, a rappelé que l’objectif du Bureau des affaires du désarmement était de renforcer la paix et la sécurité internationales via des initiatives visant à l’élimination et à la non-prolifération des armes de destruction massive. Elle a souligné que les capacités du Bureau des affaires de désarmement dépendaient en premier lieu des États Membres. « Ce sont leurs politiques, leurs législations, leurs budgets, leurs institutions et leurs votes qui déterminent ce qui est possible de réaliser dans le désarmement et la non-prolifération », a-t-elle déclaré, avant d’indiquer que lorsque la volonté politique des États et leurs priorités s’accordaient, et leurs politiques intérieures et extérieures s’accordaient, « de véritables progrès étaient alors possibles ». Elle a cité deux exemples concrets: le démantèlement de l’arsenal chimique de la Syrie et la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité.
« Si les Nations Unies et les organisations internationales ont renforcé leurs capacités à faire face aux armes de destruction massive, il y a un domaine dans lequel il y a un manque criant », a poursuivi Mme Kane, en faisant allusion au désarmement nucléaire. Saluant la tenue des deux premières Conférences internationales sur les conséquences humanitaires d’une explosion nucléaire, elle a souligné que ni les États Membres, ni les organes des Nations Unies, n’étaient en mesure de faire face à un tel scénario. Dans ce contexte, elle a estimé que « la prévention constituait la seule réponse politique possible » et invité tous les États Membres à participer à la prochaine Conférence sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires qui se tiendra à Vienne, en décembre prochain. En conclusion, elle a rappelé les mots du deuxième Secrétaire général des Nations Unies, Dag Hammarskjöld qui envisageait deux avenirs pour les Nations Unies: « un rôle limité avec un mécanisme de conférence statique ou un instrument dynamique au service de l’intérêt général ».
Mme GRACE ASIRWATHAM, Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), a fait le point sur le démantèlement de l’arsenal chimique de la Syrie. Elle a indiqué que 1 300 tonnes d’agents chimiques déclarés par la Syrie avaient été sortis du territoire de ce pays et que 98% avaient été détruits. « C’est un succès remarquable », a-t-elle souligné, avant de tirer quatre enseignements de cette expérience: la mission en Syrie a montré la résilience de la Convention sur les armes chimiques, ce succès a été rendu possible grâce à un effort international sans précédent impliquant une trentaine d’États Membres, cette collaboration sans précédent se poursuit depuis la fin de la mission le 30 septembre dernier et le travail collectif a permis de surmonter les obstacles grâce à de nouvelles solutions techniques. Elle a précisé que la coopération entre l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et les autorités de la Syrie se poursuivait pour détruire les installations de fabrication d’agents chimiques. Revenant sur le rapport interne de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques faisant état de l’usage de chlore, depuis avril dernier dans différentes régions de la Syrie, la représentante a estimé que cela constituait un nouveau défi pour l’OIAC et les États parties.
La représentante a ensuite fait le point sur l’universalisation de la Convention sur les armes chimiques, précisant que 85% des stocks d’armes chimiques déclarés dans le monde avaient été vérifiés et détruits et que l’OIAC continuait ses vérifications avec quelque 241 visites de sites industriels pendant l’année écoulée. Elle a souligné que l’OIAC avait aussi redoublé d’efforts pour renforcer les capacités des États parties, en organisant des sessions d’entraînement spécialisées pour les interventions d’urgence.
En conclusion, elle a rappelé que l’année 2015 serait l’année du centième anniversaire de l’utilisation des premières armes chimiques, sur le front belge lors de la première Guerre mondiale. « Nous allons travailler en étroite collaboration avec les États parties, d’autres organes de désarmement, la société civile et les universités pour que cet anniversaire mette en lumière le travail en cours pour empêcher le retour des armes chimiques », a-t-elle déclaré, avant de saluer le travail des Nations Unies et son soutien à l’OIAC.
