En cours au Siège de l'ONU

Première Commission
2e séance – matin
AG/DSI/3497

La Première Commission entame son débat général et souligne la nécessité de maintenir le dialogue pour parvenir aux objectifs de désarmement nucléaire

La Première Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale a entamé ce matin son débat général, au cours duquel, les délégations se sont exprimées sur les questions qui les préoccupent, depuis le désarmement nucléaire à la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes.

Ouvrant le débat général, la Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Angela Kane, a affirmé que les Nations Unies ne pouvaient pas être tenues pour responsables des faibles résultats enregistrés en matière de désarmement, les désaccords entre les États pour y parvenir ayant souvent immobilisé les mécanismes de désarmement, y compris les travaux de la Première Commission.  À son avis, le désarmement devrait être un processus progressif, avec des critères désignés à l’avance et des actions concrètes visant à atteindre ces critères.  Ce processus suppose que la Commission adopte des résolutions axées sur les résultats et non plus seulement sur les intentions, a-t-elle indiqué.

C’est dans ce sens qu’ont abondé les deux pays dotés d’armes nucléaires qui se sont exprimés ce matin, à savoir l’Inde et les États-Unis.  De l’avis de leurs délégations respectives, la démarche « pas à pas » devrait permettre de renforcer la transparence et la confiance, et de consolider le régime de non-prolifération d’armes nucléaires.

« L’impératif moral » du désarmement nucléaire reste d’ailleurs un sujet de préoccupation pour la communauté internationale.  Un certain nombre de délégations ont déploré ce matin que plus de 40 ans après l’entrée en vigueur du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, l’objectif d’un désarmement total dans ce domaine n’était toujours pas réalisé, pas plus que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, à l’image de celles qui existent déjà en Amérique du Sud et aux Caraïbes, en Asie du Sud-Est et en Afrique.  Leur seule existence, ont souligné les intervenants, loin de constituer un facteur de paix, contribue à aggraver les tensions et font courir le risque de leur utilisation et leur prolifération.  Par ailleurs, les dépenses militaires occasionnées par cet arsenal sont inacceptables, alors que des milliards d’individus sont privés de leurs droits fondamentaux, a notamment estimé la délégation du Mexique au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour.

Les intervenants de ce matin ont convenu de la nécessité de renforcer le multilatéralisme pour avancer dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération.  Dans le cadre de ces pourparlers, les puissances dotées d’armes nucléaires doivent jouer un rôle majeur, puisque c’est leur arsenal qui fait peser une menace sur le monde avec quelque 16 à 17 000 dispositifs nucléaires. La Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui se tiendra en 2015 devrait leur fournir une bonne occasion de mettre ce principe en pratique.

La situation particulière des programmes nucléaires iranien et nord-coréen a également été évoquée par certaines délégations, qui ont appelé ces deux pays à y renoncer et à coopérer avec la communauté internationale.  Israël, pour sa part, a été invité à adhérer au TNP en tant qu’État non doté d’armes nucléaires et à se soumettre aux inspections de l’AIEA.

En dépit de cette situation inquiétante, un certain nombre de succès ont néanmoins été enregistrés, ont noté avec satisfaction les délégations des groupes régionaux comme l’Union européenne, la CARICOM, l’ASEAN ou le Groupe des États d’Afrique, avec l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes en décembre, les Conférences d’Oslo et de Mexico sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires ou la destruction de quelque 1 300 tonnes d’agents chimiques en Syrie.

La Première Commission continuera son débat général demain à 10 heures, en salle de conférence 1.

 

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SECURITE INTERNATIONALE

Déclarations

Ouvrant le débat général, le Président de la Première Commission, M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a rappelé l’importance de dépasser les intérêts nationaux pour engager des discussions multilatérales « dans une atmosphère de respect » afin de conduire les débats d’une manière équilibrée pour chaque délégation.  Soulignant le contexte actuel caractérisé, à la fois, par d’importantes avancées technologiques et de nouveaux risques majeurs pour la sécurité et la paix internationales, le Président a appelé les États à s’attaquer aux questions fondamentales liées aux collusions entre les organisations criminelles transnationales, les groupes terroristes, les acteurs étatiques et non étatiques et les violences extrémistes, rappelant que l’instabilité qu’ils créent est renforcée par leur capacité à accéder aujourd’hui à des stocks d’armes en tous genres.  Dans ce contexte, il a rappelé l’importance du Traité sur le commerce des armes et de son entrée en vigueur imminente, comme suite à sa ratification par un nombre suffisant d’États Membres.

