En cours au Siège de l'ONU

Soixante-neuvième session, Première Commission
5e séance – matin
AG/DSI/3500

Première Commission: les États non dotés dénoncent le manque d’engagement des puissances nucléaires dans le désarmement

La Première Commission chargée des questions de désarmement et de la sécurité internationale a poursuivi son débat général en entendant ce matin les représentants de 17 États, qui ont pour la plupart déploré le manque d’avancées dans le désarmement nucléaire et la nécessité de poursuivre les efforts en matière de contrôle des armes conventionnelles.

« Déception est le premier mot qui nous vient à l’esprit quand on parle de désarmement; aucun objectif des Nations Unies n’a été aussi peu atteint que celui du désarmement nucléaire », a déclaré dans son allocution, le représentant du Bangladesh, résumant le sentiment de nombre d’États non dotés d’armes nucléaires intervenus ce matin.  Pour le Brésil, le non-respect des engagements pris par les puissances nucléaires porte atteinte aux efforts internationaux et à la crédibilité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Pour le Botswana, l’existence même de ces armes, 46 ans après l’entrée en vigueur du TNP, soulève une série de « questions sur la volonté réelle des puissances nucléaires de se débarrasser de ces armes ».  De son côté, le Kazakhstan a reproché aux États dotés de ne pas prendre les « décisions fermes et nécessaires » en vue de parvenir à l’élimination totale de ces armes.

Dans ce contexte, les États non dotés ont tous salué l’organisation des deux premières Conférences internationales sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires en 2013 et février 2014, s’engageant à participer à la troisième réunion prévue à Vienne, en Autriche, à la fin de l’année.  Les Pays-Bas ont notamment estimé que ces Conférences offraient un nouveau paradigme pour appréhender les questions du désarmement sous un angle humanitaire.  Rappelant le soixante-dixième anniversaire des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki en 2015, le Japon a défendu une stratégie « des trois réductions: réduction du nombre de têtes nucléaires, de leur rôle dans les doctrines militaires et des incitations à en posséder ».  Son représentant a également indiqué qu’il présenterait un projet de résolution intitulé « Unis pour l’élimination totale des armes nucléaires » et destiné à réaffirmer l’engagement de tous les États vers cet objectif.

Soulignant les efforts déployés par les États non dotés pour respecter leurs engagements de non-prolifération, le Kazakhstan, l’Uruguay, le Bénin, la Zambie, le Cambodge, les Maldives et la Thaïlande ont rappelé leur appartenance aux zones exemptes d’armes nucléaires d’Asie centrale, d’Afrique, d’Amérique du Sud et des Caraïbes et d’Asie du Sud-Est, respectivement.  Ils ont appelé les puissances nucléaires à rejoindre les protocoles aux traités les instaurant et ont réclamé la mise en œuvre du Plan d’action de 2010 qui prévoit aussi la création d’une telle zone au Moyen-Orient.  Plusieurs représentants ont aussi souhaité que la prochaine Conférence d’examen du TNP prévue pour 2015 soit l’occasion, pour les puissances nucléaires, de renouveler leur engagement ferme en faveur de l’élimination de leurs arsenaux.  Le Kazakhstan a souligné l’urgence de voir les puissances nucléaires déclarées ou pas, signer et ratifier le Traité d’interdiction des essais nucléaires pour permettre son entrée en vigueur dans les plus brefs délais.  Le Japon, le Brésil et les Pays-Bas ont pour leur part insisté sur la nécessité de parvenir à un Traité encadrant la production de matières fissiles.  S’inquiétant du déploiement éventuel d’armes nucléaires par la Fédération de Russie, en mer Noire ou sur le territoire de la Crimée, l’Ukraine a souligné l’importance d’encadrer les garanties de sécurité négative par un instrument juridiquement contraignant négocié au sein de la Conférence du désarmement.