M. GEOFFREY SHAW, Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a déclaré que les accords de garanties étaient actuellement en vigueur dans 181 États, dont 173 sont des États non nucléaires. Cependant, a-t-il observé, 12 pays n’ont toujours pas souscrit à ces accords. Le nombre d’États parties aux protocoles additionnels est en outre en constante augmentation, atteignant le nombre de 124. Cela est très encourageant, car l’adhésion à ces protocoles est un outil fondamental pour l’assistance aux États, a estimé M. Shaw.
Il a par ailleurs déclaré qu’un nombre croissant d’installations nucléaires étaient placées sous le régime de garanties, affirmant que ce régime devait s’adapter au nombre et à la complexité croissante de ces installations. Il a aussi affirmé que si la sécurité nucléaire relève de la responsabilité des États, l’AIEA intervient fréquemment pour les aider à préparer et à renforcer les cadres globaux de sécurité. Dans ce domaine aussi, la demande ne cesse de croître, a-t-il poursuivi, précisant que l’AIEA avait fourni une formation à plus de 3 000 personnes entre janvier et juin derniers, soit une augmentation de 37% par rapport à 2013.
M. RANDY BELL, Secrétaire exécutif du Comité préparatoire du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires, a déclaré que même si le Traité n’est pas encore entré en vigueur, il a permis d’éviter la conduite de nouveaux essais nucléaires depuis près de 20 ans. Il faut reconnaître que le régime de vérification des traités a fonctionné, a-t-il dit, même si de nouveaux mécanismes sont nécessaires. Bien qu’évolué et financé à hauteur de près d’un milliard de dollars par les États Membres, ce système international de vérification devra à son avis faire ses preuves une fois que le Traité sera entré en vigueur, a-t-il ajouté. M. Bell a exprimé sa crainte de voir repoussée l’entrée en vigueur de cet instrument: plus son entrée en vigueur tarde, plus l’investissement que représente ce régime sera menacé, a-t-il prévenu.
S’exprimant en tant que Président de la Conférence du désarmement, M. DATO MAZIAN MUHAMMED (Malaisie), a souligné que même si la Conférence du désarmement n’a pas été en mesure d’adopter un programme de travail, cette session a néanmoins permis de mettre en avant le rétablissement du groupe de travail informel destiné à faciliter l’adoption d’un programme de travail. Il a indiqué que ce groupe de travail avait mené des consultations depuis son rétablissement en mars 2014 mais qu’en dépit des trois réunions organisées au cours de cette session les délégations n’avaient pas pu s’entendre sur un programme de travail commun.
Le président a précisé que des réunions officieuses ont également été organisées sur tous les points à l’ordre du jour. Ces réunions ont permis de dégager les quatre propositions formulées par le Secrétaire général de la Conférence du désarmement pour améliorer son fonctionnement: la conduite de négociations sur des points communs pour préparer des conventions-cadres qui seront ultérieurement complétées par des protocoles négociés, l’examen des questions pour lesquelles des régimes contraignants pourraient être envisagés, l’amélioration des méthodes de travail et l’organisation d’une conférence officieuse avec la société civile. « Ces propositions ont été débattues, mais les États Membres n’ont pas pu se mettre d’accord », a indiqué le Président, précisant qu’il avait néanmoins pris l’initiative de convoquer la conférence officieuse avec la société civile en novembre prochain, à Genève.
« Le fait même que la Conférence du désarmement n’ait pu lancer ses travaux depuis 18 ans est une source de préoccupation », a dit le Président, rappelant les appels répétés du Secrétaire général des Nations Unies pour que la Conférence du désarmement entame effectivement son travail substantiel. « Je suis certain que nous pourrons progresser et je suis impatient d’avoir de nouvelles consultations pour dégager des idées et lancer les travaux lors de la session 2015 », a-t-il conclu.