Soulignant ensuite l’impact humanitaire des armes nucléaires, des armes de destruction massive et des armes légères sur les populations civiles, le Président a rappelé la responsabilité de chaque État de renforcer le cadre juridique international existant.

Il a conclu en citant Henry Ford: « Se rassembler, c’est le début.  Rester ensemble, c’est le progrès.  Travailler ensemble, c’est le succès ».

Mme ANGELA KANE, Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, a estimé que les Nations Unies ne pouvaient pas être tenues pour responsables des faibles résultats obtenus en matière de désarmement, qui étaient essentiellement imputables, à son avis, aux désaccords fréquents entre les États Membres dans ce domaine.  Ces désaccords ont souvent abouti à l’immobilisme des mécanismes de désarmement de l’ONU, y compris de cette Commission, a-t-elle fait remarquer.

À son avis, l’ONU a par ailleurs enregistré un certain nombre de succès dans ce domaine, notamment le soutien écrasant des États Membres pour la négociation et l’adoption du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, des Conventions sur les armes chimiques et biologiques, et du Traité sur le commerce des armes, qui a enregistré 118 signataires juste un an après son adoption par l’Assemblée générale.  Le désarmement est un processus qui se déroule de manière progressive; il doit répondre à un certain nombre de critères avant que les activités de désarmement ne puissent être véritablement entreprises.  Le but ne doit pas simplement être de réaffirmer chaque année des objectifs à long terme ou de poser des conditions pour le respect des engagements en matière de désarmement, mais de maintenir un processus visant à assurer la mise en œuvre de ces engagements par des actions concrètes, a dit Mme Kane.

À son avis,  la solution au désarmement est claire: il faut que la Commission adopte des résolutions qui se concentrent sur les résultats, et non plus seulement sur les intentions, a déclaré Mme Kane, appelant les délégations à adopter la voie du compromis et à chercher des terrains d’entente. 

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. DESRA PERCAYA (Indonésie) a déploré que les appels au désarmement nucléaire n’aient pas débouché sur des avancées significatives.  Il a réaffirmé la position de principe du Mouvement sur le désarmement nucléaire, soulignant qu’il restait sa principale priorité.  Les États non alignés soulignent l’importance des progrès parallèles entre désarmement et non-prolifération, a-t-il rappelé, exprimant les préoccupations du Mouvement face aux menaces représentées par les arsenaux nucléaires et déplorant que la communauté internationale ait trop attendu pour avancer dans l’objectif de désarmement nucléaire total.  Il a dénoncé la doctrine des puissances nucléaires, les appelant à respecter le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à ne pas retarder davantage les efforts de désarmement en soutenant l’élaboration d’une convention internationale sur l’interdiction des armes nucléaires.

M. Percaya a réaffirmé la position du Mouvement selon laquelle l’élimination totale des armes nucléaires était la seule garantie absolue contre le risque de leur utilisation, avant d’appeler les puissances nucléaires à réduire leurs arsenaux et à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter un usage accidentel de ces armes.

Le Mouvement des pays non alignés est persuadé que les politiques de non-prolifération ne doivent pas compromettre le droit inaliénable des États à user pacifiquement de l’énergie nucléaire, a-t-il poursuivi, soulignant l’importance de la coopération technique avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et rappelant que la coopération avec l’Agence ne doit pas être assujettie à des conditions incompatibles avec son statut.

M. Percaya a appelé toutes les puissances nucléaires à ratifier tous les traités sur la non-prolifération existants, sans réserves ni conditions, et à respecter le statut des zones exemptes d’armes nucléaires en rejoignant leurs protocoles.  Il a en particulier appelé à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, déplorant que la conférence sur sa création n’ait pas pu être convoquée depuis 2012, en dépit du consensus des États parties au TNP réaffirmé lors de la Conférence d’examen de 2010.

Évoquant les armes conventionnelles, il a rappelé l’importance des principales Conventions d’interdiction des armes chimiques et bactériologiques, insistant sur leur universalisation et la nécessité d’accélérer les destructions de stocks susceptibles de tomber entre les mains d’organisations terroristes ou d’acteurs non étatiques.  Le représentant a par ailleurs demandé le lancement de négociations pour l’élaboration d’un outil juridique permettant d’éviter une course aux armements dans l’espace.