Au-delà de ces préoccupations liées au manque de progrès en matière de désarmement nucléaire, nombre d’États ont rappelé le fléau que constituait la circulation des armes conventionnelles en général et des armes légères et de petit calibre en particulier.  Le Bénin, le Botswana, l’Uruguay ou le Guatemala les ont ainsi qualifiées de « véritables armes de destruction massive » pour l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes où elles alimentent la criminalité transnationale organisée et le terrorisme lesquels fragilisent ou déstabilisent les États de ces régions.  Les Philippines ont rappelé que ces armes avaient aussi longtemps alimenté le conflit avec le Front de libération islamique Moro, qui est toutefois sur le point de trouver une solution pacifique négociée.

Insistant sur l’importance du marquage et de la traçabilité de ces armes, bon nombre de représentants ont salué l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, ainsi que les conclusions de la cinquième Conférence biennale d’examen du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.  Les Pays-Bas ont souligné qu’il fallait maintenant « connecter » ces deux instruments pour renforcer encore la régulation du commerce des armes.  De son côté, la Syrie a estimé que « les actes terroristes » perpétrés sur son territoire « n’auraient pu avoir lieu sans le soutien logistique et financier de certains États, qui ont fourni des armes à des groupes terroristes ».  Exerçant son droit de réponse, la Turquie a dénoncé une manœuvre visant à détourner l’attention sur la réalité de la situation en Syrie.

La Première Commission reprendra son débat général lundi 13 octobre 2014, à 15 heures, en salle de conférence 4.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Suite des déclarations

M. HENK COR VAN DER KWAST (Pays-Bas) s’est félicité de l’entrée en vigueur, en décembre prochain, du Traité sur le commerce des armes, le qualifiant de « Traité historique ».  Il a fait part de ses préoccupations quant à la mise en œuvre du Plan d’action adopté lors de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2010 et a souhaité que la prochaine conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération prévue en 2015 puisse permettre de nouvelles avancées dans le désarmement.

Le représentant a salué la tenue de deux conférences internationales sur les conséquences de l’utilisation des armes nucléaires, exprimant l’espoir que la prochaine, programmée pour la fin de l’année, à Vienne, en Autriche, permettra d’appréhender les questions de désarmement nucléaire sous un angle humanitaire.  Il a également souligné la nécessité de parvenir à l’élaboration d’un Traité d’interdiction de la production de matière fissile. 

Saluant le travail de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) qui a assuré le démantèlement du programme d’armes chimiques de la Syrie, il l’a qualifié de « succès de la diplomatie internationale », mais s’est inquiété des derniers rapports faisant état de l’usage d’armes chimiques depuis avril dernier, par des hélicoptères que « seul le régime syrien possède ».

Abordant la question des armes légères et de petit calibre (ALPC), le représentant a rappelé qu’elles étaient « de véritables armes de destruction massive ».  En dépit du succès de la cinquième Conférence biennale d’examen du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, il a estimé qu’il restait « encore beaucoup à faire » pour assurer la traçabilité des armes et lier ce programme au Traité sur le commerce des armes.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a déclaré que le non-respect des engagements pris par les États dotés d’armes nucléaires portait atteinte au processus de non-prolifération nucléaire.  La Conférence d’examen de 2015 doit permettre à ces pays de s’engager à nouveau dans ce processus à terme, notamment dans les domaines de l’interdiction de la possession, du développement, du transfert et de la destruction complète de ces armes et d’aboutir, par ailleurs, à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, seule garantie de paix dans la région, a-t-il souligné.

M. Patriota a également affirmé que la Conférence du désarmement restait l’organe pertinent de négociations multilatérales pour les affaires de désarmement.  C’est pourquoi cet organe doit parvenir sans tarder à la rédaction d’instruments internationaux juridiquement contraignants en dans le domaine de la production de matière fissile et de garanties de sécurité négative.

S’agissant du programme nucléaire iranien, le représentant s’est félicité des pourparlers engagés entre l’AIEA et le Gouvernement iranien, invitant toutes les parties à faire preuve de bonne foi à cette occasion.  Il a également fait part de sa satisfaction devant la destruction des armes chimiques déclarées par la Syrie, quoique certains doutes subsistent sur la véracité de ces informations, notamment après l’utilisation récente de ce type d’armes, a-t-il précisé.