M. VLADIMITR DROBNJAK, Président de la Commission du désarmement des Nations Unies, a déclaré que la force et la faiblesse de la Commission qu’il préside sont qu’elle doit adopter ses délibérations par consensus, et l’obtention du consensus sur un sujet aussi sensible que le désarmement exige une grande souplesse de la part des délégations. C’est ainsi que la session de fond de 2014, en dépit des efforts des uns et des autres, n’a fourni aucun résultat, a-t-il déploré.
M. Drobnjak a également estimé que les blocages qui se manifestent au sein de la Commission devraient inciter ses membres à revoir ses objectifs, y compris en élargissant les sujets dont celle-ci est saisie. Il faut l’orienter vers des résultats, a dit son Président, souhaitant que le projet de résolution qui sera étudié à l’Assemblée générale puisse être adopté par consensus pour sortir la Commission de son impasse. En concluant, le Président a révélé le peu d’enthousiasme dont faisaient preuve les membres de la Commission, qui manquait par ailleurs de candidats, y compris pour le poste de président.
S’exprimant en tant que Président du Conseil consultatif pour les questions de désarmement auprès du Secrétaire général des Nations Unies, M. ISTVAN GYARMATI a renvoyé au rapport du Secrétaire général présenté à la Première Commission qui passait en revue les activités du Conseil. Il a précisé que les travaux s’étaient concentrés cette année sur deux points.
Le premier a concerné les drones, avec « des discussions intéressantes et des propositions soumises au Secrétaire général », qui a donné son accord à la réalisation d’une étude approfondie sur la question des armes autonomes. Le second a porté sur la situation de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), qui a comporté un certain nombre de questions, telles que: comment trouver un nouveau directeur? Comment maintenir cette institution de recherche qui n’est pas financée par les Nations Unies? Comment poursuivre les recherches et résoudre les questions administratives et juridiques qui découlent de son statut spécial?
En conclusion, il a présenté les trois sujets qui seront à l’ordre du jour du Conseil consultatif en 2015: l’utilisation du contrôle des armes pour la gestion des conflits, les incidences humanitaires des armes nucléaires et le contrôle des acteurs non étatiques. Il a indiqué que des recommandations seraient formulées à cette occasion.
Mme THERESA HITCHENS, Directrice de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), a déclaré que l’avantage de l’Institut est de pouvoir travailler de façon indépendante, hors de l’influence des États. L’UNIDIR contribue au renforcement des capacités des États et autres organisations, a indiqué la Directrice, exposant que l’UNIDIR a développé un logiciel sur la question des armes légères et de petit calibre. L’Institut a également mené une étude sur le recours aux armes nucléaires, dans laquelle il s’oppose résolument à leur utilisation.
Mme Hitchens a indiqué que la plupart des fonctionnaires de l’UNIDIR provenaient d’autres agences des Nations Unies et travaillaient souvent avec des contrats de courte durée. L’Institut, qui est financé par des contributions volontaires doit continuer d’être soutenu, en dépit des restrictions budgétaires, car les coûts ont considérablement augmenté en raison des nombreuses demandes d’études qui lui sont adressées. Les délégations apprécient notre travail, a affirmé sa Directrice, indiquant que 87% des fonds reçus étaient consacrés à la réalisation de projets spécifiques, et ne tenaient pas compte du besoin de rémunérer les employés institutionnels dont l’UNIDIR a besoin. Pour corriger ce problème, il faudrait élargir l’assise des bailleurs de fonds et celle des contributions au budget ordinaire de l’Institut, a-t-elle proposé.
S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. IOANNIS VRAILAS a réaffirmé son soutien au multilatéralisme, soulignant que le rôle et la contribution des mécanismes onusiens étaient « cruciaux et irremplaçables ». Il a toutefois estimé que ces organes devaient améliorer leurs performances pour remplir le mandat qui leur avait été confié. Citant l’entrée en vigueur prochaine du Traité sur le commerce des armes et la ratification par les États dotés du Protocole additionnel au Traité de Semipalatinsk établissant une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, le représentant a estimé que cela « prouvait que les négociations pouvaient produire des résultats ».