M. JORGE LOMÓNACO TONDA (Mexique), s’exprimant aussi au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour, un groupe composé de sept États, a déclaré que ce groupe travaillait activement en faveur d’un monde sans armes nucléaires, même si beaucoup restait à faire en ce sens.  Il a estimé par ailleurs, qu’étant donné la puissance dévastatrice des armes nucléaires et l’impossibilité de contenir leurs conséquences aux frontières, la doctrine qui les sous-tend est indéfendable et favorise leur prolifération.  Tant que ces armes existent, la possibilité de leur utilisation existe aussi, a-t-il précisé, ajoutant que la seule manière de prévenir leur utilisation était leur complet démantèlement.  Déplorant la lenteur des progrès en matière de désarmement nucléaire, M. Tonda a rappelé que les membres de la Coalition plaidaient depuis 16 ans pour la mise en place de mesures de désarmement concrètes, transparentes, vérifiables et irréversibles et pour la pleine mise en œuvre des obligations découlant du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il est temps que la communauté internationale prenne des mesures en ce sens, a-t-il lancé, exprimant notamment sa préoccupation face à l’absence d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

Pour le représentant, le désarmement nucléaire est un impératif moral, en conformité avec les obligations de la communauté internationale.  Les 16 000 dispositifs nucléaires qui existeraient selon les estimations, loin de renforcer la paix internationale, contribuent au contraire à fragiliser et à aggraver les tensions internationales menaçant le bien-être des populations, a-t-il affirmé.  À son avis, dans un monde où des milliards de personnes sont privés de leurs droits fondamentaux, les dépenses militaires ne sont pas acceptables, et les gouvernements doivent réorienter leurs ressources à des fins militaires vers le développement socioéconomique.  M. Tonda a par ailleurs invité les États parties au TNP à remplir leurs obligations découlant du Traité, y compris en créant un organe subsidiaire pour explorer les moyens de prendre des mesures concrètes pour un désarmement nucléaire complet.

S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. JACEK BYLICA a salué la prochaine entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, au mois de décembre, estimant qu’il s’agissait d’un succès majeur du multilatéralisme.  Il a par ailleurs rappelé l’importance cruciale du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, tant pour le désarmement que pour la non-prolifération, et a invité tous les États, en particulier la République populaire démocratique de Corée (RPDC), à rejoindre le Traité et à éviter d’ici là de mener toute action qui remettrait en cause la finalité de ce document.

Le représentant de l’Union européenne a ensuite condamné les violations de plusieurs obligations et engagements pris par la Fédération de Russie de s’abstenir de toute menace d’usage de la force contre l’intégrité du territoire et de la souveraineté de l’Ukraine, conformément au Mémorandum de Budapest de 1994.

Il a réaffirmé le soutien de l’Union européenne au plan d’action adopté lors de la conférence d’examen du TNP de 2010, soulignant que l’Union européenne restait totalement engagée en faveur de la création d’une ZEAN au Moyen-Orient.  Il a réitéré son soutien aux efforts visant à l’organisation d’une conférence internationale à cet effet.

Rappelant que l’Union européenne avait fermement condamné l’essai nucléaire mené par la RPDC en février 2013, il a réitéré son appel à ce pays pour qu’il abandonne d’urgence son programme nucléaire, notamment son programme d’enrichissement d’uranium, et ses activités en cours sur le site de Yongbyon.  Il l’a également appelé à réintégrer le TNP et à se conformer à l’ensemble de ses obligations internationales.

Évoquant le programme nucléaire de la République islamique d’Iran, le représentant a réitéré son soutien aux efforts diplomatiques déployés pour parvenir à une solution diplomatique avec ce pays, faisant état de la profonde inquiétude des membres de l’Union européenne face à l’incapacité de l’AIEA de pouvoir garantir l’absence d’activités nucléaires non déclarées en Iran, et par conséquent, l’usage exclusivement pacifique de l’énergie nucléaire.

Abordant la situation en Syrie, le représentant a vivement condamné l’usage d’armes chimiques dans ce pays, rappelant qu’il contrevenait au droit international et constituait un crime de guerre et un crime contre l’humanité.  Il a toutefois salué la destruction des stocks déclarés d’armes chimiques, rappelant néanmoins que la Syrie devait aussi s’assurer de la destruction totale et irréversible de son programme d’armes chimiques en détruisant les capacités de production encore existantes de ce pays.