M. Patriota s’est également félicité de la prochaine entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, appelant les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier cet instrument important.

M. BARLYBAI SADYKOV (Kazakhstan) a affirmé que le désarmement et la non-prolifération étaient les « priorités «  de son pays.  Il a rappelé la fermeture du plus grand site d’essais nucléaires sur son territoire et le renoncement volontaire du Kazakhstan au quatrième plus important arsenal nucléaire du monde.  À l’approche de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2015, il a déploré que les États non dotés de ces armes manquent à leurs obligations et que les États dotés ne prennent pas les décisions fermes nécessaires pour l’élimination de leurs armes nucléaires.

Il a rappelé son soutien au lancement de négociations en vue de l’élaboration d’une convention d’interdiction des armes nucléaires au sein de la Conférence du désarmement, appelant tous les États qui ne l’avaient pas encore fait de signer et ratifier le Traité pour permettre son entrée en vigueur dans les plus brefs délais.  S’il a salué le moratoire international sur les essais nucléaires, il a estimé en revanche que celui-ci ne pouvait pas se substituer au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).

Se disant préoccupé par les essais nucléaires menés par la République populaire démocratique de Corée RPDC), il a appelé cet État à se conformer aux décisions du Conseil de sécurité et à reprendre les négociations internationales pour trouver une issue pacifique à la crise actuelle.

Le représentant a aussi rappelé que son pays avait connu les retombées catastrophiques des essais nucléaires et a salué la tenue de conférences internationales sur les conséquences de l’utilisation des armes nucléaires.  Il a défendu la zone exempte d’armes nucléaires mise en place en Asie centrale par le Traité de Semipalatinsk, appelant à la multiplication de telles zones dans le reste du monde.  Il a déploré à cet égard que la conférence internationale prévue pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient n’ait pas pu avoir lieu en 2012, appelant à son organisation dans des délais brefs.

Soulignant la participation de son pays au Groupe d’experts gouvernementaux chargé de se pencher sur l’élaboration d’un Traité d’interdiction de la production de matière fissile, il a souhaité que des négociations puissent démarrer pour parvenir à un traité contraignant dans ce domaine.

M. Sadykov a enfin évoqué les mécanismes de désarmement, en rappelant que la Conférence du désarmement était le seul organe multilatérale de négociations du désarmement, et a appelé ses membres à adopter un programme de travail permettant d’avancer sur quatre points: la convention d’interdiction des armes nucléaires, l’élaboration d’un Traité d’interdiction de la production de matière fissile, la prévention d’une course aux armements dans l’espace et l’élaboration d’un traité pour encadrer les garanties de sécurité négative données aux États non dotés de l’armes nucléaires.

M. NORACHIT SINHASENI (Thaïlande) a indiqué que les zones exemptes d’armes nucléaires constituaient des mesures de renforcement de la confiance, et a émis le vœu de voir la région d’Asie du Sud-Est arriver à un accord sur cette question.  Il a relevé que l’an prochain marquera le soixante-dixième anniversaire des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, et a dit qu’en mémoire des victimes, la communauté internationale avait la responsabilité d’éduquer les jeunes générations.

Le représentant a par ailleurs réaffirmé l’engagement de son pays à œuvrer à la non-prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques, notamment par la mise en place de plus de 30 agences nationales travaillant dans ce sens.  Il a également noté que l’énergie et la technologie nucléaires présentaient des avantages importants, mais a précisé que l’usage de l’énergie nucléaire devrait s’accompagner de mesures de sécurité et d’une compétence technique adéquate.

Il s’est en outre préoccupé de la prolifération d’armes légères et de petit calibre, ajoutant que le Traité sur le commerce des armes était le cadre multilatéral principal de coopération en la matière.  Il a également affirmé qu’en tant que l’un des premiers États à avoir ratifié la Convention sur les mines antipersonnel, la Thaïlande œuvrait, depuis 15 ans, à remplir ses obligations en matière de déminage, d’assistance aux victimes et d’éducation aux risques liés aux mines.