Abordant les méthodes de travail de la Première Commission, il a insisté sur son rôle de forum, souhaitant qu’elle se penche sur des défis actuels, au lieu de maintenir la pratique consistant à procéder de manière formelle et simple, en mettant à jour des projets de résolution adoptés dans le passé. Il a plaidé pour des résolutions biannuelles ou trisannuelles et salué l’initiative du Président de convoquer un groupe de travail informel pour examiner les moyens d’améliorer les travaux de la Première Commission.
Le représentant a rappelé le rôle central de la Conférence du désarmement pour négocier de manière multilatérale les traités de désarmement. Se disant « déçu » de l’impasse qui persiste depuis plus de 10 ans, il a néanmoins salué le rétablissement d’un groupe de travail informel destiné à avancer sur un Programme de travail et à structurer les discussions. Il a également apporté son soutien à l’élargissement de la composition de la Conférence du désarmement, soutenant les consultations sur ce point et la nomination d’un rapporteur spécial à cet effet. Soulignant la place de la société civile dans les efforts internationaux de désarmement et de non-prolifération, il a exprimé son appui au renforcement des interactions entre la Conférence du désarmement et des organisations non gouvernementales ou des institutions de recherche.
Rappelant les priorités de l’Union européenne, il s’est prononcé pour « le lancement immédiat de négociations » pour l’élaboration d’un Traité d’interdiction de la production de matières fissiles, invitant les délégations à faire preuve de « souplesse » et les États dotés qui ne l’ont pas encore fait à décréter « immédiatement un moratoire sur la production de matières fissiles ». À cet égard, il a aussi salué les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux sur un Traité d’interdiction de la production de matières fissiles dont les conclusions seront présentées en 2015.
En conclusion, le représentant de l’UE a souligné la frustration suscitée par la Commission du désarmement qui n’a pas été en mesure de se mettre d’accord sur les recommandations qui lui ont été formulées en 2000. Il a déploré que les méthodes de travail de la Commission soient détournées à des fins politiques et soutenu vigoureusement l’initiative de son Président consistant à demander aux États membres de faire des propositions pour revitaliser ses travaux.
Mme MARIA DE JESUS FERREIRA (Angola) a dit reconnaître les contributions positives de l’usage pacifique de l’énergie nucléaire, estimant qu’il fallait souligner le rôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique et intensifier la coopération internationale en la matière.
Au regard du désarmement nucléaire, l’Angola qui n’a aucune installation de ce type et ne prévoit d’en avoir, estime que chaque État doit s’engager à détruire les armes nucléaires dont il dispose. En tant que pays qui entend utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques pour son développement, l’Angola réaffirme la nécessité de renforcer l’AIEA, a conclu le représentant.
M. ZAMIR AKRAM (Pakistan) s’est déclaré inquiet du peu d’avancées en matière de désarmement nucléaire, causé à son avis par les blocages de près de 20 ans à la Conférence du désarmement provoqués à son avis par le manque de volonté politique de certains États. Ils prétendent être favorables au désarmement nucléaire, mais ne font rien en ce sens, a-t-il déploré.
Ces mêmes États n’ont par ailleurs accepté de ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires qu’après avoir effectué des milliers d’essais nucléaires, a-t-il souligné, en faisant valoir que ces mêmes États possédaient aujourd’hui encore d’immenses quantités de matières fissiles, tout en demandant l’arrêt de leur production. Or, a poursuivi le représentant, un futur traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles ne devra pas seulement concerner l’interdiction de la production, mais aussi viser l’élimination des stocks existants.
Étant donné ces blocages, la seule question ouverte à l’examen est celle des garanties négatives de sécurité, qui ne menacent d’ailleurs pas la sécurité des États dotés, a estimé le représentant.