Mme JOY OGWU (Nigéria) s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que les pays membres de ce Groupe, qui ont adopté le Traité de Pelindaba créant une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, estimaient que la démilitarisation nucléaire était la voie à suivre, y compris au Moyen-Orient.  Dans ce contexte, elle a déploré le retard pris dans l’établissement d’une telle zone, appelant Israël à adhérer au TNP en tant que partie non dotée d’armes nucléaires et à se soumettre aux inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Mme Ogwu a également estimé que l’existence de 19 000 armes nucléaires n’était pas un gage de sécurité, mais une menace, estimant que c’est précisément pour cette raison qu’il fallait accélérer l’universalisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).  Elle a, dans ce contexte, appelé les États de l’annexe 2, et notamment les États dotés d’armes nucléaires à remplir leur obligations en ce sens.  En revanche, a-t-elle poursuivi, le Groupe des États d’Afrique était d’avis que les États non nucléaires avaient le droit d’utiliser l’énergie nucléaire aux fins de leur développement, en conformité avec le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, appelant l’AIEA à continuer son programme d’assistance aux États en développement.

Mme Ogwu a également affirmé que la mise en œuvre du Traité sur le commerce des armes devait se faire de manière juste et équilibrée, de sorte que les intérêts de tous soient préservés, pas seulement ceux des pays producteurs et exportateurs.  Pour le Groupe africain, tous les États doivent avoir le droit d’acquérir, de développer, de fabriquer, d’exporter ou de conserver des armes classiques pour leurs besoins de sécurité, en conformité avec la Charte des Nations Unies, a-t-elle déclaré.  Le Groupe, qui est également préoccupé par le commerce illicite des armes légères et de petit calibre qui touchent particulièrement l’Afrique, se prononce également pour une mise en œuvre équilibrée des résultats de la deuxième Conférence d’examen du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre, a conclu Mme Ogwu.

S’exprimant au nom du Groupe des États arabes, M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a rappelé que la paix, la sécurité et la stabilité ne seraient réalisables qu’à condition d’éliminer complètement les stocks d’armes nucléaires et de destruction massive dans le monde.  Il a rappelé le soutien de son Groupe à la résolution de l’Assemblée générale sur le désarmement nucléaire et s’est prononcé pour la tenue d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale pour avancer sur le désarmement nucléaire.

Rappelant que les États arabes étaient membres du TNP et qu’ils soumettaient toutes leurs installations au contrôle de l’AIEA, il a dénoncé la position d’Israël, qui n’a pas rejoint le Traité.  Il a également déploré l’échec de la mise en œuvre d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, rappelant que 20 années s’étaient écoulées depuis l’adoption de la résolution de 1995 prévoyant l’établissement d’une telle zone, en raison « des prétextes non réalistes » avancés par Israël pour éviter de se rejoindre au TNP.  Il a déploré que la communauté internationale « parle de progrès au Moyen-Orient », mais qu’il n’y ait « pas de volonté politique réelle pour mettre en œuvre cette résolution ».

Il a également déploré l’impasse persistante au sein de la Conférence du désarmement, rappelant qu’elle était le seul forum de négociations multilatérales pour le désarmement.  Cette impasse est notamment imputable à l’absence de volonté politique pour de réels progrès, a estimé le représentant, demandant par ailleurs la création d’un comité spécial au sein de la Conférence du désarmement pour se pencher sur les moyens d’éviter une course aux armements dans l’espace.

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. LIBRAN N. CABACTULAN (Philippines) a réitéré son soutien à l’objectif d’un monde dénucléarisé, déplorant que les stocks d’armes nucléaires restent encore aujourd’hui à un niveau alarmant.  Il a rappelé son soutien aux deux projets de résolution annuels présentés par la Malaisie et le Myanmar, concernant « le suivi de la décision consultative de la Cour internationale de Justice sur la licéité de la menace et de l’usage d’armes nucléaires » et « le désarmement nucléaire ».