M. JEAN-FRANÇIS R. ZINSOU (Bénin) a indiqué que les accidents nucléaires et les dégâts que causent les armes légères et de petit calibre, devenues de « véritables armes de destruction massive », devront inciter le monde à persévérer dans la recherche des moyens de leur élimination totale, sous contrôle fiable.  Il a ensuite appelé les grandes puissances à poursuivre leurs négociations pour convenir à de nouvelles réductions des stocks d’armes nucléaires afin de rapprocher le monde graduellement de « l’Option Zéro ».  Le représentant a en outre dit sa préoccupation face aux difficultés de la Commission du désarmement qui a achevé son cycle sans véritablement réaliser les avancées escomptées sur les points inscrits à son ordre du jour.  Il a ajouté que la situation est pratiquement la même en ce qui concerne la Conférence du désarmement qui est victime de la règle du consensus qu’elle s’est imposée.

M. Zinsou a par ailleurs affirmé que l’Afrique soutenait résolument la lutte contre l’atome utilisée à des fins militaires, comme en témoignent la signature et l’entrée en vigueur du Traité de Pelindaba « qui fait la fierté du continent africain ».

Il a par ailleurs indiqué que les armes classiques et leurs munitions constituaient un autre fléau qui continue de faire des ravages.  « Le TCA constitue une très grande réalisation des Nations Unies pour le bien de l’humanité », a-t-il souligné.  Il a ajouté que la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC), ainsi que celle de leurs munitions restaient un sujet de préoccupation majeur.  Il a noté que la facilité avec laquelle les groupes armés s’en procurent pour conduire des guerres asymétriques contre les États, appelait à la mise en œuvre conséquente de ce Traité.

M. GONZALO KONCKE (Uruguay) a fait valoir l’engagement de son pays dans la lutte contre le trafic, le stockage et l’usage injustifié d’armes légères, car « les armes conventionnelles sont de vraies armes de destruction massive en Amérique latine et dans la région des Caraïbes, qui menacent les populations civiles, principalement les femmes et les enfants ».

Parmi les 50 premiers États signataires du Traité sur le commerce des armes, l’Uruguay estime que ce document aura des conséquences fondamentales dans les conflits armés, principalement pour les victimes civiles, a-t-il affirmé.  À son avis, cet instrument devrait également promouvoir la paix et la sécurité, le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire, et déstabiliser les transferts d’armes dans les zones de conflits.

M. Koncke a également apporté le soutien de son pays au Programme d’action des Nations Unies pour prévenir, combattre et éradiquer le trafic illégal d’armes légères dans tous ses aspects, y voyant un instrument d’importance vitale et une référence internationale en la matière.

Concernant les armes nucléaires, l’Uruguay, État partie au Traité de Tlatelolco qui a établi une zone exempte d’armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, est favorable à la création de zones similaires dans le monde entier, a indiqué M. Koncke, appelant par ailleurs à une plus grande volonté politique pour que la Conférence d’examen du TNP en 2015 débouche sur des avancées concrètes en faveur du désarmement nucléaire.

Le représentant a par ailleurs salué l’adhésion de la Syrie à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, et il a conclu en appelant à un élargissement de la Conférence du désarmement à de nouveaux pays, y compris l’Uruguay.

M. BASHAR JA’AFARI (Syrie) a déclaré que 40 ans après l’adoption du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, il était temps que les États dotés, dont Israël respectent son article 6.  Seule l’adhésion d’Israël au Traité sur la non-prolifération pourrait apporter la paix dans la région, a-t-il dit, déplorant que des pays membres du Conseil de sécurité fournissent à ce pays des technologies nucléaires et continuent de protéger son exception nucléaire, au risque de menacer la paix et la sécurité dans la région.

La communauté internationale doit également respecter l’article 4 dudit Traité qui reconnait aux États le droit de se servir de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, a poursuivi le représentant, affirmant par ailleurs, qu’en tant que seul organe des Nations Unies compétent pour les affaires de désarmement, la Conférence du désarmement devait entamer des négociations pour parvenir à la création d’instruments internationaux juridiquement contraignants en matière de production de matière fissile, de démilitarisation de l’espace extra-atmosphérique et de garanties de sécurité négative aux États non dotés.

M. Ja’afari a affirmé que les actes terroristes perpétrés dans son pays n’auraient pu avoir lieu sans le soutien financier et logistique de certains États.  En effet, a-t-il poursuivi, malgré l’interdiction inscrite dans les traités internationaux de fournir des armes à des groupes terroristes, la réalité est que des armes leur parviennent et sabotent la paix et la sécurité dans la région, comme on l’a vu dans le Golan syrien.  « La Turquie et l’Arabie saoudite ont équipé les groupes terroristes comme Al-Nosra en armes chimiques.  Ces pays critiquent aujourd’hui la Syrie mais oublient leur propre implication dans la crise.  La Turquie, par exemple, a créé pas moins de 106 groupes terroristes, qu’elle a armés et équipés avant de les envoyer en Syrie.  De récents massacres perpétrés par l’État islamique à la frontière entre les deux pays en témoignent », a-t-il dit.

Le représentant a par ailleurs souligné la bonne foi des autorités de son pays qui s’est manifestée par leur adhésion et ratification de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’usage des armes chimiques et sur leur destruction de 1992, leur coopération avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), et leur engagement de détruire leur arsenal d’armes chimiques.  Il a regretté que le rapport d’établissement des faits de l’OIAC portant sur l’utilisation de chlore en Syrie et destiné à l’usage interne de l’organisation, ait été utilisé par certaines délégations au cours du débat.

Mme IRENE SUSAN NATIVIDAD (Philippines) a indiqué que la Constitution des Philippines proscrit l’usage d’armes nucléaires, et a salué les efforts de toutes les parties, y compris la société civile, œuvrant à l’atteinte de l’objectif de « l’Option Zéro ».  Elle a également appelé au début des discussions sur une convention sur l’élimination des armes nucléaires qui devrait conduire à l’interdiction et l’élimination d’armes nucléaires.  Elle a ainsi invité la Commission du désarmement à reprendre du service dans l’optique de l’adoption d’une telle convention, estimant que la Commission du désarmement avait connu un long temps d’arrêt et qu’il était désormais temps de se remettre au travail.  Elle a rappelé, en outre, que son pays était un fervent défenseur de l’élargissement du nombre des membres de la Commission, afin que le travail dévolu à celle-ci soit finalement mené à terme.

Évoquant la question des armes conventionnelles, la représentante s’est félicitée des perspectives de paix qui se profilaient dans le sud des Philippines grâce à l’engagement du Gouvernement de son pays et du Front de libération islamique Moro.  « Pendant très longtemps, la présence de dizaines de milliers d’armes a posé un risque grave pour le processus de paix.  Nous espérons que désormais, avec le retour de la paix, la présence de ces armes n’aura plus de raison d’être », a-t-elle déclaré.

M. NKOLOI NKOLOI (Botswana) a estimé que l’existence même d’armes nucléaires soulevait une série de questions sur la véritable détermination des États dotés à remplir leurs obligations de désarmement, conformément au Traité sur la non-prolifération.  Il a réitéré son soutien à l’élimination totale de ces armes et à l’élaboration d’une convention d’interdiction de celles-ci, saluant l’organisation des premières conférences internationales sur les conséquences humanitaires de leur usage accidentel ou volontaire.

Le représentant a par ailleurs fait part de sa profonde préoccupation au sujet de la circulation illicite des armes légères et de petit calibre.  « Leur accumulation et leur prolifération hors contrôle alimentent tous les conflits », a-t-il affirmé, avant de rappeler l’engagement de son pays dans la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.  « L’enregistrement, la traçabilité et le marquage des armes légères et de petit calibre sont indispensables pour endiguer le trafic », a-t-il souligné.   