Saluant la tenue des Conférences d’Oslo et de Mexico sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, il a déclaré son soutien à la tenue de la troisième réunion sur la question, prévue à Vienne, en Autriche à la fin de l’année.  Il a également réitéré le soutien des pays de l’ASEAN à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est, appelant à une adhésion complète au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Évoquant la situation dans la péninsule de Corée, le représentant a appelé à la reprise des Pourparlers à Six.  Soulignant également le regain de violence et de terrorisme au Moyen-Orient, il a estimé qu’il était important d’éviter que des armes de destruction massive ne tombent entre les mains d’acteurs non étatiques.  Rappelant l’importance de parvenir à une paix durable dans cette région, il a réitéré son soutien à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. EDEN CHARLES (Trinité-et-Tobago) a rappelé que les armes légères étaient des armes de destruction massive dans la région des Caraïbes, avant de se féliciter de l’entrée en vigueur en décembre prochain du Traité sur le commerce des armes.  Rappelant ensuite le soutien de la CARICOM à ce Traité, le représentant a rappelé la volonté de Trinité-et-Tobago d’accueillir son secrétariat sur son territoire. 

S’agissant des armes nucléaires, le représentant a déploré que 40 ans après l’entrée en vigueur du TNP, la communauté internationale ne soit toujours pas parvenue à un désarmement total.  Il a appelé les États Membres à saisir l’occasion de la Conférence d’examen du TNP de 2015 pour accomplir de réels progrès dans ce domaine et prendre des décisions fondamentales sur la place de ces armes dans le monde.  Rappelant le Traité de Tlateloco instaurant une zone exempte d’armes nucléaires en Amérique du Sud et aux Caraïbes, le représentant a souligné les avantages du multilatéralisme pour avancer dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération.  Il a appelé les puissances nucléaires à honorer leurs engagements en accélérant leur désarmement dans le cadre du TNP et l’ensemble des États Membres qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Soulignant enfin l’importance de prendre en compte les conséquences humanitaires de l’usage des armes nucléaires, il a salué la tenue des conférences consacrées à cette question en Norvège et au Mexique, appelant les États Membres à participer à celle prévue en Autriche en décembre prochain.

En conclusion, il a indiqué qu’au nom de la CARICOM, Trinité-et-Tobago présenterait cette année encore son projet de résolution sur la place des femmes dans le désarmement, la non-prolifération et le contrôle des armes.  Il a précisé que ce projet avait été actualisé pour intégrer les derniers développements dans ce domaine, en particulier les dispositions sur la violence sexuelle et sexiste figurant dans le Traité sur le commerce d’armes.

Reprenant la parole en sa capacité nationale, M. JORGE LOMÓNACO TONDA (Mexique) s’est félicité des progrès réalisés dans le domaine du désarmement depuis la dernière session plénière de l'Assemblée générale, citant le désarmement de l’arsenal chimique de la Syrie en moins d’un an et avant les délais prévus.  Il a également cité les engagements pris par les États lors de la troisième Conférence d’examen sur la Convention sur les mines antipersonnel qui s’est tenue en mai-juin 2014 à Maputo, au Mozambique, et au cours de laquelle, ils se sont engagés à réduire les stocks de ce type d’armes d’ici à 2016.  L’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes est également un succès, car sa mise en œuvre permettra de limiter le détournement des armes classiques, a dit le représentant.

En dépit de ces progrès, le Mexique considérait inacceptables et injustifiables les risques que faisait peser sur la communauté internationale l’existence de plus de 16 000 dispositifs nucléaires, prêts à l’emploi et qui sont entre les mains d’une poignée de pays, indiquant que les blocages persistants de quelques pays depuis 18 ans à la Conférence du désarmement constituaient par ailleurs un sujet de préoccupations pour le Mexique.  Pour ce qui nous concerne, a-t-il conclu, les armes nucléaires ne doivent pas être utilisées de quelque manière que ce soit et pour quelque raison que se soit.

Mme ROSE E. GOTTEMOELLER (États-Unis) s’est félicitée des avancées de son pays en matière de désarmement au cours des cinq dernières années et a indiqué que son pays n’avait « pas l’intention de se détourner des efforts déployés pour réduire le nombre et le rôle des armes nucléaires, en renforçant la transparence et la confiance, en consolidant le régime de non-prolifération et en se penchant sur les problèmes du respect des engagements ».  Insistant particulièrement sur la notion de respect des engagements pris, la représentante a indiqué que son pays présenterait cette année encore son projet de résolution triennal sur « le respect de la non-prolifération et des accords de désarmement ».