M. Yuriy SergeyeV (Ukraine) a rappelé l’adhésion de son pays au Traité sur la non-prolifération en 1994 et ses efforts pour éliminer tous ses stocks d’uranium enrichi, ainsi que la signature, en 1994, d’un accord trilatéral entre les États-Unis, la Fédération de Russie et l’Ukraine pour encadrer son renoncement à l’arme nucléaire.  Il a déploré que 20 ans plus tard, la situation dans la région soit marquée par l’agression de la Russie contre son pays, l’occupation et l’annexion de son territoire en Crimée et la déstabilisation des régions du sud-est de l’Ukraine.  « De telles actions sont des violations graves des normes internationales, de la Charte des Nations Unies et de nombre d’accords internationaux, régionaux ou bilatéraux », a-t-il affirmé.  Rappelant aussi le Mémorandum de Budapest de 1997 qui stipule l’obligation pour la Fédération de Russie de ne déployer des armes nucléaires dans la région de la mer Noire, le représentant a estimé qu’il n’était « pas possible aujourd’hui d’exclure un tel déploiement dans la région autonome de Crimée », ce qui constituerait à son avis « un défi grave au régime de non-prolifération et nécessiterait une réaction de la communauté internationale ».

Le représentant a par ailleurs souligné le rôle central des zones exemptes d’armes nucléaires, réitérant son appui à la création d’une telle zone au Moyen-Orient et qualifiant l’organisation d’une conférence internationale à cet effet de « priorité ».  Il a appelé à l’universalisation du Traité d’interdiction des essais nucléaires, estimant que le mémorandum international ne pouvait pas se substituer à un traité international juridiquement contraignant.  Il a également plaidé pour le lancement de négociations pour l’élaboration d’un traité d’interdiction de la production de matière fissile, mettant l’accent sur la nécessité de créer un instrument international juridiquement contraignant pour encadrer les garanties de sécurité négative indispensables aux États non dotés de l’armes nucléaires. 

Mme MONICA BOLANO PEREZ (Guatemala) a affirmé que des millions d’armes légères et de petit calibre circulaient dans son pays, causant des milliers de morts et perpétuant la violence et l’insécurité.  Le flux croissant de ces armes est alimenté notamment par le crime organisé et la guerre civile qui a ravagé le pays pendant des années.  Aucun pays ne peut répondre seul à ce défi du commerce illicite de ces armes et à ses effets délétères, a-t-elle indiqué, se félicitant à ce propos de la prochaine entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes.

La représentante a également salué les conclusions de la dernière conférence d’examen du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, tout en exprimant sa préoccupation face aux faibles progrès enregistrés sur la question des munitions.  À son avis, cette question est fondamentale, car ce sont les munitions qui donnent aux armes leur force létale.

S’agissant de la non-prolifération nucléaire, la représentante a affirmé que le processus ne serait complet que si les trois piliers du Traité -désarmement, non-prolifération et usages pacifiques de l’énergie nucléaire-, reçoivent la même attention.  Il s’agit d’un instrument juridiquement contraignant, qui impose des obligations aux États.  Ceux-ci ne peuvent donc pas se contenter de déclarations d’intention, a-t-elle dit, en soulignant que les États non dotés respectaient leurs engagements dans ce domaine.  « Il est donc temps que les États dotés en fassent autant », a-t-elle lancé.

M. Mwaba Patricia Kasese-Bota (Zambie) s’est joint aux appels de la communauté internationale demandant aux États de cesser d’investir massivement dans les budgets militaires au risque de relancer la course aux armements, invitant en particulier les États qui souhaitent se doter d’armes nucléaires à ne pas le faire.  Il n’y a pas de vainqueurs dans une guerre nucléaire, et l’ensemble des États devraient s’orienter vers un monde exempt de ces armes, a-t-il déclaré.

Le représentant a par ailleurs salué la prochaine entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes.  Il est à espérer que ce Traité permettra de contrôler strictement le commerce des armes, a-t-il souhaité, émettant le vœu que les délibérations de la Première Commission contribuent au renforcement de ce Traité.  

M. RY TUY (Cambodge) a rappelé l’attachement de son pays à l’élaboration d’une convention d’interdiction des armes nucléaires et à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction des essais nucléaires dans les plus brefs délais.  Rappelant l’appartenance de son pays à la zone exempte d’armes nucléaires d’Asie du Sud-Est instaurée par le Traité de Bangkok, le représentant a souligné les efforts déployés pour engager les États dotés à ratifier le protocole au Traité.  Il a également défendu la tenue d’une conférence internationale pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, appelant à son organisation sans plus tarder.

Abordant la question des mines antipersonnel et des explosifs rémanents de guerres, il a souligné la menace constante que ceux-ci constituaient pour les populations civiles, rappelant l’ouverture en 2012 d’un centre régional de lutte antimines au Cambodge et saluant l’assistance internationale offerte à son pays et à la région via ce centre.

Il s’est également félicité de l’entrée en vigueur prochaine du Traité sur le commerce des armes, précisant que son pays accueillerait en novembre prochain un atelier de formation intitulé « Assistance légale pour la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes » et destiné à faciliter l’entrée en vigueur du Traité dans la région de l’Asie du Sud-Est.

M. EDWARD VICTOR MASALLA (République-Unie de Tanzanie) a appelé à un « désarmement total, complet et irréversible d’armes nucléaires et de toutes les armes de destruction massive ».  Il a évoqué les conséquences catastrophiques d’une détonation nucléaire, et a affirmé qu’il était de l’intérêt même de la survie de l’humanité que les armes nucléaires ne soient utilisées dans aucune circonstance dans le monde.  Il a ainsi appelé à l’adoption d’un instrument légal interdisant un tel usage, afin de renforcer le TNP.

Le représentant a par ailleurs rappelé que son pays était signataire, depuis 1996, du Traité de Pelindaba établissant une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, et a appelé à l’établissement de telles zones partout dans le monde, y compris au Moyen-Orient.

M. Masalla a également exprimé son inquiétude sur les implications de la course aux armements, notamment le déploiement de systèmes de missiles balistiques dans l’espace.  « Les armes nucléaires doivent être détruites avant qu’elles ne détruisent le monde », a-t-il lancé.

M. AHMED SAREER (Maldives) a qualifié « d’impératif moral » le devoir de toutes les nations de préserver la paix et la sécurité.  C’est pour cette raison, a-t-il dit, que les Maldives joignent leur voix à celles qui appellent à la non-prolifération, au non-stockage et à la non-militarisation de l’espace extra-atmosphérique.  Le représentant a également souligné qu’aucune nation n’a les moyens de confronter seule les conséquences humanitaires ou environnementales de l’usage de ces armes, se félicitant de l’attention croissante portée par la communauté internationale à cette question.

Le représentant a également déclaré que les armes légères et de petit calibre constituaient une autre source de menace de déstabilisation.  Les Maldives veillent donc à ce que leur commerce n’ait pas lieu sur leur territoire, ni ne transite par lui vers d’autres destinations, a-t-il assuré, précisant que son gouvernement présentait tous les ans un rapport sur la question du registre des armes conventionnelles des Nations Unies.

M. Abulkalam ABDUL MOMEN (Bangladesh) a réitéré son engagement en faveur d’un désarmement général et complet, qui « doit rester l’objectif prioritaire des Nations Unies ».  « Déception est pourtant le premier mot qui nous vient à l’esprit dans ce domaine, aucun objectif des Nations Unies n’ayant été aussi peu atteint que celui du désarmement nucléaire », a-t-il affirmé.  Il a déploré que des ressources indispensables au développement soient investies dans ces armes.  « 105 milliards sont dépensés chaque année par des États dans les essais nucléaires ou le développement des arsenaux, alors que 50 milliards suffiraient pour sortir cinq milliards d’humains de la pauvreté », a-t-il indiqué, réclamant l’ouverture de négociations au sein de la Conférence du désarmement pour parvenir à une convention d’interdiction totale des armes nucléaires.

Abordant le problème des armes légères et de petit calibre, il a plaidé pour la réduction et la limitation des armes classiques, saluant l’entrée en vigueur prochaine du Traité sur le commerce des armes.