Rappelant ensuite l’importance du TNP, pierre angulaire du régime de non-prolifération, elle a indiqué que le succès de la prochaine conférence d’examen prévue en 2015 était la priorité des États-Unis, qui restaient engagés dans le désarmement nucléaire avec la volonté de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  « Nous avons clairement affiché notre volonté d’aller plus loin dans les discussions sur le désarmement avec la Fédération de Russie mais cela nécessite un partenaire ayant cette volonté et un environnement favorable », a-t-elle ajouté.  Elle s’est par ailleurs inquiétée des violations par la Fédération de Russie du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, appelant ce pays « à soulever en urgence ces préoccupations, à se soumettre à nouveau à ses obligations et à assurer la continuité du Traité ».  « À l’heure où nous envisageons de nouvelles réductions de nos arsenaux, il faut se concentrer sur des mesures responsables qui peuvent être vérifiées », a-t-elle précisé, avant de rappeler l’engagement de son pays dans les efforts du Groupe P5, qui a notamment contribué à la création d’un consensus sur un glossaire international et à la progression de la mise en place de critères d’inspection visant à renforcer le régime de vérification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).

Évoquant ensuite le programme nucléaire iranien, la représentante a indiqué que le Groupe P5+1 continuait ses efforts afin d’obtenir des assurances concrètes et vérifiables quant au caractère pacifique du programme nucléaire de ce pays.  Rappelant aussi que son pays était disposé à entrer dans des négociations pour la création d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles, elle a salué la création d’un Groupe d’experts gouvernementaux sur cette question et souhaité que son rapport final permette de briser l’impasse actuelle et débouche sur de nouvelles avancées.  Soulignant également les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux sur la transparence et les mesures de confiance pour les activités extra-atmosphériques, entérinés par l’Assemblée générale, la représentante a estimé qu’ils constituaient « une feuille de route pratique pour trouver des solutions à court terme », agissant comme « un code de conduite international ».

Elle s’est par ailleurs félicitée de l’entrée en vigueur prochaine du Traité sur le commerce des armes, rappelant que son pays en était signataire.  Elle a également salué la destruction ces derniers mois de quelque 1 300 tonnes d’agents chimiques en Syrie, soulignant qu’au travers de la coopération, la communauté internationale avait été capable de réduire considérablement la menace posée par ces armes au Moyen-Orient.

En conclusion, la représentante a estimé que « la seule volonté d’avancer dans la non-prolifération et le désarmement ne suffit pas » et qu’il faut « une voie pour y parvenir, en usant de tous les outils à disposition: diplomatie, droit, science, technologie, coopération économique et autres… ».

M. VENKATESH VARMA (Inde) a déclaré qu’en tant que pays doté d’armes nucléaires, l’Inde estimait que le processus de désarmement devait se faire de manière progressive, « pas à pas ».  Mon pays soutient donc toutes les initiatives allant dans ce sens, a-t-il indiqué.  L’Inde reconnait en outre que la Conférence du désarmement était l’organe pertinent pour traiter de ces questions, déplorant les blocages persistants et le retard pris par cet organe dans l’adoption de son ordre du jour.

Le représentant s’est par ailleurs préoccupé de l’émergence de nombreux acteurs armés non étatiques.  Il est primordial, a-t-il dit, que la communauté internationale s’assure que ces entités ne puissent pas posséder des armes de destruction massive.  En tant que puissance spatiale, l’Inde appuyait aussi la démilitarisation de l’espace extra-atmosphérique, mais n’était pas favorable à l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant, car, à son avis, des mesures de bonne conduite inclusives étaient suffisantes.

Droit de réponse

Exerçant son droit de réponse face à l’Union européenne, la Syrie a déploré que cette délégation applique systématiquement la politique de « deux poids deux mesures » dans ses déclarations.  L’Union européenne attaque la Syrie, mais ignore la possession d’armes nucléaires par Israël, seule puissance de la région à en posséder, a déclaré la délégation.  Le représentant a par ailleurs rejeté toutes les accusations d’utilisation d’armes chimiques par la Syrie, soulignant que son pays s’était engagé à détruire ses stocks d’armes et avait tenu ses engagements avant la fin des délais prévus par la communauté internationale.

 

 

 

 

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