En conclusion, le représentant a rappelé que l’espace extra-atmosphérique était « un bien de l’humanité », appelant à de nouveaux efforts pour empêcher une course aux armements dans l’espace.   

Rappelant son appartenance à l’Initiative sur la non-prolifération et le désarmement et l’anniversaire l’an prochain des bombardements nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki, M. TOSHIO SANA (Japon) a réitéré l’engagement de son pays en faveur de l’élimination totale des armes nucléaires et du renforcement du Traité sur la non-prolifération.  Pour y parvenir, il a plaidé pour une approche « par étape », avec une stratégie « de trois réductions -réduction du nombre de têtes nucléaires, réduction de leur rôle dans les doctrines militaires et réduction des incitations à en posséder- et de trois préventions – prévention de l’émergence de nouveaux États dotés, prévention de la prolifération d’armes nucléaires ou de matière fissile et prévention du terrorisme nucléaire ».  Dans ce contexte, il a indiqué que son pays présenterait cette année encore son projet de résolution intitulé « Unis pour l’élimination totale des armes nucléaires ».  Le représentant a également salué les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux chargé de se pencher sur un Traité d’interdiction de la production de matière fissile, souhaitant que leur rapport final puisse lever l’impasse dans les travaux de la Conférence du désarmement.

Le représentant s’est par ailleurs inquiété de la poursuite du programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), déplorant ses essais nucléaires et missiles balistiques, ainsi que la poursuite de l’enrichissement d’uranium.  Il a appelé la RPDC à éviter « toute nouvelle provocation », estimant « complètement inacceptable » la perspective d’un nouvel essai nucléaire qui « affaiblirait le régime international de non-prolifération établi par le Traité sur la non-prolifération.  Il a en outre invité les autorités de ce pays à se conformer à leurs obligations internationales, notamment les décisions du Conseil de sécurité, et à « abandonner complètement » leur programme nucléaire « de manière vérifiable et irréversible ».

Au sujet du programme nucléaire de l’Iran, le représentant a salué les progrès réalisés dans la recherche d’une solution diplomatique, réitérant son appui à l’Agence internationale de l’énergie atomique et appelant l’Iran à mettre en œuvre ses recommandations.

Il a par ailleurs salué le travail de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et le démantèlement de l’arsenal chimique de la Syrie.  Il a indiqué que son pays déployait aussi « tous les efforts possibles pour détruire les armes chimiques abandonnées par le Japon sur le territoire de la Chine ».

Droits de réponse

Dans son exercice du droit de réponse, la Turquie a dit avoir assisté à une tentative de détournement de l’attention sur la situation en Syrie.  La Turquie a accueilli plus d’un million de réfugiés syriens et a fourni une importante aide humanitaire, qui est allée au-delà de ses obligations internationales, a souligné le représentant. 

Répondant au Japon, la délégation de la République populaire démocratique de Corée a accusé ce pays d’investir massivement dans ses armements contre elle.  Le Japon n’a cessé d’accroître ses budgets militaires depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, a assuré le représentant, chiffrant la croissance annuelle de ses dépenses militaires à 2,8% de plus par rapport à l’année dernière.  Ce pays a également adopté des lois qui justifient son expansionnisme militaire régional, a affirmé le représentant.  

Le Japon, exerçant son droit de réponse, a déclaré que son pays n’était pas devenu une puissance menaçante de sa région.  Le Japon reste inscrit dans une démarche de paix, a assuré le représentant.  

Dans son second droit de réponse, la délégation de la République populaire démocratique de Corée a affirmé que tous les pays de la région de l’Asie du Nord-Est savaient que le Japon reconstituait ses capacités militaires.  Les arguments de longue date de cette délégation contre la République populaire démocratique de Corée seront à chaque fois réfutés, a assuré le représentant.

Le Japon a demandé aux autres délégations de se rendre sur le site Internet du Ministère des affaires étrangères de son pays pour constater le mal-fondé des allégations de la République populaire démocratique de Corée.

 

 

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